La Confédération paysanne ne peut se satisfaire des annonces du gouvernement et poursuit la mobilisation (+ autres textes)

  • La Confédération paysanne ne peut se satisfaire des annonces du gouvernement et poursuit la mobilisation
  • Union syndicale Solidaires : Vivre et non survivre ! Soutien à l’agriculture paysanne
  • Attac France : Salarié·es, paysan·nes, convergeons ! Nous voulons vivre dignement de notre travail
  • Aux côtés des paysan·nes, pour une agriculture paysanne
  • Via Campesina : Sauvons les fermes et leur transition ! La FUGEA se mobilise pour crier le désarroi de ses membres

Face aux difficultés exprimées par le monde agricole, les annonces du Premier ministre ce soir sont largement insuffisantes voire, pour certaines d’entre elles, totalement éloignées des réalités et de l’urgence d’agir sur le revenu paysan pour redonner des perspectives d’avenir à toutes les fermes. C’est pourquoi la Confédération paysanne va continuer la mobilisation ce week-end-end et la semaine prochaine, dont le 1er février à Bruxelles à l’appel du syndicat belge FUGEA.

Des mesures conjoncturelles, d’urgence et d’aides à la trésorerie ont été annoncées pour les agriculteurs et agricultrices impactées par la MHE, les tempêtes, les inondations et pour celles et ceux en agriculture biologique. Elles étaient indispensables, attendues depuis trop longtemps et revendiquées par la Confédération paysanne depuis le début de ces différentes crises.

Parce que nos revenus ne sont pas sécurisés par une interdiction d’achat de nos produits sous nos coûts de revient, ce sont des mesures structurelles que nous attendions avec des prix minimums garantis, de la régulation des marchés (y compris en Europe) et de la maîtrise des volumes. Au-delà du respect (enfin !) de la loi Egalim, aucune annonce aujourd’hui pour garantir des prix rémunérateurs pour nos produits agricoles, qui constituent pourtant l’enjeu principal.

Sur le Mercosur*, le gouvernement français doit agir maintenant en stoppant les négociations qui sont au bord de la conclusion. Annoncer que la France « ne signera pas le Mercosur* » ne veut rien dire ; la preuve Emmanuel Macron le répète depuis 2020, ce qui n’empêche nullement les négociations de se poursuivre en ce moment même !

Pire, le Premier ministre répond à des demandes productivistes et à court terme de la FNSEA* qui vont affaiblir les normes et accélérer la mise en concurrence entre paysan·nes. Or la préoccupation première sur le terrain est bien de vivre dignement de son métier. La surcharge administrative doit être allégée sans que cela ne remette en cause les normes protectrices pour notre santé, nos droits sociaux et notre planète.

Pour réussir la transition agroécologique nécessaire et inéluctable, ce dont nous avons besoin, c’est d’un accompagnement économique à la hauteur de nos besoins et des enjeux du changement climatique et de la biodiversité.

Nous poursuivons donc les mobilisations pour rassembler le plus largement possible et offrir enfin un avenir désirable, sécurisé et durable pour des paysannes et paysans nombreux et rémunérés, fiers de produire une alimentation de qualité.

https://www.confederationpaysanne.fr/rp_article.php?id=14113

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Vivre et non survivre ! Soutien à l’agriculture paysanne

Les actions et blocages en cours sur une partie du territoire révèlent le malaise profond qui traverse le monde agricole. Il est principalement lié aux difficultés qu’ont les agricultrices et agriculteurs à vivre décemment de leur travail. Comment cela est-il possible alors que les prix en magasin des produits alimentaires ont augmenté fortement ces dernières années, prenant toujours plus de part de nos salaires, surtout pour les bas revenus ?

Cette situation est la conséquence directe du modèle de développement ultra-libéral mené par la France et l’Union Européenne centré sur l’industrie agro-alimentaire et la grande distribution qui dégagent de grosses marges et accentuent l’inflation. Et ce sont les agricultrices et agriculteurs,captifs et captives de ce système concurrentiel, qui doivent produire toujours plus pour survivre en remboursant les emprunts de financement (matériel, terres…) dans un cercle infernal qui mène de trop nombreuses fois au suicide. Cela renforce la pression sur l’utilisation de produits chimiques. Tout cela accélère également la diminution du nombre d’exploitations agricoles et l’accaparement des terres, notamment par de grands groupes et multinationales tels que LVMH.

