Un peu moins d’imprécations et un peu plus de journalisme !

mediacritique11L’édito parle de la situation de Libération, du Monde et rappelle, entre autres que « le pluralisme forme un tout et que, ce n’est pas par soustraction de titres que se gagne le combat pour une appropriation démocratique des médias »

Et, en avant-gout du dossier sur les médias et les complots, il se termine par : « Cette réticence à engager une discussion argumentée avec ceux qui n’adhèrent pas aux « vérités » que prétendent révéler les médiocrates est non seulement bien peu conforme à l’idéal démocratique et pluraliste que ceux-ci brandissent comme un étendard, mais elle a surtout pour inconvénient de nourrir les suspicions… des amateurs de complot ! »

 

Je ne souligne que certains éléments de cette riche livraison.

 

Les palmarès se multiplient, « leur logique revient en effet à soumettre toute chose et toute activité à une compétition et à une concurrence permanentes, afin de classer et de hiérarchiser, de célébrer les « meilleurs » et de montrer du doigt les « mauvais ». » Les données sont très discutables. Les publications comparent des choses incomparables, oublient que l’idée même de classement est non seulement souvent sans intérêt mais aussi contraire aux nécessaires collaborations et solidarités. Palmarès incongrus, stupides ou idéologiquement signifiants, les articles « réussissent l’exploit de n’évoquer ni la moindre explication des inégalités qu’ils manifestent ni aucune solution envisageable pour les résorber ! ». Ce qui compte pour les idéologues néolibéraux c’est de montrer qu’il faut toujours gagner la compétition… Bref, une promotion d’une vision étroite et idéologique du monde et une contribution à sa légitimation.

 

L’article sur « Valls médiatique » souligne bien les liens entre médiatisation et dépolitisation des débats. Derrière une forme de publicité, sans autre fondement que la vente de papier ou la promotion d’un bien-pensé, le refus de poser les enjeux politiques. Médiatisation, palmarès, sondages… et évacuation des débats démocratiques sur les choix politiques.

 

Je souligne la pertinence des analyses dans le dossier sur les médias et les complots.

« De quoi s’agit-il en fait ? De donner une apparence savante à une dénonciation qui englobe dans une même vision du monde de pseudo-explications par des causes (qui sont parfois des conspirations) bien réelles. La dénonciation des premières permet à peu de frais, de se débarrasser des secondes »

Acrimed accusé d’être complotiste, y compris par des sociologues qui se réclament de l’émancipation ! Les arguments pour expliquer les positions critiques défendues par l’association ne semblent pas pouvoir atteindre ces « rhétoriques irréfutables » qui omettent les rapports de forces institutionnels, les logiques sociales à l’œuvre dans le microcosme médiatique, les contraintes objectives de la production de l’information, etc.

Pour ne pas aborder les rapports sociaux, l’exploitation et les dominations, « il est en effet difficile de nier le fait que la finance exerce un pouvoir réel sur les politiques économiques menées et une influence notable sur le devenir des sociétés contemporaines », il suffit de traiter celles et ceux qui analysent les mécanismes et ne se plient pas à l’idéologie néolibérale, de voir partout des complots, voire de les inventer, en les agrégeant aux vrais complotistes (celles et ceux qui diffusent le Protocole des Sages de Sion, le Réseau Voltaire, Thierry Messian, pour n’en citer quelques-uns).

Ces médiocrates inventent une opinion publique, arborent des sondages dont les réponses sont contenues dans les questions, refusent les enquêtes, s’autoproclament expert-e-s en tout…

Tout cela révèle des défaites du journalisme, Médiacritique(s) y oppose un remède, reproduit en titre de cette note.

 

Les un-e-s tiennent le haut des tribunes, d’autres pigistes, « soutiers de l’information internationale » produisent des informations dans des conditions précaires, voir l’exemple au Liban, présenté dans ce numéro…

 

Sommaire :

Marseille, vu du Monde

Consternante passion pour les palmarès

Aides à la presse : L’avantage fiscal des journalistes

Valls médiatique

Dossier : MÉDIAS ET COMPLOTS

La théorie du complot, arme de destruction massive

Chômage : la vérité est ailleurs

Notre critique des médias ? « complotiste », évidemment !

Le complot des complotistes (par Pierre-André Taguieff, savant)

Traque du conspirationnisme à coups de sondage

Bilderberg, cet inconnu pourchassé par des complotistes

Climat malsain chez Stéphane Bern

Des imprécateurs qui se prennent pour des pédagogues

Une presse musicale déboussolée

Vies de pigistes au Liban

Proudhon critique les médias

 

Une nouvelle fois, l’œil et l’oreille de la critique sur des médias dominants. Nécessaire.

 

Médiacritique(s) N°11 Avril-Juin 2014

Le magazine trimestriel de l’association Acrimed

36 pages, 4 euros

Didier Epsztajn

Auteur : entreleslignesentrelesmots

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