Féminisme radical vs. transféminisme. Communiqué de la Plataforma Anti Patriarcado (PAP)

Nous sommes tout à fait habituées à voir défiler sur notre page des gens qui nous traitent de tous les noms parce que nous ne défendons ni la prostitution ni la pornographie, car nous les concevons comme nuisibles pour toutes les femmes, de par la violence et l’idéologie de subordination qu’elles comportent. Les adjectifs utilisés pour nous décrire vont de “puritaines” ou “prudes” jusqu’à “putophobes”, en passant par l’accusation d’être la cause de la violence dont souffrent les femmes qui exercent la prostitution (nous clarifions ici que, si nous devions nous définir, ce serait plutôt comme prostitueur-phobes, proxénètophobes ou patriarcaphobes). Malheureusement, nous sommes extrêmement habituées à cela et aux interventions des machistes de service.

En plus de cela s’ajoute le fait que, au début de l’année dernière, nous avons commencé à subir le mot “TERF” comme insulte chaque fois que nous disions être des féministes radicales. Comme cela s’est produit plus d’une fois, nous avons vérifié le sens de ce mot sur Internet. TERF veut dire : “Trans exclusionary radical feminists” (soit, “Féministes radicales excluant les trans”). Nous avons été surprises de nous voir désignées comme TERF avant même de nous être prononcées sur le féminisme et les personnes trans. C’est-à-dire, nous ne comprenions pas pourquoi des gens pensaient ou étaient sûr.e.s de notre exclusion des personnes trans du féminisme alors qu’il y a de nombreuses personnes trans qui sont des féministes radicales. En vérité, cela nous a laissées très perplexes. Nous avons supposé qu’il s’agissait de gens qui ignoraient que, d’une part, il y a beaucoup de personnes trans qui sont des féministes radicales et, d’autre part, que beaucoup de féministes radicales N’EXCLUENT aucunement les femmes trans du féminisme. Pourquoi le ferions-nous ? Plus on est et mieux c’est.

Le fait est que nous trouvons très suspecte l’existence de deux termes réservés aux féministes radicales (le deuxième est SWERF, “Sex Worker Exclusionary Radical Feminists”, soit “Féministes radicales excluant les travailleur.e.s du sexe”). Car, selon nous, cela révèle une misogynie indéniable ; et si ces termes sont déjà utilisés pour mettre en doute la théorie sur laquelle se base le féminisme radical, nous croyons qu’il n’est pas nécessaire de définir ce que cela met en évidence, surtout si c’est fait au nom du ¿FÉMINISME?

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Traduction : “L’ancien groupe de femmes qui a disparu était vraiment excluant et plein de TERF constamment en train de parler de leur vagin.”

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Traduction : “‘Discrimination sexuelle’, alerte aux TERF

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Traduction : “Si nous vivions dans un monde où la ‘socialisation masculine’ n’était pas un argument de TERF, on pourrait peut-être utiliser ce genre de langage sans conséquence négative ; mais tel quel, il implique que nous, les femmes trans, ne sommes pas de vraies femmes parce que nous n’avons pas reçu une certaine expérience mystique universelle de féminité depuis la naissance.”

Après la fermeture de notre page, en raison d’une attaque organisée menée par des gens qui ont considéré un de nos posts comme transphobe, nous souhaitons expliquer notre position par rapport au thème qui nous occupe.

En premier lieu, nous nous excusons si certaines de nos paroles ont pu se révéler offensantes ou si notre manière de communiquer à ce moment-là a été perçue comme agressive et excluante envers des personnes trans.

Deuxièmement, nous voulons manifester notre rejet total face à la manière dont certaines personnes ont manipulé les intentions du post en question, pour créer une impression biaisée et favoriser une interprétation de transphobie. Pour y arriver, ces gens ont fait des captures d’écran de quelques fragments du post, EN LES SORTANT DE LEUR CONTEXTE, pour pouvoir ensuite les déformer sans ménagements.

Nous n’avons à aucun moment nié le droit des femmes trans à se définir comme femmes. Mais nous avons voulu souligner – et, nous insistons, nous n’avons peut-être pas utilisé les mots et expressions les plus adéquats – que le cœur de notre lutte féministe, c’est de rendre visibles et combattre toutes les formes de violence étroitement liées aux façons dont le patriarcat s’approprie la condition biologique des êtres humains femelles, qu’on ne peut passer sous silence ou essayer de rendre invisibles. Quand on parle de violences spécifiques dues au fait d’être des êtres humains femelles, nous faisons référence à des thèmes tels que l’ablation du clitoris, la criminalisation de l’avortement, l’avortement sélectif des fœtus féminins, les rituels de défloration, le mariage d’enfants, les privations dues au fait d’être nées filles, la location d’utérus, etc. Mettre en évidence cette réalité et le fait que des millions de filles et de femmes sont violentées et assassinées parce qu’elles sont nées femmes CE N’EST PAS DE LA TRANSPHOBIE. Ce n’est pas non plus transphobe de différencier ces oppressions (qui sont présentes dans notre lutte) de l’exclusion et de la violence que vivent les femmes trans. Si cela a été perçu comme de la transphobie, c’est parce qu’il y a eu, de la part de certaines personnes clefs, une mauvaise intention explicite de déformer la finalité de notre post et de centrer l’attention sur certaines expressions et mots pour créer une opinion tronquée. Nous savons que dans cette manipulation sont intervenues des personnes appartenant à quelques collectifs trans, mais aussi des personnes appartenant à d’autres lobbies, qui tirent profit de la fermeture de notre page : il est difficile de faire tomber et/ou discréditer une page en disant qu’elle est ABOLITIONNISTE, il est plus facile de le faire en la qualifiant de transphobe.

