UKRAINE : lundi 25 mars projection du film « Bataillon Invisible »

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Le documentaire « Bataillon Invisible » a été l’un des outils majeurs d’une vigoureuse campagne contre l’invisibilisation des femmes qui combattent l’invasion poutinienne les armes à la main et pour l’égalité de leurs droits, aujourd’hui consacrés par la loi. Une belle victoire mais un combat qui continue contre les discriminations à l’armée et dans la société.

Lundi 25 mars à 19 heures
projection exceptionnelle du film ukrainien
« Bataillon Invisible »
sur les femmes qui combattent dans l’armée ukrainienne,
suivie d’un débat en visio avec Kyiv
(Maison de l’Amérique latine –
217 boulevard Saint Germain 75007 Paris)

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6 portraits-témoignages de soldates, tournés par 3 réalisatrices ukrainiennes : Alina Gorlova, Svitlana Lyschynska et Iryna Tsilyck. La productrice de ce remarquable documentaire, Maria Berlinska, a combattu dans le Donbass (bataillon Aidar) et fondé le Centre ukrainien de reconnaissance aérienne qui offre une formation gratuite au pilotage de drones militaires.

Soldates de fait mais pas de droit
Ce film est bien plus qu’un film : ce fut l’un des outils majeurs d’une vaste campagne pour l’égalité des droits sous l’uniforme et contre l’invisibilisation des soldates qui se traduisait notamment par l’absence de statut reconnu à celles qui prenaient les armes et l’occultation des discriminations sexistes. N’étant, à l’époque, pas officiellement autorisées à occuper des postes de combat, les femmes rejoignant l’armée ne pouvaient être recrutées que comme « personnel de soutien » (cuisinières, femmes de ménage, comptables…). Bien que combattant comme eux, elles n’avaient donc pas accès aux mêmes contrats, aux mêmes salaires, aux mêmes protections juridiques et sociales, aux mêmes soins médicaux que leurs frères d’arme.

Deux autres films ont suivi : Invisible Battalion 2.0, sur les difficultés du retour à la vie civile pour les vétéranes, et Invisible Battalion 3.0 sur le harcèlement sexuel à l’armée. La dynamique ainsi lancée a débouché sur la création du mouvement de femmes Veteranka et de l’Institut des programmes de genre, sur le tournage d’un autre documentaire « No Obvious signs » (« Aucun signe évident ») d’Alina Gorlova, sur le stress post-traumatique des combattantes.

1ère victoire : la loi de 2018
Cette puissante mobilisation féministe a obtenu l’ouverture aux femmes, en 2017, de 62 postes de combat qui leur étaient jusque là interdits. Une loi a ensuite été votée en 2018 sur « la garantie de l’égalité des droits et des chances pour les femmes et les hommes pendant le service militaire dans les forces armées ukrainiennes et autres formations militaires ». La plupart des plafonds de verre auxquels se heurtaient les soldates a sauté et leur statut de combattantes a été légalisé. Des programmes de formation ont été mis en place avec le Ministère ukrainien des affaires intérieures et l’Etat-major de l’armée.

Bien sûr, il reste des machos et des misogynes mais la loi n’est plus de leur côté. La discrimination légale ayant disparu, reste ce que les soldates appellent la « discrimination douce » et qu’elles sont de plus en plus nombreuses à rejeter.

Comme Olena Ryzh, 42 ans, qui était dans le civil restauratrice et formatrice en services de communication : elle combat aujourd’hui comme fusilière d’assaut au sein de la 47ème Brigade mécanisée Magura. « J’ai appris, dit-elle, un peu de tout : le tir, la tactique, la médecine tactique, le déminage, l’ingénierie… Je pense que nous sous-estimons le potentiel des femmes pour le service militaire et dans les positions de combat. Nous nous sous-estimons nous-mêmes : il faut croire en soi et ensuite, le commandement et la société croiront en vous » (6 mars 2024, zmina.info : retrouvez son témoignage et celui d’autres soldates sur le blog entre les lignes entre les mots, traduits par Patrick Le Tréhondat)

Des équipements adaptés aux soldates
Une grande exposition de photos de soldates a été montrée au Parlement et au Ministère de la Défense ukrainiens. Pour illustrer le visage féminin de la guerre, Olena Zelenska a cité le nom de Lyoubov Plaksynk, professeure d’histoire et première femme à commander une unité d’artillerie.

Cette « visibilisation » de la place croissante des femmes militaires a conduit à se poser la question de l’inadaptation d’un équipement jusque là exclusivement conçu pour les hommes. Des ONG ont commencé à fournir des uniformes, des sous-vêtements, des casques, des gilets pare-balles et des chaussures adaptés à la morphologie des soldates ainsi que des kits d’hygiène féminine et même des urinoirs de poche. En cette année 2024, nouvelle victoire : le Ministère de la Défense vient de commander 50 000 uniformes féminins.

Une présence croissante dans l’armée
A l’occasion du 8 mars 2024, le Ministère de la Défense ukrainien vient de publier les chiffres – en augmentation – de la présence des femmes sous les drapeaux : 45 787 soldates servent dans l’armée ukrainienne, 13 487 occupent des postes de combat, plus de 4 000 sont actuellement sur le front. Avec les civiles travaillant dans l’administration militaire, elles sont au total 62 000 dans les forces armées ukrainiennes.

Tireuses d’élite, pilotes de drones, artilleuses, aviatrices de chasse, etc., les Ukrainiennes sont aussi de plus en plus nombreuses à accéder aux académies militaires (depuis 2019) et aux grades les plus élevés. Le chemin parcouru est impressionnant : en 2014, l’armée ukrainienne comptait environ 1 600 femmes officiers, elles sont aujourd’hui plus de 8 000 dont, depuis quelques années, des femmes générales de brigade et de division.

Pour l’égalité, le combat continue
Nombre de questions que posait « Bataillon Invisible » en 2018, lors de sa sortie, sont toujours actuelles : le débat qui suivra la projection permettra de faire le point sur les avancées enregistrées depuis et les combats qui restent à mener.

Sur cette question de l’égalité des droits, dans la société et à l’armée, l’Ukraine et ses mouvements féministes très actifs sont aux antipodes du virilo-machisme poutinien et de son impérialisme patriarcal !

Lundi 25 mars à 19 heures : Maison de l’Amérique latine que nous remercions pour son hospitalité généreuse (217 boulevard Saint Germain 75007 Paris – métro Solférino ou Rue du Bac).
Inscriptions sur 
contact@ukraine-combart.org.
Une participation volontaire aux frais vous sera demandée à l’entrée.
Soirée organisée par Ukraine CombArt et le Comité français du Réseau européen de solidarité avec l’Ukraine.

https://blogs.mediapart.fr/sophie-bouchet-petersen/blog/120324/ukraine-lundi-25-mars-projection-du-film-bataillon-invisible-3

Auteur : entreleslignesentrelesmots

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