La production agricole est dès lors vue comme un « business comme un autre ». Dans ce modèle inégalitaire, des gros patrons et des actionnaires se gavent, en particulier de subventions, pendant que des petits triment et meurent . En France, les gouvernements se suivent et renforcent ce système qui marche sur la tête : la destruction et l’appauvrissement ici provoque la destruction de l’agriculture dans les pays les plus pauvres accélérant exodes ruraux et migrations par le jeu des exportations dans le monde entier de produits à bas coûts, car subventionnés.

La mobilisation actuelle, qui existe également en Europe (Pologne, Allemagne, Pays-Bas…) et qui va peut-être s’étendre, révèle l’impasse de ce mode de production capitaliste. Si le gouvernement a peur et laisse totalement faire les blocages et dégradations, là où les militant.es des mouvement sociaux et écologistes sont habituellement violemment réprimés, c’est pour la place particulière des paysan.nes dans notre société, par le poids des lobbys patronaux comme la FNSEA et la construction de clientèles électorales. Les réponses populistes qui risquent d’être apportées contre « les normes environnementales » par exemple, du gouvernement à l’extrême-droite, ne feraient qu’accentuer la fuite en avant.

Au contraire, il faut prendre des mesures pour que les paysan.nes puissent vivre correctement : aucun produit agricole ne doit pouvoir être acheté en dessous de son prix de production. La façon dont est élaborée la nourriture, l’impact sur les populations et sur l’environnement doit être pris en compte. Il est même possible de créer de nouveaux droits… Notre Union questionnera la sécurité sociale de l’accès à l’alimentation pour la population lors de son prochain congrès.

Pour l’Union syndicale Solidaires il faut sortir des traités internationaux de libre échange qui détruisent l’agriculture paysanne. C’est l’enjeu de la relocalisation en France des productions agricoles avec le maintien d’une agriculture paysanne plus sobre en transport et intrants. Nous pouvons changer de modèle et aller vers la création de centaines de milliers d’emplois dans le monde paysan, tout en répondant aux enjeux environnementaux majeurs.

Avec l’Alliance Écologique et Sociale, Solidaires porte notamment l’idée de construire une véritable démocratie agricole et alimentaire transparente, de gagner le même droit pour tou-te-s à une alimentation saine et de qualité tout en renforçant la souveraineté alimentaire.

Dans cette mobilisation, nous sommes aux côtés de la Confédération paysanne. Ces questions nous concernent toutes et tous : la production de nourriture et de produits alimentaires est essentielle à nos vies !

https://solidaires.org/sinformer-et-agir/actualites-et-mobilisations/communiques/vivre-et-non-survivre-soutien-a-lagriculture-paysanne/

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Salarié·es, paysan·nes, convergeons !
Nous voulons vivre dignement de notre travail

La crise actuelle dans le monde agricole révèle l’impasse du mode de production capitaliste qui broie les humains et détruit notre environnement. Le modèle de développement ultra-libéral centré sur l’industrie agro-alimentaire et la grande distribution dégagent de grosses marges, accentuent l’inflation et écrasent les agricultrices et agriculteurs, captifs et captives de ce système concurrentiel, qui doivent produire toujours plus pour survivre.

Ces questions nous concernent toutes et tous : la production de nourriture et de produits alimentaires est essentielle à nos vies ! Dans cette mobilisation, Solidaires est aux côtés de la Confédération paysanne.

Ne nous trompons pas de cibles : ce ne sont pas les salarié·es des banques, de la sécurité sociale agricole, des préfectures ou des finances publiques qui sont responsables de la situation des paysan·nes. Ce ne sont pas les « normes » nécessaires – et encore insuffisantes – pour les droits des salarié·es, la santé, les conditions de travail ou l’environnement qui doivent diminuer. Les réponses prévues du gouvernement, main dans la main avec la FNSEA, ne font globalement que renforcer la fuite en avant productiviste comme extractiviste avec les mégabassines, loin des préoccupations sociales et écologistes.

