Pétition (Algérie) : En défense des libertés syndicales et du droit de grève : Les artistes, intellectuels et scientifiques aux côtés des travailleurs et de leurs syndicats

Nous, artistes, intellectuels et scientifiques signataires de cette pétition :

avons pris connaissance avec consternation du contenu attentatoire aux libertés syndicales élémentaires et au libre exercice du droit de grève du « Projet de loi relatif à l’exercice du droit syndical » et du « Projet de loi relatif à la prévention, au règlement des conflits collectifs de travail et à l’exercice du droit de grève » élaborés par le ministère du Travail, de l’Emploi et de la Sécurité sociale.

faisons part de notre étonnement et de notre incompréhension devant l’absence totale de concertation avec les organisations syndicales durant la période d’élaboration de ces deux textes,

constatons que ces deux textes, s’ils sont adoptés, rendront légalement impossibles l’exercice du droit de grève et le libre exercice du droit syndical qui se trouvent déjà largement entravés dans la pratique des pouvoirs publics et des employeurs depuis plusieurs années,

constatons que ces deux textes constituent une attaque supplémentaire contre les droits politiques démocratiques des travailleurs et de leurs organisations syndicales,

constatons que ces attaques contre les droits des travailleurs interviennent au moment même où toutes les facilités sont consenties aux investisseurs nationaux et étrangers (lois sur les investissements, loi sur la monnaie et le crédit, instauration de zones franches…). Cela n’est pas le fruit du hasard, mais relève d’un choix délibéré de favoriser le patronat national et étranger au détriment des travailleurs et des fonctionnaires,

tenons à exprimer notre solidarité pleine et entière à l’égard des travailleurs et des syndicalistes de l’UGTA et des syndicats autonomes (CSA et autres) qui se battent pour défendre les acquis de leurs luttes et de leurs organisations arrachés durant la période coloniale et défendus 60 années durant contre toutes les tentatives de musellement des travailleurs salariés, des fonctionnaires et de la classe ouvrière en particulier.

nous nous plaçons à leurs côtés pour demander le retrait de ces textes et l’ouverture de négociations avec leurs représentants pour élaborer des textes de lois qui renforcent le dialogue social, qui améliorent la situation sociale des travailleurs et élargissent leurs droits démocratiques ainsi que ceux du peuple algérien dans son ensemble. (omar.syndicat@gmail.com)

Signataires (47)
Adel Abderezak, Enseignant universitaire en retraite et ex-syndicaliste
Aïssat Kamel, Enseignant-chercheur, Université Batna 2
Aït Hamou Louisa, Professeure en langues étrangères, Université d’Alger 2
Allal Tewfik, Responsable associatif de l’émigration (ACDA)
Ameyar Hafida, Journaliste-Auteur
Azzi Abdelmadjid, Ex-secrétaire général de la Fédération nationale des retraités (FNTR) de l’UGTA
Baba Aïssa Abdelkrim, Réalisateur
Belalloufi Hocine, Journaliste (retraité)
Bensaad Ali, Professeur des universités, Université Paris VIII Vincennes
Bouderba Nouredine, Militant syndicaliste, analyste du monde du travail
Boudra Abdelkrim, consultant et militant associatif
Cherbal Farid, Professeur des universités en génétique du cancer à l’USTHB, Alger
Dadene Hadi, Retraité, Ouargla
Dahmani, Ahmed universitaire économiste et défenseur des droits de l’Homme
Djabi Abdelnasser, Universitaire sociologue
Djerbal Daho, Maître de conférences Université d’Alger2 (à la retraite)
Djermoune Nadir, Architecte-urbaniste, Enseignant-chercheur, Université Blida 1
El Bahi Mostefa, Universitaire USTHB
Frada Atmane, Cadre retraité
Guechi Fatma-Zohra, Professeur d’histoire, Université de Constantine
Hadj Moussa Ratiba, Professeure
Hadjadj Amel, Présidente de la fondation du journal féministe algérien
Hamdi-Cherif Abdelhafid, Enseignant retraité
Harbi Mohammed, Historien
Kadri Aissa, Universitaire, sociologue
Khalfoune Tahar, Universitaire juriste
Khiari Abdelmounaim, Administrateur de biens, Formateur
Larabi Samir, Doctorant en sociologie, Université de Bejaïa
Messaoudene Djamel, Cadre retraité
Metref Arezki, Journaliste-Ecrivain
Naceur Med Lazhar, Cadre (retraité)
Nait Mohand Dahmane, Ingénieur retraité
Ouamrane Aouicha (Bekhti), Avocate
Ould Hocine Abdelhamid, Architecte (retraité)
Oulmane Djamel Eddine, Médecin retraité et artiste (graphiste et musicien)
Reghis Rabah, Consultant économiste pétrolier, Professeur associé des Universités
Remal Salima, Ingénieure
Sabri Kamel, Inspecteur de l’Éducation nationale
Salhi Soumia, Cadre, syndicaliste et militante féministe
Tabti Marouane, Médecin
Tarmoul Ali, Technicien
Tlemçani Rachid, universitaire politologue
Yefsah Mourad, consultant sénior en systèmes d’informations.
Zahouane Hocine, Ancien officier de l’ALN, Président de la LADDH, Avocat à la retraite
Zaoui Mohammed, Documentariste
Zeghbib Hocine, Maître de conférences honoraire, Université Montpellier
Zerrouky Hassane, Journaliste-Auteur

