Crimes de guerre, famine, expropriations et pogroms (+ autres textes)

  • Texte de : Refuser Solidarity Network
  • Amira Hass : Les Palestiniens se demandent pourquoi les colons qui les attaquent prennent la peine de dissimuler leur visage
  • Jason Burke : Révélation : Israël a accéléré la construction de colonies à Jérusalem-Est depuis le début de la guerre de Gaza
  • Oren Ziv : Les soldats ont ouvert la voie aux colons : Les pogroms se multiplient en Cisjordanie
  • B’Tselem : Fabrication de la famine : Israël commet le crime de guerre de la famine dans la bande de Gaza
  • Salima Bouyarden : Ce matin je me suis réveillée
  • John Aziz : En tant que Palestinien, je déplore ce qui se passe à Columbia et dans d’autres campus – et ce que le Hamas nous a fait subir
  • Henri Goldman : Leçon de Pâque
  • Liens avec d’autres textes

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Refuser Solidarity Network

Ici Itamar Shapira. Je suis originaire de Haïfa, militant contre l’occupation, la guerre et l’apartheid, étudiant et guide touristique politique. Je témoigne également au sein du collectif AniSiravti (« J’ai refusé » en hébreu), une nouvelle initiative d’ancien·es réfractaires à la réserve. Nous publions des témoignages d’anciens·ne soldat·es et de soldat·es actuel·les qui déclarent leur refus de l’occupation, de l’apartheid et de la guerre contre Gaza aujourd’hui, afin de faire grandir la communauté des réfractaires. J’ai refusé de faire mon service de réserve en 2004 et j’ai passé environ trois semaines dans une prison militaire. J’aimerais partager avec vous les raisons pour lesquelles j’ai choisi de refuser et lancer un appel à la solidarité pour trouver d’autres personnes comme moi – tout·e soldat·e israélien·ne, passé ou présent, est la/le bienvenu·e.

J’ai servi de 1999 à 2002 dans l’escouade d’infanterie du génie. Nos missions nous conduisaient souvent dans des villages palestiniens de Cisjordanie, où nous cherchions à appréhender des individus impliqués dans la planification ou l’exécution d’attentats-suicides dans des bus. En entrant dans les villages et les maisons, il n’était pas rare que nous essuyions des tirs. Parfois, ceux qui nous engageaient directement et les passantes pris·es entre deux feux étaient tué·es.

Lorsque vous entrez dans un village palestinien, comme ils sont entrés dans Gaza aujourd’hui, les tirs sont indiscriminés. On ne cherche pas vraiment le terroriste. Les passant·es innocent·es font souvent les frais de la violence. Ce n’est pas accidentel, cela fait partie des règles d’engagement de tirer sur toute personne susceptible de vous blesser, y compris sur les personnes qui s’enfuient de chez elles, terrifiées, si vous les soupçonnez de porter des explosifs. D’un raid à l’autre, nous avons observé un schéma inquiétant : les personnes dont nous avions tué les parent·es perpétueraient plus tard des attaques terroristes.

Soutenir les réfractaires

Si la vengeance n’a jamais été ouvertement reconnue, elle était officieusement sous-jacente. Officiellement, nous parlions des avantages stratégiques ou tactiques de chaque opération, comme les armées des États démocratiques sont censées le faire. Lorsque j’ai réalisé que nous étions en fait dans un cycle alimenté par la vengeance et les effusions de sang, j’ai compris que ma participation n’améliorait pas la sécurité de l’État.

J’ai commencé à m’imaginer dans la peau d’un Palestinien, à me demander comment je réagirais aux invasions d’une armée étrangère bloquant et tuant des innocent·es, empêchant les ambulances d’accéder aux blessés, démolissant des maisons, etc. J’ai réalisé qu’en tant qu’Israélien, je perpétuais un cycle de vengeance pour la mort d’innocents. Si j’étais Palestinien, je chercherais probablement à me venger de la mort d’innocent·es de mon côté. Je me suis rendu compte que j’étais un pion dans un jeu. Un jeu cruel qui non seulement ne s’arrête pas, mais qui s’intensifie à chaque vengeance. S’il y a vingt ans, chaque raid ou attaque terroriste tuait jusqu’à vingt personnes, aujourd’hui, ce sont des centaines, des milliers, voire des dizaines de milliers de personnes qui sont tuées. C’est pourquoi je refuserais à nouveau aujourd’hui.

Au début de la guerre, j’avais peur de m’exprimer publiquement. La police, le gouvernement et même d’autres civils avaient recours à des mesures extrêmes pour supprimer toute opposition à la guerre contre Gaza. Mais aujourd’hui, plus que jamais, il est important de montrer aux Israélien·nes et à la communauté internationale qu’il y a des refus et des résistances à la guerre contre Gaza. Lorsque j’ai découvert le collectif AniSiravti, j’ai apprécié que d’autres s’expriment. Ils m’ont donné le courage de partager mon histoire.

AniSiravti est à la recherche d’ancien·nes soldat·es israélien·nes qui ont refusé de servir et de celles et ceux qui ont trouvé d’autres moyens de refuser leur service (pas en tant qu’objecteur de conscience politique) et qui souhaitent déclarer publiquement leur refus. Nous recherchons des personnes intéressées par la publication d’un témoignage écrit ou vidéo (avec la possibilité de rester anonyme) de leur refus et nous sommes disposés à le publier sur diverses plateformes de médias sociaux.

Si vous connaissez quelqu’un d’intéressé ou si vous souhaitez vous-même apporter un témoignage, veuillez partager et signer ce formulaire Google.

Aidez-nous à élargir notre communauté afin que nous puissions amplifier les voix des réfractaires dans un seul appel pour mettre fin à la guerre et à l’occupation.

En toute solidarité,
Itamar Shapira
https://mailchi.mp/refuser/anisiravti-testifier-itamar-shapira-states-im-a-pawn-in-a-game-that-not-only-does-not-end-with-each-revenge-it-just-intensifies?e=a69dff2a33
Traduit avec DeepL.com (version gratuite)

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Les Palestiniens se demandent pourquoi les colons qui les attaquent prennent la peine de dissimuler leur visage

Le meurtre de Binyamin Ahimeir en Cisjordanie a entraîné une vague de violence de la part des colons, sous la protection de l’armée. Mais ce n’était qu’un prétexte pour faire ce que les colons font toujours à plus petite échelle: répandre la peur, attaquer violemment des villageois et détruire des biens.

« Ce que je ne comprends pas, c’est pourquoi les colons qui nous ont attaqués étaient masqués. Après tout, personne ne les punira et personne ne leur fera quoi que ce soit », a déclaré dimanche un jeune Palestinien du village d’Al-Mughayyir. Il a été sauvé de justesse des assaillants israéliens qui ont envahi son village vendredi après-midi, environ 24 heures avant que le corps de Binyamin Ahimeir, l’adolescent juif assassiné en Cisjordanie le même jour, ne soit retrouvé.

Cette déclaration résume l’expérience collective des Palestiniens, qui dure depuis des décennies. Les colons tirent profit de la violence, qui sert l’objectif de l’État : s’emparer du plus grand nombre possible de terres palestiniennes. Grâce à cette violence systématique, des dizaines d’avant-postes agricoles israéliens non autorisés et de fermes d’élevage ont ouvertement chassé les Palestiniens de centaines de milliers d’hectares en Cisjordanie. Au cours des dernières années, la menace de la violence des colons a forcé des dizaines de communautés d’éleveurs palestiniens à plier bagage et à s’installer dans des zones construites dans les villages ou sur des terres voisines.

Lorsque le ministre de la défense Yoav Gallant a demandé aux colons « de ne pas se faire justice eux-mêmes », il n’a pas simplement répété le cliché creux que l’on entend habituellement dans ce genre de situation. Après tout, la loi n’est pas censée punir collectivement des personnes qui n’ont aucun lien avec le crime en mettant le feu à leur maison et à leur voiture. M. Gallant décrivait la réalité. L’application de la loi israélienne en Cisjordanie et le vol des terres palestiniennes – par des moyens bureaucratiques tels que l’expropriation, la confiscation, l’interdiction de construire et les démolitions, ainsi que par la peur, les menaces, la violence et l’expulsion de facto – sont les deux faces d’une même pièce.

Vendredi et samedi, les habitants d’une dizaine de villages palestiniens situés entre Ramallah et Naplouse ont vécu en sachant qu’ils étaient totalement exposés à des attaques organisées – plus violentes que d’habitude – par des Israéliens armés et protégés par l’armée. Les villageois n’ont personne pour les protéger, bien au contraire. Ils savaient que toute tentative de défense risquait de se solder par des morts et des blessés – comme cela s’est produit à Al-Mughayyir vendredi après-midi. Ils savaient aussi que l’armée était susceptible de faire une descente dans leurs maisons les nuits suivantes et d’arrêter tous ceux qui osaient essayer de tenir les colons à distance en lançant des pierres.

Le nouveau gouvernement palestinien a condamné l’attaque, comme tous ses prédécesseurs dans des occasions similaires. Mais il est lié par les accords d’Oslo, qui lui interdisent de protéger ses civils lorsque des Israéliens les attaquent, alors que l’armée israélienne protège les attaquants.

Dès vendredi après-midi, des rapports d’attaques de colons ont émergé des villages d’Al-Mughayyir, Turmus Ayya, Sinjil, Khirbet Abu Falah, Mazra’a, Luban al-Sharqiya, Atara, Duma, Qusra, Dir Dibwan et Silwad. Dans tous ces villages, les habitants ont informé les journalistes et le groupe WhatsApp « Recording settler attacks » (enregistrer les attaques des colons) d’une attaque après l’autre, d’une augmentation des foules de colons à l’entrée des villages, d’une nouvelle invasion et du blocage d’une route. Des messages enregistrés déconseillaient aux habitants de circuler sur les routes, et des photos prises à distance montraient des groupes d’Israéliens dispersés parmi les oliviers et les champs de la région.

Avant même que l’on sache qu’Ahimeir a été assassiné, et encore moins qui sont les suspects, des masses de civils israéliens qui semblent être des juifs religieux émergeant des avant-postes et des colonies de la région ont utilisé sa disparition comme excuse pour faire ce qu’ils font constamment depuis des années, juste à plus petite échelle: terroriser, attaquer les villageois, détruire les biens, empêcher les travaux agricoles et le pâturage, voler et bloquer les routes palestiniennes.

Selon les habitants d’Al-Mughayyir, au nord-est de Ramallah, Jihad Abu Alia – un jeune villageois qui a été tué par balle ce même vendredi après-midi – a été abattu par des colons et non par des soldats. Au moins quatre membres de sa famille, dont une femme et un garçon de 15 ans, ont été blessés par des tirs à balles réelles. Le garçon et la femme ont été touchés aux deux jambes, tandis qu’un homme a été blessé à la poitrine, ses proches affirmant que la balle avait presque atteint son cœur. Un autre homme a été blessé à la hanche, également par des tirs à balles réelles.

Les habitants ont déclaré que les soldats avaient protégé, par leur présence et leurs armes, les masses de civils armés, certains masqués, qui avaient fait irruption dans leur village. Comme dans des dizaines de cas, sinon plus, documentés au cours des 20 dernières années, les soldats n’ont pas empêché les envahisseurs de tirer, d’incendier des maisons et de voler un troupeau d’environ 120 moutons appartenant à un villageois – en le battant lorsqu’il a essayé d’empêcher le vol. Au cours du raid, un inconnu a abattu une vingtaine de bébés chèvres dans un autre enclos à Al-Mughayyir. L’homme grièvement blessé, Jihad Abu Alia, n’a pas pu être conduit à l’hôpital car les soldats avaient bloqué les sorties du village. Les villageois ont déclaré qu’il aurait pu être sauvé si on ne l’avait pas empêché d’être transporté dans une ambulance.

Des personnes ont porté les blessés sur plusieurs centaines de mètres pour les rapprocher de voitures privées qui pouvaient les conduire à l’hôpital, ont indiqué des villageois. Samedi matin, les villageois ont dû emprunter des routes de contournement pour ramener le corps d’Abu Alia de l’hôpital de Ramallah au village en raison des routes bloquées.

Samedi soir, dans le village de Beitin – proche de Ramallah et d’Al-Bireh au nord – un Palestinien de 17 ans, Omar Hamed, a été tué par des tirs à balles réelles lorsque des habitants se sont rassemblés à l’entrée sud-ouest du village et ont tenté d’empêcher les Israéliens de l’envahir. Les Palestiniens ont déclaré qu’un civil israélien avait tiré sur le jeune homme et l’avait tué.

