« Standing Together » (Se tenir debout ensemble) (et autres textes)

  • Des soignants en détresse, des vies humaines en péril. Soutenons les hôpitaux à Gaza
  • Gideon Levy : Quand Israël maltraite ses otages
  • Qassam Muaddi : Israël accusé d’avoir fait disparaître Marwan Barghouthi et d’autres prisonniers palestiniens
  • Israël arrête Khalida Jarrar : la répression contre la résistance palestinienne s’intensifie encore !
  • B’Tselem : En trois semaines, au mois d’octobre, les soldats et la police israéliens ont tué au moins 115 Palestinien·nes, dont 37 mineur·es, en Cisjordanie.
  • Rev. Dr. Munther Isaac : Le Christ dans les décombres. Une liturgie de la Lamentation
  • Vingtième anniversaire de la création du Réseau de solidarité avec les réfractaires (RSN)
  • Breaking the Silence : Les règles d’engagement de l’IDF à Gaza font des victimes innocentes
  • Amjad Iraqi : Nous défendons le fondement moral du journalisme israélo-palestinien
  • Uri Weltmann & Federico Fuentes : « Standing Together » (Se tenir debout ensemble) en campagne contre la guerre et le racisme en Israël après le 7 octobre
  • Lettre ouverte du monde de la culture
    à Emmanuel Macron, Président de la République, pour un cessez-le-feu immédiat et permanent à Gaza.
  • Thomas Vescovi et Dominique Vidal : Premières leçons d’une catastrophe
  • Jean Pierre Filiu : La longue histoire d’Israël contre l’Organisation des Nations Unies (ONU)

Visuel du Collectif

CNPJDPI_ Tract_30_décembre_2023

Appel à dons 

Des soignants en détresse, des vies humaines en péril.
Soutenons les hôpitaux à Gaza

Faire face à l’urgence médicale, ensemble

La FTCR, le CDP, le REF, BChifa, Union syndicale Solidaires et ATTAC, ADTF, AMF, ATMF, CRLDHT, FDM, UTIT, Yonga Solidaire

Vous appellent à venir en aide à l’association Al-Awda*

Des soignants en détresse, des vies humaines en péril

Venons en aide aux hôpitaux de Gaza 

Faire face à l’urgence médicale, ensemble

https://subscribepage.io/alawda

#SOSHopitauxGaza

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Quand Israël maltraite ses otages

Chaque dimanche et mardi, des surveillants israéliens entrent dans les cellules des prisonniers palestiniens, les menottent et les frappent à coups de matraque.

C’est leur fête hebdomadaire, déclarent des prisonniers libérés. Quatre prisonniers sont morts depuis le début de la guerre le 7 octobre, presque certainement sous les coups. Dix-neuf gardiens ayant participé à ces festivités pathologiques font l’objet d’une enquête, car ils sont soupçonnés d’avoir causé la mort d’un prisonnier.

Des centaines de Palestiniens détenus dans la bande de Gaza ont été maintenus ligotés et les yeux bandés 24 heures sur 24, et ils ont également été brutalement battus. Certains, peut-être même la plupart, n’ont aucun lien avec le Hamas. Certains d’entre eux – dont personne n’a pris la peine de préciser le nombre – sont morts en captivité sur la base de Sde Teiman.

Quelque 4 000 travailleurs gazaouis, arrêtés en Israël le 7 octobre sans avoir commis quoi que ce soit de répréhensible, sont également détenus dans des conditions inhumaines. Au moins deux d’entre eux sont morts. Et l’on a déjà plus que suffisamment écrit sur les détenus dépouillés de leurs vêtements et sur les photos humiliantes qui en ont été faites.

Dans cette terrible compétition autour de la dimension du mal, il n’y a pas de gagnants, il n’y a que des perdants. Mais il est inacceptable de parler jour et nuit des atrocités commises par le Hamas – les chroniqueurs rivalisent à qui trouvera les termes les plus péjoratifs pour qualifier cette organisation – tout en ignorant totalement le mal commis par Israël.

Il n’y a pas non plus de gagnants, seulement des perdants, dans la compétition sur la quantité de sang versé et la manière dont il est versé. Mais il est impossible d’ignorer l’horrible quantité de sang qui a été versée dans la bande de Gaza. Ce week-end, quelque 400 personnes ont été tuées en deux jours, dont une majorité d’enfants. Samedi, j’ai vu les photos du week-end prises à Al-Bureij et Nuseirat, avec notamment des enfants mourant sur le sol de l’hôpital Al-Aqsa à Deir al-Balah, et elles sont effroyables.

Le refus opposé par Israël à l’augmentation de l’aide humanitaire autorisée à Gaza, au mépris d’une décision du Conseil de sécurité de l’ONU, est également le signe d’une stratégie du mal.

Et comme si tout cela ne suffisait pas, les voix du mal en Israël ont rehaussé la barre des propositions sataniques. Le journaliste Zvi Yehezkeli préconise de tuer 100 000 habitants de Gaza au cours d’une première frappe. Le général de division (de réserve) Giora Eiland a reconsidéré sa position et est passé de la proposition de répandre des maladies à Gaza à celle d’affamer ses habitants.

Même le nouveau prince charmant de la gauche, Yair Golan, qui est en train de gagner 12 sièges à la Knesset dans les sondages auprès de personnes qui se considèrent comme de beaux Israéliens, a expliqué aux Gazaouis, dans une interview au quotidien Yedioth Ahronoth, qu’« en ce qui nous concerne, vous pouvez mourir de faim. C’est tout à fait légitime ».

Pourtant, en dépit de tout cela, nous considérons le Hamas comme le seul monstre de la région, son chef comme le seul psychotique et seule la façon dont les otages israéliens sont retenus en otage par lui comme inhumaine. Il est impossible de ne pas être horrifié à l’idée du sort de nos otages, en particulier les malades et les personnes âgées. Mais il est également impossible de ne pas être horrifié par le sort des Palestiniens que nous maintenons ligotés et les yeux bandés depuis des semaines et des mois.

Israël n’a pas le droit de fixer des normes pour le mal alors que ses mains sont également souillées par la perversité. Ne parlons pas des massacres, de la famine et des déplacements massifs de population. Notre façon de traiter les prisonniers palestiniens aurait dû particulièrement bouleverser les Israéliens, ne serait-ce qu’en raison du danger que cela fait courir aux Israéliens détenus par le Hamas. Que pensera un membre du Hamas qui retient un Israélien en otage lorsqu’il apprendra que ses camarades sont entravés et battus sans relâche ?

Nous pouvons constater, en restant prudents, qu’au moins certains des Israéliens détenus par le Hamas sont mieux traités que les Palestiniens détenus par Israël. Lorsque les otages libérés Chen et Agam Goldstein ont raconté vendredi soir à Channel 12 News comment ils étaient traités par le Hamas et comment leurs ravisseurs les protégeaient avec leurs propres corps pendant les frappes aériennes israéliennes, ils ont été violemment attaqués sur les médias sociaux. Comment osent-ils dire la vérité ?

Le Hamas a perpétré une attaque barbare le 7 octobre. Il a tué et kidnappé aveuglément. Il n’y a pas de mots pour décrire sa brutalité, notamment le fait de retenir des dizaines de personnes âgées, de malades et d’enfants en otage pendant des mois dans des conditions insoutenables.

Mais est-ce que cela nous donne le droit d’agir de la même manière ? Oublions la morale. La violence d’Israël pendant la guerre et dans ses prisons contribuera-t-elle à faire avancer ses objectifs ? Le Hamas libérera-t-il ses otages plus rapidement si Israël maltraite les Palestiniens qu’il retient en otage ?

Gideon Levy
https://www.haaretz.com/opinion/2023-12-23/ty-article/.premium/when-israel-abusesthe-hostages-that-it-holds/0000018c-97ef-da81-a1bc-dfffe6f80000
Traduit pour ESSF par Pierre Vandevoorde avec l’aide de DeepLpro
https://www.europe-solidaire.org/spip.php?article69124

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Israël accusé d’avoir fait disparaître Marwan Barghouthi
et d’autres prisonniers palestiniens

Actuellement, Israël continue de détenir 7 000 Palestiniens dans ses prisons, dont au moins 200 enfants et 62 femmes, selon les groupes de défense des droits humains.

Israël « porte l’entière responsabilité » de la vie et du sort du dirigeant palestinien Marwan Barghouthi, ont déclaré la Commission palestinienne pour les affaires des prisonniers et des détenus et le Club des prisonniers palestiniens dans une déclaration commune le lundi 18 décembre.

Le « Conseil révolutionnaire », l’assemblée générale du mouvement Fatah, dont Barghouthi est l’un des principaux dirigeants, a également publié une déclaration avertissant que la vie de Barghouthi « est réellement menacée » dans les prisons israéliennes.

Ces deux déclarations ont été faites après que le Club des prisonniers palestiniens a signalé que M. Barghouthi avait été transféré par les autorités israéliennes de son ancien lieu de détention, le centre de détention d’Ofer, vers un lieu inconnu il y a une semaine.

Lundi également, la Commission des affaires des prisonniers et le Club des prisonniers ont accusé Israël de « disparition forcée » de Palestiniens de Gaza, détenus depuis le 7 octobre.

Les deux organisations ont appelé les organismes internationaux de défense des droits de l’Homme à faire pression sur Israël pour qu’il publie des informations sur les détenus de Gaza. La déclaration fait référence à des informations publiées par la presse israélienne sur la mort de certains détenus de Gaza, dont la plus récente est un rapport du quotidien israélien Haaretz.

« L’insistance de l’occupation à ne pas révéler le sort des détenus de Gaza et à continuer de les faire disparaître de force n’a qu’une seule explication : la décision de commettre des crimes contre eux loin des yeux du public », peut-on lire dans la déclaration.

La semaine dernière, l’armée israélienne a diffusé des images de dizaines d’hommes palestiniens détenus à Gaza, déshabillés et emmenés à l’arrière de camions vers une destination inconnue. Les forces israéliennes ont affirmé que les détenus étaient des combattants du Hamas qui s’étaient rendus. Le Hamas a nié que les détenus étaient des combattants dans ses rangs.

Des Palestiniens ont témoigné qu’ils avaient reconnu des membres de leur famille parmi les détenus à Gaza, insistant sur le fait qu’il s’agissait de civils qui se réfugiaient dans des centres d’asile. Parmi les détenus identifiés sur les images se trouvait le reporter arabe de TNA, Diaa Al-Kahlout.

Peu après le 7 octobre, Israël a arrêté des Palestiniens de Gaza qui travaillaient en Israël. Le Club des prisonniers palestiniens a déclaré à TNA que leur nombre était estimé à plusieurs milliers.