Troisièmement, nous voulons rappeler, surtout aux personnes qui suivent de près notre page, que nous avons soutenu depuis toujours la communauté des trans (https://plataformaantipatriarcado.wordpress.com/2017/02/06/pruebas-del-apoyo-de-la-plataforma-al-colectivo-trans/) : nous avons toujours défendu ses droits et sa dignité, et nous avons toujours condamné la violence exercée contre cette communauté. Mais cela ne nous empêche pas d’être critiques de certaines des prémisses du transféminisme qui prennent pour fondement la théorie queer, parce que nous concevons que REMETTRE EN QUESTION ces prémisses fait partie de la lutte féministe, ainsi que se rappeler de nos bases et créer des solutions pour toutes les femmes.

Nous considérons qu’il est CRUCIAL de continuer à mettre en lumière tous les subterfuges que, pendant des milliers d’années et encore aujourd’hui, le patriarcat utilise pour exercer de la violence, nous annuler, nous chosifier et perpétuer un climat de honte au sujet de nos corps. Donc, nous sommes TOTALEMENT contre le fait de rendre invisibles dans le langage nos processus et attributs biologiques (et les femmes trans qui comprennent la base de la lutte féministe sont tout à fait d’accord avec cette politique). Pour nous, l’invisibilisation de nos corps est de la PURE MISOGYNIE, quelle que soit la justification qu’on utilise pour cela. Comme il y a des femmes machistes et/ou misogynes, il peut y avoir des femmes trans machistes et/ou misogynes.

En tant que femmes nous avons été invisibilisées pendant des milliers d’années au moyen de la culture, de l’éducation et du langage. Même aujourd’hui nous continuons à être rendues invisibles dans beaucoup d’endroits partout dans le monde ; donc non, nous ne sommes pas des « personnes enceintes », des « personnes qui ont leurs règles », comme nous n’avons pas non plus de « front hole » ou « trou avant » (expression utilisée par certains en référence au vagin). Par conséquent, nous continuerons de parler de femmes enceintes, de femmes qui ont leur règles et d’ovaires, d’utérus, de vulves et de vagins. Ces mots font uniquement référence à la biologie des êtres humains femelles qui, pendant des milliers d’années et encore aujourd’hui, est pour le patriarcat un motif de honte et de violence. Le langage crée des réalités et des normes, et il établit des exceptions. Rendre visibles et normaliser nos corps au moyen du langage ne constitue pas un manque de respect envers qui que ce soit. Ne pas le faire, cependant, revient à revenir en arrière et retourner nous cacher (une initiative qui conviendrait bien à la structure patriarcale et à tous ces individus machistes qui voient cette nouvelle visibilité comme un manque de respect envers leurs privilèges). Nous le répétons, les femmes trans qui connaissent, comprennent et ont intériorisé les bases du mouvement féministe sont tout à fait d’accord avec cette politique. Tant que nous continuerons à vivre dans un patriarcat, il est fondamental de se rendre visibles pour pouvoir signaler nos oppressions, c’est d’une importance vitale. Les premières intéressées à ne pas avoir à parler de notre biologie femelle pour parler des VIOLENCES QUE NOUS VIVONS, c’est nous, mais ce but égalitaire dont nous sommes si éloignées s’obtient en menant à bien des processus et une lutte, et non en sautant des étapes et en nous cachant à nouveau derrière des justifications insoutenables objectivement et qui n’ont rien à voir avec le féminisme. Donc, nous n’allons pas nous cacher, n’en déplaise à ceux et celles qui ne sont pas d’accord avec cela. Il y a des limites que nous croyons ne pas devoir être franchies, et encore moins au nom du féminisme.

Nous vous laissons ici quelques exemples – insensés et extrêmement misogynes – du parcours emprunté par une partie de la lutte ¿féministe? Nous pensons que l’on peut être inclusives SANS NOUS LAISSER INVISIBILISER.

1 : Nous autodésigner comme des “non-mâles”, ou des “non-hommes” pour être inclusives : http://www.independent.co.uk/voices/i-wont-be-referred-to-as-non-male-by-the-green-party-women-have-suffered-prejudice-because-of-their-a6967926.html

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Traduction : “L’organisation Green Party Women est, dans son ensemble, satisfaite de termes tels que “non-mâles” pour désigner collectivement les femmes, femmes transgenre inclues, et les personnes non binaires. C’est pour éviter une plus grande marginalisation de certains groupes de femmes, en particulier celles qui ont été exclues pendant trop longtemps des mouvements de femmes.”

