Toujours nombreuses et nombreux, déterminé.e.s à gagner le retrait

  • Communiqué intersyndical – Toujours nombreuses et nombreux, déterminé.e.s à gagner le retrait (6 avril 2023)
  • La loi retraite ne passera pas
  • Une victoire pour la liberté de manifester !
  • Déclaration de l’intersyndicale suite à la rencontre avec la Première ministre
  • Rencontre Intersyndicale – Madame Borne, 1ère ministre – 5 avril 2023 Intervention de Sophie Binet
  • Tract VISA : Macron, 49.3, courte échelle au FN/RN
  • Déclaration du comité de mobilisation des agents de la Direction générale de l’Insee


Communiqué intersyndical – Toujours nombreuses et nombreux, déterminé.e.s à gagner le retrait (6 avril 2023)

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L’intersyndicale, porteuse de revendications claires : pas de recul de l’âge de départ, pas d’allongement de la durée de cotisations, a été reçue hier par la Première ministre. La demande réitérée de retrait de la réforme s’est heurtée à un refus net de l’exécutif.

Pour l’intersyndicale, il s’agit là d’un déni et d’un mépris total du rejet massif porté par toutes nos organisations, par les travailleurs et travailleuses et par l’opinion publique. Pourtant, cette opposition largement majoritaire s’exprime dans le pays, depuis le 19 janvier, avec déjà 11 puissantes mobilisations à l’appel de toutes les organisations syndicales et de jeunesse, mais aussi au travers des actions et des grèves.

Aujourd’hui encore, ce sont près de 2 millions de travailleurs et travailleuses, jeunes et retraité.e.s. qui se sont mobilisés dans le calme et la détermination pour dénoncer cette réforme injustifiée, les régimes de retraite n’étant pas « au bord de la faillite » comme le prétend le gouvernement.

Le contexte est inédit. Dans ce climat de fortes tensions que l’on peut qualifier de grave crise démocratique et sociale, l’exécutif s’arc-boute et porte seul la responsabilité d’une situation explosive dans l’ensemble du pays.

Cette réforme est perçue, à juste titre, comme brutale et injuste par les travailleurs et travailleuses et la jeunesse qui ont tous et toutes bien compris qu’ils et elles devront travailler plus longtemps sans que jamais le patronat, ni les employeurs publics ne soient mis à contribution.

L’intersyndicale a soumis au Conseil constitutionnel, qui rendra sa décision le 14 avril, des argumentaires considérant que cette loi devrait être déclarée contraire à la Constitution.

L’intersyndicale appelle à une journée de mobilisations et de grève le 13 avril et soutient toutes les actions et initiatives intersyndicales de mobilisations, y compris le 14 avril, pour gagner le retrait de cette réforme.

Elle se réunira à l’issue de la décision du Conseil constitutionnel.

Paris, le 6 avril 2023

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La loi retraite ne passera pas

Depuis le mois de janvier nous avons été des millions à nous mobiliser sur tout le territoire par la grève, reconductible dans plusieurs secteurs, les débrayages, les actions d’information et de blocage, les rassemblements et les manifestations. 

Notre mouvement est fort et déterminé. L’intersyndicale unie a permis de donner confiance à des millions de travailleuses et travailleurs pour lutter contre cette réforme. Il faut poursuivre et amplifier cette lutte.

Le 13 avril à l’appel de l’intersyndicale par la grève et les manifestations.

Le 14 avril, jour du rendu de la décision du conseil constitutionnel, par des actions, grèves, blocages, rassemblements, soutenus par l’intersyndicale nationale.

Pourquoi participer massivement à ces journées de mobilisation ? Parce que nous pouvons gagner ! Le gouvernement est fébrile : les tensions internes à l’exécutif tout comme la stratégie d’intimidation et de violences contre les manifestant.es en sont des preuves. Nous le savons aussi, le conseil constitutionnel prend des décisions qui sont liées certes au texte mais aussi à la situation sociale et politique générale.

