Personne ne peut prétendre « Je ne savais pas » (+ autres textes)

  • Amnesty International : Appel urgent à un cessez-le-feu immédiat de toutes les parties pour mettre un terme aux souffrances sans précédent de la population civile
  • Adalah à l’Association du Barreau d’Israël : Arrêtez l’incitation à la violence contre les avocats palestiniens
  • Alors que le monde a les yeux rivés sur Gaza, la crainte augmente quant aux expulsions [des habitants] de la vieille ville d’Hébron.
  • Déclaration de solidarité pour le peuple palestinien et la souveraineté alimentaire
  • Kaamil Ahmed : « Seigneur, où allons-nous ? » Les voix de Gaza sur les réseaux sociaux commencent à se taire
  • Appel d’urgence à la communauté internationale – arrêtez le transfert forcé en Cisjordanie
  • Jewish Voice for Peace : Plus de familles endeuillées en Palestine et en Israël
  • « À Gaza, personne ne peut prétendre “Je ne savais pas“ », dénonce le commissaire général de l’UNRWA

Amnesty International : Appel urgent à un cessez-le-feu immédiat
de toutes les parties pour mettre un terme aux souffrances
sans précédent de la population civile

Amnesty International lance un appel urgent à un cessez-le-feu de toutes les parties au conflit dans la bande de Gaza et en Israël afin d’éviter de nouvelles pertes en vies humaines au sein de la population civile et de permettre aux habitant·e·s de Gaza de recevoir une aide vitale, sur fond de catastrophe humanitaire sans précédent.

« Au cours des deux semaines et demie qui viennent de s’écouler, nous avons vu l’horreur se répandre à une échelle inimaginable en Israël et dans les territoires palestiniens occupés. Confrontés à une crise humanitaire catastrophique, plus de deux millions d’habitant·e·s de la bande de Gaza tentent de survivre, et le nombre de victimes civiles est sans précédent. Plus de 6 546 personnes ont été tuées à Gaza et au moins 1 400 en Israël, et des milliers d’autres ont été blessées. Plus de 200 personnes ont été prises en otage par le Hamas. Toutes les parties au conflit continuent sans relâche de commettre de graves violations du droit international humanitaire, dont des crimes de guerre. Face à cette dévastation et ces souffrances d’une ampleur inédite, l’humanité doit primer », a déclaré Agnès Callamard, secrétaire générale d’Amnesty International.

« Il est urgent d’agir pour protéger la population civile et éviter que la souffrance humaine n’atteigne des niveaux encore plus affolants. Nous appelons tous les membres de la communauté internationale à s’unir pour exiger un cessez-le-feu humanitaire immédiat de la part de toutes les parties au conflit. »

Amnesty International se joint aux appels de la rapporteuse spéciale sur la situation des droits de l’homme dans les territoires palestiniens occupés depuis 1967, des organes des Nations unies travaillant en Palestine et de nombreux expert·e·s des droits humains, représentés par une longue liste de procédures spéciales de l’ONU, qui réclament également un cessez-le-feu, de même que le secrétaire général des Nations unies et le haut-commissaire des Nations unies aux droits de l’homme.

Depuis les attaques effroyables menées dans le sud d’Israël le 7 octobre, lors desquelles, selon les autorités israéliennes, le Hamas et d’autres groupes armés ont tué au moins 1 400 personnes et pris plus de 200 otages, civils pour la plupart, les forces israéliennes ont procédé à des milliers de frappes aériennes et terrestres contre la bande de Gaza, tuant plus de 6 546 personnes, principalement des civil·e·s, dont au moins 2 704 enfants, d’après le ministère palestinien de la Santé de Gaza. Plus de 17 439 personnes ont été blessées et plus de 2 000 dépouilles se trouvent encore sous les décombres, tandis que le système de santé est exsangue.

L’offensive terrestre imminente des forces israéliennes à Gaza risque d’avoir des conséquences dramatiques pour la population civile de ce territoire, comme l’annoncent les menaces inquiétantes adressées par l’armée israélienne aux civil·e·s qui sont restés dans le nord de la bande de Gaza. La population civile israélienne continue également de subir des tirs de roquettes aveugles de la part du Hamas et des autres groupes armés de Gaza.

Il est urgent d’agir pour protéger la population civile et éviter que la souffrance humaine n’atteigne des niveaux encore plus affolants.
Agnès Callamard, secrétaire générale d’Amnesty International

« Face à la catastrophe humanitaire sans précédent qui touche la bande de Gaza et s’aggrave de jour en jour, un cessez-le-feu immédiat de toutes parties est indispensable pour permettre aux organisations humanitaires d’acheminer suffisamment d’aide dans ce territoire et de la distribuer en toute sécurité et sans condition. Un tel cessez-le-feu permettrait aux hôpitaux de recevoir les médicaments vitaux, l’eau et les équipements dont ils ont désespérément besoin, ainsi que de réparer leurs bâtiments endommagés », a déclaré Agnès Callamard.

« Un cessez-le-feu immédiat serait aussi le moyen le plus efficace de protéger la population civile, dans la mesure où les parties au conflit continuent de commettre de graves violations. Il pourrait éviter que le bilan en vies civiles ne continue de s’alourdir à Gaza. Enfin, il pourrait offrir une possibilité d’obtenir la libération des otages sains et saufs. »

Amnesty International a recueilli des informations faisant état de crimes de guerre commis par les forces israéliennes et par le Hamas et d’autres groupes armés. Un cessez-le-feu pourrait également permettre que des enquêtes indépendantes sur les violations des droits humains et les crimes de guerre perpétrés par toutes les parties soient menées, notamment par la Cour pénale internationale et par la Commission internationale indépendante chargée d’enquêter dans le territoire palestinien occupé. Ce travail est essentiel, car il faut absolument mettre fin à l’impunité qui prévaut de longue date pour les crimes de guerre et les crimes contre l’humanité et garantir justice et réparations aux victimes, afin d’empêcher que ces atrocités se reproduisent et de régler les causes profondes du conflit, comme le système d’apartheid imposé par Israël à tous les Palestiniens et Palestiniennes.

