Advienne que pourra, je ne me crisperai pas à force de tenir à ma décrispation

10« Ce jour-là, j’étais en mauvaise disposition (les rayons du soleil m’ont réveillé en mauvaise disposition), dans de telles occasions, « j’augmente le chaos », ou je ne fais rien, je n’augmente ni ne diminue rien, ou je ne fais pas ce que je fais d’habitude et c’est ce qui augmente le chaos, ce qui est pire que le désordre ordinaire, car alors j’en fais également partie ».

Peter Esterhazy est un écrivain peu commun qui efface, dissous les frontières entre réalité et fiction. Car s’il s’agit bien d’inventions littéraires, l’auteur anime ici sa mère, « ma mère comme victime de la littérature », comme hier son père. Point de biographie mais des phrases, des mots, des espaces et des présences. Une histoire qui se jette dans une autre. Une histoire qui n’efface pas les mémoires et les traces, de l’usine, de la police politique, des « ennemis du peuple », de la mesquine bureaucratie, des temps plus anciens…

Des déjeuners et des digressions, des propos sur le ballon rond, des airs d’opéra, de la mémoire ou des adieux « aux personnages et aux autres unités linguistiques », la maladie…

« Ils mourront tous, tous ceux dont je parle ».

Embranchements et ressacs, épisodes revus et corrigés, pistes tracées et abandonnées, mémoires diffractées, un livre passionnant.

Par les autres livres de l’auteur : Revu et corrigé, Editions Gallimard 2005, Compléments inversés de la mémoire

Peter Esterhazy : Pas question d’art

Traduit du hongrois par Agnès Jarfas

Editions Gallimard, Paris 2012, 250 pages, 22,90 euros

Didier Epsztajn

Auteur : entreleslignesentrelesmots

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