Nous n’imaginons pas Simone de Beauvoir dire : « On ne naît pas non-mâle, on le devient. »

2 : Parler de personnes enceintes, au lieu de femmes enceintes et de rares hommes enceints : http://www.dailymail.co.uk/news/article-4167632/Don-t-call-pregnant-patients-mothers.html

Dans cet article mis en hyperlien, on nous explique comment, au Royaume-Uni, la “British Medical Association” (Association des médecins britanniques) a publié un guide de langage inclusif en milieu de travail. Parmi différentes expressions, il est suggéré d’utiliser “personne enceinte” au lieu de “mère enceinte”, ou “assigné mâle ou femelle à la naissance” au lieu de “mâle ou femelle biologique”.

3 : Parler de personnes qui ont leurs règles au lieu de femmes qui ont leurs règles :

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Traduction : Les chamans ne permettaient pas qu’une personne qui a ses règles entre dans le sauna sacré, car ses grands pouvoirs allaient ruiner la cérémonie.

Au cours de la marche des femmes de Washington, une partie de la communauté transgenre s’est indignée, disant se sentir exclue à cause des “pussy hat” (bonnets roses avec des oreilles de chat) utilisés comme symbole du “pouvoir de la vulve” et que beaucoup de femmes ont portés pendant cette manifestation. La lecture faite par cette partie de la communauté transgenre est “qu’un vagin reflète une vision essentialiste de la féminité”.

Notre interprétation est différente. C’est Donald Trump qui a dit qu’il n’avait aucun problème à agripper les femmes par la chatte, parce que lorsqu’on est une célébrité, tout nous est permis. Donc, ce “pouvoir de la vulve” était une réaction CLAIRE et ÉVIDENTE à la déclaration de Trump. De plus, comme nous l’avons expliqué, une bonne partie de nos oppressions ont pour origine notre biologie. Nous répétons encore une fois que le fait de se réapproprier et de rendre visible la biologie des êtres humains femelles n’est pas de la transphobie; c’est signaler d’où viennent nombre de nos oppressions.

http://www.washingtontimes.com/news/2017/jan/24/transgender-community-felt-isolated-womens-march/

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Traduction : “Les ‘pussy hats’ et la majorité des images de ce type (le pouvoir de la vulve, utérus = féminité, etc.) sont vraiment transphobes et doivent mourir.”

Nous sommes en désaccord avec les prises de décisions qui affectent les femmes mais qui ne tiennent pas compte de la majorité d’entre elles. Par exemple, sur la question de maintenir ou non la ségrégation actuelle des sexes dans les vestiaires et les douches, il ne nous apparaît pas logique et sensé qu’au lieu de considérer un changement adapté aux personnes qui forment un nouvel ensemble, en raison de leurs particularités, on impose à la majorité des femmes l’acceptation dans leurs espaces de ce nouvel ensemble. Dans le débat des vestiaires et des douches nous ne faisions pas référence, et NOUS NE LE FERONS JAMAIS, aux femmes trans qui se considèrent comme des êtres humains femelles parce qu’elles ont vécu une transition via une prise d’hormones et une chirurgie, mais nous nous référions à l’ensemble différent de personnes créé par la revendication d’une identité féminine par des gens qui conservent plusieurs caractères et attributs biologiques masculins.

Pourquoi ? Parce qu’en premier lieu nous partons de l’idée que la ségrégation des sexes dans les vestiaires et douches n’existe ni par hasard, ni à cause d’un caprice des femmes. Elle existe parce que, pendant des milliers d’années et encore aujourd’hui, les espaces publics sont par défaut masculins et, alors que nous luttons pour libérer ces espaces de la violence machiste et en faire aussi nos espaces, nous avons besoin que les lieux où nous laissons nos corps être moins protégés soient séparés par sexes et nous assurent un sentiment de sécurité. Et il est certain (il n’y a pas lieu de parler de préjugés ici) que des milliers de femmes victimes de violence machiste, de harcèlement et d’agressions sexuelles se sentent intimidées face à des caractères biologiques masculins. Nous luttons pour qu’un jour tous les espaces soient mixtes ; voilà notre but : que les hommes comprennent que les espaces publics sont aussi à nous et que nous n’ayons pas besoin de nous cacher ni de nous séparer pour ne pas être violentées et ne sentir aucune intimidation. Nous luttons pour qu’un jour les caractères biologiques masculins soient libres de toute connotation de violence, pour que cette violence des hommes contre les femmes cesse d’exister. Mais, actuellement, ce n’est pas la réalité, et ne pas prendre en compte la réalité actuelle contre laquelle nous luttons donne lieu à des situations indésirables.

