Solidarité avec Trần Tố Nga et les victimes vietnamiennes de l’agent orange-dioxine

Trần Tố Nga, était, pendant la Guerre du Vietnam, journaliste à l’Agence d’information du Front national de libération du Sud Vietnam. Elle a été victime, comme des millions de vietnamiens, des épandages d’agent orange-dioxine de l’armée américaine sur le Vietnam. En 2014, Nga, française d’origine vietnamienne a intenté un procès devant les tribunaux français contre les firmes chimiques américaines, dont Monsanto, qui ont fourni l’agent orange-dioxine.

Trần Tố Nga souffre de pathologies causées par la dioxine. Dans sa biographie, elle écrit : « mes descendants et moi-même sommes empoisonnés. L’examen de la fameuse liste des maladies établies par les Américains permet de dire que je souffre de 5 des 17 pathologies inventoriées ». En effet, elle aura trois filles, toutes atteintes de malformations cardiaques et osseuses. Une de ses filles, Việt Hải, née avec une malformation cardiaque, s’éteint à tout juste 17 mois.

Un déni de justice pour toutes les victimes 
Le 10 mai 2021, le tribunal judiciaire d’Evry a rendu son jugement. Il a déclaré irrecevables les demandes de Trần Tố Nga. On ne peut que s’étonner qu’il ait considéré que les entreprises concernées auraient agi sous la contrainte du gouvernement américain alors qu’elles ont répondu volontairement à un appel d’offres. Alors que rien ne les y obligeait, les firmes ont délibérément choisi un procédé de fabrication rapide générant la présence en très grande quantité de dioxine dans le produit livré afin d’augmenter leurs profits. Les firmes connaissaient pertinemment la dangerosité de leur produit.

La plus grande guerre chimique de l’histoire ?
Ce jugement porte sur la forme et non sur le fond. Ce jugement suscite déception et colère. Il constitue bien un véritable déni de justice. Rappelons que cette guerre fut la plus grande guerre chimique de l’histoire, une catastrophe humanitaire, sanitaire et environnementale. L’utilisation de l’agent orange-dioxine signifie des souffrances infinies infligées à des millions de victimes, la destruction irrémédiable d’une partie des écosystèmes, un écocide. Près de 80 millions de litres d’herbicides ont été déversés sur plus de 2 500 000 hectares. Ces épandages ont contaminé plus de 3 millions de personnes (cancers, malformations), détruit 20% des forêts du Sud du Vietnam, et pollué 400 000 hectares de terres agricoles. S’y sont ajoutées la destruction de plus d’1 million d’hectares de forêt tropicale et la disparition d’une faune abondante.

50 ans après la fin de la guerre, l’agent orange-dioxine tue encore
Plus de 3 millions de personnes vietnamiennes en subissent toujours les conséquences. Environ 150 000 enfants, sur quatre générations depuis 1975, sont nés avec des malformations, ou des situations lourdes de handicap (absence de membres, cécité, surdité, tumeur externe…). Il est utile et plus que nécessaire de se mobiliser et d’agir pour soutenir Trần Tố Nga ainsi que toutes les victimes actuelles et à venir de ces épandages criminels. Il faut aussi que l’ensemble de la communauté internationale se dresse contre les écocides et les génocides.

Une campagne de soutien à Nga 
On ne compte plus les manifestations, les réunions, les démarches, les conférences de presse, les rencontres, les dédicaces de son livre Ma terre empoisonnée. Une lettre de soutien au combat de Nga avait fait l’objet d’une campagne de signatures. De nombreux citoyens l’avaient signée ainsi que des syndicats, des associations, et 300 personnalités : des anciens ministres, des sénateurs et sénatrices, des députées et députés, des maires, des conseillers régionaux ou départementaux, des artistes, des chercheurs, des écrivains, des enseignants, des journalistes, des juristes, des médecins, des universitaires, etc.), des responsables politiques, religieux et d’associations. L’espoir demeure !

Déjà une victoire 
Trần Tố Nga déclare en 2022 : « Je suis déçue mais je ne suis pas triste. Être arrivée jusqu’à la décision du 10 mai est déjà une victoire. Je tiens à remercier toutes les personnes qui me soutiennent. » En effet, cette lutte a permis de faire sortir de l’oubli les crimes perpétrés par les Américains pendant la guerre du Vietnam. Elle a porté à la connaissance de beaucoup de monde les souffrances des victimes de l’agent orange et l’écocide, conséquences des épandages d’agent orange-dioxine fabriqué par les firmes américaines et déversé par l’armée américaine. Le procès de Nga connaît un grand retentissement en France, au Vietnam et dans d’autres pays. La couverture médiatique (presse, radios et télévisions, réseaux sociaux) témoigne d’un fort et chaleureux soutien de l’opinion au courageux et juste combat de Nga. Il s’agit d’une importante victoire sur laquelle nous appuyer pour que Nga gagne son procès historique. Et le jugement du 10 mai 2021 ne peut donc être accepté.

