Stop à l’inhumain. Cessez-le-feu immédiat, libération des otages, protection des populations civiles (+ autres textes)

  • Halte au massacre à Gaza ! La France doit exiger un cessez-le feu immédiat
  • LDH : Stop à l’inhumain. Cessez-le-feu immédiat, libération des otages, protection des populations civiles
  • Frappes sur Gaza : « Vous n’aurez pas le silence des juifs de France »
  • Cabrioles : Un cas d’école de génocide – Raz Segal
  • Yuval Abraham : Expulser tous les Palestinien·nes de Gaza, recommande le ministère du gouvernement israélien
  • Oren Ziv : Les Palestinien·nes racontent les tortures infligées par les colons et l’armée, alors que les expulsions de Cisjordanie se multiplient
  • MSCPA : Appel à la Paix et à la Réalisation du Droit à l’Alimentation en Palestine
  • Laurent Thines : Ne nous reste-il que des mots ballants pour porter à bout de phrases notre humanité ?
  • Israël/Palestine : L’offensive terrestre israélienne menace les civils
  • Les hostilités entre Israël et la Palestine affectent les droits en Europe
  • Pierre Galand : Nakba : not in my name !
  • Déclaration du Mouvement Socialiste Russe sur La Palestine : « La violence coloniale, les idées sur la pureté ethnique et les mythes nationaux sur les « territoires historiques » appartenant à une seule communauté imaginaire ne peuvent produire que de la violence »
  • Un appel de chercheurs japonais spécialistes des Etudes sur le Moyen-Orient à un immédiat cessez-le-feu et à un soutien humanitaire pour Gaza
  • Intervention de la Confédération Générale du Travail (CGT) au rassemblement pour la paix à Paris, Dimanche 22 Octobre 2023
  • Carol Mann : Quand une guerre débute par un féminicide collectif, en souvenir de Shani Louk
  • Jewish Voice for Peace : Premiers pas pour défendre la liberté des Palestinien·nes
  • Pierre Mouterde : Un déchirant sentiment d’impuissance
  • Olivier Bastien : Réduire l’autre à l’inhumain afin de justifier son élimination
  • Les vies palestiniennes comptent aussi : l’universitaire juive Judith Butler condamne le « génocide » d’Israël à Gaza
  • Sit-in pour la Palestine à l’Université McGill et pour dénoncer la répression par l’administration de l’université 
  • 27 octobre : Des familles d’Outremont manifesteront devant le bureau de Rachel Bendayan pour demander un cessez-le-feu 
  • Hamdan Mohammed Al-Huraini : Cisjordanie. Les milices de colons-soldats sont de plus en plus menaçantes contre les communautés rurales. Elles cherchent à les chasser 
  • Le Haut Commissaire aux droits de l’homme de New York vient de rédiger une dernière missive exprimant ses préoccupations concernant les violations des droits de l’homme infligées à la population de Gaza
  • Un trentenaire de Rafah, qui a perdu sa femme, ses deux enfants, ses parents et ses frères lorsque l’immeuble familial a été bombardé, a raconté dans un témoignage qu’il a donné à Muhammad Sabah, chercheur de terrain de B’Tselem, le 30 octobre 2023
  • Défendre les libertés d’expression sur la Palestine : un enjeu académique
  • Defending Freedom of Expression on Palestine: An Academic Issue
  • Lettre urgente du Syndicat des journalistes palestinien.ne.s sur la situation dans la bande de Gaza
  • Une catastrophe qui renvoie aux guerres à répétition, au massacre présent et à leurs conséquences sur le long terme

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Halte au massacre à Gaza !
La France doit exiger un cessez-le feu immédiat

L’armée israélienne soumet la Bande de Gaza à des bombardements d’une violence inouïe et à un blocus total qui prive la population d’eau, de nourriture, de médicaments. Les hôpitaux, lorsqu’ils fonctionnent, opèrent aujourd’hui sans anesthésiques.

En Cisjordanie occupée, la population palestinienne est soumise à la violence redoublée de l’armée et des colons ainsi qu’à un bouclage du territoire.

Nous demandons un cessez-le-feu immédiat à Gaza, la fin des bombardements, des offensives terrestres et des déplacements forcés de populations, ainsi que la levée immédiate du blocus. Nous exigeons que la France s’engage activement dans ce sens.

Nous rendons hommage à l’ensemble des populations civiles, palestiniennes et israéliennes, victimes de crimes de guerre. Chaque vie compte.

Une paix juste et durable ne sera possible que dans le cadre de la reconnaissance des droits du peuple palestinien, de l’arrêt de la colonisation et de la fin de l’occupation israélienne, dans le respect de l’ensemble des résolutions de l’ONU.

Cessez-le feu immédiat !
Arrêt des bombardements et des déplacements forcés de la population !
Levée immédiate du blocus !

Protection du peuple palestinien à Gaza et en Cisjordanie !

Les libertés d’expression et de manifestation, libertés démocratiques fondamentales, doivent être respectées.

Nous appelons à nous rassembler sur les bases de cet appel et à organiser, en solidarité avec le peuple palestinien, des marches contre la guerre partout en France le samedi 4 novembre.

Paris, le 31 octobre 2023

Membres du Collectif National pour une Paix Juste et Durable entre Palestiniens et Israéliens signataires de l’appel
Agir Contre le Colonialisme Aujourd’hui (ACCA) – AFD International – AILES Femmes du Maroc – Américains contre la guerre (AAW) – Association des Travailleurs Maghrébins de France (ATMF) – Association des Tunisiens en France (ATF) – Association France Palestine Solidarité (AFPS) – Association Nationale des Elus Communistes et Républicains (ANECR) – Association pour la Taxation des Transactions financières et pour l’Action Citoyenne (ATTAC) – Association pour les Jumelages entre les camps de réfugiés Palestiniens et les villes Françaises (AJPF) – Association des Universitaires pour le Respect du Droit International en Palestine (AURDIP) – Cedetim / IPAM – Collectif des Musulmans de France (CMF) – Collectif Faty Koumba : Association des Libertés, Droits de l’Homme et non-violence – Collectif Judéo-Arabe et Citoyen pour la Palestine (CJACP) – Collectif Paix Palestine Israël (CPPI Saint-Denis – Comité de Vigilance pour une Paix Réelle au Proche-Orient (CVPR PO) – Comité Justice et Paix en Palestine et au Proche-Orient du 5e arrt (CJPP5) – Confédération générale du Travail (CGT) – Droit-Solidarité – Ensemble! Mouvement pour une alternative de gauche écologiste et solidaire – Europe Ecologie les Verts (EELV) – Fédération des Tunisiens pour une Citoyenneté des deux Rives (FTCR) – Fédération Syndicale Unitaire (FSU) – Forum Palestine Citoyenneté – Génération Palestine – La Courneuve-Palestine – La France Insoumise (LFI) – le Mouvement de la Paix – les Femmes en noir (FEN) – Ligue Internationale des Femmes pour la Paix et la Liberté, section française de la Women’s International League for Peace and Freedom (WILPF) (LIFPL) – Mouvement contre le Racisme et pour l’Amitié entre les Peuples (MRAP) – Nouveau Parti Anticapitaliste (NPA) – Organisation de Femmes Egalité – Parti Communiste des Ouvriers de France (PCOF) – Parti Communiste Français (PCF) – Parti de Gauche (PG) – Participation et Spiritualité Musulmanes (PSM) – Sortir du colonialisme – Union des communistes libertaires (UCL) – Union des Travailleurs Immigrés Tunisiens (UTIT) – Union Juive Française pour la Paix (UJFP) – Union Nationale des Etudiants de France (UNEF) – Union syndicale Solidaires

Télécharger le communiqué du CNPJDPI : CNPJDPI_ Appel national du 31_octobre avec signatures

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Palestine

03_11_2023 Soutien PALESTINE -USTKE_C_O_

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Stop à l’inhumain. Cessez-le-feu immédiat,
libération des otages, protection des populations civiles

Communiqué LDH et appel à participer aux marches contre la guerre samedi 4 novembre partout en France

Depuis le 7 octobre 2023, un nouveau cycle de violences s’est enclenché sur les territoires d’Israël et de Palestine.

D’abord l’horreur des commandos du Hamas qui ont tué, dans des actes de terrorisme d’une violence inouïe, plus de 1 400 personnes et en ont enlevé plus de 200 autres de différentes nationalités qu’ils détiennent encore en otage. Puis la réaction du gouvernement israélien qui bombarde depuis des jours le territoire de Gaza, force les populations à fuir plus au sud, empêche l’aide humanitaire d’entrer autrement qu’au compte-goutte.

De massacres en bombardements aveugles, de vengeances en représailles, les innocents meurent par milliers. Le gouvernement israélien doit cesser de confondre le droit de se défendre avec la loi du talion, c’est-à-dire avec une réponse à l’inhumain par l’inhumain.

L’urgence est d’arrêter le cycle infernal des crimes de guerre, des tueries et des massacres.

Pour empêcher que des dizaines de milliers de civils ne meurent, sans soins, ne soient opérés sans anesthésie, privés d’eau et de nourriture, il n’y a aujourd’hui qu’une solution : cessez-le-feu immédiat, libération de tous les otages, fin du blocus et protection des populations civiles sous l’égide de l’ONU. Plus globalement, pour arrêter la course à l’abîme, il faut en finir avec les doubles standards : une vie vaut une vie, les Israéliens et les Palestiniens ont les mêmes droits et notamment celui à un Etat viable et sûr. Comme l’a rappelé le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres, « aucune partie à un conflit armé ne peut se considérer au-dessus du droit international », qui est le même pour toutes et tous à commencer par le droit international humanitaire. L’ensemble des résolutions de l’ONU doivent enfin être appliquées et il doit être mis fin à la colonisation.

C’est la seule route vers la paix et la sécurité pour toutes et tous.

Les Etats-Unis et l’Union européenne ont les moyens de faire pression pour en finir avec la surenchère meurtrière, de faire pression pour le cessez-le-feu, pour le retour au respect du droit.

Dès maintenant, la France, dans le prolongement de la résolution de l’Assemblée générale de l’ONU qui a exigé le 27 octobre dernier une trêve humanitaire, et l’Union européenne dans son ensemble, doivent donner l’exemple. Les citoyennes et citoyens, les sociétés civiles, doivent faire pression sur leurs gouvernants pour construire la paix, pour le droit, pour la justice.

Nous ne lâcherons pas.

Ensemble nous pouvons, nous devons construire un nouveau camp pour la paix.

C’est pourquoi la LDH (Ligue des droits de l’Homme) appelle l’ensemble de celles et de ceux qui se reconnaissent dans ces valeurs à se mobiliser lors des marches contre la guerre, partout en France ce samedi 4 novembre 2023.

Paris, le 31 octobre 2023
https://www.ldh-france.org/stop-a-linhumain-cessez-le-feu-immediat-liberation-des-otages-protection-des-populations-civiles/

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Frappes sur Gaza : « Vous n’aurez pas le silence des juifs de France »

L’ONU annonce un possible nettoyage ethnique dans la bande Gaza. En tant que juifs et juives, nous sommes horrifié·es par les violations du droit international que l’Etat d’Israël mène à Gaza en toute impunité et nous refusons que ce massacre ait lieu en notre nom.

Nous comprenons et partageons la douleur et la peur ressenties par de nombreux·ses juif·ves de France suite aux crimes de guerre du Hamas. La majorité d’entre nous a de la famille en Israël, et nous souhaitons exprimer toute notre compassion aux familles des victimes des massacres du 7 octobre.

Mais cette douleur ne saurait justifier un nettoyage ethnique à Gaza. La poursuite de la guerre et de l’occupation n’amènera ni la paix, ni le retour des otages.

Gaza subit une crise humanitaire sans précédent. Suite aux attaques du 7 octobre, faisant 1 400 morts israéliens et au moins 4 600 blessés, Israël a imposé un siège total de la bande de Gaza, une forme de punition collective contraire au droit international. 200 Israélien·nes demeurent pris·es en otage à Gaza, et leur sort importe moins au gouvernement israélien que l’écrasement des Palestinien·nes.

Deux millions de Gazaouis se trouvent privé·es d’eau, de nourriture, et d’électricité. Des organisations de défense des droits humains ont documenté l’utilisation de phosphore blanc. Des hôpitaux, mais aussi des lieux de culte où se réfugient des Gazaouis, ont été bombardés.

Un cessez-le-feu immédiat
A l’heure où nous écrivons, au moins 8 000 Palestinien·nes y ont été tué·es, dont près de 3 000 enfants. La répression à l’égard des Palestinien·nes en Cisjordanie s’est également intensifiée ces deux dernières semaines, avec plus de 100 personnes tué·es par des colons ou l’armée israélienne. Plus de 13 000 Gazaouis ont été blessé·es par les frappes aériennes israéliennes et plus d’un million de personnes déplacées.

Nous demandons un cessez-le-feu immédiat et la fin de l’impunité israélienne. Il est urgent d’amener le gouvernement israélien à cesser sa campagne de bombardements et de l’empêcher d’entamer une offensive terrestre qui risquerait de déclencher un embrasement régional.

Cette violence punitive et ces crimes de guerre ont été annoncés par les officiels du gouvernement israélien par le biais de déclarations déshumanisantes et sont soutenus par nos dirigeant·es en France. Nous rejoignons nos frères et sœurs juif·ves aux Etats-Unis, au Royaume-Uni, en Israël et ailleurs, qui ont dénoncé le soutien inconditionnel de leurs gouvernements à l’offensive israélienne contre Gaza, et nous rappelons que l’expression de la solidarité avec le peuple palestinien en tant que peuple opprimé est un droit et une liberté politique.

En affirmant de manière inconditionnelle le droit d’Israël à se défendre, et en votant contre une résolution de l’ONU appelant à un cessez-le-feu, le gouvernement français se fait complice d’un nettoyage ethnique à Gaza.

Nous réclamons :
* L’arrêt immédiat des bombardements israéliens et le retrait des forces armées israéliennes de Gaza
* La levée du blocus et du siège de Gaza
* Des négociations pour la libération des otages et des prisonniers politiques
* Des sanctions internationales contre l’Etat israélien

Premiers signataires : 
Michaël Löwy, sociologue, Ariella Aïsha Azoulay, professeur de culture & médias modernes et littérature comparée, Sonia Dayan-Herzbrun, sociologue, Tal Madesta, journaliste et auteur, Yael Lerer, éditrice et traductrice, Rony Brauman, médecin, ancien président de Médecins sans frontières (MSF), Albert Levy, juriste, Simon Bitton, cinéaste, Tal Dor, sociologue CENS /LEGS, Gérard Haddad, psychanalyste et essayiste, Marie-José Mondzain, philosophe, Alice Pfeiffer, journaliste et autrice, Eyal Sivan, réalisateur

La liste complète des signataires est à retrouver ici.
https://www.liberation.fr/idees-et-debats/tribunes/frappes-sur-gaza-vous-naurez-pas-le-silence-des-juifs-de-france-20231031_LJEAHTHDXNFPHJGGTG6NRHDHII/
https://www.change.org/p/frappes-sur-gaza-vous-n-aurez-pas-le-silence-des-juifs-de-france

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Un cas d’école de génocide – Raz Segal

Raz Segal est un historien israélien et professeur d’études sur l’Holocauste et les génocides à l’université de Stockton et titulaire d’une chaire d’études sur les génocides modernes.

Note de Cabrioles : Nous aurions aimé ces dernières semaines trouver les forces nécessaires pour visibiliser la situation palestinienne tout en réalisant un dossier sur la pandémie dans le contexte colonial palestinien.

Nous aurions sûrement traduit des articles de The Pandemic and Palestine, le numéro du Journal of Palestine Studies de 2020 dédié à la pandémie. Peut-être des extraits de l’interview que sa coordinatrice Danya Qato avait donné à nos camarades de Death Panel. Fouiller dans les articles de Nadia Naser-Najjab qui a donné une conférence The Darkest Side of Covid-19 in Palestine et publiera en 2024 un livre intitulé Covid-19 in Palestine, The Settler Colonial Context. Enfin nous vous aurions invité à relire l’interview de Danya Cato traduite en 2020 dans À l’encontre et cet article d’ACTA paru en avril 2020 : Le peuple palestinien entre pandémie, harcèlement colonial et autodéfense sanitaire.

Mais ces forces nous font pour le moment défaut. Pour autant nous ne pouvons nous taire sur ce qui se passe au Moyen Orient ces dernières semaines. Notre voix est faible, mais dans ces moments d’effondrement général il semblerait que chaque voix compte. La pandémie de Covid-19 nous a mis face à deux phénomènes majeurs : la production industrielle de l’insensibilisation à la mort de masse et la complaisance abyssale de la gauche avec l’antisémitisme. 

Le premier a de multiples racines dont les principales sont le colonialisme et le racisme meurtrier qui structurent le capitalisme racial et ses ressorts eugénistes. Racisme, validisme et eugénisme sont historiquement inextricables. Les plus de 300 morts par jour de novembre 2020 à avril 2021, et les dizaines de milliers qui ont précédées et suivies, ont pu être d’autant plus facilement acceptées et oubliées qu’elles touchaient d’abord les classes populaires racisées, et que depuis des années nous avions été habitué·es au décompte des morts dans la méditerranée de personnes en exil. En les déshumanisant, en en faisant un rebut. 

Le second phénomène, l’antisémitisme au sein de la gauche, nourrit les rapprochements et dangers les plus corrosifs à force d’être nié par celle-ci. Nous avons vu de larges pans de la gauche et des mouvements révolutionnaires défilés aux côté d’antisémites assumés, prendre leur défense, relativiser le génocide des Juifves d’Europe. Nous avons vu nombres de camarades se rapprocher de formations fascisantes en suivant cette voie. À travers l’antisémitisme la déshumanisation des Juifves opère en en faisant non un rebut mais un groupe prétendument homogène qui détiendrait le pouvoir, suscitant des affects de haine d’autant plus féroces.

Ces deux phénomènes ont explosé ces dernières semaines. À l’animalisation des palestinien·nes en vue de leur nettoyage ethnique est venue répondre la culpabisation par association de toute la population israélienne, si ce n’est de tous les Juifves de la terre, aux massacres perpétués par le gouvernement d’extrême-droite de l’État d’Israël et les forces capitaliste occidentales.