Il est évident que la solution n’est pas d’obliger les femmes trans qui conservent des caractères et des attributs biologiques masculins visibles à utiliser les toilettes masculines ET NOUS NE SUGGÈRERIONS JAMAIS RIEN DE SEMBLABLE. Nous avons évoqué la possibilité d’unir nos forces, entre les communautés trans et féministe, pour que les douches et les vestiaires soient équipés de cabines individuelles, afin de préserver le sentiment de sécurité des femmes qui se sentent violentées par les caractères et attributs masculins. Nous croyons qu’ensemble nous pouvons avoir un débat enrichissant et trouver des solutions satisfaisantes pour toutes, et c’est pour cela que nous avons évoqué le thème à un moment donné. Nous n’avons jamais eu l’intention de discriminer ni de blesser aucune femme et nous sommes désolées que notre post ait pu être mal interprété. Il y a, malheureusement, beaucoup de femmes qui, à cause d’histoires d’abus, de viols et aussi par peur rationnelle, se sentent peu sûres et violentées dans une situation semblable à celle que nous avons décrite.

Selon l’Organisation mondiale de la Santé (OMS, 2016), une femme sur cinq a subi des abus sexuels pendant son enfance, bien que ce chiffre puisse être encore plus élevé (Ministère des Affaires Sociales, 1994). Les séquelles psychologiques que l’abus sexuel génère chez les victimes peuvent perdurer dans beaucoup de cas à l’âge adulte. Ces séquelles peuvent se manifester sous diverses formes, au travers d’une symptomatologie d’anxiété et/ou de dépression, en plus des problématiques de type émotionnel et de personnalité qui peuvent être générées suite à l’expérience d’une situation aussi traumatisante.

Dans beaucoup d’études, l’abus sexuel a été associé au trouble de stress post-traumatique (DSM-IV, American Psychiatric Association, 2000), dans lequel la femme revit son trauma par différents mécanismes.

Une des principales caractéristiques du trouble de stress post-traumatique est l’intense malaise psychologique provoqué par l’exposition à des stimuli externes qui symbolisent ou rappellent un aspect de l’évènement traumatique, dans ce cas l’abus sexuel. A son tour, cela peut provoquer des réactions physiologiques incontrôlables chez la personne qui revit ces faits.

Il semble évident que, dans le cas des femmes qui ont été victimes d’abus sexuels, l’exposition dans des douches ou des vestiaires à des caractères biologiques masculins, sans autorisation et/ou désir préalable, peut être extrêmement traumatisante pour elles.

Les douches et vestiaires devraient être des espaces sûrs pour toutes les femmes, d’autant plus qu’une grande partie d’entre elles ont été, malheureusement, victimes d’abus sexuels perpétrés par des hommes. Nous comprenons que, particulièrement pour elles, et aussi pour n’importe quelle autre femme qui s’exprimerait en ce sens, toutes les douches et vestiaires devraient comporter des cabines individuelles.

Nous ne voulons discriminer personne, ce n’est pas notre objectif, mais nous souhaitons nous occuper des besoins de ces femmes qui ont toujours été reléguées à un rang secondaire et, surtout, protéger d’une revictimisation imposée celles qui sont les plus vulnérables. Nous croyons que ne pas prendre en compte les victimes de délits sexuels dans un sujet comme celui-ci est un symptôme évident du déni où ces femmes sont maintenues et du peu que nous faisons en tant que société pour les protéger.

Nous ne savons pas quelle est la meilleure solution dans le thème qui nous concerne ; ce dont nous sommes sûres, c’est qu’il faut débattre sur cet aspect sans impératifs absolutistes, qui ne sont en rien féministes. Le féminisme doit, à tout prix, veiller au bien et au respect des droits de toute la communauté des femmes.

Que nous soyons féministes et que les besoins de TOUTES les femmes nous importent ne fait pas de nous des transphobes, bien qu’on essaie de nous cataloguer comme telles.

Il faut ajouter à tout cela l’existence de femmes trans qui sont perçues comme des hommes. Il s’agit de femmes trans qui ressentent profondément leur identité comme femme et qui, cependant, ne ressentent pas le besoin d’apparaître comme une femme stéréotypée. Ces femmes trans méritent exactement le même respect que n’importe quelle autre femme, trans ou non.

Mais sur ce point nous sommes en présence d’un conflit que les gens ne veulent pas évoquer quand on aborde le thème des espaces séparés par sexes : ces femmes trans sont absolument et objectivement impossibles à distinguer d’un homme quelconque. Nous pensons à des femmes telles que Danielle Muscato, une activiste reconnue pour les droits des personnes transsexuelles, une femme trans qui n’a pas besoin de changement physique ou de vêtements pour se sentir femme.

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Image : Danielle Muscato, activiste athée, conférencière et femme trans.

Cependant, soit on permet l’accès de n’importe quelle personne à des espaces séparés par sexes, quelle que soit son apparence (puisque, comme nous l’avons vu, l’identité sexuelle est ressentie mais pas forcément performatrice), soit on ne le fait pas et on sépare les gens par sexes.

