L’amendement sur la garde des enfants donne raison aux « pères perchés »

L’amendement Rect 128 vient d’être voté au Sénat et prévoit d’imposer la garde alternée quand un des deux parents la demande. Il intègre également la définition du “syndrome d’aliénation parentale” qui devient un délit.

Y a-t-il un problème pour les pères en France?

Non. Seuls 2% des divorces opposent les parents quant à la garde des enfants (1). Dans 98% des cas, le mode de garde est un choix commun où personne ne peut se sentir lésé. Les 2% se répartissent comme suit: 1,38% sont majoritairement confiés à la mère, 0,52% sont majoritairement confiés au père, 0,2 sont en résidence alternée. La revendication des mouvements de « pères » ne peut donc porter que sur ce 0,86% de différentiel de décisions en faveur des mères après divorce et opposition sur le mode de garde. Or il faut y mettre tous les litiges où le père est accusé ou souvent condamné pour violences conjugales (une femme tuée un jour sur deux en France), inceste (3% des enfants), etc. Ces phénomènes ne sont malheureusement pas des fantasmes.

Le « syndrome d’aliénation parentale » repris dans la loi sans être mentionné textuellement existe-t-il ?

Non. Il est l’invention de Gardner un pro-pédophile américain. Jamais reconnu par aucune instance scientifique, il est considéré comme un bouclier parfait pour pères incestueux. La mère dénonce des violences sexuelles sur les enfants et demande à ce qu’ils soient protégés ? Ce serait parce qu’elle veut se les accaparer et donc les dénonciations seraient toutes fausses. Le Collectif féministe contre le viol avait déjà répertorié des centaines d’enfants dont on a finalement reconnu l’abus sexuel mais qui étaient déclarés comme « manipulés » comme le dit l’amendement, par leur mère. La loi va aggraver la situation. Douze témoignages mettent en lumière ce problème : https://antimasculinisme.wordpress.com/2013/09/19/recits-dutilisation-du-sap/

Y a-t-il des situations dramatiques pour les pères qui montent sur les grues?

Je reçois parfois des témoignages de pères en difficulté au moment de la séparation. Quand ils sont allés voir une association « de pères », ils sont partis en courant en entendant le discours violemment misogyne qui les a effrayés. On remarque que beaucoup des « grimpeurs » ont été inquiétés ou condamnés pour violences conjugales, harcèlement, agressions sexuelles, agressions, enlèvements… Faut-il rappeler que « SOS Papas » a débuté sa carrière avec une histoire de tentative d’enlèvement et d’assassinat, qui a envoyé six hommes en prison dans les années 90 ?(2).

Comme dans tout problème humain, il peut y a des situations difficiles pour les parents (2%). Mais la situation systémique de domination des femmes par les hommes a pour conséquence que plus de mères que de pères se retrouvent en difficulté : 40% des pensions alimentaires ne sont pas payées, 96% des incestes sont le fait d’agresseurs hommes. La différence est que les mères ne montent pas sur les grues…

Les associations « de pères » cachent-elles autre chose ?

Ayant moi-même infiltré ces mouvements (pour un film) j’ai entendu les plus importants leaders masculinistes m’expliquer que la question de la garde des enfants était un cheval de Troie stratégique pour avancer dans leur combat réel : le droit des hommes. A savoir, le retour à une situation où chacun était bien à sa place : hommes au pouvoir, femmes à la cuisine et homosexuels en marge. Le discours des militants « pères » français témoigne bien d’une misogynie qu’ils ont peine à cacher, teinté souvent d’homophobie (« SOS Papas » a manifesté contre le mariage pour tous). J’ai détaillé ce phénomène dans un article du monde toujours en ligne (3) et je ne pensais pas avoir raison si vite.

Pourquoi leur donne- t-on raison ?

Je laisse la parole au député UMP André Reichart : « Nous sommes, comme parlementaires, sollicités tous les jours par des pères qui déplorent d’être privés de la garde de leur enfant. (…) Ils ont pris une telle envergure qu’on ne peut y rester sourd. » (4)

Le lobbying a payé. Les enfants vont payer aussi.

Patric JEAN (5)

Contact: Patric JEAN info.blackmoon@gmail.com


 

(1) L.Chaussebourg et D.Baux, L’exercice de l’autorité parentale après le divorce ou la séparation des parents non mariés, Rapport pour le Secrétariat général, Direction de l’Administration générale et de l’Équipement, Sous-direction de la Statistique, des Études et de la Documentation, Ministère de la Justice, Octobre 2007

(5) Cinéaste (la Domination masculine), producteur, père en garde alternée et porte-parole de Zéromacho

Auteur : entreleslignesentrelesmots

notes de lecture

2 réflexions sur « L’amendement sur la garde des enfants donne raison aux « pères perchés » »

  1. Tiens les revoilà les SOS papa qui veulent à tout prix la garde alternée de leur enfant.
    je voudrais que la justice leur demande combien ils ont passé de temps ces pères frénétiques à s’occuper de leur enfant jusqu’à 2 ans.
    En général ces messieurs préfèrent s’occuper des enfants quand ils sont plus grands, quand la phase biberon couche-culotte est terminée et qu’il s’agit  » d’éduquer » le jeune esprit, tâche nettement plus noble que les contraintes du premier âge.
    Les femmes ne se perchent pas sur des grues pour proclamer que ce n’est pas à elles seules de se taper tout le boulot de la phase bébé.
    Les féministes revendiquent des crèches et des modes de garde de qualité ce que ne réclame pas SOS papa qui s’en va à la manif pour tous réclamer un papa et une maman pour tous!
    Messieurs les papas les enfants ne sont pas une propriété et il faut les assumer dès le premier jour .
    Combien de SOS papa ont pris du temps partiel ou ont arrêté leur boulot pour s’occuper de leur enfant ?

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