Ukraine – Russie (mais pas que…)[9]

  • CGT : Douze questions sur la guerre en Ukraine Paix en Ukraine – Liberté en Russie
  • Maxime Combes, Amélie Canonne, Nicolas Haeringer : Quels sont les intérêts de TotalEnergies en Russie ?
  • Appel à l’action de la Confédération européenne des syndicats (CES) – La guerre en Ukraine doit cesser maintenant !
  • Roger Martelli : Dans la guerre ukrainienne, la gauche joue une part de sa survie
  • Lettre ouverte de géographes russes à Vladimir Poutine : « Nous voulons vivre sous un ciel pacifique »
  • Luke Harding (Lviv) : Des soldats russes démoralisés expriment leur colère d’avoir été « trompés » dans la guerre
  • Réseau des GLI : déclaration de solidarité avec le peuple ukrainien et ses organisations syndicales et contre la guerre menée par un régime autoritaire
  • Union Syndicale Solidaires : Stop au tri raciste des réfugié-es qui fuient les guerres !
  • Marc Bonhomme : Ukraine : la guerre de tous les risques de plus en plus cruelle
  • Israéliens solidaires de l’opposition russe à la guerre d’Ukraine
  • Volodymyr Artiukh : L’Ukraine – à la gauche occidentale, sur vos et sur nos erreurs
  • Michael Shank : Nous nous soucions davantage de l’Ukraine parce que les victimes sont blanches
  • Association France Palestine Solidarité : Non à l’agression de la Russie contre l’Ukraine, il faut faire respecter le droit… partout dans le monde

CGT : Douze questions sur la guerre en Ukraine Paix en Ukraine – Liberté en Russie [1] !

Depuis le jeudi 24 février à 5h30 du matin, Vladimir Poutine a ordonné à ses armées une invasion de l’Ukraine, que les peuples russes comme ukrainiens, dans leurs immenses majorités, n’imaginaient pas possible, ni ne voulaient d’aucune manière.

Le risque de déclenchement d’une guerre mondiale est réel. Il nous commande de prendre le temps de l’analyse et de transmettre aux organisations les éléments que la confédération réunit depuis le déclenchement du conflit. Il nous commande aussi le calme, la retenue, la décence, le respect et l’humilité dans le commentaire que nous faisons de la situation.

Dans une telle situation, la solidarité de la CGT va d’abord en direction des populations civiles victimes de la guerre en Ukraine. La condamnation de la CGT doit quant à elle frapper avant tout l’agresseur, en l’espèce Vladimir Poutine, qui assume devant l’histoire la responsabilité d’avoir réinvité la guerre à grande échelle et la mort sur le continent européen, après les conflits de Tchétchénie , de Yougoslavie et de Géorgie.

Notre camp, est celui de la paix. Mais pour retrouver la paix, il faut avec certitude que la liberté trouve enfin son chemin en Russie.

Notre pacifisme, celui qui plonge ses racines dans la conférence de Zimmerwald en 1915, réactualisé par le refus du « campisme », revient à rejeter ce jeu des alliances qui entrainent les peuples dans les conflits mondiaux au profit des bourgeoisies ou des aristocraties qui les gouvernent. Mais notre pacifisme sait faire la différence en fonction de la nature des dangers d’escalade encourus et des impératifs liés à la résistance des peuples pour défendre leur droit à l’auto-détermination. De la Commune de Paris à la guerre du Vietnam en passant par la guerre d’Espagne ou la résistance, notre histoire est aussi celle d’un soutien aux peuples en lutte pour la défense de leurs droits et libertés face à l’oppression ou à l’agression.

Pour rendre le propos de cette note aux organisations plus vivant et intelligible sur une situation complexe et en évolution constante, le choix fait est celui d’une série de douze questions auxquelles elle apporte des réponses aussi claires et précises que possibles.

Première question : où en est-on de la situation militaire sur le terrain ?

Les forces militaires russes enserrent, à l’heure où nous écrivons ces lignes les deux principales villes du pays, Kiev et Kharkov, qu’elles soumettent à des bombardements de moins en moins ciblés. Le stationnement, d’une soixantaine de kilomètres de véhicules militaires, autour de Kiev empêche toute fluidité sur les routes et bloque la population dans la capitale, alors que les vivres et les médicaments viennent à manquer après une semaine de conflit. L’artillerie russe fait usage de bombes au phosphore contre des installations militaires ukrainiennes autour de Kiev et d’armes thermobariques pour accélérer leur progression dans le Sud à partir de la Crimée. Six mini-fronts sont en fait déployés. Au nord en direction de Kiev, au Nord Est toujours en direction de Kiev, au Nord Est en direction de Kharkov, au Sud-Ouest en direction d’Odessa, au Sud Est en direction de Marioupol (aux dernières nouvelles, les villes de Kherson et de Marioupol semblaient en passe de tomber aux mains des troupes russes), et dans une moindre mesure à l’Est depuis le Donbass. Ce dernier fait démontre la caducité de l’argument du Kremlin qui assure que son opération vise avant tout à protéger les populations civiles de Donetsk et de Lugansk. C’est précisément ici qu’elle concentre le moins son effort de guerre !

Au septième jour de son offensive, l’armée russe a un contrôle total des airs après la destruction de plus de 70 bases militaires aériennes ukrainiennes dès le premier jour du conflit et sa prise de contrôle de plusieurs aéroports stratégiques dans la foulée, l’aéroport militaire de Gostomel à 20 km de Kiev a résisté plusieurs jours, malgré le parachutage de 200 militaires russes. Elle a aussi un contrôle quasi total sur mer avec sa flotte stationnée en mer Noire et en mer d’Azov et la pression d’artillerie qu’elle met sur les ports d’Odessa et de Marioupol.

Mais l’armée russe progresse difficilement sur terre et se trouve confrontée à une résistance qu’elle n’attendait pas. À Kharkov notamment, ville la plus russophone et russophile d’Ukraine, la résistance est farouche et la population n’accueille absolument pas les russes en libérateurs.

Rappelons que Poutine, avait déclaré en 2014 que s’il le voulait, il prendrait Kiev en deux jours. Il est donc déjà battu sur ce plan.

Tout laisse à penser que la guerre est déjà beaucoup plus longue que ne le pensait l’état-major russe et qu’elle est appelée à durer encore. Or, chaque jour qui passe devient problématique pour Poutine sur un plan financier et logistique mais aussi sur un plan politique, confronté qu’il est à une opinion publique peu convaincue par sa logique de guerre et ses arguments pseudo humanitaires. Chaque jour qui passe conduit à une intensification de l’usage de la force militaire, impliquant toujours plus de victimes civiles ukrainiennes !

Deuxième question : où en est-on de la situation sur le plan diplomatique ?

Sans doute en raison de la résistance ukrainienne qui contrecarre le rêve poutinien d’une Blitzkrieg, les russes ont proposé des pourparlers aux ukrainiens à Minsk, puis à Gomel en Biélorussie. Les pourparlers se sont finalement tenus à la frontière avec la Biélorussie. Les délégations des deux pays s’y sont rendues le 28 février au matin.

Cette première rencontre n’a donné aucun résultat concret et aucune autre n’est intervenue à ce jour. Notons que la décision prise le dimanche 27 février par Poutine à 14h30 d’activer l’ensemble des forces russes de frappe nucléaire tactique et stratégique en réponse à ce qu’il qualifie « d’attitude occidentale inamicale », visait aussi à signifier quelle atmosphère il souhaitait créer pour ces supposés pourparlers… Une deuxième rencontre doit avoir lieu le 3 mars au matin, mais ses résultats ne sont pas connus à l’heure où nous écrivons ces lignes.

Troisième question : Poutine est-il responsable de cette situation ?

Il l’est absolument et en quasi-totalité. Cette guerre est sa décision. Il en a fixé lui-même l’ampleur et la temporalité.

Il en rêve depuis des années et si les occidentaux sont responsables, c’est d’abord et surtout de l’avoir laissé faire l’annexion de la Crimée en 2014, en entérinant de fait cette situation au fil du temps, y compris sur un plan géopolitique. Son annexion des Sudètes ne pouvait que confirmer à ses yeux la faisabilité de son rêve d’annexion pure et simple.

Poutine est au pouvoir depuis 22 ans et l’homme est enfermé dans des certitudes et enivré par son propre pouvoir. Il gouverne seul même s’il est très entouré. Ses proches lui disent ce qu’il veut entendre compte tenu du climat de terreur qui règne.

Quatrième question : l’OTAN porte-t-elle une part de responsabilité dans l’escalade ?

Bien sûr, depuis 2008, l’OTAN joue un jeu dangereux avec plusieurs pays de l’ex-URSS (Ukraine, Géorgie), leur laissant envisager une adhésion.

Pourtant les promesses qui ont été formulées au moment de l’unification de l’Allemagne excluaient la possibilité de toute extension de l’alliance vers l’Est. L’URSS disparaissant en 1991, l’idée de l’élargissement de l’OTAN fut évoquée en Occident dès 1993 et s’est concrétisée en 1997 (Pologne, Hongrie, République Tchèque – extension négociée avec l’accord de Moscou ; sept autres pays dont les pays baltes rejoignent l’alliance en 2004). Aujourd’hui, l’OTAN compte 14 pays de plus qu’à la fin de la guerre froide et considère, décision officielle à l’appui, depuis  008, que sa porte est ouverte à la Géorgie et à l’Ukraine. L’élargissement et la coopération économique de l’Union européenne avec ses voisins proches se sont retrouvés étrangement couplés avec l’extension de l’influence militaire transatlantique. Cette extension n’a pas apporté la paix promise. Les frontières des pays en Europe continuent à être redessinées, de gré ou de force, et plusieurs conflits non résolus couvent sur le continent.

C’est donc irresponsable de la part de l’OTAN que d’avoir laissé envisager cette possibilité à ces pays, froissant au passage les susceptibilités russes, qui considéraient avec légitimité que les gesticulations et danses du ventre de l’OTAN étaient une violation des accords de 1991.

Mais notons que les derniers événements renforcent considérablement la popularité de l’OTAN en Europe centrale et orientale, où elle apparaît aujourd’hui aux yeux des populations et des dirigeants de ces pays comme une forme d’assurance vie. Même la Suède et la Finlande parlent aujourd’hui de rejoindre formellement l’alliance atlantique ! Et Sergueï Lavrov, Ministre russe des affaires étrangères leur répond que cela aura des conséquences militaires ! Beau résultat à mettre encore au crédit de Poutine !

Enfin, notons que jeudi 24 février au soir dans son allocution faisant suite au déclenchement de la guerre, Joe Biden a clairement exclu toute intervention de l’OTAN dans la situation actuelle, ce qui démontre, espérons-le une conscience des conséquences d’une telle intervention que n’aurait peut-être pas eue Donald Trump.

Certes l’OTAN a été pendant toute la guerre froide un outil de l’impérialisme américain. Certes la disparition de l’URSS aurait pu justifier sa disparition et son remplacement par une force de paix intégrée et acceptée par l’ensemble des nations sur le modèle de ce que les deux blocs avaient esquissé à la fin des années 70 à Helsinki, ou en donnant les clés de la sécurité du monde aux forces de maintien de la paix de l’ONU, ce que les USA se sont toujours gardés de faire !

Cinquième question : que faut-il penser de l’emploi des termes « opération de denazification » de l’Ukraine ?

La propagande poutinienne insiste lourdement sur cet aspect.

A la source de cette propagande, il y a le fait bien réel qu’en 2014, lors des mobilisations de Maïdan qui ont conduit à la chute de Yanoukovitch, à la prise de la Crimée et à la guerre dans le Donbass (près de 14000 morts dont plus de 3000 civils), de nombreux groupes d’extrême droite ont occupé la rue, fait régner la terreur en pesant sur le président Porochenko et son administration. Plusieurs ministres d’extrême droite étaient même rentrés dans son gouvernement.

Mais le contexte est très différent aujourd’hui et on ne peut absolument pas qualifier Zelensky de nazi comme le fait la propagande russe. Comme le lui rappellent régulièrement les fachos ukrainiens, il se trouve être « juif de père et de mère ». En 2019, au moment de son élection, il était même plutôt présenté comme pro-russe, se trouvait de ce fait vilipendé par l’extrême droite ukrainienne et proposait une politique de dialogue et de réconciliation avec la Russie. Aux élections législatives qui ont suivi son élection, largement remportées par son parti, l’ensemble de l’extrême droite coalisée (Svoboda et Pravï Sektor) n’a rassemblé que 2,15% ne conservant qu’un seul élu (au scrutin majoritaire dans une circonscription) à la Rada tandis que la formation nationaliste de Oleh Liachko perdait tous ses sièges malgré un score de 4,01%. Il n’y a donc plus qu’un seul élu d’extrême droite sur les 450 que compte la Rada. Les autres sont soit issus du parti de Zelensky (254), soit des partis représentant plutôt les populations russophones d’Ukraine (49), soit de formations libérales pro-européennes (3 partis cumulant 71 sièges). Elu par une jeunesse qui avait soif de paix et d’ouverture du pays, Zelensky a indéniablement joué une carte d’arrimage de son pays à l’Europe continentale, mais n’était pas dans la surenchère et la provocation avec son voisin russe. C’est un libéral qui porte la responsabilité d’une réforme amoindrissant gravement les dispositions du code du travail, mais pas un nazi (la propagande du Kremlin ajoute « un drogué ») !

Rappelons en revanche :

  • que le Parti de Vladimir Poutine, Yedinaya Rossia, est jumelé avec le Rassemblement National en France ;

  • que nous avions en 2015 écrit à la FNPR, première organisation russe, pour lui signifier notre dégoût devant l’envoi de son numéro 2, également député à la Douma, au congrès de Lyon du Front National, pour y lire un message de sympathie et de solidarité ;

  • que la campagne de Marine Le Pen en 2017 a été financée par une banque tchèque majoritairement détenue par des fonds russes ;

  • que Marine Le Pen et Eric Zemmour étaient les principaux propagandistes de la Russie dans la campagne présidentielle en cours ; que des membres de leurs équipes de campagne restent très liés au pouvoir russe et se taisent aujourd’hui.

Sixième question:  Que pensent et disent les syndicats ukrainiens et la population ukrainienne en général ?