https://www.reporters.dz/en-defense-des-libertes-syndicales-et-du-droit-de-greve-les-artistes-intellectuels-et-scientifiques-aux-cotes-des-travailleurs-et-de-leurs-syndicats/
https://www.europe-solidaire.org/spip.php?article65778

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Algérie : contribution dans l’esprit du Hirak !

En ce quatrième anniversaire du mouvement populaire Hirak, enclenché en février 2019, l’Algérie sombre encore plus dans l’autoritarisme et la répression. l’État fort s’installe !

Allant à l’encontre des revendications démocratiques et des idéaux du Hirak, dont les libertés et la souveraineté populaire étaient la pierre angulaire, le pouvoir illégitime en place s’enlise dans sa dérive autoritaire.

La crise profonde du régime, suscitée par la maladie de Bouteflika en 2013 et ensuite par la chute des prix des hydrocarbures en 2014, ont aiguisé ses contradictions internes et propulsé le conflit entre ses principales factions sur la scène publique.

Le Hirak est devenu possible grâce à cette fragilisation interne du régime. La situation politique au début de 2019 était déjà marquée par la répression et l’autoritarisme rampants d’une part, et la chute du pouvoir d’achat des masses populaires et des couches moyennes, ainsi que la généralisation d’un chômage endémique de masse d’autre part, ont constitué les ingrédients explosifs du plus grand mouvement populaire depuis l’indépendance baptisé : Hirak. Autant dire que la coupe était déjà pleine et le 5éme mandat n’était que la goutte de trop.

Quelle que soit la nature de son facteur déclencheur, le Hirak a pris une ampleur qui a vite échappé et dépassé tous les apprentis sorciers et toutes les officines de l’ombre.

En effet, après les premières manifestations grandioses contre le 5éme mandat de Bouteflika et sa clique, c’est la remise en cause de tout le régime, ainsi que le retour récurrent de la mainmise de l’armée sur le pouvoir politique, qui a pris le dessus. A ce moment-là, après avoir chassé Bouteflika en avril 2019, la dynamique du Hirak a pris une allure révolutionnaire pour un changement entier et radical de régime. « Yatnahaw Ga3 » est devenu un véritable leitmotiv du mouvement.