L’urgence, c’est le partage des richesses produites et de pouvoir vivre dignement de son travail. Pendant que les actionnaires du CAC 40 se partagent presque 100 milliards d’euros de dividendes, que le nombre de millionnaires croît et que la richesse des milliardaires explose, de plus en plus de travailleuses et travailleurs se retrouvent dans une situation précaire, face à l’inflation. Nous rappelons également que les femmes ont toujours, en moyenne, des salaires inférieurs de 20% à ceux des hommes.

Les paysan·nes ne sont pas les seul·es à se mobiliser sur la question des rémunérations : lundi 29 janvier les agent·es des finances publiques sont appelé·es à la grève, tout comme dans l’énergie le mardi 30. La grève dans l’éducation nationale le 1er février est axée notamment sur la question des salaires. Dans le rail, le 6 février marque le début d’une grève reconductible dans les technicentres sur ce sujet.

La crise sociale est réelle et profonde. L’Union syndicale Solidaires appelle, partout où c’est possible à échanger, se regrouper, converger, en restant clair·es sur nos valeurs : l’extrême-droite est l’ennemie des travailleuses et des travailleurs.

Créons les conditions d’un grand « toutes et tous ensemble » pour construire, par nos mobilisations, le rapport de force nécessaire pour imposer des hausses de salaires, pensions de retraites, minima sociaux et assurer un revenu agricole supérieur aux coûts de production. Nous n’aurons que ce que nous irons chercher ensemble.

https://solidaires.org/sinformer-et-agir/actualites-et-mobilisations/communiques/salariees-paysannes-convergeons/

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Aux côtés des paysan·nes, pour une agriculture paysanne

Communiqué d’Attac France du 27/01/2024 sur la mobilisation en cours des agriculteur·ices.

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La mobilisation en cours des agriculteur·ices est la conséquence d’un modèle agricole productiviste qui a conduit à la disparition de milliers d’exploitations et à l’appauvrissement de très nombreux paysan·nes (de 1,6 million en 1982 à 400 000 en 2019, 100 000 fermes disparues depuis 2010, 18% des paysan·nes sous le seuil de pauvreté). Les responsables de ce système sont aussi bien les politiques françaises et européennes, la mondialisation des échanges et en particulier les accords de libéralisation du commerce, que les représentant·es majoritaires des agriculteur·ices , dont les dirigeant·es ont contribué à transformer l’agriculture en agro-business, au profit de quelques-un·es, et ont très bien su utiliser à leur avantage les règles de la politique agricole commune (PAC).

Mais tandis que certains au sein de l’agro-industrie s’enrichissent, la majorité des paysan·nes s’appauvrit, s’endette, et connait des conditions de travail souvent difficiles. Leur mobilisation est donc pleinement légitime, car en posant la question du revenu des paysan·nes, c’est l’impasse d’un modèle productiviste qui est pointée, celui d’une agriculture incapable de fournir des produits sains et de qualité, incapable d’assurer la souveraineté alimentaire, incapable de permettre aux paysan·nes de vivre de leur travail, incapable de respecter la biodiversité.

Des revendications détournées au profit de l’agro-business
La question des normes environnementales mises en avant par la FNSEA est une façon de détourner l’attention. Il existe certes des normes qui posent de nombreux problèmes pour les paysan·nes (le puçage obligatoire des animaux par exemple), mais ce que dénonce l’organisation majoritaire, c’est surtout la volonté de diminuer les pollutions induites par l’agro-industrie. Cette orientation est aussi celle du gouvernement qui, par exemple, envisage de supprimer les autorisations environnementales pour faciliter la construction de gros bâtiments d’élevage industriels. De même, les politiques européennes restent très modestes en matière de contraintes environnementales : loi sur la restauration de la nature vidée de sa substance, autorisation du glyphosate reconduite, rejet du projet de réduction des pesticides par le Parlement européen, projet d’autorisation de nouveaux OGM…

Le Rassemblement National n’est pas, lui non plus, l’ami des petit·es paysan·nes. Le RN a voté d’une seule voix, aux côtés d’En marche et des Républicains, une nouvelle version de la Politique agricole commune (PAC) pour 2023-2027, qui tourne le dos à l’urgence climatique et favorise l’agrobusiness aux dépens des milliers d’agriculteur·ices qui, chaque année, doivent renoncer à exercer leur métier et à faire vivre leur exploitation à taille humaine.