Les Palestiniens ont également signalé que des civils israéliens avaient incendié d’autres maisons à Al-Mughayyir, ainsi qu’à Qusra et Douma. Des attaquants ont également mis le feu à des voitures. Les civils et les militaires israéliens ont bloqué les entrées des villages situés le long de l’axe Ramallah-Nablus, les Israéliens ont jeté des pierres sur des voitures portant des plaques d’immatriculation palestiniennes et ont tiré sur des maisons situées à la périphérie d’autres villages de la région, blessant encore plus de Palestiniens.

Au total, 91 Palestiniens de ces villages ont été blessés ce week-end : 39 par des soldats, 43 par des Israéliens et neuf dont on ne sait pas qui les a blessés. Environ la moitié d’entre eux ont été touchés par des balles réelles. Vingt-trois d’entre eux sont originaires d’Al-Mughayyir. Dans ce seul village, 21 maisons ont été entièrement brûlées par les Israéliens, qui ont également endommagé 32 véhicules et plusieurs structures agricoles, ainsi que des infrastructures d’approvisionnement en eau et d’évacuation des eaux usées. Au total, 360 arbres ont été vandalisés.

Dimanche, le jeune qui a demandé pourquoi les attaquants israéliens prennent la peine de dissimuler leur visage a rendu visite à des parents et à des habitants de son village qui, blessés par des tirs et des coups, ont été hospitalisés à l’hôpital gouvernemental de Ramallah. D’autres habitants d’Al-Mughayyir ont accompagné ou rendu visite à leurs proches blessés. Tous les patients et visiteurs ont parlé de la peur des enfants et de la crainte de les laisser seuls.

La peur des enfants n’est pas nouvelle. L’inquiétude pour les enfants n’a pas commencé le week-end dernier. Les Palestiniens de Cisjordanie ne savent pas non plus qu’ils sont totalement exposés à la violence des colons, sans aucune organisation locale ou internationale pour les protéger. Mais au cours des six derniers mois, la crainte d’une expulsion massive s’est ajoutée à la liste – expulsion non seulement de leurs terres agricoles, mais aussi de leurs maisons et de leurs villages, et de leur pays.

Les Palestiniens ont toujours dit que l’objectif du sionisme était de les expulser, comme il l’a fait massivement en 1948. Mais leur tactique du summud – la fermeté – a réussi, selon eux, à contrecarrer le plan israélien au cours des sept dernières décennies. Depuis le 7 octobre, l’hypothèse selon laquelle Israël tente de les expulser s’est renforcée. Ils observent les dizaines de milliers de civils tués à Gaza, les destructions dans l’enclave côtière, les masses de Gazaouis qui veulent partir à l’étranger pour se sauver, l’énorme pouvoir politique des colons et le discours israélien selon lequel l’expulsion « volontaire » est la solution.

Chaque attaque des colons, protégés par l’armée, est ainsi perçue par les Palestiniens comme une nouvelle étape dans la réalisation d’un plan israélien visant à les expulser de leur pays.

Amira Hass, Haaretz, 20 avril 2024
Traduction : Thierry Tyler Durden  

https://agencemediapalestine.fr/blog/2024/04/21/les-palestiniens-se-demandent-pourquoi-les-colons-qui-les-attaquent-prennent-la-peine-de-dissimuler-leur-visage/

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Révélation : Israël a accéléré la construction de colonies à Jérusalem-Est depuis le début de la guerre de Gaza

Exclusif : Les ministères et les services gouvernementaux à l’origine des projets les plus controversés, qui créeront des milliers d’unités de logement

Le gouvernement israélien a accéléré la construction de colonies à Jérusalem Est. Plus de 20 projets totalisant des milliers d’unités d’habitation ont été approuvés ou ont avancé depuis le début de la guerre à Gaza il y a six mois, selon des documents de planification.

Des ministères et des bureaux du gouvernement israélien sont à l’origine de tous les projets les plus importants et les plus controversés, parfois en association avec des groupes nationalistes de droite qui tentent depuis longtemps d’expulser les Palestiniens de leurs maisons dans certaines parties de la ville.

L’approbation ou la construction rapide de colonies illégales au regard du droit international est susceptible de nuire davantage aux relations d’Israël avec l’administration Biden.

La guerre a été déclenchée par des attaques surprises du Hamas contre Israël le 7 octobre, qui ont tué 1 200 personnes, pour la plupart des civils.

« L’accélération de ces plans a été sans précédent au cours des six derniers mois », a déclaré Sari Kronish, de l’organisation israélienne de défense des droits de l’homme Bimkom – Planners for Planning Rights (Planificateurs pour les droits de la planification). « Alors que de nombreux organismes gouvernementaux ont été fermés ou ont eu une activité limitée après le 7 octobre, les autorités chargées de la planification ont continué à aller de l’avant, faisant progresser ces plans à une vitesse sans précédent. »

Les nouvelles colonies offriront des logements à la population juive majoritaire d’Israël dans des parties de Jérusalem qui ont été unilatéralement annexées par Israël en 1980, et constitueront probablement un obstacle à toute tentative de création d’un État palestinien viable ayant l’est de la ville pour capitale.

Avec la guerre à Gaza, l’accent est à nouveau mis sur une solution à deux États pour le conflit israélo-palestinien, comme le prévoyaient les accords d’Oslo au début des années 1990.

Les États-Unis, l’Union européenne et le Royaume-Uni ont récemment imposé des sanctions à certains colons en Cisjordanie, dans un contexte de montée de la violence.

Les autorités israéliennes chargées de l’aménagement du territoire ont approuvé deux nouvelles colonies depuis le début de la guerre, les premières à être approuvées à Jérusalem Est depuis plus de dix ans. L’extension d’une colonie fermée de haute sécurité appelée Kidmat Zion, au cœur du quartier palestinien de Ras al-Amud, à la périphérie orientale de la ville, est également en passe d’être approuvée, sous réserve des commentaires du public.

La décision concernant Kidmat Zion a été prise 48 heures seulement après l’attaque du Hamas, le 7 octobre. Le gouvernement a été officiellement associé au projet lors d’une audience de planification un mois plus tôt, comme le montrent des documents publiés sur le site web des autorités chargées de la planification.

Deux grands projets encadrent désormais la communauté palestinienne de Beit Safafa, dont la majeure partie se trouve à Jérusalem Est. Le premier, connu sous le nom de Givat Hamatos, a été gelé pendant une décennie en raison de l’opposition internationale. Les travaux ont repris en 2020 et le mois dernier, le site était occupé par des ouvriers, des machines lourdes et des camions.

Selon les documents de planification officiels les plus récents, l’« initiateur » et « demandeur » du projet est l’Autorité foncière israélienne, un organisme gouvernemental. Le document indique que les parties prenantes sont, entre autres, l’État d’Israël et la municipalité de Jérusalem.

Un deuxième grand lotissement, connu sous le nom de Givat Shaked, sera construit au nord-ouest de Beit Safafa, sur une parcelle de prés et d’arbres.

Les documents officiels consultés par le Guardian montrent que l’entité qui a officiellement déposé le plan est l’Autorité de développement de Jérusalem, un organe statutaire qui vise à « promouvoir Jérusalem en tant que ville internationale de premier plan dans le secteur économique et en termes de qualité de vie dans le domaine public ».

L’« initiateur » du projet est le ministère de la Justice, par l’intermédiaire d’un bureau connu sous le nom de « Gardien général », qui revendique la responsabilité des terres sur lesquelles Givat Shaked sera construit parce qu’elles comprennent des parcelles substantielles qui avaient des propriétaires juifs avant 1948.

Le projet de Givat Shaked a été une source de division depuis que la construction a été proposée pour la première fois au milieu des années 1990. Les craintes que ce projet ne menace le processus de paix d’Oslo ont suscité l’indignation de la communauté internationale et Washington a poussé Israël à annuler le projet.

Il y a deux ans, le projet a repris de la vigueur. La ministre de l’intérieur de l’époque, Ayelet Shaked, a rejeté toute revendication de contrôle palestinien sur l’est de Jérusalem et a déclaré qu’il était « impensable d’empêcher le développement et la construction dans cette zone, ou n’importe où ailleurs dans la ville ».

Shaked a également souligné la nécessité « d’augmenter l’offre de logements » à Jérusalem. D’autres partisans du projet ont affirmé que les Palestiniens pourraient s’installer dans le nouveau « quartier ».

L’autorisation de construire a été accordée le 4 janvier de cette année.

Le projet prévoit des tours de 700 logements sur le seul terrain de Beit Safafa où la communauté musulmane majoritaire, forte de 17 000 personnes, pourrait s’étendre pour loger les jeunes. Dans le quartier, comme ailleurs, des obstacles bureaucratiques et d’autres restrictions empêchent généralement les Palestiniens de construire des maisons plus grandes.

« Notre famille est ici depuis 250 ans… Aujourd’hui, j’ai un trou noir dans le cœur, car je ne vois pas comment mes enfants et mes petits-enfants pourront passer leur vie ici », a déclaré Ahmed Salman, 71 ans, président du conseil communautaire de Beit Safafa.

« Nous avons eu de bonnes relations avec la municipalité à une époque, mais pas ces dernières années. Depuis la guerre, la vie continue, mais ils ont approuvé le plan et rejeté toutes nos objections. Nous faisons appel, mais je ne suis pas optimiste. »

Un troisième projet, également près de Beit Safafa, est connu sous le nom de Lower Aqueduct et implique la construction d’une grande colonie adjacente à un quartier palestinien. Le plan de Lower Aqueduct a été entièrement approuvé le 29 décembre.

Le site est situé à cheval sur la ligne de démarcation entre Jérusalem Est et la partie occidentale de la ville. L’initiateur et demandeur du projet est l’Autorité foncière israélienne, comme le montrent les documents.

« De nombreux plans de colonisation sont stratégiquement conçus pour des zones situées le long du périmètre sud de Jérusalem-Est », a déclaré Amy Cohen, d’Ir Amim, une ONG israélienne de défense des droits de l’homme basée à Jérusalem. S’ils sont construits, ils fractureront davantage l’espace palestinien… et créeront un effet de « fermeture » de Jérusalem-Est par rapport à Bethléem et au sud de la Cisjordanie. De telles mesures compromettent directement les conditions nécessaires à la création d’un État palestinien indépendant et viable, doté d’une capitale contiguë à Jérusalem-Est.

« Tout cela en interrompant complètement la planification et la construction pour les Palestiniens dans la ville. »

Le procès-verbal d’une réunion de planification tenue en septembre montre que le bureau du Gardien général a été accepté comme codemandeur pour le plan Kidmat Zion, bien que celui-ci ait été lancé par une société privée établie par une organisation appelée Ateret Cohanim, un groupe qui s’efforce d’accroître la population juive de Jérusalem Est.

Ateret Cohanim a été accusée d’être à l’origine de tentatives d’expulsion de Palestiniens à Jérusalem-Est et de prise de contrôle d’hôtels chrétiens dans la vieille ville de Jérusalem. Elle affirme que la nouvelle colonie, qui sera lourdement sécurisée, sera construite sur des terres appartenant à des Juifs.

Un récent rapport des Nations Unies a noté que les politiques du gouvernement israélien, qui est le plus à droite de l’histoire du pays et comprend des nationalistes religieux ayant des liens étroits avec les colons, semblaient alignées sur les objectifs du mouvement des colons israéliens « dans une mesure sans précédent ».

Les colonies israéliennes dans les territoires palestiniens occupés ont connu une expansion record et risquent d’éliminer en pratique toute possibilité d’établir un État palestinien, selon le rapport des Nations Unies.

Environ 40% de la population de Jérusalem, qui compte environ un million d’habitants, sont des Palestiniens. Le maintien d’une majorité juive dans la ville a été un objectif des gouvernements israéliens successifs.

Israël a pris Jérusalem-Est à la Jordanie lors de la guerre des Six Jours de 1967 et l’a ensuite annexée dans le cadre d’une opération non reconnue par la majeure partie de la communauté internationale. La colonisation permanente d’un territoire occupé militairement est illégale au regard du droit international.