Lorsque des femmes et des filles, trans et non trans, reconnues comme des femmes, se retrouvent dans un espace de vulnérabilité potentielle avec une femme trans à l’apparence absolument masculine – comme celle de Danielle Muscato et d’autres –, elles ont deux options : elles peuvent dénoncer cette présence, de peur qu’il s’agisse d’un homme profitant de la situation, ou elle peuvent se taire en considérant qu’il peut s’agir d’une femme trans et, ainsi, respecter l’identité ressentie de cette personne.

Dans le premier cas, ces femmes et filles risquent de discriminer une femme trans qui a tout à fait le droit d’avoir le corps et l’image qu’elle désire, comme n’importe qui.

Dans le second cas, elles risquent de laisser n’importe quel homme profiter de la situation d’imprécision légale pour agir à son aise dans un espace de vulnérabilité pour toutes les femmes.

C’est à ce moment que les femmes, trans et non trans, ne vont avoir aucun pouvoir d’action. Il y a déjà des cas où ces lois ont commencé à être appliquées dans certains états américains (http://www.inlander.com/Bloglander/archives/2016/02/17/man-uses-womens-locker-room-in-seattle-and-the-states-transgender-bathroom-debate-continues).

A propos de l’article en hyperlien concernant ce qui s’est passé à Seattle, on pourrait argumenter que l’homme qui est entré dans les vestiaires était cela, un homme et non une femme trans, et que cette situation avait déjà eu lieu avant et qu’elle continuerait à arriver. Mais il y a une différence : aucune femme ne se sentira soutenue par la loi pour dénoncer la présence d’un homme dans ses vestiaires et/ou douches, puisqu’elle pourrait à son tour être dénoncée pour délit de haine, étant donné que la personne dénoncée pourrait être une femme trans avec le droit d’utiliser cet espace sûr. C’est exactement ce qui est arrivé à Seattle : l’homme est entré une seconde fois dans les vestiaires alors que des filles se changeaient pour aller en cours de natation. L’homme n’a pas été arrêté et personne n’a appelé la police.

Quelle alternative a-t-on ? Aucune. S’il s’agit d’un homme, nous devrons supporter sa présence, puisque quand la subjectivité et l’imprécision font irruption dans la sphère judiciaire, c’est la porte ouverte à une perte de protection.

Féminisme radical vs. transféminisme

Transféminisme

Pour le transféminisme, le genre est une qualité personnelle et individuelle que chaque personne possède. L’identité de genre serait donc cette perception subjective de la position que chacun occupe sur un spectre délimité entre le féminin et le masculin. Il est important de souligner que ces catégories, “féminin” et “masculin”, sont en soi neutres.

Le genre s’accomplirait de manière externe, par le choix d’une série de caractéristiques telles que le langage corporel, l’esthétique, le choix de porter ou non du maquillage, les vêtements ou la coiffure. Ces caractéristiques stéréotypées externes seraient celles qui font que la société nous reconnaît comme femme ou comme homme.

Chacun.e a une identité de genre innée (masculine, féminine, indépendante de son sexe biologique). Chacun.e naît avec un sexe biologique (masculin, féminin, intersexuel). Certaines personnes transféministes soutiennent que le sexe n’est pas biologique mais qu’il s’agit d’une construction sociale.

Le sexe et le genre, selon le point de vue transféministe, ne sont pas forcément liés.

D’où vient l’oppression selon le transféminisme ? Elle vient d’un système binaire rigide qui oblige la personne à s’identifier comme homme ou comme femme et qui punit toutes les personnes qui ne s’ajustent pas à ce qui a été préétabli (cette oppression est subie non seulement par des femmes mais aussi par des hommes, en particulier celles et ceux qui ne s’identifient pas complètement au modèle prescrit pour leur genre).

Comment lutter contre cette oppression ? En refusant le système binaire, en s’identifiant en tant que parias de genre et en demandant la reconnaissance d’une ample gamme d’identités de genre. Selon cette perspective, le nombre idéal d’identités de genre pourrait être infini.

Féminisme radical (radical dans le sens d’aller à la racine de l’oppression des femmes)

Le féminisme radical distingue clairement le sexe du genre. Tandis que le sexe se rapporte exclusivement à notre catégorie biologique comme mâles et femelles de l’espèce humaine – sans aucune autre connotation au niveau psychologique ou identitaire –, le genre est une construction sociale composée d’une série de normes, de rôles et d’aspects identitaires qui sont attribués à l’un et à l’autre sexe, et qui conduisent à la subordination de la femme par rapport à l’homme.

Ainsi, alors que le transféminisme attribue une valeur neutre aux genres, le féminisme radical analyse le genre comme une hiérarchie.

Par conséquent, le genre est un système hiérarchisé qui soumet les femmes en tant que classe aux mâles, un système de pouvoir qui utilise la violence, la culture et la coercition psychologique pour exploiter le travail féminin, la sexualité, la reproduction et le soutien émotionnel, entre autres, au profit des hommes.

Le genre serait l’oppression de classe des personnes nées femelles.