Par ailleurs, Amnesty International réitère ses appels suivants :

* Les parties doivent mettre un terme aux attaques illégales, notamment aux attaques menées sans discrimination, aux attaques visant directement des civil·e·s et des biens de caractère civil, et aux attaques disproportionnées.

* Israël doit permettre immédiatement l’acheminement sans entraves de l’aide humanitaire à la population civile de la bande de Gaza occupée, lever son blocus illégal de ce territoire qui dure depuis 16 ans et autoriser sans délai la Commission internationale indépendante chargée d’enquêter dans le territoire palestinien occupé à se rendre sur place.

* La communauté internationale doit imposer un embargo général sur les armes à toutes les parties au conflit, compte tenu des graves violations constitutives de crimes de droit international qui sont commises.

* L’enquête en cours de la Cour pénale internationale sur la situation en Palestine doit recevoir un soutien total et tous les moyens nécessaires.

*Le Hamas et tous les autres groupes armés doivent libérer immédiatement et sans condition tous les otages civils et traiter humainement toutes les personnes qui sont retenues captives, notamment en leur fournissant des soins médicaux, en attendant qu’elles soient libérées.

* Israël doit libérer tous les Palestinien·ne·s qui sont détenus arbitrairement.

* Il faut s’attaquer aux causes profondes du conflit, notamment en démantelant le système d’apartheid imposé par Israël à tous les Palestinien·ne·s.

Complément d’information
Les recherches d’Amnesty International montrent que, le 7 octobre, le Hamas et d’autres groupes armés de la bande de Gaza occupée ont procédé à des tirs de roquettes aveugles sur Israël et envoyé sur son territoire des combattants, qui ont commis de graves violations du droit international, telles que des exécutions sommaires de civil·e·s et des prises d’otage, qui sont constitutives de crimes de guerre.

L’organisation a aussi recueilli des preuves accablantes de crimes de guerre perpétrés par les forces israéliennes dans le cadre de leur offensive contre Gaza, notamment des attaques menées sans discrimination et des sanctions collectives, qui ont fait de très nombreuses victimes parmi la population civile, décimé des familles entières et détruit des quartiers d’habitation. Ces violations doivent faire l’objet d’enquêtes en tant que crimes de guerre.

27 octobre 2023

https://aurdip.org/amnesty-international-appel-urgent-a-un-cessez-le-feu-immediat-de-toutes-les-parties-pour-mettre-un-terme-aux-souffrances-sans-precedent-de-la-population-civile/

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Adalah à l’Association du Barreau d’Israël :
Arrêtez l’incitation à la violence contre les avocats palestiniens

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de l’Association du Barreau israélien en demandant une action immédiate afin de combattre la campagne récente d’incitation généralisée à la haine et à la violence et de menaces contre les avocats palestiniens qui sont citoyens d’Israël. Adalah a aussi demandé un arrêt immédiat à la mise en place d’une réglementation d’urgence, qui selon Amit Becher, donnerait pouvoir au Comité d’éthique du Barreau de suspendre immédiatement des avocats accusés de « soutenir le terrorisme » ou « d’inciter au terrorisme ». Ce changement lèserait de manière significative les droits, les moyens d’existence et la réputation des avocats, avant même toute procédure régulière.

Ces actions font partie d’une vaste campagne d’incitation à la haine ou à la violence et de persécution politique à laquelle sont actuellement confrontés les citoyens palestiniens d’Israël, depuis les événements horribles du 7 octobre. Cette campagne n’affecte pas seulement les avocats palestiniens, mais aussi des travailleurs, des étudiants, et a même conduit à l’arrestation de beaucoup de citoyens palestiniens d’Israël sur des accusations d’incitation verbale à la violence.

Dans sa lettre, l’avocat d’Adalah Salam Irsheid a souligné que les avocats palestiniens sont confrontés à de graves incitations à la violence et à des menaces sérieuses, particulièrement de la part d’avocats juifs israéliens, à cause de leurs posts sur les réseaux sociaux et d’autres discours. Les avocats juifs israéliens accusent faussement les avocats palestiniens de « soutenir le terrorisme », les qualifient même de « terroristes », et menacent de déposer plainte contre eux auprès du Comité d’éthique de l’Association du Barreau. Adalah soutient que les expressions des avocats sur les réseaux sociaux et d’autres prises de parole relèvent bien du cadre légal de la liberté d’expression. Adalah soutient que ces accusations sans fondements et ces campagnes d’incitations à la haine ou à la violence causent des préjudices importants aux avocats qui sont citoyens palestiniens d’Israël, portent atteinte à leurs réputations et à leurs relations avec leurs collègues, ainsi qu’à leur crédibilité vis-à-vis de leurs clients.

De plus, Adalah a souligné que de nombreux avocats palestiniens représentant des suspects et des détenus à des postes de police ont fait été d’un niveau croissant de manque de respect et de mauvais traitements, non seulement de la part de leurs collègues avocats, mais aussi de la part des officiers de police, rendant extrêmement difficile pour eux de défendre adéquatement leurs clients et de remplir leur rôle.

La déclaration du Barreau mentionnait aussi qu’il était en train d’examiner la mise en place de nouvelles règlementations d’urgence qui lui donnerait autorité pour suspendre immédiatement des avocats soupçonnés de « louer ou de soutenir le terrorisme » ou d’« inciter au terrorisme ». Adalah a soutenu que cette déclaration contribue la grave campagne actuelle d’incitation à la haine contre des avocats palestiniens et qu’elle encourage effectivement des avocats juifs israéliens à continuer à soumettre des plaintes sans fondements au Comité d’éthique. Pour Adalah, l’action envisagée viole le rôle et les responsabilités de l’Association du Barreau, un organisme professionnel dont la tâche, selon le droit, est de veiller à l’intégrité des avocats et de sauvegarder la règle de droit et les droits humains.

https://aurdip.org/adalah-a-lassociation-du-barreau-disrael-arretez-lincitation-a-la-violence-contre-les-avocats-palestiniens/

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Alors que le monde a les yeux rivés sur Gaza, la crainte augmente quant aux expulsions [des habitants] de la vieille ville d’Hébron.

Alors que la Cisjordanie connaît une vague d’arrestations, les habitants de la vieille ville d’Hébron signalent qu’Israël profite de l’attention portée par le monde à Gaza pour accélérer les plans d’expulsion des résidents.