Jason Burke
https://www.theguardian.com/world/2024/apr/17/revealed-israel-has-sped-up-settlement-building-in-east-jerusalem-since-gaza-war-began
Traduction MUV pour l’Aurdip
https://aurdip.org/revelation-israel-a-accelere-la-construction-de-colonies-a-jerusalem%E2%80%91est-depuis-le-debut-de-la-guerre-de-gaza/

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Les soldats ont ouvert la voie aux colons :
Les pogroms se multiplient en Cisjordanie

Des colons israéliens armés ont fait irruption dans plus d’une douzaine de communautés palestiniennes sous la garde de l’armée, laissant dans leur sillage un cortège de mort·es et de destructions.

Les colons israéliens se sont lancés dans un déchaînement meurtrier à travers la Cisjordanie occupée au cours du week-end, tuant au moins trois Palestinien·nes et détruisant des biens dans plus d’une douzaine de villages et de villes. L’élément déclencheur de ces attaques a été la disparition, le vendredi 12 avril, de Binyamin Ahimeir, un Israélien de 14 ans qui était parti faire du pastoralisme ce matin-là depuis l’avant-poste Malachei HaShalom (« Anges de la paix »), récemment « légalisé ». Lorsque les autorités israéliennes ont retrouvé le corps d’Ahimeir le lendemain et l’ont déclaré victime du terrorisme, le saccage des communautés palestiniennes environnantes par les colons battait déjà son plein.

Selon le groupe de défense des droits des êtres humains Yesh Din, les colons israéliens ont attaqué 11 villages et villes palestiniens au cours de la seule journée de samedi. Ils ont jeté des pierres, incendié plus de 100 véhicules, endommagé des dizaines de maisons et d’entreprises et abattu des centaines de têtes de bétail. Dans le village de Beitin, près de Ramallah, des colons ont abattu Omar Hamed, 17 ans. À Al-Mughayyir, un peu plus au nord, Jihad Abu Aliya, 25 ans, a été tué dans des circonstances encore peu claires : des colons attaquaient le village à ce moment-là, mais l’armée israélienne a déclaré qu’Abu Aliya avait été tué par leurs tirs. Un autre incident filmé par une caméra de surveillance montre des soldats israéliens montant la garde pendant que des colons mettent le feu à une voiture dans la ville de Deir Dibwan, également près de Ramallah.

Les pogroms se sont poursuivis lundi, lorsque des colons israéliens ont abattu deux bergers palestiniens – Abdelrahman Bani Fadel, 30 ans, et Mohammed Ashraf Bani Jama, 21 ans – sur des terres appartenant à la communauté de Khirbet al-Tawil, à l’est de la ville d’Aqraba, près de Naplouse. Selon les témoignages des villageois,·es un grand groupe de colons, dont certains étaient armés, a pénétré sur des terres palestiniennes privées près des maisons des résident·es vers 16 heures avec un troupeau de vaches (les colons préfèrent de plus en plus les vaches aux moutons et aux chèvres parce qu’elles mangent plus et sont plus difficiles à effrayer). Plus tard, d’autres colons sont arrivés, certains armés et masqués. Des soldats sont également arrivés sur les lieux.

Peu après, selon des témoins oculaires, en plein jour, des colons ont ouvert le feu sur les Palestinien·nes, tuant les deux hommes. Le porte-parole des FDI a annoncé par la suite que les tirs n’avaient pas été effectués par des soldats. L’événement a été diffusé en direct sur la page Facebook de la ville palestinienne voisine ; dans la vidéo, on peut entendre des dizaines de coups de feu retentir en plusieurs groupes pendant plus d’une minute.

Nidal, dont le cousin, Abdelrahman, a été tué hier et qui était présent sur les lieux, a déclaré à +972 : « J’ai dit aux soldats de pousser les colons dehors et nous partirons. Certains avaient des armes et des gourdins, d’autres étaient masqués ». Selon Nidal, l’un des colons a alors aspergé l’un des Palestiniens de gaz poivré et une bagarre s’en est suivie. « Les soldats ont tiré en l’air et, quelques secondes plus tard, les colons ont tiré avec des M16 de plus près », a-t-il déclaré. « Je vis ici depuis 35 ans, il n’y a pas de loi ici. Les colons sont au-dessus de la loi. »

Pour l’instant, il semble que les autorités israéliennes prennent l’incident au sérieux : l’armée n’a pas autorisé l’évacuation des corps, les transférant plutôt au Centre national de médecine légale pour une autopsie qui pourrait théoriquement permettre à la police d’identifier les tireurs. Mardi matin, des agents de l’unité de médecine légale de la police ont été vus sur les lieux de la fusillade, rassemblant des preuves et photographiant la zone.

Les chances qu’un colon violent soit traduit en justice en vertu du droit israélien sont toutefois extrêmement faibles : depuis 2005, seuls 3% des dossiers ouverts par la police israélienne concernant des violences commises par des colons ont abouti à une condamnation. En réponse à notre demande de commentaire, la police a déclaré à +972 qu’aucune arrestation n’avait eu lieu jusqu’à présent en rapport avec l’incident.

Les soldats sont restés les bras croisés et ne sont pas intervenus
Mardi, dans la tente de deuil du centre d’Aqraba, Maher Bani Fadel, père d’Abdelrahman, a raconté l’incident à +972. « Au début, ils sont arrivés – quatre colons avec leur bétail – et sont allés dans l’oliveraie près des maisons », a-t-il déclaré. « Ils ont appelé d’autres colons : quelques dizaines sont venus et ils nous ont jeté des pierres. Nous étions une vingtaine, et quatre ou cinq soldats étaient présents. Les colons nous ont tiré dessus à balles réelles, peut-être 30 à 40 balles, à quelques mètres de distance. Beaucoup d’entre eux avaient des armes ; je ne sais pas lesquels ont tiré. C’est une nouvelle arme qu’ils ont reçue de [Itamar] Ben Gvir, le ministre israélien de la sécurité nationale.

« Lorsque l’armée a vu les deux cadavres, elle a commencé à séparer [les colons et les Palestiniens] », a poursuivi M. Maher, ajoutant qu’il avait reçu un coup de massue et une pierre au cours de l’incident. Avant la fusillade, « nous avons dit [aux colons] qu’ils n’avaient pas le droit d’être ici. Ils ont dit que le gouvernement leur avait donné la permission, mais c’est une terre qui appartient à nos parent·es et à nos grands-parents ».

Le maire d’Aqraba, Saleh Jaber, qui est arrivé sur les lieux avant la fusillade, a déclaré à +972 : « Des habitant·es m’ont appelé pour me dire qu’il y avait un groupe [de colons] près des maisons. Nous avons contacté l’administration civile [la branche bureaucratique de l’occupation israélienne], mais la police n’est arrivée qu’après la tuerie.

Le porte-parole de l’IDF a annoncé après l’incident que les soldats étaient arrivés dans la région après des rapports faisant état d’une attaque de Palestiniens contre un berger juif. M. Jaber rejette cette interprétation des événements et précise que ce sont des colons qui ont lancé l’attaque. « Il n’est pas vrai que les bergers ont attaqué », a-t-il déclaré. « J’étais présent et les bergers n’ont pas attaqué. Les colons qui ont tiré étaient habillés en civil et armés de M16. Les soldats ont d’abord tiré en l’air, puis les colons ont tiré [sur les Palestiniens]. Les soldats sont restés là sans intervenir ».

Il y a environ un mois, des soldats israéliens ont abattu le berger palestinien Fakher Jaber, 43  ns, dans la même zone. Selon un témoignage publié par Haaretz, Jaber était assis sous un arbre lorsqu’il a été abattu. Dans ce cas également, le porte-parole de l’IDF a affirmé que l’armée était arrivée sur les lieux à la suite d’un rapport faisant état d’une attaque contre un colon.

Dror Etkes, chercheur auprès de l’organisation Kerem Navot, qui suit de près la mainmise d’Israël sur les terres palestiniennes en Cisjordanie, a confirmé que l’attaque avait eu lieu sur des terres palestiniennes privées. Ces dernières années, deux avant-postes de colons ont empiété sur les terres palestiniennes de la région : « Jackson’s Farm », près de la colonie de Gitit, et « Itamar Cohen’s Farm », au nord. « Les colonies, les avant-postes, les zones de tir et les déclarations de terres domaniales se rapprochent d’Aqraba et des communautés de la région depuis trois directions », a déclaré M. Etkes à +972. « Ils ont beaucoup de terres fertiles, ils sont donc devenus une cible pour le pillage. »

Le mois dernier, l’État a déclaré 8 160 dunams (environ 2 000 acres) de terres à Aqraba comme « terres d’État », sans compter les terres où les deux bergers ont été abattus lundi. Selon M. Jaber, la prise de contrôle des terres palestiniennes dans la région s’est accélérée sous le gouvernement israélien d’extrême droite. « Leur objectif est de s’emparer de toutes les terres de la vallée du Jourdain », a-t-il déclaré. « Ce qui s’est passé [lundi] est le résultat direct du harcèlement des colons et de l’expropriation des terres ».

Les colons sont revenus cinq fois
Une autre ville palestinienne durement touchée par les attaques des colons samedi est Douma. Selon des habitant·es qui ont parlé à +972, environ 200 colons – dont beaucoup étaient masqués et certains armés – ont fait irruption dans la ville peu après la découverte du corps de l’adolescent Ahimeir. Ils ont mis le feu aux maisons, aux voitures et au matériel agricole, et ont attaqué les habitant·es. Des soldats étaient également présents, comme le montrent les vidéos de l’incident, et ont même tiré des gaz lacrymogènes sur les Palestinien·nes qui tentaient de repousser les colons.

« S’ils n’étaient pas masqués, je les aurais peut-être reconnus », a déclaré Murad Dawabsheh, 52 ans, père de cinq enfants, à propos des colons qui ont attaqué sa maison samedi. Avant le 7 octobre, il travaillait comme ouvrier du bâtiment dans l’une des colonies voisines. S’adressant à +972 dimanche, il était assis devant son jardin brûlé et offrait aux visiteurs quelques feuilles qu’il avait réussi à sauver des plantes noircies.

Outre le jardin, les colons ont réduit en cendres un petit bâtiment situé à côté de sa maison, qui servait de bureau et de salle de stockage, ainsi qu’un entrepôt contenant des planches de construction en bois d’une valeur de plusieurs milliers de shekels. Les assaillants ont également tenté de mettre le feu à la porte d’entrée de la maison en utilisant des vêtements et des chaussures qu’ils avaient trouvés à proximité. « Il y avait des soldats avec eux », raconte Murad. « Quand je les ai vus arriver, je suis entré dans la maison. Plus tard, j’ai ouvert la porte un instant, j’ai versé de l’eau et j’ai repoussé les vêtements en feu avec mon pied. Les colons sont revenus cinq fois ».

Dans son ancien bureau, les colons ont mis le feu à de nombreux livres, y compris des livres religieux et des poèmes. « Ce sont mes archives », déplore-t-il. « Qui brûle des livres ? Je comprends l’hébreu, je les ai entendus se dire de brûler la maison grise [le bâtiment principal où se cachait la famille de Dawabsheh]. Je n’ai pas eu le temps d’avoir peur pour moi, j’ai eu peur pour ma femme et mes enfants ».

Le chef du conseil municipal, Hussein Dawabsheh, a déclaré à +972 que selon les premières informations, trois bâtiments agricoles et sept maisons ont été partiellement brûlés lors de l’attaque, et cinq maisons ont été entièrement brûlées. Quinze véhicules, une pelleteuse et trois tracteurs, des terres agricoles et des oliviers ont également été incendiés.

« Nous sommes toutes et tous en danger lorsque l’armée entre avec les colons », a-t-il déclaré. « Les colons marchaient en groupe. Les plus âgés ont donné des instructions aux plus jeunes – où aller et quoi brûler ». Selon Hussein, l’armée a empêché les camions de pompiers et les ambulances d’entrer dans le village pendant l’attaque.

« Si les habitant·es n’avaient pas fui, des familles entières auraient brûlé ».
La plupart des dégâts causés par l’attaque de Douma se sont produits dans le quartier de Khalat al-Dara, situé parallèlement à la route d’Alon qui relie la région de Ramallah à la vallée du Jourdain. Dimanche, Mohammed Salawdeh se tenait dans son atelier et évaluait les dégâts considérables. Ici, comme dans d’autres maisons, on pouvait voir des tas de paille et de brindilles dans différents coins de la maison, preuve des tentatives des colons de mettre le feu au bâtiment.