Le genre, donc, N’EST NI NATUREL NI VOLONTAIRE, puisqu’aucune personne ne désire librement être soumise à une autre. Le sexe biologique est une caractéristique physique de chaque personne, et les personnes nées femelles sont socialisées, au travers de la culture, dans la féminité. Éduquer les femmes dans la féminité, c’est-à-dire, dans une soumission féminine, est déjà un abus. C’est violent et discriminatoire.

Pourquoi est-ce oppressif ? Parce que c’est basé sur la subordination d’une classe, celle des femmes, par les hommes.

Comment combattre l’oppression ? Les femmes remettent en cause l’ordre social patriarcal et elles s’organisent pour en finir avec le pouvoir masculin et ses privilèges et, en même temps, avec le système hiérarchique de genre. Pour les féministes radicales, le nombre idéal de genres serait ZÉRO. Sans l’existence du patriarcat, il n’y aurait pas besoin de genre.

Brève analyse transféminisme vs. féminisme radical

Si le genre n’est qu’une qualité personnelle individuelle, alors l’oppression de genre a lieu lorsqu’une personne ne peut exprimer pleinement ses vrais attributs de genre car elle est limitée par les normes sociales.

Une des conséquences de considérer le genre comme une qualité personnelle individuelle, et non comme un système d’oppression collectif, est que l’on n’analyse pas les oppressions dont souffrent les femmes en tant que classe. Quelques exemples d’oppression : prostitution (privilège masculin), pornographie (la majorité est de la violence anti-femme filmée), location d’utérus (utiliser les femmes comme récipients), etc. Nous nous aventurons à affirmer que c’est pour cette raison qu’il y a autant de transféministes qui sont de fermes défenderesses de la prostitution, de la pornographie et de la location d’utérus.

Pour le transféminisme, le genre est une qualité à célébrer et à revendiquer puisqu’ils et elles ne voient pas le genre comme un système d’oppression où les femmes sont les subordonnées. L’une et l’autre vision du genre sont en affrontement direct, puisque pour les féministes radicales, l’oppression de la femme est sexuelle, et le moyen de l’opprimer est le genre que le patriarcat lui impose. Donc, les féministes radicales ne souhaitent pas revendiquer le genre mais bien l’ABOLIR car c’est le moyen utilisé pour nous OPPRIMER.

On a souvent accusé le féminisme radical d’être essentialiste. Nous pensons plutôt que l’essentialisme consiste à défendre l’idée que le genre est biologique, et non construit socialement. Nous les féministes avons lutté contre cet essentialisme/déterminisme dès le début. L’essentialisme biologique a été l’arme utilisée pour justifier absolument tout, depuis l’exclusion des femmes de l’éducation jusqu’à la violence sexuelle des hommes.

Le meilleur outil pour dominer d’autres personnes, c’est de les convaincre que leur oppression est le fruit de la nature ou la volonté de Dieu. De cette manière, elles ne pourront s’en débarrasser et elles l’accepteront comme une partie de leur destin. La naturalisation de la soumission/subordination de la femme est la forme qu’a utilisée le patriarcat pour exercer son pouvoir. L’essentialisme biologique est donc très efficace pour annuler la capacité de résistance.

Le genre est aux femelles de l’espèce humaine ce que la race est aux personnes Noires.

Pour cette raison, nous rejetons fermement l’idée selon laquelle le genre est biologique ou inné. Accepter que le genre est biologique ou inné reviendrait à admettre qu’on ne peut échapper à notre destin, ce serait accepter que nous sommes soumises par nature.

Nous rejetons l’idée d’un cerveau féminin aussi fortement que celle d’un cerveau Noir.

La féminité n’est pas naturelle ou innée chez les femmes.

Le NEUROSEXISME dans notre culture va jusqu’à assigner des différences cognitives entre les sexes et à proclamer l’existence de différents cerveaux. Pour le féminisme radical, il s’agit d’une nouvelle JUSTIFICATION BIOLOGISANTE d’une socialisation intentionnelle, construite pour définir clairement des sphères d’action différenciées entre hommes et femmes : les hommes dans l’espace public, les femmes dans l’espace domestique. Ces prétendues différences cognitives font que les femmes excelleraient dans les soins, les lettres, les émotions, alors que les hommes excelleraient dans le domaine des sciences pures et abstraites, de l’ingénierie, du pouvoir et de l’agressivité; des différences cognitives qui permettent que la société attribue à la femme des tâches non rémunérées (ou très peu rémunérées), en l’enfermant au foyer et en l’habituant à un rôle second et d’abnégation dans la société. D’un autre côté, ces supposées différences cognitives offrent aux hommes une justification pour discriminer économiquement les femmes, accéder à des postes de pouvoir, se désintéresser absolument de la coresponsabilité au foyer, justifier des institutions sociales telles que la prostitution ou défendre la pornographie en se basant sur une sexualité soi-disant incontrôlable et débordante des hommes.

