Triste anniversaire + Les mots de l’an III

Les Cahiers de l’antidote : Soutien à l’Ukraine résistante (Volume 27)

aperçu

Triste anniversaire
Déclaration du comité français du RESU [1]

Hugues
Terrible anniversaire que celui de l’invasion impérialiste des troupes de Poutine. Deux ans de bombardements quotidiens. Deux ans de destruction des infrastructures du pays. Deux ans de rapts et de déportation d’enfants. Deux ans de viols comme stratégie de guerre. Deux ans d’un écocide ravageant le plus vaste territoire d’Europe. Deux ans de massacres de civils et de militaires. Deux ans de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité.

Et pourtant l’Ukraine tient bon. Appuyée sur la formidable résistance de tout un peuple, l’armée a pu reprendre des territoires autour de Kherson et sécuriser le transport en mer Noire en obligeant la flotte russe à se replier.

À la verticale autocratique du pouvoir poutinien répondent, en Ukraine, des formes multiples d’auto-organisation à la base (mobilisation de volontaires, associations de défense des droits civils, syndicats indépendants, mouvements féministes, notamment) qui témoignent de la capacité d’initiative de la population ukrainienne et soudent son unité.

Poutine, pour qui une société démocratique à ses frontières est le pire des dangers, a augmenté son budget militaire de 70% et cherche à saturer l’espace et la défense ukrainienne. Fort du nombre – avec son réservoir de chair à canon tirée des prisons et puisant dans les minorités paupérisées de son empire – Poutine joue la montre, comptant sur l’élection de Trump pour que l’aide américaine soit définitivement gelée et ne lésinant devant aucun moyen pour l’épauler.

Trop longtemps, les gouvernements occidentaux ont tergiversé et n’ont pas apporté à l’Ukraine l’aide dont elle a un besoin vital pour vaincre, rationnant ici les avions, là les chars et les obus, tels des épiciers munichois.

Les Ukrainiennes et les Ukrainiens ne manquent ni de volonté, ni d’inventivité technologique, ni bien sûr de courage, pour repousser les troupes russes hors de leurs frontières. Ils n’ont besoin que des armes qui leur ont été promises.

Sophie
Le Réseau européen de solidarité avec l’Ukraine s’est constitué au soir de l’invasion et a, depuis, essaimé sur tous les continents. Son Comité français regroupe aujourd’hui une quarantaine d’organisations politiques, syndicales ou associatives, indépendantes de tout gouvernement. Outre le droit à l’autodétermination pour une Ukraine indépendante et démocratique, le RESU apporte son soutien à la résistance anti-guerre et démocratique en Russie et au Bélarus. Il défend aussi celles et ceux qui, engagés dans la résistance, luttent contre la remise en cause du droit du travail et du droit syndical, des droits des femmes et des étudiants, qui fragilise l’unité du peuple ukrainien et donc sa capacité de défense.

Notre charte demande l’annulation de la dette extérieure de l’Ukraine. Toute l’aide nécessaire, armes comprises, doit lui être apportée sous forme de dons car l’Ukraine ne défend pas seulement le droit de choisir librement son destin mais également le nôtre, à nous qui sommes aussi dans le collimateur de Poutine, de sa « guerre de civilisation » et de son entreprise de déstabilisation de l’Europe. L’urgence est d’armer l’Ukraine plutôt que de faire des affaires avec les dictatures et les théocraties qui sévissent sur tous les continents.

Comme le dit Serhiy Jadan, poète et musicien immensément populaire en Ukraine, allons-nous nous dérober aux responsabilités qui sont aujourd’hui les nôtres « au nom d’un mercantilisme douteux et d’un faux pacifisme ? ».

Seule la défaite des armées de Poutine et de son régime peut garantir la sécurité collective des peuples d’Europe.

C’est pourquoi, avec le collectif Ensemble pour le 24 !, nous appelons toutes et tous les internationalistes, toutes et tous les démocrates, dans toutes les régions de France, à marcher le 24 février pour la victoire de l’Ukraine.
[1] Conférence de presse du 15 février à la Ligue des droits de l’homme.

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Réseau syndical international de solidarité et de luttes

Depuis l’invasion du territoire ukrainien par l’armée russe, le Réseau syndical international de solidarité et de luttes est impliqué dans plusieurs initiatives de solidarité avec la résistance populaire ukrainienne. Trois convois syndicaux du Réseau ont été organisés, en 2022 et 2023, pour amener du matériel et rencontrer des syndicalistes sur place. Nous avons aussi mis en place une tournée en Europe d’un syndicaliste ukrainien, en 2023, et pris en charge la venue de deux syndicalistes à la 5e rencontre internationale du Réseau, en septembre 2023. Syndicalistes, nous avons voulu, dès mars 2022, connaître l’avis, et la vie, des travailleurs et des travailleuses en Ukraine, confronté∙es à la guerre déclenchée pat l’impérialisme russe. Depuis, nous entretenons ces contacts, notamment avec des militants et militants de la métallurgie, de l’éducation, des chemins de fer, de la santé, des étudiants et étudiantes… Nous ne cessons de relayer leurs propos et de faire connaître leurs actions : ils et elles sont parties prenantes de la résistance populaire à l’invasion de l’armée russe; mais ils et elles sont aussi fortement impliqué∙es dans la défense des droits des travailleurs et des travailleuses, gravement remis en cause par le patronat et le gouvernement ukrainien. Notre site reprend régulièrement des informations transmises par nos camarades d’Ukraine. Notre participation aux Brigades éditoriales de solidarité s’inscrit dans cette solidarité ouvrière internationaliste. Faire circuler l’information est essentiel. Soutien à l’Ukraine résistante est un outil très utile pour cela. Continuons à faire connaître les paroles et les actes de toutes celles et tous ceux qui résistent en Ukraine !

