Les frondeuses sont aussi des bâtisseuses

Sabine Panet, dans son éditorial, évoque les Frondeuses de l’information. Et pour commencer par La Fronde, premier quotidien féministe fondé en 1897 par Marguerite Durand. Des frondes et des pierres « A ceux qui nous exploitent et nous oppriment ; à ceux qui soutiennent cette absurdité, cette monstruosité, que seule une moitié, la moitié mâle de l’humanité, est digne d’évoluer intellectuellement et socialement, l’autre devant échapper à la loi des transformations, et rester toujours dans un état d’infériorité cérébrale et dans l’esclavage ».

Les supports d’information se sont largement diversifiés, reste une nécessité : « révéler les histoires de la moitié de l’humanité, faire le récit de l’actualité des femmes, puisque la presse majoritaire ne le fait pas ou, quand elle le fait malgré tout, elle pourrait aussi bien nous l’épargner ».

L’éditorialiste souligne les façons déplorables dont la majorité des médias traitent des violences envers les femmes, « Les victimes sont jugées, les auteurs sont dédouanés, les violences sont minimisées et considérées davantage comme un « fait d’hiver » que comme un problème de société majeur ».

En effet, entre la culpabilisation des victimes, l’euphémisation par des termes comme « drame conjugal » ou « meurtre passionnel », se construit un déni de la violence systémique. En 2017, en France 130 femmes ont été assassinées par leur conjoint ou leur ex ! Cela ne relève pas de faits divers.

Dossier : La fronde des médias féministes

De la Turquie à la Palestine, en passant par la Belgique et les Etats-Unis, axelle vous embarque pour un petit tour d’horizon dans des médias féministes.

Turquie et Bayan Yani, une publication satirique et féministe, « une impertinence jubilatoire et une irrévérence envers le pouvoir », le corrosif en dessins.

Etats-Unis et Resist !, « Réelles ou fantasmées, les histoires contées dans Resist ! sont celles de femmes tenant tête aux hommes qui veulent les faire taire », inventer ce que nous désirons, résister au masculinisme, « Nous ne pouvons pas nous permettre de rester polies ! ».

Belgique et axelle, 100% des pages réservées aux réalités des femmes, pas une publication « spécialisée » mais bien un magazine enraciné dans un projet social et politique.

Palestine et Nisaa FM, la parole aux auditrices, « Presque toutes les problématiques qui concernent une société concernent les femmes ».

Parmi les autres textes publiés, je signale notamment :

  • Dans l’oeil d’Axelle : manifestation de femmes à Nairobi au Kenya, « Aujourd’hui, nous marchons ensemble pour exiger notre place légitime à la table des décisions ».

  • Un rappeur (encore un !) qui insulte les femmes, le machisme en musique.

  • Le temps partiel. Les femmes constituent 80% des employé·es à temps partiel, les contraintes du marché du travail et l’insuffisance de prise en charge collective du soin aux autres, la rhétorique de la « conciliation » et un « choix » qui n’en est pas vraiment un, tle emps partiels et les pensions basses, le manque de place d’accueil de la petite enfance, le travail domestique assigné aux femmes. La construction de l’inégalité.

  • Mae Jemison une Afro-Américaine dans l’espace.

  • La quête du bonheur, la maternité comme épanouissement des femmes puis le foyer comme idéal avec les tâches domestiques comme source de plaisir, le service aux autres assigné aux femmes, le retour de la mère épanouie, la construction sociale d’un certain type sexiste de porte-bonheur et de sa tolérance…

  • Des bulles contre les cases, Emma, la charge mentale et le temps invisible non rémunéré mis en dessin, les violences sexuelles commises impunément, le sexisme subi, « la chaussette qui traine est politique » (lire à ce sujet Titiou Lecoq : Libérées. Le combat se gagne devant le panier de linge sale, la-case-femme-est-trop-petite-trop-etroite-trop-mince-trop-injonctive/)

  • Le collectif Kahina, « nous sommes musulmanes, de manières très diverses, nous ne sommes pas des clones les unes des autres », mettre en lumière les discriminations, « Il y a une alliance phallocratique entre hommes blancs et hommes musulmans pour exclure les femmes de ces emplois ».

  • Phoolan Devi, la reine des bandits.

  • et toujours de riches rubriques : culture et informations internationales.

Un journal de nos amies belges à faire connaître.

Axelle 207, Mars 2018, http://www.axellemag.be

Didier Epsztajn

Auteur : entreleslignesentrelesmots

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