Les deux organisations syndicales ukrainiennes affiliées à la CSI appellent à résister à l’agression russe et à ce qu’ils dénoncent comme des forces d’occupation. Notons leur forte unité actuelle malgré une très légère différence de tonalité entre la FPU, principale organisation du pays, héritière du VTsSPS soviétique qui a toujours développé des relations fraternelles avec la Russie, qui proclame son aspiration au retour à la paix tout en appelant à la résistance et aux sanctions économiques, et la KVPU qui a très vite réagi . Le 24 février, la KVPU appelle ainsi « à continuer et renforcer la pression diplomatique et économique internationale sur la Fédération de Russie et à faire le maximum pour arrêter la guerre et forcer la Russie à retirer ses troupes du territoire de l’Ukraine ». Elle demande « d’imposer un ensemble de sanctions efficaces à la Fédération de Russie et appelle à prodiguer toute l’assistance possible à l’Ukraine ».

Voici le texte de la déclaration de la FPU publiée le jour du déclenchement de la guerre :

« Le 24 février 2022, le président de la Fédération de Russie a décidé de mener une opération militaire dite spéciale pour « protéger le Donbass ». Dans la matinée, la Russie a cyniquement envahi notre pays, déclenchant une guerre à grande échelle avec le bombardement de villes pacifiques et d’installations militaires. Hitler fit de même en 1941.

Nos forces armées combattent les troupes ennemies sur tous les fronts et leur infligent une réponse décente : des dizaines de chars et d’avions ont été détruits. Il est déjà clair que le plan d’occupation rapide du pays dans le cadre du « scénario de Crimée » ne s’est pas concrétisé. Mais des soldats, des civils meurent, des enfants sont obligés de se cacher dans des abris anti-bombes. Des milliers de mères ukrainiennes avec des enfants tentent de traverser la frontière polonaise pour sauver leur vie. Des dizaines de milliers de travailleurs ont été contraints de quitter leur emploi pour défendre notre patrie.

La Fédération des syndicats d’Ukraine lance un appel à tous les travailleurs. Les membres des syndicats doivent rester calmes, ne pas céder à la panique, s’acquitter consciencieusement de leurs devoirs professionnels sur chaque lieu de travail, en assurant les besoins vitaux de la population.

La guerre déclenchée de manière injustifiée par le chef du Kremlin ne lui apportera pas la victoire sur le peuple ukrainien épris de liberté, qui s’est d’abord battu pour son indépendance et, l’ayant remportée, la défendra définitivement.

En cette période difficile, l’Ukraine a besoin du soutien urgent d’autres États et nations, notamment en organisant des rassemblements syndicaux devant les ambassades russes dans les pays où la Confédération syndicale internationale est organisée, en appelant ses gouvernements et ses politiciens à former une coalition anti-Poutine, et imposer immédiatement des sanctions sévères à la Russie et fournir un soutien défensif et financier à l’Ukraine.

La paix en Europe est menacée. Il n’est possible d’arrêter l’agresseur que par des efforts conjoints. Unis nous sommes invincibles ! NON À LA GUERRE ! OUI À LA PAIX ! »

La population ukrainienne manifeste unanimement l’hostilité à l’envahisseur. A l’abattement des deux premiers jours succède une résistance de plus en plus ouverte. Des dizaines de militants syndicaux, s’engagent dans les détachements populaires de la résistance.

Septième question : Que pensent et disent les syndicats russes et la population russe en général ?

La population russe est largement désinformée. Pour une grande majorité de la population, la guerre contre ce peuple frère est inconcevable. La télévision d’état et une armada de bloggeurs nationalistes sur Internet concentrent leur récit sur les combats se déroulant dans les « Républiques populaires » de l’Est de l’Ukraine comme s’il s’agissait juste d’une opération de protection des populations civiles de l’Est du pays. La majorité des russes n’est tout simplement pas au courant que leur pays a envahi l’ensemble de l’Ukraine en provoquant à ce jour plus de 2000 morts parmi les populations civiles, parmi lesquels des dizaines d’enfants et la destruction des infrastructures.

Le mouvement pour la paix prend néanmoins de l’ampleur. Les pétitions et les lettres ouvertes se multiplient. Une des pétitions citoyennes a par ailleurs déjà recueilli plus de 1 million de signatures. Deux élus communistes seulement (un au niveau local et un au niveau national) condamnent l’invasion. Ces deux élus sont aujourd’hui sommés de s’expliquer devant la direction de Parti communiste de la Fédération de Russie qui soutient l’intervention.

Les deux organisations russes se sont exprimées sur le sujet le jour même de l’invasion pour la FNPR et le lendemain pour la KTR. La FNPR soutient sans condition le président Poutine en demandant juste d’être attentif à l’économie en cette période difficile. Leur déclaration reprend les arguments du discours poutinien de façon absolument scandaleuse, ce qui motive aujourd’hui une demande d’exclusion de la CSI de la part de dizaines d’organisations.

« La Fédération des syndicats indépendants de Russie soutient la décision du président russe Vladimir Poutine de mener une opération de dénazification de l’Ukraine. L’avenir du pays doit être déterminé par son peuple, mais les gangs de Bandera, les nationalistes et les complices des nazis ne doivent pas faire pression sur leur volonté. Nous sympathisons avec ceux qui ont été forcés d’évacuer vers le territoire russe à cause des bombardements réguliers et de la mort d’êtres chers. Les syndicats de Russie leur fournissent toute l’assistance possible. Nous pensons que la paix reviendra en Ukraine et que l’Ukraine deviendra un État démocratique, pacifique et neutre. Les Hitler et les Zelensky vont et viennent, mais la solidarité internationale des travailleurs demeure. Paix aux nations ! Guerre aux nazis ! »

De son côté, la KTR a fait une déclaration particulièrement courageuse, compte tenu du contexte (plus de 3000 arrestations, vote d’une loi punissant la propagande pacifiste d’une réclusion criminelle de 20 ans) : « La Confédération du travail de Russie, faisant partie du mouvement syndical international, se sentant directement responsable envers les travailleurs de Russie, d’Ukraine et du monde entier, et consciente de son rôle dans la promotion et la garantie de la paix entre les peuples, est extrêmement préoccupée par les événements en cours.

La KTR est convaincue que les désaccords et les contradictions, quelle que soit leur profondeur ou leur ancienneté, doivent être résolus par des négociations sur les principes de bonne volonté et d’engagement en faveur de la paix mondiale. Cette vision fait partie intégrante de l’agenda mondial et anti-guerre du mouvement ouvrier depuis plus d’un siècle et s’est concrétisée par la création d’institutions et de mécanismes internationaux conçus pour assurer la paix.

La Confédération du travail de Russie note avec amertume que les deux parties qui subissent directement les dommages du conflit militaire sont les travailleurs de nos pays. L’approfondissement du conflit militaire porte la menace d’un choc sévère pour les économies nationales et la sphère sociale, une baisse du niveau de vie des travailleurs et crée la base d’une violation massive des droits du travail des travailleurs.

En relation avec ce qui précède, la Confédération du travail de Russie exprime sa confiance dans la nécessité d’une cessation rapide des hostilités, de la reprise d’un dialogue pacifique et de la coexistence entre les peuples multinationaux de Russie et d’Ukraine. »

Huitième question:  Que pensent et disent les autres syndicats et les internationales ?

La CES et la CSI ont réagi ensemble par un communiqué dès jeudi dernier et ont pris la décision de transformer la mobilisation du jeudi 24 février pour les salaires en Europe en manifestation pour la paix. Dans cette déclaration commune, elles « appellent à la cessation immédiate des hostilités et du conflit et demandent d’engager des négociations de bonne foi pour résoudre cette crise dans l’intérêt des populations. (…) Le conflit actuel a des conséquences dramatiques sur les économies russe et ukrainienne, ainsi que partout ailleurs en Europe. Le risque d’une escalade des tensions et de leurs conséquences dramatiques est bien réel et le restera tant qu’un dialogue sérieux n’aura pas été engagé pour déterminer les causes profondes de cette crise. Elles demandent instamment que des mesures urgentes soient prises pour que, tous ensemble, les responsables politiques concernés définissent un cadre pour la sécurité commune, à l’instar de celui initié à Helsinki ». Cette dernière phrase revient à mettre fin au cadre de l’OTAN (qui d’ailleurs n’est pas citée) et à lui en substituer un nouveau.

Le Comité exécutif de la CES, réuni de façon exceptionnelle le 1er mars 2022 sur la situation en Ukraine a adopté une nouvelle résolution qui « exprime sa solidarité avec le peuple, les travailleurs et les syndicats ukrainiens, réitère sa condamnation de l’attaque russe contre l’Ukraine, exige l’arrêt immédiat des opérations militaires, que les troupes russes quittent le pays, et que le dialogue réel et les pourparlers de paix soient intensifiés ». Le texte demande aussi « l’établissement de couloirs humanitaires en faveur des réfugiés, dans les pays de la région et dans tous les autres pays de l’UE, la reconnaissance de la situation spécifique des femmes et des enfants dans les zones de conflit (…) et l’établissement d’un passage sûr aux frontières de l’UE pour les citoyens de pays tiers résidant en Ukraine et ne disposant pas d’un visa Schengen ». Enfin, il prévoit un soutien humanitaire et financier à la population ukrainienne et aux syndicats du pays.

De son côté la FSM nous dit que « l’attaque russe doit cesser maintenant, l’OTAN doit être dissoute maintenant et un dialogue substantiel doit avoir lieu. ». Hormis la condamnation de cette « guerre injuste et destructrice », la responsabilité du gouvernement Poutine n’est pas engagée dans ce communiqué qui souligne que « La FSM était et reste opposée aux pratiques fascistes du gouvernement ukrainien qui est une marionnette des Etats-Unis et de l’OTAN ».

Parmi les multiples réactions d’organisations syndicales nationales notons enfin celles de nos camarades du BKDP du Belarus du 24 février : « Il n’y a aucune nation dans le monde qui veut la guerre. Les peuples russe, ukrainien et biélorusse ne font pas exception. Peu de personnes dans le monde ont subi des pertes aussi terribles, sacrifié dans leur histoire la vie de dizaines de millions de leurs citoyens, comme trois peuples proches les uns des autres. Et le fait que le gouvernement russe ait déclenché une guerre contre l’Ukraine aujourd’hui ne peut être compris, justifié ou pardonné. Le fait que l’agresseur ait envahi l’Ukraine depuis le territoire du Bélarus avec le consentement des autorités bélarussiennes ne peut être ni justifié ni pardonné. Des choses irréparables se sont produites, et leurs conséquences pour longtemps, sur la vie de plusieurs générations, vont empoisonner les relations entre Russes, Ukrainiens et Biélorusses. Au nom des membres des syndicats indépendants de Biélorussie, les travailleurs de notre pays, nous nous inclinons devant vous, nos frères et sœurs ukrainiens. Nous nous excusons pour la honte, la honte que le gouvernement biélorusse a imposée à tous les Biélorusses, en devenant un allié de l’agresseur et en ouvrant la frontière avec l’Ukraine. Mais nous voulons vous assurer, chers Ukrainiens, que la grande majorité des Biélorusses, y compris les travailleurs, condamnent l’aventure du régime biélorusse actuel, qui tolère l’agression russe contre l’Ukraine. Nous exigeons la cessation immédiate des hostilités et le retrait des troupes russes d’Ukraine, ainsi que de Biélorussie. En cette période difficile du destin, nous déclarons que nous sommes avec vous de cœur et d’esprit, chers Ukrainiens. Nous vous souhaitons de persévérer et de gagner ».

Neuvième question : Quel accueil pour les réfugiés venant d’Ukraine ?

Il est évident que notre pays ainsi que l’ensemble des pays européens ne peuvent se soustraire à l’obligation morale de tout mettre en place afin d’assurer un accueil digne de l’ensemble des personnes qui en ce moment même fuient les bombes Russes, et ce quelles que soient leurs origines.

Plusieurs sources concordantes nous confirment qu’à la frontière entre l’Ukraine et la Pologne, nombre de ressortissants issus de pays africains ainsi que d’autres continents sont refoulés et « triés » et sont victimes d’actes racistes et discriminatoires.

L’Union Africaine déclarait Lundi 28 Février : « Les rapports selon lesquels les Africains sont l’objet d’un traitement différent inacceptable seraient choquants et racistes et violeraient le droit international. À cet égard, les Présidents exhortent tous les pays à respecter le droit international et à faire preuve de la même empathie et du même soutien envers toutes les personnes qui fuient la guerre, nonobstant leur identité raciale. »

En France, en pleine campagne présidentielle certains candidats n’hésitent pas à instrumentaliser ce sujet. Zemmour se permettant de déclarer qu’il ne fallait accepter aucun réfugié Ukrainien sur notre territoire et Valérie Pécresse souhaitant faire un tri en exigeant que les populations fuyant les bombes justifient de leur statut d’exilé.

Dixième question : Faut-il intensifier les sanctions à l’égard de la Russie ? Quelles peuvent en être les conséquences économiques pour l’Europe ?

Dans le contexte actuel, les sanctions économiques et financières sont logiquement devenues le principal outil mobilisé et mobilisable pour répondre à l’agression de Poutine. Contrairement à ce que l’on dit souvent, elles peuvent se montrer efficaces, à la condition de frapper vite et fort.

Les effets possibles d’une privation d’accès des banques russes au système bancaire international de transactions (appelé « swift ») peuvent provoquer une déstabilisation totale de l’économie russe aux lourdes conséquences pour la population et pour l’économie mondiale. La question de l’intensification des sanctions économiques se pose donc et plusieurs voix en Russie nous laissent entendre qu’il s’agit d’une piste à explorer. Côté occidental, on enregistre déjà des chutes boursières spectaculaires des entreprises françaises ayant des liens importants avec la Russie (Renault, Alstom, Total). Les pays dont la dépendance au gaz russe est forte comme l’Italie ou l’Allemagne sont réticents au fait de prendre certaines mesures plus fortes. Mais le niveau actuel est notoirement insuffisant du fait que Poutine prépare son intervention depuis longtemps, il avait anticipé ce train de sanctions et il est habitué à faire avec ce type de mesures depuis 2014.