Les travailleurs de Gaza qui ont été libérés par Israël et expulsés vers la Cisjordanie occupée ont déclaré à TNA qu’ils avaient été maltraités, notamment battus et menacés, avant d’être libérés.

Avant le 7 octobre, Israël détenait quelque 5 000 Palestiniens dans ses prisons, dont 1 300 sans inculpation ni procès. Depuis le 7 octobre, Israël a arrêté environ 4 500 Palestiniens, plaçant environ 2 000 d’entre eux en détention administrative sans inculpation.

Auparavant, les groupes palestiniens de défense des droits de l’Homme avaient prévenu que les témoignages des Palestiniens libérés indiquaient que les autorités israéliennes avaient renforcé les mesures répressives à l’encontre des détenus palestiniens, notamment en procédant à des descentes répétées dans les cellules à l’aide de gaz lacrymogènes et de coups, en les privant de nourriture et de temps d’exposition au soleil.

Fin novembre, Israël a libéré des dizaines de femmes et de mineurs palestiniens en échange de la libération par le Hamas de 110 otages israéliens, femmes et mineurs, et d’autres otages de nationalités asiatiques.

Les femmes palestiniennes libérées ont fait part à TNA de leurs témoignages sur les traitements « brutaux » subis dans les prisons israéliennes depuis le 7 octobre, notamment la coupure d’eau et d’électricité, la surpopulation des cellules, les fouilles violentes des cellules et la réduction considérable du temps d’exposition au soleil.

Actuellement, Israël continue de détenir 7000 Palestiniens dans ses prisons, dont 200 enfants et 62 femmes, selon les groupes de défense des droits de l’Homme.

Qassam Muaddi
https://www.france-palestine.org/Israel-accuse-d-avoir-fait-disparaitre-Marwan-Barghouthi-et-d-autres

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Israël arrête Khalida Jarrar :
la répression contre la résistance palestinienne s’intensifie encore !

Mardi 26 décembre, l’armée d’occupation israélienne a kidnappé dans la nuit, la députée et militante féministe Khalida Jarrar à son domicile de Ramallah.

Khalida Jarrar, est une représentante du Front populaire de libération de la Palestine (FPLP), élue au Conseil national Palestinien. Elle a déjà été mise en détention à quatre reprises par Israël qui n’a jamais réussi à faire taire cette militante féministe, particulièrement impliquée dans la défense des droits des prisonnier-es politiques palestinien-nes.

Khalida Jarrar a été, une fois de plus, arrachée à sa famille dans le cadre de la vague d’arrestations en Cisjordanie occupée depuis le 7 octobre. Elle doit être libérée immédiatement !

Après l’arrestation extrêmement brutale, le 18 décembre dernier, de Munther Amira, représentant emblématique de la résistance populaire non-violente en Cisjordanie – chez lui dans le camp de réfugiés d’Aïda, à Bethléem – preuve est faite qu’Israël cherche à briser l’ensemble de la résistance palestinienne, ce qu’il ne parviendra jamais à faire.

Depuis le 7 octobre, la répression ne fait que s’accroître avec 4700 arrestations en Cisjordanie depuis cette date. C’est véritablement une stratégie de harcèlement, d’enfermement massif, de création d’une insécurité permanente pour les Palestiniens, y compris les enfants, qu’utilisent aujourd’hui le régime d’apartheid israélien.

L’objectif est clair, alors que l’horreur des bombardements sur Gaza accapare l’attention internationale et pour éviter qu’un nouveau foyer de résistance ne s’allume en Cisjordanie, il s’agit de faire taire un peuple tout entier par la terreur. Les assauts meurtriers répétés dans les camps de réfugiés palestiniens sont une autre facette de cette stratégie.

Nous exigeons la libération de Khalida Jarrar, de Munther Amira, de Marwan Barghouti et Ahmad Saadat et de tou-tes les prisonnier-es politiques palestinien-nes

Le Bureau national de l’AFPS, le 26 décembre 2023
https://www.france-palestine.org/Israel-arrete-Khalida-Jarrar-la-repression-contre-la-resistance-palestinienne-s

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En trois semaines, au mois d’octobre, les soldats et la police israéliens ont tué au moins 115 Palestinien·nes,
dont 37 mineur·es, en Cisjordanie

Depuis le début de la guerre dans la bande de Gaza, Israël a continué à mettre en œuvre une politique meurtrière de tirs à découvert en Cisjordanie. Au cours des trois premières semaines de la guerre, tout au long du mois d’octobre, cette politique a entraîné la mort d’au moins 115 Palestinien·nes, dont 37 étaient âgé·es de moins de 18 ans.

Ce nombre de mort·es en un mois est très élevé, même par rapport à la deuxième Intifada, qui avait été marquée par de violents affrontements entre Palestiniens et soldats, certains d’entre eux impliquant des Palestiniens armés qui tiraient sur les soldats depuis l’intérieur des manifestations. Bien que l’armée ait mis en œuvre une politique illégale et meurtrière de tirs à balles ouvertes à cette époque également, le nombre de mort·es n’a pas dépassé 30 dans la plupart des mois, et dans beaucoup d’autres, il a été beaucoup plus bas. Ce n’est que lors de l’opération « Bouclier défensif », qui a duré deux mois, qu’un plus grand nombre de Palestinien·nes ont été tué·es en un seul mois : 134 en mars et 208 en avril 2002.

Sur les 115 Palestinien·nes tué·es en octobre 2023, 57 ont été tué·es lors d’affrontements avec les forces israéliennes au cours desquels elles et ils ont jeté des pierres, tiré des pétards et mis le feu à des pneus. Cinq ont été tué·es alors qu’iels se trouvaient à proximité des affrontements ou qu’iels les observaient. Trois ont été tué·es dans des voitures qui passaient à proximité des affrontements. Une autre femme a été abattue alors qu’elle traversait un poste de contrôle volant avec sa famille. Un autre homme a été abattu alors qu’il traversait en voiture un poste de contrôle volant à l’entrée d’Hébron, et les circonstances de sa mort ne sont pas connues de B’Tselem. Onze Palestiniens ont été tués en lançant des explosifs ou des cocktails Molotov contre les forces israéliennes ou des véhicules civils. En ce qui concerne sept Palestiniens qui ont participé aux affrontements, B’Tselem n’a pas été en mesure de déterminer s’ils ont jeté des pierres, des explosifs ou tiré sur les soldats. Onze Palestiniens ont été tués dans des fusillades. Lors de deux assassinats ciblés, trois Palestiniens armés et huit passant·es non armé·es ont été tué·es. Quatre Palestiniens ont été tués alors qu’ils avaient poignardé ou renversé des soldats, ou qu’ils étaient soupçonnés de l’avoir fait. Un Palestinien a été abattu après avoir refusé de s’arrêter à un poste de contrôle. Un Palestinien a été abattu alors qu’il tentait de pénétrer en Israël par une brèche dans la barrière de séparation. Un Palestinien a été abattu par un soldat en permission lors d’un assaut de colons, alors qu’il cueillait des olives avec d’autres Palestinien·nes dans un bosquet. Le corps d’un autre Palestinien a été retrouvé avec des blessures par balle après les affrontements entre les Palestiniens et les forces israéliennes.

Ces chiffres indiquent que plus de la moitié des Palestinien·nes tué·es au cours de ces trois semaines ne représentaient pas une menace, mais ont tout de même été abattu·es. Les règles d’engagement permettent de tirer pour tuer lorsqu’il y a un danger clair et présent pour la vie, et même dans ce cas, seulement s’il n’y a pas de moyen non létal d’éviter le danger. Pourtant, même avant la guerre, ces règles – qui sont censées limiter le recours à la force meurtrière – n’ont pas été appliquées et n’ont pas empêché le meurtre de milliers de Palestinien·nes en Cisjordanie au fil des ans.

Les violations de ces règles ne sont pas nécessairement le fait de l’initiative privée d’un soldat ou d’un officier de police. Les hauts gradés donnent aux forces sur le terrain des ordres qui contredisent les instructions officielles ou s’appuient sur une interprétation large des cas autorisant les tirs réels, notamment en élargissant la définition des situations considérées comme mettant en danger la vie d’autrui et justifiant le tir pour tuer.

Outre le soutien des commandants sur le terrain, les forces bénéficient d’une protection générale de la part du système d’application de la loi, qui choisit de fonctionner comme un mécanisme de blanchiment plutôt que de chercher à découvrir la vérité afin de prendre des mesures à l’encontre des personnes responsables. La plupart des enquêtes sont classées sans suite. Par conséquent, à de rares exceptions près, qui concernent généralement des soldats de rang inférieur, personne n’est traduit en justice pour le meurtre de Palestinien·nes.

Cette politique, pleinement soutenue par les systèmes politique, militaire et judiciaire, reflète le profond mépris d’Israël pour la vie et le corps des Palestinien·nes. Sa mise en œuvre au fil des ans a joué un rôle crucial dans le maintien du contrôle violent et prolongé d’Israël sur des millions de Palestinien·nes. 

27 décembre 2023
https://www.btselem.org/firearms/20231227_in_three_weeks_in_october_israeli_soldiers_and_police_killed_at_least_115_palestinians_37_of_them_minors
Traduit avec DeepL.com (version gratuite)

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Le Christ dans les décombres. Une liturgie de la Lamentation

Lors d’une réunion de prière tenue dans l’église luthérienne de Noël à Bethléem et transmise en temps réel, le révérend Dr. Munther Isaac a prononcé un message de Noël critiquant les complices des bombardements actuels de Gaza par Israël et adressant au peuple palestinien des paroles d’encouragement

Nous sommes en colère… 

Nous sommes brisés… 

Cela devrait être un temps de joie ; mais nous sommes en deuil. Nous avons peur. 

20 000 personnes tuées. Des milliers sont encore sous les décombres. Pas loin de 9 000 enfants tués par les moyens les plus brutaux. Jour après jour après jour. 1,9 million de déplacés ! Des centaines de milliers d’habitations ont été détruites. Gaza telle que nous la connaissons n’existe plus. C’est un anéantissement. Un génocide. 

Le monde regarde ; les Églises regardent. Les Gazaouis envoient en direct des images de leur propre exécution. Peut-être que le monde y est sensible ? Mais cela continue… 

Nous posons la question : cela pourrait-il être notre sort à Bethléem ? À Ramallah ? À Jénine ? Cela est-il aussi notre destin ? 

