« … naître de la même mère n’a jamais apparenté quiconque, pas même les chats ». En effet, les « nous » sont toujours des construits sociaux. Ici le « nous » de l’enfance, des copains, « Nous avons joué dans la même rue », les « nous » du village et même, ironiquement, les « nous » des adorations, des idolâtries catholiques…
Mais le « nous » rencontre d’autres « nous », « Pour la première fois, il se rendit compte qu’il pouvait exister des pluriels différant du seul auquel il avait le sentiment d’appartenir jusqu’à cet instant-là ».
« Nous », des pluriels pesant sur les un-e-s et les autres, des pluriels sous les regards de ces trois jeunes adolescents au village sarde.
Dix chapitres et un épilogue. Un roman malicieux et une interrogation sensible sur les imaginaires, sur les traditions. Le temps des rêves et des aventures. Et une douce mélancolie anticléricale.
Sans oublier que « la solitude des enfants d’immigrés est celle des orphelins sans deuil »
Michela Murgia : La guerre des saints
Traduit de l’italien par Nathalie Bauer
Seuil, Paris 2013, 117 pages, 15euros
Didier Epsztajn