Le combat continue ! 
Trần Tố Nga a interjeté appel du jugement rendu par le tribunal. L’audience se tiendra le mardi 7 mai 2024 à la Cour d’appel de Paris.

Trần Tố Nga et les victimes de l’agent orange ont besoin de vous et du soutien de tous ! Nous vous donnons rendez-vous le samedi 4 mai à 14h, place de la République à Paris, pour un rassemblement de soutien populaire à Trần Tố Nga et aux victimes de l’agent orange.

Nous organiserons également un repas de soutien à Trần Tố Nga et aux victimes vietnamiennes de l’agent orange-dioxine les vendredis 22 mars au soir et 26 avril au soir. Une conférence de presse sera organisée la semaine du 22 avril. Enfin, le Comité participera à la Marche contre l’agrochimie le 25 mai à Paris.

Justice pour Trần Tố Nga et les victimes de l’agent orange !

Comité de soutien : AAFV (Association d’Amitié Franco-Vietnamienne, ARAC (Associations Républicaine des Anciens Combattants), Association Chevilly Larue Yen Bai, Cap Vietnam, CID Vietnam (Centre d’Information et de Documentation sur le Vietnam contemporain), Comité de jumelage de Villejuif, Collectif Vietnam-Dioxine, FaAOD (Fonds d’alerte contre l’Agent Orange/Dioxine), Le Mouvement de la Paix, Le Village de l’amitié de Van Canh, Orange DiHoxyn, Song Viêt, UGVF (Union Générale des Vietnamiens en France) VNED (Vietnam les Enfants de la Dioxine)

Signataire de l’appel à rassemblement : LDH (Ligue des droits de l’Homme)

Paris, le 22 mars 2024

https://www.ldh-france.org/solidarite-avec-tran-to-nga-et-les-victimes-vietnamiennes-de-lagent-orange-dioxine/

Auteur : entreleslignesentrelesmots

notes de lecture

3 réflexions sur « Solidarité avec Trần Tố Nga et les victimes vietnamiennes de l’agent orange-dioxine »

  1. « Agent orange » au Vietnam :
    « Ce procès historique est celui de la dernière chance pour obtenir justice »

    A l’initiative du Collectif Vietnam Dioxine, des personnalités politiques, syndicales et associatives apportent leur soutien, dans une tribune au Monde, à la Vietnamienne Tran To Nga, victime de cette arme chimique, dans le procès qui l’oppose notamment à l’entreprise Monsanto.

    Le 7 mai 2024 aura lieu un procès digne d’un combat de David contre Goliath. Tran To Nga, âgée de 82 ans, assigne en justice 14 multinationales agrochimiques, dont la célèbre Monsanto, pour avoir produit et commercialisé l’agent orange, un herbicide employé comme arme chimique par l’armée étasunienne durant la Guerre du Vietnam. Ce procès historique est celui de la dernière chance pour obtenir justice et permettre aux victimes d’envisager la reconstruction individuelle et collective, près de 50 ans après la fin du conflit.

    Accompagnée de ses avocats Me William Bourdon, Me Bertrand Repolt, et Me Amélie Lefebvre, c’est en 2014 que Tran To Nga dépose plainte au tribunal judiciaire d’Evry où elle réside. Reprenant les arguments des sociétés incriminées, le parquet rend sa décision en 2021 : il se déclare incompétent à juger du fond de l’affaire. Ses avocats font alors appel de cette décision, l’affaire est reconduite devant la Cour d’appel de Paris trois ans plus tard.

    Si les sociétés incriminées plaident l’immunité de juridiction (définition), parce elles ont en réalité répondu à un appel d’offres qui n’imposait en rien la présence de dioxine. Par ailleurs, la toxicité du produit était connue des fabricants dès 1957. Les épandages d’herbicides ont commencé en 1961, dont l’agent orange, massivement déversé dès 1965. S’il y a eu des réquisitions par les Etats-Unis, elles n’ont eu lieu qu’à partir de 1967, soit six ans après le début des épandages.