La projet de colonisation de la Palestine est né des menées impérialistes de l’occident capitaliste et de l’antisémitisme meurtrier de l’Europe. Ils ne pourront être affrontés séparément. Les forces fascisantes internationales qui prétendent désormais sauver le capitalisme des désastres qu’il a produit par un nationalisme et un suprémacisme débridé, se nourrissent de l’intensification de tous les racismes – islamophobie, antisémitisme, négrophobie, antitsiganisme, sinophobie… – en vue de capturer les colères et de désigner comme surplus sacrifiables des parts de plus en plus larges de la population.

En France l’extrême-droite joue habilement de l’islamophobie et de l’antisémitisme structurels, présents jusque dans les rangs de la gauche radical, en potentialisant leurs effets par un jeu de miroirs explosif. 

Face à cela il nous faut un front uni qui refuse la déshumanisations des morts et des otages israelien·nes tout en attaquant le système colonial qui domine et massacrent les palestinien·nes. Il nous faudra également comprendre l’instrumentalisation historique des Juifves et de l’antisémitisme par l’impérialisme occidental dans la mise en place de ce système.

Nous n’avons pas trouver les forces de faire ce dossier. Nous republions donc ce texte important de l’historien israélien Raz Segal paru il y a maintenant deux semaines dans la revue Jewish Current. Deux semaines qui semblent aujourd’hui une éternité. Il nous faut nous organiser pour combattre de front la montée incendiaire de l’antisémitisme et de l’islamophobie. Et faire entendre haut et fort :

Un génocide est en cours en Palestine.
Tout doit être fait pour y mettre un terme.
https://cabrioles.substack.com/p/un-cas-decole-de-genocide-raz-segal

*-*
Un cas d’école de génocide
Israël a été explicite sur ce qu’il fait à Gaza.
Pourquoi le monde n’écoute-t-il pas ?

https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2023/10/16/btslem-stop/

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Expulser tous les Palestinien·nes de Gaza,
recommande le ministère du gouvernement israélien

Un document du ministère du Renseignement révélé par Local Call et +972 montre comment l’idée d’un transfert de population vers le Sinaï fait son chemin dans les discussions officielles.

Le ministère israélien du Renseignement recommande le transfert forcé et permanent des 2,2 millions de résident·es palestinien·nes de la bande de Gaza vers la péninsule égyptienne du Sinaï, selon un document officiel révélé dans son intégralité pour la première fois par le site partenaire de +972, Local Call, hier.

Le document de 10 pages, daté du 13 octobre 2023, porte le logo du ministère du Renseignement – un petit organisme gouvernemental qui produit des recherches politiques et partage ses propositions avec les agences de renseignement, l’armée et d’autres ministères. Il évalue trois options concernant l’avenir des Palestinien·nes dans la bande de Gaza dans le cadre de la guerre actuelle, et recommande un transfert complet de population comme ligne de conduite privilégiée. Il demande également à Israël d’obtenir le soutien de la communauté internationale dans cette entreprise. Le document, dont l’authenticité a été confirmée par le ministère, a été traduit intégralement en anglais sur +972.

L’existence du document n’indique pas nécessairement que ses recommandations sont prises en compte par l’establishment de la défense israélienne. Malgré son nom, le ministère du Renseignement n’est pas directement responsable d’un organe de renseignement, mais prépare de manière indépendante des études et des documents d’orientation qui sont distribués au gouvernement israélien et aux agences de sécurité pour examen, mais ne sont pas contraignants. Le budget annuel du ministère est de 25 millions de NIS et son influence est considérée comme relativement faible. Il est actuellement dirigé par Gila Gamliel, membre du parti Likoud du Premier ministre Benjamin Netanyahu.

Toutefois, le fait qu’un ministère du gouvernement israélien ait préparé une proposition aussi détaillée dans le cadre d’une offensive militaire de grande envergure sur la bande de Gaza, à la suite de l’assaut meurtrier du Hamas et des massacres perpétrés dans les communautés du sud d’Israël le 7 octobre, montre que l’idée d’un transfert forcé de population est en train d’être élevée au rang de discussion politique officielle. La crainte de tels plans – qui constitueraient un crime de guerre grave au regard du droit international – s’est accrue ces dernières semaines, notamment après que l’armée israélienne a ordonné à environ un million de Palestinien·nes d’évacuer le nord de la bande de Gaza avant l’escalade des bombardements et les incursions terrestres progressives.

Le document recommande à Israël d’agir pour « évacuer la population civile vers le Sinaï » pendant la guerre, d’établir des villages de tentes, puis des villes plus permanentes dans le nord du Sinaï qui absorberont la population expulsée, et de créer ensuite « une zone stérile de plusieurs kilomètres … à l’intérieur de l’Égypte, et [d’empêcher] le retour de la population à des activités/résidences à proximité de la frontière avec Israël ». Dans le même temps, les gouvernements du monde entier, et en premier lieu les États-Unis, doivent être mobilisés pour mettre en œuvre cette initiative.

Une source du ministère des renseignements a confirmé à Local Call/+972 que le document était authentique, qu’il avait été distribué à l’establishment de la défense par la division politique du ministère et qu’il « n’était pas censé atteindre les médias ».

Faire comprendre qu’il n’y a pas d’espoir de retour
Le document recommande explicitement et sans équivoque le transfert des civil·es palestinien·nes de Gaza comme résultat souhaité de la guerre. L’existence de ce plan a été rapportée pour la première fois la semaine dernière par le journal économique israélien Calcalist, et le texte intégral du document est publié et traduit ici.

Le plan de transfert est divisé en plusieurs étapes. Dans un premier temps, des mesures doivent être prises pour que la population de Gaza « évacue vers le sud », tandis que les frappes aériennes se concentrent sur le nord de la bande de Gaza. Dans un deuxième temps, une incursion terrestre dans la bande de Gaza commencera, conduisant à l’occupation de toute la bande du nord au sud, et au « nettoyage des bunkers souterrains des combattants du Hamas ».

Parallèlement à la réoccupation de Gaza, les civil·es palestinien·nes seront déplacé·es vers le territoire égyptien et ne seront pas autorisé·es à y retourner. « Il est important de laisser ouvertes les voies de circulation vers le sud pour permettre l’évacuation de la population civile vers Rafah », précise le document.

Selon un fonctionnaire du ministère des renseignements, le personnel du ministère soutient ces recommandations. La source a souligné que les recherches du ministère « ne sont pas basées sur le renseignement militaire » et servent uniquement de base aux discussions au sein du gouvernement.

Le document propose de promouvoir une campagne ciblant les civil·es palestinien·nes de Gaza afin de les « motiver à accepter ce plan » et de les amener à céder leurs terres. « Les messages devraient tourner autour de la perte de la terre, en montrant clairement qu’il n’y a aucun espoir de retourner dans les territoires qu’Israël occupera bientôt, que cela soit vrai ou non. L’image doit être la suivante : ‘Allah a fait en sorte que vous perdiez cette terre à cause des dirigeants du Hamas – vous n’avez pas d’autre choix que de vous installer ailleurs avec l’aide de vos frères musulmans’ », peut-on lire dans le document.

En outre, le document encourage le gouvernement à mener une campagne publique dans le monde occidental pour promouvoir le plan de transfert « d’une manière qui n’incite pas ou ne vilipende pas Israël ». Il s’agirait de présenter l’expulsion de la population de Gaza comme une nécessité humanitaire afin de gagner le soutien de la communauté internationale, en faisant valoir que la relocalisation entraînera « moins de pertes parmi la population civile que si la population restait sur place ».

Le document indique également que les États-Unis devraient être associés au processus afin de faire pression sur l’Égypte pour qu’elle absorbe les résident·es palestinien·nes de Gaza, et que d’autres pays européens – en particulier la Grèce et l’Espagne – ainsi que le Canada devraient contribuer à l’absorption et à l’installation des réfugié·es palestinien·nes. Le ministère des renseignements a déclaré que le document n’avait pas encore été officiellement distribué aux responsables américains, mais seulement au gouvernement israélien et aux agences de sécurité.

Un débat politique plus large
La semaine dernière, l’institut Misgav, un groupe de réflexion de droite dirigé par Meir Ben-Shabbat, proche collaborateur du Premier ministre Netanyahu et ancien chef du Conseil national de sécurité d’Israël, a publié un document de synthèse appelant lui aussi au transfert forcé de la population de Gaza vers le Sinaï. L’institut a récemment supprimé l’article de Twitter et de son site web après s’être attiré les foudres de la communauté internationale.

L’étude supprimée a été rédigée par Amir Weitmann, un militant du Likoud et, selon des sources qui lui sont familières, un proche collaborateur du ministre du renseignement Gila Gamliel. La semaine dernière, sur une page Facebook intitulée « The Plan to Rehabilitate Gaza in Egypt », Weitmann a interviewé le député du Likoud Ariel Kallner, qui lui a dit que « la solution que vous proposez, à savoir déplacer la population en Égypte, est une solution logique et nécessaire ».

Ce n’est pas le seul lien entre le Likoud, le ministère des renseignements et le groupe de réflexion de droite. Il y a environ un mois, le ministère des renseignements s’est engagé à transférer environ 1 million de NIS de son budget à l’institut Misgav pour mener des recherches sur les pays arabes. Si l’Institut Misgav a été impliqué d’une manière ou d’une autre dans la rédaction des recommandations du ministère concernant le transfert de Gaza, son logo, au moins, n’apparaît pas sur le document.

Des sources du ministère des renseignements ont déclaré que le rapport sur Gaza était une étude indépendante menée par la division politique du ministère, sans la coopération d’une partie extérieure, mais elles ont confirmé que le ministère avait récemment commencé à travailler avec l’Institut Misgav, soulignant que l’organisme gouvernemental travaille avec divers groupes de recherche ayant des agendas politiques différents. L’institut Misgav n’a pas encore répondu aux questions posées dans le cadre de cet article.

En outre, le document du ministère du Renseignement a d’abord été divulgué dans un petit groupe WhatsApp interne de militants de droite qui, avec l’avocat du Likoud Whiteman, promeuvent le rétablissement des colonies israéliennes dans la bande de Gaza et le transfert des Palestinien·nes qui y vivent.

Selon l’un de ces militants, le document du ministère du renseignement leur est parvenu par l’intermédiaire d’une « source du Likoud », et sa diffusion publique est liée à une tentative de savoir si « le public israélien est prêt à accepter l’idée d’un transfert depuis la bande de Gaza ».

L’option privilégiée
Les chances de mise en œuvre d’un tel plan, qui équivaudrait à un nettoyage ethnique total de la bande de Gaza, sont négligeables à bien des égards. Le président égyptien Abdel Fattah el-Sisi a déclaré qu’il s’opposait fermement à l’ouverture du point de passage de Rafah pour absorber la population palestinienne de Gaza. Il a fait valoir que le déplacement des Palestinien·nes vers le Sinaï menacerait la paix entre Israël et l’Égypte, et a averti que cela conduirait les Palestinien·ne à utiliser le territoire égyptien comme base pour poursuivre les confrontations armées avec Israël. Un plan similaire a été présenté dans le passé par des responsables israéliens et, jusqu’à présent, il n’avait pas non plus abouti à une discussion politique sérieuse.

En outre, après des semaines d’informations selon lesquelles les États-Unis tentaient d’évoquer la possibilité de déplacer les Palestinien·nes vers l’Égypte dans le cadre d’un « corridor humanitaire », le président américain Joe Biden a affirmé hier que lui et Sisi s’engageaient à « garantir que les Palestinien·nes de Gaza ne soient pas déplacé·es vers l’Égypte ou tout autre pays ».

Le document du ministère du Renseignement indique que l’Égypte aura « l’obligation, en vertu du droit international, de permettre le passage de la population » et que les États-Unis peuvent contribuer au processus en « exerçant des pressions sur l’Égypte, la Turquie, le Qatar, l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis pour qu’ils contribuent à l’initiative, soit par des ressources, soit par l’absorption des personnes déplacées ». Il propose également de mener une campagne publique ciblée sur le monde arabe, en mettant l’accent sur le message d’assistance aux frères et sœurs palestinien·nes et de réhabilitation, même au prix d’un ton qui blâme Israël, voire qui lui porte préjudice.

Enfin, le document note que la « migration à grande échelle » des non-combattants des zones de combat est un « résultat naturel et recherché » qui s’est également produit en Syrie, en Afghanistan et en Ukraine, et conclut que seule l’expulsion de la population palestinienne constituera « une réponse appropriée [qui] permettra de créer une dissuasion significative dans toute la région ».

Le document présente deux autres options concernant le sort des habitant·es de Gaza au lendemain de la guerre. La première consiste à permettre à l’Autorité palestinienne (AP), dirigée par le parti Fatah en Cisjordanie occupée, de gouverner Gaza sous les auspices d’Israël. La seconde consiste à cultiver une autre « autorité arabe locale » comme alternative au Hamas. Selon le document, ces deux options ne sont pas souhaitables pour Israël d’un point de vue stratégique et sécuritaire, et ne constitueront pas un message de dissuasion suffisant, en particulier pour le Hezbollah au Liban.

Les auteurs de l’étude ont également noté que l’introduction de l’Autorité palestinienne à Gaza était l’option la plus dangereuse des trois, car elle pourrait conduire à la création d’un État palestinien. « La division entre la population palestinienne de Judée et Samarie et celle de Gaza est l’un des principaux obstacles qui empêchent aujourd’hui la création d’un État palestinien. Il est inconcevable que le résultat de cette attaque [les massacres du Hamas du 7 octobre] soit une victoire sans précédent pour le mouvement national palestinien et une voie vers la création d’un État palestinien », indique le document.

Le document affirme en outre qu’un modèle de gouvernement militaire israélien et de gouvernement civil de l’Autorité palestinienne, tel qu’il existe en Cisjordanie, est susceptible d’échouer à Gaza. « Il n’y a aucun moyen de maintenir une occupation militaire efficace à Gaza uniquement sur la base d’une présence militaire sans les colonies [israéliennes], et en peu de temps, il y aura une pression interne israélienne et internationale pour le retrait ».

Les auteurs ajoutent que dans une telle situation, l’État d’Israël « sera considéré comme une puissance coloniale avec une armée d’occupation – semblable à la situation actuelle en Judée et Samarie, mais encore pire ». Ils notent que l’Autorité palestinienne jouit d’une faible légitimité auprès du public palestinien et que, compte tenu de l’expérience antérieure d’Israël, qui a cédé le contrôle de la bande de Gaza à l’Autorité palestinienne et que le Hamas a fini par prendre le contrôle, Israël ne devrait pas « répéter la même erreur que celle qui a conduit à la situation actuelle ».

L’autre option, la formation d’une direction arabe locale pour remplacer le Hamas, n’est pas souhaitable selon le document, car il n’y a pas de mouvements d’opposition locaux au Hamas et une nouvelle direction risque d’être plus radicale. « Le scénario le plus plausible n’est pas un changement idéologique, mais plutôt l’émergence de nouveaux mouvements islamistes, peut-être encore plus extrêmes », indique le document. Les auteurs mentionnent la nécessité de « créer un changement idéologique » au sein de la population palestinienne par le biais d’un processus qu’ils comparent à une « dé-nazification », exigeant qu’Israël « dicte les programmes scolaires et impose leur utilisation à toute une génération ».

Enfin, le document affirme que si la population de Gaza reste dans la bande, il y aura « de nombreuses victimes arabes » lors de la réoccupation anticipée du territoire, ce qui nuira encore plus à l’image internationale d’Israël que l’expulsion de la population. Pour toutes ces raisons, le ministère des renseignements recommande de promouvoir le transfert permanent de tous les civil·es palestinien·nes de Gaza vers le Sinaï.

Le ministère de la Défense, le bureau du porte-parole de l’armée et l’Institut Misgav n’ont pas encore répondu aux demandes de commentaires de +972 au moment de la publication de cet article. Toute réponse reçue sera ajoutée ici.

Une version de cet article a d’abord été publiée en hébreu sur Local Call. Lire l’article ici.

Yuval Abraham, 30 octobre 2023
Yuval Abraham est un journaliste et un activiste basé à Jérusalem.
https://www.972mag.com/intelligence-ministry-gaza-population-transfer/
Traduit avec http://www.DeepL.com/Translator (version gratuite)

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Les Palestinien·nes racontent les tortures infligées par les colons et l’armée,
alors que les expulsions de Cisjordanie se multiplient

Dans l’ombre de la guerre de Gaza, Israël déplace massivement les communautés rurales palestiniennes. À Wadi al-Siq, l’épreuve a été particulièrement horrible.

Alors que la plupart des Israélien·nes sont occupé·es à pleurer les massacres perpétrés par le Hamas au début du mois et que les médias locaux et internationaux se concentrent sur Gaza et le sud d’Israël, les colons de la Cisjordanie occupée intensifient leurs efforts pour déplacer de force les communautés d’éleveurs palestiniens dans les zones rurales. Selon les données recueillies par l’organisation de défense des droits de l’homme B’Tselem, plus de 850 Palestiniens·ne – dont au moins 13 communautés entières, ainsi que des dizaines d’autres appartenant à cinq autres communautés – ont été contraints de fuir leur domicile en Cisjordanie depuis le 7 octobre.

Selon B’Tselem, la violence des colons et la pression de l’État israélien avaient déjà entraîné le déplacement forcé de trois communautés palestiniennes au début de l’année, comme l’a révélé +972 en août, et de trois autres au cours des deux dernières années. Grâce à ce processus concerté d’épuration ethnique – mené à bien par l’établissement d’avant-postes et l’expulsion des bergers de leurs pâturages traditionnels, et exacerbé par la violence quotidienne – une vaste zone s’étendant à l’est de Ramallah jusqu’à la périphérie de Jéricho a été complètement vidée de ses Palestinien·nes, tandis que des communautés isolées sont plus que jamais menacées ailleurs.

L’une des communautés expulsées de cette zone ces derniers jours est Wadi al-Siq, l’un des quelques villages où, depuis plusieurs mois, des militant·es de gauche (israélien·nes et internationaux) maintenaient une « présence protectrice » 24 heures sur 24 en raison de l’intensification des attaques des colons visant à chasser les Palestinien·nes de la région. Le mois dernier, par exemple, des colons ont fait irruption à Wadi al-Siq en prétendant qu’un berger juif avait été attaqué ; ils sont entrés dans les maisons, ont agressé les résident·es palestinien·nes et ont finalement appelé la police, qui a arrêté trois jeunes Palestinien·nes.

Bien que la présence protectrice des militant·es ait légèrement amélioré le sentiment de sécurité des Palestiniens·ne locaux, tout a changé à la suite des attaques du Hamas du 7 octobre et des bombardements israéliens sur Gaza qui ont suivi.

