Le monde littéraire pour l’acquittement définitif de Pinar Selek

Depuis 25 ans, Pinar Selek est persécutée par la justice turque. Un quart de siècle de procès, incarcération, tortures, exil – et à présent, mandat d’arrêt international demandant son emprisonnement immédiat.

Pourquoi ?
Parce que Pinar Selek est sociologue et qu’elle a travaillé sur le mouvement de résistance kurde – c’est là, pour ce motif, qu’elle est arrêtée et torturée en 1998 : on veut lui faire avouer le nom des personnes qu’elle a rencontrées pendant son enquête.

Parce que Pinar Selek réunit à elle seule à peu près tout ce qu’un pouvoir autoritaire déteste : la défense des plus opprimé.e.s (les enfants des rues, les prostituées, les femmes migrantes…), les combats écologistes, féministes et LGBTQI+, le refus de toutes les violences et un antimilitarisme radical.

Parce que, même exilée, même menacée par un Pouvoir qui semble avoir tous les pouvoirs, Pinar Selek continue son travail de chercheuse et d’universitaire, parce que Pinar Selek continue à écrire – des contes aussi, un merveilleux essai paru en 2015 : Parce qu’il sont Arméniens – et son dernier livre: Azucena ou Les fourmis zinzines paru aux éditions des femmes l’an dernier.

Aujourd’hui où la distinction entre les démocraties supposées, les régimes « illibéraux » ou en voie de le devenir et les états simplement autoritaires devient de plus en plus indécise, nous, poètes, autrices, auteurs, éditrices, éditeurs, libraires, nous sentons plus que jamais solidaires des combats de Pinar Selek. Ce qui lui arrive pourrait nous arriver un jour. Qu’est-ce que la liberté dont nous jouissons encore quand quelqu’un comme elle ne peut pas circuler librement, travailler librement, quand la nationalité française qui lui a été accordée ne la protège pas pleinement, comme elle le devrait ? Quand quatre procès, suivis de quatre acquittements prononcés par la justice turque elle-même ont été quatre fois cassés ?

Une nouvelle audience, dans un nouveau procès ouvert le 31 mars, a été reportée au 29 septembre prochain. Nous savons que la mobilisation n’est pas vaine, qu’elle gêne la Turquie comme elle gênerait n’importe quel pouvoir abusif et injuste. Nous signons ici pour que Pinar Selek recouvre une liberté de création, de recherche et d’action politique pleine et entière. N’en doutons plus : en signant pour elle, nous signons pour nous.