Le gouvernement croit pouvoir nous épuiser. Nous l’avons dit : le mouvement est dur mais nous ne les laisserons pas tourner la page. Nous ne lâcherons rien. Ensemble nous allons faire en sorte que la loi retraite, injuste, brutale et injustifiée, soit d’une manière ou une autre, retirée.

7 avril 2023

https://solidaires.org/sinformer-et-agir/actualites-et-mobilisations/nationales/la-loi-retraite-ne-passera-pas/

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Une victoire pour la liberté de manifester !

Communiqué unitaire SAF, SM, Solidaires et LDH suite à la victoire en référé le 1er avril contre le dernier arrêté en date de la préfecture de police de Paris qui interdisait les manifestations non déclarées dans un périmètre large sur la ville de Paris.

Le tribunal suspend l’arrêté de la Préfecture de Police de Paris interdisant les manifestations non déclarées :

Une victoire pour la liberté de manifester !

Depuis le 24 mars, la préfecture de police de Paris prend quasiment quotidiennement des arrêtés d’interdiction de manifester, couvrant l’essentiel de la ville, dissimulés en fonction des jours par :

  • – un affichage illisible devant la préfecture ;
  • – des publications sur des sites internet différents ;
  • – des mises en ligne après le début de la période d’interdiction, voire le lendemain.

Cette stratégie visant à empêcher les justiciables d’en prendre connaissance et de les contester a porté ses fruits : multiples verbalisations, rejet à deux reprises des référés initiés par le Syndicat des avocats de France, la Ligue des droits de l’Homme, le Syndicat de la Magistrature et l’Union syndicale Solidaires, en raison de l’impossibilité pour le juge administratif de se prononcer à temps.

Pour la première fois, un arrêté a été publié le 1er avril 2023, dans un délai permettant au juge des référés du tribunal administratif de Paris de statuer à temps.

Le juge administratif constate son caractère manifestement illégal portant atteinte aux droits et libertés fondamentaux et ordonne sa suspension.

Le SAF, la LDH, le SM et l’Union syndicale Solidaires demandent à la Préfecture de police d’en tirer les conséquences en cessant ces atteintes à la liberté de manifester et au droit à un recours juridictionnel effectif.

La liberté de manifester est un droit fondamental démocratique : nous ne laisserons pas l’autorité préfectorale la piétiner !

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Déclaration de l’intersyndicale suite à la rencontre avec la Première ministre

Paris, le 5 avril 2023
Soutenues par des millions de travailleuses et travailleurs mobilisés depuis bientôt 3 mois dans toute la France pour le retrait de la réforme des retraites, nos 8 organisations syndicales ont été reçues ce jour par la Première ministre.

A cette occasion, nous lui avons une fois de plus redit combien sa réforme est aussi injuste que brutale ! Injuste parce qu’elle aggrave les inégalités déjà présentes dans le système actuel. Brutale parce qu’aucune urgence, pas même comptable, ne justifiait d’aller ainsi au pas de course et d’escamoter la consultation des partenaires sociaux. A aucun moment, nos propositions alternatives de financement n’ont été prises au sérieux. Quant au processus parlementaire, on sait à quel vice démocratique a conduit le refus de le mener à son terme.

A la crise sociale, s’ajoute aujourd’hui la crise démocratique ! Nos concitoyens qui ont très largement et très pacifiquement exprimé leur opposition à cette réforme ne comprendraient pas que leur mobilisation et, à travers elle, leur parole soit ignorée. Nous avons donc redit à la Première ministre qu’il ne saurait y avoir d’autres issues démocratiques que le retrait du texte.

La Première ministre a répondu qu’elle souhaitait maintenir son texte. Une décision grave. Cette réforme est refusée par la quasi-totalité de la population. Il faut la retirer. Nous refusons de tourner la page et d’ouvrir, comme le propose le gouvernement, d’autres séquences de concertation sur des dossiers aussi divers que le plein-emploi ou le partage des richesses.