    L’agent orange comme arme de guerre chimique

    C’est en tant que résistante et journaliste pour le Front national pour la libération (FNL) que Nga s’engage. C’est à Cu Chi, haut lieu de la résistance, qu’elle subit à 24 ans les épandages d’agent orange, défoliant déversé par les avions de l’armée étatsunienne. L’objectif est de débusquer et d’affamer les résistant-e-s caché-e-s dans la forêt en faisant tomber les feuilles des arbres et en détruisant les terres agricoles.

    L’agent orange tient son nom de la couleur du bandeau peint sur les barils signalant son « exceptionnelle toxicité » selon les mots de Dow Chemical. La concentration de la dioxine, sa composante cancérigène et tératogène a été volontairement surdosée à des fins mortifères et lucratives.

    Ce poison « insidieux, silencieux, invisible » et ses effets ont détruit et détruisent encore aujourd’hui les terres et les corps. Actuellement, près de 6 000 enfants par an naissent avec des malformations congénitales, et 150 000 enfants souffrent de handicap lourd (hydrocéphalie, absence de bras, incapacité de se tenir debout, de marcher, surdité, cécité…). La malédiction de l’agent orange se perpétue et touche désormais la 4e génération.

    Tran To Nga souffre elle-même de tuberculoses à répétition, d’un cancer, d’alpha-thalassémie, et d’un diabète de type 2 avec une allergie à l’insuline « rarissime ». Puissant perturbateur endocrinien, l’agent orange impacte aussi sa descendance. Elle perd sa première fille, Viet Hai, à la suite d’une malformation cardiaque au bout de 17 mois. Ses deux autres filles sont atteintes de complications cardiaques et osseuses, de même que ses petits-enfants. Pour son procès, son corps abîmé par la guerre et les maladies qu’il porte fait office de preuve face à ses bourreaux. André Picot, toxicochimiste déclare en 2011, à la lecture des résultats médicaux : « Les valeurs d’antan de dioxines dans l’organisme de Mme Tran ont accompli leur œuvre de mort ».

    La Guerre du Vietnam comme genèse du concept d’écocide

    Entre 1961 et 1971, près de 80 millions de litres d’herbicide contenant l’agent orange ont été déversés, 400 000 hectares des terres ont été détruites, soit 20% des forêts du sud du Vietnam.

    Il s’agit d’un véritable écocide, notion théorisée par Arthur Galston en 1970 sur la base du drame de l’agent orange, et depuis 2024 inscrite dans la législation européenne comme un comportement causant “des dommages étendus et substantiels qui sont soit irréversibles soit durables” à l’environnement. Une définition internationale avait été proposée en 2021 par un groupe d’expert-e-s à l’attention des Etats parties au Statut de Rome, document qui définit les crimes internationaux sur lesquels la Cour pénale internationale a un pouvoir juridictionnel.

    Justice et réparation : « deux poids deux mesures » ?

    Après de longues tractations avec les sociétés incriminées, les vétérans étatsuniens victimes du même poison ont été indemnisés à hauteur de 180 millions de dollars dès 1984. Aucune reconnaissance juridique ou réparation n’ont abouti pour les victimes vietnamiennes, déboutées en 2009 par la Cour suprême des Etats Unis. Certaines vies valent-elles plus que d’autres ?  Certains corps méritent-ils plus de réparations au regard de leur origine ? Sommes-nous en réalité face à un racisme environnemental ?

    Le temps presse. Les firmes incriminées et leur armée d’avocats livrent à Tran To Nga une course contre la montre. En raison de son âge, ce combat est pour elle le dernier, mais il en inspirera d’autres. Par cette tribune, le Collectif Vietnam Dioxine réaffirme sa volonté d’assurer la relève, de continuer de soutenir les victimes de l’agent orange, des armes chimiques et produits, et des écocides. Pensons aux victimes passées et présentes du glyphosate de Monsanto-Bayer, du phosphore blanc à Gaza, du chlordécone aux Antilles et bien d’autres encore.

    Que cet écocide tombé du ciel serve à soulever des terres, qu’il nous indigne et nous mobilise pour que le 7 mai 2024, jour de l’anniversaire de fin de la bataille de Diên Biên Phu, David triomphe bien de Goliath. 

    Pour ces corps intoxiqués longtemps restés dans l’ombre, pour ces terres empoisonnées, celles qui restent et celles de nos ancêtres, nous appelons à soutenir massivement le combat de Tran To Nga en participant au rassemblement de soutien qui aura lieu à République, à Paris, le 4 mai 2024 à 14h.