Nous devions fuir
L’exode des habitant·es a commencé le 11 octobre, après que l’on eut appris du village de Qusra que des colons et des soldats avaient fait irruption et tué ensemble quatre Palestiniens, dont un garçon de 13 ans. Le lendemain matin, avec le soutien de l’armée, des colons ont investi Wadi al-Siq, tirant des coups de feu en l’air et chassant les dernier·es habitant·Ês. Le village est aujourd’hui désert, son école – construite grâce à des fonds du gouvernement européen – est abandonnée.

« Nous étions [sur cette terre] depuis 45 ans », a déclaré Abdel Rahman Abu Basher, chef de la communauté. « Les colons sont venus avec l’armée, mais ce n’était pas des soldats ordinaires. Tous les colons et les soldats étaient masqués. En effet, les soldats qui ont fait irruption à Wadi al-Siq appartiennent à l’unité de la Frontière du désert qui, comme l’a révélé +972 en mai, enrôle spécifiquement les « jeunes des collines » – ceux-là mêmes qui sont connus pour leurs attaques régulières contre les Palestinien·nes dans toute la Cisjordanie.

Ils sont entrés et nous ont dit : « Allez à Gaza ou en Jordanie », a poursuivi Abu Basher. « Ils nous ont battus et ont tiré dans notre direction, y compris sur les soldats. Nous avons dû nous enfuir ; nous avons laissé derrière nous beaucoup de matériel ».

Les militant·es israélien·nes ont demandé à l’armée et à l’administration civile – l’organe militaire qui supervise les affaires civiles en Cisjordanie – de raccompagner les habitant·es dans le village pour récupérer le matériel qu’elles et ils avaient laissé derrière eux. Il a fallu cinq jours pour que la demande soit satisfaite, et lorsque les habitant·es sont arrivé·es dans leur ancien village, elles et ils ont découvert que tout avait été volé, à l’exception des bâtiments eux-mêmes. « Ils ont pris une voiture immatriculée qui a coûté 75 000 NIS, des moutons, un réservoir d’eau, du blé, de l’huile d’olive, du yaourt, tout », a déclaré Abu Basher.

Les colons et les soldats qui ont investi Wadi al-Siq ne se sont pas contentés d’expulser les derniers habitants du village. Selon les témoignages recueillis par +972 et publiés pour la première fois dans Haaretz, les soldats et les colons ont kidnappé ensemble trois Palestinien·nes et plusieurs activistes israélien·nes avant de leur faire subir de graves sévices physiques, notamment des coups violents, des brûlures de cigarettes et des tentatives d’agression sexuelle.

Les colons et les soldats ont également volé des téléphones, des cartes d’identité, de l’argent et une voiture aux personnes qu’ils ont kidnappées. Les Israélien·nes ont été relâché·es au bout de quelques heures, tandis que les Palestiniens – dont deux sont des employés de la Commission de résistance à la colonisation et au mur de l’Autorité palestinienne, et l’autre un habitant du village – ont été détenu·es jusque tard dans la soirée.

C’était comme à Guantanamo
Mohammad Khaled, 27 ans, et Mohammad Matar (connu sous le nom d’Abu Hassan), 46 ans, les deux employés de l’Autorité palestinienne, s’étaient rendus quotidiennement dans le village au cours des dernières semaines pour tenter, avec d’autres militants, de protéger la communauté. « J’ai déjà été détenu par le Shin Bet et la police, mais je n’ai jamais rien vécu de tel », a déclaré Abu Hassan, qui milite depuis près de 30 ans, d’une voix étranglée lors d’un appel de Ramallah. « Ce que nous avons vécu ressemble à Guantanamo ; nous avons perdu notre humanité ».

Tout a commencé lorsque le couple a tenté de quitter le village pour retourner à Ramallah, et que les colons l’ont refoulé à l’intérieur. « Nous avons rassemblé nos affaires dans la tente – un réchaud, des sacs de couchage, des chaises, des légumes et tous les ustensiles de cuisine – et nous avons tout chargé dans la voiture », se souvient-il.

« Soudain, nous avons vu trois voitures venir dans notre direction : la première était celle des autres militants, suivie de deux pick-up Toyota chargés de colons vêtus d’uniformes militaires », a poursuivi Abu Hassan. « Nos frères, les militant·es, ont essayé de les bloquer pour qu’ils ne puissent pas nous atteindre. Cela n’a pas fonctionné : les colons à bord des camionnettes « nous ont attaqués avec leurs armes, nous ont ordonné de nous mettre à terre et ont commencé à nous frapper et à nous donner des coups de pied ».

Les colons ont ensuite fouillé tous les biens qui se trouvaient dans leur voiture et ont vidé les sacs sur le sol. « L’un d’eux a pris un sac contenant des ustensiles de cuisine et y a trouvé un couteau à légumes. Je lui ai dit en hébreu qu’il s’agissait d’un couteau de cuisine, mais ils ont recommencé à nous frapper en criant : « Vous avez un couteau, vous alliez poignarder », etc.

Selon Abu Hassan, après près d’une heure, un soldat de l’administration civile est arrivé. Abu Hassan lui a demandé si les personnes qui les avaient enlevés étaient des soldats ou des colons, et le soldat a répondu qu’il s’agissait de soldats.

Il a pris nos cartes d’identité, les a vérifiées et a dit : « Il a déjà été condamné », a poursuivi Abu Hassan. C’était pendant la [première] Intifada, alors j’ai dit : « C’était il y a 30 ans ». Mais quand ils ont appris que j’avais un passé, ils m’ont battu encore plus fort : ils m’ont frappé à la tête avec le pistolet, m’ont frappé dans le dos avec des bâtons et m’ont donné des coups de pied dans l’estomac – moi et les hommes qui étaient avec moi. Le soldat de l’administration civile et les deux voitures qui l’accompagnaient ont quitté le site, nous laissant avec les colons.

Nous pensions qu’il s’agissait du Shin Bet.
D’autres voitures de colons ont continué à arriver pendant encore deux heures, selon les estimations d’Abu Hassan. « Chaque bande qui arrivait recommençait à nous frapper », a-t-il déclaré. À un moment donné, les Palestiniens les ont entendus dire que des officiers du Shin Bet étaient en route, puis une voiture avec des soldats est arrivée.

« L’un d’eux s’est approché de moi, m’a soulevé la tête du sol et m’a dit : « Te souviens-tu de moi ? » Abu Hassan se souvient. Il m’a dit que j’étais un berger de Biddya : « Vous étiez là il y a quelques mois et vous jouiez les durs ». J’ai répondu que je n’étais pas là, que je ne travaillais pas dans les environs de Salfit, mais seulement dans ceux de Ramallah.

Il a commencé à me frapper et m’a dit : « Tu mens ! Tu jouais les durs à l’époque, voyons ce qu’il en est aujourd’hui », a poursuivi Abu Hassan. « Il a continué à me battre, puis il a pris un couteau et m’a dit de m’asseoir. Il a pris le couteau et a coupé nos vêtements – nos bottes, nos pantalons et nos gilets – ne nous laissant qu’en sous-vêtements. Il nous a attaché les mains derrière le dos avec du fil de fer ». Sur une photo prise par les colons, on peut voir les trois Palestiniens les yeux bandés et en sous-vêtements, l’un d’entre eux étant allongé sur le sol.

« Ils nous ont ensuite emmenés à 200 ou 300 mètres de là, à la périphérie du village, dans une cabane en tôle vide qui servait de bergerie », a déclaré Abu Hassan. « Ils nous ont mis le visage contre le sol et ont entamé une nouvelle phase d’interrogatoire et de torture » qui, selon lui, a duré environ six heures.

« Ils nous interrogeaient, nous frappaient », a-t-il poursuivi. « Pendant tout ce temps, nous pensions qu’il s’agissait du Shin Bet. Tous les moyens d’interrogation monstrueux, inhumains ou immoraux imaginables ont été utilisés contre nous. On se serait cru à Guantanamo ou à Abou Ghraib. On nous attachait les mains dans le dos, on nous cachait les yeux, on nous enfonçait le visage dans le sol, on nous marchait sur la tête en nous disant : Mangez, mangez la merde de mouton ! Mangez la merde de mouton ! »

« Ils nous sautaient sur le dos dans l’intention de nous paralyser, de nous briser la moelle épinière », a poursuivi Abu Hassan. « Ils ont également essayé de nous frapper sur nos parties génitales pour nous mutiler, 30 à 40 fois. Ils se relayaient pour nous frapper. [L’un des hommes a apporté un bâton et a commencé à me frapper dans le dos à plusieurs reprises. Puis il a essayé de m’enfoncer le bâton dans le derrière. Pendant plus d’une minute, il a appuyé et poussé, et j’ai résisté, jusqu’à ce que je reprenne des forces et que je l’éloigne ».

« Il s’est mis en colère et a commencé à me donner des coups de pied et à me frapper avec le bâton jusqu’à ce que je me mette à crier et à pleurer ; je me suis complètement effondré, alors ils nous ont donné une pause », a-t-il déclaré. « Vers 19 heures, des agents de l’administration civile sont arrivés, sont entrés dans l’enclos et nous ont demandé ce qui nous était arrivé. Nous leur avons alors raconté toute l’histoire, en leur disant qu’ils étaient du Shin Bet et qu’ils nous interrogeaient ». Le Shin Bet a nié à Haaretz qu’un de ses hommes était présent ou impliqué.

En réponse à une demande de +972, le porte-parole de l’IDF a déclaré : « Les forces de l’IDF sont arrivées dans une ferme dans la région de Wadi a-Siq suite à un rapport faisant état d’un certain nombre de suspects palestiniens. Les forces ont arrêté les suspects et, après les avoir fouillés, ont trouvé sur eux un couteau et une hache. La manière dont l’arrestation a été effectuée et le comportement des forces sur le terrain étaient contraires à ce que l’on attend des soldats et des commandants de l’IDF. L’incident fait l’objet d’une enquête par les commandants et de nombreuses divergences sont apparues.

« Après l’enquête initiale, il a été décidé de démettre de ses fonctions le commandant de l’unité qui a procédé à l’arrestation. Dans les circonstances de l’affaire et compte tenu de la gravité des soupçons, il a été décidé d’ouvrir une enquête par la police militaire. Dans chaque incident de friction, les forces de l’IDF sont censées agir afin de séparer les parties et de maintenir la sécurité et l’ordre dans la région ».

Une version de cet article a d’abord été publiée en hébreu sur Local Call. Lisez-le ici.

Oren Ziv, 30 octobre 2023
Oren Ziv est photojournaliste, reporter pour Local Call et membre fondateur du collectif de photographes Activestills.
https://www.972mag.com/wadi-siq-settler-army-torture-expulsion-palestinians/
Traduit avec http://www.DeepL.com/Translator (version gratuite)

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Appel à la Paix et à la Réalisation du Droit à l’Alimentation
en Palestine

Tyler Short (National Family Farm Coalition/La Via Campesina), du Comité de coordination du MSCPA, a fait cette déclaration au nom du MSCPA lors de la dernière journée et du dernier tour de table de la 51ème session plénière du Comité de la sécurité alimentaire mondiale (CSA). Lire la transcription ci-dessous.

Le gouvernement auquel je paie des impôts a déjà quitté la salle plénière, mais je remercie tout le monde d’être resté ici.

Malheureusement, le MSPCPA doit se demander : est-ce que quelqu’un ici pense réellement que la nourriture et l’eau devraient être utilisées comme armes de guerre ? Quelqu’un ici pense-t-il que les biens et services essentiels ne devraient pas parvenir aux civils palestiniens ? Quelqu’un ici pense-t-il qu’il faudrait empêcher les RBA de faire leur travail qui sauve des vies sur le terrain ?

Vous faites de la politique et iels ont faim. Vous faites de la politique et la guerre continue. De toute évidence, le CSA ne peut pas arrêter la guerre, mais nous pouvons nous efforcer de réaliser le droit à l’alimentation pour tou.te.s.

Les règles! Quelles règles ? La loi internationale ? Qu’en est-il des droits de l’homme ? Ne s’agit-il pas de règles à considérer également et à appliquer ? Eux aussi sont juridiquement contraignants. Le CSA a un mandat et nous avons une vision commune pour réaliser le droit à l’alimentation. Malheureusement, certains États membres ont dû perdre cette vision. Alors tu ne vois pas ? Vous ne voyez pas ce qui se passe ?

New York, Genève et Rome, ne sommes-nous pas connectés ? Le CSA peut-il faire un pas en avant ? Pouvons-nous affirmer notre foi dans les droits humains fondamentaux, dans la dignité et la valeur de la personne humaine ? Dans l’égalité des droits des nations, grandes et petites ? Nous voyons de l’hypocrisie, et pourtant nous sommes toujours là. Nous croyons au CSA et nous le défendons. Nous revendiquons notre droit de participer directement à ce comité. Vous ne pouvez pas nous enlever cela.

Le texte proposé par l’Égypte s’aligne clairement sur le cadre d’action du CSA en cas de crise protégée et de nombreux États membres soutiennent lors des négociations politiques que le langage convenu doit toujours être maintenu. Qu’en est-il de ce produit politique du comité ? Nous avons ce cadre d’action pour une raison. Il est donc temps de passer à l’action. Malheureusement, il semble que nous ne puissions pas terminer nos travaux aujourd’hui, mais nous devons encore faire un pas en avant. Sinon, que se passera-t-il ? Combien de vies supplémentaires seront enlevées à cette terre ?

La CSIPM réaffirme donc notre appel à la paix. Nous appelons au respect du droit international. Le droit à l’alimentation doit être réalisé partout et pour tous. Merci.

Tyler Short au nom du Mécanisme de la société civile et des peuples autochtones (MSCPA) du Comité de la sécurité alimentaire mondiale (CSA)
https://viacampesina.org/fr/csipm-appel-a-la-paix-et-a-la-realisation-du-droit-a-lalimentation-en-palestine/

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Ne nous reste-il que des mots ballants
pour porter à bout de phrases notre humanité ?

Insomnies. Pensées de la nuit pour les palestiniens qui subissent l’ultime attaque démente d’une oppression coloniale jamais rassasiée et pensées aussi pour tous les israéliens et les juifs victimes directes ou indirectes des horreurs du Hamas, et à présent des crimes de guerre de leur Gouvernement. L’Histoire nous observe et nous attend. Soyons à la hauteur de notre Humanité.

Nouveau billet. Pour Gaza. Ne nous reste-il que des mots ballants pour porter à bout de phrases notre humanité ?

Pour la « fête des morts », cette maudite Halloween n’aura jamais aussi bien porté son masque d’horreur.

Pensées cette nuit pour les palestiniens qui subissent l’ultime attaque démente d’une oppression coloniale jamais rassasiée. Véritable ghetto à ciel ouvert et aux peuples victimes depuis des décennies de crime d’apartheid d’une colonisation raciste terrible, la Palestine est mise à mort sous nos yeux par une pluie de bombes et de balles, par la soif, la famine et le défaut de soins humanitaires. Nous ne pouvons laisser faire ces crimes contre l’Humanité qui virent au génocide. La réponse d’Israel doit être proportionnée aux attaques subies, doit tenir compte du droit des peuples et du droit international et ne doit pas servir des objectifs moins avouables de politique interne ou d’expansion régionale extrémiste et irrationnelle qui nous propulsent tous au bord du précipice d’une troisième guerre mondiale.

Pensées aussi pour tous les israéliens et les juifs victimes directes ou indirectes des horreurs du Hamas, et en particulier pour les israéliens progressistes qui subissent à présent les crimes de guerre perpétrés par leur Gouvernement corrompu, illibéral et fasciste contre lequel ils luttaient à millions dans les rues depuis des mois. Il les a tous trahis en laissant le Hamas se développer en Palestine depuis des années, et on le sait à présent, en le laissant entrer sur son territoire pour commettre ces atrocités. Seuls des régimes fascistes ont recours à de telles stratégies machiavéliques pour se maintenir au pouvoir quand ils sont pris en flagrant délit de corruption et d’atteinte à la démocratie. Les moyens justifiés par la fin, à savoir : le musèlement des opposants et l’unité nationale autour d’eux.

On connait des prémices de cela aussi depuis quelques années dans notre pays lors des mouvements de contestation sanitaire, écologique ou sociale. Et toute voix dissidente est maintenant frappée d’anathème pour atteinte à l’unité nationale, complotisme ou terrorisme…

Alors que faire, mes ami.e.s ?

Déjà, nous progressistes, ne pas nous taire face au rouleau compresseur de la binarisation d’une pensée unique et falsificatrice que les politiques et les médias réactionnaires tentent de nous imposer dans le débat public. Ne soyons pas dupes : ils mènent une autre guerre interne et politique celle-là, dont l’objectif est d’éliminer toute opposition et d’imposer le maintien d’un statu quo autour du capitalisme mortifère qui tue notre planète et nos vies et qui se sert de leur récit de « guerre des civilisations » pour nous « diriger » lui aussi par la guerre, civile d’abord et internationale ensuite (ou l’inverse).

Nous devons armer les esprits à la critique, à l’émancipation et à un discours pour la Paix en dénonçant les supercheries de ce récit propagandiste dangereux justifiant la lutte entre les bons israéliens et les mauvais palestiniens, au nom des injustes enfants morts contre les bons, pour les victimes du terrorisme au prix des victimes collatérales, entre le Bien et le Mal, entre l’Occident pur et le reste du Monde barbararisé, en faveur des légitimes coloniaux contre les logiquement déplacés…

Il nous faut tenir la ligne de nos principes fondamentaux face aux loups politiques de la haine et de la guerre et face aux chiens de garde médiatiques de ce système capitaliste mortifère. Nous devons soutenir, à hauteur d’homme et de femmes, toute initiative portant un message humaniste pour la Paix et l’amitié entre les peuples et proposant un soutien humanitaire en faveur des populations opprimées. Nous devons pour cela aussi faire pression morale sur nos élus et notre gouvernement qui ne peut impunément soutenir plus avant et « inconditionnellement » ce génocide en cours, en bafouant les valeurs de notre peuple et de notre Constitution. 3 195 enfants tués à Gaza en 3 semaines. Nous devons appeler en urgence à un cessez-le-feu.

Il est temps d’agir. L’Histoire nous observe et nous attend. Soyons à la hauteur de notre Humanité.