« Lorsque l’attaque a commencé, Salawdeh s’est réfugiée dans une autre maison située dans une partie plus sûre et plus centrale du village. « En chemin, nous avons vu des gens armés – certains avec des bouteilles d’essence et des cocktails Molotov, d’autres en uniforme militaire – gardés par l’armée. Si quelqu’un essayait de défendre [le village], ils lui tiraient dessus ».

À quelques mètres de la maison de Mohammed se trouvent les restes calcinés de la maison de son parent, Anwar Salawdeh. L’élégante maison, qu’Anwar, 27 ans, venait à peine de finir de construire et de meubler, a été incendiée par des colons samedi, causant d’importants dégâts.

« J’ai quitté l’école pour travailler à l’âge de 13 ans et j’ai économisé depuis jusqu’à ce que je puisse construire une maison », a déclaré Anwar à +972, la voix éteinte. « Au moment de l’attaque, je travaillais à Anata [une ville palestinienne près de Jérusalem] ; je ne suis revenu qu’aujourd’hui. Le coût de la construction de la maison s’élève à environ 150 000 NIS (environ 40 000 dollars). « J’ai encore 100 000 NIS de prêt. J’ai commencé à construire la maison en 2020 et j’ai terminé cette année avec l’intention de me marier et de vivre ici », poursuit Anwar, en me montrant des photos de la maison avant qu’elle ne soit détruite.

Ailleurs dans le quartier, Mohammed Rashid Dawabsheh est resté pour protéger sa maison pendant l’attaque, après que sa femme Abir se soit enfuie en voiture avec leurs quatre enfants et un autre parent en direction du centre-ville lorsque les colons sont arrivés. « Lorsque j’étais dans la voiture, j’ai vu un colon vêtu de noir ouvrir le feu », a déclaré Abir à +972. L’appartement du bas de l’immeuble, qui avait été récemment rénové, a subi d’importants dégâts : les fenêtres ont volé en éclats, et les pierres que les colons ont lancées ainsi que les poutres de bois qu’ils ont enfoncées dans les fenêtres brisées pour pousser de la paille brûlante à l’intérieur sont encore visibles.

Pendant l’attaque, Mohammed s’est caché dans la cage d’escalier de l’immeuble et a bloqué la porte à l’aide d’une poutre en bois. Je les ai entendus dire : « Ouvrez, fils de pute ». Je me suis caché là, puis je suis monté sur le toit et je me suis caché derrière un placard.

Selon Mohammed, quatre jeeps militaires israéliennes étaient positionnées à l’extérieur de la maison, d’où elles ont tiré des gaz lacrymogènes sur les habitant·es qui tentaient de se protéger et de protéger leurs biens. Dimanche, on pouvait voir de nombreuses bombes lacrymogènes dispersées autour du site.

« Trois minutes après la fuite de ma famille, [les soldats] sont venus ici. Après plusieurs minutes, les colons ont continué à avancer et une partie de l’armée est restée ici. Les soldats ont ouvert la voie aux colons et les ont laissés attaquer. Sur la route près de sa maison, il y a toujours une barrière de pierre érigée par les colons « pour que les ambulances et les secours ne puissent pas arriver » », a ajouté Mohammed.

Le village de Douma a fait les gros titres en Israël et dans le monde entier en 2015 après qu’un colon israélien, Amiram Ben Uliel, a mis le feu à la maison de Sa’ad et Riham Dawabsheh, les tuant ainsi que leur fils de 18 mois, Ali. Ahmad, le frère de Sa’ad, a subi de graves brûlures lors de l’attaque. Depuis lors, il n’y a pas eu d’attaques de cette ampleur dans le village, et le pogrom de samedi a évoqué des souvenirs traumatisants.

« Bien sûr, cela nous rappelle ce qui est arrivé à la famille Dawabsheh », a déclaré Mohammed Dawabshe. Sa maison, comme beaucoup d’autres dans le village, a un grillage épais couvrant les fenêtres pour rendre impossible l’insertion d’objets enflammés – une leçon apprise de 2015. « Il n’y a aucune sécurité, ni sur les routes ni à la maison », a ajouté le chef du conseil. « Si les habitant·es n’avaient pas fui, des familles entières auraient été brûlées dans leurs maisons. »

Dans une déclaration à +972, un porte-parole de l’armée israélienne a expliqué la présence des soldats dans le village : « Samedi, les forces de l’armée israélienne ont opéré dans toute la Judée et la Samarie afin de disperser les frictions qui se sont développées dans la région et de protéger les biens et les vies de tous les civils. Toute plainte reçue au sujet d’un comportement inapproprié de la part de soldats des FDI sera examinée comme il est d’usage et traitée en conséquence. »

+972 a contacté la police pour savoir si des suspects dans les attaques de Duma et d’autres villages au cours du week-end ont été arrêtés ; leur réponse sera ajoutée au fur et à mesure qu’elle sera reçue.

Des versions de cet article ont d’abord été publiées en hébreu sur Local Call. Lire ici et ici.

Oren Ziv
Oren Ziv est photojournaliste, reporter pour Local Call et membre fondateur du collectif de photographes Activestills.
https://www.972mag.com/pogroms-west-bank-soldiers-settlers/
Traduit avec DeepL.com (version gratuite)

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Fabrication de la famine : Israël commet le crime de guerre
de la famine dans la bande de Gaza

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Au début du mois d’avril 2024, une frappe aérienne israélienne sur un convoi de la World Central Kitchen (WCK) qui s’apprêtait à livrer de l’aide humanitaire dans la bande de Gaza a tué sept travailleurs de l’organisation. WCK, qui joue un rôle clé dans les efforts d’aide humanitaire dans la bande de Gaza depuis le début de la guerre, a interrompu ses activités à la suite de l’incident. Plusieurs autres organisations ont également annoncé qu’elles suspendaient leurs activités dans la bande de Gaza parce qu’elles craignaient pour la vie de leurs travailleurs. L’assassinat des travailleurs humanitaires, dont six étaient des ressortissants étrangers, a suscité de vives critiques à l’égard d’Israël de la part de hauts responsables de la communauté internationale, en particulier du président américain Joe Biden. Dans une déclaration spéciale publiée par la Maison Blanche, le président Biden a affirmé qu’Israël ne faisait pas assez pour éviter de blesser les civils et les travailleurs humanitaires qui tentent d’apporter une aide « désespérément nécessaire » à la population affamée de la bande de Gaza, et qu’il ne s’agissait pas d’un « incident isolé ». Tout cela fait suite aux mesures provisoires prises par la Cour internationale de justice à la fin du mois de janvier, enjoignant à Israël d’autoriser l’entrée de l’aide humanitaire dans la bande de Gaza.

Répondant à la pression internationale, les responsables israéliens, y compris le porte-parole des FDI et la Coordination des activités gouvernementales dans les territoires  COGAT), se sont engagés à travailler à l’amélioration des conditions humanitaires dans la bande de Gaza, ont publié des chiffres à ce sujet et ont même annoncé la réouverture du point de passage d’Erez et l’augmentation du nombre de camions autorisés à entrer dans Gaza. Le porte-parole de l’IDF est allé jusqu’à annoncer à la presse étrangère « l’expansion des efforts pour faciliter l’aide humanitaire à Gaza ».

Il est trop tôt pour déterminer comment le changement de politique d’Israël affectera la réalité sur le terrain. Cependant, il est clair que c’est trop peu, trop tard, et qu’Israël est le principal responsable de la crise humanitaire qui, depuis le début de la guerre il y a environ six mois, s’est transformée en la catastrophe dont nous sommes témoins aujourd’hui. Pendant des mois, Israël a refusé de laisser entrer l’aide humanitaire par les points de passage terrestres situés sur son territoire, limitant ainsi la quantité d’aide qui pouvait entrer. Même lorsque, à la suite de pressions internationales, Israël a accepté de laisser entrer l’aide sur son territoire, les quantités étaient loin de répondre aux besoins de la population, et Israël s’est même abaissé jusqu’à essayer de donner une fausse image selon laquelle il n’y avait pas de crise alimentaire grave à Gaza. Le changement de politique actuel ne peut exonérer Israël de sa responsabilité dans la crise de la faim dans la bande de Gaza, et il est douteux que les « nouvelles mesures » qu’il a récemment annoncées – dont il est trop tôt pour analyser l’effet sur le terrain, dans la mesure où elles existent réellement – puissent répondre aux besoins actuels de la population civile de la bande de Gaza.

Dans ce document, nous examinons l’ampleur actuelle de la crise de la faim dans la bande de Gaza, ses conséquences à court et à long terme, le comportement d’Israël à cet égard et les implications juridiques de ce comportement. Nous nous appuyons sur les chiffres et les données les plus récents disponibles.

Sur la base de divers rapports d’organismes internationaux sur la situation à Gaza et des témoignages recueillis par les chercheurs de B’Tselem sur le terrain, nous concluons malheureusement que depuis des mois, Israël commet le crime de famine au regard du droit international dans la bande de Gaza.

L’état de la faim dans la bande de Gaza au cours des derniers mois
Le rapport de l’IPC, une initiative impliquant plus de 15 organisations internationales d’aide humanitaire dirigée par l’ONU et publiée fin mars, a déterminé que la bande de Gaza était au bord de la famine. Il s’agit de la phase 5 de l’IPC, ou classification intégrée des phases de sécurité alimentaire, la moitié des habitants de Gaza souffrant d’une insécurité alimentaire catastrophique. Selon la norme internationale reconnue, une région est en état de famine lorsqu’au moins 20% des ménages sont confrontés à des carences alimentaires extrêmes et qu’au moins 30% des enfants souffrent de malnutrition sévère.

Selon le rapport, en février et mars 2024, l’ensemble de la bande de Gaza se trouvait en phase 4 de l’échelle de la faim, certains ménages se trouvant déjà en phase 5 d’insécurité alimentaire aiguë : 55% des ménages dans le nord, 25% dans le centre de la bande de Gaza et 25% dans le sud. Le rapport prévoit que la situation se détériorera encore dans les mois à venir et que 70% des ménages dans le nord, 50% dans le centre de Gaza et 45% dans le sud atteindront la phase 5.

Des chiffres et des mises en garde similaires ont été publiés ces dernières semaines par l’Organisation mondiale de la santé, l’USAID, Human Rights Watch, le Programme alimentaire mondial, le Global Nutrition Cluster et d’autres responsables humanitaires internationaux. Selon le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations unies (OCHA), en mars 2024, 2,2 millions de personnes (près de 100% de la population) à Gaza étaient en situation d’insécurité alimentaire de phase 3 ou pire, 1,17 million étaient en phase 4 et près d’un demi-million de personnes étaient en situation d’insécurité alimentaire de phase 5, le niveau le plus élevé.

 « Il n’y a ni eau ni nourriture ici. En fait, il n’y a rien ici. Il n’y a pas non plus de nourriture au marché – pas de conserves, de farine ou de riz. Il n’y a même plus d’orge. Parfois, nous parvenons à trouver des khubeiza qui poussent au bord de la route ou dans les champs et nous les cueillons. Si nous parvenons à trouver du carton ou du bois pour faire du feu, nous le faisons cuire dans de l’eau et nous le mangeons pendant un jour ou deux, ce qui nous permet au moins de mieux dormir la nuit. Nous avions l’habitude de manger de la khubeiza peut-être une fois par an, et maintenant c’est presque notre seule source de nourriture. Ces quatre derniers jours, nous n’avons pas dormi du tout tellement nous avions faim. Nous n’avons rien mangé. Nous n’avons pas pu trouver de nourriture. Je ne fais que chercher de la nourriture, tout le temps, et je n’arrête pas d’y penser la nuit non plus. Ici, dans le camp, tout le monde est pâle de faim et tient à peine sur ses jambes. »
Khamis al-A’araj, 52 ans, camp de déplacés d’al-Falujah. Lire le témoignage complet ici.

Début avril, Samantha Power, qui dirige l’Agence américaine pour le développement international (USAID), a estimé que la famine sévissait déjà dans le nord de la bande de Gaza. Cette évaluation a été faite lors d’une audition de la commission des affaires étrangères de la Chambre des représentants des États-Unis. C’est la première fois qu’un fonctionnaire américain déclare que la famine est déjà présente à Gaza, après des mois d’avertissements sur l’escalade de la crise de la faim.