C’est pourquoi les tenants du pouvoir, et ceux qui défendent leur thèse, ont vite propagé l’idée d’un « premier Hirak authentique », baptisé « Moubarek » et séquestré dans la constitution, et un deuxième Hirak, c’est-à-dire post avril 2019, diabolisé et combattu sans relâche jusqu’à aujourd’hui.

Aussi, c’est pour cette raison que les puissances impérialistes étrangères ont vite sauté sur l’occasion pour augmenter leur pression sur le régime, le sommant de garantir une « stabilité » assurant leurs intérêts dans le cadre de la mondialisation libérale, en contrepartie d’une reconnaissance du nouveau pouvoir et une collaboration économiques « gagnant-gagnant », comme consacré dans leurs usages.

Les nouvelles lois sur les hydrocarbures et sur l’investissement, le maintien de l’accord injuste d’association avec l’UE, l’encouragement du patronat et du secteur privé, la constitutionnalisation de l’intervention de l’armée hors de nos frontières, etc., ont constitué autant de gages pour un soutien extérieur à la feuille de route de « Algérie Nouvelle » entamée par « l’élection » du « douze-douze » et la nomination de M. Tebboune.

Mais, ces pressions et ces menaces extérieures, qui visent nos richesses nationales et un alignement politique de notre pays, continuent et elles sont bien réelles dans l’évolution actuelle des rapports de forces géostratégiques au niveau mondial. Elles commandent, contrairement à la politique répressive et autoritaire du régime, l’instauration urgente des libertés démocratiques et le respect de la souveraineté populaire pour renforcer le front intérieur et les capacités de résistance de notre pays à toutes les visées impérialistes.

La restauration autoritaire, mitigée et fragile du régime en un premier temps, a été confortée, en un deuxième temps, par l’irruption de la pandémie du Covid-19 en mars 2020, qui a facilité la répression et endigué un nouveau souffle du Hirak, et la hausse des prix des hydrocarbures, dans la foulée de la guerre en Ukraine, qui a permis le renflouement de la rente et une aisance financière providentielle et inespérée du régime.

Ainsi, des « mesurettes » pour calmer le front social sont devenues possibles et sont annoncées de façon pompeuse et populiste. Elles ne correspondent ni à l’étendue du désastre social engendré par des décennies de libéralisme économique, ni au strict rattrapage du pouvoir d’achat d’il y a … vingt ans.

Mais, d’autres facteurs essentiels sont à prendre particulièrement en compte pour rappeler les faiblesses évidentes du Hirak et éclairer modestement le chemin qui nous attend. Car le reflux actuel du Hirak ne peut que travailler en profondeur le flux d’un inévitable nouveau Hirak populaire et les luttes sociales et politiques de demain.

Dans ce cadre, des éléments clés et stratégiques sont à retenir :

1 – Le Hirak, en dépit de la « spontanéité des masses » et l’euphorie qu’il a suscitée quant à un changement radical et « révolutionnaire », n’a pas pu produire un projet politique clair et hégémonique traduisant les revendications exprimées par des millions de manifestantEs pendant une année pour imposer les libertés, la justice sociale et la souveraineté populaire.

2 – L’absence de l’auto-organisation du Hirak, notamment à la base, a facilité la répression et l’émergence de plusieurs opportunistes autoproclamés représentantEs du Hirak. Sans auto-organisation démocratique, populaire et indépendante à la base, il a été impossible d’organiser le débat entre des millions de citoyenNEs, de centraliser les revendications du Hirak dans une plateforme et asseoir un processus constituant permettant d’instaurer de nouvelles traditions de la souveraineté populaire.

3 – La faiblesse du mouvement ouvrier et la non implication conséquente des élites syndicales pour porter le Hirak et lui donner une dimension sociale plus forte et une direction progressiste, l’ont réduit souvent à s’embourber dans des revendications floues et partielles anticipant son affaiblissement et son reflux. La présence marginale du mouvement ouvrier dans le Hirak l’a amputé de moyens de lutte conséquents tels que la grève générale qui avait pourtant constitué en mars 2019 l’arme principale qui a précipité le départ de Bouteflika début avril 2019.

