Pour soutenir l’Ukraine, battre le RN

Soutien à l’Ukraine résistante (Volume 31)

aperçu

Nos amis de l’organisation anticapitaliste ukrainienne Sozialyni Rukh ont bien compris l’enjeu des élections françaises des 30 juin et 7 juillet : outre les conséquences pour les citoyennes et citoyens français et les milliers de migrant·es vivant en France, l’avènement au pouvoir d’un énième gouvernement d’extrême droite en Europe – après la Hongrie, l’Italie, la Finlande, les Pays-Bas… – resserre aussi l’étau autour de l’Ukraine. Ils et elles ont ainsi salué la constitution du Front populaire, rassemblement d’une gauche dont ils et elles se réclament, seul rempart crédible face aux idées nationalistes et xénophobes du Rassemblement national et de ses cousins de Reconquête, tout en soulignant les engagements pris par ce programme sur l’Ukraine [1] – et l’évolution de la position de certain·es à gauche par rapport au droit du peuple ukrainien à se défendre.

Le Rassemblement national a, on le sait, des liens étroits avec la Russie de Poutine. Non seulement sa cheffe a visité la Russie et fait allégeance au tyran pour recevoir des prêts (faut-il rappeler l’opacité des conditions de l’emprunt de 9 millions d’euros accordé par la banque tchéco-russe First Czech-Russian Bank au RN en 2022), mais au moins 15 candidat·es investi·es par son parti à ces législatives ont effectué, avant 2022, des missions d’observation électorales pour la Russie ou des visites à haut niveau à Moscou, ils ont été aussi les piliers d’associations faisant la pub du régime de Vladimir Poutine [2].

Le RN présente plusieurs candidats connus comme étant favorables au Kremlin : dans le Cher, par exemple, l’avocat de 33 ans Pierre Gentillet, chroniqueur sur CNews, fondateur du « cercle Pouchkine », plateforme destinée à rapprocher la Russie et la France, proche de Thierry Mariani – lui-même réélu eurodéputé il y a dix jours – et de son association Dialogue franco-russe… Autre ami de Vlad soutenu par le RN, le maire LR de Maisons-Laffitte, Jacques Myard, dans les Yvelines, habitué des voyages en Crimée ou en Syrie, il a critiqué les sanctions contre Moscou, assurant que « Poutine n’est pas le seul fauteur et seul responsable de cette guerre ». Dans le Val-d’Oise, Sébastien Meurant, ex-sénateur LR passé chez Zemmour, a organisé au Sénat une « réunion» avec des parlementaires sur le conflit ukrainien, qui était diffusée en direct sur une chaîne ukrainienne pro-russe [3].

Comme le Comité français du RESU, nous ne pouvons, nous, soutiens de l’Ukraine résistante, rester indifférents face à ce scrutin. Le RN, on le sait, est plus préoccupé par le sort de son ami et protecteur Poutine que par celui du peuple ukrainien !

Que celles et ceux qui nous lisent, comme nos ami·es ukrainien·nes, gardent bien en mémoire ce qu’a dit et surtout voté le parti de Marine Le Pen sur l’Ukraine : depuis le début de la guerre, si le RN a officiellement condamné l’offensive russe cela s’est accompagné de l’opposition régulière aux sanctions économiques à l’encontre de Moscou, dont elle réclame l’abandon ; en juin 2023, une commission d’enquête parlementaire sur les ingérences étrangères a décrit le RN comme une «courroie de transmission efficace» de la propagande russe en France (notamment lors de l’invasion de la Crimée en 2014).

Avec un Premier ministre lepéniste et une Assemblée nationale dominée par le RN, c’est le refus de l’adhésion de l’Ukraine à l’Union européenne, c’est le ralentissement, la mise sous conditions, voire le tarissement garanti d’une aide militaire sans laquelle l’Ukraine ne tient plus. Jordan Bardella a ainsi affirmé lors du récent salon de l’armement Eurosatory, que, lui au pouvoir, ce serait la fin des livraisons de Mirage, l’interdiction d’utilisation des missiles de longue portée… Bardella a aussi déclaré : « Je n’entends pas livrer notamment des missiles longue portée ou des armes qui pourraient permettre à l’Ukraine de frapper le territoire russe. » Surtout ne pas frapper l’ami russe… c’est ça, l’obsession de l’extrême droite française.

Soutenir la résistance du peuple ukrainien, c’est, le 30 juin et le 7 juillet, battre le RN et exiger que les engagements du programme du Nouveau Front populaire sur l’Ukraine soient respectés. Ce n’est pas le RN qui exigera l’annulation de la dette, demain, et encore moins une paix juste et durable avec le retrait des troupes russes de tout le territoire !

[1] Le Nouveau Front populaire s’engage à « défendre l’Ukraine et la paix sur le continent européen. Pour faire échec à la guerre d’agression de Vladimir Poutine et pour qu’il réponde de ses crimes devant la justice internationale, nous défendrons indéfectiblement la souveraineté et la liberté du peuple ukrainien ainsi que l’intégrité de ses frontières, par la livraison des armes nécessaires, l’annulation de sa dette extérieure, la saisine des avoirs des oligarques qui contribuent à l’effort de guerre russe dans le cadre permis par le droit international et l’envoi de casques bleus pour sécuriser les centrales nucléaires. Dans un contexte international de graves tensions et de retour de la guerre sur le continent européen, œuvrer au retour de la paix ».
[2] Marine Turchi et Lou Osborn, « Législatives: quinze candidats RN ont entretenu des liens directs avec la Russie de Poutine », Mediapart, 18 juin 2024.
[3] Sud-Ouest, 18 juin 2024.

Mariana Sanchez
Mariana Sanchez est membre des Brigades éditoriales de solidarité et du Comité français du Réseau européen de solidarité avec l’Ukraine.
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