De nombreux fonctionnaires font état de l’impact sur le terrain. Les équipes médicales internationales qui ont visité l’hôpital Kamal Adwan, le seul établissement médical du nord de la bande de Gaza spécialisé en pédiatrie, ont fait état d’une véritable catastrophe humanitaire. Le directeur général de l’Organisation mondiale de la santé a déclaré que 10 enfants étaient morts à l’hôpital à cause de la faim. L’OCHA a indiqué que 32 personnes, dont 28 enfants, sont mortes de malnutrition ou de déshydratation depuis le début de la guerre dans la bande de Gaza. Il a également été rapporté qu’environ 16% des enfants de moins de deux ans dans le nord de Gaza souffrent de malnutrition sévère, et 5% à Rafah. L’Organisation mondiale de la santé a également déclaré que tous les ménages de Gaza « sautent » des repas en raison de la grave pénurie alimentaire, les adultes se retenant de manger pour que leurs enfants puissent le faire. Le rapport sur la situation humanitaire publié par le Fonds des Nations unies pour l’enfance (UNICEF) indique que, dans la semaine du 29 février au 6 mars, la ligne d’urgence de l’UNICEF a reçu plus de 1 000 appels concernant des pénuries alimentaires ou la faim, principalement dans le nord de la bande de Gaza.

 « Yazan est né avec une maladie musculaire et a été traité dans des hôpitaux de Gaza et de Jérusalem. Au cours des quatre dernières années, il a bénéficié d’une physiothérapie et d’un régime alimentaire spécial, ce qui lui a permis d’avoir une vie normale. […] Nous ne pouvions pas fournir à Yazan la nourriture dont il avait besoin – ni œufs, ni fruits, ni légumes. Il n’y en avait pratiquement pas et ce qui était disponible, nous ne pouvions pas l’acheter. Il n’y a pas eu beaucoup d’aide sur place. Ils ont surtout distribué des conserves et des céréales. En dehors de cela, nous avions surtout du pain et du thé. À l’heure du déjeuner, nous lui préparions de la bouillie de semoule, et comme il était impossible de se procurer du lait frais, nous utilisions du lait en poudre. Parfois, j’allais jusqu’à Rafah pour chercher de la semoule pour lui, et quand je n’en trouvais pas, je lui achetais du halva. Nous ne pouvions pas non plus obtenir les médicaments qu’il prenait avant la guerre, et il n’a évidemment pas bénéficié de physiothérapie. Il n’y avait ni eau ni électricité et c’était sale. Tous nos enfants avaient des maux d’estomac à cause de la mauvaise alimentation.
Yazan pesait 15 kilos avant la guerre et perdait rapidement du poids. Nous avons décidé de déménager à Rafah il y a 35 jours, dans l’espoir de trouver des médicaments et des aliments plus sains pour lui, ainsi qu’un environnement plus propre. […] Mais même à Rafah, nous ne pouvions pas fournir à Yazan des médicaments ou de la nourriture appropriée et son état continuait à empirer. Je l’ai emmené à l’hôpital Abu Yusef a-Najar. Les médecins l’ont examiné et ont dit qu’il devait être hospitalisé pour malnutrition et perte de poids sévère. Il avait également des mucosités dans la poitrine. Ils l’ont nourri par voie intraveineuse et l’ont mis sous inhalation et oxygène, mais son état n’a cessé d’empirer.
Le 2 mars 2024, je lui ai apporté des vêtements propres. Lorsque nous l’avons habillé, je l’ai regardé et mon cœur s’est brisé. Il n’avait plus que la peau sur les os. Il ne pesait plus que la moitié de son poids.
Le 3 mars, à 4 heures du matin, ma femme m’a appelé pour me dire que Yazan était décédé. Je suis allé immédiatement à l’hôpital. Je l’ai pris dans mes bras.
Sharif al-Kafarneh, 31 ans, camp de déplacés à Rafah. Lire le témoignage complet ici.

Une équipe médicale d’urgence composée de volontaires de plusieurs organisations humanitaires du monde entier a signalé des patients mourant d’infections dues à la malnutrition aiguë. Les travailleurs et les travailleuses humanitaires qui arrivent dans les hôpitaux de la bande de Gaza rencontrent des équipes médicales épuisées et affamées qui ont désespérément besoin de nourriture et d’eau. Les patient·es des hôpitaux – des personnes souffrant de maladies chroniques telles que le cancer ou le diabète, des personnes se remettant de blessures graves, d’opérations chirurgicales et de la perte de membres due aux combats, ainsi que des femmes ayant récemment accouché et des nouveau-nés – souffrent tous de la faim, ce qui entrave leur rétablissement.

Le président du Conseil national de sécurité alimentaire d’Israël, le professeur Roni Strier, s’est récemment exprimé sur l’état de la sécurité alimentaire à Gaza :

« Il existe de solides témoignages d’organisations internationales avec lesquelles nous travaillons en permanence, telles que la Banque mondiale, l’Organisation mondiale de la santé et le Programme alimentaire mondial, ainsi que de diverses institutions telles que les organisations d’aide internationale et la presse mondiale, qui attestent de l’exceptionnelle catastrophe humanitaire, notamment de la faim extrême de la population locale. »

L’impact de la faim sur la santé de la population
La malnutrition peut accroître la vulnérabilité aux maladies et aux infections, en particulier chez les enfants, ainsi que le risque de décès [1] ; elle prolonge considérablement le temps de guérison des maladies et des blessures existantes et augmente le risque d’effets à long terme sur la santé. Le taux de mortalité des enfants de Gaza est déjà élevé en raison de la combinaison de la malnutrition et des maladies existantes.

 « Nous sommes neuf dans la tente, sans eau, sans électricité, sans médicaments et presque sans nourriture. La vie ici ressemble à un désastre. Nous vivons dans le désert, dans des conditions impropres à l’habitation humaine. Il est difficile d’obtenir de l’eau potable ou même de l’eau pour le nettoyage. Il n’y a pas moyen de se laver, et nous ne faisons pas de lessive non plus. Nous avons très froid car nous n’avons pas de vêtements chauds. Il y a des insectes partout ici – des moustiques et des mouches, et des reptiles aussi. Nous avons tous perdu beaucoup de poids et nous nous sentons toujours faibles et épuisés. Nous dormons à peine la nuit.
Nos enfants ont des problèmes de santé. Kinan souffre d’une carence en calcium et doit recevoir une injection une fois par mois. Je n’ai réussi à faire les injections que deux fois pendant la guerre, parce qu’elles coûtent 30 shekels (~USD 8) par mois et que nous ne pouvons même pas nous le permettre. [Muhammad est atteint d’une hépatite incurable. Il a besoin d’un régime alimentaire sain, mais nous ne pouvons pas le lui fournir. »
Fatimah Baker, 37 ans, camp de déplacés à Rafah. Lire le témoignage complet ici.

Outre ses effets dévastateurs à court terme, la faim a des conséquences funestes à long terme. La malnutrition et ses effets secondaires ont des conséquences considérables sur le développement neurologique et cognitif des enfants, en particulier au cours des deux premières années de leur vie. Les bébés qui naissent avec une insuffisance pondérale et les enfants qui souffrent de malnutrition ont un quotient intellectuel inférieur, et leurs performances et résultats scolaires sont moindres. La faim contribue également de manière significative à l’augmentation des problèmes comportementaux et psychologiques chez les enfants.

En outre, la malnutrition au cours des premières années de la vie interfère avec le développement du système musculo-squelettique, ainsi qu’avec le développement des bactéries intestinales, dont l’absence augmente le risque de maladies chroniques à un âge avancé. La malnutrition pendant la grossesse entrave le développement cognitif et augmente le risque de diabète et d’obésité plus tard dans la vie. La faim et la malnutrition peuvent même contribuer au développement de troubles de la santé chez les générations futures, y compris, entre autres, les maladies cardiovasculaires, le diabète, l’obésité et une tendance accrue à transmettre des maladies infectieuses et des infections, telles que la tuberculose [2].

Difficultés d’acheminement et de distribution de l’aide humanitaire
Après six mois de combats et de bombardements incessants (qui font suite à des années de blocus et d’opérations militaires fréquentes), il est pratiquement impossible de cultiver des aliments ou de produire des aliments à base de produits locaux. Une grande partie des zones agricoles de Gaza ont été détruites par les bombardements, et celles qui restent constituent toujours un risque pour les agriculteurs et agricultrices palestiniennes car elles sont exposées aux tirs d’obus. Toutes les branches du secteur de la production alimentaire ont été lourdement endommagées et les destructions massives causées par les bombardements israéliens ont presque complètement mis hors service les usines de production alimentaire, les boulangeries, les entrepôts alimentaires et les marchés. En outre, les centaines de milliers de personnes déplacées de leurs maisons ont peu ou pas d’accès à l’eau courante et aux fournitures et provisions nécessaires à la cuisine.

Les témoignages donnés à B’Tselem indiquent que le prix de la nourriture et des autres articles encore disponibles dans la bande de Gaza a augmenté de centaines de pour cent ou plus, entraînant des coûts exorbitants que la grande majorité de la population ne peut pas se permettre. Dans ce contexte choquant, les posts répétés de la Coordination israélienne des activités gouvernementales dans les territoires  COGAT) montrant des photos de stands débordant de nourriture à Gaza sont révoltants. Au vu des prix de ces stands, décrits dans les témoignages, il s’agit clairement d’une tentative de l’armée israélienne de faire croire qu’il y a suffisamment de nourriture à Gaza, alors que la réalité est toute autre.

 « Un sac de farine qui coûtait 30 shekels (~ 8 USD) avant la guerre est passé à 600 shekels (~ 168 USD). Nous devions nous contenter d’un repas par jour et il y avait des jours où nous ne mangions pas du tout. Parfois, les voisins nous donnaient de l’eau et de la nourriture. Il était également très dangereux de sortir pour s’approvisionner en nourriture à cause des tirs et des bombardements. […] Une fois tous les 10 à 15 jours, nous recevons de l’eau, et parfois, il est possible d’obtenir de la farine et de faire du pain pita, mais la plupart du temps, nous n’avons vraiment rien à manger. Au cours du dernier mois, nous avons eu moins d’un repas par jour. À cause de la faim, ma femme peut à peine allaiter notre fils de neuf mois, Yamen, et le lait maternisé est introuvable. Il y a peu, nous avons réussi à acheter un kilo de dattes pour 40 NIS (~ X USD), ce qui nous a permis de survivre. Nous vivons de ce que nous parvenons à obtenir – un peu de riz, un peu de maïs que nous avons moulu, et aussi de l’orge, qui est destiné à nourrir les animaux de la ferme. Le prix de l’orge s’est également envolé. Aujourd’hui, même l’orge est épuisé et les gens ont commencé à moudre de la nourriture pour oiseaux et lapins. Mais il n’y en a pas beaucoup non plus. Il n’y a pas de nourriture pour les humains ni pour les animaux ».
Ibrahim a-Ghandur, 38 ans, Gaza City. Lire le témoignage complet ici

Pour se procurer de la nourriture, les habitant·es de la bande de Gaza dépendent aujourd’hui presque entièrement de l’aide fournie par les États et les organisations internationales. Cependant, les camions d’aide passent par un processus long et ardu avant d’atteindre leur destination à l’intérieur de Gaza. La plupart des fournitures d’aide sont stockées à Al-Arish, en Égypte. De là, elles sont transportées à Gaza dans des camions via l’un des deux seuls points de passage, tous deux situés dans le sud de la bande de Gaza. L’accès à ces points de passage est difficile et prend du temps, avec de nombreux arrêts en cours de route. La cargaison des camions est contrôlée plusieurs fois, généralement à la fois au point de passage de Rafah et à Nitzana ou à Kerem Shalom, ce qui entraîne des retards importants. La cargaison est déchargée aux points de passage, puis chargée dans d’autres camions et acheminée vers des installations de stockage à l’intérieur de la bande de Gaza. De là, l’aide est distribuée dans différentes parties de Gaza, en coordination avec Israël. En raison des restrictions imposées par Israël et des graves dommages causés aux infrastructures par les bombardements israéliens, seule une fraction de l’aide atteint le nord de la bande de Gaza, où, comme le montrent les chiffres, la situation humanitaire en général, et la faim en particulier, sont particulièrement graves.

En raison des nombreux obstacles aux efforts d’aide humanitaire sur le terrain, les initiatives et les plans d’acheminement de l’aide par voie aérienne et maritime ont pris de l’ampleur. Outre le corridor d’aide maritime établi au large des côtes de Gaza, neuf pays (Jordanie, Égypte, États-Unis, Émirats arabes unis, Allemagne, Pays-Bas, Belgique, France et Singapour) ont reçu, début avril, l’autorisation de larguer de l’aide à partir d’avions-cargos survolant la bande de Gaza. Ces solutions permettent de contourner la lourdeur de la bureaucratie israélienne, mais les experts estiment qu’elles sont lentes, coûteuses et très limitées en quantité par rapport à l’aide acheminée par camion. L’aide acheminée par avion a également causé des dommages et des blessures, tuant cinq personnes depuis le début du mois de mars, selon les médias palestiniens.