Nous sommes tourmentés par le silence du monde. Les dirigeants du soi-disant « monde libre » sont venus tour à tour donner le feu vert à ce génocide contre une population captive. Ils ont fourni une couverture. Non seulement ils ont fait en sorte de régler d’avance la facture, mais ils ont masqué la vérité et le contexte, assurant une couverture politique. En plus, une autre épaisseur a été ajoutée : la couverture théologique, l’Église occidentale se plaçant sous les projecteurs. 

L’Église sud-africaine nous a enseigné le concept de « théologie d’État », définie comme « la justification théologique du statu quo, avec son racisme, son capitalisme et son totalitarisme. » Des concepts théologiques et des textes bibliques sont alors dévoyés en vue d’objectifs politiques. 

Ici en Palestine, la Bible est transformée en arme hostile. Notre texte sacré à nous. Dans notre terminologie en Palestine, nous parlons de l’Empire. Ici nous affrontons la théologie de l’Empire. Un déguisement proclamant la supériorité, la suprématie, « l’élection » et la jouissance de droits. Parfois on utilise une jolie couverture, faite de mots comme « mission », « évangélisme », « réalisation d’une prophétie », « propagation de la liberté ». La théologie de l’Empire devient un outil puissant pour masquer l’oppression sous le manteau de la sanction divine. Ils divisent ainsi les gens entre « nous » et « eux ». Il s’agit de déshumaniser et de diaboliser. Ils parlent d’une terre sans peuple alors qu’ils savent que la terre a un peuple – et ce n’est pas n’importe quel peuple. Ils parlent de vider Gaza, à l’instar de leurs déclarations sur le nettoyage ethnique de 1948, appelé un « miracle divin ». Ils demandent que nous, les Palestiniens, nous allions en Égypte, ou peut-être en Jordanie, ou pourquoi pas dans la mer ? 

« Seigneur, voulez-vous que nous commandions au feu de descendre du ciel et de les consumer ? » ont-ils dit à notre propos. C’est cela, la théologie de l’Empire. 

Cette guerre a confirmé que le monde ne nous considère pas comme égaux. C’est peut-être la couleur de notre peau. C’est parce que nous sommes du mauvais côté de l’équation politique. Même notre parenté avec le Christ ne nous a pas protégés. Comme ils l’ont dit, s’il faut tuer 100 Palestiniens pour éliminer un seul « combattant armé du Hamas », qu’il en soit ainsi ! Nous ne sommes pas des êtres humains à leurs yeux. (Mais aux yeux de Dieu… personne ne peut dire que nous ne le sommes pas !) 

L’hypocrisie et le racisme du monde occidental est évidente et effrayante ! Il reçoit toujours les paroles des Palestiniens de façon suspicieuse et avec des réserves. Non, nous ne sommes pas traités comme des égaux. Pourtant, l’autre côté, malgré son lourd bilan de désinformation, est presque toujours considéré comme infaillible ! 

À l’intention de nos amis européens : je ne veux plus jamais vous entendre nous faire encore des discours sur les droits humains ou le droit international. Nous ne sommes pas blancs – cela ne s’applique pas à nous, selon votre propre logique. 

Au cours de cette guerre, les nombreux chrétiens du monde occidental ont veillé à ce que l’Empire dispose de la théologie nécessaire. C’est de la légitime défense, nous a-t-on dit ! (Et je demande : Comment ?) 

Dans l’ombre de l’Empire, ils ont transformé le colonisateur en victime, et le colonisé en agresseur. Avons-nous oublié que l’État a été édifié sur les ruines des villes et villages de ces mêmes Gazaouis ? 

Nous sommes indignés par la complicité de l’Église. Soyons clairs : le silence est complicité, et les appels creux à la paix sans cesser le feu et sans mettre fin à l’occupation, et les phrases vaines sur l’empathie sans action directe – tout cela est toujours sous l’enseigne de la complicité. Voici donc mon message : Gaza est aujourd’hui devenue la boussole morale du monde. Gaza était l’enfer sur terre avant le 7 octobre. 

Si vous n’êtes pas horrifiés par ce qui se passe ; si vous n’êtes pas ébranlé jusqu’au fond de vous-même – c’est que votre humanité est en défaut. Si nous, en tant que chrétiens, ne sommes pas indignés par ce génocide, par la transformation de la Bible en arme pour le justifier, c’est que notre témoignage chrétien est en défaut, et que cela compromet la crédibilité des Évangiles ! 

Si vous n’arrivez pas à appeler cela un génocide, c’est à vous que cela incombe. C’est un péché, une part de ténèbres, que vous adoptez de plein gré. 

Certains n’ont même pas demandé un cessez-le-feu… 

C’est pour vous que je suis désolé. Pour nous, cela ira. Malgré le coup immense que nous avons subi, nous nous rétablirons. Nous nous relèverons, nous nous dresserons de nouveau au milieu des ruines, comme nous l’avons toujours fait en tant que Palestiniens, même si ceci est de loin le coup le plus énorme que nous ayons reçu depuis longtemps. 

Mais encore une fois, vous qui êtes complices, je suis désolé pour vous. Vous en rétablirez-vous ? 

Votre charité, vos mots scandalisés APRÈS le génocide, ne changeront rien. Des paroles de regret ne suffisent pas, dans votre cas. Nous n’accepterons pas vos excuses après le génocide. Ce qui est fait est fait. Je vous demande de vous regarder dans la glace… et de demander : où étais-je ? 

À nos amis qui sont ici avec nous : Vous avez quitté vos familles et vos églises pour être avec nous. Vous incarnez le terme d’accompagnement – une solidarité de grand prix. « Nous étions en prison, et vous êtes venus jusqu’à nous ». Quelle différence saisissante avec le silence et la complicité d’autres personnes. Votre présence ici signifie la solidarité. Votre visite a déjà laissé une impression qui ne nous sera jamais enlevée. À travers vous, Dieu nous a dit que « nous ne sommes pas abandonnés ». Comme le Père Rami de l’Église catholique l’a dit ce matin, vous êtes venus à Bethléem, et comme les Rois mages, vous avez apporté des dons, mais ces cadeaux sont plus précieux que l’or, l’encens et la myrrhe. Vous avez apporté les cadeaux de l’amour et de la solidarité. 

Nous en avions besoin. Pendant cette saison, plus peut-être que par autre chose, nous avons été troublés par le silence de Dieu. Pendant les deux derniers mois, les Psaumes de lamentation sont devenus un compagnon précieux. Nous avons crié : Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi as-tu abandonné Gaza ? Pourquoi caches-tu ton visage à Gaza ? 

Dans notre souffrance, notre angoisse, notre lamentation, nous avons cherché Dieu, et nous l’avons trouvé sous les décombres de Gaza. Jésus a été la victime d’une violence identique, celle de l’Empire. Il a été torturé. Crucifié. Il a saigné tandis que d’autres regardaient. Il a été tué et il a crié dans sa souffrance – Mon Dieu, où es-tu ? 

À Gaza aujourd’hui, Dieu est sous les décombres. 

Et en cette saison de Noël, tandis que nous cherchons Jésus, nous ne le trouverons pas du côté de Rome, mais de notre côté du Mur. Dans une grotte, avec une famille de gens simples. Vulnérable. De justesse, et miraculeusement, ayant survécu à un massacre. Dans une famille de réfugiés. Voilà où l’on trouve Jésus. 

Si Jésus devait naître aujourd’hui, il naîtrait sous les décombres de Gaza. Quand nous glorifions l’orgueil et la richesse, Jésus est sous les décombres… 

Quand nous comptons sur la puissance, la force et les armes, Jésus est sous les décombres… 

Quand nous justifions, rationalisons et théologisons le bombardement des enfants, Jésus est sous les décombres… 

Jésus est sous les décombres. Voilà sa crèche. Il est chez lui, aux côtés des marginalisés, des souffrants, des opprimés et des déplacés. Voilà sa crèche. 

J’ai regardé longuement, j’ai contemplé cette image iconique… Dieu avec nous, précisément de cette façon. CECI est l’incarnation. Souillée. Ensanglantée. Pauvre. 

Cet enfant est notre espoir et notre inspiration. Nous regardons et le voyons dans chaque enfant tué et extrait des décombres. Pendant que le monde continue à rejeter les enfants de Gaza, Jésus dit : « chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces petits qui sont mes frères et mes sœurs, c’est à moi que vous l’avez fait. » « C’est à moi que vous l’avez fait » : Jésus ne les appelle pas seulement les siens, il est eux ! 

Nous regardons la sainte famille et nous la voyons dans chaque famille déplacée et errante, maintenant sans abri et sans espoir. Pendant que le monde discute du sort des gens de Gaza comme s’ils étaient des cartons encombrants dans un garage, Dieu dans le récit de Noël partage leur sort ; Il marche à leur côté et les appelle les siens. 

Cette crèche parle de résilience (soumoud – صمود). La résilience de Jésus est dans sa tendresse, sa faiblesse et sa vulnérabilité. La majesté de l’incarnation réside dans sa solidarité avec les marginalisés. Résilience parce que ce même enfant s’est levé au milieu de la douleur, de la destruction, des ténèbres et de la mort pour défier des Empires ; pour dire la vérité au pouvoir et remporter une victoire définitive sur la mort et les ténèbres. 

Aujourd’hui, c’est Noël en Palestine, et voici le message de Noël. Il n’est pas question du Père Noël, des arbres, des cadeaux, des guirlandes… etc. Mon Dieu, à quel point nous avons déformé la signification de Noël. À quel point nous avons commercialisé Noël. J’étais aux États-Unis le mois dernier, le premier mois après Thanksgiving, et j’étais stupéfait de la quantité de décorations et de guirlandes de Noël, et de toutes ces marchandises. Je ne pouvais m’empêcher de penser : Ils nous envoient des bombes, pendant qu’ils célèbrent Noël dans leur pays. Ils entonnent dans leur pays des chansons sur le prince de la paix, pendant que dans notre pays ils frappent sur le tambour de guerre. 

Noël à Bethléem, lieu de naissance de Jésus, c’est cette crèche. C’est aujourd’hui le message que nous envoyons au monde. C’est un message de bonne nouvelle, un véritable, authentique message de Noël, évoquant un Dieu qui n’a pas gardé le silence, mais qui a pris la parole, et sa Parole, c’est Jésus. Né parmi les occupés et les marginalisés. Il est solidaire avec nous dans notre douleur, nous qui sommes brisés. 

Cette crèche est notre message d’aujourd’hui au monde – et il est simple : ce génocide doit cesser MAINTENANT. Répétons-le au monde : STOP au génocide MAINTENANT. 

C’est notre appel. C’est notre demande. C’est notre prière. Entends-nous, Ô Dieu. Amen.

