Anti-vaccins et Anti-avortement avancent main dans la main

Louis Fouché, Alexandra Henrion-Caude, Thierry Casasnovas ou Olivier Rey, ces stars françaises du mouvement antivax sont toutes bien implantées dans l’extrême-droite anti-avortement. Avec ces trois articles – deux tirés de la presse mainstream et un billet de l’organisation militante pour la justice reproductive Reproaction – nous souhaitons prendre du recul et proposer un regard actuel et rétrospectif en s’intéressant aux liens qui unissent les mouvements anti-vaccin et anti-avortement aux États-Unis.

En tant que féministes et progressistes, il est de notre devoir de continuer à dénoncer la fausse « science » propagée par le duo bubonique d’absurdités anti-vaccins et anti-avortement et à la place de promouvoir le simple fait que les vaccins et les avortements sont à la fois médicalement sains et sûrs.

Les Antivax et anti-masques qui ont brandi « Mon Corps, Mon Choix » sont désormais en première ligne contre le droit à l’avortement.

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  • Mia Jankowicz : Les Antivax et anti-masques qui ont brandi « Mon Corps, Mon Choix » sont désormais en première ligne contre le droit à l’avortement.
  • Kara Mailman et Shireen Shakouri : Les Anti-vaccins et Anti-avortement avancent main dans la main.
  • Marie Solis : Les Antivax volent « Mon corps, Mon choix » au mouvement pour le droit à l’avortement.

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Les Antivax et anti-masques qui ont brandi « Mon Corps, Mon Choix » sont désormais en première ligne contre le droit à l’avortement.

La révélation du projet d’avis de la Cour suprême qui mettrait fin à l’arrêt Roe v. Wade a été accueillie avec approbation par de nombreux conservateurs qui ont défendu la notion même d’autonomie corporelle et de choix personnel tout au long de la pandémie.

Le Républicain Paul Gosar de l’Arizona, par exemple, a exhorté les juges à faire aboutir la décision.

Pourtant, alors qu’il s’insurgeait contre les obligations vaccinales en juin dernier, il avait déclaré que celles-ci signifiaient en fin de compte que « l’autonomie personnelle ne signifie rien. Ce n’est plus votre corps, ce n’est plus votre choix ».

L’autonomie corporelle est devenue une ligne argumentative familière des antivax, des sceptiques des vaccins et des anti-masques ces dernières années. « Liberté médicale », « autonomie corporelle » et « mon corps, mon choix » sont devenus les mots d’ordre d’un mouvement anti-vaccins propulsé par la pandémie de COVID-19.

Les principaux militants anti-vaccins et théoriciens du complot, tels qu’Erin Elizabeth et Sherri Tenpenny, n’ont cessé de défendre la cause de l’« autonomie corporelle ». Toutes deux ont été tristement baptisées « La Douzaine de la désinformation » par le Centre de lutte contre la haine numérique. Tenpenny a qualifié l’avortement de « massacre ».

Mais le concept de contrôle personnel sur les choix médicaux que l’on fait a gagné en importance dans le mouvement pour le droit à l’avortement qui a conduit au jugement historique de 1973, Roe contre Wade. Il a ensuite été appliqué à la décision de porter ou non un enfant à terme.

Le gouverneur du Texas, Greg Abbott, a invoqué ce raisonnement en décembre dernier lorsqu’il s’est élevé contre les obligations vaccinales, déclarant à Sean Hannity, de Fox News, qu’il s’agissait de savoir « si quelqu’un allait ou non se faire injecter dans son corps quelque chose qu’il ne voulait pas », rapporte Rolling Stone.

Pourtant, en mai de la même année, Abbott a imposé l’un des projets de loi les plus restrictifs des États-Unis en matière d’avortement, interdisant les avortements après six semaines, même en cas de viol ou d’inceste.

Il a également demandé à la Cour suprême de donner suite au projet de loi, rapporte le Houston Chronicle.

« L’incohérence conceptuelle serait risible si les questions n’étaient pas d’une importance aussi cruciale », a déclaré à Insider le professeur Timothy Caulfield, expert en éthique de la santé publique à l’Université d’Alberta.

« Leur argument était souvent que c’est une atteinte aux droits individuels que de demander, par exemple, à quelqu’un de porter un masque pendant une pandémie », dit-il. « Mais cette même communauté est tout à fait d’accord pour restreindre quelque chose d’aussi fondamental que l’autonomie reproductive. »

Tout au long de la pandémie, ce point de vue a été précisément repris – et inversé – par les détracteurs des vaccins.