Signataires individuel.les :
Santiago Amigorena, écrivain
Joseph Andras, écrivain
Leili Anvar, Maîtres de Conférences en langue et littérature persanes (Inalco)
Ella Balaert, enseignante à Paris III Sorbonne nouvelle
Katy Barasc philosophe
Samantha Barendson, poétesse
Brigitte Baumié poétesse
Emna Belhaj Yahia, romancière, enseignante de philosophie, membre de l’Académie tunisienne Beit al-Hikma
Arno Bertina, écrivain
Jean-Michel Besnier,Comité directeur du PEN-Club, philosophe
Muriel Bloch, conteuse
Flora Boffy-Prache, éditrice
Béatrice Bonhomme, poétesse, directrice de la revue Nu
Oristelle Bonis, éditrice
Sonia Bressler, philosophe, Présidente de l’AFFDU (Association Française des Femmes Diplômées d’Université)
Lydia Cacho, journaliste
Mireille Calle-Gruber, professeur des universités, Sorbonne nouvelle
Belinda Cannone , écrivain
Lise Chapuis, traductrice
Orélie Chen Fuchs,poétesse
Sylvestre Clancier, écrivain, Président d’honneur du PEN Club
Marie Cosnay, écrivaine et traductrice
Felip Costaglioli, écrivain
Grégoire Courtois, écrivain
François Cusset, historien
Vincent d’Eaubonne, fils de Françoise d’Eaubonne
Catherine Demolis, éditrice
Dominique Dussol, professeur émérite, Université Pau et Pays de l’Adour
Zehra Dogan, artiste, journaliste
Fabien Drouet écrivain
Alicia Dujovne Ortiz, autrice, journaliste
Fabienne Dumont, historienne de l’art
Delphine Durand, poétesse
Dominique Dussol, professeur émérite, Université Pau et Pays de l’Adour
Cécile Dutheil de la Rochère, Editrice, critique littéraire, traductrice
Sedef Ecer, romancière, membre du Parlement des Écrivaines Francophones (PEF)
Asli Erdogan écrivaine
Annie Ernaux écrivaine, Prix Nobel de littérature
Tarek Essaker, écrivain, essayiste et poète
Johan Faerber, critique, éditeur, cofondateurs du magazine Diacritik.
Nina Faure, réalisatrice
Julie Finidori, agente littéraire
Isabelle Garon, poétesse
Nicolas Gary, journaliste
Frédérique Guétat-Liviani, poète
Liliane Giraudon, poétesse
Barbara Glowczewski, directrice de recherches émérite au CNRS
Aliette Griz, écrivaine
Catherine Guyot, journaliste, Institut en sciences des femmes (IERSF)
Jacqueline Heinen, Professeure émérite de sociologie, UVSQ Paris-Saclay
Marie Huot, poétesse
Chloé Jacot-Descombes, écrivaine
Pascal Jourdana, cofondateur de la Marelle, lieu d’action littéraire
Huguette Junod écrivaine
Maria Kakogianni, philosophe
Leslie Kaplan, écrivaine
Karim Kattan, écrivain
Jean Kehayan, écrivain
Colette Klein, poétesse
Souad Labbize, poétesse
Marie-Eve Lacasse écrivaine
Emmanuelle Lambert, écrivaine
Elisabeth Lebovici, historienne et critique
Sylvie Le Clech, historienne, Paris III Sorbonne, Parlement des écrivains francophones, Conservatrice générale du patrimoine
Marin Ledun, écrivain
Alain Lezongar, journaliste
Perrine Le Querrec poète-iconographe
Alain Lipietz Economiste, auteur, ancien député européen.
Carine Lorenzoni, Directrice de Publication de Rebelle-Santé
Béatrice Machet, poétesse et traductrice
Valérie Manteau, écrivaine
Lou Marin, traducteur et essayiste
Jacqueline Merville, autrice
Thierry Mesny, trésorier du PEN-Club
Zoé Monti, historienne de l’art et éditrice
Elisabeth Nicoli, Co presidente de l’Alliance des Femmes pour la Démocratie
Rina Nissim, auteure et éditrice.
Alain Nouvel, écrivain
Wilfried N’Sondé écrivain
Naz Oke, journaliste
Makenzy Orcel, écrivain
Cécile Oumhani, écrivaine, Parlement des écrivaines francophones
Florence Pazzottu, poétesse
Denis Pean, artiste
Michèle Pedinelli, écrivaine
Geneviève Peigné poétesse
Bruno Pellegrino écrivain
Juliette Penblanc, écrivaine
Charles Pennequin écrivain et poète
Serge Pey, poète
Jean-Yves Potel, écrivain
Stéfanie Prezioso, Professeure d’histoire, université de Lausanne
Sylvain Prudhomme, écrivain
Nathalie Quintane, écrivaine, rédactrice de la tribune
Laurine Rousselet, poétesse
Lionel Ruffel, auteur
Jean-Luc Sahagian, écrivain
Esther Salmona, poétesse
Sophie Salleron, autrice et conteuse
Sabine Savornin, peintre, universitaire
Inna Shevchenko, autrice, leader des Femen
Mona L. Siegel, historienne, professeur à California State University,
Sacramento (USA)
Jean-Pierre Siméon, poète
Marina Skalova, écrivaine
Alexandra Sollogoub autrice, actrice
Béatrice Soulé, Artiste visuel
Antoine Spire Président du PEN-club français
Sabine Strasser, anthropologue
Brigitte Studer, professeure d’histoire émérite, Université de Berne
Ece Temelkuran, journaliste et auteure
Élise Thiébaut, autrice
Beata Umubyeyi Mairesse, écrivaine
Christine Villeneuve, co directrice des editions des femmes-Antoinette Fouque
Carmelo Virone, écrivain poète
Arnaud Viviant critique littéraire, écrivain
Sophie Wahnich, historienne
Catherine Weinzaepflen écrivaine
He Yuhong, autrice, présidente des Artistes d’Asie en France

Maisons d’éditions signataires :
Éditions aldante
Éditions Amsterdam
Éditions Cambourakis
Éditions circé
Éditions des Femmes-Antoinette Fouque
Éditions des lisières
Éditions des Sables, Genève
Éditions Encre Fraîche, Genève
Éditions Excès
Éditions iXe
Éditions La Crypte
Éditions Le festin
Éditions le passager clandestin
Éditions Les prouesses
Éditions Mamamélis, Genève
Éditions Hourra
Eric Pesty Editeur