Les défenseurs des droits humains et les habitants d’Hébron craignent qu’Israël ne profite de l’attention portée par le monde à Gaza pour mettre en œuvre des projets préexistants visant à expulser les habitants de la vieille ville et à relier la ville aux colonies illégales voisines, telles que Kiryat Arba.

Cette interpellation coïncide avec une vague d’arrestations dans le territoire occupé, les autorités palestiniennes affirmant qu’Israël a arrêté plus de 1 400 personnes en Cisjordanie depuis le 7 octobre.

Hisham Al-Sharbati, membre du Comité de défense d’Hébron, a déclaré à Al-Araby Al-Jadeed, l’édition arabophone de The New Arab, que « l’occupation est passée d’une politique de punition collective à celle du déplacement collectif progressif des habitants de la vieille ville d’Hébron, en profitant de la concentration du monde sur les événements de Gaza »

La vieille ville est soumise à un couvre-feu strict par Israël depuis le 7 octobre, les habitants n’étant autorisés à quitter leur domicile que par tranches d’une heure toutes les 48 heures, selon l’avocat et militant des droits humains Issa Amro, fondateur de « Youth Against Settlements » (Jeunesse contre les colonies). « Ils seront contraints de laisser leur domicile s’ils s’absentent pendant plus d’une heure », a-t-il ajouté. Les habitants n’ont pas le droit de se tenir sur leur balcon ou de s’asseoir dans leur cour, tandis que les colons ont effectué des patrouilles en tenue militaire pour terroriser les habitants isolés. Le 20 octobre, M. Amro a été expulsé de sa résidence dans le quartier de Tel Rumeida, à Hébron. Il a sécurisé la porte et les fenêtres à l’aide de briques et de câbles métalliques, mais il craint que l’armée ne s’empare de sa maison. Environ 5 000 Palestiniens vivent dans la vieille ville d’Hébron, dans des zones actuellement désignées comme « zones fermées » par l’armée israélienne. L’accès à la mosquée Ibrahimi a également été fortement restreint. Environ 600 colons israéliens, pour la plupart armés et considérés comme les plus extrémistes de la Cisjordanie occupée, résident dans quatre colonies construites à l’intérieur de la ville d’Hébron, tandis qu’environ 7 000 colons vivent à Kiryat Arba.

Cet article est basé sur celui publié dans notre édition arabe par Malik Nabil le 23octobre 2023, avec des informations complémentaires. Pour lire l’article original, cliquez ici.
Traduit par : AFPS
https://www.france-palestine.org/Alors-que-le-monde-a-les-yeux-rives-sur-Gaza-la-crainte-augmente-quant-aux

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Déclaration de solidarité pour le peuple palestinien
et la souveraineté alimentaire

Mettre fin à l’occupation illégale de la Palestine

Nous sommes solidaires des opprimé.es et des victimes de l’injustice historique et du déséquilibre des pouvoirs, en particulier du peuple palestinien. Nous rejetons la violence contre les civils et c’est pourquoi nous condamnons fermement la stratégie génocidaire israélienne à Gaza, actuellement soumise à un blocus total, qui s’ajoute aux 17 années de siège qui ont déjà plongé 65% des Gazaouis dans l’insécurité alimentaire.

Cette insécurité est le produit de la militarisation de la nourriture par l’occupation israélienne pour contraindre les Palestiniens à renoncer à leurs droits. L’accès à la nourriture, à l’eau et au matériel médical est utilisé comme une arme. La nourriture est devenue très rare à Gaza, en plus de la coupure complète de l’électricité et de l’approvisionnement en carburant dans la bande. Plus de 2,5 millions de personnes sont actuellement piégées à Gaza, sans aucun endroit sûr. Près de 6 000 Palestinien.nes ont été assassiné.es, dont 2 300 enfants, et 18 000 autres ont été blessés au 25 octobre 2023. Des centaines d’autres restent coincé.es sous les décombres jusqu’à ce jour, en raison du manque d’équipement nécessaire pour l’enlèvement des débris et des bombardements continus qui n’épargnent pas les équipes médicales et de secours.

Seuls 20 camions d’aide ont été autorisés à entrer à Gaza depuis le début de l’agression, et ils couvrent moins de 3% de ce dont Gaza a besoin quotidiennement pour survivre dans des circonstances normales. Normalement, 600 camions transportant de produits de première nécessité et médicaux entreraient quotidiennement dans Gaza assiégée.

L’occupation israélienne a également tué 103 Palestinien.nes en Cisjordanie depuis le début de l’agression contre Gaza. Des raids, des bombardements et des sièges quotidiens contre des villes et des camps de réfugié.es sont menés par les forces d’occupation israéliennes. Plus de 700 points de contrôle militaires israéliens divisent la Cisjordanie, séparant ainsi complètement la zone d’Al-Aghwar qui produit 80% de la nourriture des Palestiniens. Quelque 100 000 familles palestiniennes qui dépendent de la production d’olives ne peuvent actuellement pas accéder à leurs terres pour la récolte, à Gaza et en Cisjordanie principalement, à cause des milliers de fusils d’assaut distribués par le gouvernement israélien aux colons. Plusieurs Palestinien.es ont été assassiné.es par des colons israéliens alors qu’ils travaillaient sur leurs terres en Cisjordanie au cours de la semaine dernière.

Nous exprimons également notre solidarité au peuple libanais, en particulier dans le sud, près de la frontière avec la Palestine occupée, car il est également confronté aux attaques israéliennes qui ont jusqu’à présent déplacé de nombreuses personnes, empêché les agriculteurs et agricultrices d’accéder à leurs terres et tué plusieurs personnes, dont des journalistes qui étaient en train de couvrir les développements dans la région. Nous appelons la communauté mondiale à soutenir activement la quête de libération du peuple palestinien. Nous soulignons la nécessité urgente de mettre fin à l’occupation et d’assurer la liberté du peuple palestinien résilient qui lutte contre l’occupation israélienne depuis 75 ans.

Nous pensons que la sécurité alimentaire et le droit à l’alimentation font partie intégrante de la lutte plus large pour la justice, la paix et la dignité pour tous et toutes.