4 – Par conséquent, il a été impossible d’espérer l’émergence d’une direction unitaire, démocratique, radicale et progressiste, agissant sous contrôle de l’auto-organisation populaire, et pouvant offrir une alternative au régime et diriger le pays dans la perspective de concrétiser les aspirations démocratiques et sociales du Hirak.

Bien sûr, d’autres éléments de réflexion sont à prendre en considération dans ce débat sur le bilan du Hirak qui reste à faire. Mais, j’ai estimé, dans cette modeste contribution, qui appelle d’autres contributions encore, qu’il fallait insister brièvement, en ce quatrième anniversaire du Hirak, sur les aspects qui m’ont semblé les plus évidents pour aider à comprendre la trajectoire du Hirak et ses faiblesses d’une part et, d’autre part, tirer les leçons de cette formidable expérience populaire collective pour mieux envisager et faire converger les luttes de demain.

La grève générale annoncée par les syndicats autonomes pour le 28 février courant, est une bonne nouvelle de ce point de vue. Elle constitue justement l’importance du mouvement ouvrier organisé dans la résistance contre la répression des libertés syndicales, et démocratiques en général, et le droit de grève. Quelque soit son ampleur et son impact, elle brisera un peu ce climat de répression qui a installé certes un sentiment de peur, mais sans engendrer la résignation ou l’abandon des aspirations démocratiques et sociales du Hirak.

Mais, en attendant demain et la résurgence de l’espérance née du Hirak, la lutte doit continuer aujourd’hui et en priorité pour :

L’arrêt immédiat de la répression sous toutes ses formes !
La libération de tous les détenuEs politiques et d’opinion !
L’abrogation de toutes les lois et les dispositions juridiques liberticides !
La levée de toutes les mesures et toutes les entraves à l’exercice effectif de toutes les libertés démocratiques !
L’indépendance de la justice et des médias publics du pouvoir politique.
L’ouverture d’un débat démocratique et national, devant le peuple, permettant la mise en œuvre d’une authentique souveraineté populaire !

Mahmoud Rechidi
Militant politique.
(Ex. Secrétaire général du PST injustement suspendu de toute activité et réprimé).
https://www.europe-solidaire.org/spip.php?article65781

Auteur : entreleslignesentrelesmots

notes de lecture

7 réflexions sur « Pétition (Algérie) : En défense des libertés syndicales et du droit de grève : Les artistes, intellectuels et scientifiques aux côtés des travailleurs et de leurs syndicats »

  1. La répression antisyndicale continue en Algérie

    Le gouvernement algérien continue de réprimer les citoyen-ne-s qui tentent d’exercer leurs droits civils et politiques fondamentaux, y compris les membres et les dirigeant-e-s syndicaux-ales. Dans le cadre de la répression croissante de toute forme d’activité démocratique, les syndicalistes indépendant-e-s sont harcelé-e-s, arrêté-e-s, poursuivi-e-s et emprisonné-e-s sans relâche.

    La dernière arrestation en date est celle d’Amine Felih, membre de l’Union algérienne des industries – UAI et membre dirigeant de la Confédération syndicale des forces productives (COSYFOP). Arrêté en 2022 et emprisonné pendant deux mois sous l’accusation « d’appartenance à une organisation terroriste » avant d’être libéré à la suite d’une campagne, il a de nouveau été arrêté le 16 mars 2023 et condamné cette fois-ci à un an de prison ferme et une amende de 200 000 DA le 4 avril 2023, en étant accusé de « publication sur les réseaux sociaux qui pourraient nuire à la sécurité nationale ».

    Mercredi 19 avril 2023, selon une annonce faite dans un premier temps par la télévision publique, le Président de la République algérienne, Abdelmadjid Tebboune, a signé un décret présidentiel portant grâce en faveur de 8985 détenus condamnés définitivement, et ce, à l’occasion de l’Aïd el-Fitr, comme l’indique un communiqué de la Présidence de la République. Toutefois, aucun des prisonnier-ère-s politiques n’a bénéficié de cette grâce, y compris Amine Felih.