Grâce à de nombreuses scientifiques féministes qui ont commencé à remettre ces dogmes en question (entre autres Daphna Joel, Cordelia Fine, Anne Fausto-Sterling et Rebecca Jordan Young), on s’est rendu compte que la majorité des études qui proclament des différences cognitives énormes entre hommes et femmes sont non seulement tendancieuses – elles sont biaisées et peu rigoureuses – mais aussi qu’elles ne prennent pas en compte la socialisation comme origine des différences qui peuvent être constatées. C’est-à-dire qu’il s’agit d’études où l’analyse du genre brille par son absence.

Nous sommes surprises de constater que, ces derniers temps, c’est une insulte ou un tabou de RECONNAÎTRE que les femelles de l’espèce humaine sont socialisées dans la féminité depuis leur naissance, c’est-à-dire, comme une classe subordonnée sujette à l’exploitation de la part des hommes, une exploitation naturalisée et enracinée dans les normes sociales, culturelles et légales.

Les mâles sont socialisés depuis la naissance comme la classe sexuelle privilégiée qui s’alimente de la subordination des femmes mais aussi de toutes les personnes qui s’écartent des mandats de l’hétéropatriarcat.

Néanmoins, il est très dérangeant pour nous d’entendre que les femmes trans ont souffert les mêmes oppressions que n’importe quelle autre femelle humaine socialisée comme femme, puisque ce n’est pas vrai. Et cela ne veut pas dire qu’elles n’aient pas souffert d’un autre type d’oppression, ni que lorsqu’elles sont reconnues comme femmes, elle ne souffrent pas de transmisogynie.

Il est indéniable que les personnes qui ne correspondent pas aux stéréotypes de genre courent des risques. Elles sont perçues comme une menace puisqu’elles sont la preuve vivante que le genre n’est pas naturel. Il est évident que tous les systèmes de pouvoir ont besoin de naturaliser leurs hiérarchies. Comme nous l’avons déjà dit, il est beaucoup plus difficile de lutter contre un ordre social qui a été créé par la nature ou par Dieu, que contre un ordre social injuste issu d’une culture hétéropatriarcale.

La sexualité masculine a été construite autour du pouvoir et, parfois, autour du sadisme. Il n’y a qu’à penser au viol, où presque 99% des personnes qui violent sont des hommes. C’est Catherine MacKinnon qui a signalé la chose suivante : « Les hommes baisent les femmes ; sujet verbe objet ». En d’autres termes, beaucoup d’hommes ont besoin de savoir qui fait partie de la catégorie d’objet baisable/objet sexuel. Ils ont besoin que cette catégorie soit bien définie puisque, de cette manière, ils savent qu’ils n’en feront jamais partie. C’est sans doute pour cela que les personnes qui ne correspondent pas aux stéréotypes de genre sont punies de façon brutale par les hommes. Ces derniers sont terrifiés à l’idée d’être traités de la même manière que les femmes. Car la masculinité patriarcale se définit non pas par ce qu’elle est, mais par ce qu’elle N’EST PAS. C’est-à-dire, un homme N’EST PAS une femme, ou, pour le dire autrement, “être un homme est, d’abord, NE PAS ÊTRE une femme”.

Une des choses les plus importantes pour démanteler le patriarcat est de faire en sorte que personne n’appartienne à la catégorie d’objet baisable.

Nous refusons le préfixe “cis”. On appelle “cis” une personne dont l’identité propre coïncide avec le genre qui correspond à son sexe biologique. L’attribut “cis” est tout à fait oppressif envers une majorité de femmes. En tant que féministes, si nous admettons être des cisfemmes ou des femmes cis, nous serions inévitablement en train d’accepter que nous sommes masochistes, puisque nous nous identifierions et accepterions de bon gré la place de citoyennes de seconde zone à laquelle le patriarcat nous a reléguées (nous ne l’avons pas choisie). Nous les femmes sommes socialisées dans un rôle de féminité qui occulte la soumission d’une manière si profonde dans nos identités qu’on ne la voit même pas ou qu’on est incapables de mettre un nom dessus. Ce rôle est si naturalisé qu’une majorité de femmes croit que la réponse est dans notre nature de “femme”. Nous les féministes savons que ce n’est pas vrai.

Nous comprenons que le concept “cis” existe sur la base d’une croyance en quelque chose d’INNÉ dans le genre, ce que nous rejetons absolument. C’est pour cela que nous ne pouvons nous autodésigner en nous basant sur un concept qui a son origine dans une manière innée de comprendre le genre. Nous les féministes radicales sommes abolitionnistes du genre, puisque pour nous le genre est construit socialement dans le but de nous soumettre. Il est donc susceptible d’être aboli.

D’un autre côté, nous ne pensons pas qu’ajouter d’autres catégories entre les deux pôles femme-homme puisse aider à défaire le système patriarcal, puisqu’on continue à se baser sur le binaire, sur les mêmes stéréotypes patriarcaux, pour créer ces sous-catégories.

Puisque le transféminisme revendique le genre et que le féminisme radical est abolitionniste du genre, il est probable qu’apparaissent de nouvelles collisions et conflits.