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Dan La Botz et Steve Shalom [1]

Pendant deux longues années, l’Ukraine s’est battue pour se défendre contre une invasion russe totale. Bien que confronté à un ennemi beaucoup plus puissant, le peuple ukrainien a su, grâce à son esprit et à sa détermination, repousser l’agression russe. Mais l’Ukraine aurait eu du mal à survivre sans l’apport d’armes de l’extérieur. Quiconque croit que les petites nations ont le droit de se défendre contre leurs voisins plus importants devrait soutenir le droit de l’Ukraine d’acquérir des armes là où elle peut se les procurer, c’est-à-dire aux États-Unis et dans les pays membres de l’OTAN. Cela est vrai même si nous nous méfions des puissances occidentales. Tout en soutenant l’Ukraine, comme la gauche ukrainienne, nous restons critiques à l’égard du gouvernement de Volodymyr Zelensky : ses politiques économiques néolibérales et antisyndicales, ainsi que sa répression des libertés civiles.

De nombreux pays qui ont fourni des armes à l’Ukraine – et en particulier les États-Unis – envisagent de réduire leur aide. Nous pensons que la décision de continuer à résister à l’agression russe revient aux Ukrainiens : ce sont eux qui, de loin, supportent les coûts terribles de la mort et de la destruction causées par la guerre et de l’oppression causée par l’occupation étrangère. Quelle que soit leur décision, ils ne devraient pas avoir les mains forcées par une coupure d’armes.

Nous apprécions le fait d’avoir fait partie du consortium de revues et d’autres publications qui partagent ces points de vue. Nous avons notamment apprécié le développement d’une relation plus étroite avec la

revue ukrainienne Commons et avec la gauche socialiste démocratique organisée au sein de Sotsialnyi Rukh. Nous avons ainsi appris à connaître et à discuter avec des socialistes ukrainiens qui luttent à la fois contre la Russie et contre les politiciens du gouvernement Zelensky. Nous sommes fiers d’avoir publié leurs articles et leurs interviews, et d’avoir écrit nos propres articles pour soutenir la lutte de l’Ukraine pour l’indépendance, la démocratie et la justice sociale. Nous avons également appris à connaître des dissidents russes, comme ceux de la revue Posle, qui s’opposent à la guerre de leur pays contre l’Ukraine et réclament la démocratie dans leur patrie. Le réseau de solidarité avec l’Ukraine des États-Unis a égale- ment apprécié le travail du réseau de solidarité avec l’Ukraine en Europe (ENSU/RESU).

Ces derniers mois, la guerre en Ukraine a été éclipsée par les horreurs de Gaza, où la réponse militaire israélienne aux crimes du Hamas le 7 octobre a conduit au plus grand massacre concentré de civils de ce siècle. Le soutien à la cause palestinienne ne doit cependant pas faire oublier la nécessité de soutenir l’Ukraine. Dans les deux cas, une puissance militaire plus forte tente d’occuper et de refuser l’autodétermination à un peuple opprimé.

Nous sommes conscients des défis auxquels vous êtes confrontés, vous, le peuple ukrainien, à la fois pour mobiliser les forces et pour maintenir le moral face à la guerre barbare de la Russie qui a tué des milliers de civils et de soldats ukrainiens, déplacé des millions de personnes et vu l’enlèvement de 20 000 enfants. Depuis le début, nous admirons votre courage. Votre fermeté nous inspire, ainsi que beaucoup d’autres personnes dans le monde qui voient en vous un rempart contre l’impérialisme et l’autoritarisme. Et nous sommes à vos côtés aussi longtemps que vous souhaiterez continuer à vous battre.
[1] Dan La Botz et Steve Shalom sont membres du comité de rédaction de New Politics et de l’Ukrainian Solidarity Network of the United States et membres des Brigades éditoriales de solidarité.

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Comité éditorial Les utopiques

« Cahier de réflexions », Les Utopiques ne sont pas un outil syndical d’intervention directe sur l’actualité, comme peuvent l’être tracts, bulletins, appels à l’action, etc. Pour autant, nos réflexions syndicales ne sont pas déconnectées du réel; et la dimension internationale fait partie du monde réel. En 2022, le dossier de notre numéro 21 s’intitulait « Guerres, paix, impérialismes… des questions syndicales ». Autant dire que la guerre en Ukraine, la résistance populaire ukrainienne, la solidarité syndicale internationale, y tenait une bonne place… aux côtés de nombreux dessins de Katia Gritseva, étudiante syndicaliste et féministe ukrainienne. L’Ukraine est aussi apparue dans quelques articles d’autres numéros des Utopiques.