Comme si la myriade d’obstacles qu’Israël dresse sur le chemin de la réponse humanitaire à la crise qu’il a créée ne suffisait pas, Israël rend également difficile la distribution efficace de l’aide à la population, qui lutte pour survivre. Par exemple, malgré le rôle essentiel joué par l’Office de secours et de travaux des Nations unies (UNRWA) dans la collecte et la distribution de l’aide, depuis le début des hostilités, Israël a pris des mesures pour restreindre les opérations de l’UNRWA et même pour l’expulser de la bande de Gaza, parce que certains de ses employés auraient participé à l’attaque du Hamas contre Israël, le 7 octobre. Ces mesures sont prises en dépit du fait qu’aucun autre organisme ne peut assumer les nombreux rôles civils et humanitaires de l’agence.

L’UNRWA et un grand nombre d’organisations d’aide humanitaire de premier plan affirment que depuis de nombreux mois, Israël ne respecte pas ses obligations légales et morales et ne fournit en pratique qu’une aide nutritionnelle limitée et réduite qui est loin de répondre à l’ampleur actuelle de la faim. Les chiffres de la faim croissante dans la bande de Gaza corroborent ces affirmations. En mars, Josep Borrell, chef de la politique étrangère de l’UE, a déclaré qu’Israël provoquait la faim et utilisait la famine comme méthode de guerre. Israël refuse également d’accorder des visas aux travailleurs humanitaires qui cherchent à se rendre à Gaza et se vante même de refuser les demandes.

L’État d’Israël, pour sa part, rejette sa responsabilité dans la situation, affirmant notamment que le Hamas est responsable de la perturbation des convois d’aide et du vol de l’aide. Que ces affirmations soient fondées ou non, Israël reste responsable de prendre toutes les mesures nécessaires pour répondre aux besoins humanitaires de la population occupée.

 « Notre situation est très difficile. Nous dépendons maintenant entièrement de la charité, mais il n’y a pas assez de nourriture. Les seules choses que l’on peut acheter ici sont des conserves et des céréales qui coûtent très cher. Il n’y a rien de sain à manger. Cela fait des mois que nous n’avons pas mangé de légumes ni de fruits. Ils sont très rares et chers. La viande est hors de question. Je me souviens à peine de ce à quoi elle ressemble. Lorsque la viande arrive dans les magasins, elle coûte 120 shekels (~ 32 USD) le kilo. Les œufs sont également rares et coûtent 100 shekels le paquet ».
Hanan Abu Rabi’, 30 ans, camp de personnes déplacées à Rafah. Lire le témoignage complet ici.

Les envois d’aide qui parviennent à surmonter les nombreux obstacles, y compris ceux imposés par Israël, se heurtent parfois à la machine de guerre israélienne, qui continue d’opérer à Gaza. À la mi-mars, le ministère palestinien de la santé a déclaré qu’au moins 21 personnes avaient été tuées et 150 blessées par les tirs des FDI alors qu’elles se pressaient sur la place Koweït, à Gaza, pour recevoir de l’aide. Un incident similaire s’est produit plus tôt, fin février, lorsque plus de 100 personnes ont été tuées et plus de 700 blessées lorsque des milliers de personnes ont pris d’assaut des camions d’aide arrivant dans la rue a-Rashid dans la ville de Gaza. Israël a affirmé que la plupart des décès étaient dus aux camions eux-mêmes et à la foule, et que les troupes avaient respecté les règles relatives aux tirs à découvert. Le ministère palestinien de la santé, quant à lui, a déclaré que les tirs étaient à l’origine d’un grand nombre de blessures. Les témoignages reçus par B’Tselem vont dans le même sens.

 « Mais ce qui s’est passé sur la place a-Nabulsi le 29 février 2024 est quelque chose que je n’oublierai jamais. J’y suis allé avec des milliers d’autres personnes pour chercher des sacs de farine, et lorsque nous nous sommes approchés des camions, nous avons essuyé des tirs massifs. De nombreuses personnes ont été blessées par les tirs, et certaines ont été tuées. C’était un spectacle choquant. Horrible. Le sang s’est infiltré dans la farine et l’expression « pain trempé dans le sang » est devenue une réalité.
Les gens n’y allaient que pour chercher de la nourriture pour leur famille. Certains sont revenus blessés, d’autres ne sont pas revenus du tout. Tout ce que je veux, c’est survivre à la faim qui nous tue tous dans le nord de Gaza. Au moins, sauvez les enfants, qui meurent de faim ici depuis si longtemps. »
Ahmad Abu Ful, 40 ans, camp de réfugiés de Jabalya. Lire le témoignage complet ici

Le crime de guerre qu’est la famine
Le droit international des droits de l’homme contient une interdiction générale de la famine. Il interdit notamment aux États de prendre des mesures qui auraient pour effet de priver des personnes de l’accès à la nourriture, même lorsqu’elles vivent en dehors du territoire de l’État [3].

L’interdiction d’utiliser la famine comme méthode de guerre découle de l’obligation générale, énoncée dans le droit de la guerre, de protéger la population civile en temps de guerre et de l’interdiction qui en découle de porter atteinte aux biens nécessaires à la survie de la population [4].

Le Statut de Rome de la Cour pénale internationale (CPI) prévoit une interdiction pénale concrète de la famine. La privation de nourriture des civils en tant que méthode de guerre est définie dans le Statut comme un crime de guerre, qui relève de la compétence de la CPI en matière d’enquête et de poursuites.

Le Statut de Rome définit le crime de famine comme suit :
« Le fait d’utiliser intentionnellement la famine comme méthode de guerre en privant des civils d’objets indispensables à leur survie, y compris en entravant délibérément l’acheminement des secours… ».
(Statut de Rome de la CPI, art. 8(2)(b)(xxv))

L’infraction comporte quatre éléments : le comportement, l’intention, le contexte et la conscience du contexte. Si ces quatre éléments sont réunis, le crime a été commis. Ci-dessous, nous examinons brièvement les quatre éléments par rapport à ce que nous savons des actions d’Israël dans la bande de Gaza au cours des derniers mois.

Le comportement interdit consiste à priver la population d’objets indispensables à sa survie (ou à lui en fournir délibérément des quantités insuffisantes). Les objets nécessaires à la survie peuvent être divers et inclure différents éléments, en fonction des circonstances spécifiques. Les actions qui ont un impact indirect sur l’accès aux objets nécessaires à la survie peuvent également être considérées comme de la famine, lorsque le résultat contribue à empêcher l’accès à ces objets.

Comme nous l’avons vu, depuis de nombreux mois, Israël empêche l’aide humanitaire nécessaire, notamment la nourriture et les médicaments, d’entrer dans la bande de Gaza et en particulier dans le nord de la bande de Gaza. La destruction qu’Israël a semée pendant les combats a pratiquement réduit à néant la capacité de cultiver localement des denrées alimentaires ou de s’en procurer pour la production. Dans ces conditions, le régime alimentaire de la population dépend presque entièrement de l’aide extérieure, qui est contrôlée par Israël. Comme décrit ci-dessus, Israël manque à ses obligations à cet égard en n’autorisant pas l’entrée d’une aide suffisante dans la bande de Gaza et en ne garantissant pas l’arrivée en toute sécurité de l’aide à destination, même dans les zones qu’il dit être sous son contrôle.

Le deuxième élément est l’utilisation intentionnelle de la famine comme méthode de guerre, c’est-à-dire pour obtenir un avantage militaire ou affaiblir l’ennemi. L’interdiction s’applique aux comportements dont on sait qu’ils provoquent la famine et qui sont destinés à servir l’effort de guerre. Par conséquent, il n’est pas nécessaire qu’un résultat (comme la mort de civils ou une malnutrition massive) découle directement du comportement qui relève de la définition de la famine.

L’intention d’Israël d’utiliser la famine pour obtenir un avantage militaire se reflète dans les déclarations de hauts responsables politiques et de commandants militaires, selon lesquelles le fait de priver les habitant·es de nourriture et d’eau fait partie des méthodes de guerre d’Israël dans la bande de Gaza. Par exemple, le ministre de la défense Yoav Gallant, membre du cabinet de guerre, qui est la plus haute instance dirigeant la politique d’Israël dans sa guerre à Gaza, a explicitement déclaré que le fait de priver les habitant·es d’eau et de nourriture faisait partie des combats : « Nous imposons un siège total à la ville de Gaza. Il n’y a pas d’électricité, pas de nourriture, pas d’eau, pas de carburant. Tout est fermé. Nous combattons des bêtes et nous agissons en conséquence ». Le ministre de la sécurité nationale, Itamar Ben Gvir, a établi un lien entre les efforts déployés pour libérer les otages israéliens et le fait d’empêcher l’aide humanitaire d’entrer dans la bande de Gaza : « Tant que le Hamas refusera de libérer les otages qu’il détient, seules des centaines de tonnes d’explosifs de l’armée de l’air devraient entrer à Gaza, et pas un gramme d’aide humanitaire. » Le ministre des affaires étrangères, Yisrael Katz, a déclaré :

« Pendant des années, nous avons fourni à Gaza de l’électricité, de l’eau et du carburant. Au lieu de nous remercier, ils ont envoyé des milliers de bêtes pour massacrer, violer et kidnapper des bébés, des femmes et des personnes âgées. C’est pourquoi nous avons décidé d’arrêter l’approvisionnement en eau, en électricité et en carburant, et maintenant leur centrale électrique locale s’est effondrée et il n’y a plus d’électricité à Gaza. Nous continuerons à renforcer le siège jusqu’à ce que la menace que le Hamas fait peser sur Israël et sur le monde soit écartée. Le passé ne sera pas l’avenir ».

Quant à la conscience qu’a Israël que ses actions provoquent la famine, il ne fait aucun doute que les responsables israéliens sont conscients de la faim qui se développe dans la bande de Gaza et en particulier dans le nord, que le Premier ministre Netanyahou dit avoir été « conquis » par Israël. Cette prise de conscience est le résultat de nombreux rapports et chiffres publiés par des organismes internationaux, ainsi que d’un recours devant la Cour suprême israélienne déposé par plusieurs organisations israéliennes de défense des droits de l’homme, Gisha en tête. En outre, Israël impose un blocus à Gaza depuis des années et, dans le cadre de cette politique, s’est attaqué aux « besoins économiques » de Gaza, c’est-à-dire au calcul des besoins minimaux nécessaires à la subsistance de la population.

Le crime doit être commis dans le cadre d’un conflit armé international. Il est incontestable que les combats dans la bande de Gaza constituent un conflit armé international.

L’auteur du crime doit être conscient du contexte et des circonstances qui constituent un tel conflit. À cet égard, il est également incontestable que les responsables israéliens sont conscients de l’existence d’un conflit armé, étant donné qu’une guerre a été déclarée.

L’examen des éléments qui font de la famine un crime de guerre au regard du droit pénal international – à la lumière des informations dont dispose B’Tselem à partir des rapports de divers organismes internationaux et des témoignages recueillis par nos enquêteurs sur le terrain – montre qu’Israël commet ce crime de guerre depuis des mois.

Nous rappelons qu’en vertu du droit international, les crimes graves considérés comme des crimes de guerre, tels que la famine, peuvent engager la responsabilité individuelle de leurs auteurs. L’article 27 du Statut de Rome stipule que la responsabilité personnelle s’applique indépendamment de la qualité officielle, telle que celle de chef d’État, ou de toute immunité dont une personne pourrait bénéficier en vertu d’un poste ministériel ou de toute autre fonction.

L’article 28 du Statut de Rome stipule la responsabilité personnelle des chefs militaires et des supérieurs civils effectifs.

« Un chef militaire ou une personne faisant effectivement fonction de chef militaire est pénalement responsable des crimes relevant de la compétence de la Cour commis par des forces placées sous son commandement et son contrôle effectifs, ou sous son autorité et son contrôle effectifs, selon le cas, du fait qu’il n’a pas exercé le contrôle voulu sur ces forces ».