Chacune de nos organisations, sur chacun des dossiers suggérés, pourra formuler le moment venu des propositions de nature à améliorer l’existence de nos concitoyens. Mais le moment n’est pas venu ! La vie des travailleuses et travailleurs que nous représentons et que nous défendons n’est pas réductible à un enchaînement de séquences. Le report à 64 ans de l’âge légal de départ en retraite aura sur la vie de nos concitoyens, sur leur santé, sur leurs projets des conséquences très concrètes. C’est pourquoi nous ne retournerons pas à la table des concertations comme si de rien n’était et appelons une fois encore au retrait pur et simple du texte.

Nous en appelons à la sagesse du conseil constitutionnel qui doit entendre la juste colère des travailleuses et travailleurs. Enfin, nous appelons ces derniers à se joindre massivement aux nombreux cortèges qui défileront demain à Paris et dans toute la France pour dire une onzième fois NON à cette réforme injuste et brutale !

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Rencontre Intersyndicale – Madame Borne, 1ère ministre – 5 avril 2023 Intervention de Sophie Binet

Madame la Première Ministre, messieurs les Ministres,
Je vais être brève parce que je pense inutile de répéter ce que nous martelons depuis trois mois, dans toutes les manifestations et sur tous les plateaux de télévision.

On n’est pas venu pour faire de la langue de bois pour faire une déclaration formelle. Votre propos liminaire est inquiétant parce qu’on n’a pas le sentiment de vivre dans la même réalité. On a le sentiment que vous nous recevez comme si de rien n’était, comme si le pays n’était pas dans un état inquiétant au bord de la rupture.

Pour quelle raison ? D’abord parce que nous vivons, nous l’avons dit et répété, une mobilisation sociale historique, depuis 3 mois, avec des millions de salarié·e·s dans les cortèges, avec des millions de grévistes. Mobilisation sociale qui a un fort impact économique y compris sur les entreprises, et pour nous ça pèse aussi.

Parce que des salarié·e·s qui sont en grève reconductible et qui, par leurs grèves reconductibles, mesurent l’impact sur la situation de leurs entreprises.
Personne n’a envie de fragiliser son entreprise, par exemple dans le secteur de l’énergie, l’impact de la grève est d’un milliard d’euros depuis le début du mouvement. Je le dis ici, le blocage du gouvernement, est un problème pour tout le pays, et fait peser de graves menaces sur la fourniture d’électricité pour les prochains mois.

La mobilisation sociale a un fort impact financier sur les salarié·e·s qui sont dans la mobilisation et sur les millions de grévistes. C’est entre 10 et 40 jours de grève pour des salarié·e·s qui vivent autour en moyenne, je rappelle le salaire médian qui est de 2 000€ par mois. L’état du pays est grave car traversé par une grande colère démocratique qui a été éveillée suite au 49.3 que vous avez fait le choix d’actionner.

Les jeunes sont maintenant nombreux dans la rue, confrontés à de graves violences policières, du fait des directives de maintien de l’ordre que votre gouvernement donne. Ces violences policières choquent l’opinion. Ces violences policières sont graves car elles creusent le fossé entre la police et la population. Nos organisations sont républicaines et nous ne pouvons, nous satisfaire de cette situation qui est extrêmement dangereuse pour le contexte démocratique de notre pays.

Et puis, enfin, la situation est grave du fait de la réforme des retraites que vous voulez nous imposer en force avec des sujets centraux qui ne sont pas traités.

La question centrale des salaires et le fait que pour la première fois depuis des décennies le salaire en euros constants baisse. Ce sont des millions de travailleuses et de travailleurs qui ne peuvent pas remplir leur frigo. Ce sont des millions de travailleuses et de travailleurs qui vivent le déclassement avec une qualification qui n’est pas reconnue parce que les salaires baissent.