Laurent Thines
https://blogs.mediapart.fr/laurent-thines/blog/311023/ne-nous-reste-il-que-des-mots-ballants-pour-porter-bout-de-phrases-notre-humanite

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Israël/Palestine : L’offensive terrestre israélienne menace les civils

Les lois de la guerre sont censées protéger les habitants de Gaza qui ne peuvent pas fuir leurs foyers

Jérusalem) – Israël a mené d’importantes opérations terrestres dans la bande de Gaza le 28 octobre. Lors de la dernière opération terrestre de grande envergure menée à Gaza par Israël, en juillet-août 2014, les forces israéliennes ont commis de nombreuses violations des lois de la guerre, y compris des tirs mortels contre des civils. Ces violations, dont certaines constituaient des crimes de guerre, n’ont toujours pas fait l’objet de poursuites judiciaires. De leur côté, les groupes armés palestiniens ont également commis en 2014 des crimes de guerre, notamment des tirs de roquettes contre les communautés israéliennes. Ces groupes ont aussi déployé et conservé à Gaza des munitions dans des zones habitées par des civils, mettant inutilement ces habitants en danger.

Tirana Hassan, directrice exécutive de Human Rights Watch, a fait la déclaration suivante :

« L’importante offensive terrestre menée par Israël à Gaza, après des semaines de bombardements qui ont réduit en ruines de grandes parties des quartiers, suscite une profonde inquiétude quant à la sécurité de tous les civils dans les zones de combat. Des milliers d’enfants et d’autres civils ont déjà été tués. Les groupes armés palestiniens continuent de tirer sans discernement des roquettes contre les communautés israéliennes. En vertu du droit de la guerre, tous les civils – y compris ceux qui ne peuvent ou ne veulent pas quitter leurs foyers dans le nord de Gaza – doivent être protégés contre les attaques délibérées, indiscriminées ou disproportionnées. »

https://www.hrw.org/fr/news/2023/10/30/israel/palestine-loffensive-terrestre-israelienne-menace-les-civils

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Les hostilités entre Israël et la Palestine affectent les droits en Europe

Combattre l’antisémitisme et l’islamophobie ; protéger les manifestations et l’expression démocratiques

(Londres, 27 octobre 2023) – Les réponses des gouvernements européens aux hostilités entre Israël et les groupes armés palestiniens à Gaza ont des effets néfastes sur les droits humains en Europe, a déclaré Human Rights Watch aujourd’hui. Les préoccupations portent notamment sur des réponses inadéquates aux informations faisant état d’une montée de l’antisémitisme et de l’islamophobie, du recours à des politiques d’immigration qui risquent de discriminer les personnes perçues comme arabes, palestiniennes ou musulmanes, et des interdictions et autres restrictions de manifestations et expressions pacifiques pro-palestiniennes.

« Les autorités des pays européens ont la responsabilité de veiller à ce que chacun soit en sécurité et protégé contre la violence et la discrimination », a déclaré Benjamin Ward, directeur adjoint de la division Europe et Asie centrale à Human Rights Watch. « Il est également important que les autorités protègent le droit des citoyens à manifester et à s’exprimer pacifiquement et veillent à ce que les réponses sécuritaires des gouvernements face à la violence ne portent pas atteinte aux droits. »

Plusieurs pays ont signalé une augmentation des incidents antisémites depuis le début des hostilités le 7 octobre 2023. La police métropolitaine de Londres, la plus importante force de police du Royaume-Uni, a enregistré 218 incidents  antisémites au cours des 18 premiers jours du mois d’octobre, par rapport à 15 incidents pour la même période en 2022. Des observateurs communautaires au Royaume-Uni ont reçu 600 signalements similaires au niveau national entre le 7 et le 23 octobre, par rapport à 81 pour la même période en 2022.

En France, le ministre de l’Intérieur a déclaré le 24 octobre qu’il y avait eu 588 actes antisémites et 336 arrestations liées à ces actes depuis le 7 octobre. En Allemagne, un organisme de recherche sur l’antisémitisme financé par l’État a enregistré 202 incidents antisémites entre le 7 et le 15 octobre, par rapport à 59 pour la même semaine en 2022.

Ces statistiques ne distinguent pas les agressions physiques, les menaces ou les discours de haine dirigés contre des personnes et les actes visant des institutions ou des maisons juives, tel que l’incendie criminel d’une synagogue ou le fait de taguer une étoile de David sur des maisons habitées par des personnes de confession juive. Cependant, elles soulignent le nombre croissant d’incidents depuis le 7 octobre et suscitent des inquiétudes au sein des communautés juives quant à la sécurité des personnes.

Les crimes de haine islamophobes ont également fortement augmenté là où de tels incidents sont enregistrés. Selon la police métropolitaine, il y a eu 101 délits islamophobes à Londres au cours des 18 premiers jours du mois d’octobre, par rapport à 42 pour la même période en 2022. Une organisation communautaire a enregistré 291 incidents islamophobes au Royaume-Uni entre le 7 et le 19 octobre, soit six fois plus que pour la même période en 2022.

Malheureusement, d’autres pays n’ont pas publié de statistiques sur les incidents islamophobes signalés depuis le 7 octobre, ce qui suggère qu’ils n’enregistrent pas les crimes de haine contre les personnes perçues comme musulmanes. Le manque de données fait obstacle à des réponses politiques efficaces à ces crimes de haine, selon Human Rights Watch.

Les autorités de plusieurs pays européens imposent depuis le 7 octobre des restrictions excessives aux manifestations et aux discours pro-palestiniens.

Les autorités françaises ont imposé une interdiction générale des manifestations pro-palestiniennes, une décision annulée le 18 octobre par le Conseil d’État, la plus haute juridiction administrative de France. Avant la décision, 64 manifestations avaient été interdites, selon les médias.

Les autorités berlinoises ont interdit au moins sept manifestations pro-palestiniennes, bien que plusieurs autres aient été autorisées. Les interdictions de manifester ont suscité l’inquiétude du commissaire à l’antisémitisme du pays, qui a souligné que « manifester est un droit fondamental ». Le 13 octobre, les autorités scolaires du Land de Berlin ont autorisé les écoles à interdire aux élèves de porter le foulard noir et blanc du keffieh palestinien et d’afficher des autocollants « Palestine libre », suscitant des inquiétudes quant au droit à la libre expression et à une éventuelle discrimination.

Des interdictions de manifestations pro-palestiniennes ont également été signalées dans la capitale autrichienne, en Hongrie et dans des parties de la Suisse.

La police de Londres a généralement adopté une approche nuancée par rapport aux manifestations pro-palestiniennes depuis le 7 octobre, y compris en ce qui concerne l’utilisation de slogans lors de manifestations qui ont été cités ailleurs en Europe pour justifier les interdictions. Ceci malgré les pressions politiques exercées sur la police par la ministre de l’Intérieur britannique pour qu’elle utilise « toute la force de la loi » dans le contexte de manifestations propalestiniennes, et une déclaration du ministre britannique des Affaires étrangères appelant les manifestants pro-palestiniens à rester chez eux. Ces déclarations, ainsi que la récente législation restreignant le droit d’assemblée, risquent d’avoir un effet dissuasif sur le droit de manifester et la liberté d’expression.

Le 13 octobre, un enseignant a été poignardé à mort dans une école en France. Les autorités affirment que le tueur présumé, un ancien élève, avait prêté allégeance à l’État islamique avant l’attaque. Le ministre français de l’Intérieur a indiqué penser qu’il existait un lien entre l’attaque et les événements en Israël et à Gaza, sans le préciser. Une attaque en Belgique le 16 octobre qui a entraîné la mort de deux supporters de football suédois ne semble pas avoir de lien avec le conflit.

Le ministre français de l’Intérieur a invoqué l’attaque au couteau dans l’école pour justifier le durcissement d’un projet de loi sur l’immigration déjà controversé, reporté en avril dernier, pour faciliter l’expulsion des ressortissants étrangers soupçonnés d’avoir des liens avec une « idéologie radicale ». Le ministre allemand de l’Intérieur a demandé l’expulsion des personnes exprimant leur soutien au Hamas.

Le ministre britannique de l’Immigration a demandé la révocation des visas des personnes qui propagent « la haine et la division », « incitent à l’antisémitisme » ou soutiennent des organisations interdites, parmi lesquelles le Hamas au Royaume-Uni et dans l’Union européenne. Il a déclaré que ce processus avait déjà commencé. Ces approches politiques et le contexte de leur introduction créent un risque de discrimination à l’encontre des personnes migrantes et des demandeurs d’asile musulmans et arabes, selon Human Rights Watch.

Les États ont l’obligation, en vertu du droit international des droits humains, de protéger le droit à la vie et à la sécurité de toute personne dans leur pays sans discrimination. Cela inclut la protection des personnes contre la violence haineuse antisémite et islamophobe. Les gouvernements devraient collecter des données ventilées sur la race et l’origine ethnique pour leur permettre de réagir plus efficacement aux formes structurelles et autres de racisme et de discrimination, selon Human Rights Watch.

Les autorités devraient veiller à exercer leurs fonctions de maintien de l’ordre et de sécurité sans discrimination et à protéger les droits de chacun. Mais la nécessité de lutter contre la violence fondée sur la haine et de protéger les personnes ne devrait jamais être utilisée pour justifier une discrimination étatique ni des mesures d’immigration abusives.  

Pour protéger les droits à la liberté d’assemblée et d’expression, les autorités devraient éviter les restrictions aux manifestations à moins qu’elles ne soient absolument nécessaires et, si elles sont imposées, elles devraient être strictement proportionnées, sur la base d’une évaluation au cas par cas. L’interdiction des manifestations devrait être un dernier recours. Criminaliser ou interdire des symboles palestiniens généraux est une réponse discriminatoire et disproportionnée, constituant une ingérence injustifiée dans la liberté d’expression, a déclaré Human Rights Watch.

« Le droit de manifester et d’exprimer des critiques à l’égard des gouvernements est la pierre angulaire d’une société démocratique et un moyen important pour les citoyens de demander des comptes à leurs gouvernements, notamment en matière de politique étrangère », a conclu Benjamin Ward. « Interdire les manifestations pacifiques prive les citoyens de leurs droits démocratiques fondamentaux. »
https://www.hrw.org/fr/news/2023/10/27/les-hostilites-entre-israel-et-la-palestine-affectent-les-droits-en-europe

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Nakba : not in my name !

Une atteinte insupportable aux droits humains, tolérée par les Européens ?

J’ai honte et je suis révolté par l’hypocrisie occidentale qui tente une nouvelle fois d’imposer au reste du monde une interprétation faussée de la réalité d’une guerre au Proche-Orient.

Disant cela, je revendique le droit – que certains veulent brimer – d’élever la voix en faveur du peuple palestinien martyr et pour condamner le gouvernement, l’armée, les colons, les extrémistes religieux israéliens qui, au mépris du droit du peuple palestinien à l’autodétermination pour exister, en ignorant le droit humanitaire, tentent de réduire au silence toute résistance contre l’envahisseur.

Des crimes de guerre sont commis de part et d’autre mais sachons dire toute la vérité comme le fait OCHA (United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs) : 95% des morts et des blessés sont des Palestiniens. En quoi la vie d’un Israélien serait-elle supérieure à la vie d’un Palestinien ?

En refusant d’obliger Israël à un cessez-le-feu immédiat et à l’ouverture de couloirs humanitaires, les Occidentaux se rendent complices des crimes de guerre et du programme génocidaire du gouvernement israélien à l’égard de victimes qualifiées d’« animaux humains à traiter comme tels » par le ministre de la Défense israélien Yoav Gallant.

Ils ne peuvent ignorer la carte présentée par le Premier ministre israélien M. Netanyahou, en septembre dernier à l’Assemblée générale des Nations Unies et sur laquelle les territoires palestiniens avaient été gommés. Ainsi, la poursuite de la Nakba (la catastrophe pour les Palestiniens) était annoncée au monde entier.

J’admire mes amis israéliens et juifs qui dénoncent cette situation odieuse.

En Allemagne, aujourd’hui, être écrivaine palestinienne comme Adania Shibli, c’est se voir privée du prix que voulait lui accorder la Foire du Livre de Francfort. Quant aux manifestations de soutien aux Palestiniens, elles ont été interdites. En France, à Lille, un syndicaliste CGT est arrêté chez lui pour avoir revendiqué sa solidarité avec les Gazaouis et il a fallu un recours en justice pour pouvoir manifester suite à l’interdit fait aux manifestations pro-palestiniennes. Le Chancelier Olaf Scholz, le président Macron ainsi que la présidente de la Commission européenne Mme von der Leyen, ont rencontré Mr Netanyahou pour l’assurer de leur soutien et l’encourager dans sa volonté d’éradiquer le Hamas, qualifié par les seuls Américains et Européens d’organisation « terroriste ».

Peu leur importe si tant en Amérique qu’en Europe, dans le monde et à l’ONU, la guerre contre les Palestiniens est condamnée avec fermeté. Se rendent-ils compte qu’ils sont isolés, complices des crimes contre l’humanité commis sous nos yeux par les Israéliens ? Se rendent-ils compte de ce que leurs alliés, Mr Netanyahou et son gouvernement, sont des proto-fascistes, criminels de guerre tant aux yeux du monde que de leur propre peuple ? Comment peuvent-ils rester sourds aux appels du secrétaire général des Nations Unies, M. Guterres ?

L’Occident, dont je fais partie, affirme sa croyance en sa supériorité, ses bons droits, sa méfiance viscérale pour le reste du monde : jusqu’il y a peu, les colonisés, les « sous-développés » ; aujourd’hui, les migrants. L’Occident, claquemuré et armé jusqu’aux dents, se rend-t-il compte de la piteuse image qu’il donne de nous ? Fini ses discours pour une coopération pacifique internationale ! L’Occident prépare son arsenal de lois et d’armes pour contrer tous ceux qu’il qualifiera de « terroristes » ou d’ennemis de nos libertés. Les droits humains attendront une fois encore. La sauvegarde de la planète attendra, elle aussi.

Et donc, si pour Biden, Macron et consorts, il faut secourir une fois encore Netanyahou, soyons clairs : « Pas en notre nom ! »

Pierre Galand, Président de l’Association belgo-palestinienne
Ce 26 octobre 2023
https://www.cadtm.org/Nakba-not-in-my-name

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Déclaration du Mouvement Socialiste Russe sur La Palestine

« La violence coloniale, les idées sur la pureté ethnique et
les mythes nationaux sur les « territoires historiques » a
ppartenant à une seule communauté imaginaire
ne peuvent produire que de la violence »

Le MSR, qui milite contre la guerre de Poutine en Ukraine et pour le retrait des troupes russes, a fait cette déclaration sur le conflit en Palestine.

Déclaration du Mouvement Socialiste de Russie sur les évènements de Palestine.

Le 7 octobre 2023, des militants de l’organisation terroriste Hamas ont mené une série d’attaques contre des cibles non militaires et lancé de nombreuses roquettes sur Israël. Les victimes de ces actes de terreur étaient principalement des civils israéliens, des travailleurs étrangers et des visiteurs. En réponse aux attaques du Hamas, Israël a bombardé lourdement la bande de Gaza, et les colons israéliens de Cisjordanie, soutenus par la police et les forces de défense israéliennes, ont intensifié les saisies de terres aux résidents palestiniens.

Le MSR condamne l’attaque terroriste du Hamas, qui est indéniablement une organisation terroriste fasciste et fondamentaliste qui ne représente pas l’ensemble du peuple palestinien, peu importe à quel point les têtes parlantes du centre, de la droite et même de la gauche veulent nous convaincre du contraire. Le MSR ne considère ne considère pas que l’utilisation par le Hamas de techniques de guérilla terroriste ciblant les civils soit adéquate ou moralement justifiée,

Dans le même temps, nous appelons chacun à comprendre le contexte dans lequel cette violence se déroule.

  • Les attaques du Hamas sont le symptôme d’un problème beaucoup plus vaste. Depuis 1947, le conflit israélo-palestinien a coûté la vie à des dizaines de milliers de personnes et fait des millions de réfugiés. Le problème réside dans le concept d’un État-nation israélien exclusif, fondé sur des idées d’exclusivité ethnique, de xénophobie et de colonialisme de peuplement. Depuis 1948, des millions de Palestiniens ont été expulsés de leurs maisons.

  • Israël a mis en place un régime d’apartheid qui ne reconnaît pas les Palestiniens comme des citoyens égaux. Ils ont vécu comme des citoyens de seconde zone, sans accès égal à l’éducation, aux soins de santé ou aux processus électoraux. Le régime a tué, torturé, mutilé et forcé des Palestiniens, y compris des militants palestiniens de gauche, à fuir. Aujourd’hui encore, six mille Palestiniens enlevés se trouvent dans les prisons israéliennes, dont beaucoup ne sont ni des radicaux ni des terroristes, mais des citoyens ordinaires. En outre, Israël considère les Palestiniens eux-mêmes comme le problème et ne reconnaît pas le droit des Palestiniens à l’autodétermination. Le régime israélien lui-même a contribué à la création de forces réactionnaires qui sont aujourd’hui représentées par des terroristes. Netanyahou a déclaré un jour que quiconque ne veut pas d’une solution à deux États doit soutenir le Hamas.
    Le problème n’est pas résolu et crée un cercle vicieux de violence dont on ne voit pas la fin. Le gouvernement israélien n’a pas abandonné l’idée de construire un État-nation exclusivement réservé aux Juifs. Le Hamas n’a pas non plus abandonné l’idée d’un nettoyage ethnique. L’intensification des discours de haine, la popularisation des idées génocidaires et la militarisation des régimes ne peuvent résoudre aucun problème.

  • La violence coloniale, les idées sur la pureté ethnique et les mythes nationaux sur les « territoires historiques » appartenant à une seule communauté imaginaire ne peuvent produire que de la violence.

  • Le MSR condamne les attaques du Hamas et ne considère en aucun cas l’organisation comme un acteur de la décolonisation, mais la réponse d’Israël – bombarder la bande de Gaza et déclarer la nécessité d’une opération terrestre – est inadéquate. Tsahal, comme lors des campagnes précédentes, cible les infrastructures civiles, ce qui s’inscrit dans la tactique de nettoyage ethnique, qui comprend la restriction par Israël de l’accès à l’eau et à l’électricité. La menace d’un génocide palestinien est plus proche que jamais.