La situation d’insécurité alimentaire à Gaza, en Palestine, est extrêmement critique. Pendant des décennies, les petits producteurs et productrices de denrées alimentaires, notamment les pêcheurs et les agriculteurs, se sont vu refuser l’accès à leurs eaux, à leurs terres et à d’autres biens communs essentiels. Beaucoup ont été tués par les forces israéliennes alors qu’ils /elles cherchaient à assurer leurs moyens de subsistance. L’occupation israélienne a créé une zone d’exclusion militaire sur près de la moitié des terres arables de Gaza et une zone tampon maritime qui permet l’accès à à peine 15% de la Méditerranée, ce qui empêche les pêcheurs de capturer une quantité de poisson suffisante pour subvenir aux besoins de leurs communautés. Ceci, ajouté au blocus des exportations et des importations, de l’accès à la nourriture, aux intrants agricoles et au carburant, et aux agressions répétées, a transformé Gaza en une prison exiguë à ciel ouvert où les Palestinien.nes subissent une punition collective et sont privé.es de leurs droits, y compris le droit à une nourriture adéquate. Le droit à l’alimentation est reconnu dans la Déclaration universelle des droits de l’homme de 1948 et est inscrit dans le Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels qu’Israël a signé et ratifié il y a 57 ans.

« L’idée est de mettre les Palestiniens au régime, mais pas de les faire mourir de faim », Dov Weisglass, conseiller de l’ancien Premier ministre israélien Ehud Olmert. Cette déclaration est intervenue à la lumière du « nombre de calories » créé par l’occupation israélienne pour limiter la consommation alimentaire des Gazaouis à des niveaux légèrement supérieurs à ceux de la mort par famine. Cela s’est maintenant transformé en un régime mortel efficace. Le blocus continu d’Israël depuis 17 ans a également conduit à une grave crise de l’eau à Gaza, principalement due aux transferts forcés de populations par Israël, à l’épuisement des bassins d’eau douce de Gaza, au blocage de l’accès de Gaza au fleuve Jourdain, à l’interdiction de la construction de puits, à la destruction des installations de collecte d’eau de pluie, et le pompage excessif de l’aquifère naturel s’écoulant vers Gaza depuis Jabal al-Khalil en Cisjordanie.

La crise alimentaire a été encore exacerbée par l’empoisonnement systémique des terres et de la population palestiniennes par de fréquentes pulvérisations d’herbicides et des destructions fréquentes, ainsi que par les bombardements ciblés et répétés des infrastructures d’eau, d’assainissement et agricoles de Gaza au cours des 14 agressions menées par l’occupation israélienne sur Gaza au cours des 17 dernières années en 2006, 2007, 2008-2009, 2010, 2011, 2012, 2014, 2015, 2016, 2018, 2019, 2021, 2022, et à nouveau en 2023, au cours desquelles des armes interdites au niveau international telles que le phosphore blanc sont à nouveau déployées à la fois dans Gaza et le Sud-Liban. Depuis l’an 2000, l’occupation israélienne a détruit 3 000 000 d’arbres fruitiers et d’oliviers pour déplacer les agriculteurs et agricultrices palestinien.nes. Dans son discours devant l’Assemblée générale le 20 octobre, le rapporteur spécial pour le droit à l’alimentation, Michael Fakhri, a déclaré : « Il est très difficile de discuter de mon rapport sur la reprise après une pandémie alors que nous constatons comment la nourriture est de plus en plus utilisée comme une arme contre les civils par des mesures coercitives unilatérales ou dans le cadre d’un conflit armé. En fait, la nourriture est de plus en plus utilisée intentionnellement pour affamer les gens et déclencher un nettoyage ethnique … comme aujourd’hui, par Israël, le refus de nourriture, de carburant, d’eau et de fournitures médicales aux Palestiniens et à d’autres civils à Gaza. Hier, un certain nombre d’ experts des droits de l’Homme comme moi ont tiré la sonnette d’alarme sur le risque de génocide contre le peuple palestinien. Nous devons réaffirmer la résolution 24/17 du Conseil de sécurité dans laquelle le Conseil de sécurité a fermement condamné le fait d’affamer des civils et le refus de l’accès humanitaire utilisé comme une tactique de guerre. »

Nous condamnons les nouveaux plans israéliens de nettoyage ethnique et de déplacement massif forcé des Palestinien.nes de Gaza vers l’Égypte, ainsi que les positions de nombreux pays européens et de l’UE sur la stratégie génocidaire en cours, qui encouragent sa progression sans relâche. Nous les encourageons à adopter des positions conformes aux valeurs qu’ils défendent en matière de droits de l’Homme en général et de droit à l’alimentation en particulier, et à s’abstenir de toute forme de double standard.

Exhortant à la fourniture immédiate d’une protection internationale au peuple palestinien, afin de protéger, respecter et promouvoir tous les droits de l’homme, y compris le droit à l’alimentation, en appliquant d’urgence le Cadre d’action du CSA pour la sécurité alimentaire et la nutrition lors des crises prolongées (CFS-CDA). Le CFS-CDA fournit une feuille de route pour améliorer la sécurité alimentaire et la nutrition dans les crises prolongées, avec ces deux principes particulièrement pertinents et urgents à l’heure actuelle :

  1. Répondre aux besoins humanitaires immédiats des Palestinien.nes assiégé.es à Gaza sans discrimination et garantir un accès sûr et sans entrave à l’aide humanitaire et alimentaire, et les Nations Unies assument leur responsabilité morale de garantir que cette aide leur parvienne.

  2. Ne pas utiliser l’alimentation comme moyen de pression politique ou économique et s’abstenir de prendre des mesures unilatérales qui ne tiennent pas compte du droit international, notamment de la Charte des Nations Unies, et qui mettent en danger la sécurité alimentaire et la nutrition, comme le stipule la Déclaration de Rome de 1996.

Nous appelons la communauté mondiale à soutenir activement le peuple palestinien et nous exhortons tous les gouvernements et l’ONU à user de leur influence pour mettre un terme à cette escalade, à appeler à un cessez-le-feu immédiat et à une désescalade du conflit, et à agir rapidement dans toutes les instances internationales pour revenir à un processus de négociation et de dialogue et mettre fin à cette occupation en cours et à la guerre contre le peuple palestinien et soutenir sa quête de libération.