La deuxième mesure, peu commentée dans les médias, est pourtant potentiellement beaucoup plus dévastatrice pour le système économique russe et porte en elle les germes d’une déstabilisation profonde de l’ordre monétaire international. Les sanctions occidentales visent à couper la banque centrale russe de ses avoirs en réserves de change en dollar et en euro (soit près de la moitié). Cette mesure, utilisée une seule fois dans l’histoire, contre le gouvernement taliban pendant l’invasion américaine, va considérablement affecter la capacité du système économique russe à trouver des liquidités et assurer ses besoins de paiement. La chute du rouble de plus de 20%, en est la première conséquence directe, presque plus aucun acteur économique ne souhaite échanger des roubles ; la deuxième est l’entrée dans l’inconnu pour le système financier mondial qui voit un découplage complet entre le système financier occidental et russe, ce dernier n’ayant d’autres alternatives que de se reporter sur le système monétaire alternatif porté par les BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud).

Les oligarques russes commencent à manifester quelques signes d’inquiétudes. Frydman, patron de Alpha Bank s’est dit être contre la guerre, ainsi que Deripaska, magnat de l’aluminium. Le mercredi 2 mars, la gouverneure de la banque centrale enregistre un message à l’attention de ses salariés les invitant à garder leur calme et leur sang-froid, en évitant de parler politique. Ceci illustre la fébrilité ambiante en Russie.

Onzième question : Comment la CGT peut-elle agir ?

Si les sanctions sont nécessaires, elles peuvent donc produire des contre-effets et ne seront sans doute pas totalement efficaces. Le principal espoir réside donc dans la résistance de la population ukrainienne et dans l’aspiration au changement des peuples de Russie et du Belarus, appuyés par de larges mobilisations en Europe et dans le monde. D’où l’urgence et la nécessité d’un soutien au peuple ukrainien et à la paix dans les manifestations organisées partout en France depuis le 24 février. Dès le premier jour de la guerre, la CGT participait d’ailleurs à une manifestation à Bruxelles, avec le mouvement syndical européen et international réunissant les mots d’ordre de paix en Ukraine et d’augmentation des salaires en Europe.

La CGT appelle ses adhérents à participer partout en France aux très nombreuses manifestations pour la paix en Ukraine et contre l’inacceptable agression dont Vladimir Poutine s’est rendu coupable.

La CGT travaille actuellement avec d’autres organisations syndicales sur l’idée d’un convoi syndical (sur le modèle du convoi syndical pour la Tchétchénie que nous avions soutenu dans les années 90) pour l’Ukraine afin de témoigner la solidarité des travailleuses et travailleurs de France à la population Ukrainienne en envoyant sur place produits de première nécessité et matériel de soin aux blessés.

Douzième question : Que faut-il espérer ?

Le retour à la paix passe par la chute de Poutine. Sa victoire serait catastrophique. Si elle se trouve avalisée par un accord de paix avec une partition de l’Ukraine, l’agresseur se trouverait alors conforté dans sa politique impérialiste et belliciste. La prochaine étape pourrait être définitivement une guerre mondiale si ses appétits se portaient sur « la défense des minorités russes » dans les pays Baltes. Et que dire de l’exemple donné à d’autres puissances majeures et notamment à la Chine dont on connaît les prétentions sur Taïwan ! Un match nul ou même une défaite russe sans le départ de Poutine laisserait planer la menace d’une résurgence de la guerre. Une paix durable ne peut être obtenue que par son départ et celui-ci n’interviendra que par la conjonction de trois facteurs : des sanctions internationales fortes et réellement efficaces, une résistance ukrainienne qu’il faut espérer victorieuse et un soutien aux oppositions russes démocratiques et progressistes, seules à même de parvenir à sortir enfin ce pays des ténèbres totalitaires, nationalistes et impérialistes dans lesquelles il se trouve plongé depuis plus de vingt ans.

Espace International 02/03/2022

[1] Slogan porté et communiqué par un camarade syndicaliste russe de la KTR, lors des manifestations pacifistes sauvages actuellement interdites en Russie par le régime de Poutine.

Télécharger le document au format PdF : Note espace inter 12 questions sur la guerre en Ukraine

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Quels sont les intérêts de TotalEnergies en Russie ?

Face à l’invasion de l’Ukraine par la Russie, la direction de TotalEnergies a tenté de minimiser les intérêts du groupe en Russie et, à l’inverse des choix de BP, Shell et consorts, a décidé de rester en Russie et de conserver ses participations sur place. Pourquoi ce choix ? Selon les données disponibles que nous avons compulsées, la Russie représente la clé de voûte de l’avenir industriel et financier du groupe : sans la Russie, c’est le coeur même de la stratégie industrielle du groupe qui s’effondre. La Russie représente ainsi :

  • 30% de sa production gazière mondiale actuelle (alors que le projet Arctic LNG n’a pas commencé à produire)

  • 40% de ses réserves gazières mondiales (dont 50% de ses réserves à développer dans le futur) 

  • un tiers de ses réserves totales d’hydrocarbures (gaz, pétrole, etc) à développer dans les années à venir

  • 20% des cash-flow mondiaux attendus par le groupe dans le futur.

Tous les détails dans cette note de 4 pages : 

Quels sont les intérêts de TotalEnergies en Russie ?

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Ces données nous semblent éclairer le refus de TotalEnergies de quitter la Russie, puisque ce sont ses investissements russes qui doivent lui assurer une grande part de ses productions, revenus et croissance futurs. En ayant promu les intérêts de TotalEnergies auprès de Vladimir Poutine, l’Elysée et Bercy nous semblent co-responsables du refus du groupe de quitter la Russie : ce refus nous parait moralement, politiquement, économiquement et écologiquement injustifiable.

Maxime Combes, Amélie Canonne, Nicolas Haeringer

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Appel à l’action de la Confédération européenne des syndicats (CES) – La guerre en Ukraine doit cesser maintenant !

adopté par le Comité exécutif extraordinaire lors de sa réunion du 1er mars 2022

Le Comité exécutif de la CES, réuni le 1er mars 2022 :

Exprime sa solidarité avec le peuple ukrainien, les travailleurs et les syndicats.

Réitère sa condamnation de l’attaque russe contre l’Ukraine, exige l’arrêt immédiat des opérations militaires, que les troupes russes quittent le pays, et que de vrais dialogues et pourparlers pour la paix soit intensifiés.

Charge le Secrétariat de la CES de suivre de près l’évolution de la situation en Ukraine et dans les pays voisins, et de prendre toutes les positions et actions nécessaires visant à aider les syndicats et les travailleurs touchés, et contribuer à l’arrêt de la guerre et au rétablissement de la paix, de la démocratie, du progrès social et de la justice dans le pays.

Charge le Secrétariat de la CES de revenir au Comité exécutif lors de sa réunion des 16 et 17 Mars 2022 avec une résolution plus complète sur la situation en Ukraine.

Soutient l’appel à l’action de la CES dans les domaines suivants :

Faire pression sur les institutions de l’UE et les gouvernements nationaux, ainsi que sur le Conseil de l’Europe, à l’appui des demandes de la CES et de maintenir la pression.

• Soutenir toutes les actions nécessaires contre le gouvernement et les dirigeants russes, y compris toutes les sanctions et initiatives de boycott nécessaires contre les produits, les biens et les produits et services russes

• Plaider en faveur de l’activation rapide de la directive de l’UE sur la protection temporaire.

• Aider à établir des couloirs humanitaires en faveur des réfugiés, dans les pays de la région et dans tous les autres pays de l’UE.

• Reconnaître la situation spécifique des femmes et des enfants dans les zones de conflit, y compris les risques de violence sexiste, en particulier la violence sexuelle.

Contribuer à assurer un passage sûr aux frontières de l’UE pour les citoyens de pays tiers résidant en Ukraine qui ne sont pas titulaires d’un visa Schengen.

• Plaider en faveur de la mise en place/poursuite de mesures extraordinaires à l’appui de l’économie, systèmes de protection sociale et emploi, afin de minimiser l’impact de la guerre et des sanctions connexes sur la situation socio-économique.

• Soutenir les syndicats en Ukraine et dans les pays les plus exposés aux conséquences de l’attaque russe.

• Activer des actions mobilisatrices au niveau de l’UE et au niveau national, y compris une journée d’action pour l’Ukraine, à coordonner au niveau mondial.

• Fournir une aide financière et humanitaire à la population ukrainienne par l’intermédiaire des Syndicats ukrainiens – à ce propos des contributions spéciales au fonds pour la Solidarité de la CSI et une plateforme publique ont été lancés en collaboration avec la CES.

• Réorienter les fonds de projets de l’UE à la disposition de la CES (UnionMigrantNet) pour aider les réfugiés ukrainiens aux frontières de l’UE et sur le territoire de l’UE.

• Mobiliser des réserves de la CES jusqu’à 500 000 EUR, également afin de lever des fonds de l’UE, pour l’aide humanitaire à fournir à la population ukrainienne, en coopération avec les Syndicats ukrainiens.

• Créer un « Groupe de travail Paix » de la CES pour coordonner ces actions et une « Alerte Paix » de la CES pour échanger des informations avec et entre les affiliés.

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Dans la guerre ukrainienne, la gauche joue une part de sa survie

Il aura fallu peu de temps, après l’effondrement de l’URSS en 1991, pour que s’évanouisse l’espoir du« nouvel ordre international » que le triomphe américain promettait aux peuples du monde. Les États-Unis l’avaient emporté par défaut, sur une « superpuissance » soviétique qui ne les avait jamais rattrapés et qui était devenue, au fil des années, un « colosse aux pieds d’argile ».

Le super gendarme étasunien fut très vite dépassé par les événements. La guerre froide structurée autour d’idéologies antagonistes a laissé la place au « choc des civilisations », puis à la « guerre contre le terrorisme ». L’état de guerre, entremêlant de plus en plus la guerre intérieure et la guerre extérieure, est devenu une norme et non plus une exception. Son assimilation s’est imposée d’autant plus rapidement et profondément que les institutions onusiennes de régulation, nées de la victoire contre les fascismes, sont entrées dans un déclin prononcé, voulu par les USA et accepté par les États les plus puissants.

Le monde, désormais, a été voué à la double férule d’une mondialisation financière indépassable et d’un retour assumé au réalisme des rapports de puissances : l’immédiateté des marché financiers d’un côté et le cynisme de la realpolitik de l’autre côté. Mais à ce jeu, tous les puissants ne sont pas sur un pied d’égalité. La première mondialisation capitaliste, à la charnière des XIXe et XXe siècles, fut structurée par l’hégémonie britannique et l’essor irrépressible de la colonisation européenne. La seconde, à partir des années 1960, se mena sous les auspices d’une hégémonie étatsunienne, tempérée par les contraintes de la guerre froide.

Comment en sommes-nous arrivés là ?

Nous vivons aujourd’hui le paradoxe d’une mondialisation qui n’a jamais été aussi forte, mais qui n’a jamais été aussi peu régulée de façon consciente et maîtrisée. Il n’y a plus aujourd’hui de force hégémonique incontestée, de gendarme unanimement reconnu et de grand régulateur en dehors du marché. Les États-Unis n’ont jamais retrouvé le souffle du New Deal, oscillant entre un néolibéralisme reaganien ravageur et un démocratisme affadi et sans imagination. L’émergence du trumpisme, de sa violence et de son mépris de la règle démocratique, a été un symptôme spectaculaire et inquiétant de la panne civique et morale résultant de ces va-et-vient.

La Russie s’est enfoncée dans la fascination du marché, la corruption généralisée et la nostalgie du temps où elle était tenue pour la seconde puissance mondiale. Elle s’est enlisée dans le ressentiment nationaliste et le retour progressif à un autoritarisme renvoyant davantage à la mémoire impériale qu’à la rhétorique du soviétisme. « L’Empire » : tout est contenu dans ce mot… Pour redevenir une grande puissance mondiale, la Russie devrait reconstituer un grand empire eurasiatique, unifié et centralisé, effaçant la diversité nationale que les bolcheviks avaient légitimée dans les toutes premières années qui suivirent la révolution d’Octobre.

Après le traumatisme qui avait accompagné le massacre de la place Tian’anmen en 1989, la Chine a suivi de son côté un chemin pragmatique original, cherchant à concilier l’acceptation des règles du marché mondial « libre » et la tutelle intégralement maintenue du Parti communiste chinois. Cet équilibre d’une mondialisation assumée et d’un État omniprésent avait deux conditions : contrôler de façon drastique l’opinion en écartant toute dissidence et accéder, après deux siècles de minoration par l’Occident, au statut de grande puissance politique et militaire.

Quant à l’Union européenne, elle souffre de n’avoir pu, par fondation, choisir entre la fédération et la confédération. Son choix d’une orthodoxie libérale poussée jusqu’à l’obsession a érodé le Welfare State qui fut pourtant le ressort principal de sa légitimation. Son choix tout aussi entier d’une « gouvernance » technocratique a accentué les dérives qui, peu à peu, ont attisé la perplexité populaire et ont conduit la démocratie vers les rivages étranges de ce que l’on s’est mis pudiquement à appeler « l’illibéralisme ». Du coup, l’Union européenne a des états de service, mais elle n’est pas un État ; elle a de la puissance, mais elle n’est pas une puissance. Alors que, dans un monde instable et dangereux, s’est installée l’idée fallacieuse que seule la puissance est la garantie de l’autonomie et de la protection, elle se voit contrainte de placer sa défense entre les mains de l’OTAN.

La situation dans laquelle nous vivons est l’effet de cette étrange incertitude : une puissance américaine toujours dominante, mais en déclin, avide de retrouver les enthousiasmes du America first ; une puissance russe déclassée, qui a rompu avec ce que le soviétisme gardait malgré tout de rapport avec l’histoire démocratique et qui ne rêve plus que d’empire et de puissance retrouvée ; une puissance chinoise que l’histoire européenne avait laissée aux marges et qui veut imposer ses normes comme une solution possible aux désordres du capitalisme mondialisé ; une non-puissance européenne inquiète, qui vit sur les souvenirs du temps lointain où le continent dominait le monde, qui a cru trouver les clés de son dynamisme dans un élargissement forcené et mal maîtrisé et qui hésite sur ses projets.

Faire face à l’événement

La Russie a envahi l’Ukraine. Le prétexte immédiat qu’elle a invoqué est d’un classicisme navrant : il fallait à tout prix, affirme la propagande officielle, protéger des territoires russophones de la brutalité d’un gouvernement ukrainien refusant de reconnaître leurs droits. Le pouvoir moscovite ne s’en est pas tenu là. Selon lui, l’Ukraine n’aurait jamais été une nation et ne serait qu’une portion de la terre russe, comme si la reconnaissance d’un État ukrainien, après 1917, n’avait pas été une manifestation, parmi tant d’autres, de ce« principe des nationalités » qui triomphait en Europe et qui précipitait partout la chute des vieux empires. Enfin, la justification de l’agression aux yeux du reste du monde a aussitôt évoqué la responsabilité première de l’OTAN et donc de l’impérialisme américain : la Russie n’agresse pas et, au contraire, ne fait que se défendre.