« Si vous êtes en faveur d’une obligation nationale pour les vaccins, mais que vous criez « mon corps, mon choix » pour soutenir l’avortement d’un bébé avec son propre cœur qui bat de façon autonome, vous êtes peut-être un trou du cul diabolique », a tweeté Steven Crowder, un humoriste conservateur, en septembre dernier. Mardi, Crowder a déclaré qu’il ne pouvait « pas contenir » son excitation face à la décision de la Cour suprême.

Elizabeth, de la « Douzaine de désinformation », a fait la même remarque dans un post Telegram le jour de la révélation.

« Il est tellement absurde pour moi que les personnes qui disent « mon corps, mon choix » sont les mêmes qui ont exigé que nous soyons vaccinés pour pouvoir travailler ou pour que nos enfants aillent à l’école », a-t-elle déclaré.

La professeure Tina Rulli, éthicienne au département de philosophie de l’université de Californie, a déclaré à Insider : « L’ironie est que c’est exactement l’inverse qui est vrai. »

Revendications contradictoires

Dans un article cosigné pour la revue « Bioethics », Tina Rulli et le professeur Stephen Campbell, du département de philosophie de l’université Bentley, ont comparé les revendications contradictoires d’atteinte aux droits corporels formulées par les mouvements anti-vaccins et pro-vie.

Même si l’on accepte la prémisse selon laquelle un fœtus a les mêmes droits humains qu’une personne morale – un point de vue qui est loin d’être universel – la logique de « mon corps, mon choix » est plus faible lorsqu’elle est invoquée contre les obligations en matière de vaccination plutôt que contre la grossesse imposée, écrivent-ils.

Le document fait valoir qu’avec l’avortement, la mort d’un fœtus est une décision sérieuse, intentionnelle et morale prise à l’égard d’un être identifiable. En revanche, une personne non vaccinée qui cause la mort de quelqu’un d’autre par COVID-19 peut ne jamais l’apprendre et n’en avait très probablement pas l’intention, écrivent-ils.

Cependant, les préjudices causés à autrui par le refus de se faire vacciner peuvent s’étendre à de nombreuses personnes, et aller de conséquences bénignes à de multiples décès – et se faire vacciner est beaucoup moins gênant que la contrainte de mener à terme une grossesse et de donner toute une vie de soins à un enfant, écrivent les professeurs.

« Les pro-vie qui croient que le « caractère sacré de la vie » justifie les coûts extrêmement lourds des obligations de gestation devraient avoir une tolérance très faible pour les actions qui posent un risque substantiel de mort pour les autres lorsque les coûts pour éviter ces risques sont minimes », ont-ils écrit.

Une obligation de vaccination signifie que « dans le pire des cas, vous ne pouvez pas aller à l’école ou vous perdez votre emploi », a déclaré Tina Rulli à Insider. « C’est grave, mais ce n’est pas une imposition corporelle ».

« Les restrictions de l’avortement, en revanche, sont de véritables impositions physiques ; les personnes enceintes sont tenues de le rester et d’accoucher même au risque de leur santé », a-t-elle ajouté.

« Être un antivax qui se soucie de l’autonomie corporelle tout en étant pro-vie n’a aucun sens. »

Mia Jankowicz – 5 Mai 2022
Publication originale (05/05/2022) : Business Insider

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Les Anti-vaccins et Anti-avortement avancent main dans la main.

Pour beaucoup, la communauté anti-vaccins peut sembler marginale – juste des célébrités excentriques et des mamans californiennes « branchées » qui adhèrent à la dernière pseudo-science [1]. Mais si l’on y regarde de plus près, on s’aperçoit que les militants anti-vaccins ont trouvé refuge auprès d’un autre groupe friand de fausse science : le mouvement anti-avortement.

Ces deux groupes ont fait des vaccins leurs ennemis, les militants anti-avortement s’opposant aux vaccins principalement parce que certains d’entre eux – rubéole, hépatite A, varicelle, zona et rage – sont fabriqués à partir de lignées cellulaires fœtales vieilles de plus de 50 ans. Ils s’y opposent en dépit du fait que l’Académie pontificale pour la vie de l’Église catholique a donné son feu vert à ces vaccins, considérant la vaccination pour protéger la santé publique comme un bien moral [2]. D’autres militants anti-avortement ont toutefois utilisé leur plate-forme pour amplifier la cause anti-vaccins, notamment lors d’une audience du Congrès sur la recherche sur les tissus fœtaux, au cours de laquelle un membre de l’organisation anti-avortement Susan B. Anthony List – qui entretient des liens étroits avec la Maison Blanche – s’est opposé à l’utilisation de tissus fœtaux pour toute recherche scientifique, y compris les vaccins [3], [4].