    De nouveaux outils juridiques visant à éliminer les syndicats indépendants sont actuellement en préparation. Les amendements au Code du travail adoptés en 2022 prévoient jusqu’à trois ans de prison pour les dirigeant-e-s syndicaux-ales qui contestent – ou même discutent avec leurs membres (!) – la dissolution administrative de leur organisation.

    SIGNEZ LA PÉTITION ci-dessous pour envoyer un message au gouvernement demandant la libération immédiate et inconditionnelle de tous les syndicalistes emprisonné-e-s ou poursuivi-e-s pour avoir exercé leur droit à la liberté d’association !

    * En partenariat avec l’Internationale des services publics (ISP) et IndustriALL Global Union.
    https://www.iufcampaigns.org/campaigns/show_campaign.cgi?c=1187

  2. Le procès de Galilée à Alger
    Aujourd’hui s’ouvre le procès de Ihsane El Kadi, mon ami, journaliste et directeur de Radio M et Magreb Émergent, dont les locaux sont sous scellés depuis près de 3 mois. Il doit répondre au chef d’accusation d’avoir reçu de l’argent de l’étranger aux fins de propagande politique. Il s’agit d’un billet pour lui dire tout mon soutien dans cette épreuve et prendre date sur ce procès qui a soulevé un large mouvement de soutien tant au niveau national qu’international.
    https://blogs.mediapart.fr/wassyla-tamzali/blog/120323/le-proces-de-galilee-alger

  3. Le 12 mars 2023 se tiendra à Alger le procès du journaliste algérien Ihsane El Kadi

    Incarcéré depuis près de trois mois, à la suite de son arrestation et de la fermeture des deux médias qu’il dirige – Radio M et Maghreb Émergent –, Ihsane El Kadi est poursuivi « pour réception de fonds et d’avantages de provenance étrangère aux fins de se livrer à une propagande politique ».
    Nous, membres du Collectif international des avocats d’Ihsane El Kadi, considérons que les conditions sont loin d’être réunies pour un procès équitable qui garantisse ses droits tels que stipulés dans la législation algérienne et les conventions internationales ratifiés par l’Algérie.
    D’une part, Ihsane El Kadi est injustement maintenu en détention : les demandes de libération qu’il a déposées par le biais de ses avocats ont toutes été rejetées alors qu’il présente toutes les garanties de représentation nécessaires. De plus, le traitement de ces demandes a été entaché d’irrégularités, dont la plus notable a été, le 15 janvier 2023, la réunion de la Chambre d’accusation en son absence et en l’absence de ses avocats.
    D’autre part, Ihsane El Kadi est la cible d’une vaste campagne de dénigrement sur les réseaux sociaux, mais aussi sur les ondes de la radio publique algérienne qui a donné la parole à ses accusateurs dans une tentative évidente de peser sur la décision de la justice le concernant. Cette campagne a été couronnée par une déclaration du chef de l’État algérien, le 24 février dernier, accusant Ihsane El Kadi « d’être à la solde de puissances étrangères » et qualifiant Radio M et Maghreb Émergent de « médias illégaux ». Ce faisant, M. Abdelmadjid Tebboune a admis sa propre responsabilité dans l’arrestation d’Ihsane El Kadi et l’a condamné avant même qu’il ne soit jugé, en une flagrante atteinte aux principes d’indépendance de la justice et de présomption d’innocence. Dans le contexte algérien tendu, de telles accusations, au-delà du fait qu’elles mettent en cause l’honneur et l’intégrité morale d’Ihsane El Kadi, constituent une mise en danger de son intégrité physique et de celle du personnel de Radio M et de Maghreb Émergent.
    C’est pour ces deux raisons conjuguées – sa détention arbitraire et cette propagande gouvernementale qui vise à influencer la justice – qu’Ihsane El Kadi a refusé de répondre aux questions pendant l’instruction.
    A l’occasion de son procès, qui se tient dans des conditions déplorables du point de vue de la garantie de ses droits, nous, membres du Collectif international des avocats d’Ihsane El Kadi :
    – rappelons qu’il est poursuivi en représailles de ses opinions politiques, qu’il n’a pas cessé de défendre publiquement, malgré le harcèlement judicaire qu’il subit depuis deux ans ; et que le dossier de l’accusation, tel qu’il a été révélé par ses avocats le 4 mars dernier après la fin de l’instruction, est d’une maigreur sans commune mesure avec les allégations mensongères de la campagne de diffamation menée à son encontre ;
    – jugeons que les pressions exercées sur la justice par la presse publique mais aussi par le chef de l’État tendent, de fait, à transformer l’audience du 12 mars 2023 en une simple formalité ;
    – appelons les autorités algériennes à faire bénéficier Ihsane El Kadi, comme tout justiciable, des garanties d’un procès équitable telles que prévues dans la législation algérienne ;
    – appelons de nouveau à la libération immédiate d’Ihsane El Kadi, la détention provisoire n’étant nullement justifiée pour ce qui le concerne ;
    – demandons la mainlevée des scellés de Radio M et de Maghreb Émergent, qui pénalisent plus d’une trentaine de salariés et leurs familles.
    Le 9 mars 2023.