C’est la question centrale environnementale. Le rapport du GIEC sorti il y a quelques jours a aussitôt été enterré Pourquoi ce silence radio ? Parce que ce gouvernement a enlisé le pays dans ce conflit sur les retraites.

Et tout ça pour quoi ? Tout ça pour quelle situation ? Tout ça pour une réforme qui n’a aucune justification économique, comme l’ont démontré le conseil d’orientation des retraites, les économistes, les organisations syndicales. Tous sont unanimes pour dire qu’il n’y a pas d’urgence sur notre système des retraites.

Cette réforme n’a pas de justification économique. Nous l’avons dit toutes et tous ici très clairement : il y a des alternatives de financement. Des propositions nous en avons des dizaines et des dizaines que vous avez refusées d’examiner.

Réouvrons ces propositions, trouver 12 milliards d’euros, est bien plus simple que les centaines de milliards d’euros trouvées face à la crise COVID. Trouver 12 milliards est bien plus utile que le déblocage de 300 milliards d’effort de financement de l’armement, suite aux tensions géopolitiques.

De l’autre côté, les conséquences de cette réforme sont violentes et concrètes pour des millions de travailleuses et de travailleurs dans le pays. Des millions de travailleuses et de travailleurs sommé·e·s de travailler deux ans de plus alors que les conditions de travail rendent leur travail impossible après 55 ou 60 ans et que vous faites le choix, au lieu d’étendre les départs anticipés, de casser les régimes pionniers, de casser les régimes spéciaux en les présentant comme des régimes favorisés.
Enfin, les conséquences de cette réforme, elles, sont violentes parce qu’elles feront exploser le chômage et la précarité des séniors. Je vous rappelle qu’il y a quelques semaines, Orange par exemple, a annoncé un plan de licenciement de plus 700 séniors de plus de 55 ans.

Alors je pense que ce qui nous rassemble ici c’est une colère froide.

Une colère froide qui est représentative de l’état d’esprit de millions de travailleurs et de travailleuses dans le pays.

Nous l’avons dit, nous le répétons, il n’est pas possible de tourner la page s’il n’y a pas de retrait de cette réforme.

Nous l’avons dit, et nous le répétons, il ne sert à rien d’espérer une division des organisations syndicales que vous avez tenté d’organiser depuis le début de ce conflit. L’intersyndicale elle est solide, elle tient, elle tiendra.

La colère froide, nous l’avons parce que les conséquences de vos choix vous les connaissez, parce que nous vous l’avons dit et répété. En l’état actuel des choses, votre stratégie de terre brûlée profite au Rassemblement National qui n’a jamais été aussi proche du pouvoir. Quand arrêtera-t-on de jouer avec le feu Madame la Première Ministre ?

Alors Madame la Première Ministre, j’ai une demande solennelle à vous faire. Il est encore temps d’éviter le pire, il suffit tout simplement de retirer cette réforme, de renouer le dialogue.

Vous le savez, si malgré tout vous décidez de passer cette réforme en force, vous ne pourrez plus gouverner le pays. Il y a une défiance profonde dans le pays qui compliquera tout dialogue, et le pays risque le chaos.

Alors, Madame la Première Ministre, nous à la CGT, nous croyons à la responsabilité.

La responsabilité c’est, quand on est Première Ministre, nous on considère qu’une Première Ministre n’est pas un fusible, une Première Ministre n’est pas une exécutante, une Première Ministre elle est responsable devant l’Assemblée Nationale, devant l’opinion, devant le pays, devant l’histoire. Une cheffe du Gouvernement elle doit être capable de refuser de mettre en place une politique si elle est dangereuse pour le pays. Alors je vous le dis solennellement, cette réforme elle est dangereuse pour le pays, il faut la retirer.