Lila Rose, fondatrice et présidente de l’usine de propagande anti-avortement Live Action, a également tâté de la fausse science anti-vaccins. Pinterest a déclaré que ses « fausses informations liées aux conspirations et aux conseils anti-vaccination » étaient suffisantes pour que son groupe soit expulsé de la plateforme, ce qui a incité Lila à crier faussement à la « censure » face à l’application neutre de la politique contre la désinformation, et à redoubler d’efforts pour affirmer que les entreprises technologiques étouffent ses messages anti-LGBT, anti-avortement et anti-science. [5]

Si les mensonges, les conspirations et la rhétorique restaient sur Internet, ce serait une chose, mais ce n’est jamais le cas. En ce qui concerne Lila, la situation s’aggrave hors ligne : son ancien employé, protégé et ami David Daleiden est maintenant accusé de crime dans le cadre d’un procès civil en Californie concernant les vidéos qu’il aurait filmées illégalement et falsifiées pour dénigrer Planned Parenthood et la National Abortion Federation. Le vitriol entourant sa propagande a entraîné une nette augmentation de la violence dans les cliniques d’avortement, que nous ressentons encore aujourd’hui. Le tireur de masse qui a tué trois personnes dans un centre de santé Planned Parenthood à Colorado Springs en novembre 2015 a cité le cri de ralliement des vidéos de Daleiden à la fin de son carnage avec une arme à feu : « plus de morceaux de corps de bébés ». Lila et son groupe reprennent toujours cette phrase. [6-9]

La rhétorique anti-vaccins ne reste pas non plus en ligne. La ferveur contre les vaccins, alimentée par les mensonges colportés en ligne par des charlatans et des opportunistes, a eu un effet extrêmement néfaste. Dans l’État de New York d’où vient Shireen, une épidémie de rougeole a mis tout le comté en état d’urgence pendant des mois [10]. Pendant tout ce temps, les cliniciens, les scientifiques et toutes les personnes bien informées ont répété le consensus médical : le vaccin est un moyen sûr et efficace de prévenir la rougeole, les oreillons et la rubéole, qui peuvent être mortels ou causer des maladies graves, y compris des malformations congénitales et des complications de la grossesse [11]. Mais tout comme les extrémistes anti-avortement qui se bouchent les oreilles pour étouffer les arguments scientifiques prouvant que l’avortement médicamenteux est sûr et efficace, les négationnistes du vaccin font de même. Et dans certains cas, les militants anti-avortement et les militants anti-vaccins sont une seule et même personne.

En ce qui concerne le cas de New York, l’Association américaine des médecins et chirurgiens (AAPS), une organisation anti-avortement, a qualifié la politique de vaccination obligatoire d’« abus de pouvoir », affirmant que les vaccins comportaient trop de risques inconnus [12]. Cette position fait écho à celle de nombreuses organisations anti-avortement comme l’American Association of Pro-Life OB-GYNs et le Charlotte Lozier Institute, dont les façades apparemment scientifiques et professionnelles encouragent la junk science en favorisant les points de vue conservateurs plutôt que les faits vérifiables. Outre la promotion d’une rhétorique anti-vaccins, l’AAPS a également affirmé à tort que l’avortement augmente le risque de cancer du sein, ainsi que d’autres affirmations non fondées selon lesquelles Barack Obama serait un hypnotiseur [13]. 

La combinaison de la rhétorique anti-vaccins et anti-avortement est logique : les deux ignorent la science et diffusent une désinformation potentiellement dangereuse. En tant que féministes et progressistes, il est de notre devoir de continuer à dénoncer la fausse « science » propagée par le duo bubonique d’absurdités anti-vaccins et anti-avortement et à la place de promouvoir le simple fait que les vaccins et les avortements sont à la fois médicalement sains et sûrs.