Librairies Signataires :
Librairie 47° Nord (Mulhouse, 68)
Librairie Atelier (Paris, 75)
Librairie Boutique du Livre (Neuchâtel, CH)
Librairie ChEZ SimOnE (Bayonne, 64)
Librairie Colobrije (Montreuil, 93)
Librairie de l’Angle Rouge (Douarnenez, 29)
Librairie Des femmes 
(Paris, 75)
Librairie du Boulevard (Genève, CH)
Librairie Floury Frères, (Toulouse, 31)
Librairie Georges (Talence, 33)
Librairie L’escampette (Pau, 64)
Librairie L’Hibernie (Carmaux, 81)
Librairie l’esperluette (Lyon, 69)
Librairie La Boîte à Livres (Tours, 37)
Librairie La carline (Forcalquier, 04)
Librairie La Flibuste (Fontenay sous bois, 94)
Librairie La Friche (Paris, 75)
Librairie La Madeleine (Lyon, 69)
Librairie La Marge (Haguenau, 67)
Librairie La nouvelle Dérive (Grenoble, 38)
Librairie La P’tite Denise (Saint-Denis, 93)
Librairie la Pluie d’été (Pont-croix, 29)
Librairie La promesse de l’aube (Autun, 71)
Librairie La Rumeur des crêtes (Cadenet, 84)
Librairie La tête ailleurs (Paris, 75)
Librairie La Voie aux Chapitres (Lyon, 69)
Librairie Le Bateau Livre (Lille, 59)
Librairie Le Bleuet (Banon, 04).
Librairie Le café Le temps qu’il fait (Mellionnec, 22)
Librairie Les ruelles (Périgueux, 24)
Librairie Les villes invisibles (Clisson, 44)
Librairie Lucioles (Vienne, 38)
Librairie Obliques (Auxerre, 89)
Librairie Ouvrir l’Oeil (Lyon, 69)
Librairie Petite Égypte (Paris, 75)
Librairie Quai des Brumes (Strasbourg, 67)
Librairie Terre des livres (Lyon, 69)
Librairie Tulitu (Bruxelles, B)
Librairie Un livre et une tasse de thé (Paris, 75)
Librairie Vivre d’Art (Meymac, 19)

Tribune parue initialement ici :
https://blogs.mediapart.fr/pascal-maillard/blog/260923/la-mobilisation-en-soutien-pinar-selek-ne-cesse-de-s-etendre

Auteur : entreleslignesentrelesmots

notes de lecture

3 réflexions sur « Le monde littéraire pour l’acquittement définitif de Pinar Selek »

  1. Turquie – Procès Pinar Selek – Le 28 juin, nous serons de nouveau à Istanbul

    Le 28 juin 2024, se tiendra à Istanbul une énième audience de l’inique procès entamé il y a 26 ans contre Pınar Selek, écrivaine et sociologue franco-turque, accusée fallacieusement de terrorisme et acquittée déjà 4 fois.
    Car toutes les fois qu’une Cour de justice a examiné le fond du dossier, elle a conclu qu’il était vide de preuves. Pourtant, début 2023, Pınar Selek est de nouveau mise en accusation sans qu’aucune nouvelle pièce n’ait été versée à son dossier. Deux auditions -l e 31 mars et le 29 septembre- n’ont abouti à rien, sinon au renvoi à une nouvelle audience à laquelle Pinar Selek est à nouveau priée de se rendre en personne. Chose impossible et impensable, puisqu’un mandat d’arrêt, avec emprisonnement immédiat, est lancé à son encontre depuis janvier 2023. Plus encore, début 2024, la Turquie a adressé à la France une demande d’extradition en confirmant le mandat d’arrêt international. Enfermer Pınar Selek à perpétuité pour ses travaux de recherches, ses œuvres littéraires et ses prises de position en faveur des minorités kurdes et arméniennes, des mouvements féministes, des minorités LGBTQIA+ reste visiblement toujours l’obsession d’un certain pouvoir turc.

    Nous, citoyen·nes européen·nes, militant·es pacifistes et féministes, élu·es français, scientifiques, professionnelles du droit, éditrices, artistes, nous tiendrons une fois encore aux côtés de Pınar Selek, en Turquie, en Europe et dans le monde, contestant cette inqualifiable torture judiciaire. Une nouvelle fois nous demandons au gouvernement français de réaffirmer son soutien à cette universitaire et citoyenne française, comme de refuser bien sûr la scandaleuse demande d’extradition. Nous nous adressons aussi aux élu·es européen·nes : il en va de la défense de la liberté académique et de la liberté d’expression, droits fondamentaux sans lesquels aucune démocratie ne peut exister.