Prolongeant bien d’autres engagements internationalistes de l’Union syndicale Solidaires, en Ukraine et dans d’autres régions du monde, nous avons répondu positivement à l’appel à rejoindre les Brigades éditoriales de solidarité. Nous mettons à disposition, sur le site Les Utopiques comme sur celui de Solidaires, les Soutien à la résistance ukrainienne. Ce sont des documents nécessaires pour notre réflexion, pour nos actions, pour la solidarité concrète.

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Michel Lanson [1]

Depuis deux ans, depuis l’invasion russe du 24 février 2022 repoussée uniquement par la mobilisation et le courage de l’armée et du peuple, 6,3 millions d’Ukrainiens ont quitté le pays et 3,7 millions ont été déplacés à l’intérieur du pays. Si évidemment les chiffres réels sont tenus secrets, les estimations des experts fixent à plus de 70 000 les morts ukrainiennes et à plus de 130 000 les blessés. C’est le peuple ukrainien qui subit de plein fouet les horreurs, les privations et les contraintes de la guerre.

Cette guerre enclenchée dès 2014 par la Russie entre dans un plan plus large de « reconquête » de ce que Poutine appelle, dans son révisionnisme historique et idéologique, « la Grande Russie ». Elle participe du bouleversement politique postmondialisation. Les conséquences géopolitiques, écologiques, économiques et humaines sont innombrables.

Cette guerre est au cœur des enjeux politiques des grandes puissances et dépend en grande partie de la volonté des États-Unis et de la majorité des pays européens d’aider véritablement l’Ukraine dans sa lutte de libération. Elle dépend aussi du soutien des Brics et des régimes autoritaires à la Russie sous l’œil attentif de la Chine.

Il faut ajouter que la prochaine élection américaine peut changer la donne et qu’un tournant dans le déroulé de la guerre et des autres conflits en cours aussi. Quant aux engagements occidentaux, ils sont extrêmement mesurés, à l’image de celui du président français qui clame que la Russie ne doit pas gagner la guerre mais qui, à aucun moment, n’a souhaité explicitement la victoire de l’Ukraine.

Les responsabilités qui pèsent sur le peuple ukrainien sont donc immenses. Notre soutien à sa résistance doit être sans faille et ne doit pas dépendre de combinaisons géopolitiques.

Les pressions poussant l’Ukraine à des concessions sont d’autant plus fortes que la guerre dure. Le passage de la Russie à l’économie de guerre a déclenché un plan de réarmement européen. Encore faut-il que celui-ci serve effectivement à l’Ukraine pour gagner sa guerre contre l’envahisseur. Malgré leurs dénégations, les dirigeants européens aimeraient désormais se concentrer sur leurs propres problèmes de défense. De plus, dans une situation économique et politique inflammable, l’intégration de l’Ukraine à l’Europe et à l’OTAN poserait des problèmes aujourd’hui insolubles.

Les Ukrainiens résistent toujours mais se trouvent face à des problèmes sociaux et politiques capitaux. La conscription nécessaire pour relever les soldats se doit d’être équitable et efficace. Les droits sociaux, politiques et sociétaux doivent être défendus alors même que le gouvernement en difficulté est tenté par l’autoritarisme.

Le peuple ukrainien défend dans son combat contre la Russie dictatoriale son indépendance et sa démocratie, ses droits sociaux et ses espoirs d’émancipation. Notre soutien doit être lucide et à la hauteur de son courage.
[1] Michel Lanson est membre du comité français du RESU et du groupe Bastille.

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Francis Sitel [1]

L’imprévisibilité est la marque des événements historiques les plus décisifs. Ceux qui déroutent les grilles de lecture établies et bouleversent les paradigmes politiques les mieux installés.

La guerre d’agression dont l’Ukraine est victime de la part de Poutine en est une démonstration confirmée.

L’offensive de l’armée russe le 24 février 2022 a surpris. Malgré une guerre engagée par le Kremlin depuis 2014 pour détacher le Donbass et la Crimée de l’Ukraine. Et aussi en dépit de l’évidence que la politique de Poutine affiche un brutal projet impérialiste, dite comme telle et confirmée en actes en Tchétchénie, en Géorgie, en Syrie…

Surprise aussi de découvrir, face à une armée présentée comme surpuissante, une résistance ukrainienne capable de refouler celle-ci.

Surprise à nouveau de voir combien la Russie se montre capable de mobiliser ses ressources humaines et matérielles pour installer la guerre dans la durée, et enrayer la contre-offensive ukrainienne l’empêchant de percer le système défensif et de reconquérir les territoires occupés.

Surprise enfin, mais moindre, de constater que les États-Unis et l’Union européenne peinent à mettre les actes à la hauteur de leurs promesses et engagements: fourniture d’armements au compte-gouttes et avec retard, faiblesses d’une industrie d’armement qui ne peut répondre aux besoins en munitions…

Si bien qu’on s’interroge sur les développements de la guerre et sa possible issue.

La société ukrainienne confirme sa résistance, mais dans des difficultés de plus en plus grandes. L’armée ukrainienne marque des points (particulièrement en mer Noire et en Crimée, et avec ses frappes en Russie…), mais pourra-t-elle maintenir un effort aussi exigeant face aux atouts de la Russie ?