28 octobre 2023
https://viacampesina.org/fr/declaration-de-solidarite-pour-le-peuple-palestinien-et-la-souverainete-alimentaire/
Solidarity statement for Palestinian people and food sovereignty
https://viacampesina.org/en/solidarity-statement-for-palestinian-people-and-food-sovereignty/
URGENTE ALTO AL FUEGO: Declaración de solidaridad con el pueblo palestino y por la soberanía alimentaria
https://viacampesina.org/es/urgente-alto-al-fuego-declaracion-de-solidaridad-con-el-pueblo-palestino-y-por-la-soberania-alimentaria/

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« Seigneur, où allons-nous ? »
Les voix de Gaza sur les réseaux sociaux commencent à se taire

Les communications ont été coupées à Gaza vendredi, mais les quelques voix qui ont émergé ont décrit une nuit d’intenses frappes aériennes et de panique au sein d’une population craignant que la coupure ne marque une nouvelle étape dans la violence.

Depuis le début de la guerre, certains habitants de Gaza utilisent la plateforme de médias sociaux Snapchat pour publier des images de leur vie, avec des vidéos montrant des personnes dans de longues files d’attente devant des boulangeries ou pour obtenir de l’eau, ou rassemblées en foule devant des hôpitaux et des écoles.

Depuis vendredi soir, très peu de contenus ont été téléchargés sur la plateforme; les quelques personnes qui l’utilisaient encore n’y avaient accès que par l’intermédiaire de cartes SIM d’autres pays.

Almaza Owda, une avocate postant sur Snapchat depuis le sud de Gaza, a écrit une série de messages pendant la nuit : « Il n’y a pas d’internet pour tout Gaza, pas de couverture téléphonique, pas de messages. Ils nous ont coupés de tout. »

« Gaza est dans une situation très, très, très dangereuse. C’est très dangereux. Nous mourons dans les rues. »

« Les frappes aériennes sont violentes et intenses. C’est la première fois que c’est comme ça. Nous sommes dans la rue et personne ne peut contacter les services d’urgence. Il y a des cadavres dans la rue. »

Ses messages, qui ressemblent parfois à des prières, sont accompagnés de photos granuleuses du ciel nocturne et d’un environnement à peine visible. « Oh Seigneur, où allons-nous, oh Seigneur », écrit-elle. « Tout le monde est dans la rue et ne sait pas où aller ni ce qui va se passer. »

Affichant une photo de la lune à travers les nuages, elle a écrit : « Est-il logique que la lumière de la lune soit la dernière lumière que je verrai dans ma vie ? Cela a-t-il un sens que je sois sur le point de mourir et que j’aie soif ? »

Dans la matinée, elle a posté des photos de personnes réfugiées dans une école de l’ONU, cuisinant sur des réchauds à gaz à même le sol dans des espaces de vie extérieurs séparés par des couvertures suspendues, en disant : « Nous sommes revenus 100 ans en arrière. »

Une internaute nommée Norma a écrit dans la nuit : « Pas d’eau, pas d’électricité, pas de lumière, pas d’appels et pas d’Internet. Malheureusement, ils ont tout coupé et aucun endroit n’est sûr. »

Dans la matinée, elle a posté un message alors qu’elle parcourait les rues désertes de la ville de Gaza, montrant les décombres des bâtiments bombardés, y compris la tour où se trouvait son bureau. Elle a sangloté en marchant dans les vestiges d’une clinique dentaire.

Certains correspondants de médias internationaux ont également pu continuer à émettre. Ali Jadallah, photographe pour l’agence Anadolu basée en Turquie, qui a perdu plusieurs membres de sa famille lors d’une frappe aérienne plus tôt dans le conflit, a posté des photos et des vidéos de fortes explosions. Il a écrit : « Nous sommes déconnectés de l’internet et des appels. Il y a un black-out complet. Les explosions ne s’arrêtent pas. »

Samedi matin, Rushdi Abualouf, de la BBC, a réussi à joindre le diffuseur et a indiqué qu’Israël avait coupé les câbles de fibre optique et mis hors ligne deux fournisseurs de services de téléphonie mobile. Il a décrit « un état de panique, de peur et de chaos ».

« J’ai traversé la ville de Khan Younès ce matin. Il y a moins de monde mais plus de panique. Les gens ne savent pas quoi faire. Ils ne peuvent pas communiquer avec leurs amis, leurs familles… Les gens sont extrêmement inquiets de ce qui va se passer ensuite et si les chars israéliens vont commencer à avancer dans certaines parties de la bande de Gaza. »

Al Jazeera a déclaré que ses correspondants avaient été en mesure de fournir des mises à jour sporadiques grâce à la communication par satellite.

Hani Mahmoud, de la chaîne, qui se trouvait à Khan Younès, a déclaré : « Le personnel médical et de la protection civile a déclaré qu’il ne pouvait pas se rendre dans les zones ciblées en raison de l’absence de communication ».

« L’ensemble du système de communication de la bande de Gaza a été détruit, ce qui ne permet que des spéculations sur l’ampleur des dégâts. »

Kaamil Ahmed
Article publié par The Observer, le 28 octobre 2023 ; traduction rédaction A l’Encontre
http://alencontre.org/moyenorient/palestine/77543.html

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Appel d’urgence à la communauté internationale –
arrêtez le transfert forcé en Cisjordanie

Nous, soussignés, ONG de défense des droits de l’homme et de la société civile en Israël, appelons la communauté internationale à agir de toute urgence pour mettre fin à la vague de violence des colons, soutenue par l’État, qui a conduit et conduit encore au transfert forcé de communautés palestiniennes en Cisjordanie.

Au cours des trois dernières semaines, depuis les atrocités commises par le Hamas le 7 octobre, les colons ont exploité le manque d’attention du public à l’égard de la Cisjordanie, ainsi que l’atmosphère générale de rage contre les Palestinien·nes, pour intensifier leur campagne d’attaques violentes dans le but de transférer de force des communautés palestiniennes. Au cours de cette période, pas moins de treize communautés d’éleveurs ont été déplacées. Beaucoup d’autres risquent d’être forcées de fuir dans les prochains jours si des mesures immédiates ne sont pas prises.