Le gouvernement ne propose rien pour le revenu des paysan·nes
Les annonces gouvernementales ne règleront rien, bien au contraire. L’idéologie productiviste et néolibérale de ce gouvernement, qu’il partage avec les syndicats agricoles majoritaires, s’affiche au grand jour. Aucune proposition permettant aux agriculteur·ices de vivre décemment de leur travail, mais un déballage législatif écocidaire conduisant à l’accélération des projets en tout genre : facilitation des projets de retenues collinaires et méga-bassines, mise sous tutelle préfectorale de l’Office français de la biodiversité (OFB), réduction des ambitions en matière de préservation des zones humides, maintien de la niche fiscale pour détaxer le gazole agricole… Alors qu’aucune mesure ne concerne le revenu paysan et l’accès au foncier agricole, comment se satisfaire des dérisoires propositions restantes : aide d’urgence de 50 millions d’euros au bio, opposition au traité de libre-échanges EU-MERCOSUR mais pas aux autres traités, et trois sanctions dites très « lourdes » contre des entreprises qui ne respecteraient pas la loi Egalim.

Stopper la fuite en avant libérale de l’agro-industrie
Les accords de libre échange illustrent particulièrement les dégâts auxquels sont exposés les paysan·nes et les consommateur·ices. Les accords récemment négociés ou en cours de finalisation (UE-Nouvelle-Zélande, ratifié en décembre 2023, UE-Chili en cours de ratification, UE-Mercosur, en cours de finalisation) vont conduire à l’importation de dizaines de milliers de tonnes de viande, de fromage, de lait, d’éthanol…. A force de mettre tous les agriculteur·ices en concurrence dans un système de mondialisation néolibérale, leurs conditions de vie et de travail sont nivelées par le bas, ce qui menace de liquider la petite paysannerie au profit des multinationales de l’agrobusiness. Ces accords encouragent l’agriculture intensive qui est un des plus gros émetteurs de gaz à effet de serre. Or, 80% des député·es UE ont approuvé l’accord UE-Chili mercredi dernier, en particulier les libéraux (dont Renaissance), le Parti Populaire Européen allié des Républicains, l’extrême-droite (avec une absence du Rassemblement National) et les sociaux-démocrates.

Pour les droits des paysan·nes, pour sauver le climat, il est primordial de mettre fin à de tels accords : arrêt définitif des négociations de l’accord de libre-échange UE-Mercosur, moratoire sur tous les autres accords commerciaux en négociation et réexamen de tous les accords en vigueur.

Mais cela ne peut suffire pour assurer un revenu décent aux paysan·nes, et il faut, comme le revendique la Confédération Paysanne, une loi interdisant l’achat de nos produits agricoles en-dessous de leur prix de revient. Pour cela, il est urgent de s’en prendre à la filière de transformation et de distribution, alors que les multinationales de l’agroalimentaire et de la grande distribution font des profits énormes.

Au-delà de cette urgence économique pour les paysan·nes, le modèle agricole et alimentaire actuel doit être profondément transformé : prix rémunérateurs assurés, arrêt de l’artificialisation des terres, défense du foncier agricole qui doit servir pour les productions vivrières, redistribution des aides pour s’attaquer à l’agrobusiness, création et soutien des circuits-courts et micro-filières (qui constituent des réponses tout à fait viables et adaptées aux besoins des producteur·ices comme des consommateuric·es), bifurcation agroécologique pour donner la priorité à l’installation de nouveaux et nouvelles paysan·nes…

La question agricole nous concerne tous et toutes. Ce qui est produit, c’est ce que nous mangeons tous les jours. La juste rémunération des paysan·nes implique aussi de repenser les modes de distribution alimentaires et la façon d’accéder à de la nourriture bio, de qualité, produite au plus près des consommateur·ices, ce qui nécessite dans l’immédiat des hausses de salaires pour pouvoir se nourrir correctement, et au-delà d’envisager des modèles alternatifs de consommation.