Rev. Dr. Munther Isaac
Église luthérienne évangélique de Noël à Bethléem
https://aurdip.org/le-christ-dans-les-decombres-une-liturgie-de-la-lamentation/
Texte signalé par R. P.

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Cette année marque le vingtième anniversaire de la création du Réseau de solidarité avec les réfractaires (RSN).

La deuxième Intifada a éclaté en 2000. Elle s’est accompagnée de mort·es et de destructions à grande échelle, et l’oppression israélienne sur les Palestinien·nes est devenue encore plus extrême. Un groupe de jeunes Israélien·nes courageuses et courageux a décidé de prendre position contre le consensus. Elles et ils ont déclaré qu’iles refuseraient de servir dans l’armée tant que l’occupation se poursuivrait. Au départ, iels étaient seul·es. Le climat politique israélien de l’époque ne leur a pas permis de faire entendre leur voix et de se constituer une base de sympathisant·es.

Faire un don pour soutenir les réfractaires à la guerre de Gaza

Le RSN a été créé pour les aider à surmonter ce défi. Depuis 2003, nous nous consacrons au soutien de ces réfractaires. Nous nous efforçons d’amplifier leurs voix, ainsi que celles du mouvement anti-occupation au sens large, et de les aider à constituer une base de soutiens politiques et financiers.

Au fil des ans, nous avons fait connaître les récits des opposant·es israélien·nes à notre communauté et au reste du monde. Nous avons organisé des événements en ligne et des tournées de conférences. Nous avons produit des vidéos vues par des millions de personnes. Nous avons mis en place des mécanismes pour fournir un financement crucial pour l’aide juridique, psychologique, politique et matérielle. Lorsque nous avons commencé, nous étions une toute petite communauté. Aujourd’hui, nous sommes plus de 8 000. Nous avons construit quelque chose de significatif, et nous n’aurions pas pu le faire sans vous et sans votre soutien.

L’année qui vient de s’écouler a été une véritable montagne russe. Au début, elle ressemblait à n’importe quelle autre année. Lorsque les manifestations en faveur de la démocratie ont envahi les rues d’Israël, elles ont apporté une lueur d’espoir. De plus en plus d’Israélien·nes ont commencé à comprendre que leur liberté dépendait de celle des Palestinien·nes. Le mouvement anti-occupation s’est développé. Un mouvement de refus massif, d’une ampleur sans précédent, a modifié le discours public. Nous avons osé espérer que la fin de l’occupation était proche, que nous vivions un moment historique.

Puis vint le massacre du 7 octobre, suivi de l’assaut israélien brutal qui se poursuit encore aujourd’hui. Tout a changé. L’opinion publique a fortement basculé à droite. De nombreux réfractaires démocrates se sont réengagé·es. La répression de la dissidence a rendu la résistance à la guerre extrêmement difficile.

Je garde espoir. Non seulement parce que, même dans les conditions actuelles, le mouvement de résistance à la guerre est actif et que certain·es Israélien·nes courageuses et courageux ont osé refuser. Mais aussi parce que je pense que cette guerre horrible peut être un tournant. Le choc et la douleur de la guerre du Kippour en 1973 ont affaibli le statu quo et conduit à l’accord de paix entre Israël et l’Égypte. Je pense que le choc et la douleur de la guerre de Gaza pourraient conduire à un changement similaire ; Israël pourrait enfin comprendre qu’il ne sera pas en sécurité tant que l’occupation n’aura pas pris fin.

Je crois que le « jour d’après » après cette guerre sera une opportunité. Je sais que nous devons être prêt·es à en tirer le meilleur parti. Nous aurons besoin d’un mouvement israélien anti-occupation fort, avec une base solide de partisan·es internationaux, pour donner l’impulsion décisive le moment venu. C’est pourquoi nous nous efforçons actuellement de réunir 30 000 dollars pour renforcer notre capacité à soutenir le mouvement.

Beaucoup d’entre vous ont déjà rejoint cet effort. Avec votre aide, nous avons déjà récolté plus d’un tiers de notre objectif. Merci à toutes et tous ! N’hésitez pas à partager cet appel avec vos ami·es et votre famille.

Si vous ne l’avez pas encore fait, vous pouvez soutenir notre cause en cliquant ici. Chaque don fait la différence.

Ensemble, Israélien·nes, Palestinien·nes et sympathisant·es internationaux, nous pouvons mettre fin à cette guerre. Ensemble, nous pouvons mettre fin à l’occupation.

En solidarité,

Mattan Helman
Directeur exécutif
Réseau de solidarité avec les réfractaires
Traduit avec DeepL.com (version gratuite)

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Les règles d’engagement de l’IDF à Gaza font des victimes innocentes

À la suite de l’assassinat tragique de trois otages israéliens par des soldats de Tsahal, la réaction immédiate de Tsahal a été de dire que les soldats avaient dérogé aux règles d’engagement. Mais ces écarts ne sont pas le principal problème. Ce sont les règles elles-mêmes qui le sont.

Les otages ont été abattus alors qu’ils avaient fait tout ce qui était en leur pouvoir pour montrer qu’ils ne représentaient pas une menace : ils avaient enlevé leur chemise, crié en hébreu et brandi un drapeau blanc. Ils ont été abattus à des dizaines de mètres de distance, de sorte qu’il est difficile de soutenir que les soldats auraient été en danger direct.

L’argument de la « dérogation aux règles » est, au mieux, peu convaincant. L’enquête interne de l’IDF a révélé que la force en question avait reçu l’instruction de tirer sur tout « homme en âge de combattre ». Aucun soldat ayant combattu à Gaza lors des campagnes précédentes ne serait surpris d’apprendre cela.

Ces instructions sont conformes à ce que nous apprennent les témoignages des soldats qui ont participé aux précédentes invasions terrestres à Gaza. « Si c’est un homme de 15 ans ou plus, comme quelqu’un qui a l’air d’être un combattant, tirez-lui dessus », nous a dit un soldat qui a combattu à Gaza en 2014.

Bien sûr, il est nécessaire de parler de l’écart manifeste par rapport à toute norme fondamentale que représente le fait de tirer sur une personne qui se rend en agitant un drapeau blanc. Mais cela se fait en évitant délibérément une discussion publique sur les instructions et les politiques elles-mêmes.

Exemple : comment se fait-il qu’une phrase souvent utilisée comme « s’il y a un doute, il n’y a pas de doute » ait été renversée dans le contexte de Gaza : dans le passé, la phrase était utilisée pour signifier « pécher par excès de prudence ». Aujourd’hui, elle signifie : « si vous pensez être en danger, tirez ».

Ignorer que toutes et tous les civils n’évacuent pas, c’est faire l’autruche. Nous avons déjà vu cela auparavant : « [les instructions qui] nous parviennent d’en haut. Il n’est pas censé y avoir de [civils], celui qui est là est condamné à mort », nous a confié un soldat en 2014.

Ce genre de point de vue reflète l’ignorance gratuite du haut commandement de l’IDF, encouragé sans aucun doute par les membres du cabinet et du gouvernement qui affirment constamment qu’« il n’y a pas d’innocents à Gaza ». C’est immoral, quel que soit le nombre de missiles ou de tracts « knock on the roof » largués d’en haut.

Nous devons nous demander si, en tant qu’Israélien·nes, nous aurions été aussi choqué·es et indigné·es si les personnes abattues avaient été des Palestinien·nes innocent·es agitant un drapeau blanc. Aurions-nous même entendu parler d’un tel incident ? La triste vérité est que, probablement, nous n’en aurions pas entendu parler. Si nous en avions entendu parler, de nombreux décès auraient pu être évités.

Si, en tant que société, nous continuons à éluder les questions sur la manière dont nous combattons, des Palestinien·nes innocent·es continueront à être tué·es encore et encore. Et oui, la vie des otages sera également menacée. Rien ne devrait être plus important que de protéger la vie de civil·es innocent·es.

D’un point de vue personnel, je suis fier du travail accompli par Breaking the Silence cette année, en particulier au cours de ces deux derniers mois marqués par le deuil. Pour ce qui est de l’avenir, je pense que nous nous trouvons à un moment crucial de notre capacité à obtenir le soutien du public pour mettre fin à l’occupation de la Cisjordanie et au siège de la bande de Gaza.

Nous savons que nos voix ont le pouvoir d’attirer l’attention sur le prix croissant de l’occupation, mais ce travail ne sera pas facile. Alors que la société israélienne se remet des atrocités du 7 octobre, de nombreux membres du camp anti-occupation risquent de perdre leur foi dans la possibilité d’une solution politique qui apporterait liberté et sécurité aux Israélien·nes comme aux Palestinien·nes.

Pourtant, nous savons aussi qu’en ce moment même, des soldats se battent à Gaza ou sont stationnés en Cisjordanie, et que certains d’entre eux choisiront de rompre le silence après la guerre et de partager leur témoignage avec nous. À un moment où il y a tant de raisons de désespérer, nous croyons au pouvoir de nos voix pour faire la différence, pour changer ce que l’avenir peut nous apporter à tous.

Mais ce travail nécessite des ressources. Nous sommes reconnaissant·es du soutien que beaucoup d’entre vous nous ont apporté ces dernières années, y compris au cours de ces dernières semaines difficiles, et qui a rendu tout cela possible. Je sais que beaucoup d’entre nous ont l’impression que notre attention et notre soutien sont sollicités dans de nombreuses directions différentes. Je ne vous demanderais pas d’envisager de faire un don de fin d’année si je ne croyais pas profondément à l’importance et au pouvoir de notre travail en ce moment critique.

En faisant un don à Breaking the Silence, vous contribuez à construire une opposition morale forte à l’occupation. Si vous ne l’avez pas encore fait, à l’approche de la fin de l’année, nous espérons que vous ferez entendre votre propre voix en faisant un don à Breaking the Silence dès aujourd’hui.