D’où la question de vérité : jusqu’où le peuple ukrainien peut-il compter sur le soutien des pays qui l’assurent de leur solidarité, en particulier ceux de l’Union européenne et la France ?

On voit la lassitude gagner les opinions publiques, la menace trumpiste planer sur la politique américaine, les doutes et hésitations miner la détermination affichée par nombre de gouvernements européens.

L’acceptation de la candidature de l’Ukraine à intégrer l’Union européenne est un engagement politique fort et bienvenu. Mais, signe de mauvais augure, on voit déjà en France, y compris au sein de la gauche, une levée de boucliers contre cette décision. On brandit les conséquences économiques et sociales d’une telle intégration, au demeurant non pas pour la société ukrainienne mais pour nos économies (du fait de la grave menace des céréales et des poulets ukrainiens !). Alibi hypocrite puisqu’une intégration effective ne pourra résulter que d’un long et complexe processus. Alors que l’acceptation de la candidature a valeur de reconnaissance que l’Ukraine a sa place au sein de la famille européenne, donc que la guerre dont elle est victime est une agression contre l’Union elle-même, avec les conséquences devant en résulter. Y compris la nécessité pour celle-ci de redéfinir ses priorités.

Ces rappels montrent que ces deux années de guerre ont bouleversé, et cela en permanence, nos cadres de pensée et d’actions. D’où le défi d’une mise à jour en continu et de fond.

Ce pourquoi le travail des Brigades éditoriales de solidarité avec l’Ukraine résistante est si indispensable, nécessitant approbation et soutien.
[1] Francis Sitel est membre du comité de rédaction de Contretemps.

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Bernard Dréano [1]

La guerre mobilise les moyens considérables de la Russie auquel l’Ukraine résiste grâce à ceux de ses alliés. Les armements les plus onéreux, avions de chasse de dernière génération, missiles sophistiqués (hypersoniques, etc.), forces navales, ne jouent pas un rôle majeur, par rapport aux drones, à l’artillerie, aux mines et munitions rustiques et à la « chair à canon » des fantassins.

Face à l’invasion les États-Unis avaient d’emblée renoncé à toute dissuasion, annonçant qu’ils limiteraient leur action, puis « bridant » l’aide militaire. Le régime russe a pu y voir un succès de sa propre dissuasion, celle de la menace nucléaire (qui suscite la peur dans les opinions publiques occidentales). Quoique trop tardivement, les limitations qualitatives de l’armement de l’Ukraine ont été levées – mais les quantités restent insuffisantes.

Après l’échec de la Blitzkrieg russe, puis de la contre-offensive ukrainienne, c’est la guerre d’usure. Poutine espère que le temps joue pour lui, escomptant un affaiblissement du soutien occidental, la fatigue du peuple ukrainien, l’absence de contestation à l’intérieur de la Russie. Tout ne se joue donc pas sur le Front, mais à l’arrière.

Beaucoup ont été surpris par la force de la mobilisation ukrainienne. Une résistance populaire qui fait Nation. Où, malgré la loi martiale et des conditions atroces de la guerre, la société est vivante, souvent auto-organisée, Toutefois la corruption reste présente, la cohésion sociale est menacée avec les mesures néolibérales prônées par les droites ukrainiennes et leurs conseillers conservateurs britanniques, les tensions au sommet de l’État et les risques de dérives autoritaires existent…

Beaucoup ont été déçus par la faiblesse de la mobilisation anti-guerre en Russie. Réelle au début, elle n’est plus très visible. Ceci sous l’effet de la propagande stalino-tsariste, d’une répression considérable et d’un achat de la paix sociale. Cependant cette guerre coûte très très cher, financièrement et humainement, et la stabilité du « front intérieur russe » n’est pas garantie.

La logique de « camps » arrange Poutine. Il est naturel que l’Ukraine considère que sa résistance est celle de la démocratie contre la dictature. S’agit-il pourtant de la lutte du camp du bien (les démocraties) contre celui du mal (les autocraties) ? La majorité des opinions publiques du monde ignore ce que sont l’Ukraine ou la Russie d’aujourd’hui, mais a plus que des doutes sur les proclamations de vertu des Occidentaux, le « deux poids deux mesures » de leurs pratiques. Le soutien des Américains et Européens à la politique de purification ethnique israélienne (et risque de génocide) est totalement contradictoire avec la condamnation, au combien justifiée, des mêmes politiques, quand elles sont russes. Une formidable opportunité de contre-discours pour Poutine…

La solidarité avec la résistance armée et non-armée ukrainienne doit, pour des internationalistes, être complétée par le soutien aux forces progressistes, notamment féministes et syndicales en Ukraine. Et dans la solidarité avec les forces anti-guerres en Russie et au Bélarus. Or toute une partie de la gauche, qui devrait naturellement être active à ce sujet, demeure absente, rétive, voire hostile, à des actions solidaires. Une invisibilité qui risque de peser très lourd, pratiquement et idéologiquement demain.
[1] Membre de l’Assemblée européenne des citoyens AEC, président du Centre d’études et d’initiatives de solidarité internationale (CEDETIM) et du comité français du RESU.