Aux côtés de la Confédération Paysanne et plus largement des paysan·nes mobilisé·es, Attac appelle à soutenir les revendications pour « un revenu digne pour tous les paysans et paysannes » et une rupture avec les accords de libre-échange, et à rejoindre les actions qui défendent ces revendications.

https://france.attac.org/actus-et-medias/salle-de-presse/article/communique-aux-cotes-des-paysan-nes-pour-une-agriculture-paysanne

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Sauvons les fermes et leur transition !
La FUGEA se mobilise pour crier le désarroi de ses membres

Malgré des efforts depuis des années pour faire évoluer nos fermes vers une agriculture et une société plus durables, nous, agriculteurs et agricultrices de la FUGEA, sommes aujourd’hui dans des impasses économiques, sociales et environnementales. Il n’est plus possible de continuer ainsi. Nous exprimerons donc notre ras-le-bol et notre incompréhension à travers plusieurs actions toute la semaine prochaine. Celles-ci seront détaillées lors de notre conférence de presse ce vendredi matin.

La FUGEA est un syndicat agricole composé de producteurs et de productrices qui sont conscients des enjeux sociaux et environnementaux. Nous avons toujours été acteurs et actrices de l’évolution de notre secteur vers plus de durabilité et avons consentis à des changements importants dans nos fermes afin de répondre aux défis de notre société. Entre autres exemples de ces changements, le passage vers des systèmes herbagers plus autonomes, la transition vers l’agriculture biologique ou l’agriculture de conservation ou une agriculture plus autonome, le développement de la vente en circuits courts,…

Tous des changements qui ont demandé des efforts et des risques importants, que nous avons osé prendre car nous sommes conscients du besoin de changer et avions l’espoir d’améliorer nos conditions de vie.
Malgré ces efforts, force est de constater que nos conditions de travail et de rémunération ainsi que la considération envers notre profession sont loin d’avoir évolués dans le bon sens

Pour la FUGEA, ce constat d’échec trouve sa source dans une série de facteurs qui, mis ensemble, forme un cocktail explosif.

Les politiques publiques :
Nous faisons évoluer nos pratiques sur le terrain mais cette transition doit être soutenue par des politiques fortes et cohérentes. Aujourd’hui, nous sommes dans une dynamique inverse : charges administratives intenables, empilement de règles complexes, baisse de budget, changements continus, communication tardive, surcontrôles, etc. Comme le rappelle le Président de la FUGEA « Même en étant de bonne volonté, il est impossible de suivre la réglementation. Résultat : on travaille dans l’incertitude et dans le stress perpétuel ce qui freine les installations et la transition ».

Cette situation, déjà difficile à vivre au quotidien dans les fermes, est d’autant plus inaudible pour le secteur que l’Europe met consciemment notre agriculture en concurrence avec des produits qui ne respectent pas nos normes. 

La libéralisation de l’agriculture détruit à petit feu nos exploitations 
il est plus que temps de revoir les règles de jeu. Comme le rappelle Hugues Falys, porte-parole de la FUGEA : « 
Il faut arrêter de nous prendre pour des magiciens : être plus vert avec moins d’argent (baisse des budgets de la PAC) et en étant concurrentiel sur les marchés mondiaux, ce n’est pas possible ».

Les acteurs agro-industriels et la grande distribution
Les filières agro-industrielles sont les premiers acheteurs de nos produits. Réfractaires au changement lorsque nous avons été pionniers dans l’évolution de nos pratiques, ces acteurs ont changé leur fusil d’épaule depuis quelques années pour récupérer l’image positive liée à notre transition. Ils nous « encouragent » maintenant à continuer dans cette direction et à multiplier les efforts de transition dans nos fermes.

Malgré nos efforts, une chose n’a pourtant pas changé : les prix d’achats de nos productions ! Comment peut-on nous demander de faire évoluer nos pratiques sans nous apporter le retour financier nécessaire pour soutenir cette transition ?

Ce constat est d’autant plus criant que nous avons connu, les deux années précédentes, une inflation sans précédent. Cette inflation s’est matérialisée dans les prix de vente aux consommateurs mais, du côté des producteurs, le prix d’achat de nos productions est resté identique. Alors que nos charges ont quant à elles explosées.

Mais où donc est passée la marge ? La réponse nous semble évidente… Et il est insupportable, alors que nous peinons plus que jamais à garder la tête hors de l’eau, de savoir que nos « partenaires » dans les filières enregistrent des résultats économiques sans précédents. Il n’y a plus d’autres solutions que de mettre urgemment en place des solutions concrètes pour interdire l’achat de productions agricoles en-dessous de leur prix de revient et d’obliger à une transparence des industriels et grandes surfaces sur leurs marges bénéficiaires. Aujourd’hui, les acteurs de l’agro-industrie sont en grande majorité coupables de la situation dans nos fermes et nous allons fermement leur rappeler.