Avner Gvaryahu, directeur exécutif
Breaking the Silence
https://mailchi.mp/breakingthesilence/there-is-no-liberty-in-occupation-2668554?e=ae55368419
Traduit avec DeepL.com (version gratuite)

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Nous défendons le fondement moral
du journalisme israélo-palestinien

Lors d’une réunion Zoom au début du mois, j’ai regardé les visages de mes collègues rédacteurs et rédactrices de +972 sur l’écran de l’ordinateur, perplexe. Pendant des semaines, j’ai écouté des ami·es et des partenaires extérieurs à notre organisation décrire comment les événements du 7 octobre et la guerre contre Gaza qui s’en est suivie ont provoqué de profondes ruptures dans leurs cercles. La peur et l’impuissance ont envahi une grande partie de notre mouvement. Les débats sur l’incapacité de la « gauche mondiale » à faire face à ces calamités se sont multipliés. Pourtant, nous étions là, journalistes palestinien·nes et israélien·nes, ébranlé·es par les horreurs que nous vivions, mais inébranlables dans notre engagement envers le site et les un·es envers les autres. Je n’ai pas pu m’empêcher de poser la question à l’équipe : « Comment avons-nous fait ? »

La réponse est peut-être l’anticipation. Pendant des années, +972 a suivi de près les transformations en Israël-Palestine, observant comment le régime israélien déformait non seulement le paysage entre la rivière et la mer, mais aussi l’esprit des personnes qui y vivaient. Nous avons vu les Israélien·nes juifs et juives ériger un mur psychologique pour garder l’occupation hors de vue et hors de l’esprit, en prétendant que les Palestinien·nes accepteraient le système violent qui leur est imposé. Nous avons été témoins des conséquences de ce système, qui a privé sans relâche les Palestinien·nes de leurs maisons, de leurs vies et de leur dignité. Nous avons vu l’espoir s’amenuiser et céder la place au désespoir et à l’indifférence, tandis que des forces fascistes et autoritaires intervenaient pour faire avancer leurs dangereux programmes.

Pendant tout ce temps, +972 a été à l’avant-garde dans sa couverture d’Israël-Palestine, centrant les communautés sur le terrain tout en confrontant les institutions du pouvoir afin d’ouvrir la voie à un avenir plus juste. Ce travail a été rendu possible grâce au soutien de vous, nos lectrices et nos lecteurs, et il ne peut se poursuivre que si vous nous soutenez. Allez-vous faire une contribution de fin d’année ou, mieux encore, devenir membre de +972 en faisant un don mensuel ?

Témoins de ces changements en Israël-Palestine, nous, à +972, avons toujours considéré qu’il était impératif de maintenir notre position morale. Nous sommes intransigeants·e dans notre mission de contester les structures d’injustice et d’oppression – surtout à Gaza, où l’armée israélienne a déclenché une apocalypse sur la population palestinienne assiégée. Mais nous sommes également ancrés dans les valeurs d’empathie et d’humanité, y compris pour les Israélien·nes cruellement ciblé·es et kidnappé·es par l’assaut mené par le Hamas.

Ces principes nous guident depuis le 7 octobre, comme ils l’ont fait dans les guerres et les atrocités précédentes. Nous avons parfois des divergences, voire des inconforts, mais notre volonté d’écouter, d’apprendre et d’évoluer ensemble n’a jamais changé. C’est ce modèle unique de journalisme professionnel fondé sur des principes qui a fait de nous un interlocuteur privilégié pour les médias, les militants, les experts et les décideurs politiques du monde entier. En ce moment, je n’ai jamais été aussi reconnaissant envers +972.

Ce site ne peut pas être considéré comme acquis. Nous sommes une petite organisation indépendante à but non lucratif qui a un impact extraordinaire, et cet impact dépend de votre soutien. Alors que nous terminons une année sombre en Israël-Palestine, nous devons également allumer des lueurs d’espoir. Et je crois fermement que +972 est l’une de ces braises. Rejoignez-nous en devenant membre de +972 avec une contribution mensuelle de votre choix, ou en faisant un don unique pour la nouvelle année.

En toute solidarité,

Amjad Iraqi
Rédacteur en chef, +972 Magazine
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Traduit avec DeepL.com (version gratuite)

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« Standing Together » (Se tenir debout ensemble) en campagne contre la guerre et le racisme en Israël après le 7 octobre

Omdim be’Yachad-Naqef Ma’an, (ou Standing Together, Se tenir debout ensemble), est un mouvement social judéo-arabe actif en Israël qui milite contre le racisme et l’occupation et pour l’égalité et la justice sociale. Uri Weltmann, qui en est le coordinateur national des actions de terrain , s’est entretenu avec Federico Fuentes, de LINKS (Magazine international du « Renouveau socialiste »), de la manière dont ils ont fait face à la guerre lancée par Netanyahou contre Gaza et à la montée du racisme anti-arabe en Israël, ainsi que des implications des événements actuels sur les perspectives d’une paix durable.

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Federico Fuentes : Après plus de deux mois de guerre, et un nombre toujours plus élevé de victimes, comment la guerre d’Israël contre Gaza est-elle perçue par la société israélienne ? Et comment les Israélien·nes ont-ils réagi aux décisions prises par le Premier ministre Benjamin Netanyahou depuis le 7 octobre ?

Uri Weltmann : Le 7 octobre a été un moment terrifiant pour la société israélienne. L’attaque barbare du Hamas contre des villes et des villages – assassinant des civils, y compris des enfants et des personnes âgées, dans leurs maisons et prenant 240 Israéliens en otage – a traumatisé notre société, la plongeant dans le chagrin et la colère.

La guerre a reçu un large soutien au sein de l’opinion publique israélienne. Pour l’essentiel, l’affirmation de M. Netanyahou selon laquelle la guerre est menée dans le but de « mettre fin au pouvoir du Hamas » n’a pas été contestée par les commentateurs et le personnel politique en place.

Cependant, plus de deux mois après le début de la guerre, le mécontentement à l’égard de la politique de Netanyahou ne cesse de croître. Un récent sondage de l’Institut israélien de la démocratie montre que deux tiers des Israéliens pensent que le gouvernement n’a pas de plan précis pour les lendemains de la guerre.

Une large majorité pense également que des élections anticipées devraient être organisées après la guerre. Les sondages d’opinion estiment qu’en cas d’élections anticipées, le parti au pouvoir, le Likoud, perdrait un tiers de ses sièges et les partis qui composent la coalition d’extrême droite autour de Netanyahu perdraient leur majorité à la Knesset (le parlement israélien).

Ce mécontentement se manifeste surtout dans la rue, sous la forme d’un mouvement de protestation qui s’amplifie, mené par les familles et les amis des Israéliens retenus en otage par le Hamas à Gaza. Ils réclament des négociations en vue d’un accord de cessez-le-feu qui permettrait aux otages de rentrer chez eux. Il reste environ 130 otages à Gaza, dont des personnes âgées qui ont besoin de soins médicaux et même des enfants en bas âge, le plus jeune étant un bébé de 11 mois.

Les protestations des familles ont reçu le soutien d’une grande part de la société israélienne, alors même qu’elles s’en prennent au gouvernement, auquel elles adressent des reproches en termes très durs. Leurs manifestations dans tout le pays ont rassemblé des dizaines de milliers de personnes dans les rues et ont joué un rôle déterminant en forçant le gouvernement à accepter l’accord de cessez-le-feu de novembre dernier, et en le poussant à reprendre les négociations tout récemment.

Il est intéressant de noter qu’au cours des dix premiers mois de l’année 2023, dans la période précédant la guerre, un mouvement de protestation de masse a eu lieu en Israël contre le projet de restructuration judiciaire de Netanyahou, qui aurait permis à son gouvernement de concentrer davantage de pouvoirs entre ses mains en nommant les juges et en restreignant les libertés démocratiques. Bien que ces manifestations ne se soient pas poursuivies de la même manière après le 7 octobre, elles ont créé une atmosphère de désapprobation générale à l’égard du gouvernement Netanyahou.

« Debout ensemble » a organisé des rassemblements de solidarité judéo-arabe dans tout le pays. Il a également mis en place un dispositif d’organisation spécial d’urgence appelé « Garde de solidarité judéo-arabe ».

Que pouvez-vous nous dire à propos de ces initiatives et de la façon dont elles ont été accueillies ?
Chacun de nos rassemblements de solidarité judéo-arabe organisés dans plusieurs villes d’Israël a rassemblé des centaines de personnes, malgré les tentatives des militants d’extrême droite de faire pression sur les responsables des lieux que nous avons loués pour qu’ils reviennent sur leur décision de nous accueillir. Les participant·es à ces rassemblements ont entendu les discours des dirigeants juifs et arabes de « Debout ensemble » en faveur de la paix israélo-palestinienne, de la fin de l’occupation et de l’arrêt de la chasse aux sorcières raciste contre les citoyen·nes palestinien·nes d’Israéliens qui s’élèvent contre les injustices liées à la guerre.

Nous avons axé notre message sur la question de la pleine égalité – sur les plans civique et national – pour les citoyens palestiniens d’Israël, ainsi que sur notre protestation contre le terrible bilan humain de la guerre contre Gaza, qui a coûté la vie à des civils innocents. Nous ne le faisons pas de l’extérieur de notre société, mais de l’intérieur, avec une profonde empathie pour nos ami·es, parents, collègues et partenaires qui ont perdu des êtres chers le 7 octobre dans l’attaque terroriste injustifiable et indéfendable du Hamas contre des civils qui se trouvaient dans leur maison.

Le rassemblement le plus important à ce jour a eu lieu à Haïfa et a réuni 700 personnes. Des militants d’extrême droite ont fait pression sur les responsables d’une salle de conférences pour nous empêcher d’y tenir notre rassemblement, et nous nous sommes donc rendus à la mosquée du quartier de Kababir, à Haïfa. Personnellement, c’était la première fois que j’organisais un événement politique dans une mosquée… Pourtant, des centaines d’habitant·es juifs et juives et arabo-palestinien·nes de Haïfa sont venus !

Une fois les 300 sièges de la salle occupés, plus de 200 personnes se sont assises par terre ou debout dans les allées, jusqu’à ce qu’il n’y ait plus de place dans la salle principale. Plus de 120 personnes ont donc dû s’entasser dans une salle voisine, où les discours étaient retransmis par vidéo. C’est l’une des plus grandes réunions que j’ai contribué à organiser. Les médias internationaux ont suivi avec intérêt ce rassemblement, et il était en effet car il était intéressant de voir des Juifs d’Israël se presser dans une mosquée, en pleine guerre, pour écouter des discours en faveur de la paix.

« Debout ensemble » a également mis en place des groupes locaux dans tout le pays, baptisés « réseaux de solidarité judéo-arabe » ou « garde de solidarité judéo-arabe », afin de se préparer à ce que les dirigeants politiques de l’État israélien poussent à un affrontement entre les citoyen·es juifs et juives et palestinien·nes sur le territoire d’Israël.

Itamar Ben-Gvir – le ministre nationaliste le plus extrémiste et le plus « faucon » qui ait jamais siégé au gouvernement israélien – parle ouvertement de se préparer à un scénario similaire à celui de mai 2021… Il a distribué des armes et incité les gens à former des milices locales dans les grandes villes mixtes, telles que Yafa, Haïfa, Akko et Lyd. Cette situation est très dangereuse.