Or la politique par ailleurs hautement critiquable de l’OTAN n’est pas plus la cause du choix de Moscou que le traité de Versailles ne fut la cause du triomphe du nazisme et du second conflit mondial. Le prétexte et la cause relèvent de deux réalités différentes. La guerre actuelle procède de la seule volonté poutinienne de reconstituer un Empire que le cataclysme d’août 1914 avait démantelé et que le soviétisme n’avait fait que ravauder. Toute analyse de fond des cheminements du conflit exige et exigera la plus grande complexité. Mais pour ce qui est de la responsabilité de l’acte – l’entrée d’une armée sur un territoire reconnu par les conventions internationales – elle ne devrait tolérer aucun bémol : l’État russe en est responsable à part entière.

Il n’y aura donc pas de solution durable sans un retour à l’intégrité territoriale complète de l’État ukrainien. Pour y parvenir, une seule méthode est impensable, depuis que le monde est entré dans l’ère nucléaire : le recours à une intervention directe des grandes puissances. Mais, au-delà de ce garde-fou absolu, tout peut être mis en œuvre. L’agressé doit être soutenu, moralement, politiquement et matériellement, y compris par la fourniture de matériel militaire. Ne pas lui fournir des armes non stratégiques ? Il ne fallait donc pas armer les républicains espagnols contre Franco, laisser les patriotes vietnamiens seuls face à l’intervention américaine, considérer que les résistants afghans n’avaient nul besoin d’armement pour affronter l’armée soviétique ?

Dix États concentrent aujourd’hui 90% des exportations d’armes dans le monde, dont près de 60% pour les États-Unis et la Russie. Vendre des armes serait admissible, au nom sans doute du marché libre ; mais fournir des armes à l’agressé serait condamnable, au nom de l’impératif de la paix ? La Russie pourrait vendre des armes à qui elle veut ; mais elle pourrait à bon droit voir un acte de guerre quand un État fournit des armes à ceux qu’elle qualifie sans broncher de « drogués » et de « nazis »… Il est du simple devoir d’humanité de défendre un État ou un peuple agressé, surtout s’il l’est par une puissance supérieure en nombre et en armement. Ne pas renforcer les capacités défensives des Ukrainiens, c’est accepter par avance leur défaite : l’équilibre du monde en sortirait-t-il renforcé et la paix universelle avec lui ?

De la même manière, tout doit être fait pour sanctionner l’agresseur, en dehors bien sûr de l’intervention armée directe contre lui. Si l’économie est le nerf de la guerre, le recours à l’arme économique est donc tolérable, dès l’instant où il n’occulte pas le souci des impératifs humanitaires. De même, dans un monde de communication instantanée et universelle, décortiquer l’argumentaire officiel et isoler politiquement l’agresseur est légitime, dès l’instant où ce qui est mis en cause n’est rien d’autre que l’acte d’agression lui-même et les motivations avancées par ses promoteurs. Dès l’instant aussi où l’on ne renonce jamais à parler au peuple russe, sans le charger des fautes qui incombent à ceux qui lui mentent et le précipitent vers le chaos…

En bref, dans la situation gravissime qui est la nôtre, rien ne peut atténuer la seule affirmation possible : s’il faut désigner un responsable de l’état de guerre actuel, on le trouvera, non du côté du peuple russe, mais de celui du pouvoir poutinien. Les ennemis de nos ennemis n’ont pas à être automatiquement lavés de toute faute ; ils ne bénéficient pas a priori de circonstances atténuantes, au motif que l’ennemi de classe les met en cause.

Se sortir de la guerre froide

On ne saurait toutefois s’en tenir à l’immédiat, surtout si l’on est convaincu qu’il n’y a pas de solution militaire durable à une situation de conflit, a fortiori s’il implique une grande puissance. La propension impériale de Poutine s’inscrit dans un monde où l’état de guerre n’est plus un état d’exception et où la course à la puissance est désormais jugée plus réaliste que le présumé « angélisme » des parti-pris pacifistes. Il serait irresponsable de s’en tenir à cette conviction.

1. La logique de la puissance conduit à l’accumulation des moyens rendant possible la destruction de populations entières, voire de l’humanité elle-même. Les dépenses militaires mondiales sont estimées à près de 2 000 milliards de dollars et sont en hausse continue, notamment du côté des USA et de la Chine. Or l’expérience prouve que l’accumulation et la sophistication croissante de l’armement ne produisent pas de la sécurité renforcée, mais génère une tension sans cesse grandissante et un chaos dont pâtissent avant tout les plus fragiles. Le pari raisonnable serait donc de contredire les évolutions en cours plutôt que de les conforter. L’affirmation pacifiste n’a en cela rien perdu de son réalisme vrai : la dénucléarisation de l’armement mérite plus qu jamais d’être amplifiée et les dépenses militaires devraient peu à peu être transférées vers les dépenses socialement utiles.

La réflexion a tout intérêt à se porter aussi sur le devenir des alliances militaires. La guerre froide avait mis au placard les vieux espoirs de sécurité collective et les avait remplacés par le face-à-face de deux systèmes de défense, l’un centré sur les États-Unis (l’OTAN), l’autre sur l’Union soviétique (le Pacte de Varsovie). La disparition de l’URSS a entraîné le démantèlement du second, mais pas celui du premier. Dans le même temps, le déclin de l’ONU a entraîné celui de la force d’intervention multinationale crée en son sein, pour prévenir les risques d’extension des conflits. Le dispositif militaire de l’OTAN se trouve ainsi promu au rang de seule structure multinationale apte à intervenir sur le terrain des conflits internationaux. Mais elle conserve sa logique de force occidentale, placée sous la responsabilité première des États-Unis.

Le conflit ukrainien est sans surprise utilisé pour justifier l’accélération du réarmement européen et le renforcement de l’OTAN. Que, dans un moment d’exacerbation de l’agressivité russe, ses voisins autrefois placés sous la férule soviétique se tournent vers l’OTAN peut se comprendre. Mais on sait que tout système de défense reposant sur la définition d’un ennemi principal est gros de déflagration mondiale, aux conséquences incalculables. Ne vaudrait-il pas mieux, dès lors, s’engager dans un mouvement de retour vers la sécurité collective et verts la mise en place, négociée et progressive, d’un système de défense intégré, ouvertement multinational et dégagé de toute hégémonie ? Tant que ce système n’est pas accepté et rendu opérationnel, les dispositifs existants sont bien sûr maintenus, tout en se centrant sur des stratégies défensives et non pas expansives.

2. La redéfinition multilatérale des systèmes de défense suppose, il est vrai, que l’ONU retrouve de toute urgence l’allant qu’elle a perdu peu à peu. En ce sens, sa revalorisation et sa refonte peuvent se penser et se conduire ensemble. Inclure la participation élargie des ONG et des mouvements sociaux pérennes à toutes les instances internationales, y compris économiques, est une attente. Revaloriser les instances de représentation des populations, dans un esprit de subsidiarité et non de hiérarchie des institutions, est une médiation. On notera en outre que cette réforme du dispositif onusien sera d’autant plus crédible qu’elle s’appuiera, dans chaque pays, sur quatre chantiers de transformation : la réduction du champ de décision des exécutifs ; l’amélioration sensible de la représentation des populations, y compris étrangères ; la déprofessionnalisation de l’activité politique ; l’essor d’une démocratie d’implication, directe et/ou participative. La forme de la réorientation démocratique ne sera pas nécessairement la même partout, le jeu de la représentation et de l’implication variera selon le contexte territorial, tout comme la distribution des assemblées et des pouvoirs, du législatif et de l’exécutif. Mais l’efficacité démocratique dépendra de la capacité assumée à aller, partout, dans la même direction.

3. Même si, en cas de conflit territorial, il ne faut pas tergiverser sur la désignation des responsables, la position la plus équilibrée consiste à ne pas oublier que l’instabilité incroyable de notre monde a des causes structurelles et ne relève donc pas de la seule désignation de responsables. Le substrat planétaire de l’état de guerre est la peur des nantis et le ressentiment des déshérités ; son ressort est l’inégale distribution des ressources et des pouvoirs.

D’une façon ou d’une autre, il faudra bien s’atteler à corriger ce que dénoncent depuis des années des ONG et des organismes internationaux prêchant dans le désert : la croissance des indicateurs marchands prime toujours sur un développement des capacités humaines économe en ressources. Et il n’est pas alors besoin d’être grand clerc pour comprendre qu’une inversion des priorités implique, non du laisser-faire mais de la régulation, non de la concurrence mais de la mise en commun, non de l’autoritarisme mais de l’implication citoyenne. La régulation prioritaire par les droits individuels et collectifs et, à cet effet, la mise en place d’un authentique droit commun planétaire pourraient être des grands œuvres des prochaines décennies. La gauche gagnerait de son utilité historique en y participant, au lieu d’y voir en permanence une manœuvre parmi d’autre de « l’autre », de la « caste » ou de « l’empire américain ».

4. Tout cela suppose d’agir sur un dernier niveau de responsabilité pour la gauche. Dans un monde tourmenté et inquiétant, la tentation la plus immédiate est celle de la protection et du repli sur les espaces présumés plus familiers, et notamment sur les nations. Que la mondialisation telle qu’elle a été menée depuis trop longtemps soit une malédiction est une chose ; que le réseau des interdépendances qu’elle a soutenues soit un mal absolu en est une autre, qui ne découle pas nécessairement de la première.

L’élargissement des espaces d’organisation de la vie humaine est une tendance majeure de l’hominisation. Du local le plus restreint à la principauté élargie, puis à la nation, au continent et au monde : la maîtrise par les êtres humains de leur destin a gagné des territoires de plus en plus étendus. Mais cette maîtrise n’est pas égale, partout et à tout moment et nulle part elle n’est définitive. Toute avancée peut être remise en cause, si une extension territoriale ne s’adosse pas à un essor qualitatif de la maîtrise démocratique.

L’Europe a payé la première l’addition, en pensant que la rationalité des décideurs pouvait compenser le casse-tête des institutions communautaires et la faible implication des citoyens. Mais, alors qu’elle avait été un cadre majeur de politisation démocratique, la nation elle-même n’a pas échappé au même mouvement de désengagement civique et de profonde mélancolie démocratique.

La forme technocratique et financière de la mondialisation n’invalide pas le fait que les trajectoires individuelles et collectives sont aujourd’hui de plus en plus interpénétrées. Les communautés de destin ne se nouent plus au seul niveau du familial, du local ou du national, mais à celui de l’intracontinental et du planétaire. Combattre la mondialisation n’implique ni de vitupérer les interdépendances, même au nom de la souveraineté, ni de tourner le dos à la mondialité. Cela suppose au contraire de dégager cette mondialité de ce qui la corsète et l’étouffe, le dédain du commun, la tentation technocratique, le repli sur soi et l’exclusion. C’est empêcher ainsi de laisser le monopole du cosmopolitisme aux « élites » et celui d’une nation excluante à l’extrême droite.

Construire les bases humaines de la mondialité devrait être ouvertement l’horizon stratégique de la gauche. Respecter les formes territoriales plus restreintes de l’association des individus est un impératif. Considérer que leur développement passe avant toute autre considération, y compris celle du destin commun de l’humanité, est une régression. Tout esprit national conséquent doit intégrer cette évidence : les êtres humains décideront ensemble de la survie, de l’asphyxie ou de l’apocalypse.

5. Le temps court et le temps long ne se gèrent pas selon les mêmes rythmes. L’urgence du moment est la solution du conflit ukrainien et le retour à la souveraineté pleine et entière d’un État. Mais pour qu’elle soit durable, la recherche de cette solution immédiate ne doit pas contredire les valeurs démocratiques et humanistes qui doivent la fonder. Constituer un glacis militaire autour de la Russie, alimenter la course aux armements et renforcer le poids des exécutifs serait plus qu’une erreur : ce serait une faute. Contraindre l’agresseur à renoncer à son projet est une incontournable nécessité : à la gauche de souligner l’esprit de fermeté et de mesure qui doit accompagner sa réalisation.

Roger Martelli, 4 mars 2012

http://www.regards.fr/actu/article/dans-la-guerre-ukrainienne-la-gauche-joue-une-part-de-sa-survie

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Lettre ouverte de géographes russes à Vladimir Poutine : « Nous voulons vivre sous un ciel pacifique »

Au Président de la Fédération de Russie, Vladimir Poutine,

Nous, citoyens de la Fédération de Russie, géographes, enseignants, scientifiques, étudiants, doctorants et diplômés, signataires de cette lettre ouverte, conscients de notre responsabilité vis à vis du destin de notre pays, nous nous opposons catégoriquement à toute action militaire sur le territoire de l’Etat souverain d’Ukraine et exigeons un cessez-le-feu immédiat des deux côtés ainsi que le retrait des troupes russes vers le territoire de la Russie.

Nous considérons qu’il est immoral de nous taire à ce moment précis, quand chaque jour et chaque heure des gens meurent du fait d’actes de guerre. Les opérations de combat menacent des sites vulnérables, tels que la centrale nucléaire de Tchernobyl, les centrales hydroélectriques sur le Dniepr et les exceptionnelles réserves de biosphère de l’Ukraine. Il est inadmissible, au XXIème siècle, de prétendre résoudre des conflits politiques les armes à la main ; tout conflit que ce soit, interne à l’Ukraine ou entre nos deux États doit être résolu uniquement par la voie de la négociation. Peu importe par quoi on justifie l’invasion de l’armée russe : les citoyens russes d’aujourd’hui comme les générations à venir en Russie en paieront le prix.

Cette opération militaire vide de sens les efforts déployés depuis bien des années tant par les géographes que par des chercheurs d’autres disciplines pour la sauvegarde des paysages, pour lutter contre le changement climatique, pour la création de zones naturelles protégées, pour organiser un développement pacifique des économies de Russie et d’Ukraine, et pour le développement de leur coopération transfrontalière. Nous ne pouvons pas renoncer à notre mission : continuer à contribuer à un développement pacifique et harmonieux de notre pays ainsi qu’à son intégration dans l’économie mondiale.