    – Abdennaceur Aouini, avocat au barreau de Tunisie et défenseur des droits de l’Homme
    – Saïda Ben Garrach, avocate au barreau de Tunisie et ancienne conseillère aux droits de l’Homme à la présidence de la république
    – Souad Brahma, avocate au barreau de Settat, défenseure de plusieurs détenus d’opinion et du Hirak du Rif
    – Pierre Brunisso, avocat au barreau de Paris, membre de la Ligue des droits de l’Homme
    – Ayachi Hammami, avocat au barreau de Tunisie et ancien ministre des droits de l’Homme
    – Mohamed Jaite, avocat au barreau de Paris, membre de l’Association marocaine des droits humains
    – Raphaël Kempf, avocat au barreau de Paris
    – Fatimata M’Baye, avocate au barreau de Mauritanie et présidente de l’Association mauritanienne des droits de l’Homme
    – Youssouf Thierno Niane, avocat au barreau de Mauritanie et représentant de l’Association mauritanienne des droits de l’Homme à Nouadhibou
    – Mohamed Sadkou, avocat au barreau de Rabat et défenseur de détenus d’opinion, d’activistes de mouvements sociaux et des journalistes Omar Radi et Soulaimane Raissouni, ainsi que de l’historien Maati Monjib

    Pour toutes informations : comiteavocatsiek@gmail.com
    Radio M (en arabe et français) : https://www.facebook.com/ComiteDeSoutienIhsaneElkadi
    – Mediapart : https://blogs.mediapart.fr/collectif-d-avocats-pour-la-defense-dihsane-el-kadi/blog/100323/12-mars-2023-proces-du-journaliste-algerien-ihsane-el-kadi

  4. Le président Abdelmadjid Tebboune doit cesser ses atteintes à l’indépendance de l’autorité judiciaire et à la présomption d’innocence d’Ihsane El Kadi