    Premiers signataires : Nadège Abomangoli, députée LFI de la 10e circonscription de Seine-Saint-Denis  ; Farida Amrani, députée de la 1re circonscription de l’Essonne ; Jean-Noël Aqua, conseiller de Paris ; Marine Bachelot Nguyen, autrice et metteuse en scène, cie Lumière d’août ; Patrick Baudouin, président de la LDH (Ligue des droits de l’Homme) ; David Belliard, maire adjoint Paris ; Souba Brunel, fondatrice de l’association Les Impactrices ; Maxime Challiot, médecin, AFAH ; Sophia Chikirou, députée de Paris ; Elsa Faucillon, députée PCF ; Alexandre Florentin, conseiller de Paris ; Joao Gabriel, doctorant en histoire ; Sylvain Goldstein, responsable syndical ; Sabine Grataloup, mère de Théo Grataloup, victime des pesticides ; Hélène Grosbois, activiste ; Frank Lao, auteur @decolonisonsnous ; Jean Pierre Archambault, AAFV ; Jérôme Legavre, député de la Seine-Saint-Denis ; Hélène Luc, sénatrice, présidente d’honneur de l’AAFV ; Jessica Mwiza, chercheuse sociologie  ; Hai Nam Nguyen, président de l’AAFV ; Akim Omiri, auteur comédien ; Mathilde Panot, présidente du groupe La France Insoumise à l’Assemblée nationale ; Phillipe Poutou, Nouveau Parti Anticapitaliste ; Alexandre Robert, co-fondateur, Alliance Santé Planétaire ; Sandrine Rousseau, députée Les Ecologistes – EELV de la 9e circonscription de Paris ; Ersilia Soudais, députée LFI-NUPES ; Alexia Soyeux, créatrice du podcast Présages ; Marie Toussaint, membre du Parlement européen (Les Verts/ALE) ; Cédric Villani, mathématicien, ancien député.

    Organisations et partis politiques soutiens de la mobilisation organisée par le Comité de soutien à Tran To Nga : Afrofem Marseille ; Alternatiba Paris ; Alliance Ecologique et Sociale 75 ; Association d’Amitié Franco Vietnamienne ; ATTAC France ; Black History Month ; UD CGT Paris  ; CliMates ; Collectif Pesticides en question ; Comité d’Eure et Loir de l’Association d’Amitié Franco-Vietnamienne ; Combat Monsanto ; Coordination gegen BAYER-Gefahren ; ENSEMBLE !, mouvement pour une Alternative de Gauche Écologiste et Solidaire ; Extinction Rébellion France ; Les Impactrices ; LDH (Ligue des droits de l’Homme) ; Isonomia, pour une révolution égalitaire ; Mouvement de la Paix ; Nouveau Parti Anticapitaliste (NPA) ; Jeunes Ambassadeurs pour le Climat ; Groupe Parlementaire LFI-NUPES ; Orange DiHoxyn ; Révolution Permanente ; SNJ-CGT ; Tsedek ! ; Union des Jeunes Vietnamiens de France (UJVF) ; Union Générale des Vietnamiens de France (UGVF) ; Union syndicale Solidaires ; Association Suisse-Vietnam ; Youth for Climate Paris-IDF ; Association VIVRE ; VNED ; Wild Legal.

    https://www.ldh-france.org/3-mai-2024-tribune-collective-agent-orange-au-vietnam-ce-proces-historique-est-celui-de-la-derniere-chance-pour-obtenir-justice-publiee-sur-le-monde/

  2. JUSTICE POUR TRAN TO NGA ET LES VICTIMES DE L’AGENT ORANGE !

    Comité de soutien à Tran To Nga : AAFV (Association d’Amitié Franco-Vietnamienne, ARAC (Associations Républicaine des Anciens Combattants), Association Chevilly Larue Yen Bai, Cap Vietnam, CID Vietnam (Centre d’Information et de Documentation  sur le Vietnam contemporain), Comité de jumelage de Villejuif, Collectif Vietnam-Dioxine, FaAOD (Fonds d’alerte contre l’Agent Orange/Dioxine), Le Mouvement de la Paix, Le Village de l’amitié de Van Canh, Orange DiHoxyn, Song Viêt, UGVF (Union Générale des Vietnamiens en France) VNED (Vietnam les Enfants de la Dioxine)

    Pour signer l’appel
    Contact mail : contact@vietnamdioxine.org

    https://solidaires.org/sinformer-et-agir/actualites-et-mobilisations/4-mai-2024-solidarite-avec-tran-to-nga-et-les-victimes-vietnamiennes-de-lagent-orange-dioxine/

  3. Mon frère décédé la semaine passée était au golfe du tonkin sur le porte-avion Lafayette lors de la victoire de Giap à Dien Bien Phu. l’occupation américaine qui succéda à celle de la France a laissé des traces qui devraient être compensées

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