Nous voulons vivre sous un ciel pacifique, dans un pays ouvert au monde et dans un monde ouvert à notre pays, continuer à faire de la recherche au nom du monde, pour le du bien-être de notre pays et de l’ensemble de l’humanité. Les opérations de guerre doivent cesser immédiatement !

Signataires : 

La liste complète des signataires est disponible ici. 

https://blogs.mediapart.fr/les-invites-de-mediapart/blog/040322/lettre-ouverte-de-geographes-russes-vladimir-poutine-nous-voulons-vivre-sous-un-ciel-p

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Des soldats russes démoralisés expriment leur colère d’avoir été « trompés » dans la guerre

Les vidéos des prisonniers de guerre sont utilisées par la propagande ukrainienne, mais il existe un authentique sentiment d’amertume parmi les militaires russes.

Cinq soldats russes sont assis dans un bâtiment en briques. Ils ont les yeux bandés : ce sont les derniers prisonniers capturés en Ukraine. Une voix ukrainienne les interroge. « Parlez », dit-elle à l’officier russe du groupe. Quel message souhaite-t-il faire passer à ses soldats et aux Russes restés au pays?

« Pour parler franchement, ils nous ont trompés », répond l’officier, en faisant référence à ses supérieurs militaires assis à Moscou. « Tout ce qu’on nous a dit était faux. Je dirais à mes gars de quitter le territoire ukrainien. Nous avons des familles et des enfants. Je pense que 90% d’entre nous seraient d’accord pour rentrer chez eux. »

La vidéo de trois minutes a été filmée dans des conditions de contrainte. Les soldats ont manifestement peur. Et pourtant, de nombreuses interviews similaires de captifs russes ont circulé sur les canaux des médias sociaux ukrainiens, exprimant des sentiments similaires.

A la question de savoir ce qu’il dirait à ses commandants, l’un d’eux a répondu sans ambages : « Ce sont des pédés ». Une autre expression fréquemment utilisée est « oni obmanuli nas » : « ils nous ont trompés ». Huit jours après l’invasion de Vladimir Poutine, il est clair qu’un nombre important de ses militaires sont démoralisés et peu enclins à se battre. Certains se sont rendus.

D’autres ont abandonné leurs véhicules et sont repartis à pied vers la frontière russe en trimballant leurs armes et leurs sacs à dos, selon des vidéos. Ces épisodes ne signifient pas que le Kremlin échouera dans ses tentatives de conquête de l’Ukraine, ses tactiques passant au pilonnage brutal des civils [1].

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Mais le moral bas des troupes d’invasion pourrait être l’une des raisons [outre les problèmes de logistique liés à une planification de type Blitzkrieg] pour lesquelles le plan de guerre éclair de la Russie pour submerger l’Ukraine ne semble pas avoir progressé à la vitesse que Poutine aurait souhaitée. A Moscou, on pensait que l’opération serait rapide et réussie. D’après les vidéos, les soldats n’ont reçu des vivres et du carburant que pour deux ou trois jours.

Le Kremlin semble également avoir diffusé une idée totalement fantaisiste de l’accueil qui leur serait réservé. Plusieurs prisonniers de guerre ont déclaré qu’on leur avait assuré que les Ukrainiens les accueilleraient comme des libérateurs. Les forces russes s’attendaient à recevoir des fleurs et des acclamations, pas des balles et des bombes, ont-ils dit.

« Certains d’entre eux pensaient qu’ils participaient à des exercices militaires. Ils n’avaient pas prévu de résistance », a déclaré Artem Mazhulin, un professeur d’anglais de 31 ans originaire de Kharkiv. « Beaucoup sont des conscrits nés en 2002 ou 2003. Nous parlons de garçons de 19 et 20 ans. »

Il a ajouté : « Depuis 2014, le gouvernement russe fait un lavage de cerveau à sa population avec de la propagande. Ils essaient de faire croire à la Russie que l’Ukraine n’est pas un vrai pays et disent que des monstres fascistes l’ont capturée. »

Artem Mazhulin a déclaré que son oncle et sa tante, Viktor et Valentina, avaient discuté avec des soldats russes lorsqu’ils sont passés devant leur maison à Kupiansk, dans le nord-est de l’Ukraine, près de la frontière. Les soldats ont expliqué qu’ils recherchaient des Banderivtsi, ou des partisans du leader nationaliste ukrainien de la Seconde Guerre mondiale, Stepan Bandera [les forces d’extrême droite se réclament encore de Bandera en Ukraine – réd.].

« Mon oncle leur a dit : « Où est-ce que vous voyez des Banderivtsi, bordel ? » « Ma tante leur a dit de sortir de ses parterres de fleurs », a raconté Artem Mazhulin. « Ils ont appelé mon oncle Batya (papa) et ont discuté avec lui de l’élevage de pigeons, son hobby. Puis ils sont partis sur leur tank. »

Dans une allocution vidéo jeudi 3 mars, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a insisté sur le même message : Poutine a envoyé ses forces d’invasion en Ukraine sans mission compréhensible. « Ils sont démoralisés. Ils sont condamnés », a-t-il déclaré, en demandant aux soldats ennemis de « rentrer chez eux ».

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L’Ukraine affirme avoir tué plusieurs milliers de soldats russes. Ce chiffre est peut-être exagéré, mais mercredi, cependant, même le Kremlin [dans un communiqué] a admis que 498 de ses militaires étaient morts, et 1591 blessés.

Alex Kovzhun, qui fut un temps conseiller de l’ancien premier ministre ukrainien Ioulia Timochenko, a déclaré que les soldats russes pouvaient être divisés en deux sortes : « Il y a les jeunes conscrits qui ont une peur bleue. Et il y a les soldats de carrière qui ont combattu en Syrie et dans le Donbass. »

Alex Kovzhun a déclaré que l’état-major russe avait pensé que l’invasion serait « fastoche », et une répétition des opérations pour s’emparer de la Crimée en 2014, ou leur récent déploiement au Kazakhstan, qui ont été largement sans opposition. Au lieu de cela, les civils ukrainiens s’étaient placés devant les chars ennemis, avaient bloqué des colonnes blindées à mains nues et avaient chanté l’hymne national devant des soldats russes crispés.

« Ils lancent des jurons face à des personnes armées. J’ai vu les visages des Russes. Ils sont très mal à l’aise parce que ce n’est pas ce à quoi ils s’attendaient. On leur a dit que les Ukrainiens étaient emprisonnés par des mythiques nazis », a-t-il ajouté.

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Nick Reynolds, analyste et chercheur sur la guerre terrestre au Royal United Services Institute (Rusi), un groupe de réflexion sur la défense et la sécurité, a déclaré que le chiffre ukrainien des soldats ennemis tués était probablement plus fiable que l’estimation russe, ajoutant que les images d’engagements impliquant les forces russes disponibles en ligne suggéraient que le nombre de victimes que le Kremlin était prêt à admettre avait déjà été dépassé.

Néanmoins, a-t-il ajouté, peu d’éléments indiquent comment les autorités ukrainiennes sont parvenues à leur propre total. Le décompte de plusieurs milliers de morts pourrait lui-même être légèrement exagéré, a-t-il ajouté.

Il ne fait aucun doute que l’Ukraine utilise le malaise des soldats capturés à des fins de propagande. Plusieurs vidéos montrent de jeunes hommes appelant leurs mères en Russie, qui n’ont aucune idée que leurs fils se battent en Ukraine. Les mères s’effondrent généralement. Les autorités ukrainiennes ont ouvert une ligne d’assistance téléphonique pour les parents russes inquiets, dans le cadre d’un autre scoop de relations publiques.

Néanmoins, il existe un sentiment authentique que de nombreux militaires russes regrettent d’être venus en Ukraine, un voyage qui s’est terminé pour certains par la mort ou la désillusion. Un interrogateur demande à un prisonnier : « Alors, qu’en pensez-vous, êtes-vous des soldats de la puissante armée russe ou de la chair à canon ? » « Nous sommes de la chair à canon », répond le prisonnier de guerre. « Ça en valait la peine ? » dit l’interrogateur, pour donner suite. « Non », répond le prisonnier. 

Luke Harding (Lviv)

Article publié par The Guardian, le 4 mars 2022, 6 heures du matin heure suisse ; traduction rédaction A l’Encontre

[1] Si les communiqués du Kremlin font état de quelque 500 soldats russes tués, et quelque 1500 blessés, il faut noter l’approche différente de cette question, pour la première fois, de Vladimir Poutine à l’occasion de son discours du 3 mars au soir. Comme l’indique dans Le Monde Benoît Vitkine (4 mars 18h54) : «Etonnamment, Vladimir Poutine s’est longuement exprimé sur les pertes, qu’il qualifie d’« héroïques ». Il a ainsi prévu une minute de silence et annoncé des compensations financières importantes pour les familles des tués.» Dans un commentaire sur Twitter, Vitkine ajoute : le discours de Poutine « est une façon d’installer la guerre, après avoir tenté de la rendre invisible ». 

Cela tend à démontrer que Poutine ne fixe pas de limites aux moyens qu’il peut utiliser pour atteindre ses objectifs déclarés. Benoît Vitkine, dans son commentaire, souligne dès lors ce qu’il appelle les « éléments de langage » utilisés par Poutine dans son discours du 3 mars au soir :

  • les Ukrainiens se battent comme des lâches, cachés derrière la population civile ;

  • ils se comportent en fascistes, « humilient et exécutent des prisonniers » ;

  • des mercenaires étrangers, y compris du Moyen-Orient, se battent avec eux ;

  • Moscou n’attaque pas l’Ukraine, mais « défend la Russie et le Donbass ».

Cette reconnaissance de l’état de guerre va de pair avec la répression de toute opposition publique, le silence imposé à la dernière radio indépendante Ekho Moskvy et à la chaîne de télévision indépendante en ligne Dojd. Alors que les mères de soldats tués pouvaient manifester lors de la guerre de Tchétchénie, hier une mère d’un soldat tué, manifestant avec une pancarte, a été immédiatement arrêtée et condamnée à une amende de 300 euros. Le signal est donné à de futures mères de soldats qui ont perdu leur fils. La guerre en Ukraine va de concert avec une tentative de contrôle plus serré sur ce qui est appelé la « société civile ». (Réd. A l’Encontre)

http://alencontre.org/europe/russie/ukraine-reportage-des-soldats-russes-demoralises-expriment-leur-colere-davoir-ete-trompes-dans-la-guerre.html

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Le réseau des GLI a publié jeudi une déclaration de solidarité avec le peuple ukrainien et ses organisations syndicales et contre la guerre menée par un régime autoritaire. Vous pouvez la soutenir en bas de ce mail.

L’invasion à grande échelle du territoire ukrainien par les forces militaires russes le 24 février 2022 a déclenché une guerre meurtrière au centre de l’Europe. Non seulement des soldats des deux côtés, mais aussi des civils pacifiques, vont mourir. La guerre transforme en cauchemar la vie de ceux sur le territoire desquels elle est menée. Dans ces conditions, les syndicats et les autres organisations de travailleurs ne peuvent pas rester sur la touche ou agir comme des observateurs neutres. Nous devons faire tout ce qui est en notre pouvoir pour mettre fin à l’agression militaire, à la guerre, le plus rapidement possible.

Le peuple ukrainien, en défendant son indépendance et sa liberté, a besoin d’une solidarité concrète. La subordination de l’Ukraine au régime autoritaire de Poutine, ou à ses mandataires, détruirait les institutions démocratiques, y compris le mouvement ouvrier – comme cela s’est déjà produit au cours des huit dernières années dans les « républiques populaires » fantoches de Donetsk et de Louhansk, contrôlées par la Russie. L’affirmation de la machine de propagande de l’État russe, selon laquelle l’objectif de l’invasion est de « libérer » l’Ukraine, qui serait dirigée par des « drogués et des néonazis », est un mensonge cynique. Ce qui est vrai en revanche, c’est que Poutine et son parti « Yedinaya Rossia » entretiennent des relations d’amitiés avec un grand nombre de partis d’extrême droite en Europe et dans le Monde. Tout aussi mensongères sont les justifications fallacieuses de l’attaque au motif qu’une menace pour la sécurité de la Russie se cache sur le territoire ukrainien. Le véritable objectif du Kremlin est de s’emparer du territoire de l’Ukraine, que Poutine et ses sbires ont déclaré être une construction artificielle mise en place par les bolcheviks. Les slogans sur « la lutte contre le nazisme » ne sont qu’une couverture pour une tentative de conquête d’un « espace vital » pour « le monde russe » et la restauration de l’empire russe. De même qu’au XXe siècle, le mouvement ouvrier international a défendu la république espagnole contre le fascisme et soutenu la résistance aux dictatures totalitaires, il doit aujourd’hui défendre l’Ukraine démocratique !

La guerre actuelle n’est pas un conflit entre les peuples russe et ukrainien. La guerre a été déclenchée par le régime dictatorial qui règne à Moscou, sous lequel tout le peuple russe souffre. Perpétuant les traditions du tsarisme et du stalinisme russes, prêchant une idéologie impériale archaïque, ce régime déteste l’Ukraine non seulement pour son aspiration à l’indépendance mais aussi pour ses traditions révolutionnaires. Les dirigeants du Kremlin craignent que le changement systémique qui a eu lieu en Ukraine en 2014 puisse se poursuivre en Russie, et c’est une raison supplémentaire pour laquelle ils ont déclenché la guerre. Le régime de Poutine, comme la Russie du 19ème siècle, veut jouer le rôle du gendarme international. La preuve en est non seulement l’invasion de l’Ukraine, mais aussi le soutien apporté à ses régimes frères autoritaires pour réprimer les soulèvements populaires au Belarus et au Kazakhstan.

Déjà, plus d’un million de Russes ont signé des lettres exigeant la cessation immédiate des hostilités. La même position a été adoptée par un grand nombre d’associations professionnelles – de chercheurs, d’enseignants, de médecins, de travailleurs dans le domaine des arts, d’architectes, d’éditeurs, de traducteurs, etc. Ce mouvement anti-guerre de la société civile a également besoin d’un soutien international.

Le mouvement des travailleurs a toujours été fondé sur les principes de l’internationalisme et de la solidarité par-delà les frontières des États. Aujourd’hui, ces principes doivent être mis en oeuvre dans la pratique. Les déclarations générales sur un accord de paix ne suffisent pas. Nous devons appeler les choses par leur vrai nom, et prendre position sur le conflit, en nous plaçant du côté des peuples ukrainien et russe contre l’oligarchie du Kremlin, qui porte l’entière responsabilité de cette guerre, qui a déjà produit une menace d’apocalypse nucléaire pour le monde entier.