  • RSD appelle tous les représentants des organisations progressistes de gauche à soutenir les Palestiniens :
    * Sur le plan de l’information – en partageant leurs histoires, en parlant de leur tragédie ;

* Politiquement, en exigeant des responsables politiques de leurs pays qu’ils cessent de soutenir militairement et financièrement Israël politiquement – en exigeant des responsables politiques de leurs pays qu’ils mettent fin au soutien militaire et financier accordé à Israël pour qu’il cesse ses politiques agressives et qu’il soit contraint de rechercher une solution pacifique ;

* Financièrement – par des dons à des fonds humanitaires ;

  • « Nous exprimons notre ferme NON au nettoyage ethnique, aux régimes militarisés et aux organisations fondamentalistes pseudo-émancipatrices.

  • Nous exprimons notre soutien aux camarades de conviction en Israël, à Gaza et en Cisjordanie

Le socialisme et la paix gagneront sûrement !
Non à la guerre. Liberté pour la Palestine

Mouvement Socialiste Russe
Comité français du réseau européen de solidarité avec l’ Ukraine
https://www.facebook.com/permalink.php

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Un appel de chercheurs japonais spécialistes des Etudes sur le Moyen-Orient à un immédiat cessez-le-feu et à un soutien humanitaire pour Gaza

L’appel qui suit provient d’un groupe de chercheurs japonais (spécialistes des Etudes sur le Moyen-Orient) à propos de la situation actuelle à Gaza. L’appel, qui a été publié d’abord en japonais le 17 octobre, a depuis été approuvé et signé par plus de 4000 personnes (chercheurs et citoyens), exprimant la profonde inquiétude de la société civile japonaise sur le désastre humanitaire en cours à Gaza et leur soutien à une solution pacifique de la crise.

Voici le texte de l’appel :
Appel de chercheurs japonais spécialistes des Etudes sur le Moyen-Orient à un immédiat cessez-le-feu et à un soutien humanitaire pour Gaza

La situation autour de la Bande de Gaza, Palestine, s’est rapidement détériorée. En tant que chercheurs et chercheuses travaillant sur divers sujets concernant le Moyen-Orient (comme l’histoire, la société, la culture, la politique régionale et internationale, relatives au Moyen-Orient), et comme citoyens et citoyennes nous intéressant aux peuples et aux cultures du Moyen-Orient et désirant un avenir de paix dans la région, nous exprimons notre profonde inquiétude devant l’escalade de la violence et l’aggravation de la crise humanitaire, et nous appelons à :

1. un immédiat cessez-le feu et à la libération des otages.

2. sauver Gaza immédiatement de l’actuelle crise humanitaire en arrêtant toutes les attaques militaires sur Gaza, en levant le siège et en garantissant l’approvisionnement en eau, en électricité, en nourriture, en médicaments et en autres biens indispensables. La politique du déplacement forcé de la population de Gaza, en préparation d’une guerre, doit être annulée.

3. l’observation du droit international et du droit humanitaire international. C’est un point crucial que toutes les règles et normes internationales stipulées du point de vue de la simple humanité et des droits humains devraient être strictement observées pendant la crise actuelle. De plus, il est nécessaire d’examiner, objectivement et d’un point de vue historique, si les conventions internationales, soulignant l’importance de la protection de la population sous occupation et interdisant la construction de colonies dans les territoires occupés, ont été observées dans le cas de la Palestine.

4. un engagement de la part de la communauté internationale, y compris le gouvernement japonais, pour la résolution de la crise actuelle par des moyens pacifiques et politiques. La communauté internationale devrait faire tout son possible pour créer un environnement facilitant les négociations et les dialogues, visant à s’attaquer aux causes profondes de la crise et à les résoudre.

La crise actuelle sur Gaza, dans laquelle de nombreux citoyens innocents ont été tués, assiégés et périssent chaque jour, est un grave désastre humanitaire. En même temps, il constitue une menace à la paix mondiale dans son ensemble, car, si nous permettons maintenant à ce désastre de se poursuivre dans l’indifférence, il sera presque impossible, pour de nombreuses années à venir, de trouver une solution pacifique aux litiges au Moyen-Orient. Une tension continuelle et des conflits dans la région pourraient à terme entraîner le monde entier dans une catastrophe.

La diplomatie japonaise après-guerre, en ce qui concerne le Moyen-Orient, a réussi à poursuivre une politique largement raisonnable et impartiale, particulièrement sur la question de la Palestine. Les citoyens et citoyennes japonais, pour leur part, ont été depuis longtemps engagés dans des activités variées destinées à approfondir la compréhension mutuelle et l’amitié avec les peuples du Moyen-Orient. Sur la base de ces expériences, nous nous exprimons au nom de la paix et de l’humanité.

17 Octobre 2023
Masato Izuka (Tokyo University of Foreign Studies), Satoshi Ukai (Shinshu University), Akira Usuki(Japan Women’s University), Tetsuya Ohtoshi (Waseda University), Mari Oka (Waseda University), Tadashi Okanouchi (Hosei University), Yoshiko Kurita (Chiba University), Hidemitsu Kuroki(Tokyo University of Foreign Studies), Emi Goto (Tokyo University of Foreign Studies), Keiko Sakai(Chiba University), Eiji Nagasawa (The University of Tokyo), Misako Nagasawa (écrivaine), Eisuke Naramoto (Hosei University), Shuji Hosaka (The Institute of Energy Economics, Japan), Toru Miura (Ochanomizu University), Tomoko Yamagishi (Meiji University), Kaoru Yamamoto (Keio University)

A ce jour (27 octobre 2023), cet appel a été approuvé et signé par 4148 personnes (chercheurs et citoyens)
https://aurdip.org/un-appel-de-chercheurs-japonais-specialistes-des-etudes-sur-le-moyen-orient-a-un-immediat-cessez-le-feu-et-a-un-soutien-humanitaire-pour-gaza/

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Intervention de la Confédération Générale du Travail (CGT) au rassemblement pour la paix à Paris, Dimanche 22 Octobre 2023

Céline Verzeletti, membre du bureau confédéral de la CGT, est intervenue pour rappeler les raisons de sa présence à ce rassemblement qui réunissait trente mille personnes Place de la République à Paris. La CGT s’inscrit dans les initiatives de rassemblement les plus larges pour obtenir un cessez-le-feu immédiat et la réouverture d’un processus de paix durable, en Israël et en Palestine, sur la base des résolutions de l’Organisation des Nations Unies (ONU).

Deux semaines après les actes inacceptables de terreur perpétrés dans le sud d’Israël, Gaza vit suspendue à la menace d’une attaque terrestre et maritime de grande ampleur. Le bain de sang doit absolument être évité.

Nous sommes ici pour clamer et revendiquer un cessez-le-feu immédiat, premier pas indispensable pour engager un processus de paix juste et durable en Israël et en Palestine.

La CGT tient à apporter sa solidarité entière et sans condition aux populations en deuil en Israël et en Palestine et son soutien total aux millions de civils pris pour cible et meurtris par les escalades de violence.

Notre internationalisme syndical nous engage à nous mobiliser en toutes circonstances en faveur de la paix et en soutien à tous les peuples agressés, opprimés et assassinés.

Il nous engage encore à nous opposer à toutes les colonisations, à tous les impérialismes et à toutes les dominations.

Nous devons œuvrer pour contraindre la France et l’Europe à agir pour un cessez le feu immédiat et la réouverture de négociations pour une paix juste et durable.

Nous devons les contraindre à agir pour qu’enfin les résolutions de l’ONU soient respectées, le démantèlement des colonies, le retrait des troupes israéliennes des territoires palestiniens, la levée du blocus de Gaza depuis 2007 et la fin de l’état de siège.

L’embrasement est aux portes de nombreux pays, particulièrement dans cette région déjà très fragilisée par des décennies de conflits armés.

Les crimes de guerre et les crimes contre l’humanité se multiplient. Ils doivent être condamnés fortement, punis et empêchés quels que soient les auteurs.

Au lieu d’œuvrer diplomatiquement à des solutions respectant le droit international, notre gouvernement nous prive du droit de manifester pour la paix et il tente d’entraver toutes les expressions de solidarité envers les populations palestiniennes meurtries.

Répression à tout va, arrestation de militants et poursuite abusive pour des présumées apologies de terrorisme, nous sommes solidaires de nos camarades du Nord qui ont été interpelés de manière très violente et très injuste. Ce sont des atteintes graves aux libertés collectives et individuelles et à la liberté de conscience.

La situation est exceptionnellement dangereuse pour les démocraties. Les peuples savent que la paix et la justice sont les uniques solutions pour vivre tous ensemble.

Camarades de tous pays, exigeons la paix, la justice et l’autodétermination pour tous les peuples.

https://www.cgt.fr/actualites/rassemblement22oct2023

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Quand une guerre débute par un féminicide collectif,
en souvenir de Shani Louk

Alors que la guerre fait rage à Gaza et en Israël, on pourrait croire que tout n’est qu’une question d’une surenchère de statistiques mortifères, les horreurs s’entassant les unes sur les autres. Qu’en est-il des souffrances spécifiques des femmes ? N’oublions pas que la violence incommensurable à l’œuvre aujourd’hui a commencé par une série de féminicides… ignorés par la communauté féministe.

La guerre actuelle qui se déroule en Israël et à Gaza a été déclenchée (sinon causée) par un massacre sans précédent. Les victimes étaient principalement jeunes, 260 d’entre-elles se trouvaient à une gigantesque rave près de Réim au sud du pays, les autres appartenaient à des familles habitant par conviction pacifiste à la frontière avec Gaza, dans des kibbutzim de gauche, Kfar Azza et Beeri, militant activement pour les droits des Palestiniens. On compte en tout quelques 1 400 morts, 5 431 blessés et 239 enlèvements d’Israéliens et personnes d’autres nationalités dont des bébés, la majorité étant des civils

Fait nouveau mais bien de notre époque, les militants du Hamas ont pris des selfies avec leurs victimes, filmé des enlèvements et des assassinats les postant en direct sur leurs comptes Facebook de telle façon que la parentèle des victimes a pu assister en direct au calvaire de leurs proches. Des sympathisants du monde entier ont distribué ces images dans les médias sociaux, ce qui rendra par la suite impossible toute tentative révisionniste ou accusation de ‘fake news’ impossible.

Ce massacre savamment planifié comme l’ont révélé des interrogatoires des terroristes capturés par le Shin Beit a été noyé par le déluge quotidien d’images effrayantes montrant les effets des bombardements intensifs de l’armée israélienne visant à la destruction du Hamas. Les chiffres provenant uniquement du Hamas indiqueraient 8 000 morts dont un nombre de femmes et d’enfants – même si on divise par deux ou dix c’est effroyable. Savoir que les militants se cachent sous les structures civiles et utilise la population locale comme des boucliers humains n’excuse en rien ce carnage.

La presse et les sympathisants pro-Palestiniens ont choisi de ne pas s’arrêter sur la nature bien particulière du massacre du 7 octobre, comme si seuls comptaient les chiffres, comme dans un match de foot. 1 400 d’un côté, 8 000 (théoriquement) de l’autre. Et pourtant, on ne dira jamais assez comment cette guerre a débuté par une série de féminicides ciblés et des supplices des plus sadiques, documentés sur des caméras corporelles des terroristes Hamas capturés.

Les viols suivis de meurtres, tortures et décapitations de femmes (très jeunes et très âgées) devant leurs proches, des fœtus arrachés des ventres de femmes enceintes ont été documentés par des vidéos que le Hamas a fait circuler de façon triomphaliste. Des jeunes filles violées et enlevées ont été exposées à la vindicte populaire à Gaza. Et là aujourd’hui, un os crânien a permis d’identifier une victime, une tatoueuse de de 23 ans, Shani Louk.

Une vidéo qui avait circulé immédiatement après le carnage montrait déjà la malheureuse Hani, selon Libé le corps inanimé et désarticulé d’une femme, allongée dans un pick-up à bord duquel se trouvent des combattants, dont l’un a enroulé sa jambe autour de la taille de cette jeune femme. Un homme crache sur sa tête au moment où le véhicule démarre. La parution de ce reportage sur sa mort paru tard le 30 octobre nous force à repenser ce massacre. Force est de le constater, même si le massacre des civils israéliens a été vigoureusement condamné (pendant 2 ou 3 jours), aucun regroupement  militant ou universitaire se voulant féministe jusqu’ici ne semble avoir ouvertement dénoncé la spécificité misogyne du massacre. Un journaliste (certes du Tablet, une publication juive américaine a remarqué qu’aucun des innombrables départements de Gender Studies aux États-Unis – et ailleurs – n’a voulu dénoncer les féminicides commis en toute conscience et de façon délibérée. Et ajoutons que personne ne s’est posé la question des violences sexuelles vraisemblablement subies des femmes cachées dans le labyrinthe de tunnels creusés sous terre par Hamas à Gaza. A l’époque de Me-Too où l’on a décidé une fois pour toute que tout violeur réel ou potentiel était un criminel et que seule comptait la voix de la victime, ce silence – surtout venant des milieux féministes – est assourdissant.

La US campaign for Palestinian Rights comporte une section intitulée « Palestine is a feminist Issue ». On y dénonce toute la gamme de violences subies par les femmes dont celles commises par des militaires israéliens envers les Palestiniennes incarcérées dans les prisons israéliennes (sans mention pourtant de brutalité de nature sexuelle), ainsi que, selon cette campagne, une apparente interdiction de recevoir une éducation, des soins ou d’accès à la santé reproductive. Nulle mention nulle part de l’agenda islamiste du Hamas qui certainement ne promeut pas l’émancipation des femmes. De toute évidence, l’intersectionalité a ses limites pour les féministes attitrées de la US campaign for Palestinian Rights. 

En tant que chercheuse de longue date de la problématique du genre et du conflit armé, j’aurais plutôt mis en exergue les accouchements qui ont lieu aux check-points parce que les femmes enceintes doivent y attendre pendant des heures, les fausses couches provoquées par le stress constant et la misère. Tout cela est vrai et encore plus épouvantable pendant ces bombardements incessants où les femmes accouchent parmi les décombres, privées de tout soin. Selon l’ONU, il y aurait 50 000 femmes enceintes à Gaza dont 5 500 doivent accoucher dans un mois

On ne saurait parler ici de dommages collatéraux, toute guerre en elle-même est un crime contre les femmes. De courageuses manifestations en Israël ont eu lieu pour condamner les attaques sur Gaza ce que, bizarrement, seule une publication en ligne émanant des Émirats semble avoir rapporté (en dehors de la presse israélienne surtout de gauche). On sait ce que sont devenus ceux et celles qui ont tenté de manifester contre la guerre d’Ukraine en Russie

Et pourtant le calvaire des femmes à Gaza ne saurait oblitérer le féminicide qui a été perpétré le 7 octobre dernier et qui continue sans doute jusqu’à maintenant quelque part à Gaza. Les féministes qui crient leur haine d’Israël ne sauraient défendre l’action du Hamas en reprenant ce qui vraisemblablement constitue leur argument : que ce sont des Juifs (par conséquent des Unmenschen, même pas humains) que l’on a violés et massacrés et non des femmes. Déshumaniser les victimes en leur confisquant leur identité genrée et en s’interdisant toute expression d’empathie signifierait l’anéantissement de la pensée féministe. Avec de graves conséquences sur l’avenir des droits des femmes

Carol Mann, 31 octobre 2023
Sociologue spécialisée dans la problématique du genre et conflits armés, activiste, chercheuse associée au LEGS (Paris 8), directrice de ‘FemAid’et ‘Women in War’.
https://blogs.mediapart.fr/carol-mann/blog/311023/quand-une-guerre-debute-par-un-feminicide-collectif-en-souvenir-de-shani-louk

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Premiers pas pour défendre la liberté des Palestinien·nes

Si c’est la première fois que vous agissez pour la liberté des Palestinien·nes, bienvenue. La chose la plus importante à savoir est que l’histoire qui nous est racontée par les médias varie énormément en fonction du moment où l’on commence à compter les heures. Mais la racine de cette violence est l’oppression des Palestinien·nes par Israël.

Voici quelques éléments de contexte, récents et historiques.

Contexte récent

Jewish Voice for Peace appelle toutes les personnes de conscience à mettre fin à un génocide imminent. Nous pouvons et nous devons arrêter cela. Plus jamais ça signifie plus jamais ça – pour qui que ce soit.

La racine de la violence est l’oppression. Nous pleurons les vies de celles et ceux qui ont déjà été perdues et restons engagés dans un avenir où chaque vie est précieuse et où tous les peuples vivent dans la liberté et la sécurité.

Tous les regards sont tournés vers Gaza. Nous ne pouvons plus détourner le regard. Les responsables israéliens envisagent ouvertement d’ouvrir « les portes de l’enfer » sur Gaza.

Contexte historique

Israël est en guerre contre les Palestiniens depuis plus de 75 ans. Israël a été fondé à la suite de ce que les Palestinien·nes appellent la Nakba, ou catastrophe, au cours de laquelle la nouvelle armée israélienne et des groupes paramilitaires violents ont déplacé de force plus de 800 000 Palestinien·nes, dont la grande majorité n’a jamais pu rentrer chez elle.

Le déplacement violent des Palestiniens de leurs maisons et de leurs terres se poursuit aujourd’hui. Israël maintient une occupation militaire illégale de la Palestine et un blocus illégal et profondément inhumain sur Gaza. Les principales organisations internationales et israéliennes de défense des droits de l’homme ont qualifié d’apartheid la domination israélienne sur les Palestinien·nes.

Au cours de la semaine écoulée, Israël a largué plus de bombes sur Gaza que les États-Unis en un an de guerre en Afghanistan.

Ce que nous savons des violences passées de l’État israélien contre les Palestinien·nes, c’est que les bombes ne s’arrêtent que lorsque la communauté internationale s’insurge suffisamment.

Nous devons donc crier, dès maintenant, aussi fort que possible. Nous sommes ravis de vous compter parmi nous.

https://www.jewishvoiceforpeace.org/2023/10/18/first-steps/
Traduit avec http://www.DeepL.com/Translator (version gratuite)

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Un déchirant sentiment d’impuissance

2 300 000 êtres humains pris en souricière, bombardés sans discrimination, enfermés dans une prison à ciel ouvert de 365 kilomètres carrés (imaginez : plus petite que l’agglomération de Montréal !), sans pain, ni eau, ni électricité, ni essence, sans liens internet autrement qu’intermittents, sans pouvoir fuir ou s’échapper de cet enfer, ou simplement trouver un lieu sûr, à l’abri d’une mort imminente… toujours possible. Partout, d’innombrables cadavres sous les décombres, des hôpitaux débordés ou détruits, des ruines qui s’élèvent jusqu’au ciel. Déjà plus de 7 500 morts officiellement reconnus, dont 2 500 enfants innocents ! Assurément un crime contre les populations civiles palestiniennes, contre le peuple palestinien, contre l’humanité même !