Et je vous demande, Madame la Première Ministre, allez-vous enfin retirer cette réforme ? Je vous remercie.

https://syndicollectif.fr/intervention-de-sophie-binet-a-matignon/

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Tract VISA : Macron, 49.3, courte échelle au FN/RN

Le déclenchement du 49-3 pour faire passer en force le projet de loi sur les retraites a créé une forte indignation, voire un « écœurement politique » chez les opposant.es à la réforme. Même pour les plus modéré.es, c’est une incompréhension qui se manifeste, avec un sentiment de désespoir.

L’intervention du président de la République ce mercredi 22 mars n’a convaincu personne, les pseudo arguments avancés étant toujours les mêmes, rigueur budgétaire et ordre républicain, réalisme économique (entendez libéral), minimisation de la contestation sociale et dénigrement des syndicats accusés de ne pas chercher de compromis alors que les contre-propositions pullulent. Mais elles sont trop sociales à son goût !

Et que dire des banalités sur la crise climatique et les paroles creuses sur l’engagement collectif… Lamentable.

Dans ce contexte affligeant, le FN/RN se frotte les mains et compte bien récupérer la déception générale si le mouvement syndical ne parvient pas à obtenir la non promulgation de la loi.

Pour VISA, très clairement, la décision de Macron et de son gouvernement de ne pas aller au vote est non seulement une atteinte à la démocratie sociale, mais surtout un cadeau offert au FN/RN.

Autoritarisme et antiparlementarisme
En utilisant le 49-3, Macron et son gouvernement ont fait preuve du plus grand autoritarisme et n’ont pas respecté les parlementaires, quoiqu’on puisse penser de ces dernier.es. Or, ces deux caractéristiques de l’attitude présidentielle sont également deux principes fondamentaux du FN/RN.

Dans la brochure « S’armer contre l’extrême droite » publiée avant les dernières élections présidentielles, VISA écrivait déjà ceci : « Jamais un quinquennat (NDLR 2017-2022) n’aura autant permis à l’extrême droite de bomber le torse. Le pari de Macron de tout faire pour que l’extrême-droite se retrouve au second tour face à lui pour être réélu « facilement » est un jeu dangereux et mortifère. En ne répondant aux questions sociales que par l’autoritarisme, il ouvre la voie au fascisme. » Un an après, cette analyse est renforcée, pour ne pas dire aggravée…

Pire encore, les propos de Macron pour justifier le recours au 49-3 et donc contourner le Parlement, prouvent son autoritarisme décomplexé : « Je considère qu’en l’état, les risques financiers, économiques sont trop grands. » En clair, renoncer à ce projet de loi mettrait la signature du pays en péril pour emprunter sur les marchés financiers. Tout ceci constitue du pain béni pour l’extrême droite. Discrète dans l’hémicycle, elle l’est bien moins dans les médias. A coup de petite phrase du style « Si nous arrivons à la tête de l’État, nous reviendrons sur la brutalité de cette réforme » (Bardella le 15 mars) ; « Je ne participerai pas à éteindre le feu » de la contestation contre la réforme des retraites » (Le Pen le 21 mars).

Imposture, démagogie et stratégie
En fait, pendant les quinze jours qu’ont duré les débats, la présidente du groupe d’extrême droite s’est soigneusement abstenue de livrer sa position sur le sujet et donc de prendre le moindre risque. Ses rares initiatives ont relevé de la seule tactique.

Et pour cause : Depuis le début de la mobilisation, le FN/RN n’a jamais fait la moindre proposition concernant le financement des retraites si l’âge de départ repassait à 60 ans, à l’extrême inverse des organisations syndicales, car pour le FN/RN, il ne faut surtout pas augmenter les cotisations sociales du patronat, quelle qu’elles soient, à fortiori celles dédiées à la retraite. Et bien sûr, le FN/RN n’a jamais défendu, ni proposé, la taxation des super-profits, ni proposer de donner les moyens à l’administration des impôts de lutter efficacement contre la fraude et l’évasion fiscale, conformément à son idéologie Poujadiste.