Les mouvements ouvriers et anti-guerre disposent dans leur arsenal de moyens considérables pour lutter et faire preuve de solidarité, qui ont été testés dans la pratique. Maintenant, les organisations de travailleurs et la société civile doivent faire circuler des informations précises sur les causes et le caractère de cette guerre, utiliser tous les moyens disponibles pour démasquer la propagande du Kremlin et apporter tout type de soutien à l’Ukraine dans ses combats. Si l’agression n’est pas arrêtée, ce sera la plus grave défaite pour toutes les forces progressistes à l’échelle internationale. Nous ne pouvons pas le permettre.

Pour le retrait immédiat des forces militaires russes du territoire ukrainien ! Non à la guerre !

Les personnalités suivantes soutiennent également ce communiqué (que vous pouvez également signer) :

  • Ron Oswald, IUTA, Suisse

  • Christian Mahieux, Réseau Syndical International de Solidarité et de Luttes, France

  • Sandra Iriarte, Red sindical internacional de solidaridad et de luchas

  • Herbert Claros, Rede internacional sindical de solidariedade e lutas

  • Karin Pape, WIEGO, Allemagne

  • Pierre Coutaz, CGT, France

  • Casper Gelderblom, FNV, Pays-Bas

  • Peppina Beeli, Unia, Suisse

  • Frank Hoffer, Ex-officiel de l’OIT, Allemagne

  • Adrian Zimmermann, Syndicom & PSS, Suisse

  • Gary Herman, National Union of Journalists, Royaume Uni

  • Mary Sayer, Unite, Royaume Uni

  • Charlie Clutterbuck, Unite, Royaume Uni

  • Tim Cuénod, PSS, Suisse

  • Josef Lang, Grüne GSoA, Suisse

  • Ted Stolze, Cerritos College Faculty Association / AFT 6215, États-Unis

  • Peter Hall-Jones, Nouvelle Zélande

  • Alessandro Pelizzari, Suisse

  • Christian Koller, Suisse

  • Line Rennwald, Suisse

  • Hans-Peter Graf, Suisse

  • Irene Rudolf, Suisse

  • Richard Brand, Allemagne

Pour le soutenir, vous pouvez remplir le formulaire ici : 

https://bit.ly/3pyr6km

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Stop au tri raciste des réfugié-es qui fuient les guerres !

Accueil inconditionnel de tou-te-s les migrant-es d’Ukraine et d’ailleurs !

Nous reconnaissons toutes et tous l’horreur de la Guerre en Ukraine suite à l’invasion Russe et nous appelons à la plus grande solidarité envers les réfugié-es provenant d’Ukraine, quelque que soit leur nationalité ou leur origine. Nous appelons fermement les gouvernements Français et européens à les accueillir dignement. Comme nous avons toujours défendu l’accueil de tout-es les réfugié-es qui fuient les guerres, les conflits, les crises écologiques, sociales et économiques causées par leur système capitaliste et colonialiste, il ne doit y avoir aucune espèce de concurrence entre les réfugié-es déjà présent-es et à venir. 

Comment ce gouvernement, en la personne de son Ministre de l’Intérieur, Monsieur Darmanin, peut-il se présenter en défenseur de la Solidarité ? 

Rappelons que le Ministre de l’Intérieur est responsable lorsque les tentes des réfugié-es sont lacérées, les campements démontés et évacués à coup de matraque, lorsque les militant-es en faveur des exilés.ées sont criminalisé-es, des Alpes au port de Calais, en passant la vallée de la Roya. Ses polices refoulent les migrant-es aux Frontières, sans leur offrir la possibilité de la d’une protection et de l’accueil qui leur sont dus sociale.

Sur France Inter, le 3 mars 2022, Darmanin devient expert OFPRA, et estime qu’on ne peut nier le droit d’asile pour les personnes fuyant la guerre en ukraine, mais sous entends que les demandes de droit d’asile peuvent être détourné par les personnes fuyant les guerre de Libye ou de Syrie. Il nie les menaces et refoulements aux frontières polonaises concernant les réfugié-es extra-Européen-nes, provenant d’Ukraine, et en particulier des Africain-es, trié-es selon leur couleur de peau.

Sur la même antenne, il s’émeut du blocage de familles Ukrainiennes au port de Calais sous le prétexte du Brexit. Il prétend avoir obtenu de l’Angleterre un poste de consulat sur Calais pour régler rapidement la situation. Souvenons-nous que lorsqu’une trentaine de migrant-es sont mort-es en décembre dernier, ce même personnage demandait le renfort de Frontex.

Quant à la direction des étranger-es du Ministère de l’Intérieur, elle refuse de recevoir une délégation de sans-papiers, qui travaillent dans le secteur du colis à DPD, RSI et Chronopost, en grève depuis 4 mois, prétextant « la gestion de la situation des déplacés d’Ukraine ».

S’il y a urgence à organiser l’accueil des victimes de la guerre de Poutine, nous nous interrogeons sur cette hiérarchisation dans le traitement des problèmes et souffrances des migrant-es. 

La régularisation des Sans Papiers devrait être une priorité permanente !

L’union syndicale Solidaires condamne les pratiques racistes qui consistent à distinguer les migrant-es et les réfugié-es selon leur origine et revendique :

l’accueil inconditionnel des réfugié-es quel que soit leur provenance, leur religion ou leur nationalité.

La liberté effective de circulation et d’installation des personnes (inscrits dans la déclaration universelle des droits humains 1948 art.13 et le traité de Rome 1958).

L’admission et accès à une procédure de demande d’asile sur le territoire de son choix de tout-e candidat-e au statut de réfugié-e (abrogation des règlements Dublin), droit immédiat d’accès aux services publics (protection sociale, soins, assistance juridique gratuites…) et au travail (application de la convention de Genève art. 1).

https://solidaires.org/Stop-au-tri-raciste-des-refugie-es-qui-fuient-les-guerres

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Ukraine : la guerre de tous les risques de plus en plus cruelle

La possibilité d’un Brest-Litovsk gagnant pour tous les peuples du monde

La guerre russe contre l’Ukraine s’enlise, ce qui pourrait inciter la Russie à rechercher le compromis par rapport à son but initial de conquête totale du pays, sauf peut-être l’ouest ultra-nationaliste, tout en intensifiant ses opérations militaires, en particulier aux dépens des cibles civiles, pour améliorer son rapport de forces lors des négociations. Ce pourrait aussi l’inciter à jouer son va-tout jusqu’au risque nucléaire. Il est maintenant clair que la direction Poutine avait gravement sous-estimé le sentiment national ukrainien et surestimé la capacité de son armée réorganisée et renforcée.

La faiblesse logistique de celle-ci reflète la contradiction béante entre la puissance armée, dont celle nucléaire, de la Russie et sa capacité économique qui est moindre que celle du Canada selon leur PIB nominal mesurant le pouvoir économique mondial. L’isolement de la Russie face aux pays du vieil impérialisme accentue cette contradiction. Mais le vote de l’assemblée générale de l’ONU exigeant « que la Russie cesse immédiatement de recourir à la force contre l’Ukraine » a montré que les pays représentant environ la moitié de la population mondiale, dont la Chine et l’Inde, ont refusé de condamner la Russie, la plupart en s’abstenant ou en étant absent.

De l’autre côté, l’Ukraine a tout intérêt à minimiser les souffrances et les dégâts de la guerre en l’arrêtant le plus vite possible quitte à accepter, du point de vue de son gouvernement libéral-nationaliste des concessions significatives. En retour d’un cessez-le-feu immédiat suivi d’évacuation totale des troupes russes (et biélorusses), l’Ukraine pourrait concéder un régime intérieur fédéraliste à la canadienne ou à l’allemande, ce qui permettrait une autonomie régionale importante en particulier culturelle, linguistique et scolaire, et accepter au niveau externe un statut de neutralité politico-militaire à la manière de la Finlande. Pour la Crimée, une fois les troupes russes parties, l’Ukraine pourrait accepter un référendum sur son statut national ce qui vraisemblablement résulterait en un rattachement à la Russie à moins peut-être que l’Ukraine ait une offre en rupture avec son nationalisme.

Des concessions à l’agresseur qui avancent l’autodétermination et la sécurité collective

On dira que c’est là une prime à l’agresseur. Faudrait-il tester la politique du pire ? À un premier niveau, à moins de vouloir faire du moralisme, c’est le prix à payer pour la fin des hostilités sur la base des rapports de force militaires sur le terrain immédiat. La chimère serait pour les camps en présence de s’accrocher jusqu’à soit l’obtention de leurs objectifs ou de l’amélioration de leurs rapports de force. Plus profondément, cependant, ces compromis sont loin d’être un nouveau Brest-Litovsk, au contraire. Ces compromis seraient dans l’intérêt non seulement de la paix mondiale mais aussi du renforcement du droit à l’autodétermination des peuples et d’un début de démantèlement des alliances militaires vers un système de sécurité pan-européen incluant à terme la Russie.

Se tient derrière le rapport de forces conjoncturel un autre rapport de forces historique découlant de l’effondrement de l’URSS suivi du renforcement subséquent de l’OTAN vers les frontières de la Russie. Ce dernier rapport de forces n’est en rien un facteur immédiat de guerre qui justifierait l’invasion poutinienne d’autant plus que le camp impérialiste dominant ÉU/OTAN battait de l’aile suite à ses déboires irakien et afghan rehaussés de crises internes économiques et politiques. Cette avancée vers l’est d’un OTAN devenu en panne a servi de prétexte commode pour masquer un chauvinisme grand-russe jusqu’à nier l’existence nationale ukrainienne pour justifier la reconstitution de l’empire tsariste reformé par le stalinisme (voir mon blogue « C’est la Russie qui joue à la roulette russe avec l’arme nucléaire, pas l’OTAN – Une guerre de libération nationale que la Russie a aveuglément niée, 27/02/22 » [1]). Elle n’en introduit pas moins un déséquilibre substantiel au détriment de la Russie entre les deux grandes puissances nucléaires mondiales délibérément provoqué les ÉU/OTAN sans aucune nécessité sécuritaire.

Le danger nucléaire se superpose à un sérieux recul de la lutte climatique

Cet affaiblissement géopolitique structurel de la Russie est envenimé par une économie oligarchique, dépendante de quelques ressources naturelles et sujette aux fuites de capitaux, qui fait du sur place. Voilà le fond de décor des surestimations et sous-estimations conjoncturelles du fol aventurisme poutinien qui joue à la roulette russe avec tant le nucléaire militaire que celui civil étant donné les nombreuses centrales en Ukraine. La résultante en est une crise mondiale de premier ordre qui relègue à l’arrière-plan l’existentielle crise climatique au point que la rareté anticipée du gaz et pétrole russes se traduisant en hausse de prix provoque un retour en grâce des hydrocarbures compétiteurs et des profits concomitants.

Cette guerre, en soi une orgie de gaz à effet de serre (GES), invite à la recrudescence des énergivores dépenses militaires, surtout en Europe où l’Allemagne bat déjà la marche. Pendant ce temps, « 3,5 milliards de personnes, soit près de la moitié de la population mondiale, vivent dans des pays très vulnérables aux impacts climatiques, a constaté le [dernier rapport du] GIEC. Ces pays sont généralement des nations plus pauvres qui ont peu contribué au réchauffement climatique et qui en supportent pourtant le poids. » (The Guardian, 3/03/22)

Des sanctions tous azimuts ne font que renforcer les fauteurs de guerre

Les apprentis-sorciers des ÉU/OTAN qui ont dressé la table de la tentation au diable russe essaient ce colmater la béante brèche à coups de soutien militaire retenu pour éviter l’escalade de la catastrophe nucléaire tout en faisant pleuvoir les sanctions frappant indifféremment l’élite dirigeante et le peuple russe quand ce ne sont pas leurs propres peuples. Certes, la fourniture en armes défensives particulièrement antichars et sol-air s’impose. Ensuite, cependant, guette le danger de l’approvisionnement en avions de combat et surtout les no-fly zones qui mènent directement à l’affrontement direct Russie-OTAN de tous les dangers.

Personne ne s’opposera aux sanctions ciblant la clique dirigeante russe, sa haute bureaucratie et sa coterie d’oligarques de même que l’approvisionnement de l’industrie militaire et bien sûr en armement. Cependant, les sanctions tous azimuts prenant à partie le commerce et les transferts monétaires, et encore plus les fermetures d’entreprises, ne sont que des bombes économiques commotionnant le peuple. Loin de l’amener à se retourner contre la direction Poutine, ces sanctions le mettront en colère contre les persécuteurs étrangers pour mieux se ranger derrière les fauteurs de guerre ou les tolérer. Ces sanctions empirent déjà, amplifiées par la spéculation, l’inflation par le biais du secteur énergétique.

Partout, une mobilisation populaire soit réprimée soit qui doit s’autonomiser et parfois freiner

Seulement les mobilisations populaires pourraient sauver la situation et même la retourner. On ne peut que saluer et soutenir la lutte armée et non-armée ukrainienne tout en souhaitant que son organisation s’autonomise par la gauche d’un gouvernement libéral-nationaliste, et de son armée qui flirte avec l’ultra-nationalisme. On laisse toutefois à la propagande russe et campiste le qualificatif de fasciste à affubler à ce gouvernement pas plus mal élu que le gouvernement étatsunien. On ne peut pas en dire autant du gouvernement russe. On ne peut aussi qu’être admiratif et solidaire du courage des protestations du peuple russe contre le gouvernement Poutine qui l’accable d’une écrasante répression. À moins de devenir massives, ces rassemblements risquent cependant la disparition.

Il ne s’agit pas pour les gouvernements de l’OTAN de rajouter une couche de sanctions créant chômage et inflation au fardeau répressif. On s’attendrait de la part des partis de gauche et des organisations syndicales et populaires des pays de l’OTAN et alliés de freiner le zèle belliqueux de leurs gouvernements pour qu’il n’aille pas au-delà de la fourniture d’armes défensives. Il en est de même de l’ardeur des sanctions pour qu’ils ne dépassent pas le niveau de la pénalisation ciblée des élites politiques et économiques russes et biélorusses.