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Roberto Massari et Michele Nobili [1]

L’affirmation selon laquelle Poutine est en train de gagner sa guerre d’invasion apparaît souvent dans la presse internationale. Ce n’est pas vrai : Poutine a perdu politiquement dès les premiers mois de la guerre, car son objectif était d’atteindre Kyiv et de renverser le gouvernement en place pour le remplacer par un gouvernement pro-russe. Il n’y est pas parvenu et a dû s’arrêter dans les territoires frontaliers déjà occupés avant l’invasion. À partir de là, il ne peut plus avancer, mais l’armée ukrainienne ne peut pas non plus les reprendre.

Là où la défaite de Poutine est la plus évidente, c’est dans le renforcement de l’OTAN, qui n’aurait pas eu lieu sans l’agression.

L’unité avec laquelle l’UE a réagi marque également un troisième niveau de la défaite de Poutine. L’unification européenne (fait positif dans la mesure où elle a surmonté des nationalismes séculaires) a progressé à pas de géant grâce à Poutine. Le récent vote du gouvernement hongrois en faveur du financement de l’Ukraine le prouve également.

D’autre part, en faveur de Poutine, il y a un processus qui se dessine lentement à l’échelle internationale, à savoir la convergence sur le terrain réactionnaire de l’anti-américanisme des principales dictatures du monde: Russie, Chine, Corée du Nord, Iran, certains pays arabes, certains pays d’Amérique latine, avec des attitudes ambiguës de la part des Brics. Ce scénario international va au-delà de la guerre en Ukraine et constitue une menace sérieuse pour l’humanité: l’avenir pourrait voir un élargissement du conflit entre un front de pays capitalistes imparfaitement démocratiques et un front de pays capitalistes dictatoriaux, qui restent souvent liés à des idéologies médiévales, comme dans le cas de l’Iran. Le régime iranien est une honte pour l’humanité, mais il en va de même pour la Corée du Nord, vétéran du stalinisme.

Face à cette situation dangereuse qui pourrait déboucher sur un conflit mondial, force est de constater l’impuissance des classes populaires (pays par pays) et l’absence de forces de gauche dignes de ce nom, capables de changer le cours de l’histoire.

La campagne de solidarité avec l’Ukraine a montré le peu qu’il reste de la gauche dans les principaux pays capitalistes, mais aussi le vide qui se cache derrière les mouvements prétendument pacifistes. Ceux-ci ont appelé à la reddition de l’Ukraine, en la camouflant sous le mot « paix », sans faire de distinction entre les attaqués et les agresseurs.

Il en a été de même pour le pogrom du Hamas contre les kibboutzim israéliens : un événement qui ne peut être considéré comme distinct de la guerre en Ukraine. Dans l’ancienne gauche, rares sont ceux qui condamnent le Hamas pour avoir déclaré la guerre à Israël, pour son refus de livrer des otages et pour le cynisme avec lequel il sacrifie les masses palestiniennes à Gaza.

En Italie, les manifestations anti-israéliennes ont pris une tournure de « gauche » clairement antisémite. Et la montée de l’antisémitisme dans l’ancienne gauche est certainement un triste signe des temps que nous vivons. En Italie, l’antisémitisme et l’ant-iukrainisme se côtoient quotidiennement.

Nous, à Utopia rossa, qui avons été à l’avant-garde de la solidarité avec l’Ukraine dès le premier instant, devons honnêtement admettre que nous n’avons pas réussi à créer un courant de solidarité au sein de la gauche. Nous avons cependant publié trois livres qui nous permettent d’opérer au moins sur le terrain de la propagande : Michele Nobile, Invasioni russe. Polonia 1939/ Ucraina 2022 (2022) et Brigate editoriali di solidarietà, Ucraina dalla A alla Z, (2023); et pour comprendre les origines du régime russe actyuel, Roberto Massari, Se questi sono uomini… Dalla Čeka a Kronštadt al Gulag (2024).
[1] Roberto Massari et Michele Nobil sont membres d’Utopia Rossa et des Brigades éditoriales de solidarité.

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Vincent Présumey [1]

Deux années de solidarité internationaliste organisée – entre des militants et des courants qui, dès 2014, défendaient le peuple ukrainien : nous avons au moins cet acquis et il est précieux.

Oserais-je dire que nos préoccupations ont rejoint, à chaque étape, celles du peuple et de nos camarades ukrainiens ?

Février-mars 2022 :  stopper l’invasion. Au choc et à la peur s’est joint, rapidement, l’enthousiasme, car, comme nous l’espérions, une formidable résistance « armée et non armée » était en train de faire échouer la pire agression impérialiste du 21e siècle à ce jour.

Mars-juin 2022 : pendant la bataille du Donbass et le siège et la destruction de Marioupol, la fierté de la libération de régions entières se conjugue à l’horreur de ce qu’on y découvre, exprimée dans un beau texte de notre camarade Maksym Butkevych qui sera pris par l’ennemi fin juin…

Eté-automne 2022 : la débandade russe à l’Est de Kharkiv puis la libération de Kherson font espérer que la guerre attise la crise et la révolution dans la société et dans l’armée russes. Mais le régime a jusqu’à présent colmaté ses brèches à chaque fois.