Cette responsabilité s’applique aux commandants dans l’un des trois cas suivants : (1) le commandant en tant qu’auteur direct de l’infraction, (2) le commandant ayant ordonné la commission de l’infraction, (3) le commandant en tant que complice de l’infraction.

Le nombre de hauts responsables de Tsahal et d’institutions publiques qui ont pris part au refus d’apporter une aide humanitaire adéquate aux habitants de Gaza au cours des derniers mois est important, et nombre d’entre eux étaient vraisemblablement conscients de leurs actes et de leurs conséquences. Les remarques faites par le colonel Yogev Bar-Sheshet, chef adjoint de l’administration civile, lors d’une interview télévisée depuis l’intérieur de la bande de Gaza, prouvent que les forces sur le terrain sont conscientes de la destruction généralisée d’objets nécessaires à la survie : « Il n’est pas rentable de faire du mal à notre peuple. Tel est le message. Il n’y a plus rien là-bas. Ceux qui reviendront ici, s’ils reviennent après, trouveront de la terre brûlée. Pas de maisons. Pas d’agriculture. Ils n’ont pas d’avenir. »

Conclusion
« La guerre actuelle contre les assassins du Hamas est un nouveau chapitre de l’histoire de notre résilience nationale à travers les générations. Souvenez-vous de ce qu’Amalek vous a fait ». C’est ce qu’a écrit Binyamin Netanyahou dans un message aux soldats israéliens le 3 novembre 2023, dans un sifflement de chien que toute personne ayant suivi le système éducatif israélien reconnaîtra comme signifiant une réponse à une attaque d’une manière qui effacerait tout souvenir de cette nation, femmes et enfants compris. Lorsque la lutte contre le Hamas est comparée à la guerre contre Amalek, la conclusion est claire : l’ordre est d’anéantir Gaza.

Israël opère depuis sept mois dans cet esprit, et il y parvient : des villes réduites à l’état de ruines, un nombre insondable de morts, un système de santé dysfonctionnel et un avenir incertain. Poussé par une soif de vengeance pour les crimes commis par le Hamas le 7 octobre, Israël ignore toute norme morale fondamentale et viole grossièrement ses obligations en vertu du droit international.

Parmi la multitude de mesures inacceptables auxquelles Israël a recours, affamer la population de Gaza est particulièrement horrible. Depuis des mois, Israël poursuit une politique de blocus total, de destruction complète des possibilités de production alimentaire locale par l’agriculture ou la pêche, et de restriction de l’acheminement de l’aide. Le résultat de cette politique est que des millions de personnes meurent de faim.

La grave famine qui s’est installée ces derniers mois dans la bande de Gaza n’est pas le fruit du hasard, mais le produit d’une politique israélienne délibérée et consciente. Elle a été ouvertement déclarée par les décideurs, y compris un membre du cabinet de guerre israélien, dès le début de la guerre. Au cours des années de blocus de Gaza, Israël a étudié la quantité de nourriture dont les habitant·es de Gaza ont besoin pour survivre. Israël a élaboré des formules mathématiques et des tableaux caloriques à cette fin. Cela signifie qu’Israël est entré en guerre en connaissant parfaitement les besoins de la population de Gaza et qu’il a délibérément choisi de les lui refuser.

Pousser des centaines de milliers de personnes à la famine et utiliser la famine comme méthode de guerre exige une déshumanisation totale. Malheureusement, la déshumanisation des Palestiniens·ne aux yeux des Israélien·nes s’est accélérée au cours des derniers mois.

Nous espérons que la mise en évidence des implications destructrices de cette politique, ainsi que la responsabilité personnelle des hommes politiques impliqués dans la prise de décision et des commandants militaires chargés de les mettre en œuvre, amèneront Israël à comprendre ce qui devrait être évident : la famine ne peut jamais être utilisée comme méthode de guerre. Affamer une population est un crime. La tache morale, ainsi que la responsabilité criminelle créées par la conduite israélienne de ces derniers mois, ne peuvent être effacées.

Pour les témoignages complets figurant dans ce document et d’autres témoignages provenant de la bande de Gaza, voir le blog Voices from Gaza sur le site web de B’Tselem.

[1] Fenêtres de vulnérabilité : Consequences of Exposure Timing during the Dutch Hunger Winter, septembre 2022 ; Organisation mondiale de la santé. La famine à Gaza est imminente, avec des conséquences immédiates et à long terme sur la santé, mars 2024 ; UNICEF. Les enfants de Gaza ont besoin d’une aide vitale
[2] Historic famine leaves multiple generations vulnerable to infectious disease, Université de Californie, Berkeley, octobre 2020.
[3] Article 25 de la Déclaration universelle des droits de l’homme. 25 de la Déclaration universelle des droits de l’homme (1948) ; art. 2(1) du Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels (1966) ; Comité des droits économiques, sociaux et culturels, Observation générale n° 12 (1999), paragraphe 36.
[4] Protocole additionnel aux Conventions de Genève du 12 août 1949 relatif à la protection des victimes des conflits armés internationaux (Protocole I) (1977), Art. 54, intitulé : « Protection des biens indispensables à la survie de la population civile » ; Protocole additionnel aux Conventions de Genève du 12 août 1949 relatif à la protection des victimes des conflits armés non internationaux (Protocole II) (1977), Art. 14, intitulé : « Protection des biens indispensables à la survie de la population civile ».

Le régime israélien d’apartheid et d’occupation est inextricablement lié aux violations des droits de l’homme. B’Tselem s’efforce de mettre fin à ce régime, car c’est la seule façon d’avancer vers un avenir où les droits de l’homme, la démocratie, la liberté et l’égalité seront garantis à toutes les personnes, tant palestiniennes qu’israéliennes, vivant entre le Jourdain et la mer Méditerranée.

https://www.btselem.org/publications/202404_manufacturing_famine
Traduit avec DeepL.com (version gratuite)

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Ce matin je me suis réveillée

Ce matin je me suis réveillée et j’ai versé une larme

Ce matin je me suis réveillée, je me suis souvenue de cette petite ville de France qui m’a fait grandir avec amour et j’ai versé une larme

Ce matin je me suis réveillée, je me suis souvenue de ma communauté de destin en France et j’ai versé une larme

Ce matin je me suis réveillée, je me suis souvenue la passion avec laquelle toutes ces valeurs universelles nous étaient enseignées et j’ai versé une larme

Ce matin je me suis réveillée, je me suis souvenue la conviction avec laquelle tous ces principes universels nous étaient transmis et j’ai versé une larme

Ce matin je me suis réveillée, je me suis souvenue de toutes ces promesses et j’ai versé une larme

Ce matin je me suis réveillée, je me suis souvenue de tous ces rêves et j’ai versé une larme

Cette rivière de larmes en conséquence aux pluies sans fin de bombes que l’on laisse s’abattre sur des enfants

Cette rivière de larmes en conséquence à la fonte de nos valeurs, les médias attisant la haine et détournant nos institutions

Cette rivière de larmes dans laquelle certains perdus de notre République voudraient noyer nos principes de Liberté, d’Égalité et de Fraternité

N’en déplaise aux partisans du chaos, ce matin je me suis rÊveillée, je me suis souvenue que notre France nous avait enseigné que même avec un seul bras l’on pouvait apprendre à nager. Merci Serge !

Ce matin je me suis rÊveillée, je me suis souvenue de ce puit d’Amour et de cette foi sans fin en l’Humanité.

Ce matin je me suis rÊveillée…

Salima Bouyarden, Docteur de l’Université de Strasbourg, Spécialisée sur les questions de l’Identité, de l’Islam et de la Mondialisation
https://blogs.mediapart.fr/salima-bouyarden/blog/210424/ce-matin-je-me-suis-reveillee

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En tant que Palestinien,
je déplore ce qui se passe à Columbia et dans d’autres campus –
et ce que le Hamas nous a fait subir

Si les universités ne sont pas en mesure d’inculquer à leurs étudiants des attitudes pacifiques, tolérantes et coexistantes, elles ont échoué en tant qu’établissements d’enseignement supérieur.

« Un message à la racaille des nations et aux porcs de la Terre. Le paradis se trouve à l’ombre des épées. Gloire à celui qui fait goûter l’amertume à l’occupant », lisait-on dans un langage particulièrement prétentieux et mélodramatique sur une pancarte en carton brun en lambeaux, fixée par un morceau de ruban adhésif noir à une tente anodine.

« Qu’on le sache », a déclaré la femme au keffieh marron dans le microphone avec une passion contenue, sa voix étant teintée d’un accent américain. « C’est l’inondation d’Al-Aqsa (le 7 octobre) qui a remis l’intifada mondiale sur la table. Et c’est l’esprit de sacrifice des combattants de la liberté palestiniens qui guidera chaque lutte aux quatre coins de la planète vers la victoire. Jusqu’où sommes-nous prêts à aller pour perdre tous les pièges d’une vie respectable, les biens matériels que l’on nous a appris à apprécier en tant qu’individus ? »

C’est le genre de message qu’en tant que Palestinien, j’ai beaucoup entendu au fil des ans de la part de diverses voix dans mon propre camp. Un message de militantisme effréné, une menace pour le monde, un avertissement, un présage de violence. Le langage du Hamas, le langage d’al-muqawama (la résistance), le langage de la guerre.

Mais il ne s’agit pas de Gaza, ni du Yémen, ni de Téhéran. Il ne s’agit pas des paroles militantes d’un imam radical dans les nuages de poussière de l’Arabie ou dans le paysage méditerranéen déchiré par la guerre de Gaza. Il s’agit de pancartes affichées et de paroles prononcées au campement de solidarité avec Gaza de l’université de Columbia, à New York, la ville qui compte la plus grande population juive au monde – une ville peuplée de 1,6 million de juifs, contre 546 000 juifs à Jérusalem, qui vient en deuxième position. Si ces étudiant·es souhaitaient imiter leurs héros du Déluge d’Al-Aqsa et attaquer ou kidnapper des Juifs, ils auraient l’embarras du choix.

« Juifs, Juifs », scandaient les hordes d’étudiant·es américain·es, « retournez en Pologne ». Beaucoup de ces étudiant·es pourraient s’identifier comme étant de gauche et antiracistes, mais le seul parallèle historique récent à cet antisémitisme non dissimulé était les chants nus de « Les Juifs ne nous remplaceront pas » crachés par la soi-disant alt-right, les incels, les groypers et les néo-nazis à Charlottesville en 2017.

Jusqu’où le Hamas – les héros idéologiques de ces guerriers en herbe du campus – est-il prêt à aller pour perdre tous les avantages et les biens matériels de leur vie ? Ils sont allés jusqu’au bout. Gaza est aujourd’hui recouverte de poussière, d’éclats d’obus et de décombres, et le progrès économique et matériel relatif – bien que limité – atteint avant la guerre a disparu. Près de 30 000 Palestinien·nes, dont de nombreux civil·es, y compris des femmes et des enfants, seraient mort·es à la suite de la guerre déclenchée par le Hamas le 7 octobre. Toutes les universités de Gaza ont été endommagées, la majorité des hôpitaux sont hors service et ont été remplacés par des hôpitaux de campagne. L’économie productive de Gaza a été remplacée par des paquets de nourriture largués par avion et livrés par camion.

En d’autres termes, l’approche du Hamas a été un désastre pour les Palestinien·nes de Gaza, sans parler des Israélien·nes et des personnes d’autres nationalités – y compris des Américain·es et des Britanniques – assassiné·es, violées et kidnappés·e le 7 octobre dernier. Celles et ceux qui souhaitent se présenter comme pro-palestinien·nes devraient reconnaître l’échec du Hamas en tant que leader des Palestinien·nes.

Mais cet échec permanent n’a pas empêché les étudiant·es américain·es de tomber dans les bras du Hamas. Si le soutien à des militants théocratiques peut être pour beaucoup d’entre elleux une bêtise juvénile dont la plupart grandiront et se moqueront dans les années à venir, il existe un risque que les gens aillent jusqu’au bout de leurs paroles et se tournent vers la violence et la terreur, mondialisant très littéralement l’intifada. À tout le moins, il s’agit d’un terrain de recrutement fertile pour les radicaux.

Mais même si ces aspirants radicaux crient et hurlent, à long terme, aucune des deux parties – ni les Palestinien·nes, ni les Israélien·nes – n’ira nulle part.