Il est heureux que se manifeste une pression populaire pour que les gouvernements riches des pays de l’OTAN et alliés cessent de se traîner les pieds et lèvent les obstacles administratifs pour l’accueil des personnes réfugiées au lieu, comme d’habitude, de balancer le problème aux pays limitrophes plus pauvres et à l’ONU. Des ponts aériens, ferroviaires et routiers sont à organiser dès maintenant et les vérifications d’usage, si nécessaire, à organiser après l’accueil. En plus, la générosité citoyenne, pas toujours bien avisée, aura besoin d’un soutien étatique.

En creux, un racisme des deux poids, deux mesures qui ne dit pas son nom

Mais il y a ici un malaise de racisme en creux qu’on ressent face d’abord au gouvernement ukrainien qui crée des obstacles administratifs à l’évacuation des personnes racisées non-citoyennes. Cependant, cette paille ukrainienne est bien légère en comparaison de la poutre des pays de l’OTAN et alliés. Le zèle tant gouvernemental que citoyen des pays de l’OTAN et alliés envers l’Ukraine laissent croupir sous les bombes et/ou tenailler par la faim et la maladie les populations racisées du Yémen et de l’Afghanistan, et même de l’Iran affligé de dures sanctions parce que les ÉU ont renié leur signature, et de la bande de Gaza devenue une prison à ciel ouvert abandonnée à l’apartheid sioniste.

A-t-on jamais parlé de réparations de guerre en faveur des pays, tel l’Irak, la Lybie et la Serbie bombardés et/ou occupés par les ÉU/OTAN de même qu’à tous les autres où les ÉU/OTAN ont fomenté et encouragé de barbares guerres civiles tel l’ancienne Yougoslavie et plusieurs pays d’Amérique centrale ? Cette solidarité est d’autant plus pressante que la pandémie ravage la majorité de ces pays faute souvent de doses de vaccin insuffisantes ce à quoi les ÉU/OTAN n’ont jamais remédié en levant les brevets enrichissant une poignée d’entreprises pharmaceutiques. Les peuples racisées victimes des guerres sans fin de l’alliance impérialiste ÉU/OTAN ont besoin et ont aussi droit à la même solidarité que celle envers le peuple ukrainien.

C’est dans l’au-delà de ce racisme systémique, caché dans la solidarité à géométrie variable, que réside l’au-delà de cette solidarité réactive qui serait en mesure de forcer la main d’un Brest-Litovsk gagnant pour tous les peuples et d’un coup de main à l’éventuelle reconstruction de l’Ukraine à commencer par l’annulation de sa dette externe. Cette solidarité internationaliste aboutirait à l’initiative de grèves politiques prolétariennes dotées d’un programme anticapitaliste. On y trouve la fin des alliances militaires à commencer par l’OTAN étatsunienne et l’OTSC russe et de leurs gouvernements fauteurs de guerre et accroc aux hydrocarbures.

Marc Bonhomme, 4 mars 2022

www.marcbonhomme.com ; bonmarc@videotron.ca

[1] http://www.marcbonhomme.com/files/c2019est-la-russie-qui-joue-00e0-la-roulette-russe-avec-l2019arme-nucl00e9aire002c-pas-l2019otan.pdf

http://www.europe-solidaire.org/spip.php?article61439

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Israéliens solidaires de l’opposition russe à la guerre d’Ukraine

Lettre ouverte de solidarité au mouvement pacifiste russe, opposé à la guerre d’Ukraine

Chers amis, Nous vous écrivons en tant que citoyens d’Israël qui s’opposent à l’occupation israélienne de la Cisjordanie, de Jérusalem-Est et de la bande de Gaza, et qui sont engagés dans la lutte contre la suprématie juive et pour les droits du peuple palestinien. Beaucoup d’entre nous ont l’expérience de la résistance à l’occupation par des actions telles que le refus de servir dans l’armée, le témoignage public concernant ses crimes, les manifestations de rue et la pression publique ; et au sein d’organisations de gauche, féministes, antimilitaristes et autres.

Comme vous, ces derniers jours, nous avons assisté avec consternation et dégoût au lancement de l’invasion criminelle de l’Ukraine par l’armée russe, mais outre la résistance ferme du peuple ukrainien, l’activité éclatante du mouvement anti-guerre en Russie a également été une grande lumière dans l’obscurité. Sans comparer notre situation à la vôtre – et les différences sont nombreuses – nous nous inspirons de votre résistance.

Le courage avec lequel vous agissez prouve que le régime de Poutine n’a pas réussi à briser l’esprit de la société russe, qui continue à nourrir un réel espoir d’un retour immédiat des troupes, d’un retour à la table des négociations et d’une solution pacifique. Nous vous souhaitons de réussir et promettons de faire tout notre possible pour amplifier votre voix dans la sphère publique en Israël et à l’étranger. N’hésitez pas à nous contacter si nous pouvons vous être d’une quelconque utilité.

En toute solidarité,

Traduit avec http://www.DeepL.com/Translator (version gratuite)

Israelis in solidarity with Russian opposition to Ukraine War

Open letter of solidarity to the Russian peace movement, opposing the Ukraine War

Dear friends, We are writing to you as citizens of Israel who oppose the Israeli occupation of the West Bank, East Jerusalem and Gaza Strip, and are committed to the struggle against Jewish supremacy and for the rights of the Palestinian people. Many of us have experience in resisting the occupation through actions such as refusal to serve in the military, public testimony regarding its crimes, street protests and public pressure; and within left-wing, feminist, anti-militarist and other organizations.

Like you, over the last few days we have watched with dismay and disgust as the Russian army launched its criminal invasion of Ukraine, but besides the firm resistance of the Ukrainian people, the striking activity of the anti-war movement in Russia has also been a great light in the darkness. Without comparing our situation to yours – and the differences are many – we take inspiration from your resistance.

The courage with which you are acting proves that the Putin regime has not been able to break the spirit of Russian society, which continues to harbor real hope for an immediate homecoming of the troops, a return to the negotiation table and a peaceful solution. We wish you success and promise to do all we can to amplify your voice in the public sphere in Israel and abroad. Please do not hesitate to get in touch if we can be of any assistance to you.

In solidarity,

To sign, enter here

https://tinyurl.com/russia-peace

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L’Ukraine – à la gauche occidentale, sur vos et sur nos erreurs

Ici, dans le monde post-soviétique, nous avons beaucoup appris de vous. Par « nous » j’entends les chercheurs et les militants communistes, socialistes démocratiques, anarchistes de gauche, féministes, atomisés ou vaguement organisés, de Kiev, Lviv, Minsk, Moscou, Saint-Pétersbourg et d’autres endroits qui sont plongés dans les horreurs de la guerre et de la violence policière. Après que notre propre tradition marxiste ait été sclérosée, dégradée et marginalisée, nous avons lu des commentaires de Das Kapital en anglais. Après l’effondrement de l’Union soviétique, nous nous sommes appuyés sur votre analyse de l’hégémonie américaine, du tournant néolibéral dans les formes d’accumulation du capital, et du néo-impérialisme occidental. Nous avons également été encouragés par les mouvements sociaux occidentaux, de l’altermondialisme aux protestations anti-guerre, d’Occupy à BLM.

Nous apprécions la façon dont vous avez essayé de théoriser notre coin du monde. Vous avez correctement souligné que les États-Unis ont contribué à saper les options démocratiques et économiquement progressistes de la transformation post-soviétique en Russie et ailleurs. Vous avez raison de dire que les États-Unis et l’Europe n’ont pas réussi à créer un environnement de sécurité qui inclurait la Russie et d’autres pays post-soviétiques. Nos pays ont longtemps été dans une position où ils ont dû s’adapter, faire des concessions, accepter des conditions humiliantes. Vous l’avez fait avec une sympathie qui frise le romantisme, et nous l’avons parfois toléré.

Au milieu du bombardement de Kharkiv par la Russie, cependant, nous voyons les limites de ce que nous avons appris de vous. Ces connaissances ont été produites dans les conditions de l’hégémonie américaine, qui a atteint ses limites au niveau des lignes rouges sanglantes de la Russie. Les États-Unis ont perdu leur capacité à représenter leurs intérêts comme des intérêts communs à la Russie et à la Chine, ils ne peuvent pas imposer la conformité avec la puissance militaire, et leur influence économique se réduit. Malgré ce que beaucoup d’entre vous prétendent, la Russie ne réagit plus, ne s’adapte plus, ne fait plus de concessions, elle a regagné son pouvoir d’action et elle est capable de façonner le monde qui l’entoure. La boîte à outils de la Russie est différente de celle des États-Unis, elle n’est pas hégémonique, car elle s’appuie sur la force brute plutôt que sur la puissance douce et l’économie. Néanmoins, la force brute est un outil puissant, comme vous le savez tous par le comportement des États-Unis en Amérique latine, en Irak, en Afghanistan et dans le monde entier. La Russie a imité l’infrastructure coercitive de l’impérialisme américain sans préserver son noyau hégémonique.

Et pourtant, ce mimétisme n’est pas synonyme de dépendance. La Russie est devenue un agent autonome, ses actions sont déterminées par sa propre dynamique politique interne, et les conséquences de ses actions sont désormais contraires aux intérêts occidentaux. La Russie façonne le monde qui l’entoure, impose ses propres règles comme le faisaient les États-Unis, mais par d’autres moyens. Le sentiment de déréalisation que ressentent de nombreux commentateurs – « cela ne nous arrive pas à nous » – vient du fait que les élites russes en guerre sont capables d’imposer leurs illusions, de les transformer en faits sur le terrain, de les faire accepter aux autres malgré eux. Ces illusions ne sont plus déterminées par les États-Unis ou l’Europe, elles ne sont pas une réaction, elles sont une création.

Ayant fait face à « l’impossible à imaginer », je vois comment la gauche occidentale fait ce qu’elle a fait de mieux : analyser le néo-impérialisme américain, l’expansion de l’OTAN. Ce n’est plus suffisant car cela n’explique pas le monde qui émerge des ruines de Donbas et de la place principale de Kharkiv. Le monde n’est pas décrit de manière exhaustive comme étant façonné par les actions des États-Unis ou réagissant à celles-ci. Il a acquis une dynamique propre, et les États-Unis et l’Europe sont en mode réactif dans de nombreux domaines. Vous expliquez les causes lointaines au lieu de remarquer les tendances émergentes.

Ainsi, je suis frappé de voir comment, en parlant des processus dramatiques dans notre coin du monde, vous les réduisez à une réaction à l’activité de votre propre gouvernement et de vos élites économiques. Nous avons tout appris de vous sur les États-Unis et l’OTAN, mais ces connaissances ne sont plus aussi utiles. Les États-Unis ont peut-être dessiné le contour de ce jeu de société, mais maintenant les autres joueurs déplacent les jetons et ajoutent leurs propres contours avec un marqueur rouge. Les explications centrées sur les États-Unis sont dépassées. J’ai lu tout ce qui a été écrit et dit à gauche sur l’escalade du conflit de l’année dernière entre les États-Unis, la Russie et l’Ukraine. La plupart de ces écrits étaient terriblement erronés, bien pire que de nombreuses explications du courant dominant. Leur pouvoir de prédiction était nul.

Volodymyr Artiukhhttps://commons.com.ua/en/

Traduit avec http://www.DeepL.com/Translator (version gratuite)

https://www.cetri.be/Ukraine-To-the-Western-left-on

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Nous nous soucions davantage de l’Ukraine parce que les victimes sont blanches

Les citoyens du monde entier créent un nouveau précédent impressionnant en s’engageant dans les affaires internationales. L’invasion de l’Ukraine par la Russie a suscité un niveau d’intérêt qui éclipse celui d’autres conflits ou guerres récents. Il s’agit sans aucun doute d’une bonne chose : nous avons besoin de davantage de voix pour sensibiliser le public aux terribles conséquences de la guerre, à la nécessité de protéger la vie humaine et à l’importance de préserver le droit et l’ordre internationaux.

Mais si cet activisme est une source d’inspiration, il est également frustrant ; la vérité incontournable est que l’Occident n’a tout simplement pas eu ce niveau d’engagement mondial pour des invasions tout aussi destructrices et dommageables par des superpuissances dans d’autres parties du monde.

Beaucoup ont essayé de prétendre que l’invasion de l’Ukraine par la Russie est en quelque sorte unique et qu’elle mérite donc un nouveau niveau de réponse urgente. Mais cette excuse s’effondre à l’examen. La vérité est qu’il n’y a pas grand-chose qui différencie l’invasion de l’Ukraine par la Russie des invasions similaires d’autres nations souveraines par des superpuissances au cours des deux dernières décennies, comme les attaques américaines dans ou contre plus d’une demi-douzaine de nations au Moyen-Orient, en Asie du Sud et sur le continent africain.

Les États-Unis ont également menacé d’utiliser des armes nucléaires en cas de guerre ; l’administration du président George W. Bush a été très clair quant à la volonté des États-Unis de les utiliser en Irak. Les États-Unis ont également enfreint, rejeté et sapé le droit et l’ordre internationaux, avec des exemples récents (bipartisans) incluant les administrations Clinton, Bush, Obama et Trump. Et de nombreux présidents américains – également des deux partis – ont été accusés à juste titre de crimes de guerre, notamment les présidents Bush et Obama. De plus, les guerres récentes des États-Unis ont tué des centaines de milliers de civils, créé des millions de réfugiés et mérité tout autant des boycotts et des sanctions économiques.

Mais peu d’entre elles ont suscité le type de réaction mondiale que nous observons aujourd’hui. Rares sont ceux qui ont été blâmés pour avoir porté atteinte au droit et à l’ordre international, rares furent les appels sur leurs responsabilités pour crimes de guerre. Peu d’entre eux ont bénéficié du traitement et de l’implication des médias que nous observons actuellement. Peu d’entre elles ont reçu le type de réponse des réfugiés que nous voyons maintenant. Et peu d’entre elles ont reçu le genre d’approche profane des boycotts économiques – des choses comme l’interdiction de la vodka russe ou de Dostoïevski – que nous voyons maintenant.

Ce militantisme est nouveau et différent.

En tant que personne ayant travaillé et écrit sur de nombreux pays du Moyen-Orient, d’Asie du Sud et d’Afrique qui ont été envahis ou attaqués par des superpuissances mondiales, il est déchirant de constater l’absence de réaction lorsqu’il s’agit des victimes noires et brunes de la guerre et des réfugiés, et de la destruction dévastatrice des ressources dans ces communautés noires et brunes. Même lorsque la Russie bombardait et bombardait des Syriens innocents, il n’y avait pas le militantisme anti-russe et anti-guerre que nous voyons maintenant.