Plutôt que de rester à l’écart et de laisser l’aile droite prendre l’initiative de pousser dans cette direction dangereuse, nous, à Debout ensemble, avec d’autres partenaires, avons travaillé sur le terrain, en mettant en place ces réseaux de solidarité pour rassembler des voisins juifs et arabes de différents quartiers de la même ville ou de villes voisines, pour faire du travail de solidarité et d’entraide et promouvoir l’égalité et l’antiracisme dans la sphère publique.

La Garde de solidarité judéo-arabe a également mis en place une ligne téléphonique d’urgence, gérée par des sympathisants, où les gens peuvent demander de l’aide. Nous luttons contre le racisme et la déshumanisation et soutenons les citoyens arabes victimes de discrimination ou de harcèlement sur leur lieu de travail ou dans les établissements d’enseignement supérieur. Nous avons également enlevé des panneaux racistes et agressifs des espaces publics et en avons installé d’autres appelant à la paix et à la solidarité.

Certains de nos groupes ont été confrontés à la répression de l’État. Des militants de Debout ensemble à Jérusalem-Ouest, juives, juifs et palestinien·nes, ont été arrêtés par la police. Leur crime ? Avoir accroché des affiches sur lesquelles on pouvait lire : « Juifs et Arabes, nous nous en sortirons ensemble ». Cela illustre à quel point l’atmosphère publique à l’intérieur d’Israël est actuellement tendue.

Les événements de ces dernières semaines ont conduit de nombreuses personnes à conclure que la possibilité d’une solution à deux États est dépassée. Comment Debout ensemble envisage-t-il la question d’un État/deux États et les conséquences de cette guerre sur la réalisation d’une telle perspective ?
Toutes les discussions sur l’avenir de ce pays doivent partir du postulat le plus élémentaire : il y a des millions d’Israélien·nes juives et juifs dans ce pays, et aucun·e d’entre eux n’ira nulle part ailleurs, tout comme il y a des millions d’Arabo-Palestiniens dans ce pays, et aucun d’entre elles et eux n’ira nulle part ailleurs. Cette vérité devrait être la pierre angulaire de toute discussion sérieuse sur la manière de mettre fin à un conflit national violent qui dure depuis des décennies.

Ce n’est pas le point de vue du monde politique israélien, qui a appuyé la conception de la « gestion du conflit » au cours des vingt dernières années. Selon ce paradigme, qui a totalement capoté le 7 octobre, il n’y a aucune urgence à résoudre la question palestinienne et Israël peut continuer à maintenir un régime militaire prolongé sur des millions de Palestinien·nes dépourvus de citoyenneté et privé·es des droits humains fondamentaux en Cisjordanie, à Jérusalem-Est et dans la bande de Gaza.

Le monde politique israélien estime que si les éruptions occasionnelles de violence sont regrettables, elles seront localisées et ponctuelles, avec des années de « normalité » entre les deux. Ce point de vue a été exprimé non seulement par Netanyahu, mais aussi par ses opposants politiques au sein de l’establishment, tels que Naftali Bennet, qui, avant de devenir premier ministre, a déclaré que le conflit israélo-palestinien ne pouvait pas être résolu, mais qu’il fallait le supporter, comme un « éclat d’obus dans les fesses ».

Le 7 octobre a démontré la faillite du concept de « gestion du conflit ». Toute idée de contrôle militaire perpétuel sur les millions de Palestiniens des territoires occupés est vouée à l’échec et entraînera de nouvelles violences, compromettant ainsi la sécurité des Palestinien·nes et des Israélien·nes.

Le peuple palestinien n’acceptera pas de renoncer à son droit à l’autodétermination nationale dans un État qui lui soit propre. Par conséquent, dans le cadre de la dynamique de pouvoir actuelle, il faut choisir entre le transfert forcé de millions de Palestinien·nes, qui redeviendraient des réfugié·es (une option que certains membres de l’establishment israélien n’excluent pas de discuter), l’élimination physique d’un peuple entier (dont certains politiciens ultranationalistes kahanistes parlent ouvertement) ou la reconnaissance du droit des Palestinien·nes à la souveraineté et à l’indépendance.

La dernière option – celle de la création d’un État palestinien indépendant aux côtés d’Israël – est une option très redoutée par la droite israélienne. Le parti du Sionisme religieux, dirigé par Bezalel Smotrich, s’est empressé de payer un immense panneau d’affichage sur l’autoroute Ayalon, au centre de Tel-Aviv, et d’y apposer une affiche sur laquelle on pouvait lire « Autorité palestinienne = Hamas ».

Ils comprennent qu’après le 7 octobre, de plus en plus de voix s’élèvent pour dire que tout retour au statu quo ante bellum est impossible, et que l’option de réengager des négociations avec l’OLP [Organisation de libération de la Palestine] en vue d’un règlement diplomatique sera à nouveau sur la table – surtout si les partis de centre-gauche obtiennent une majorité à la Knesset, comme le laissent présager les sondages d’opinion.

« Debout ensemble » défend le droit des deux peuples de notre pays à vivre en paix, dans la sécurité, l’indépendance et la justice, et appuie de tout son poids l’appel à renouer le dialogue avec l’OLP en vue de parvenir à un accord de paix israélo-palestinien.

Le Hamas et le Likoud rejettent tous deux le droit de l’autre peuple à vivre en paix et en sécurité. Nous nous opposons à eux et nous nous plaçons du côté des habitants de ce pays qui ont droit à un avenir protégé.

Uri Weltmann & Federico Fuentes
Links dimanche 24 décembre 2023.
Traduit pour ESSF par Pierre Vandevoorde avec l’aide de DeepLpro
https://links.org.au/standing-together-campaigning-against-war-and-racism-inside-israel-after-october-7
https://www.europe-solidaire.org/spip.php?article69135

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Lettre ouverte du monde de la culture
à Emmanuel Macron, Président de la République,
pour un cessez-le-feu immédiat et permanent à Gaza.

Monsieur le Président, 

Notre humanité, et le sens que nous lui donnons, se défait chaque jour un peu plus. 

C’est avec un effroi et une douleur immense que nous voyons se dérouler une catastrophe insoutenable à Gaza. Ce monde dont on nous tend aujourd’hui le miroir, nous n’y croyons pas plus que nous ne le voulons.  

Nous, citoyennes et citoyens, membres du monde de la culture, appelons à la reconnaissance des droits de tout être humain. Nous rappelons qu’ils sont universels et inconditionnels. Nous disons l’impossible justification morale des immenses désastres, humains, matériels, et éthiques, qui gisent à Gaza, désormais décrite par un représentant de l’ONU comme « l’enfer sur terre [1] ». Exiger la fin d’un massacre et le respect des droits fondamentaux des êtres humains ne peut pas prêter à controverse quand l’Histoire nous a appris le prix du silence.

Nous, de toutes les origines et de toutes les confessions, unis par la condamnation de cette catastrophe, vous adressons cette lettre et vous demandons de tout mettre en œuvre pour que ce massacre cesse. Nous vous demandons, Monsieur le Président, d’agir, de vous faire la voix de notre désaccord, de notre révulsion, et de notre espoir. Cette lettre vous appelle à votre devoir. Nous nous lèverons, nous manifesterons, nous écrirons, nous interpellerons, nous nous réunirons, jusqu’à ce qu’il y ait les signes d’un nouveau jour.

Nous saluons les récents votes de la France au Conseil de Sécurité et à l’assemblée générale des Nations Unies, qui, de toute évidence, ne sont pas suffisants. Nous vous exhortons à poursuivre cet élan et à vous faire le représentant de celles et ceux qui, toujours plus nombreux, aux côtés d’innombrables organisations dont l’ONU, Amnesty International, Human Rights Watch, Unicef, Médecins Sans Frontières ou la Croix-Rouge, exigent un cessez-le-feu immédiat et permanent à Gaza.

Il en va de la dignité humaine. Nous sommes horrifiés par la mort de plus de 19 000 Palestiniens dont plus de 7 000 enfants [2] et par l’inacceptable politique d’apartheid mise en place par le gouvernement israélien en Palestine, qu’Amnesty International — dans le sillage de nombreuses organisations des droits humains palestiniennes, israéliennes, et internationales [3,4,5] – qualifie de « système cruel de domination et de crime contre l’humanité [6] ». Nous sommes horrifiés par la mort de plus de 1 200 Israéliens le 7 octobre et la prise d’otages, pour lesquels nous appelons au retour immédiat. Nous partageons l’immense douleur de toutes celles et ceux confrontés à des pertes injustes. 

Nous exigeons l’égalité des droits pour les Israéliens et les Palestiniens. Nous condamnons unanimement les personnes, les organisations et les États responsables ou complices des massacres de civils innocents. Nous condamnons unanimement la haine, où qu’elle soit, et qui qu’elle touche. Nous rejetons sans réserve l’islamophobie et l’antisémitisme, qui nourrissent l’un et l’autre les mêmes abysses. 

Nous dénoncerons aussi désormais tous les actes d’intimidation, de censure, et de mise au pas. Nous dénoncerons toute tentative d’entrave à la liberté d’expression de celles et ceux qui défendent l’égalité des êtres. Nous ne céderons pas aux attaques de celles et ceux qui veulent le crime, la rage, la guerre et l’aveuglement, et qui tentent d’imposer le silence à celles et ceux qui élèvent leurs voix contre l’intolérable.

Nous sommes guidés par les valeurs qui constituent la raison d’être de la culture et de l’humanité, et par ce regard que l’on se doit de garder toujours rivé sur le sort que l’on y fait à l’autre. Nous rejoignons aujourd’hui les millions de personnes qui demandent partout la fin de ce désastre. 

Nous sommes et resterons bouleversés par l’injustice, mus par la solidarité, et unis pour la reconnaissance des droits de tous les êtres humains. 

Monsieur le Président, Il est encore temps de sauver les cœurs vivants et battants de Gaza, et avec eux, notre humanité à toutes et tous.