Et il ne faut surtout pas oublier les positions fluctuantes du parti fasciste : avant 2017, Marine Le Pen était favorable au départ à 65 ans, mais depuis la présidentielle de 2017, elle prône un retour à la retraite à 60 ans.

Il y a six ans, elle faisait campagne sur la retraite à 60 ans avec 40  nnuités, mais elle avait sournoisement infléchi cette position entre les deux tours, en expliquant finalement qu’elle s’engageait « à ce que ce soit le cas d’ici la fin de [son] quinquennat ».

Elle conditionnait également cette réforme à une baisse du chômage, et ajoutait : « Si on s’aperçoit qu’il y a encore un problème avec le système des retraites, je me tournerai vers les Français et je leur dirais : ‘J’ai fait tout ce qui est nécessaire, là je suis obligée de me tourner vers vous pour faire un effort’ ». C’est clair comme la couleur d’une chemise brune…

Et si son véritable dessein provenait de l’exemple italien, avec un scénario similaire : une réforme des retraites engagée par Mario Draghi, puis la victoire de Meloni ?
« 
Tous mes vœux de réussite », avait-elle assuré à sa consœur mussolinienne, en ajoutant : « Partout en Europe, les patriotes arrivent au pouvoir et avec eux, cette Europe des nations que nous appelons de nos vœux ». Et la réalité de Meloni, c’est la retraite à taux plein à 67 ans…

Tout ceci est bien loin des aspirations du mouvement social actuel mais les pièges de l’extrême droite sont bien tendus et Macron leur aura bien fourni le matériel nécessaire.

Parce qu’au-delà de la mobilisation retraite, se dessine encore un potentiel accès au pouvoir de l’extrême droite, VISA appelle les syndicalistes à ne rien lâcher dans le combat qui les mobilisent aujourd’hui. Dans cette lutte elles et ils devront aussi faire preuve de la plus grande vigilance et dénoncer publiquement les tentatives de récupération du mouvement social par les imposteurs de l’extrême droite.

8 avril 2023
https://visa-isa.org/article/tract-visa-macron-49-3-courte-echelle-au-fn-rn


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Auteur : entreleslignesentrelesmots

notes de lecture

Une réflexion sur « Toujours nombreuses et nombreux, déterminé.e.s à gagner le retrait »

  1. Retraites : « Dans un système solidaire par répartition, il ne devrait pas y avoir de calcul des annuités car il apporte le poison de l’individualisation »

    Quel est le point commun entre la réforme des retraites proposée il y a trois ans par le gouvernement, qualifiée de «systémique» et soutenue par la CFDT, et la réforme «paramétrique» d’aujourd’hui, combattue par la CFDT, le front syndical et les partis de gauche ? Toutes deux se présentent comme des défenses du système par répartition, tout comme, d’ailleurs, l’opposition à la réforme actuelle.
    Incroyable ! Tous seraient donc d’accord ? Est-ce possible ? Le système par répartition, c’est – ce devrait être – le contraire du système par capitalisation : c’est le choix de la solidarité contre le choix de l’individualisation. Du côté de la répartition, le financement se fait par le prélèvement obligatoire, par la cotisation ; du côté de la capitalisation, par l’épargne.
    D’un côté, un financement solidaire où les pensions sont financées par la répartition immédiate et collective des cotisations des actifs ; de l’autre, un financement individuel où la pension est le retour
    différé d’un investissement. Au moment de l’entrée en retraite, le fonds de pension vend les actifs financiers achetés auparavant au nom de l’épargnant. Et à qui les vend-il ? Aux actifs du moment, qui souscrivent à leur tour en les achetant avec leurs revenus, qui lui-même vient en partie de leur travail…