Les agriculteurs et les agricultrices palestinien·nes sont particulièrement vulnérables en cette période de récolte annuelle des olives.

Car s’iels ne peuvent pas cueillir leurs olives, iels perdent une année de revenus. Hier, Bilal Muhammed Saleh, du village d’As-Sawiya, au sud de Naplouse, a été assassiné alors qu’il s’occupait de ses oliviers. C’est le septième Palestinien tué par des colons depuis le début de la guerre actuelle.

Malheureusement, le gouvernement israélien soutient ces attaques et ne fait rien pour mettre fin à cette violence. Au contraire, des ministres du gouvernement et d’autres fonctionnaires soutiennent la violence et, dans de nombreux cas, l’armée est présente ou participe même à la violence, y compris dans les incidents où des colons ont tué des Palestinien·nes. En outre, depuis le début de la guerre, un nombre croissant d’incidents ont été documentés au cours desquels des colons violents ont attaqué des communautés palestiniennes voisines alors qu’ils portaient des uniformes militaires et utilisaient des armes délivrées par le gouvernement.

Avec une grande inquiétude et une compréhension claire du paysage politique, nous reconnaissons que le seul moyen d’arrêter ce transfert forcé en Cisjordanie est une intervention claire, forte et directe de la part de la communauté internationale.

Le moment est venu d’agir.

A Land for All – Two States, One Homeland | Akevot Institute | Amnesty International Israel | Association for Civil Rights in Israel | B’Tselem | Bimkom – Planners for Planning Rights | Breaking the Silence | Combatants for Peace | Comet-ME | Emek Shaveh | HaMoked : Center for the Defence of the Individual | Haqel – In Defense of Human Rights | Itach-Maaki – Women Lawyers for Social Justice | Ir Amim | Jordan Valley Activists | Kerem Navot | Machsom Watch | Mothers Against Violence Israel | Other Voice | Parents Against Child Detention | Physicians for Human Rights Israel | Policy Working Group (PWG) | Psychoactive | Rabbis for Human Rights | Re’acha Kamocha | Social Workers for Welfare and Peace | The School for Peace in Wahat al-Salam Neve Shalom | Torat Tzedek | Yesh Din | Zazim – Community Action | Zochrot

https://www.btselem.org/press_releases/20231029_joint_emergency_call_to_the_international_community_stop_the_forcible_transfer_in_the_west_bank
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Plus de familles endeuillées en Palestine et en Israël

Les événements de ces dernières semaines ont mis en évidence ce que nous avons toujours su : les vies des Palestinien·nes et des Israélien·nes sont étroitement liées, et la sécurité ne peut venir que de la justice, de l’égalité et de la liberté pour toutes et tous.

Nous éprouvons un soulagement viscéral à l’idée que quatre otages israélien·nes aient retrouvé leur famille. Cela nous rappelle ce pour quoi nous nous battons : Que chaque civil·e – palestinien·ne et israélien·ne – puisse vivre en sécurité dans sa maison, avec sa famille à ses côtés, sans crainte. Puisse cet exemple servir de modèle à la préservation, par la diplomatie, de chaque vie précieuse en ce moment même.

Le seul moyen d’avancer est un cessez-le-feu.

Nous avons dit « cessez-le-feu » chaque jour de cette période d’horreur, et nous voulons donc être plus précis. Nous demandons à nos élu·es, y compris au président Biden, d’exiger ce qui suit :

  1. Demander au gouvernement israélien de cesser immédiatement ses bombardements sur Gaza.
  2. Permettre à tous les besoins humanitaires vitaux d’entrer à Gaza, y compris l’eau, le carburant, la nourriture et les médicaments.
  3. Entamer des négociations directes pour les otages israélien·nes.

Les bombardements et le siège israéliens de Gaza ont anéanti des familles entières ou n’ont laissé qu’un·e ou deux survivant·es pour porter la mémoire de plusieurs générations. Des milliers d’autres sont coincé·es sous les décombres. Dans toute la bande de Gaza, il n’y a plus de carburant pour faire fonctionner les équipements de secours et les hôpitaux n’ont plus d’électricité. Des millions de Palestinien·nes de Gaza sont confronté·es à un assaut militaire génocidaire et n’ont nulle part où se tourner. Des milliers de Palestinien·nes ont été arrêté·es par Israël depuis le 7 octobre, doublant ainsi le nombre de prisonnier·es politiques palestinien·nes en Israël en deux semaines. La vie des plus de 200 otages israélien·nes encore présent·es à Gaza est également menacée par les frappes aériennes aveugles d’Israël, et les familles attendent avec impatience le retour de leurs proches.

Les familles attendent avec impatience le retour de leurs proches. Mais les responsables du gouvernement israélien ont été très clairs : ils sont plus déterminés à exercer une violence génocidaire contre les 2,2 millions de Palestinien·nes vivant à Gaza qu’à négocier la vie des otages israéliens.

Il n’y a pas de solution militaire. Nous demandons qu’il n’y ait plus de familles endeuillées et qu’un cessez-le-feu soit instauré pour sauver des vies.

Jewish Voice for Peace
https://www.jewishvoiceforpeace.org/2023/10/27/no-more-grieving-families/
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« À Gaza, personne ne peut prétendre « Je ne savais pas »,
dénonce le commissaire général de l’UNRWA

Philippe Lazzarini est commissaire général de l’Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine (UNRWA). Le 27 octobre, il alertait sur la situation dramatique à Gaza, lors d’une conférence de presse à Jérusalem-Est. Voici son propos.

En ce moment même, les gens de Gaza meurent. Ils ne meurent que de bombardements et de frappes. Bientôt, beaucoup d’autres mourront des conséquences du siège imposé à la bande de Gaza. Les services de base s’effritent.

Les médicaments sont épuisés. La nourriture et l’eau s’épuisent. Les rues de Gaza ont commencé à déborder d’eaux usées. Gaza est au bord d’un énorme danger sanitaire, car les risques de maladies se profilent.