Alors les choses se figent, avec la bataille de Bakhmut en abcès de fixation, cette nouvelle bataille de l’Èbre. La guerre semble alors se réduire à ce qu’elle est: une chose militaire. Les réformes anti-sociales du gouvernement ukrainien et la corruption structurelle y contribuent. Pour desserrer l’étau puis gagner, il faut que le peuple ait plus de pouvoir, et il faut des armes. La victoire, c’est l’auto-organisation plus les F16 !

6 juin 2023 : l’écocide du barrage sur le Dnipro, l’annonce que la « contre-offensive » a commencé, et la crise mafieuse de l’État russe (Prigojine) remettent tout en suspens : la percée vient-elle ? Elle ne viendra pas, malgré Robotyne, et pour les mêmes raisons : le peuple n’est pas au pouvoir et il n’a pas les F16.

Plus que jamais, la lutte contre l’impérialisme russe et la lutte contre le capitalisme mondial devraient être communes : les mêmes forces qui endettent l’Ukraine, y précarisent et exploitent les prolétaires, lui ont imposé une contre-offensive façon 14-18 sans aviation face au plus grand champ de mines du monde ! Le RESU-France a alors accentué ses thèmes sur ce double axe : soutien au front social en Ukraine ! Des armes modernes, vite : les armes ne doivent pas être des marchandises !

C’est alors que le   octobre 2023 du Hamas suivi de la destruction israélienne de Gaza ont déplacé la situation mondiale vers le pire. Dans ce cadre la guerre en Ukraine a faussement paru passer au second plan. Mais ces deux guerres et les prochaines forment au fond un tout, contre l’émancipation humaine.

C’est pour nous le moment le plus difficile. Il ne s’agit pas de « tenir », mais de contre-attaquer. Et le terrain pour nous, ce sont les mouvements sociaux, la gauche et les syndicats. Nous avons un grand résultat: la position commune, réalisée au moment de l’unité contre Macron pour les retraites, des centrales syndicales en soutien au peuple ukrainien, renouvelée pour le 24 février 2024. Avec deux grandes limites : leur silence sur le besoin en armes, et l’immense conservatisme des milieux militants sur les sujets internationaux, se traduisant en pure et simple ignorance.

Portons le fer sur ces deux butoirs. Et faisons-le en suivant de près le débat en Ukraine sur la conscription : cette question remet au premier plan le fait que la guerre ne peut être gagnée que par le peuple, avec les méthodes de la démocratie. La jeunesse ukrainienne, garçons et filles, n’était mobilisable qu’après 27 ans, mais elle s’est portée au combat et à la résistance le 24 février 2022. Elle ne le refera pas par la contrainte, mais par la liberté. « Pour notre liberté et la vôtre » !

Quant au RESU-France, disons-le : nous savons sans avoir eu à le dire que les liens politiques et humains tissés continueront et fructifieront, alors disons-le.
[1] Vincent Présumey est membre d’Aplutsoc et du RESU-France.

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soutien-a—lukraine-re–sistante–n-deg-27

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Après les Gilets jaunes, la pandémie du Covid, la Colombie et la Birmanie, les éditions Syllepse poursuivent la publication d’ouvrages accessibles à tous et toutes qui éclairent sur les enjeux des convulsions d’un monde qui n’en finit pas de semer la misère, la souffrance et la guerre. Les éditions Syllepse se sont associées pour cette série sur l’agression de la Russie poutinienne contre l’Ukraine aux éditions Page 2 (Lausanne), M. Éditeur (Montréal) et Massari Edotori (Italie) , aux revues New Politics (New York), Les Utopiques (Paris) et ContreTemps (Paris), aux sites À l’encontre (Lausanne) et Europe solidaire sans frontières, ainsi qu’au blog Entre les lignes entre les mots (Paris) et Utopia Rossa, au Centre Tricontinental (Louvain-la-Neuve) et au Réseau syndical international de solidarité et de luttes.