Ce qui est réellement nécessaire pour résoudre le conflit et apporter la dignité et la liberté au peuple palestinien – et ce pour quoi j’aimerais que ces étudiant·es plaident – ce sont des dirigeant·es mûr·es, empathiques et compatissant·es des deux côtés, prêt·es à travailler ensemble pour construire la coexistence, le développement économique et les opportunités pour les gens ordinaires qui vivent sur le territoire. Cela implique une reconnaissance mutuelle de la légitimité et des droits des deux peuples sur le territoire.

Le militantisme continu et croissant n’est pas la solution. Les idéologies extrémistes qui appellent à la victoire totale et au nettoyage ethnique ou qui tentent de dépeindre l’une ou l’autre partie comme des colons colonialistes temporaires et amovibles sont un chemin vers l’enfer.

L’explosion de l’idéologie hamasnik sur les campus aux États-Unis et en Grande-Bretagne est une source d’embarras majeure pour ces institutions. Si les universités ne sont pas en mesure d’inculquer à leurs étudiant·es des attitudes pacifiques, tolérantes et coexistantes, elles ont échoué en tant qu’établissements d’enseignement supérieur.

John Aziz, 22 avril 2024
https://www.thejc.com/lets-talk/as-a-palestinian-i-deplore-what-is-happening-on-campus-and-what-hamas-have-done-to-us-grcvt66c
Traduit avec DeepL.com (version gratuite)
article communiqué par P. B. [leftreneval]

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Leçon de Pâque

Aujourd’hui, c’est la Pâque juive. À cette occasion, les Juifs se souviennent que leurs ancêtres bibliques ont été esclaves en Égypte. Mais ils se divisent sur la principale leçon à en tirer. Pour les plus cyniques, comme nos voisins de l’époque avaient tiré parti de notre faiblesse, il faudra désormais que nous soyons armés jusqu’aux dents et ce seront nos voisins d’aujourd’hui qui trembleront. Ce point de vue est constant chez les dirigeants israéliens. Pour d’autres que les premiers traiteront de rêveurs, comme nous avons connu le joug de l’étranger, nous ne pourrons plus tolérer qu’aucun peuple ne soit encore enchaîné, et surtout pas de notre fait. C’est ce que pensent pourtant de plus en plus de Juifs et de Juives de par le monde, qui s’insurgent d’autant plus contre les massacres à Gaza que ceux-ci sont commis en leur nom. Je suis de ceux-là.

On le sait : à chaque pic de violence au Proche-Orient répond une flambée d’antisémitisme partout ailleurs. Touchons du bois : en Belgique, depuis le funeste 7 octobre, aucun incident grave visant les personnes n’est à déplorer jusqu’à aujourd’hui. Mais on sent bien la petite musique qui monte et qui s’exprime sans retenue sur les réseaux sociaux : les Juifs d’ici seraient coresponsables du massacre des Gazaouis. On aura beau répéter que « il ne faut pas importer le conflit », rien n’y fait.

Nous vivons désormais dans un village mondial. Pour des raisons que chacun comprendra, les Juifs et les Musulmans de Belgique sont reliés par des liens forts avec les parties engagées dans le conflit israélo-palestinien. Mais la manière dont ils manifestent leurs sympathies peut mettre de l’huile sur le feu et semer les graines de la guerre civile ou, au contraire, renforcer notre capacité collective à faire advenir une paix juste entre les deux peuples concernés.

On distribue à la volée la qualification infamante d’antisémitisme à toute personne qui se permet de critiquer, même très modérément, la politique israélienne.

Évidemment, les propos insultants, les tags blessants et la réactivation des vieux préjugés antisémites ne peuvent être tolérés. Mais comment s’y opposer utilement, c’est-à-dire sans tout embrouiller ? Or, la propagande israélienne, relayée par les principales associations juives d’ici et d’ailleurs, alimente volontairement la confusion en distribuant à la volée la qualification infamante d’antisémitisme ou de complaisance à son égard à toute personne qui se permet de critiquer, même très modérément, la politique israélienne. Même notre premier ministre Alexandre De Croo n’y a pas échappé. Ce tour de passe-passe sémantique a notamment pour effet de donner une nouvelle virginité à l’extrême droite, du Rassemblement national au Vlaams Belang, dont l’antisémitisme constitutif se fait aujourd’hui plus discret et laisse la primauté à une islamophobie électoralement plus rentable. Cette entourloupe lui est d’autant plus aisée qu’elle se sent en profonde connivence idéologique avec ses cousins suprémacistes juifs au pouvoir à Tel Aviv qui, eux au moins, n’ont pas d’état d’âme quand il s’agit de mettre « les Arabes » au pas

Soyons clairs : les Juifs du monde entier, pris globalement, n’ont pas à rendre des comptes pour les crimes de Netanyahou et consorts. Les Musulmans de Belgique sont bien placés pour le comprendre, eux qui sont à tout bout de champ obligés de se justifier des crimes islamistes. Mais pour apaiser la sourde colère qui monte dans l’opinion publique révulsée par les exactions de l’armée israélienne à Gaza et dont les réactions se trompent parfois de cibles, le monde politique doit faire face avec précaution à ses propres responsabilités

Balayer devant sa porte
Un : il doit veiller à une approche aussi équilibrée que possible du conflit israélo-palestinien. Il n’y a pas lieu de traiter différemment la Russie et Israël quand ils commettent des crimes de guerre et bafouent massivement le droit international. Or, l’Europe est complètement partiale à cet égard, n’ayant jamais mis le moindre bémol à son partenariat stratégique avec Israël malgré l’arrivée au pouvoir d’un gouvernement d’extrême droite, malgré la colonisation et la mise en œuvre d’un régime d’apartheid contre les Palestiniens, malgré une « opération spéciale » à Gaza [1] qui ressemble de plus en plus à un génocide [2]. On peut se réjouir que, dans ce concert européen si décevant, la Belgique détonne positivement, même si elle pourrait aller beaucoup plus loin en posant des actes concrets.

Deux : il doit se méfier de toutes les initiatives qui mettraient en concurrence les différentes victimes de racisme. Séparer la lutte contre l’antisémitisme de la lutte contre l’islamophobie, dans les résolutions et dans les manifestations, c’est tourner le dos à une approche inclusive de cette lutte indispensable, laquelle ne peut être efficace que si toutes les populations concernées se sentent reconnues dans leurs souffrances et leurs inquiétudes. C’est d’ailleurs la seule façon d’empêcher que l’extrême droite islamophobe ne vienne polluer les actions contre l’antisémitisme.

Mais, pour surmonter ce sentiment de solitude où ils et elles se complaisent souvent depuis le 7 octobre, il revient aussi aux Juifs et aux Juives d’ici de lever les yeux de leur nombril et de poser quelques gestes pour se reconnecter avec l’humanité universelle où ils ont une place à défendre. En prenant leur part dans la mobilisation pour que la boucherie en cours s’arrête à Gaza. En prenant position pour que justice soit rendue au peuple palestinien écrasé sous la botte israélienne. Et en faisant cause commune avec toutes les minorités issues de l’immigration populaire et qui, à de nombreux égards, ont repris la fonction de bouc émissaire qui fut attribuée aux Juifs jusque dans un passé récent. Heureusement, nous sommes de plus en plus nombreux à le faire. En revanche, que des Juifs se disant progressistes ou libéraux n’aient rien à redire aux massacres israéliens à Gaza me sidère. Que d’autres se préparent à voter pour l’extrême droite par islamophobie m’horrifie. En matière d’antiracisme, le « chacun pour soi » ne mène qu’à la défaite de tous. C’est ma leçon de Pâque.

[1] J’emprunte ce délicat euphémisme à Vladimir Poutine qui nommait ainsi l’invasion de l’Ukraine par la Russie.
[2] Génocide : j’ai écrit ce mot en tremblant. Dans
un autre billet sur ce blog, j’expliquais mes réticences à recycler le vocabulaire de la Seconde Guerre mondiale dans le conflit en cours, tout en comprenant son usage. Je suis aussi conscient à quel point, pour des personnes juives que j’estime, l’idée qu’une émanation du « peuple juif » puisse commettre un génocide est insupportable, et je ne voulais pas les provoquer. Mais certains constats plus récents ont ébranlé cette conviction, notamment les multiples obstacles mis par Israël au déploiement de l’aide humanitaire. Cela dit, je ne pense toujours pas que la priorité soit dans la surenchère terminologique qui n’est souvent que le masque de l’impuissance. Même si on s’en tient à la qualification de « crimes contre l’humanité », la réaction de la communauté internationale reste en-dessous de tout.

Henri Goldman, 22 avril 2024
https://leblogcosmopolite.mystrikingly.com/blog/lecon-de-paque

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De Tel-Aviv à Haïfa : « Tu crois que c’est la fin d’Israël ? »
Après six mois de guerre à Gaza, chauffée à blanc par des médias aux ordres, l’opinion israélienne est tiraillée par la peur. Elle s’interroge sur le jour d’après dans un pays où l’extrême droite messianique pousse à l’épuration ethnique. La gauche a de son côté du mal à retrouver un cap. Les Palestiniens d’Israël, eux, sont soumis à de sévères restrictions de leurs libertés publiques.
https://orientxxi.info/magazine/de-tel-aviv-a-haifa-tu-crois-que-c-est-la-fin-d-israel,7260
Guerre à Gaza : des centaines de corps découverts dans des charniers dans l’hôpital de Khan Younès
Les sauveteurs ont récupéré plus de 200 corps, dont ceux d’enfants, de femmes âgées et de jeunes hommes
https://www.middleeasteye.net/fr/actu-et-enquetes/guerre-gaza-des-centaines-de-corps-decouverts-dans-des-charniers-dans-lhopital-de
L’Université de Columbia est de connivence avec l’extrême droite dans ses attaques contre des étudiants
https://aurdip.org/luniversite-de-columbia-est-de-connivence-avec-lextreme-droite-dans-ses-attaques-contre-des-etudiants/
Pris entre deux feux, Nétanyahou ne sait pas s’il doit éteindre ou propager l’incendie
https://aurdip.org/pris-entre-deux-feux-netanyahou-ne-sait-pas-sil-doit-eteindre-ou-propager-lincendie/
Une note divulguée du New York Times sur Gaza demande aux journalistes d’éviter les mots « génocide », « nettoyage ethnique » et « territoire occupé »
Au cours de la bataille interne sur la couverture de la guerre d’Israël par le New York Times, les rédacteurs en chef ont donné une série de directives.
https://aurdip.org/une-note-divulguee-du-new-york-times-sur-gaza-demande-aux-journalistes-deviter-les-mots-genocide-nettoyage-ethnique-et-territoire-occupe/
Dominique Vidal : Le fascisme à l’israélienne
Ce qui est le plus étonnant dans la guerre contre Gaza, c’est… l’étonnement de nombreux observateurs – journalistes, mais aussi chercheurs – devant l’escalade génocidaire d’Israël. Cette apparente surprise, lorsqu’elle est sincère, découle notamment d’une sous-estimation du changement qualitatif représenté par la coalition mise en place dans les derniers jours de l’année 2022.
https://www.yaani.fr/post/analyser-le-fascisme-israélien
Dans les rues d’Al-Khalil – Hébron
Imaginez huit-cent colons parmi les plus extrémistes, installés au cœur d’une vieille ville palestinienne à l’architecture mamelouk, et protégés dans leur quotidien par plusieurs garnisons de l’armée israélienne. Personne n’est prêt à l’expérience de ce réel, et aucun visiteur n’en revient indemne. C’est dans cette ville que j’ai séjourné pendant deux années, en voici quelques scènes.
https://www.yaani.fr/post/dans-les-rues-d-al-khalil-hébron
J’ai quitté Gaza. Mais je suis toujours prisonnier de la guerre
J’ai quitté ma famille à Shuja’iya, j’ai franchi un point de contrôle de l’armée israélienne et j’ai passé des semaines dans une tente à Rafah pour quitter la bande de Gaza. Cette décision me hante encore.
https://www.972mag.com/leaving-gaza-rafah-checkpoint/
Amira Hass : Des soldats israéliens ont séparé une grand-mère de Gaza de sa famille. Sa mort va hanter ses descendants
Les soldats israéliens ont-ils tiré sur cette grand-mère de Gaza ? Est-elle morte de faim ou de soif, clouée au lit, complètement seule ? A-t-elle suffoqué dans la fumée ou a-t-elle été brûlée à mort ?
https://aurdip.org/des-soldats-israeliens-ont-separe-une-grand-mere-de-gaza-de-sa-famille-sa-mort-va-hanter-ses-descendants/

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Auteur : entreleslignesentrelesmots

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