[1] Courrier International, 13/12/2023, « Verbatim. À Gaza, c’est “l’enfer sur Terre”, alerte ce représentant de l’ONU »,
https://www.courrierinternational.com/article/verbatim-a-gaza-c-est-l-enfer-sur-terre-alerte-ce-representant-de-l-onu, consulté le 14/12/2023.
[2] Al Jazeera, 19/12/2023,
https://www.aljazeera.com/news/longform/2023/10/9/israel-hamas-war-in-maps-and-charts-live-tracker  consulté le 19/12/2023
[3] Human Rights Watch, “A threshold crossed; Israeli authorities and the crimes of apartheid and persecution”, 27/04/2021
https://www.hrw.org/report/2021/04/27/threshold-crossed/israeli-authorities-and-crimes-apartheid-and-persecution, consulté le 14/12/2023. 
[4] B’tselem, “New B’tselem report: State Business: Israel’s misappropriation of land in the West Bank through settler violence”, 01/11/2021
https://www.btselem.org/publications/202111_state_business, consulté le 14/12/2023
[5] Al-Haq, “Institutionalized impunity: Israel’s failure to combat settler violence in the occupied palestinian territory”, 26/11/2013.
https://www.alhaq.org/publications/8072.html, consulté le 14/12/2023
[6] Amnesty International, “L’apartheid d’Israël contre la population palestinienne : un système cruel de domination et un crime contre l’humanité”, 01/02/2022 
https://www.amnesty.org/fr/latest/news/2022/02/israels-apartheid-against-palestinians-a-cruel-system-of-domination-and-a-crime-against-humanity/ 
consulté le 14/12/2023. 

https://laculturepouruncessezlefeu.org

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Premières leçons d’une catastrophe

L’attaque du Hamas, le 7 octobre 2023, et la guerre lancée depuis par Israël contre Gaza resteront sans nul doute une des pages les plus noires de l’histoire de la Palestine. Jamais depuis 1948 des combattants étrangers n’avaient pénétré sur le territoire d’Israël et n’y avaient assassiné autant de Juifs. Jamais non plus la bande de Gaza n’avait été victime d’une offensive aussi destructrice et meurtrière.

Si personne ne pouvait prévoir une opération palestinienne d’une telle ampleur, elle n’est pas pour autant surprenante compte tenu du niveau de pourrissement de la question palestinienne dans lequel Israéliens et communauté internationale se complaisent depuis plus d’une décennie. Tout n’a pas commencé le 7 octobre, mais c’est pourtant en prenant cet évènement comme point de départ que les erreurs d’analyse s’accumulent.

La première porte sur la nature du gouvernement israélien. Beaucoup d’observateurs ont sous-estimé le changement qualitatif qu’a représenté sa constitution fin 2022. L’ex-Premier ministre Ehoud Barak n’a pas hésité à qualifier de « fasciste » la coalition formée autour d’un Likoud radicalisé (32 députés), allié à deux partis ultra-orthodoxes (18 députés) et, pour la première fois, à trois partis suprémacistes, racistes et homophobes (14 députés). Benyamin Netanyahou a même offert aux dirigeants de ces derniers des ministères essentiels : à Itamar Ben Gvir la Sécurité nationale, à Bezalel Smotrich les Finances et surtout la tutelle sur la Cisjordanie.

La deuxième erreur, c’est la sous-estimation des dangers de la politique de cette coalition pour les Palestiniens, avec le cap mis sur l’annexion des Territoires occupés et l’expulsion de leurs habitants, ainsi que la remise en cause du statu quo sur les Lieux saints. Mais aussi pour les Israéliens, via la marginalisation du dernier garde-fou de la démocratie, la Cour suprême, et l’accentuation du caractère théocratique de leur État. Enfin, pour la région, la menace d’une opération militaire contre l’Iran s’ajoutant au risque d’une troisième Intifada.

Le « deux poids deux mesures » est la troisième erreur. Autant de ceux qui, au nom du droit des Palestiniens à la résistance, refusent de condamner les crimes de guerre, voire contre l’Humanité, perpétrés le 7 octobre ; que de ceux qui continuent d’invoquer le droit d’Israël à se défendre pour justifier les crimes de guerre commis à l’encontre des Palestiniens de la bande de Gaza. Or, c’est précisément l’ensemble des politiques mises en place pour la « sécurité » des Israéliens (assassinats, blocus, arrestations…), au détriment de celle des Palestiniens, qui a pu motiver la préparation d’une attaque si violente.

La quatrième erreur concerne la nature du Hamas : que ses crimes relèvent du terrorisme, entendu comme méthode d’action, ne signifie pas qu’il s’apparente à Daesh. Il s’agit d’abord d’un mouvement islamo-nationaliste, créé en 1987 par les Frères musulmans palestiniens. Afin de « diviser pour mieux régner », les services israéliens ont laissé l’organisation se développer pour morceler la résistance palestinienne, et affaiblir le Fatah d’Arafat. Le Hamas finit par remporter les élections de 2006, puis, l’année suivante, par prendre violemment le pouvoir à Gaza. Netanyahou facilita même, à partir de 2018, son financement par le Qatar pour éviter la faillite économique de Gaza.

Si la stratégie du Hamas ne s’embarrasse pas des droits humains, elle n’en est pas moins aussi rationnelle que cruelle. Ainsi l’opération terroriste du 7 octobre avait-elle quatre objectifs essentiels : faire voler en éclat la politique israélienne d’invisibilisation des Palestiniens ; démontrer aux Israéliens, par la terreur, leur situation d’insécurité ; marginaliser l’Autorité palestinienne ; empêcher le ralliement de l’Arabie saoudite aux accords d’Abraham.

La cinquième erreur concerne la comparaison de la « surprise » de 2023 avec celle de 1973. Le choix par le Hamas de la date anniversaire de l’offensive des armées égyptienne et syrienne ne doit rien au hasard. Mais comparaison n’est cependant pourtant pas raison. Une guerre entre trois armées n’a rien de commun avec un conflit asymétrique. En revanche, il est vrai que Netanyahou, comme autrefois Golda Meir, n’a pas cru aux avertissements en provenance d’Égypte : à l’époque Tsahal avait été sérieusement bousculée sur le canal de Suez et le Golan ; cette fois, elle a laissé quasiment sans défense les kibboutzim proches de la bande de Gaza.

Une autre différence frappe : alors qu’en 1973 les Israéliens ne s’étaient retournés contre Golda Meir qu’après-guerre, au point que la droite finira par accéder au pouvoir quatre ans plus tard, en 2023 l’union militariste semble aller de pair avec une mise en accusation de Netanyahou : d’emblée 86% le jugent responsable de la catastrophe sécuritaire (et même 79% des électeurs de la coalition au pouvoir) ; 56% des sondés exigent sa démission immédiate. Et les partis au pouvoir, en cas d’élections législatives anticipées, tomberaient de 64 sièges (sur 120) à… 41 .

Les acteurs de cette nouvelle séquence
Trente ans après Oslo, le 7 octobre symbolise également la radicalité prégnante dans les deux sociétés : comme en 1967, voire 1948, Israéliens et Palestiniens s’estiment catégoriquement comme plus légitimes que leurs voisins à vivre entre la mer Méditerranée et le Jourdain. La parenthèse d’Oslo et des deux États est bel et bien terminée. La nouvelle séquence qui s’ouvre et s’écrit sous nos yeux comporte de nombreuses incertitudes, mais plusieurs points semblent d’ores et déjà s’affirmer.

Même si Benyamin Netanyahou est contraint à la démission, le maintien au pouvoir du Likoud et de ses alliés signifierait à coup sûr l’enracinement de l’occupation militaire sur les terres conquises, voire le début d’un processus de colonisation, comme le souhaitent 44% des Juifs israéliens.

Cette perspective reste suspendue à au moins deux inconnues. D’abord, l’avenir des Palestiniens de Gaza. Ils savent qu’un exode forcé hors de leur terre rendrait tout retour impossible. Les quelques jours de trêve ont montré leur détermination à enrayer les plans israéliens : par milliers, des civils ont marché vers le nord de Gaza pour manifester leur présence. Et l’Égypte continue de s’opposer fermement à toute installation de réfugiés sur son sol. Enfin les principaux leaders de l’opposition, s’ils mettaient fin au long règne de Netanyahou, ne sont jusqu’ici porteurs d’aucune alternative conforme au droit international.

En Cisjordanie, le nettoyage ethnique se poursuit. Colons et soldats s’activent, dans une évidente complicité, afin d’expulser les Palestiniens de plusieurs zones. Une répression sans précédent a fait des centaines de morts, des milliers de blessés et un nombre considérable d’arrestations. Même la situation des Palestiniens d’Israël est préoccupante : ils font face à des atteintes manifestes à leur liberté d’expression, qui rappellent les premières décennies de l’existence d’Israël, quand cette population vivait sous le joug d’un gouvernement militaire d’exception.

Rien ne sera possible pour les Palestiniens sans un renouvellement de leur mouvement national. Le Hamas se place en maître du jeu. Une large part des Palestiniens dit soutenir l’action du 7 octobre – tout en niant la réalité des atrocités commises… tout comme la majorité des Israéliens ignore ou relativise le carnage à Gaza. De nombreuses factions se sont succédé à Doha pour rencontrer la direction de l’organisation islamiste, qui ne cache pas son souhait de monnayer la libération des soldats et officiers otages à Gaza contre celle de nombreuses figures politiques palestiniennes, Marwan Barghouti en tête. Dans ces rencontres, c’est aussi le remplacement de Mahmoud Abbas et l’avenir de l’OLP qui se prépare.

Aussi indispensable qu’il soit, ce renouvellement de la direction palestinienne ne pourra changer la donne sans un appui international fort. Si la Ligue arabe et l’Organisation de la coopération islamique se distinguent par leur silence diplomatique, contrairement aux foules arabes descendues massivement dans les rues, ces deux institutions disent œuvrer conjointement pour l’avenir de Gaza en s’appuyant désormais sur le soutien des puissances du Sud, Chine notamment. Il faut dire que le énième véto des seuls États-Unis au vote d’une résolution du Conseil de sécurité pour exiger un cessez-le-feu, samedi 9 décembre, illustre un obscène double standard diplomatique.

Dans ce contexte, la France et au delà, l’Union européenne, devraient jouer un rôle bien plus actif. D’abord en s’appuyant sur tous les leviers possibles, et ils sont nombreux. Ensuite en s’attelant à œuvrer pour une diplomatie équilibrée, volontaire et résolument tournée vers le respect des droits des peuples.

Thomas Vescovi et Dominique Vidal
https://www.france-palestine.org/Premieres-lecons-d-une-catastrophe

Primeras lecciones de un desastre
https://vientosur.info/primeras-lecciones-de-un-desastre/

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La longue histoire d’Israël contre l’Organisation des Nations Unies (ONU)

Benyamin Netanyahou, ambassadeur d’Israël auprès de l’ONU de 1984 à 1988, a choisi de pousser sa campagne de discrédit systématique de l’ONU à un niveau d’agressivité sans précédent.

