C’était toujours comme si toutes les traces se perdaient dans le sable

4« Au cours de l’une de ces excursions belges, qui toujours me donnaient l’impression de voyager très loin en terre étrangère, je me retrouvai, par un jour radieux de l’été commençant, dans une ville qui jusqu’alors ne m’était connue que de nom, Anvers ».

Portait d’un homme, d’un émigrant dans le siècle. Une recherche traduite en un texte dense et lumineux. Le temps non-paisible des quotidiens effrités. Connaissez-vous Terezin, Prague, le ghetto de Theresienstadt… ?

Derrière ce portrait, la mémoire de celles et ceux, vaincu-e-s ou oublié-e-s de l’« Histoire », celles et ceux qui furent pourchassé-e-s, déplacé-e-s, déporté-e-s, concentré-e-s ou exécuté-e-s.

« Vera se rappelait aussi la petite fille de douze ans au bandonéon à qui elle m’avaient confié, l’album de Charlot acheté au dernier moment, les mouchoirs blancs claquant au vent, comme l’envol d’une nuée de colombes, avec lesquels les parents restés à quai avaient fait signe à leurs enfants, et l’impression étrange qu’elle avait eue de voir le train, après qu’il se fut mis en branle avec une infinie lenteur, non pour s’éloigner mais sortir de la verrière et là, à peine à mi-distance, se volatiliser ».

Un récit d’un très grande beauté.

W. G. Sebald : Austerlitz

Traduit de l’allemand par Patrick Charbonneau

Actes sud, Arles 2002, réédition Babel, 348 pages, 8,70 euros

Didier Epsztajn

Auteur : entreleslignesentrelesmots

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