À l’encontre : https://alencontre.org/
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Les Cahiers de l’antidote : Soutien à l’Ukraine résistante (Volume 26)
https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2023/12/18/zelensky-nest-pas-notre-ami-et-alors/
Les Cahiers de l’antidote : Soutien à l’Ukraine résistante (Volume 25)
https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2023/11/09/garder-le-cap/
Les Cahiers de l’antidote : Soutien à l’Ukraine résistante (Volume 24)
https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2023/10/04/la-guerre-va-durer-la-solidarite-aussi/
Les Cahiers de l’antidote : Soutien à l’Ukraine résistante (Volume 23)
https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2023/09/06/rendre-lukraine-plus-proche/
Les Cahiers de l’antidote : Soutien à l’Ukraine résistante (Volume 22)
https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2023/08/04/linternationalisme-cest-pas-de-la-tarte/
Les Cahiers de l’antidote : Soutien à l’Ukraine résistante (Volume 21)
https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2023/07/05/les-cahiers-de-lantidote-soutien-a-lukraine-resistante-volume-21/
Les Cahiers de l’antidote : Soutien à l’Ukraine résistante (Volume 20)
https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2023/06/01/les-cahiers-de-lantidote-soutien-a-lukraine-resistante-volume-20/
Les Cahiers de l’antidote : Soutien à l’Ukraine résistante (Volume 19)
https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2023/05/02/les-cahiers-de-lantidote-soutien-a-lukraine-resistante-volume-19/
Les Cahiers de l’antidote : Soutien à l’Ukraine résistante (Volume 18)
https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2023/04/11/poutine-partout-justice-nulle-part/
Les Cahiers de l’antidote : Soutien à l’Ukraine résistante (Volume 17)
https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2023/03/16/la-restauration-des-frontieres-de-lukraine-avec-la-russie-entrainera-la-cessation-immediates-des-hostilites/
Les Cahiers de l’antidote : Soutien à l’Ukraine résistante (Volume 16)
https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2023/02/21/les-cahiers-de-lantidote-soutien-a-lukraine-resistante-volume-16/
Les Cahiers de l’antidote : Soutien à l’Ukraine résistante (Volume 15)
https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2023/01/27/les-cahiers-de-lantidote-soutien-a-lukraine-resistante-volume-15/
Les Cahiers de l’antidote : Soutien à l’Ukraine résistante (Volume 14)
https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2022/12/20/les-cahiers-de-lantidote-soutien-a-lukraine-resistante-volume-14/
Les cahiers de l’antidote : Soutien à l’Ukraine résistante (Volume 13)
https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2022/11/14/les-cahiers-de-lantidote-soutien-a-lukraine-resistante-volume-13/
Les cahiers de l’antidote : Soutien à l’Ukraine résistante (Volume 12)
https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2022/10/15/les-cahiers-de-lantidote-soutien-a-lukraine-resistante-volume-12/
Les cahiers de l’antidote : Soutien à l’Ukraine résistante (Volume 11)
https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2022/09/07/les-cahiers-de-lantidote-soutien-a-lukraine-resistante-volume-11/
Les Cahiers de l’antidote : Soutien à l’Ukraine résistante (Volume 10)
https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2022/08/08/les-cahiers-de-lantidote-soutien-a-lukraine-resistante-volume-10/
Les Cahiers de l’antidote : Soutien à l’Ukraine résistante (Volume 9)
https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2022/06/29/les-cahiers-de-lantidote-soutien-a-lukraine-resistante-volume-9/
Les Cahiers de l’antidote : Soutien à l’Ukraine résistante (Volume 8)
https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2022/06/08/les-cahiers-de-lantidote-soutien-a-lukraine-resistante-volume-8/
Les Cahiers de l’antidote : Soutien à l’Ukraine résistante (Volume 7)
https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2022/05/24/les-cahiers-de-lantidote-soutien-a-lukraine-resistante-volume-7/
Les Cahiers de l’antidote : Soutien à l’Ukraine résistante (Volume 6)
https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2022/05/09/les-cahiers-de-lantidote-soutien-a-lukraine-resistante-volume-6/
Les Cahiers de l’antidote : Soutien à l’Ukraine résistante (Volume 5)
https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2022/04/23/32-solidarite-avec-la-resistance-des-ukrainien·nes-retrait-immediat-et-sans-condition-des-troupes-russes-32/
Les Cahiers de l’antidote : Soutien à l’Ukraine résistante (Volume 4)
https://entreleslignesentrelesmots.blog/2022/04/09/27-solidarite-avec-la-resistance-des-ukrainien·nes-retrait-immediat-et-sans-condition-des-troupes-russes-27/
Les Cahiers de l’antidote : Liberté et démocratie pour les peuples d’Ukraine (Volume 3)
https://entreleslignesentrelesmots.blog/2022/03/25/liberte-et-democratie-pour-les-peuples-dukraine-3-soutien-a-lukraine-resistante/
Les Cahiers de l’antidote : Liberté et démocratie pour les peuples d’Ukraine (Volume 2)
https://entreleslignesentrelesmots.blog/2022/03/11/pour-le-droit-a-lautodefense-par-tous-les-moyens-necessaires/
Les Cahiers de l’antidote n°1 « Spécial Ukraine » : Liberté et démocratie pour les peuples d’Ukraine !
https://entreleslignesentrelesmots.blog/2022/03/03/ukraine-russie-7/

Auteur : entreleslignesentrelesmots

notes de lecture

2 réflexions sur « Triste anniversaire + Les mots de l’an III »

  1. Déclaration de Socialistisk Politik deux ans après l’invasion
    Deux ans après l’invasion :
    La Russie hors de l’Ukraine
    Ni Poutine, ni l’OTAN

    Deux ans après l’invasion criminelle de l’Ukraine par le régime russe de Poutine, l’attaque est devenue la guerre la plus dévastatrice en Europe depuis 1945. Des centaines de milliers de personnes ont été tuées et blessées, des villes et des communautés ont été laissées en ruines, des terres agricoles inestimables ont été dévastées, des infrastructures et des entreprises ont été détruites et des millions d’êtres humains ont été contraints de fuir. L’invasion a affecté non seulement l’Ukraine, mais aussi l’approvisionnement alimentaire mondial, sans parler des systèmes de protection sociale qui sont épuisés par l’armement militaire et la défense climatique.

    Au lendemain de l’invasion, on assiste à la militarisation la plus rapide de l’Europe depuis plus d’un demi-siècle, avec un réarmement militaire galopant, une croissance spectaculaire de l’industrie de guerre et des messages visant à mobiliser la population pour la préparer à la guerre. Au lieu de contrer l’OTAN, le régime de Poutine a fait plus pour étendre et renforcer le bloc militaire atlantique que n’importe quel politicien pro-OTAN.