Israël est paradoxalement un état créé par une décision de l’ONU qui n’a cessé depuis sa fondation, en 1948, de contester la primauté de l’ONU, mais l’histoire des relations entre Israël et l’ONU a beau avoir été émaillée de crises, c’est une provocation inédite à laquelle s’est livré, le 30 octobre 2023 à New York, l’ambassadeur israélien auprès de l’ONU. Gilad Erdan, ancien ministre du Likoud et fidèle du premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou, a en effet arboré l’étoile jaune dont les nazis stigmatisaient les juifs comme un symbole de fierté contre les critiques de l’ONU contre la campagne israélienne sur Gaza.

Cette accusation à peine voilée d’antisémitisme participait d’une escalade verbale contre l’ONU et contre Antonio Guterres, son secrétaire général, qualifié de danger pour la paix mondiale et de soutien à l’organisation terroriste Hamas, le 6 décembre 2023, par Eli Cohen, le ministre israélien des affaires étrangères. En outre, les bombardements israéliens à Gaza ont déjà tué cent trente-quatre employés locaux de l’ONU à la date du 15 décembre 2023, un bilan sans aucun précédent.

C’est pourtant l’ONU qui, par le vote de son assemblée générale, au mois de novembre 1947, a adopté un plan de partage de la Palestine, alors sous mandat britannique depuis un quart de siècle. Ce plan, approuvé par la direction sioniste, divisait ce territoire anciennement ottoman entre un état juif et un état arabe, l’ONU continuant de gérer une zone internationale à Jérusalem. La partie arabe rejeta un tel plan, au motif que la population juive, qui ne constituait alors qu’un tiers des habitants de la Palestine, recevait un état sur 55% de ce territoire.

L’assassinat de Bernadotte
Les hostilités éclatèrent bientôt entre les juifs et les arabes, un conflit qui changea de nature à la fin du mandat britannique, au mois de mai 1948, avec la proclamation de l’état d’Israël, contre lequel les six états arabes voisins entrèrent en guerre. L’ONU désigna comme médiateur Folke Bernadotte, qui avait négocié avec les autorités nazies, comme numéro deux de la Croix-Rouge suédoise, au mois de février et au mois de mars 1945, le sauvetage de vingt et un mille prisonniers, dont six mille cinq cent prisonniers juifs.

Folke Bernadotte obtint une trêve dans les combats, à l’occasion de laquelle il proposa un règlement du conflit, fondé sur l’internationalisation de Jérusalem, dans l’esprit du plan de partage, et le retour des réfugiés palestiniens, qui se comptaient déjà par centaines de milliers. Il fut assassiné, au mois de septembre 1948 à Jérusalem, par un commando israélien du groupe extrémiste Lehi. Deux des meurtriers furent condamnés par la justice israélienne à dix ans et à huit ans de prison, mais ils furent libérés peu après dans le cadre d’une amnistie générale.

Le choc d’un tel assassinat fut immense à l’ONU, dont l’assemblée générale adopta, au mois de décembre 1948, une résolution pour le droit au retour des réfugiés palestiniens, ainsi qu’est désignée l’alternative proposée aux réfugiés entre rapatriement et indemnisation. Israël, radicalement opposé au principe même d’un tel « droit au retour », fit pourtant profil bas, ne serait-ce que pour ne pas compromettre son admission formelle à l’ONU, au mois de mai 1949, comme un « Etat pacifique. » Quant aux Etats-Unis, ils firent tout pour que l’United Nations Relief for Palestine Refugiees (UNRPR) devienne l’United Nations Relief and Works Agency (UNRWA), dont la mission excluait la mise en œuvre du rapatriement pour se concentrer sur les « travaux » des réfugiés palestiniens dans leur pays d’accueil.

Nétanyahou contre l’ONU
Ce soutien à Israël, de la part des Etats-Unis à l’ONU, devint encore plus déterminant après la guerre du mois de juin 1967. Alors que l’ONU soulignait « l’inadmissibilité de l’acquisition de territoire par la guerre, la diplomatie américaine estimait que l’évacuation par Israël des territoires occupés, soit Jérusalem-Est, la Cisjordanie, la bande de Gaza, le Sinaï égyptien et le Golan syrien, devait résulter d’une négociation directe, une approche consacrée par la formule de la terre contre la paix ».

Une telle approche conduisit à la paix séparée de 1979 entre Israël et l’Egypte, paix conclue sous l’égide des seuls Etats-Unis. Cette pax americana excluait l’ONU et elle avait pour pendant, au conseil de sécurité de l’ONU, l’usage régulier du droit de veto des Etats-Unis au profit d’Israël. Loin de prendre fin avec la guerre froide, cette partialité demeura manifeste de 1989 à 2004, avec quatorze des dix-huit veto américains durant cette période en faveur d’Israël. Au-delà de ces veto effectifs, la simple menace d’une opposition américaine conduisait souvent à suspendre la discussion d’un projet de résolution jugé trop défavorable à Israël.

Benyamin Netanyahou n’a que 35 ans lorsqu’il est nommé, en 1984, ambassadeur d’Israël auprès de l’ONU, un poste où il se distingue durant quatre ans par sa pugnacité et ses polémiques. C’est le début d’une fulgurante carrière politique comme député du Likoud, en 1988, puis comme leader du Likoud, en 1993, avant de prendre la tête du gouvernement de 1996 à 1999, puis de 2009 à 2021.

Redevenu premier ministre depuis le mois de décembre 2022, Benyamin Netanyahou n’a rien amendé de son hostilité à l’ONU. Il demeure en effet déterminé à affranchir Israël des normes du droit international, au nom d’impératifs de sécurité qu’il a seul édictés et qui doivent, selon lui, s’imposer à toutes les parties, y compris I’ONU, et il peut continuer de compter sur le soutien de la diplomatie américaine qui, en deux mois et quinze jours de conflit, n’a laissé voter que deux résolutions du conseil de sécurité de l’ONU, le 15 novembre 2023 pour des « pauses humanitaires » et le 22 décembre 2023 pour un acheminement « à grande échelle » de l’aide humanitaire à Gaza, mais sans aucun appel au cessez-le-feu.

Jean Pierre Filiu, lundi 25 Décembre 2023
Tribune parue initialement dans Le Monde
https://aurdip.org/la-longue-histoire-disrael-contre-lonu/

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« Une guerre qu’Israël ne peut pas gagner » : entretien avec Michel Warschawski
https://www.europe-solidaire.org/spip.php?article69133
Guerre contre Gaza : Netanyahou cherche des pays « pour absorber » les Palestinien·nes ethniquement nettoyé·es
Les médias locaux ont rapporté que le Premier ministre israélien avait discuté de cette idée lors d’une réunion de son parti, le Likoud, ainsi que d’autres informations.
https://www.middleeasteye.net/news/war-gaza-israel-palestine-netanyahu-countries-absorb-palestinians
Tomer Persico : Netanyahu nous laissera avec le Hamas à Gaza
http://www.europe-solidaire.org/spip.php?article69114
Gilbert Achcar :
Où va la guerre d’Israël contre Gaza ?
http://www.europe-solidaire.org/spip.php?article69138
Ce que la Palestine dit au monde
Qu’est-ce que la Palestine dit au monde quand, menant une guerre génocidaire à Gaza, l’État d’Israël veut en détruire jusqu’à l’idée même ? C’est la question que nous avons posée à Elias Sanbar, son porte-parole inlassable, à rebours des simplismes et des sectarismes.
https://www.mediapart.fr/journal/international/261223/ce-que-la-palestine-dit-au-monde

Auteur : entreleslignesentrelesmots

notes de lecture

2 réflexions sur « « Standing Together » (Se tenir debout ensemble) (et autres textes) »

  1. Gaza : des cinéastes du monde entier demandent un cessez-le-feu immédiat

    La violence terrible du 7 octobre a fait plonger des Israéliens et des Palestiniens dans un nouvel épisode de tuerie et de cruauté. Il s’en suit actuellement, à Gaza, un massacre d’une ampleur extrême, qui tue par milliers des femmes et des enfants et détruit les conditions minimales de survie de tout un peuple. Nous exigeons l’arrêt immédiat des bombardements sur Gaza, la mise en place des couloirs humanitaires et des moyens matériels réclamée par toutes les organisations internationales et la libération des otages.

    Cette situation tragique, des Israéliens l’ont annoncée il y a plus de cinquante ans, comme l’a rappelé le texte lu à Paris le 2 décembre par le cinéaste Avi Mograbi : «Notre droit de nous défendre contre l’extermination ne nous donne pas le droit d’opprimer les autres. L’occupation entraîne une domination étrangère. Une domination étrangère entraîne la résistance. La résistance entraîne la répression. La répression entraîne le terrorisme et le contre-terrorisme. Les victimes du terrorisme sont en général des innocents. La mainmise sur les territoires occupés fera de nous des assassins et des assassinés. Sortons des territoires occupés maintenant !»

    Ce texte avait été publié dans Haaretz en septembre 1967, cosigné par Shimon Tsabar, Haim Hanegbi, Rafi Zichroni, David Ehrenfeld, Uri Lifschitz, Arié Bober, Dan Omer, Moshé Machover, Schneour Sherman, Raif Elias, Eli Aminov, Yehuda Rozenstrauch.

    Nous nous rallions à ces mots à notre tour aujourd’hui.

    Les signataires :

    Nadav Lapid, Pedro Costa, Aki Kaurismaki, Wang Bing, Béla Tarr, Apichatpong Weerasethakul, Victor Erice, Radu Jude, Abderrahmane Sissako, Ryusuke Hamaguchi, Walter Salles, Claire Denis, Robert Guédiguian, Kiyoshi Kurosawa, Laurent Cantet, Claire Simon, Cédric Kahn, André Téchiné, Corneliu Porumboiu, Jia Zhangke, Mahamat-Saleh Haroun, Anand Patwardhan, Ira Sachs, Nobuhiro Suwa, Arthur Harari, Philippe Faucon, Patricia Mazuy, Kiyoshi Kurosawa, Rithy Panh, Lav Diaz.

    https://www.liberation.fr/idees-et-debats/tribunes/gaza-des-cineastes-du-monde-entier-demandent-un-cessez-le-feu-immediat-20231228_WMAUSVJVLFEBNK4ME4XU3ZRU3M/

  2. Guerre à Gaza : « Il faut imposer des sanctions à Israël pour obtenir un cessez-le-feu immédiat », plaide le médecin humanitaire Raphaël Pitti
    Le Conseil de sécurité des Nations unies a voté, vendredi, une résolution exigeant l’acheminement « à grande échelle » de l’aide humanitaire à Gaza.

    https://www.francetvinfo.fr/monde/proche-orient/israel-palestine/guerre-a-gaza-il-faut-imposer-des-sanctions-a-israel-pour-obtenir-un-cessez-le-feu-immediat-plaide-le-medecin-humanitaire-raphael-pitti_6261090.html

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