    Dans une allusion à peine voilée à Ihsane El Kadi, lors d’un entretien accordé à la presse algérienne, diffusé le 24 févriers 2023, le président Abdelmadjid Tebboune l’a qualifié de « khabardji » (collaborateur, informateur), l’accusant ainsi de « collusion avec des forces étrangères ».
    Il a également justifié la fermeture de Radio M et de Maghreb Émergent, dont notre mandant est directeur, par le fait qu’il s’agissait de « médias illégaux ».
    En réponse à une question sur ce qui retient les autorités de ne plus imprimer les journaux endettés envers les imprimeries publiques, le président Abdelmadjid Tebboune a, en effet, déclaré : « Mais voyez-vous […], nous avons fermé quelque chose d’illégal appartenant à un khabardji, et cela a provoqué des réunions d’avocats je ne sais où. L’Algérie est ciblée […]. ».
    Outre que ces déclarations portent atteinte à l’indépendance de la justice et à la présomption d’innocence d’Ihsane El Kadi, le chef de l’État algérien a ainsi admis sa responsabilité dans l’arrestation d’Ihsane El Kadi, en détention provisoire depuis le 29 décembre 2022, aussi bien que dans la mise sous scellés de Radio M et Maghreb Émergent.

    Le Collectif international des avocats d’Ihsane El Kadi :
    – s’élève contre cette atteinte au principe de la présomption d’innocence et considère qu’elle constitue, dans la perspective du procès d’Ihsane El Kadi, une tentative d’influencer la justice ;
    – appelle à l’arrêt des campagnes de dénigrement contre Ihsane El Kadi, ainsi que contre les médias édités par la société Interface Médias, leurs dirigeants et leurs employés ; ces campagnes, dans le climat tendu actuel, peuvent être considérées comme autant de menaces contre l’intégrité physique des personnes prises pour cible ;
    – réitère son appel à la libération immédiate d’Ihsane El Kadi, la détention provisoire n’étant en aucune manière justifiée dans son cas ;
    – rappelle qu’Ihsane El Kadi doit bénéficier de toutes les garanties d’un procès équitable telles que prévues dans la législation algérienne ;
    – invite toutes les organisations nationales et internationales des droits humains à soutenir la demande de libération d’Ihsane El Kadi et de toutes les victimes de la répression.

    Tunis, Rabat, Nouakchott, Bruxelles et Paris, le 3 mars 2023.
    Le Collectif international des avocats d’Ihsane El Kadi :
    [TUNISIE] Saïda Ben Garrach, avocate au barreau de Tunisie et ancienne conseillère aux droits de l’Homme à la présidence de la république ; Ayachi Hammami, avocat au barreau de Tunisie et ancien ministre des droits de l’Homme ; Abdennaceur Aouini, avocat au barreau de Tunisie et défenseur des droits de l’Homme ;
    [MAROC] Souad Brahma, avocate au barreau de Settat, défenseure de plusieurs détenus d’opinion et du Hirak du Rif ; Abderrahim Jamaï, avocat au barreau de Rabat, ancien bâtonnier, membre du collectif d’avocats en défense des détenus du Hirak du Rif ; Mohamed Sadkou, avocat au barreau de Rabat et défenseur de détenus d’opinion, d’activistes de mouvements sociaux et des journalistes Omar Radi et Soulaimane Raissouni, ainsi que de l’historien Maati Monjib ;
    [MAURITANIE] Fatimata M’Baye, avocate au barreau de Mauritanie et présidente de l’Association mauritanienne des droits de l’Homme ; Youssouf Thierno Niane, avocat au barreau de Mauritanie et représentant de l’Association mauritanienne des droits de l’Homme à Nouadhibou ;
    [BELGIQUE] Alexis Deswaef, avocat au barreau de Bruxelles, vice-président de la Fédération internationale pour les droits humains et président d’honneur de la Ligue des droits humains ;
    [FRANCE] Raphaël Kempf, avocat au barreau de Paris ; Pierre Brunisso, avocat au barreau de Paris, membre de la Ligue des droits de l’Homme ; Mohamed Jaite, avocat au barreau de Paris, membre de l’Association marocaine des droits humains.

    Pour toutes informations : comiteavocatsiek@gmail.com

  5. S’agit-il ici ici d’une simple information et ne peut-on pas signer la pétition ?
    Je suis retournée à Europe solidaire et Reporters-dz: rien qui permette de rejoindre les signataires. C’est frustrant d’être condamnée à rester au balcon.

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