    L’invasion a entraîné non seulement d’horribles pertes humaines en Ukraine, mais aussi de lourdes pertes en Russie, sans parler de l’écrasement des droits de l’homme et des droits démocratiques dans la Fédération de Russie. La mort du leader de l’opposition Alexei Navalny et l’annulation de la candidature électorale du critique de guerre Boris Nadezhdin ne sont que quelques-unes des expressions les plus notables de l’oppression du régime de Poutine. Des dizaines de milliers de militants pacifistes et d’opposants russes sont réduits au silence dans des prisons et des camps pénitentiaires, tandis que des soulèvements populaires tels que la récente révolte en Bachkirie sont réprimés. Mois après mois, la guerre renforce le caractère despotique du régime de Poutine avec un risque croissant de prolifération et d’utilisation d’armes nucléaires tactiques.

    Pour les mouvements ouvriers et populaires et les socialistes du monde entier, la tâche est déjà décrite : la guerre de Poutine doit être arrêtée, le peuple ukrainien doit être défendu, les militants pacifistes russes doivent être libérés et la paix, les droits démocratiques et la reconstruction doivent être placés en tête de l’ordre du jour. Les responsables de l’invasion doivent répondre de leurs actes et les criminels de guerre doivent être condamnés.

    Les mouvements ouvriers et populaires d’Europe et d’ailleurs ne disposent pas de ressources militaires, mais nous avons la solidarité populaire pour soutenir le peuple ukrainien dans tous les domaines possibles, de l’assistance pratique aux organisations syndicales et de gauche, féministes, démocratiques et minoritaires à la pression politique contre les tentatives du régime russe et de l’impérialisme occidental d’enchaîner l’Ukraine au pillage néolibéral et à la dépendance à l’égard de la dette.

    Briser le secret bancaire et ouvrir les paradis fiscaux pour confisquer les avoirs des oligarques russes et de leurs complices internationaux, pour la reconstruction de l’Ukraine !

    Annuler la dette de l’Ukraine, soutenir la résistance des travailleurs et des mouvements populaires ukrainiens contre les privatisations néolibérales, les baisses de salaires, le désarmement social et l’abolition des droits du travail.

    Non au chauvinisme et à la discrimination, non à la russification et à l’oppression des minorités, y compris des minorités russophones.

    Soutenir les soldats ukrainiens de la classe ouvrière en leur fournissant équipement, protection et soins, ouvrir le système médical occidental à des interventions médicales gratuites, soutenir l’aide apportée par les syndicats ukrainiens à leurs membres sur les fronts et à l’arrière de ceux-ci.

    Solidarité avec les militants pacifistes russes, asile pour les résistants à la guerre et les déserteurs.

    Ne pas permettre à Poutine de légitimer l’armement et l’expansion de l’OTAN, les bases militaires américaines et les armes nucléaires en Scandinavie et ailleurs.

    Confisquer les profits de l’industrie de la guerre pour le réarmement social.

    Retirer toutes les troupes russes d’Ukraine, instaurer un cessez-le-feu et un règlement de paix sans annexions afin de garantir des droits humains et démocratiques égaux aux peuples de Russie et d’Ukraine.

    Unifier les points de vue russes sur la paix avec l’Ukraine indépendante – ensemble pour un avenir démocratique et égalitaire dans la paix.

    Socialistisk Politik

    Statement from SP two years after the invasion


    http://www.europe-solidaire.org/spip.php?article69913

  2. Pour les ouvriers-soldats qui déminent en Ukraine

    Les mineurs des mines d’uranium, membres du Syndicat des mineurs indépendants d’Ukraine (NPGU), ont besoin de solidarité internationale en raison de la situation difficile et du manque de ressources dans les zones de première ligne en Ukraine !

    Deux ans après le début d’une invasion russe à grande échelle de l’Ukraine, la classe ouvrière organisée de ce pays déchiré par la guerre poursuit sa résistance armée dans les rangs des forces armées ukrainiennes, tandis que ceux qui restent dans la vie civile organisent toute laide et le soutien possibles pour leurs camarades.

    Avant février 2022, les mineurs de la ville de Kropyvnytskyi et de la région de Kirovohrad travaillaient dans les mines d’uranium locales et étaient actifs au sein des syndicats locaux. Leurs connaissances professionnelles en matière d’explosifs sont très appréciées dans les zones de première ligne. À l’heure actuelle, des dizaines d’entre eux déminent les territoires du sud-est de l’Ukraine (en neutralisant les mines terrestres). Leur unité a cruellement besoin de voitures, que l’État ne fournit pas et que les travailleurs ne peuvent pas se permettre.

    Nous voulons acheter une jeep ou une camionnette d’occasion et la livrer aux combattants. Pour cela, nous avons besoin d’environ 7 000 euros. Si nous parvenons à collecter davantage ou à trouver un véhicule moins cher, nous dépenserons cet argent en outils et en vêtements nécessaires aux travailleurs de première ligne.

    Pour soutenir financièrement : https://www.helloasso.com/associations/convoi-syndical/formulaires/2
    https://laboursolidarity.org/fr/n/3061/pour-les-ouvriers-soldats-qui-deminent-en-ukraine

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