Les ennemis de mes ennemis ne sont pas toujours nos amis

Comme le dit à juste titre la quatrième de couverture, il s’agit « d’un voyage au bout de la nuit ». Une traversée bien informée, dans les eaux brunes des impostures et des complots toujours réinventés, du négationnisme et d’un antisémitisme reformulé en antisionisme, mais toujours centré sur l’éternel  »complot juif international ».

« L’histoire, les orientations, les réseaux nationaux et internationaux, les contacts et le parcours des diverses composantes de la  »galaxie Dieudonné » sont décortiqués tout au long de notre enquête. »

Les auteurs traitent en détail de la recomposition de l’extrême droite (entre autres, à coté et en liaison avec le Front National : Égalité et Réconciliation, le Renouveau français, Parti solidaire français, etc…). Les situations historiques ne sont pas reproductibles, mais il convient de ne jamais sous-estimer les capacités de l’extrême droite révolutionnaire (confère les conquêtes du pouvoir par le nazisme allemand ou fascisme italien). Il importe donc de connaître tous leurs montages frauduleux, leurs inventions, leurs modernisations et leurs reformulations de thématiques plus anciennes, les liens et liaisons bien dangereuses qu’ils tissent, ou essayent de nouer avec des révoltés. « Ce travail de sape, il le mène particulièrement à l’intention d’un public jeune et populaire, en manque de repères politiques, mais qui n’en rejette pas moins la violence du sarkozysme qu’il subit et ne voit pas en quoi les solutions de la gauche sociale-libérale modifieraient les choses. Une escroquerie qu’il ne faut cesser de dénoncer, tant la teneur des propos de Dieudonné est dangereuse, tel un champignon vénéneux, qui peut rencontrer un certain écho si l’on n’injecte pas de contrepoison. »

Un livre sur l’autre puanteur du monde et sur les recompositions d’une extrême droite rendue plus crédible par nos démissions et le double langage des libéraux (néo et sociaux).

On ne peut, sans conséquence, accepter, entre autres, que l’État d’Israël viole, depuis plus de 40 ans, les droits des palestinien-ne-s et le Droit international, avec la bénédiction des nations-unies ; que des interventions militaires des empires exportent la  »démocratie » ; que les politiques racialisantes se développent un peu partout dans le monde et que des un-e-s soient plus égaux que d’autres, au nom des frontières nationales. Sans oublier la promotion des négationnismes officiels (sur le colonialisme, les traites négrières, le rôle de la chrétienté armée, les lieux sans peuples, Hiroshima, Dresde, etc. ) dominant la réécriture permanente de l’histoire du point de vue des vainqueurs.

Il faut mettre à jour à la fois, les mensonges et les impostures des uns, et celles des autres, celles de nos démocraties excluantes.

Michel Briganti, André Déchot, Jean-Paul Gautier : La galaxie Dieudonné . Pour en finir avec les impostures

Editions Syllepse, Editions Syllepse – La galaxie Dieudonné, Paris 2011, 191 pages, 10 euros

Didier Epsztajn

Auteur : entreleslignesentrelesmots

notes de lecture

5 réflexions sur « Les ennemis de mes ennemis ne sont pas toujours nos amis »

  1. J’oubliais,
    Ilan Pappe, Fayard,
    Shoah, de Claude Lanzmann, en DVD maintenant,
    Raul Hilberg, La Destruction des Juifs d’Europe,
    Marx, le Capital,
    London, l’Aveu,
    Gide, insulté et traîné dans la boue par les staliniens pour son Retour d’URSS.
    Et tous les « inconnus » qui précédèrent Soljenitsine le réac (à lire évidemment), inconnus à connaître dans le Livre noir Solin/Actes . Sud, 1995
    La ferme, par pitié !
    C’est à des années lumière d’être exhaustif