Pour terminer, il nous paraît opportun de rappeler que le féminisme n’est pas une qualité inhérente au fait d’être femme. Il existe dans toutes les communautés, privilégiées et opprimées, des femmes machistes. Il est intuitif de croire que le fait de souffrir d’une oppression et de se rebeller contre elle nous rend sensible à toutes les oppressions, mais c’est une perception erronée. On peut être femme et souffrir par exemple de l’oppression du racisme ou de la pauvreté sans être consciente de l’oppression subie en raison du sexe féminin. Le fait que la lutte pour les droits des femmes trans et la lutte féministe aient en commun la femme comme sujet de la théorie et du mouvement féministe peut donner lieu à une confusion des luttes; c’est pour cela qu’il est important de rappeler que la lutte de la communauté des personnes trans conçoit la femme comme sujet de revendication de son identité alors que la lutte féministe conçoit la femme comme sujet d’une oppression à libérer. Certaines veulent être reconnues comme des femmes, d’autres se savent opprimées parce qu’elles sont reconnues comme des femmes. La personne reconnue comme femme, si elle veut participer à la lutte féministe, devra reconnaître les oppressions souffertes par la communauté des femmes en général, même si elle-même n’est pas particulièrement affectée. Les manifestations en faveur de l’avortement sont pleines de femmes ménopausées ou stériles qui se sentent identifiées à la lutte même si elles ne sont pas affectées individuellement. Le féminisme ne s’adapte pas aux particularités de chaque femme : il lutte pour toutes, pour le bien commun de toutes. C’est pour cela qu’on ne peut pas permettre et qu’on ne peut considérer comme féministes des actions telles que celle-ci : https://purplesagefem.wordpress.com/2017/02/04/queer-fascists-attempt-to-ban-feminist-books-from-a-womens-library/ ou http://www.feministcurrent.com/2017/02/07/vancouver-womens-library-opens-amid-anti-feminist-backlash/

Dans les articles liés ci-dessus, il est expliqué qu’au début de février, une nouvelle bibliothèque de femmes, ouverte à Vancouver et gérée par des bénévoles, a été attaquée par un groupe d’activistes ¿féministes? queer et “pro-prostitution”. Ils et elles ont versé du vin sur les livres, déclenché le système d’alarme anti-incendie, fumé dans l’espace et commencé à arracher des posters affichés sur les murs. Les femmes qui étaient présentes ont fini par appeler la police, en raison de l’intimidation dont elles étaient l’objet et par peur de la destruction de la bibliothèque. Pour celles et ceux qui veulent plus d’informations, une partie de l’attaque a été filmée et on peut en trouver la vidéo sur internet. Peu de temps après, des gens ont aussi taggué la façade de la librairie.

Avant de conclure, nous voulons souligner que la ligne de lutte de la PAP a toujours été claire : nous sommes des abolitionnistes de la prostitution, très critiques de la pornographie mainstream qui fomente clairement la violence contre les femmes et les filles, très critiques de l’hypersexualisation des filles et de la pédophilie ; nous sommes radicalement contre la location d’utérus et, comme nous l’avons déjà dit, nous sommes abolitionnistes du genre.

En définitive, nous avons des pensées, approches et priorités différentes du transféminisme. Nous pouvons débattre, partager et trouver des solutions communes, ce qui serait le mieux pour toutes, mais ce que nous ne pouvons ni ne ferons c’est taire nos pensées, approches et priorités. Nous avons le droit de nous exprimer et de défendre notre lutte féministe. En tant que femmes féministes, nous n’allons pas tolérer, de la part d’aucun collectif, homme ou femme, les tentatives de nous faire taire ou de nous censurer. Nous avons des droits et nous avons une voix, et nous continuerons à l’utiliser. Le fait qu’on nous harcèle, menace ou violente à cause de différences met en évidence une violence qui n’est pas et ne sera jamais compatible avec le féminisme. Nous continuons à penser et nous continuerons à défendre le fait que la lutte féministe et la lutte de la communauté trans sont des luttes parallèles mais NE SONT PAS la même lutte. Et nous répétons que la PAP n’exclut pas les femmes trans de la lutte féministe; comme nous l’avons dit, plus on est et mieux c’est.

Et ce qui est le plus honteux dans toute cette affaire, ce n’est pas que des gens aient manipulé et déformé le post que nous avons écrit, mais c’est le fait d’imposer la CENSURE face au désaccord. Nous nous rebellons face à des milliers d’années de censure, d’humiliation et de persécution. Donc, personne ne nous fera taire, ni au nom du patriarcat, bien sûr, ni au nom de n’importe quelle autre institution ou phénomène social.

Par evesanmiguel, publié le 12 février 2017, sur le blog de la PAP

Texte original :

https://plataformaantipatriarcado.wordpress.com/2017/02/12/feminismo-radical-vs-transfeminismo-comunicado-plataforma-anti-patriarcado/

Traduction : TRADFEM

https://tradfem.wordpress.com/2017/02/26/feminisme-radical-vs-transfeminisme-communique-de-la-plataforma-anti-patriarcado-pap/

Auteur : entreleslignesentrelesmots

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