    LA FABLE DU « MÉRITE »
    Mais le cheval de Troie de l’individualisation ne s’est-il pas infiltré jusque dans le système qui devrait reposer sur la coopération ? C’était évident dans la tentative précédente puisque la réforme « systémique » reposait sur un principe de « points » dont il faut rappeler la logique : chacun pouvant individuellement arbitrer son « compte retraite », nul besoin d’agiter le chiffon rouge du recul de l’âge légal (d’où l’adhésion de la CFDT).
    L’individualisation dans le monde du travail comme légitimation des inégalités, on connaît bien puisque c’est déjà elle qui justifie les différences de rémunération au nom de la fable du « mérite », dont les trois ingrédients seraient le diplôme, la responsabilité et l’expérience. Sans se lancer dans le chantier d’une remise en cause radicale d’une telle légitimation, on peut quand même se demander pourquoi ces inégalités se poursuivraient pendant la retraite.
    Le non-travail d’un employé retraité diffère-t-il formellement du non-travail d’un cadre retraité ? Non, puisqu’ils sont dans la même situation : pour « ne pas travailler », aucun diplôme n’est requis, la responsabilité sociale est la même, nul besoin d’expérience. Nonobstant que non seulement les inégalités de revenus se sont converties en inégalités de patrimoine, mais elles ont aussi permis le financement individualiste d’un complément de retraite par capitalisation…

    LE PATRONAT RESPONSABLE DU SOUS-EMPLOI DES SENIORS
    Pourquoi une telle évidence n’est-elle rappelée par aucun des participants du débat public actuel, alors qu’elle pourrait être la colonne vertébrale d’une véritable défense du système par répartition ? Parce qu’aujourd’hui, l’individualisation s’est immiscée dans le calcul du montant de la pension, fonction directe des cotisations. Ce que traduit le principe des annuités.
    Le gouvernement pourra multiplier les rustines à sa réforme, chacun sentira bien les conséquences d’une simple soustraction : 64 ans – 43 annuités, c’est devoir commencer sa carrière complète à 21 ans. Alors que selon l’Insee, l’entrée dans un « emploi significatif », c’est à 22 ans et 7 mois. Alors que ce sont d’abord les femmes qui ont une carrière « hachée ». Alors que certains ayant commencé beaucoup plus tôt ne pourront partir en retraite qu’après 44 ou 45 ans de travail.
    Alors que le patronat – quoique quasi-silencieux – sait qu’il est directement responsable du sous-emploi des seniors. Alors qu’en Suède, où une réforme du recul de l’âge pivot est en place depuis 20 ans, elle ne s’est traduite par aucun allongement de l’âge effectif de départ, ce qui signifie que les travailleurs ont dû arbitrer, individuellement, entre une décote et une usure supplémentaire au travail.

    IL N’Y A PAS QUE LE TRAVAIL DANS LA VIE SOCIALE
    La conséquence est facile à tirer : dans un véritable système solidaire par répartition, il ne devrait pas y avoir de calcul des annuités, car c’est lui qui apporte le poison de l’individualisation. Du coup, le droit de bénéficier d’une retraite devrait être inconditionnel. A l’âge de partir à la retraite, qui devra être démocratiquement, socialement et écologiquement déterminé, même celle ou celui qui n’aura cotisé pendant aucune annuité doit avoir le même droit.
    Et, encore mieux, le montant devrait être égal, le même pour toutes et tous. Car il ne serait plus fonction de la durée de cotisation. Et au moment de répondre à l’objection qui ne manquera pas d’arriver : «Mais, enfin, cette proposition revient à traiter de la même façon ceux qui ont travaillé et ceux qui n’ont pas travaillé», il faudra savoir écouter la parole des actuels retraités dont les activités socialement utiles sont la meilleure preuve qu’il n’y a pas que le travail dans la vie sociale.
    Car tel est le véritable enjeu d’une protection sociale par solidarité : la reconnaissance à accorder à toutes celle et tous ceux qui contribuent à la production sociale de la richesse économique d’une même société. Même quand ils ne « travaillent » pas, ils s’activent !

    Michel Lepesant
    Tribune – parue dans le Monde du 21/01/2022
    Michel Lepesant est également coauteur de La décroissance et ses déclinaisons (Utopia, 2022)

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