Une catastrophe se déroule devant nos yeux…, une possible seconde Nakba en plein début du 21ème siècle, plus violente encore que celle ayant vu, en 1948, 750 000 Palestiniens forcés de quitter leurs terres. Et nous en entendons pantois les échos, comme s’il s’agissait certes d’une catastrophe, mais d’une catastrophe inévitable vis-à-vis de laquelle, il n’y avait rien à faire, sinon à plier l’échine. Malgré tous les appels à un cessez le feu des ONGs encore sur place, de l’ONU vilipendée, du Croissant rouge palestinien désespéré !

Et ici au Québec, la rumeur lointaine de ces cris et désespoirs, nous l’écoutons soudainement paralysés par un déchirant sentiment d’impuissance.

Sans doute faut-il avoir au préalable appris à percer le brouillard de la désinformation et qui, jouant sur la culpabilité, les émotions exacerbées, des vérités décontextualisées et le droit du plus fort, sème partout désorientation collective, hésitation, oubli, tentation de regarder ailleurs. Après tout, celui qui a pris la direction de cette opération vengeresse, le premier ministre israélien Netanyahu – pourtant si contesté dans son propre pays et poursuivi pour malversations récurrentes – ne prétend-t-il pas justement se défendre d’attentats barbares ayant fait 1400 victimes parmi les Israéliens, et ne descend-il pas d’un peuple qui en Europe a connu les affres d’un génocide aux dimensions jusqu’alors inconnues, demandant réparation et droit de pouvoir enfin vivre en paix et sécurité ?

Mais dès lors comment comprendre, dans le contexte d’aujourd’hui, que les victimes d’hier puissent s’être muées en bourreaux d’aujourd’hui, qu’à ces attentats terroristes désespérés du Hamas, on ne réponde du côté israélien que par le terrorisme d’État le plus vil qui soit, que les aspirations du peuple israélien à la paix et à la sécurité se soient converties 75 ans plus tard en politiques d’apartheid et en opérations génocidaires de grande ampleur ?

Comment comprendre sinon en revenant à l’histoire et en remettant sous les projecteurs ce qui est oublié dans les discours officiels et que, via leur monopole médiatique, les grandes puissances d’Occident entrent dans la gorge de tout un chacun : la mise sous le boisseau du droit à l’auto-détermination du peuple palestinien et les innombrables occasions ratées d’en fixer fermement la reconnaissance ; la formidable asymétrie des forces et des moyens en présence, mettant dans la même balance un petit peuple acculé à la survie et sans grands moyens, et un État détenant clandestinement la bombe atomique et bénéficiant de l’appui militaire et assuré de la première puissance du monde, amalgamant, qui plus est, sciemment, pour les déconsidérer et les affaiblir, volontés légitimes de résistance et méthodes terroristes, dépréciant du même coup, du haut de vieux réflexes coloniaux, les volontés d’exister d’un petit peuple du sud ?

On peut ainsi mieux mesurer la pusillanimité des grands de ce monde qui depuis plus de 50 ans se sont tus et ont laissé se détériorer la situation à ce point, fermant hypocritement les yeux sur les politiques continues d’implantation de colonies israéliennes. On peut surtout mesurer la dégradation des rapports de force politique existant notamment au Québec entre partisans de la paix, forces progressistes ou de gauche, et partisans de la guerre et de ce si injuste statu-quo actuel maintenu sous l’égide des États-unis et des forces montantes de la droite. Au-delà bien sûr de l’aide humanitaire si nécessaire, c’est pourtant là où comme citoyens nous pourrions agir : travailler à redevenir chez nous, au Québec et au Canada, une force sociale et politique mobilisée susceptible de faire bouger nos gouvernements ! Que Trudeau par exemple, contrairement aux positions pro USA qu’il a entérinées, soit forcé sous la pression de son opinion publique d’exiger un cessez le feu immédiat ! Ou que Legault se refuse, comme il prétendait le faire il y a seulement quelques jours, d’ouvrir le bureau d’une délégation québécoise à Tel-Aviv ! Des petits gestes qui, néanmoins par leur portée politique peuvent ouvrir la voie à une solidarité pleine de promesses, et surtout permettre que peu à peu se nouent des forces capables, dans cette région si malmenée du monde, d’imposer une paix véritable, et par conséquent une solution politique qui prendrait pleinement en compte le droit inaliénable à l’auto-détermination du peuple palestinien.

Pierre Mouterde
Sociologue, essayiste
Québec, le 29 octobre 2023

https://www.pressegauche.org/Un-dechirant-sentiment-d-impuissance

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Réduire l’autre à l’inhumain afin de justifier son élimination

Je dénonce l’horrible massacre perpétré par le Hamas en Israël le 7 octobre, « que les griefs du peuple palestinien ne peuvent justifier », affirme, mercredi 25 octobre, le Secrétaire général de l’ONU, António Guterres

Cependant, je dénonce aussi la punition collective du peuple palestinien que constituent le blocus et le bombardement sans relâche de Gaza. « Il importe de reconnaître que les attaques du Hamas ne se sont pas produites dans un vacuum », poursuit Guterres. « Le peuple palestinien souffre depuis 56 ans d’une occupation inhumaine. (…) Les Palestiniens ont vu leur terre dévorée par les colonies et ravagée par la violence, leur économie asphyxiée, leur population déplacée et leurs maisons démolies. Leur espoir d’une solution politique à leur situation s’est évanoui. (…) Pour mettre fin à ces souffrances épiques, je réitère mon appel à un cessez-le-feu humanitaire immédiat. La solution de deux États est la seule alternative possible, garantissant la sécurité d’Israël et donnant aux Palestiniens un État conformément aux résolutions de l’ONU. »

Israël réagit avec colère devant cette déclaration. Son ambassadeur auprès de l’ONU, Gilad Erdan, qui est l’un des dirigeants les plus extrémistes du parti Likoud du Premier ministre Benjamin Netanyahu, poste immédiatement un message incisif sur le site de réseau social X, anciennement connu sous le nom de Twitter : «  Je demande à Guterres de démissionner », affirme Erdan. « Il n’y a aucune justification ni aucun sens à parler à ceux qui montrent de la sympathie pour les actes les plus terribles commis contre les citoyens d’Israël, et encore moins par une organisation terroriste déclarée (…). Il est vraiment triste que le chef d’une organisation qui a vu le jour au lendemain de l’Holocauste exprime des opinions aussi horribles. »

Il y a cinquante ans, je me trouvais au Chili au moment où la junte militaire venait de renverser le gouvernement de Salvador Allende. J’écoutais quotidiennement des histoires d’horreur : personnes fusillées dans le Stade national ; cadavres découverts dans l’océan par des pêcheurs à Valparaiso ; torture de toutes sortes – insertion d’une souri dans le vagin ; chocs électriques au pénis, au sein, au vagin ; ongles arrachés ; établissement de camps de concentration. Tout cela1 me bouleversait profondément et me poussait à aider les gens qui fuyaient la terreur à trouver refuge dans une ambassade. Et, dans un contexte de censure totale, à fournir de l’information à de nombreux journalistes qui arrivaient au Chili. 

Pinochet voulait éliminer le cancer qui rongeait le Chili. Il voulait se débarrasser de toutes ces personnes qui, en optant pour le socialisme, avaient perdu leur ‘chilenidad’, c’est-à-dire leur âme judéo-chrétienne. Il se déclarait catholique et se sentait inspiré par Dieu. Exactement un mois après son coup d’État du 11 septembre 1973, il décrivait ce dernier comme le jour où la « main de Dieu se fit présente pour nous sauver ». 

Toute personne qui s’opposait au coup devenait automatiquement, pour Pinochet, ennemi de la patrie et « terroriste » [1]

Comme Augusto Pinochet, Hitler voulait éliminer le cancer qui rongeait l’âme de son peuple. C’est-à-dire ces six millions de juifs que la propagande nazie présentait depuis longtemps comme de simples « rats ». Et pour le faire, il s’inspirait, comme Pinochet, de Dieu. Dans un discours prononcé le 23 mars 1933 devant le Reichstag, Hitler déclarait que les « Églises chrétiennes sont un élément essentiel pour la sauvegarde de l’âme du peuple allemand » [2].

Aujourd’hui, nous assistons quotidiennement à d’autres histoires d’horreur. Le 7 octobre, le Hamas attaque Israël, massacrant plus de 1 400 personnes, la plupart des civils, dont de nombreux enfants et vieillards, et prenant plus de 224 otages. Un événement interprété par plusieurs commentateurs comme le 9/11 d’Israël, après celui du Chili en 1973 et celui des Etats-Unis en 2001.

Israël répond à ces attaques en prenant des mesures on ne peut plus radicales. On coupe Gaza – une population de 2,2 millions – de nourriture, eau, fournitures médicales, électricité et carburant. On avertit la population du nord de Gaza de quitter cette région, puis on bombarde sans relâche, dans l’attente d’une probable immense invasion terrestre. Les bombardements ont produit, en date d’aujourd’hui 29 octobre, plus de 7 700 victimes, dont 3 000 enfants. Ils ont même lieu parfois dans le sud où de centaines de milliers de Gazaouis se sont, à la demande d’Israël, réfugiés.

Mardi 24 octobre, une frappe aérienne israélienne tuait la femme, le fils, la fille et le petit-fils du chef de bureau d’Al Jazeera à Gaza, Wael al-Dahdouh. Acquiesçant à la demande d’Israël, ce journaliste avait quitté le nord de Gaza pour se réfugier avec sa famille dans le camp de Nuseirat.

Save the Children estime qu’un enfant à Gaza est tué chaque 15 minutes et l’Euro-Med Human Rights Monitor estime ce nombre à 200 chaque 24 heures.

Le 28 octobre, une invasion terrestre de Gaza commence et le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu déclare que cette invasion « va nous aider dans cette sainte mission ». Et l’ex-ministre de la défense d’Israël déclare qu’avec « l’aide de Dieu, nous allons nous battre, nous allons vaincre ».

Voici comment le responsable de l’Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA), Philippe Lazzarini, décrit, le 26 octobre, la situation :

« Depuis plus de deux semaines, des images insoutenables de tragédie humaine nous parviennent de Gaza. Des femmes, des enfants et des personnes âgées sont tués, des hôpitaux et des écoles sont bombardés, personne n’est épargné. À l’heure où j’écris ces lignes, l’UNRWA a déjà perdu, tragiquement, 35 de ses employés, dont beaucoup ont été tués alors qu’ils se trouvaient chez eux avec leur famille.

« Des quartiers entiers sont rasés au-dessus de la tête des civils dans l’un des endroits les plus surpeuplés de la planète. Les Forces de défense israéliennes (FDI) ont averti les Palestiniens de Gaza de se rendre dans la partie sud de la bande de Gaza alors qu’elles bombardent le nord, mais les frappes se poursuivent également dans le sud. Il n’y a aucun endroit sûr à Gaza.

« Près de 600 000 personnes sont réfugiées dans 150 écoles et autres bâtiments de l’UNRWA, vivant dans des conditions insalubres, avec peu d’eau potable, de nourriture et de médicaments. Les mères ne savent pas comment nettoyer leurs enfants. Les femmes enceintes prient pour ne pas avoir de complications lors de l’accouchement, car les hôpitaux n’ont pas la capacité de les accueillir. Des familles entières vivent désormais dans nos bâtiments parce qu’elles n’ont nulle part où aller. Mais nos installations ne sont pas sûres : 40 bâtiments de l’UNRWA, dont des écoles et des entrepôts, ont été endommagés par les frappes. De nombreux civils qui s’y abritaient ont été tragiquement tués.

« Au cours des 15 dernières années, Gaza a été décrite comme une grande prison à ciel ouvert, avec un blocus aérien, maritime et terrestre qui étouffe 2,2 millions de personnes sur 365 km². La plupart des jeunes n’ont jamais quitté Gaza. Aujourd’hui, cette prison devient le cimetière d’une population prise au piège entre la guerre, le siège et les privations.

« Ces derniers jours, d’intenses négociations au plus haut niveau ont finalement permis l’entrée dans la bande de Gaza d’un nombre très limité de fournitures humanitaires. Bien que cette avancée soit la bienvenue, ces camions ne représentent qu’un petit filet d’eau plutôt que le flux d’aide qu’exige une situation humanitaire de cette ampleur. Vingt camions de nourriture et de fournitures médicales sont une goutte d’eau dans l’océan pour les besoins de plus de 2 millions de civils. Le carburant, en revanche, a été fermement refusé à Gaza. Sans lui, il n’y aura pas de réponse humanitaire, pas d’aide aux personnes dans le besoin, pas d’électricité pour les hôpitaux, pas d’eau, pas de pain.

« Avant le 7 octobre, Gaza recevait chaque jour quelque 500 camions de nourriture et d’autres fournitures, dont 45 camions de carburant pour alimenter les voitures, les usines de dessalement de l’eau et les boulangeries de la bande. Aujourd’hui, Gaza est étranglée et les quelques convois qui y pénètrent n’apaiseront pas le sentiment de la population civile d’avoir été abandonnée et sacrifiée par le monde. » [3]

Le gouvernement d’Israël affirme vouloir éliminer le Hamas, cette organisation qu’il qualifie de « terroriste ». De même qu’au Chili, Pinochet déclarait terroriste, après le 11 septembre 1973, toute personne qui s’opposait au coup d’État, Israël qualifie de terroriste tout Palestinien qui cherche à mettre fin à l’occupation inhumaine que subit son peuple depuis des décennies.

En rappelant les racines historiques du conflit, António Guterres refuse de réduire les membres du Hamas à de simples terroristes sans plus. Il refuse d’adopter l’attitude du ministre israélien de la défense, Yoav Gallant, qui, à la suite des attaques du 7 octobre, affirme qu’Israël se bat « contre des animaux ». Il refuse d’adopter l’attitude du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, qui affirme que « Gaza est une ville du mal ». Il refuse de réduire les Palestiniens, comme plusieurs l’ont fait sur les réseaux sociaux israéliens après les attaques, à de simples « rats ou serpents ».

Et en affirmant que la « solution de deux États est la seule alternative possible, garantissant la sécurité d’Israël et donnant aux Palestiniens un État conformément aux résolutions de l’ONU », António Guterres ne fait que rappeler ce dont se rendait graduellement compte le soldat israélien, alors âgé de 20 ans, Ariel Bernstein, membre de l’Unité des forces spéciales Nahal. J’ai passé environ deux semaines en 2014 à me battre à Gaza, maison par maison, affirme Bernstein.

« Nous n’avions qu’une vague idée de ce qu’était Gaza, de la façon dont les gens y vivaient, de qui ils étaient ; nous ne voyions Gaza que comme un endroit perfide où tout le monde souhaitait notre mort. Je me souviens avoir été envahi par l’anxiété, redoutant que certains d’entre nous ne reviennent pas. (…) Notre mission était de conquérir le quartier Al-Burrah de Beit Hanoun et de nettoyer le quartier des terroristes tout en soutenant les forces d’ingénierie envoyées pour détruire les tunnels du Hamas.

« Les combats à Gaza étaient différents de tout ce que j’avais fait auparavant en Cisjordanie. Je n’avais jamais vu les Forces de défenses israéliennes utiliser une puissance de feu aussi intense. Celles-ci ayant ordonné aux civils de quitter le quartier, tous ceux qui restaient étaient – nous a-t-on dit – des agents ou des partisans du Hamas, et donc des cibles légitimes. (…)

« Une équipe d’une unité voisine a rencontré une famille palestinienne de dix personnes, dont aucune n’était un terroriste. Peu à peu, il est devenu plus difficile de croire que nous nous trouvions sur un champ de bataille. Après tout, il s’agissait aussi d’un quartier civil. Ces souvenirs des combats et des destructions que nous avons laissés derrière nous me hanteront à jamais.

« Mon expérience à Gaza m’a conduit à une conclusion claire : nous devons faire pression pour obtenir un accord avec les Palestiniens qui mette fin à l’occupation et au siège de Gaza. La vie à Gaza n’est pas viable. J’ai été stupéfait de voir à quel point notre société refuse de réfléchir à la situation à Gaza.

« Cela fait des années que je me demande pourquoi j’ai participé au conflit de 2014 s’il n’a pas été suivi d’une action politique qui empêcherait le prochain. Nos dirigeants nous ont menti en nous disant que nous pouvions gérer et contenir ce conflit sans jamais avoir à le résoudre. C’est pour ces raisons que je me suis plongé dans l’activisme. Il était clair pour moi que Gaza était une bombe à retardement prête à exploser. » [4]

Notes
[1]. Il a été établi qu’il y a eu au moins 3 000 morts et 40 000 personnes torturées à la suite du coup. De centaines de milliers de Chiliens et Chiliennes ont dû s’exiler. Le Canada en compte présentement 50 000, dont 15 000 au Québec
[2]. Cité dans Guillermo Blanco, El Evangelio de Judas, Pineda Libros, 4e édition, 1973, Santiago, Chili, p. 46.
[3]. Philippe Lazzarini, I run the UN agency for Palestine refugees. History will judge us all if there is no ceasefire in Gaza, The Guardian, le 26 octobre 2023. Consulté le même jour. C’est moi qui traduis de l’anglais.
[4]. Ariel Bernstein, I fought house to house in Gaza … I know force alone won’t bring peace, The Guardian, le 29 octobre 2023. Consulté le même jour. C’est moi qui traduis de l’anglais.

Olivier Bastien, 31 octobre 2023
https://www.pressegauche.org/Reduire-l-autre-a-l-inhumain-afin-de-justifier-son-elimination

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Les vies palestiniennes comptent aussi :
l’universitaire juive Judith Butler
condamne le « génocide » d’Israël à Gaza

Nous nous entretenons avec la philosophe Judith Butler, l’une des dizaines d’écrivains et d’artistes juifs américains qui ont signé une lettre ouverte au président Biden appelant à un cessez-le-feu immédiat à Gaza. « Nous devrions tous nous lever, protester et appeler à la fin du génocide », a déclaré Butler à propos de l’agression israélienne. « Jusqu’à ce que la Palestine soit libre… Nous continuerons d’être témoins de violence. Nous continuerons à voir cette violence structurelle produire ce genre de résistance. » Butler est l’autrice de nombreux livres, dont The Force of Nonviolence : An Ethico-Political Bind et Parting Ways : Jewishness and the Critique of Zionism. Ils font partie du conseil consultatif de Jewish Voice for Peace.