  2. A propos d’Israël,
    des historiens critiques contemporains sont remarquables, notamment Ilan Pappe, dont le titre du livre est Le nettoyage ethnique de la Palestine, c’est pas fort, ça ?
    Il explique entre autres que les Israéliens, dès avant la création d’Israël en 48, ont commencé à se battre avec l’aide des Anglais contre les Palestiniens qui occupaient ce territoire depuis des siècles; non, les Palestiniens ne se sont pas enfuis, ils ont été virés, et bien.
    Les mythes entretenus par Israël, entre autres, le désert inhabité qu’ils ont transformé en JARDIN ; oui bien, ils avaient déjà accaparé leurs terres, leurs oliviers, leurs cultures et leur culture.
    Dans une forêt riante que les Israéliens ont créée sur l’emplacement de villages palestiniens, Ilan Pappe montre qu’il n’y a plus la moindre, la moindre trace de ces villages, mais lui les connaît et les désigne un à un par leurs noms palestiniens.
    Le mythe du grand Ben Gourion, qui tenait un double langage, l’un, diplomatique pour l’extérieur, l’autre à l’intérieur : virez-les tous et par la manière forte, on ne veut plus jamais en entendre parler.
    Ariel Sharon, Menahem Begin appartenaient à l’Irgoun et au groupe Stern, organisations paramilitaires, les terroristes antipalestiniens de l’époque. Mais il y avait aussi d’authentiques socialistes progressistes dans des kibbouts, qui se sont frités aux colonialistes; tout est rentré dans l’ordre.
    En 48 (tiens, les Palestiniens avaient reparu par enchantement), le partage approuvé par toute l’Europe et les instances dirigeantes allouaient généreusement aux Palestiniens largement majoritaires, à peine le tiers du territoire, et déjà morcelé.
    Bien plus tard, du temps d’Arafat intitulé terroriste en chef, qui militait contre ce partage et les suivants ne faisant qu’empirer,
    et malgré ses manquements graves, était accusé d’INTRANSIGEANCE et de maximaliste, bien plus tard encore, il y a presque hier, le mur de la honte érigé par les Israéliens séparait en deux une nouvelle fois les villages palestiniens, leurs familles et leurs oliviers; retenus pendant des heures et des heures aux points ou refoulés, comme ils le sont aujourd’hui; le sort des Palestiniens d’Israël n’est pas plus enviable. De même, la situation des Juifs orientaux, appelés à tort sépharades (qui sont descendants des Juifs espagnols, Sephardi signifiant l’Espagne, Ashkenasi l’Allemagne; les ashkenazi sont largement majoritaires, les Juifs russes les plus intégristes, mais pas les PLUS intégristes.
    D’une manière générale, ce sont les dirigeants les plus progressistes qui sont assassinés, Kennedy, si l’on veut, qui n’aurait pas été élu sans la mafia, qu’il avait roulés, ainsi que les Cubains émigrés réactionnaires qu’il a abandonnés dans la baie des Cochons; le grand Kennedy, qui n’a rien fait, baisait à tour de bras (ça rappelle l’actualité) en trois minutes, un très mauvais coup dans l’alcôve (bon, pas d’attaques personnelles); pas vraiment étonnant qu’il fût liquidé, on sait qu’il y avait deux tireurs), passons. Plus tard Malcolm X (antisémite en passant, comme le saint Louis et le Voltaire, etc.); Begin, qui s’était racheté une conduite, plus près de nous les journalistes d’URSS, le sanguinaire Libyen (reçu à Paris en grande pompe à Paris, et la clique syrienne, tortionnaires de leur propres peuple, Gbagbo, ceux-là ne sont jamais liquidés, les Saddam Hussein, Ceaucescu, Vorster l’apartheidiste et consorts… Et Poutine, qui voulait liquider les Tchetchènes jusque dans les chiottes…
    J’arrête, la suite au prochain numéro.
    Salut (je deviens effronté et cuistre).

  3. Je ne comprends pas ce commentaire ni son titre. Qui sont « nos ennemis » ? Les juifs ? Les sionistes ? La fin du texte est hors sujet. Le sujet du livre est tronqué : l’extrême droite ainsi recomposée regroupe également des fondamentalistes musulmans et pro-iraniens. Pourquoi le passer sous silence ?

    1. Le titre de ma note ne désignait aucun ennemi particulier.
      Je voulais seulement souligner que dans les débats et les actions politiques, les alliances ne pouvaient pas se faire sur la base d’un soit disant ennemi commun.
      Cette réflexion prend du sens dans le soutien nécessaire aux palestinien-ne-s contre les politiques de l’Etat d’Israël, puisque le sujet de « l’anti-sionnisme » est évoqué dans le livre.
      Ce combat « anti-sionniste », ne souffre d’aucune alliance possible avec ceux qui sont antisémites, ceux qui confondent israélien-ne-s et juifs/juives, et bien évidement avec aucune composante de l’extrême-droite.
      Mais être contre les conceptions « ethniques » de l’extrême droite, ne dispense pas de s’opposer à ces mêmes conceptions lorsqu’elles sont portées par l’Etat d’Israël et le sionisme (L’Etat de tous les juifs).

      Concernant la fin de ma note, je soulignais que dans le combat contre les révisionnistes, par exemple ceux de la galaxie Dieudonné, il ne fallait pas omettre, le révisionnisme dominant des vainqueurs, en donnant quelques exemples. La critique ne peut être à géométrie variable.

      Enfin, j’assume la subjectivité de ma présentation, qui n’a aucune vocation à évoquer tous les points traités par les auteurs.
      Je souhaitais donner envie de lire ce livre, très utile et d’élargir les réflexions.
      Je remercie David pour son commentaire, malgré son ton très polémique et son oubli de la présence de ministres d’extrême droite au gouvernement israélien.
      Je l’invite à lire d’autres notes de ce blog pour lever d’éventuelles ambiguïtés
      Cordialement
      Didier

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