Les citoyens et citoyennes
Base de notre société, ils sont le moteur des changements opérés par le secteur. Au fil du temps, ils nous ont légitimement poussés à adapter nos modes de production face aux grands défis : le changement climatique, la perte de la biodiversité, la production d’une nourriture locale de qualité, le respect du bien-être animal. Les agriculteurs et agricultrices que nous représentons ont répondu en grande partie à leurs attentes. En témoignent la conversion de nombreuses fermes vers l’agriculture biologique, le développement de productions en circuits courts, l’évolution vers des systèmes d’élevage davantage basés sur l’herbe, moins dépendants de soja importé et plus respectueux de nos animaux,…

Pendant un temps, les citoyens et citoyennes nous ont soutenus, par leurs actes d’achat. Mais depuis plusieurs années, c’est la douche froide : diminution des achats de produits bio et de qualité différenciée, disparation des clients de nos points de vente locaux, agri-bashing envers les éleveurs,… Citoyens et citoyennes, nous avons besoin de vous pour continuer la transition dans nos fermes. Sans vous, nous sommes livrés au dictat de l’agro-industrie. Manger est politique et vos choix de consommation conditionnent notre avenir.

Base de notre société, ils sont le moteur des changements opérés par le secteur. Au fil du temps, ils nous ont légitimement poussés à adapter nos modes de production face aux grands défis : le changement climatique, la perte de la biodiversité, la production d’une nourriture locale de qualité, le respect du bien-être animal. Les agriculteurs et agricultrices que nous représentons ont répondu en grande partie à leurs attentes. En témoignent la conversion de nombreuses fermes vers l’agriculture biologique, le développement de productions en circuits courts, l’évolution vers des systèmes d’élevage davantage basés sur l’herbe, moins dépendants de soja importé et plus respectueux de nos animaux,…

Trop c’est trop
Aujourd’hui nous sommes déboussolés, peinés, en colère. La lente mort de notre profession se dessine devant nous, malgré nos nombreuses mises en garde. A nouveau, nous nous mobiliserons pour défendre ce métier que nous aimons plus que tout. Pour faire bouger les lignes, pour être compris par nos décideurs et décideuses, pour offrir un avenir à nos fermes.

Pour faire entendre nos revendications et nos propositions, nous organiserons toute la semaine prochaine des actions pour rappeler aux différents acteurs, à tous les niveaux, leur part de responsabilité. Et nous exigerons d’eux des solutions urgentes !

Le détail des actions prévues et de nos revendications seront précisées ce vendredi matin, lors d’une conférence de presse dans la ferme De Warelles.

https://viacampesina.org/fr/sauvons-les-fermes-et-leur-transition-la-fugea-se-mobilise-pour-crier-le-desarroi-de-ses-membres/

Rappel
La Confédération paysanne appelle à se mobiliser pour des paysannes et paysans nombreux et rémunérés !
https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2024/01/26/la-confederation-paysanne-appelle-a-se-mobiliser-pour-des-paysannes-et-paysans-nombreux-et-remuneres/

Auteur : entreleslignesentrelesmots

notes de lecture

Une réflexion sur « La Confédération paysanne ne peut se satisfaire des annonces du gouvernement et poursuit la mobilisation (+ autres textes) »

  1. Agriculteurs et écolos : nous refusons d’être catalogués comme ennemis
    Avec cette tribune nous nous adressons à tous les agriculteurs et agricultrices ayant manifesté leur colère ces derniers jours, mais aussi à toutes celles et ceux qui hésiteraient encore à les rejoindre. Nous, organisations écologistes, paysan-nes et militant-e-s pour un autre modèle agricole depuis des décennies partageons cette colère, et refusons le discours dominant qui voudrait faire de nous vos ennemis.

    Nous sommes en colère parce que nous savons que la destruction des conditions de vie des paysan-ne-s comme la destruction des écosystèmes profitent aux mêmes personnes, et que ce ne sont ni vous ni nous.

    https://terresdeluttes.fr/tribune-agriculteurs-et-ecolos-nous-refusons-detre-catalogues-comme-ennemis/

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