AMY GOODMAN : C’est Democracy Now !, democracynow.org, The War and Peace Report. Je m’appelle Amy Goodman et je suis avec Nermeen Shaikh.

NERMEEN SHAIKH : Nous poursuivons notre conversation sur le bombardement de Gaza par Israël. Nous sommes maintenant rejoints par la philosophe et spécialiste des études de genre Judith Butler, qui est l’une des dizaines d’écrivains et d’artistes juifs qui ont récemment signé une lettre ouverte au président Biden appelant à un cessez-le-feu immédiat. Judith Butler est l’autrice de nombreux livres, dont The Force of Nonviolence : An Ethico-Political Bind et Parting Ways : Jewishness and the Critique of Zionism. Leur récent article pour la London Review of Books s’intitule « La boussole du deuil ». Judith Butler nous rejoint aujourd’hui depuis Paris. Elle est professeure émérite à la Graduate School de l’Université de Berkeley et titulaire de la chaire Hannah Arendt à l’European Graduate School. Elle est également membres du conseil consultatif de Jewish Voice for Peace.

Bienvenue à Democracy Now !, professeure Butler. Si vous pouviez répondre ? Nous parlions tout à l’heure au Dr Ashrawi, qui a dit que les Palestiniens ont, je cite, « été privés de la reconnaissance de leur propre humanité et de leurs droits ». Vous avez beaucoup écrit sur la façon dont différentes vies sont valorisées différemment.

JUDITH BUTLER : Oui. Eh bien, permettez-moi simplement de dire que tous ceux que vous avez interviewés en Palestine ont utilisé le mot « génocide ». Et je pense que nous devons prendre ce mot très au sérieux, parce qu’il décrit la situation dans laquelle une population est ciblée – pas seulement la partie militaire, mais la partie civile – et bombardée, disloquée de force, et des plans sont élaborés pour la relocalisation ou la destruction totale de Gaza elle-même. Donc, comme vous le savez, il y a des groupes de juristes, comme le Center for Constitutional Rights, qui ont publié une étude de 40 pages sur les raisons pour lesquelles il est correct d’appeler ce qui arrive aux Palestiniens maintenant génocide. Et d’autres groupes étudient le droit international et montrent que le génocide ne ressemble pas toujours à ce qui s’est passé sous le régime nazi, mais il peut s’agir d’une atteinte systématique aux moyens de subsistance, à la santé, au bien-être et à la capacité de subsister. C’est exactement ce qui est en train de se passer.

Pourquoi les médias américains, pour la plupart, et le gouvernement américain ont-ils décidé d’être complices de crimes génocidaires est une question majeure. C’est un fait alarmant. Et Hanan Ashrawi a raison de dire que ce n’est pas seulement qu’ils apportent un soutien idéologique où des spin doctors affirment que la violence génocidaire israélienne est justifiée. En fait, ils donnent des armes, du soutien et des conseils afin de mettre en œuvre cet ensemble de politiques génocidaires.

Donc, en ce qui me concerne, les Palestiniens ont été étiquetés comme infortunés. C’est-à-dire qu’il ne s’agit pas d’un groupe de personnes dont la vie est considérée comme digne de valeur, de persévérance, d’épanouissement dans ce monde. S’ils sont perdus, ce n’est pas considéré comme une véritable perte, parce qu’ils ne sont pas seulement moins qu’humains – sûrement cela – mais pas seulement moins qu’humains, mais une menace pour ce qu’est l’idée de l’humain qui est défendue par la politique sioniste, partagée par Israël et les États-Unis et de nombreuses puissances occidentales.

Donc, je pense qu’une fois que nous voyons ces caricatures s’installer dans le discours public – tous les Palestiniens sont du Hamas, ou le Hamas est terroriste plutôt que, disons, une lutte de résistance armée, ou la violence israélienne est moralement justifiée, et la violence palestinienne est barbare – eh bien, pourquoi ne serait-il pas juste de décrire le bombardement des gens dans leurs maisons, leurs hôpitaux et leurs écoles ou alors qu’ils fuient, selon les directives israéliennes – pourquoi n’est-ce pas barbare ? Je veux dire, ce que nous voyons, ce n’est pas seulement le meurtre de civils palestiniens en tant que victime de la guerre, une sorte de sous-produit. Ces civils sont pris pour cible. Donc, le ciblage de civils qui appartiennent à un groupe particulier, ethnique, racialement défini, c’est une pratique génocidaire. C’est ce que nous voyons.

Et nous devrions tous nous lever, protester et appeler à la fin du génocide. C’est vrai que j’ai signé – j’ai signé plusieurs pétitions -, dont l’une appelle à un cessez-le-feu immédiat. C’est le minimum. Mais le fait est que la violence à laquelle nous assistons appartient à une violence de longue date, une violence vieille de 75 ans, qui se caractérise par des dislocations systématiques, des meurtres, des emprisonnements, des détentions, des terres volées, des vies endommagées. En fait, nous avons besoin d’une solution politique beaucoup plus complète à la situation. Tant que la Palestine ne sera pas libre et que les Palestiniens ne pourront pas vivre en tant que citoyens ou acteurs politiques dans un monde qu’ils contribuent à façonner – qu’ils deviennent autonomes, qu’ils appartiennent à une démocratie – nous continuerons à voir de la violence. Nous continuerons à voir cette violence structurelle produire ce genre de résistance. J’espère donc…

AMY GOODMAN : Judith Butler –

JUDITH BUTLER : – nous ne mettons pas, en fin de compte, un pansement – oui.

AMY GOODMAN : Permettez-moi de vous demander…

JUDITH BUTLER : S’il vous plaît.

AMY GOODMAN : L’homme politique israélien Moshe Feiglin a appelé à une Dresde sur Gaza, faisant référence au bombardement incendiaire de la ville allemande de Dresde pendant la Seconde Guerre mondiale, tuant quelque 25 000 personnes.

JUDITH BUTLER : Oui.

AMY GOODMAN : Alors qu’il y a une tempête de feu sur Gaza. Naftali Bennett, l’ancien Premier ministre, interrogé sur le meurtre de civils israéliens de plus de 1 400 personnes le 7 octobre, a répondu au présentateur de Sky en disant : « Parlez-vous sérieusement des civils palestiniens ? » Nous n’avons que 45 secondes, mais votre réponse ?

JUDITH BUTLER : Eh bien, je pense que l’un des problèmes est que les civils palestiniens ne sont pas reconnus comme tels. En d’autres termes, lorsque vous avez accompli, rhétoriquement et à travers les médias, l’identification de la Palestine avec le terrorisme, et tous les Palestiniens avec le terrorisme, la barbarie et l’animalité, alors il n’y a plus de civils dans l’imaginaire de ceux qui leur font violence.

AMY GOODMAN : Nous tenons à remercier…

JUDITH BUTLER : Et c’est faux, et il faut s’y opposer. Merci.

AMY GOODMAN : Nous tenons à vous remercier d’être avec nous. Nous allons continuer avec la partie 2 de notre discussion et la publier à democracynow.org. Judith Butler est philosophe, commentatrice politique et spécialiste des études de genre, professeure émérite.

26 octobre 2023 | tiré de democracynow.org
https://www.democracynow.org/2023/10/26/judith_butler_ceasefire_gaza_israel

https://www.pressegauche.org/Les-vies-palestiniennes-comptent-aussi-l-universitaire-juive-Judith-Butler

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Sit-in pour la Palestine à l’Université McGill et
pour dénoncer la répression par l’administration de l’université 

26 octobre 2023. Université McGill, Tiohtiá:ke, territoire non-cédé de la nation Kanien’keha. Un collectif de milliers de personnes – étudiants, professeurs, assistants de recherche et divers alliés – se sont rassemblées hier sur le campus de McGill, répondant à l’appel national du National Students for Justice in Palestine (NSJP) pour un Walkout étudiant à travers l’île de la Tortue.

À 13h30, des centaines d’étudiants sont sortis de leurs cours et ont rejoint un rassemblement qui grandissait rapidement à l’intersection centrale de McGill. Des slogans et des discours en anglais, en français et en arabe ont été prononcés par des professeurs, des membres des Mohawk Mothers et des représentants de divers groupes alliés.

À 14h40, les milliers d’alliés présents ont marché jusqu’au bâtiment administratif James, rejoignant une douzaine d’étudiants qui en avaient occupé l’entrée, défendant les revendications collectives et spécifiques de l’action coordonnée à l’échelle nationale :
– 
Le désinvestissement des fabricants d’armes qui alimentent le génocide mené à Gaza.
– La fin immédiate du siège israélien sur Gaza et de la complicité du Canada dans le financement du régime israélien.
– L’arrêt des programmes d’échange avec les institutions israéliennes et la coupure des liens avec les donateurs sionistes actuels et futurs.

Au cours des dernières semaines, les organisateurs étudiants ont été délibérément ciblés et ont été victimes de doxxing, de surveillance accrue.
La mobilisation actuelle réaffirme que les étudiants ont le droit et la responsabilité de s’exprimer pour la Palestine sans aucun doute ni crainte : le front étudiant palestinien n’a jamais été aussi uni et fort !

Students for Palestinian Human Rights (SPHR) de McGill ont lancé l’appel au Walkout étudiant plus tôt cette semaine, le lundi 22 octobre, en coordination avec les groupes étudiants en solidarité avec la Palestine, SPHR Concordia, Université du Québec à Montréal (SDHPP-UQAM), Université de Montréal (SDHPP-UdeM), et au Collège Dawson.

Vers 15h30, des étudiants de l’UQAM et de l’UdeM se sont joints solidairement au sit-in de SPHR McGill.

Pour en savoir plus, consultez la déclaration de SPHR McGill condamnant la dernière répression anti-palestinienne de l’administration de McGill, datée du 19 octobre :
https://drive.google.com/file/d/19kSfMyxk40SwV5x2o03pgBEcz3ZW7jcv/view?usp=drivesdk

Source : Students for Palestinian Human Rights (SPHR) McGill
https://www.pressegauche.org/Sit-in-pour-la-Palestine-a-l-Universite-McGill-et-pour-denoncer-la-repression

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27 octobre : Des familles d’Outremont manifesteront devant le bureau
de Rachel Bendayan pour demander un cessez-le-feu 

Ce vendredi 27 octobre à 15h, des familles palestiniennes, juives et de toutes origines du voisinage manifesteront devant le bureau de circonscription d’Outremont de Rachel Bendayan (154 rue Laurier ouest) pour revendiquer au gouvernement canadien un appel au cessez-le-feu et à la fin du siège et du barrage israéliens de Gaza. Nous rendrons hommage aux enfants de Gaza avec des histoires, des chansons et des chants de manifestation.

En date du 26 octobre 2023, entre 2300 et 3000 (selon l’ONU et les autorités palestiniennes) enfants palestiniens ont été tués depuis qu’Israël a commencé à bombarder Gaza en réponse aux attaques du Hamas du 7 octobre. Leurs parents ne pourront plus jamais les prendre dans leurs bras, les embrasser ou les mettre au lit.

La moitié de la population de Gaza a moins de 18 ans. Ces jeunes ont vécu toute leur vie en état de siège. Tel que rapporté par The Guardian : « à Gaza, un enfant de 15 ans a connu cinq périodes de bombardements intenses dans sa vie : 2008-2009, 2012, 2014, 2021 et maintenant 2023 ».

À l’issue de l’opération militaire de représailles en cours, l’enfance de plus d’un million d’enfants palestiniens aura été brisée. Les professionnel·les de la santé mentale notent que les enfants de Gaza souffrent de détresse traumatique aiguë, présentant des symptômes dont l’énurésie et les convulsions, après plus de deux semaines de bombardements.

Plus de 130 nourrissons se trouvent dans des unités de soins intensifs néonatals à Gaza. Ces bébés mourront en quelques minutes si l’électricité est coupée, et leur survie restera précaire tant qu’Israël maintiendra son barrage aux fournitures médicales.

50 000 femmes enceintes sont séquestrées à Gaza. Parmi elles, plus de 5 000 devront accoucher seules au cours du mois prochain, alors que le système de santé s’effondre. Les sages-femmes de Gaza signalent que des nouveau-né·es meurent dans les premières heures de leur vie en raison du stress maternel et du manque de fournitures médicales de base.

Les enfants et les familles du Mile End, d’Outremont et de l’ensemble de la communauté montréalaise sont en solidarité avec les enfants et les familles de Gaza. Nous défendons le droit fondamental des enfants palestiniens à la nourriture, à l’eau, à un abri, à l’éducation, à la sécurité et à la possibilité de grandir. Nous nous opposons aux crimes de guerre d’Israël et à la destruction des écoles et des hôpitaux.

https://www.pressegauche.org/27-octobre-Des-famillies-d-Outremont-manifesteront-devant-le-bureau-de-Rachel

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Cisjordanie.
Les milices de colons-soldats sont de plus en plus menaçantes
contre les communautés rurales. Elles cherchent à les chasser 

Le harcèlement et l’intimidation par les colons israéliens, souvent accompagnés d’une escorte militaire, ne sont pas un phénomène nouveau pour les Palestiniens de Susiya, un petit village de la région de Masafer Yatta [sud-est du district d’Hébron, avec une population vivant de l’agriculture et de l’élevage], en Cisjordanie occupée. Cependant, depuis le début de la guerre, le 7 octobre, nous assistons à une intensification alarmante. Et il est de plus en plus difficile de faire la distinction entre les colons et les soldats.

Au cours des trois dernières semaines, des milices de colons-soldats ont fait irruption dans des communautés rurales de Cisjordanie, agressé des résidents palestiniens et les ont menacés de représailles s’ils ne quittaient pas leurs maisons. Alors que le monde entier observe l’offensive militaire d’Israël sur Gaza, les colons ont choisi d’intensifier leurs attaques dans le but de déplacer systématiquement et par la force des centaines, voire des milliers, de Palestiniens.

Le 16 octobre, les colons israéliens et l’armée ont bloqué toutes les entrées de Susiya avec de gros blocs de pierre, ainsi que les routes menant à la ville voisine de Yatta, où les villageois se rendent pour acheter de la nourriture et des provisions. Quelques jours plus tard, l’administration civile – la branche bureaucratique de l’occupation israélienne – est venue ouvrir la route, mais les colons les en ont empêchés et les ont forcés à quitter les lieux. Les colons ont alors commencé à revêtir des uniformes militaires et à attaquer plus que jamais les habitants de Susiya.

Ahmad Jaber Nawajah vit à Susiya avec sa femme et ses deux filles, âgées de 7 et 8 ans. Le 28 octobre à 20 heures, deux colons masqués, en uniforme militaire, ont fait irruption dans leur maison et ont commencé à détruire leurs biens et à prendre des photos de tout. Lorsque la famille a protesté, les colons l’ont réduite au silence par des insultes et des menaces, ce qui a duré 30 minutes.

A 23 heures, une voiture civile portant une plaque d’immatriculation israélienne jaune est arrivée à l’entrée de la maison, et cinq hommes en uniforme – dont deux étaient masqués – en sont sortis. Ils ont commencé à inspecter les abords de la maison. Ils ont fini par pénétrer à nouveau dans la maison de la famille. La famille s’est levée lorsque les colons ont commencé à balancer des objets et à prendre d’autres photos. Les filles de Nawajah ont commencé à pleurer et à crier. Prises de panique et de peur, l’une d’elles s’est mise à vomir et l’autre a saigné du nez.

Finalement, les hommes ont cessé de prendre des photos et ont empoigné Nawajah et son frère Muhammad, les forçant à quitter la maison et leur ordonnant de s’asseoir sur le sol à quelque 40 mètres de là. Nawajah, qui ne comprend pas l’hébreu, s’est assis sur un rocher au lieu du sol. Alors, l’un des colons a commencé à le frapper, l’attrapant par la nuque et lui enfonçant le visage dans le sol. Lorsque Muhammad a commencé à protester, les colons lui ont donné des coups de pied et de poing sur tout le corps.

L’un des colons a alors menacé les deux frères, leur disant qu’ils avaient 24 heures pour quitter leur maison, sinon ils reviendraient, leur tireraient dessus et détruiraient leur maison.

A ce moment-là, des véhicules militaires israéliens sont arrivés sur les lieux et des soldats ont ordonné à Nawajah de présenter sa carte d’identité. Il est rentré chez lui pour la récupérer, tandis que Muhammad expliquait aux soldats que les colons les avaient battus et menacés de les tuer. Les soldats ont dit à Muhammad de se taire et qu’ils devaient rentrer chez eux. Alors que Nawajah et Muhammad s’exécutaient, les colons ont réitéré leurs menaces, sous les yeux des soldats.

La même nuit, la milice de colons a fait irruption dans plusieurs autres maisons et a proféré ses menaces envers d’autres familles. Les colons ne sont toujours pas revenus depuis cette nuit terrifiante, mais les villageois craignent qu’ils ne fassent à nouveau irruption dans le village à tout moment.

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Depuis que les colons ont bloqué les routes autour de Susiya, les villageois n’ont aucun moyen de se rendre à Yatta pour acheter de la nourriture, du fourrage pour le bétail ou des médicaments pour les personnes âgées. Les personnes âgées souffrant de problèmes médicaux tels que le diabète ne peuvent pas se rendre à l’hôpital. Les habitants vivent dans la crainte de ce qui se passera si quelqu’un a besoin de soins urgents.

L’élevage étant le principal moyen de subsistance du village, l’impossibilité d’acheter de la nourriture pour les troupeaux constitue un danger sérieux. De plus, cette situation survient après la saison des pacages, durant laquelle les colons et les soldats ont travaillé ensemble pendant des mois pour bloquer l’accès à la plupart des pâturages entourant le village. Plus les routes resteront fermées, plus les pertes économiques seront importantes et plus les Palestiniens seront contraints d’abandonner leur mode de vie.

« L’économie du village dépend des moutons », explique Yousef Nawajah, un berger du village. « Lorsque nous ne pouvons pas aller chercher de la nourriture à Yatta, nous perdons notre gagne-pain et sommes contraints de vendre nos troupeaux. Lorsque nous perdons nos moutons, je ne peux pas nourrir ma famille, je n’ai pas de travail. Ma famille ne trouve rien à manger. »

En outre, les colons et l’armée ont systématiquement détruit les puits de la région, qui assurent environ 60% de l’approvisionnement en eau du village. Il s’agit d’une tentative délibérée de forcer les gens à quitter leurs terres. Cela s’ajoute au fait que les habitants ne peuvent pas apporter par les routes de l’eau au village, provoque une grande pénurie d’eau et augmente le risque de propagation des maladies, en particulier chez les enfants.