Notes :
[1] https://www.rollingstone.com/culture/culture-features/celebrities-anti-vaxxers-jessica-biel-847779/
[2] https://www.vice.com/en_us/article/pan4vv/fetal-tissue-abortion-vaccines
[3] https://rewire.news/article/2018/12/14/the-anti-choice-war-on-fetal-tissue-research-got-a-congressional-hearing/
[4] https://www.washingtontimes.com/news/2019/oct/24/marjorie-dannenfelser-susan-b-anthony-list-lead-fi/
[5] https://www.mediamatters.org/donald-trump/here-are-extremist-figures-going-white-house-social-media-summit
[6] https://www.rightwingwatch.org/report/the-activists-and-ideology-behind-the-latest-attacks-on-planned-parenthood/
[7] https://www.latimes.com/local/abcarian/la-me-abcarian-ppfa-charges-20170412-story.html
[8] https://www.cbsnews.com/news/violence-against-abortion-clinics-like-planned-parenthood-hit-a-record-high-last-year-doctors-say-its-getting-worse/
[9] https://www.washingtonpost.com/politics/no-more-baby-parts-suspect-in-attack-at-colo-planned-parenthood-clinic-told-official/2015/11/28/e842b2cc-961e-11e5-8aa0-5d0946560a97_story.html
[10] http://rocklandgov.com/departments/county-executive/press-releases/2019-press-releases/measles-state-of-emergency-ends/
[11] http://rocklandgov.com/departments/county-executive/press-releases/2019-press-releases/measles-state-of-emergency-ends/
[12] https://www.wnd.com/2019/04/health-pros-warn-about-de-blasios-forced-vaccination-mandate/
[13] https://www.vice.com/en_us/article/kb7kgy/trumps-health-secretary-is-in-a-group-that-links-abortions-with-breast-cancer

Kara Mailman et Shireen Shakouri
Publication originale (14/02/2020) : Reproaction
Reproaction se bat pour améliorer l’accès à l’avortement et faire progresser la justice reproductive.

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Les Antivax volent « Mon corps, Mon choix » au mouvement pour le droit à l’avortement.

La semaine dernière, le militant écologiste et antivax Robert F. Kennedy Jr. s’est entretenu au téléphone avec le Daily Beast pour expliquer pourquoi lui et l’actrice Jessica Biel faisaient pression contre une loi qui limiterait les exemptions médicales de vaccination en Californie. Kennedy a nié les liens de Biel avec le mouvement antivax – qui avaient été révélés plus tôt dans la journée dans un rapport de Jezebel – et a déclaré au média que l’actrice est « pour des vaccins sûrs et la liberté médicale ». Il a également ajouté : « Mon corps, mon choix ».

Lors d’une audition au Sénat en mars, les antivax portaient des t-shirts déclarant également : « C’est moi qui décide : Mon corps, mon choix. Mes enfants, mon choix. » Les pétitions de MoveOn.org utilisent « Mon corps, mon choix » pour appeler les signataires à s’opposer aux vaccinations obligatoires pour les personnes dont les diplômes de santé exigent une formation en clinique. Et des groupes comme Texans for Vaccine Choice utilisent des slogans tels que « le choix devrait être le vôtre » pour promouvoir la « préservation des libertés individuelles. »

Au fil du temps, le terme « choix », qui trouve ses racines dans le mouvement pour le droit à l’avortement, est devenu une arme rhétorique utilisée par les antivax, qui affirment que les deux causes sont liées par la lutte pour le droit de disposer de son propre corps.

« Nous étions tout à fait conscients de la façon dont les gens recevaient le mot « choix » », a déclaré Christina Hildebrand, fondatrice et présidente de Voice for Choice, une organisation opposée aux vaccinations obligatoires. « Mais à notre époque, cela va au-delà du mouvement pour le droit à l’avortement : il s’agit d’autonomie corporelle. Vous devriez savoir ce qui entre dans votre corps, et avoir le choix à ce propos. »

Le problème est que, selon les professionnels de la santé, choisir de se faire vacciner ou de ne pas faire vacciner son enfant n’est pas seulement un choix personnel – scientifiquement parlant, c’est une question de santé publique, alors que l’avortement ne l’est pas. Le choix d’une personne de se faire avorter ou non n’a pas d’incidence potentielle sur la santé des personnes avec lesquelles elle interagit, alors que le choix de ne pas se faire vacciner en a une.

Le concept d’immunité collective veut qu’un certain nombre de personnes dans une population doivent être vaccinées afin d’éliminer la propagation de la maladie. C’est grâce à ce principe que des maladies autrefois courantes et potentiellement mortelles comme la variole ont été éradiquées aux États-Unis.

