J’ai honte d’avoir eu honte de moi

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« De toute la quincaillerie de cette civilisation, Sandrine a fait du petit bois, pour notre plus grande joie » (Serge Quadruppani dans sa préface)

Errance personnelle dans et par un texte.

Pays connu seulement par des images, pays étranger, « ô lumière blanche d’Algérie », histoire personnelle de territoires, mémoire…

Rire, éclats de rire, rires de femmes, « Lancez-vous dans la lumière sortie de son écrin », refus des enfermements, « Ne rasez les murs d’aucune citée », seins dressés sous les chemisiers, cheveux détachés, hourras victorieux…

« Me vider de ton sang / Le tien, qu’il me faut pourtant reconnaître / Et que des hommes me battent à mort / Qu’ils prennent eux, ce sang /Qu’ils le sucent, oui… »

Ce qui est « Haram » et pourtant au cœur de l’humanité, la connivence des amoureux/amoureuses, le repos sur la cuisse de « sa douce aimée », les caresses discrètes en public… sans oublier les rappels à l’ordre et l’honneur pourri des hommes…

« Tu connais des parfums / Tu connais des couleurs / Tu connais des musiques / Tu connais des nuits constellées »

La liberté de crier, la liberté de penser, la dignité, les meneurs/meneuses insoumis·es, les révolté·es, les immigrant·es, « Un jour ces mains sur toutes les caisses cesseront de frapper / Et brûleront pour elles-mêmes le plus beau feu de joie ».

Les femmes de labeur, le point de l’aube, les yeux brillants « des reliquats d’insouciance », la nuit noire avant « l’avènement du beau », le rêve d’une jeune fille aux yeux de braise, le soleil des saisons, le sexe et la licorne, les yeux de ma nuit, la dignité, les indésirables de notre époque et… « ouvrir un autre champ des possibles ».

Une femme « debout à l’aube dans la blancheur des nuages », une femme « qui pense au jour d’après / A l’avenir qui se dessine »…

Naïma-Aminata, un père lyonnais, une mère algérienne, une tante malienne adoptée, un cousin rom et un oncle ashkenaze, un papillon parmi d’autres…

*-*

La Petite Ouvrière métisse puis une conversation avec l’autrice, un moment privilégié, des propos recueillis par Thierry Renard.

Les mots blessés et pleins de tendresse, un refrain murmuré à nos oreilles, « La poésie s’oppose à l’aspect utilitaire du langage, voire à son aspect marchand. Toute langue poétique révèle sa dimension sensuelle. On aime, ou pas, l’entendre, la déclamer, la chanter. Chercher la musique intérieure au-delà du bavardage », Armand Gatti, le non lieu de l’écriture, « Ce qui me fait vibrer dans la vraie vie / Ce sont ces mille et une parcelles autour de nous / Des sensations, des images, des rencontres / Des voix, des visages, / Et tout ce qu’on imagine »…

Sandrine Malika Charlemagne : La Petite Ouvrière métisse
Editions La rumeur libre, Sainte-Colombe-sur-Gand 2022, 72 pages, 13 euros
https://larumeurlibre.fr/auteurs/charlemagne_sandrine_malika

Didier Epsztajn


De l’autrice :
La voix du Moloch
https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2020/12/05/la-sensation-quun-visage-nest-que-le-reflet-dun-autre/
Sauvez la beauté. 29 poèmes
https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2018/04/14/et-je-veux-encore-decider-de-ma-vie/
Mon pays étranger
https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2015/11/13/noublie-pas-que-tu-fus-etranger-accueille-lerrant/
Marche de la dignité. Samedi 31 octobre 2015. Barbès-Bastille
https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2015/10/30/marche-de-la-dignite-samedi-31-octobre-2015-barbes-bastille/

Auteur : entreleslignesentrelesmots

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