Il y a quelques jours, j’ai averti que nous ne pourrons pas poursuivre nos opérations humanitaires si nous n’obtenons pas de carburant. Mon avertissement tient toujours. Au cours des derniers jours, l’UNRWA a considérablement limité sa consommation de carburant. Cela a eu un coût. Notre équipe a dû prendre des décisions difficiles qu’aucun travailleur humanitaire ne devrait prendre.

Qu’est-ce qui a besoin de plus de soutien ? Les boulangeries ? Les machines de survie dans les hôpitaux ? Les usines d’eau ? Elles ont toutes besoin de carburant pour fonctionner. Le siège signifie que la nourriture, l’eau et le carburant – des produits de base – sont utilisés pour punir collectivement plus de 2 millions de personnes, dont une majorité d’enfants et de femmes.

Le peuple de Gaza se sent rejeté, aliéné et abandonné
Il y a eu des négociations intensives et une diplomatie de navettes sans fin pour ouvrir une ligne d’approvisionnement humanitaire. Jusqu’à présent, elles n’ont donné lieu qu’à une poignée de convois d’aide. Cela ne changera pas le fait que Gaza est étranglée. Le peuple de Gaza se sent rejeté, aliéné et abandonné. Au cours de la dernière semaine, j’ai suivi de près le nombre de camions qui entrent dans la bande de Gaza. Beaucoup d’entre nous ont vu dans ces camions une lueur d’espoir.

Cela devient cependant une distraction ; ces quelques camions ne sont rien de plus que des miettes qui ne feront pas de différence pour 2 millions de personnes. Nous devrions éviter de transmettre le message que quelques camions par jour signifient que le siège est levé pour l’aide humanitaire. Ce n’est pas le cas. Le système actuel est voué à l’échec. Ce qu’il faut, c’est un flux d’aide significatif et ininterrompu. Pour réussir, nous avons besoin d’un cessez-le-feu humanitaire pour que cette aide parvienne aux personnes dans le besoin. Ce n’est pas trop demander.

Les civils ont déjà payé un prix ahurissant, plus d’un million de personnes déplacées, des quartiers entiers rasés, des milliers de morts, des milliers de blessés et presque plus d’hôpitaux. Sous notre regard. Chaque jour devient un jour triste pour les Nations unies et l’UNRWA, alors que le nombre de nos collègues tués augmente.

Aujourd’hui (vendredi 27 octobre – NDLR), au moins 53 de mes collègues ont été confirmés morts. En une journée, nous avons reçu des confirmations que 15 personnes avaient été tuées. Ce sont des mères et des pères. Des gens merveilleux qui ont consacré leur vie à leur collectivité. S’ils n’étaient pas à Gaza, ils auraient pu être vos voisins. Un collègue est mort alors qu’il allait chercher du pain dans une boulangerie. Il a laissé six enfants.

Pendant ce temps, nous avons des milliers de collègues de l’UNRWA qui, malgré le fait qu’ils partagent la même perte, la même peur et la même lutte quotidienne que des millions de Gazaouis, enfilent leur gilet de l’ONU et vont travailler.

Ce sont nos vrais héros, ce sont nos équipes qui se rendent à la frontière tard le soir après le dédouanement et l’approbation des convois. Elles transportent les boîtes et déchargent les camions dans le noir, sous un ciel rempli de frappes aériennes et de bombardements. Mes collègues de Gaza sont le visage de l’humanité pendant l’une de ses heures les plus sombres.

Ils absorbent l’anxiété et la colère des personnes déplacées dans les abris de l’UNRWA. Mes collègues de l’UNRWA sont en colère, affamés et frustrés, ce qui est compréhensible. Cette guerre a commencé il y a presque trois semaines et les gens sont en train de tourner leur désespoir vers l’UNRWA. C’est normal. Nous sommes le visage de la communauté internationale, la même communauté internationale qui semble avoir tourné le dos aux Gazaouis.

Je suis attristé que l’aide humanitaire, un droit fondamental pour les gens, soit constamment remise en question alors que le désespoir est en direct sous notre surveillance.

L’ordre civil s’effondre
Mes collègues de Gaza signalent que les derniers services publics qui restent s’effondrent, que notre opération d’aide s’effondre et que, pour la première fois, ils alertent sur le fait que les gens ont maintenant faim. L’ordre civil s’effondre, et la colère commence à se diriger vers mes collègues. Combien de temps pourrons-nous durer ? Pas plus de quelques jours.

Nombreux sont ceux qui soutiennent que l’aide ne peut pas entrer à cause du détournement de l’aide. Soyons clairs. Nous avons de solides mécanismes de surveillance. L’UNRWA est un fournisseur direct d’aide aux personnes dans le besoin. Tous nos fournisseurs et partenaires font l’objet d’un examen de la liste des sanctions. Nous fournissons de l’aide à ceux qui en ont le plus besoin. Nos convois et leurs itinéraires sont avisés et réglés. L’UNRWA ne détourne pas et ne détournera pas l’aide humanitaire entre de mauvaises mains.

Enfin, vous avez entendu nos appels répétés pour que les règles de la guerre soient également appliquées à cette guerre. Cela signifie appliquer le droit international humanitaire, y compris le principe de proportionnalité et de distinction. Les civils doivent être épargnés – hôpitaux, écoles, locaux de l’ONU accueillant des centaines de milliers de personnes déplacées en quête de sécurité.

Pour ce faire, nous devons voir le visage humain des civils de Gaza. Mettre un signe d’égalité entre Gaza et le Hamas est très dangereux et trompeur. C’est une équation visant à humaniser les gens, à rendre justifiable l’injustifiable. Garder notre humanité signifie montrer que les gens de Gaza méritent notre empathie et notre compassion.

Personne ne peut prétendre « je ne savais pas », car des images, des images et des voix de souffrances indicibles continuent de sortir à l’heure actuelle de Gaza. Nous ne pouvons plus fermer les yeux sur cette tragédie humaine. Des millions de personnes se demandent, surtout dans cette région, encore plus à Gaza, pourquoi le monde n’a pas la volonté d’agir et de mettre fin à cet enfer sur terre.

Ils méritent une réponse. La retarder accentuera la polarisation dans la région et augmentera le risque de retombées régionales.