Quelle est la différence maintenant ? L’explication est inévitable : Parce que cette guerre se déroule dans le nord « global », parce qu’elle a un impact sur les communautés chrétiennes blanches, et parce qu’elle se déroule près de chez nous, et non dans un pays lointain.

De nombreuses personnes vivant dans les régions envahies et détruites du Moyen-Orient, de l’Asie du Sud et de l’Afrique du Nord et de l’Est voient ces incohérences. Elles voient le public, les décideurs politiques et la presse occidentale se précipiter au secours d’une nation chrétienne majoritairement blanche, d’une manière inédite pour leurs populations et communautés respectives, majoritairement noires et brunes. Pour elles, il semble que l’Occident ne soit apparemment capable d’empathie que pour sa propre identité et son propre type, qu’il soit effrayé par le fait que la guerre ait frappé si près de chez lui et qu’il soit prêt à mobiliser des ressources qui n’étaient jusqu’à présent pas disponibles pour les victimes d’autres guerres dans d’autres parties du monde.

Nous, Occidentaux, pouvons et devons faire mieux. L’idée selon laquelle l’Occident ne peut éprouver de l’empathie que pour des histoires ou des identités similaires sape la capacité d’empathie de l’Occident. Imaginez que les publics, la presse et les décideurs occidentaux se mobilisent contre toutes les invasions de superpuissances comme ils le font en ce moment. Quelle politique étrangère différente verrions-nous, quel budget de défense différent verrions-nous, et quel droit et ordre international différents verrions-nous.

Pour être clair, le niveau d’engagement en ce qui concerne l’Ukraine est vraiment inspirant et désespérément nécessaire. Nous avons besoin que toutes les voix s’élèvent contre cette guerre. Maintenant, appliquons cette pression sociale et économique à toutes les invasions des superpuissances qui sapent la souveraineté d’une nation, à toutes les invasions qui contreviennent au droit et à l’ordre international, à toutes les invasions qui sont motivées par la dépendance aux combustibles fossiles et à toutes les invasions qui tuent, blessent ou déplacent des dizaines de civils.

Plutôt que de tenter d’expliquer ou de justifier ce moment, ce croque-mitaine et cette menace comme étant uniques, rallions plutôt une cohérence morale qui s’applique à toute vie humaine, et pas seulement à celle qui nous ressemble ou qui vit comme nous.

Le monde s’enflamme d’activisme pour empêcher cette guerre horrible de s’aggraver. C’est un moment puissant pour établir un nouveau récit moral et un précédent pour la prévention de futures guerres, quelle que soit la couleur de leurs victimes. L’heure est venue.

Michael Shank

Michael Shank est professeur adjoint au Center for Global Affairs de l’université de New York et à la Carter School for Peace and Conflict Resolution de l’université George Mason.

https://www.other-news.info/we-care-more-about-ukraine-because-the-victims-are-white/

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Non à l’agression de la Russie contre l’Ukraine, il faut faire respecter le droit… partout dans le monde

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L’Association France Palestine Solidarité condamne l’agression de la Russie contre l’Ukraine, en violation flagrante du droit international et de la charte de l’ONU ; elle s’associe à l’appel lancé par le Collectif national des marches pour la paix et appelle ses militant·e·s à se joindre, dans l’unité, aux rassemblements qui seront organisés ce samedi 5 mars dans ce sens.

Tout en étant centrée sur la défense des droits du peuple palestinien, notre association ne peut pas rester indifférente à l’agression que subit tout un peuple, ainsi qu’à la négation de ses droits et de son existence même au nom de la loi du plus fort.

Notre association note que l’Union européenne a su se mobiliser rapidement et dans l’unité pour prononcer des sanctions contre la Russie et ses dirigeants. Elle ne peut que s’en féliciter.

Mais pour les Palestiniens, qui subissent depuis plus de 70 ans les agressions, les expulsions, la négation de leurs droits par la puissance israélienne, et qui constatent chaque jour qu’Israël continue ces agressions en toute impunité, la situation a un goût amer. Il en est de même pour les autres peuples qui partout dans le monde voient leurs droits bafoués dans le silence le plus total.

La France et l’Europe devront, au lendemain de l’épisode tragique que nous vivons, montrer que leur volonté de faire respecter le droit n’est pas sélective, et qu’elles savent prendre des sanctions, y compris contre l’Etat d’Israël, face à des violations graves, systématiques et répétées du droit international.

L’impunité est le moteur des crimes de guerre, ces crimes doivent être sanctionnés sans attendre qu’il ne soit trop tard. Comme nous le répètent nos amis palestiniens, nous devons faire respecter le droit si nous ne voulons pas nous retrouver dans la loi de la jungle.

Le Bureau National, le 5 mars 2022

Association France Palestine Solidarité (AFPS) 

https://www.france-palestine.org/Non-a-l-agression-de-la-Russie-contre-l-Ukraine-il-faut-faire-respecter-le

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La justice peut-elle venir au secours de l’Ukraine ?

https://www.justiceinfo.net/fr/88054-justice-peut-elle-venir-secours-ukraine.html?

Cpi : un renvoi historique des états accélère l’ouverture d’une enquête sur l’Ukraine

https://www.justiceinfo.net/fr/88146-cpi-renvoi-historique-etats-accelere-ouverture-enquete-ukraine.html?

Cpi : la société civile d’Ukraine, de Russie, de Biélorussie et d’ailleurs réclame davantage de ressources pour l’enquête en Ukraine

https://www.justiceinfo.net/fr/88198-cpi-societe-civile-ukraine-russie-bielorussie-reclame-davantage-ressources-enquete-ukraine.html?

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En complément possible

Dockers néo-zélandais solidaires avec l’Ukraine

Pierre Baudet : La guerre en Ukraine menace la paix dans le monde…

L’édito de PEPS : L’Ukraine, une guerre aux multiples enjeux écologiques

Francine Sporenda : Poutinophilie : « c’est l’Otan le problème »

Richard Abernethy : Arrêtez la guerre impérialiste de la Russie contre l’Ukraine ! Solidarité avec la résistance du peuple ukrainien !

Ecrivains du monde entier solidaires avec l’Ukraine

Igor Ilyash : Quels sont la place et le rôle de la Biélorussie dans l’invasion de l’Ukraine par la Russie ?

Un appel d’un socialiste russe : Poutine intensifie la répression

Non à la guerre en Ukraine. Non à l’Otan. Contre les guerres impérialistes, femmes des peuples du monde entier Solidarité

Akram Belkaïd : Le pas de côté : Non au campisme

Québec : Déclaration intersyndicale de soutien à l’Ukraine

https://entreleslignesentrelesmots.blog/2022/03/04/ukraine-russie-8/

Les Cahiers de l’antidote n°1 « Spécial Ukraine » : Liberté et démocratie pour les peuples d’Ukraine !

Lettre ouverte des travailleurs russes des arts et de la culture contre la guerre avec l’Ukraine

Pascal Boniface : Poutine attaque l’Ukraine et fait perdre la Russie

Yorgos Mitralias : Нет войне! Non à la guerre ! Нет войне!

Izabella Marengo et Pierre Jasmin : NON à l’invasion de l’Ukraine ! NON à l’expansion de l’OTAN

Message du président de la confédération syndicale indépendante bélarusse devant le pire

Les Russes veulent-ielles la guerre ? Réflexions depuis Moscou, le 1er jour de l’invasion de l’Ukraine

Tentons d’être à la hauteur de la résistance ukrainienne

Stefan Bekier : « Démilitariser » et «dénazifier » l’Ukraine ?!

Manifeste de la plate-forme « Arrêtons la guerre »

Déclaration intersyndicale : Non à la guerre : retrait immédiat des troupes russes, solidarité avec le peuple ukrainien

https://entreleslignesentrelesmots.blog/2022/03/03/ukraine-russie-7/

Interview de Witalij Machinko, Syndicat de solidarité des travailleurs (Trudowa Solidarnist, Kiev)

Appel du « Center for civil liberties » Ukraine

Roane Carey : Comment la gauche devrait réagir à l’invasion de l’Ukraine par la Russie

MMF France : Non à la guerre en Ukraine, Non à Poutine ! Soutien à la démocratie ukrainienne, soutien au peuple ukrainien !

Leyla Binici, Jérôme Gleizes, Abdessalam Kleiche, Myriam Laïdouni-Denis, Didier Claude Rod : Réflexions écologistes sur l’agression de Vladimir Poutine contre l’Ukraine.

La Cimade demande une protection pour toutes les personnes qui quittent l’Ukraine

Amb el poble d’Ucraïna!

Nous, Européen·ne·s de l’Est…

Patrick Cockburn : La Blitzkrieg pré-annoncée de Poutine en échec. Un danger encore plus grand (…)

NON à la guerre en Ukraine !

Des militant·es pour la démocratie au Myanmar organisent des rassemblements pour soutenir l’Ukraine

Razem : « Chère gauche occidentale, on ne vous demande pas d’aimer l’OTAN… »

Fondation Frantz Fanon : Guerre d’agression contre l’Ukraine : qui a mis K.O le droit international ?

William Bourdon et Véronique Nahoum-Grappe : Poutine et ses sbires : un jour dans le box de la Cour Pénale Internationale ?

https://entreleslignesentrelesmots.blog/2022/03/02/ukraine-russie-6/

Hugues Le Paige : Ukraine : pour la solidarité, contre la chasse aux sorcières

Lettre de l’Union syndicale Solidaires et de la fédération Sud-Rail

Les experts de l’ONU appellent à la fin de l’agression russe contre l’Ukraine et à la protection urgente des droits de l’homme

Russie : Contre l’impérialisme russe, ne touchez pas à l’Ukraine !

Lettre ouverte de scientifiques et journalistes scientifiques russes contre la guerre

María R. Sahuquillo : Des milliers de volontaires civils rejoignent la résistance pour repousser l’avancée des troupes de Poutine

Pierre Khalfa : De la difficulté d’une politique internationale altermondialiste

En Russie, les féministes descendent dans la rue contre la guerre de Vladimir Poutine

Mario Kessler : Les fantasmes antibolcheviques de Poutine pourraient causer sa perte

Zbigniew Marcin Kowalewski : Impérialisme russe

Solidarité avec les réfugiés ukrainiens

Nicole Roelens : La lutte internationale des femmes contre le meurtre de masse utilisé comme outil de pouvoir

https://entreleslignesentrelesmots.blog/2022/03/01/ukraine-russie-5/

Gilbert Achcar : Invasion russe de l’Ukraine : Vladimir Poutine dans les pas de Saddam Hussein ?

Bernard Dréano : La guerre de Poutine en Ukraine, des questions et quelques réponses

David Broder : Cessez de prétendre que la gauche serait du côté de Poutine

Gilbert Achcar :Mémorandum sur une position anti-impérialiste radicale concernant la guerre en Ukraine

Déclaration commune de syndicats ukrainiens

Mykhailo Volynets : La Russie a attaqué et commencé l’invasion de l’Ukraine

Contre la guerre impériale de Poutine en Ukraine, une prise de position de la revue LeftEast

À quoi pense Vladimir Poutine ? Entretien avec Ilya Boudraitskis

Invasion russe de l’Ukraine : Vladimir Poutine dans les pas de Saddam Hussein ?

Solidarité de la communauté scientifique avec l’Ukraine

Esprit : Pour une Ukraine libre !

MAN : Pour une résistance civile non-violente en Ukraine

Attac Espagne : Non à la guerre !

Halya Coynash : Le grand rabbin d’Ukraine démolit l’excuse de Poutine pour l’invasion de la Russie  

Edo Konrad : L’invasion de la Russie devrait être un miroir pour la société israélienne

Professeurs chinois : notre attitude face à l’invasion russe de l’Ukraine

Déclaration des étudiant·es des universités de Hong Kong sur la guerre d’invasion menée par la Russie contre l’Ukraine

https://entreleslignesentrelesmots.blog/2022/02/28/ukraine-russie-4/

Non à l’agression impérialiste de la Russie contre l’Ukraine

Déclaration du Comité exécutif du Congrès des syndicats démocratiques de Biélorussie

Danya P. :Pour le défaitisme révolutionnaire

Sotsialnyi Ruh : Arrêtez Immédiatement L’agression De Poutine !

Une déclaration du Comité national de l’OZZ Inicjatywa Pracownicza (Syndicat d’initiative des travailleurs) sur l’agression russe contre l’Ukraine

Communiqué de la Confédération du travail de Russie (KTR)

Les femmes l’exigent : Non à la guerre en Ukraine, Non à l’OTAN !

Taras Bilous :« Une lettre de Kiev à une gauche occidentale »

Stop à l’agression russe en Ukraine ! Pour une Ukraine libre et souveraine pour les travailleurs et travailleuses !

Santiago Alba Rico :« Non à la guerre ». Le sens de certains slogans face à l’invasion de l’Ukraine par le régime de Poutine ?

Vanesa Jiménez : Comme c’est triste de regarder la guerre

https://entreleslignesentrelesmots.blog/2022/02/26/textes-sur-lukraine-3/

Déclaration commune de syndicats ukrainiens

Mykhailo Volynets : La Russie a attaqué et commencé l’invasion de l’Ukraine

Vicken Cheterian :Le long hiver qui s’annonce : la Russie envahit l’Ukraine

Plate-forme TSS : Non à la Guerre. Pour une Politique Transnationale de la Paix

Communiqué LDH : Solidarité avec le peuple ukrainien

Pjort Sauer et Andrew Roth :L’opposition s’exprime en Russie contre l’invasion de l’Ukraine. La répression poutinienne la combat

https://entreleslignesentrelesmots.blog/2022/02/25/invasion-de-lukraine-quelques-textes/

Les dirigeants des grandes puissances jouent avec le feu

Renaud Duterme : Les leçons géopolitiques de la crise ukrainienne

Appel : Non à la guerre – Russie, bas les pattes devant l’Ukraine !

Russie-Ukraine : « Une situation pire que durant la guerre froide ». Entretien avec Ilya Boudraitskis

Ilya Matveev, Ilya Budraitskis : Les Russes ordinaires ne veulent pas de cette guerre

https://entreleslignesentrelesmots.blog/2022/02/04/les-dirigeants-des-grandes-puissances-jouent-avec-le-feu/

Auteur : entreleslignesentrelesmots

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