C’est également le phénomène qui permet d’expliquer l’apparition soudaine de la rougeole dans certaines régions du pays. Les Centers for Disease Control and Prevention (CDC) ont confirmé 1 044 cas de rougeole dans 28 États, soit le plus grand nombre de cas signalés depuis que la maladie a été déclarée éradiquée aux États-Unis il y a près de vingt ans. Le CDC a noté que, puisque davantage de personnes ne se font pas vacciner contre la rougeole, la maladie peut se propager à nouveau.

Certaines personnes ne doivent pas se faire vacciner contre la rougeole pour des raisons médicales approuvées par les CDC (les femmes enceintes, les personnes dont le système immunitaire est affaibli, les enfants de moins d’un an) et ces personnes pourraient contracter la rougeole d’une personne qui a choisi de ne pas se faire vacciner pour des raisons de convictions personnelles.

« Lorsque vous êtes exposé à une personne non vaccinée, cela vous prive de votre liberté personnelle », a déclaré Paul Offit, directeur du Vaccine Education Center de l’hôpital pour enfants de Philadelphie. « Vous empiétez sur le choix d’autres personnes » lorsque vous renoncez à la vaccination, a-t-il ajouté.

Malgré cela, des personnes comme Hildebrand soutiennent qu’il y a peu de différence entre les arguments en faveur du droit à l’avortement et ceux qui prônent le « choix du vaccin », terme qu’elle préfère à celui d’antivax.

Il est « hypocrite », dit-elle, que les démocrates soutiennent le droit des gens à choisir l’avortement, mais pas leur droit à s’abstenir de se faire vacciner. Faisant allusion à la législation de l’Assemblée de l’État de Californie, ainsi qu’à un récent projet de loi new-yorkais qui a été adopté et qui supprime les exemptions religieuses pour les vaccins, elle poursuit : « Lorsqu’il s’agit de vaccins, ce sont les démocrates qui font pression pour imposer les vaccins – tout à coup, ce n’est plus ‘votre corps, votre choix’. Tout à coup, l’État a son mot à dire. »

Nathan Stormer, professeur à l’Université du Maine et spécialiste des discours sur l’avortement, estime qu’il est clair que les antivax ont beaucoup à gagner à coopter les termes et les slogans canoniques du mouvement pro-choix.

« Une partie de ce qui est puissant dans le langage du « choix » est qu’il relie le contrôle de notre corps à la politique », a-t-il déclaré. « Cela renvoie à l’idée que le fait d’avoir un corps est la base de l’obtention de droits. »

Selon Stormer, l’utilisation de ce slogan permet au mouvement antivax de s’aligner sur un mouvement politique plus large, alors que la vaccination était traditionnellement considérée comme une question apolitique, coïncidant uniquement avec la santé et la sécurité publiques. Et le langage condamnant l’intervention du gouvernement dans les décisions de santé personnelles n’a fait que se répandre avec les interdictions récentes – et de plus en plus extrêmes – de l’avortement, faisant des cris de « mon corps, mon choix » un slogan qui résonne pour une majorité d’Américains qui soutiennent le droit à l’avortement.

Le fait que les antivax se soient rassemblés autour du langage du choix pourrait nuire au mouvement pro-choix, poursuit M. Stormer, et la malléabilité du mot « choix » est la raison pour laquelle certains partisans du droit à l’avortement ont exhorté le mouvement à adopter une rhétorique plus forte et plus précise et à s’identifier comme « pro-avortement » » ou à présenter l’avortement comme un droit humain.

La vulnérabilité du pilier rhétorique du mouvement pro-choix est loin d’être unique. Le mouvement antivax s’est également approprié le langage du mouvement #MeToo, en appelant les législateurs à « croire les femmes » – dans ce cas, les mères – lorsqu’elles disent savoir ce qui est le mieux pour leurs enfants, et en précisant « je ne consens pas » aux vaccins. « Les démocrates disent qu’ils veulent que les femmes s’expriment [sur les agressions sexuelles], et pourtant, sur la question des vaccins, ils disent que ces parents, pour la plupart des mères, sont fous ou trop passionnés et émotifs », a déclaré Hildebrand.

Selon M. Stormer, l’utilisation du terme « choix » dans le domaine des vaccins pourrait avoir des implications qui vont au-delà de la santé publique. « Aucun langage politique n’est à l’abri de l’appropriation », a-t-il déclaré. « Mais ce que cela fait dans ce cas, c’est affaiblir la défense du droit à l’avortement ».

Marie Solis
Publication originale (18/06/2019) : Vice

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Auteur : entreleslignesentrelesmots

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