Enfin, en tant que commissaire général, j’ai l’intention de me rendre à Gaza pour exprimer ma solidarité et faire entendre la voix des communautés et de notre personnel. Gaza est l’endroit où j’étais lorsque j’ai commencé ma carrière humanitaire, il y a plus de trente ans. C’est là que je dois être aujourd’hui.

L’Humanité du 29 octobre 2023
Philippe Lazzarini – Commissaire général de l’Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine (UNRWA)
https://assawra.blogspot.com/2023/10/gaza-personne-ne-peut-pretendre-je-ne.html

*-*

L’interdiction générale des rassemblements en faveur de la paix
https://www.ldh-france.org/linterdiction-generale-des-rassemblements-en-faveur-de-la-paix/
Michel Warschawski : « Nous avons dépassé les crimes de guerre à Gaza »
http://www.europe-solidaire.org/spip.php?article68448
Déclaration publique : Les chercheurs mettent en garde contre un génocide potentiel à Gaza
Public Statement: Scholars Warn of Potential Genocide in Gaza
https://opiniojuris.org/2023/10/18/public-statement-scholars-warn-of-potential-genocide-in-gaza/

Auteur : entreleslignesentrelesmots

notes de lecture

2 réflexions sur « Personne ne peut prétendre « Je ne savais pas » (+ autres textes) »

  1. HALTE AU MASSACRE À GAZA !
    LA FRANCE DOIT EXIGER UN CESSEZ-LE FEU IMMÉDIAT

    L’armée israélienne soumet la Bande de Gaza à des bombardements d’une violence inouïe et à un blocus total qui prive la population d’eau, de nourriture, de médicaments. Les hôpitaux, lorsqu’ils fonctionnent, opèrent aujourd’hui sans anesthésiques.

    En Cisjordanie occupée, la population palestinienne est soumise à la violence redoublée de l’armée et des colons ainsi qu’à un bouclage du territoire.

    Nous demandons un cessez-le-feu immédiat à Gaza, la fin des bombardements, des offensives terrestres et des déplacements forcés de populations, ainsi que la levée immédiate du blocus. Nous exigeons que la France s’engage activement dans ce sens.

    Nous rendons hommage à l’ensemble des populations civiles, palestiniennes et israéliennes, victimes de crimes de guerre.

    Une paix juste et durable ne sera possible que dans le cadre de la reconnaissance des droits du peuple palestinien, de l’arrêt de la colonisation et de la fin de l’occupation israélienne, dans le respect de l’ensemble des résolutions de l’ONU.

    Cessez-le feu immédiat !
    Arrêt des bombardements et des déplacements forcés de la population !
    Levée immédiate du blocus !
    Protection du peuple palestinien à Gaza et en Cisjordanie !

    Les libertés d’expression et de manifestation, libertés démocratiques fondamentales, doivent être respectées.

    Nous appelons à nous rassembler sur les bases de cet appel et à organiser, en solidarité avec le peuple palestinien, des marches contre la guerre partout en France le samedi 4 novembre.

    Paris, le 30 octobre 2023

    Membres du Collectif National pour une Paix Juste et Durable entre Palestiniens et Israéliens signataires de l’appel

  2. Arrêtez de tuer, respectez la vie, libérez les otages

    Depuis plus de trois semaines, notre entendement est déforcé. Les sentiments se bousculent dans les têtes et les raisonnements assèchent les cœurs. Ecœurement, paralysie, angoisse, tristesse, enragement, questionnement, collision, révolte, traumatisme, absurdité, mésintelligence, la liste de ce qui nous traverse est aussi longue que la vie elle-même, la cruauté de la guerre nous est lancée à la gueule comme on jette un os à un chien affamé.

    La mort a remplacé la vie. Les femmes, les hommes et les enfants sont supplantés par des cadavres. La condition humaine s’est déshumanisée, même les tués disparaissent avec un déni de reconnaissance, de respect et de dignité : leur quantification annihile les souffrances, les hommages et les deuils. La terreur s’est universalisée. Quelle logique, quelle cohérence de trouver un sens à tuer ? Qui choisit entre la vie et la vérité ? Sommes-nous tous devenus des juges ? Quelle valeur a une vie ? La mort a-t-elle un quelconque intérêt ? L’émotion générale convint-elle du bienfondé des décisions politiques, militaires ou militantes ? Le nombre des questions légitimes, indispensables, équitables, judicieuses, pertinentes, confuses, émotives, logiques, s’impose et exige des réponses, encore faut-il que la condition première à ces questions soit respectée : être en vie

    Sommes-nous en train d’assister à un suicide collectif ? Le monde des Lumières sombre-t-il dans l’obscurantisme ?

    La gravité, la laideur, l’indignation n’a ni race, ni couleur, ni religion, ni nationalité quand une personne est rabaissée au rang de chose. L’aveuglement et l’impudeur bafouent le droit de la décence, du respect, de la protection de chacune et chacun à être libre, et à être doté d’une histoire, quels que soient ses origines, son statut social, ses performances physiques et intellectuelles. La retenue dans les manières de guerroyer s’impose au-delà des principes tardivement reconnus après la Seconde guerre mondiale. L’interdiction de répandre la barbarie relève de notre humanisme partagé, de notre intelligence à préférer le souffle ou repos éternel.

    Conserver une part juvénile de naïveté, d’utopie, d’interrogations, de doute, d’incertitudes, de générosité, de sincérité, de courage, de pardon, de désintérêt ne fait pas des adultes, des imbéciles ou des irresponsables, juste des gens dotés d’un cœur et d’une tête, conscients que nous vivons avec des contradictions, des qualités et des défauts qui parfois s’opposent, parfois s’entendent, mais se rejoignent pour partager avec le plus grand nombre de nos semblables, instruction, éducation, indépendance, droit de créer, de procréer, de s’exprimer, de circuler, de manifester en toute liberté et en toute sécurité.

    Bref, tout cela pour dire et demander à celles et ceux qui privilégient la valeur de l’existence, de , si je ne me trompe pas, suivons le conseil de Camus, si la vie n’a pas de sens, à nous de lui en donner un . Regroupons-nous, et appelons à la vie et non à la peste.

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