    Collecte de dons en vue de l’audience du 28 juin 2024 :
    • via Internet : https://www.helloasso.com/associations/karinca/formulaires/1
    • Ou par chèques : à Revue Silence – 9 rue Dumenge – 69004 Lyon, en notant ‘’Pinar Selek’’ au dos.

    Courrier N°430 de la Marche Mondiale des Femmes

  2. Le procès de Pinar Selek une nouvelle fois reporté !
    Aujourd’hui 29 septembre 2023 avait lieu à Istanbul la nouvelle audience du 5ème procès, nouvelle étape d’un long acharnement politico-judiciaire entamé il y a 2  ans contre Pınar Selek, écrivaine et sociologue franco-turque, fallacieusement accusée de terrorisme. Il s’agit de l’explosion au marché aux épices d’Istanbul du 19 juillet 1998, dont il a été prouvé qu’elle était due à un accident. A cette date-là, Pınar Selek était déjà en prison depuis 8 jours et torturée pour livrer l’identité de militants kurdes qu’elle avait interviewé.e.s dans le cadre de son enquête sociologique. Acquittée 4 fois, elle est à nouveau mise en accusation, début 2023. Une première audience de ce 5ème procès a eu lieu le 31 mars dernier en Turquie et avait débouché sur un report du procès au prétexte que Pınar Selek devait être présente pour être jugée. C’est sur ce motif que la Cour avait sollicité une demande d’extradition, alors qu’un jugement pourrait être prononcé en son absence. En réalité, le dossier d’accusation est vide.
    Concrètement, que s’est-il passé aujourd’hui ?
    Réunie une nouvelle fois, la Cour criminelle d’Istanbul a reporté à nouveau l’examen du dossier au 28 juin prochain, face à de nombreux soutiens turcs rejoints comme en mars dernier par une imposante délégation internationale, composée d’élu.e.s de la république, d’avocat.e.s, universitaires et chercheurs, d’artistes ainsi que de représentant.e.s d’organisations de défense des droits humains, de syndicats et associations professionnelles d’avocat.e.s et de l’enseignement supérieur et de la recherche française et de militant.e.s. Le tribunal s’est refusé à confirmer pour la 5ème fois que Pınar Selek est innocente : en effet toutes les fois qu’une Cour de justice a regardé le fond de son dossier, elle a admis qu’il n’y avait aucune preuve contre elle. Il cherche à faire diversion, en renvoyant la balle à la France, censée examiner une demande d’extradition, qu’elle n’a toujours pas reçue. Le ministère de la justice turque lui-même a renvoyé le dossier à la Cour, jugeant la demande insuffisamment motivée. Dans une conjoncture où la Turquie redemande son adhésion à l’Union européenne, le déni de justice dont elle est victime fait sans doute mauvais genre.
    Aujourd’hui, la Cour criminelle d’Istanbul s’est donc contentée de déclarer avoir à nouveau transmis la demande d’extradition de Pinar Selek. La France la recevra-t-elle ? Interpol attendait en effet toujours en mars dernier les éléments permettant de diffuser une notice rouge contre Pinar Selek.
    Que comprendre de tout cela ?
    Que la justice turque qui souhaite enfermer PInar Selek à perpétuité pour ses travaux de recherche, comme pour ses oeuvres littéraires et ses prises de position en faveur des minorités kurdes et arméniennes, des mouvements féministes et des minorités LGTB+ turques, poursuit son acharnement politique contre elle, qui relève du harcèlement, voire de la torture psychologique. Elle espère sans doute épuiser la résistance de Pinar Selek, comme celle de la puissante solidarité internationale qui se dresse à ses côtés. Mais notre détermination reste entière, afin que justice soit enfin rendue pour notre collègue, amie et camarade, et que cette grande intellectuelle puisse poursuivre ses activités d’enseignante, de chercheure, d’écrivaine et de militante en toute liberté. Ce procès politique en terrorisme est une des formes les plus extrêmes d’atteinte à la liberté d’expression et à la liberté académique, menacées aujourd’hui partout dans le monde. Nous serons toujours à ses côtés, le 28 juin, à Istanbul et ailleurs. Justice pour Pinar !
    La coordination des collectifs de solidarité avec Pinar Selek.

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