La même chose se produit dans de nombreux villages de Masafer Yatta depuis le début de la guerre. Au moins 13 communautés palestiniennes ont déjà été déplacées de force depuis le 7 octobre. Lundi soir, des colons ont incendié plusieurs maisons dans le village de Sfai.

Si la coupure des routes, les attaques et les menaces des colons-soldats, le manque d’accès à l’eau et à la nourriture pour les animaux se poursuivent encore longtemps, la situation se transformera en un crime contre l’humanité.

Hamdan Mohammed Al-Huraini
Hamdan Mohammed Al-Huraini est un militant défenseur des droits de l’homme de Susiya. Il documente les abus de l’occupation contre les Palestiniens à Masafer Yatta. Il est également bénévole en tant qu’enquêteur pour l’ONG israélienne B’Tselem.
Article publié sur le site israélien +972 le 31 octobre 2023 ; traduction rédaction A l’Encontre
http://alencontre.org/moyenorient/palestine/cisjordanie-les-milices-de-colons-soldats-sont-de-plus-en-plus-menacantes-contre-les-communautes-rurales-elles-cherchent-a-les-chasser.html

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Le Haut Commissaire aux droits de l’homme de New York vient de rédiger une dernière missive exprimant ses préoccupations concernant les violations des droits de l’homme infligées à la population de Gaza

Dans sa dernière communication adressée à Volker Turk, Haut Commissaire aux droits de l’homme au Palais Wilson à Genève, Craig Mokhiber, le directeur du bureau de New York du Haut Commissaire aux droits de l’homme, a exprimé sa profonde inquiétude quant aux violations des droits de l’homme qui se poursuivent à Gaza. M. Mokhiber, avocat chevronné des droits de la personne, doté de plus de trente ans d’expérience, a fait part de ses profondes inquiétudes et a esquissé un plan en dix points pour remédier à la situation critique actuelle.

Dans sa lettre, M. Mokhiber commence par dire : « Ceci sera ma dernière communication officielle avec vous en tant que directeur du bureau de New York du Haut Commissaire aux droits de l’homme ».

Il ajoute : « Je vous écris à un moment de grande angoisse pour le monde entier, y compris pour nombre de nos collègues. Une fois de plus, nous assistons à un génocide qui se déroule sous nos yeux, et l’Organisation que nous servons semble impuissante à l’arrêter. En tant que personne ayant enquêté sur les droits de l’homme en Palestine depuis les années 1980, ayant vécu à Gaza en tant que conseiller des Nations unies pour les droits de l’homme dans les années 1990, et ayant effectué plusieurs missions de défense des droits de l’homme dans ce pays avant et depuis, cette situation m’est profondément personnelle ».

Dans cette lettre, M. Mokhiber établit des parallèles entre la situation actuelle en Palestine et plusieurs génocides passés, notamment ceux perpétrés contre les Tutsis, les musulmans bosniaques, les Yazidis et les Rohingyas. Il déplore l’incapacité de la communauté internationale, et notamment des Nations unies, à prévenir efficacement les atrocités de masse, à protéger les populations vulnérables et à réclamer des comptes aux auteurs de ces actes. Il affirme que des vagues successives de meurtres et de persécutions à l’encontre des Palestiniens se sont succédées tout au long de l’existence des Nations unies.

Mokhiber affirme avec force que la situation actuelle en Palestine constitue un cas d’école de génocide. Il souligne que le projet colonial européen, ethno-nationaliste et de colonisation en Palestine entre présentement dans sa phase finale, visant la destruction accélérée des derniers vestiges d’une vie palestinienne autochtone en Palestine. En outre, il critique la complicité des États-Unis, du Royaume-Uni et d’une grande partie de l’Europe, qui soutiennent les actions du gouvernement israélien par des ventes d’armes, un soutien économique et des services de renseignement, ainsi qu’une couverture diplomatique.

Il a déclare en outre : « De concert avec cette dynamique, les médias d’entreprise occidentaux, de plus en plus capturés et proches des États, violent ouvertement l’article 20 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques, déshumanisant continuellement les Palestiniens pour faciliter leur génocide, et diffusant de la propagande pour la guerre et des appels à la haine nationale, raciale ou religieuse qui constituent une incitation à la discrimination, à l’hostilité et à la violence. Les grandes entreprises de médias sociaux basées aux États-Unis étouffent les voix des défenseurs des droits humains tout en amplifiant la propagande pro-israélienne. Des agents provocateurs et des organisations gouvernementales du lobby israélien s’activent sur Internet à harceler et diffamer les défenseurs des droits de la personne, et des universités et employeurs occidentaux collaborent avec eux pour punir ceux qui osent s’élever contre ces atrocités. À la suite de ce génocide, ces acteurs doivent également rendre des comptes, comme ce fut le cas pour la radio des Milles Collines au Rwanda.

« Dans de telles circonstances, notre organisation est plus que jamais appelée agir de manière efficace et fondée sur des principes, mais nous n’avons pas relevé ce défi. Le pouvoir de protection du Conseil de sécurité a une fois de plus été paralysé par l’intransigeance des États-Unis, le Secrétaire Général de l’ONU se voit attaqué pour ses protestations les plus timides, et nos mécanismes de défense des droits humains font l’objet d’attaques calomnieuses soutenues en ligne par un réseau organisé d’impunité ».

Dans sa lettre, M. Mokhiber déclare : « Des décennies de distraction par les promesses illusoires et largement fallacieuses du processus d’Oslo ont détourné l’Organisation de son devoir essentiel de défense du droit international, des droits humains internationaux et de la Charte elle-même. Le mantra de la « solution à deux États » est devenu une plaisanterie éculée dans les couloirs de l’ONU, à la fois pour son impossibilité absolue dans les faits et pour son incapacité totale à tenir compte des droits humains inaliénables du peuple palestinien. Le soi-disant « Quartet » n’est plus qu’une feuille de vigne pour justifier l’inaction et la soumission à un statu quo inhumain. La référence (rédigée par les États-Unis) aux « accords entre les parties elles-mêmes » (au lieu du droit international) a toujours été une malversation transparente, destinée à renforcer le pouvoir d’Israël sur les droits des Palestiniens occupés et dépossédés de leurs biens.

Mentionnant le Haut Commissaire, M. Mokhiber déclare : « Je suis d’abord arrivé à cette organisation dans les années 1980, du fait d’y trouver une institution fondée sur des principes et des normes qui se positionnait résolument du côté des droits humains, y compris dans les cas où les puissances des États-Unis, du Royaume-Uni et de l’Europe n’étaient pas de notre côté. Alors que mon propre gouvernement, ses institutions de subsidiarité et une grande partie des médias américains soutenaient ou justifiaient encore l’apartheid sud-africain, l’oppression israélienne et les escadrons de la mort qui sévissaient en Amérique centrale, les Nations unies défendaient les peuples opprimés de ces pays. Nous avions le droit international de notre côté. Nous avions les droits de l’homme de notre côté. Nous avions les principes de notre côté. Notre autorité était ancrée dans notre intégrité. Mais ce n’est plus le cas.

Au cours des dernières décennies, des éléments clés des Nations unies ont cédé au pouvoir des États-Unis et à la crainte du lobby israélien, abandonnant ces principes et se retirant du droit international lui-même. Nous avons beaucoup perdu dans cet abandon, notamment notre propre crédibilité mondiale. Mais c’est le peuple palestinien qui a subi les plus grandes pertes en raison de nos échecs. L’ironie de l’histoire veut que la Déclaration universelle des droits de l’homme (DUDH) ait été adoptée l’année même où la Nakba a été perpétrée contre le peuple palestinien. Alors que nous commémorons le 75e anniversaire de la DUDH, nous ferions bien d’abandonner le vieux cliché selon lequel cette Déclaration est née des atrocités qui l’ont précédée, et d’admettre qu’elle est née en même temps que l’un des génocides les plus atroces du XXe siècle, celui de la destruction de la Palestine. D’une certaine manière, les auteurs de la Constitution promettaient les droits de l’homme à tout le monde, sauf au peuple palestinien. N’oublions pas non plus que les Nations unies ont commis le péché originel de faciliter la dépossession du peuple palestinien en ratifiant le projet colonial européen qui s’est emparé des terres palestiniennes et les a remises aux colons. Nous avons beaucoup à expier ».

Il écrit ensuite que, maintenant que la voie de l’expiation est claire, nous avons beaucoup à apprendre de la position de principe adoptée dans des villes du monde entier ces derniers jours, alors que des masses de gens s’élèvent contre le génocide actuel, même au risque d’être battus et arrêtés. Les Palestiniens et leurs alliés, les défenseurs des droits humains de tous bords, les organisations chrétiennes et musulmanes et les voix juives progressistes qui disent « pas en notre nom », montrent tous la voie. Tout ce que nous avons à faire, c’est de les suivre.

Hier, à quelques rues d’ici, la gare Grand Central de New York a été entièrement occupée par des milliers de défenseurs juifs des droits de l’homme solidaires du peuple palestinien et réclamant la fin de la tyrannie israélienne (au risque, pour beaucoup, d’être arrêtés). Ce faisant, ils ont éliminé en un instant l’argument de propagande de la hasbara israélienne (et le vieux trope antisémite) selon lequel Israël représente en quelque sorte le peuple juif. Ce n’est pas le cas. Et, en tant que tel, Israël est seul responsable de ses crimes. Sur ce point, il convient de répéter, malgré les calomnies du lobby israélien, que la critique des violations des droits de l’homme par Israël n’est pas antisémite, pas plus que la critique des violations saoudiennes n’est islamophobe, que la critique des violations du Myanmar n’est anti-bouddhiste, ou que la critique des violations indiennes n’est anti-hindouiste. Lorsqu’ils cherchent à nous faire taire par des calomnies, nous devons élever la voix, et non l’abaisser. J’espère que vous conviendrez, Monsieur le Haut Commissaire, qu’il s’agit là d’une façon de faire entendre la vérité au pouvoir.

Mais je trouve également de l’espoir dans les parties des Nations unies qui ont refusé de compromettre les principes de l’Organisation en matière de droits humains, en dépit des énormes pressions qui s’exercent sur elles. Nos rapporteurs spéciaux indépendants, nos commissions d’enquête et nos experts des organes de traités, ainsi que la plupart des membres de notre personnel, ont continué à défendre les droits humains du peuple palestinien, alors même que d’autres parties des Nations unies (même au plus haut niveau) ont honteusement courbé l’échine devant le pouvoir. En tant que gardien des normes et standards en matière de droits de l’homme, le HCDH a le devoir particulier de défendre ces standards. Je pense que notre travail consiste à faire entendre notre voix, du secrétaire général à la dernière recrue des Nations unies, et horizontalement dans l’ensemble du système des Nations unies, en insistant pour que les droits humains du peuple palestinien ne fassent l’objet d’aucun débat, d’aucune négociation ni d’aucun compromis, où que ce soit sous le drapeau bleu ».

À quoi ressemblerait alors une position fondée sur les normes de l’ONU ? À quoi travaillerions-nous si nous étions fidèles à nos admonestations rhétoriques sur les droits de l’homme et l’égalité pour tous, la responsabilité pour les auteurs, la réparation pour les victimes, la protection des personnes vulnérables et l’empouvoirement des détenteurs de droits, le tout dans le cadre de l’État de droit ? La réponse, je crois, est simple : si nous avons la lucidité de voir au-delà des écrans de fumée propagandistes qui déforment la vision de la justice pour laquelle nous avons prêté serment, le courage d’abandonner la peur et la déférence à l’égard des États dominants, et la volonté d’embrasser véritablement la bannière des droits de l’homme et de la paix. Certes, il s’agit d’un projet à long terme et d’une ascension ardue. Mais nous devons commencer maintenant ou nous abandonner à une horreur indicible. Je perçois à cet égard dix principes essentiels :

1. Une action légitime : Tout d’abord, nous devons, au sein des Nations unies, abandonner le paradigme d’Oslo, qui a échoué (et qui est en grande partie fallacieux), sa solution illusoire à deux États, son Quartet impuissant et complice, et sa soumission du droit international aux diktats d’une présumée convenance politique. Nos positions doivent être fondées sans équivoque sur les droits de l’homme et sur le droit international.

2. Une vision claire : Nous devons cesser de prétendre qu’il s’agit simplement d’un conflit territorial ou religieux entre deux parties belligérantes et admettre la réalité de la situation dans laquelle un État au pouvoir disproportionné colonise, persécute et dépossède une population autochtone sur la base de son appartenance ethnique.

3. Un État unique fondé sur les droits de l’homme : Nous devons soutenir l’établissement d’un État unique, démocratique et laïque dans toute la Palestine historique, avec des droits égaux pour les chrétiens, les musulmans et les juifs, et, par conséquent, le démantèlement du projet colonialiste profondément raciste et la fin de l’apartheid sur l’ensemble du territoire.

4. Lutte contre l’apartheid : Nous devons réorienter tous les efforts et toutes les ressources des Nations unies vers la lutte contre l’apartheid, comme nous l’avons fait pour l’Afrique du Sud dans les années 1970, 1980 et au début des années 1990.

5. Retour et indemnisation : Nous devons réaffirmer et insister sur le droit au retour et à l’indemnisation complète de tous les Palestiniens et de leurs familles qui vivent actuellement dans les territoires occupés, au Liban, en Jordanie, en Syrie et dans leur diaspora à travers le monde.

6. Vérité et justice : Nous devons appeler à un processus de justice transitionnelle, en utilisant pleinement les décennies d’enquêtes, d’investigations et de rapports accumulés par les Nations Unies, afin de documenter la vérité et de garantir la responsabilité de tous les auteurs, la réparation de toutes les victimes et les remèdes aux injustices documentées.

7. La protection : Nous devons insister sur le déploiement d’une force de protection de l’ONU dotée de ressources suffisantes et d’un mandat solide pour protéger les civils de la rivière à la mer.

8. Désarmement : Nous devons plaider pour le retrait et la destruction des stocks massifs d’armes nucléaires, chimiques et biologiques d’Israël, de peur que le conflit ne conduise à la destruction totale de la région et, éventuellement, au-delà.

9. La médiation : Nous devons reconnaître que les États-Unis et les autres puissances occidentales ne sont pas des médiateurs crédibles, mais plutôt des parties au conflit qui sont complices d’Israël dans la violation des droits des Palestiniens, et nous devons les interpeller en tant que tels.

10. La solidarité : Nous devons ouvrir grand nos portes (et celles du Secrétariat Général) aux légions de défenseurs des droits de l’homme palestiniens, israéliens, juifs, musulmans et chrétiens qui sont solidaires du peuple de Palestine et de ses droits humains, et mettre un terme au flux incontrôlé de lobbyistes israéliens vers les bureaux des dirigeants de l’ONU, où ils prônent la poursuite de la guerre, de la persécution, de l’apartheid et de l’impunité, et dénigrent nos défenseurs des droits humains pour leur défense de principe des droits des Palestiniens ».

Il ajoute : « Il faudra des années pour y parvenir, et les puissances occidentales nous combattront à chaque étape du processus, c’est pourquoi nous devons faire preuve de fermeté. Dans l’immédiat, nous devons œuvrer en faveur d’un cessez-le-feu immédiat et de la fin du siège de Gaza, nous opposer au nettoyage ethnique de Gaza, de Jérusalem et de la Cisjordanie (et d’ailleurs), documenter l’assaut génocidaire en cours à Gaza, contribuer à l’acheminement d’une aide humanitaire massive et d’une reconstruction au bénéfice des Palestiniens, prendre soin de nos collègues traumatisés et de leurs familles, et lutter sans relâche pour que les bureaux politiques de l’ONU adoptent une approche fondée sur des principes ».

L’échec de l’ONU en Palestine jusqu’à présent n’est pas une raison de nous retirer. Au contraire, il devrait nous donner le courage d’abandonner le paradigme du passé qui a échoué, et d’adopter pleinement une approche plus fondée sur des principes. En tant que Commissariat aux Droits de l’Homme, rejoignons avec audace et fierté le mouvement anti-apartheid qui se développe dans le monde entier, en ajoutant notre logo à la bannière de l’égalité et des droits humains pour le peuple palestinien. Le monde nous observe. Nous devrons tous rendre compte de notre position à ce moment crucial de l’histoire. Prenons le parti de la justice ».

À la toute fin de cette lettre, M. Mokhiber écrit : « Je vous remercie, Monsieur le Haut Commissaire Volker, d’avoir écouté ce dernier appel de mon bureau. Dans quelques jours, je quitterai le Bureau pour la dernière fois, après plus de trois décennies de service. Mais n’hésitez pas à me contacter si je peux vous être utile à l’avenir ».

Craig Mokhiber, directeur du bureau de New York du Haut Commissaire aux droits de l’homme
(Traduction : Martin Dufresne)
https://tradfem.wordpress.com/2023/11/01/le-haut-commissaire-aux-droits-de-lhomme-de-new-york-vient-de-rediger-une-derniere-missive-exprimant-ses-preoccupations-concernant-les-violations-des-droits-de-lhomme-infligees-a-la-populati/

Gaza: Caso de genocidio de libro de texto
https://vientosur.info/gaza-caso-de-genocidio-de-libro-de-texto/

 

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Un trentenaire de Rafah, qui a perdu sa femme, ses deux enfants, ses parents et ses frères lorsque l’immeuble familial a été bombardé, a raconté dans un témoignage qu’il a donné à Muhammad Sabah, chercheur de terrain de B’Tselem, le 30 octobre 2023 :

Je vivais avec ma femme et nos deux enfants, Ahed (8 ans) et Rabab (5 ans), près de mes parents, dans le quartier d’a-Naser, situé à l’est de la ville de Rafah.

Le deuxième jour de la guerre, Israël a commencé à bombarder la région. Les obus sont tombés très près de nos maisons, nous avons donc dû partir avec tous les voisins. Nous sommes allés chez mon cousin, Nabil al-‘Aidy, qui vivait dans un immeuble de trois étages comprenant six appartements dans le quartier d’al-Juneinah à Rafah. Nous sommes restés dans un appartement au premier étage avec mes parents et mes frères. Dans l’appartement d’en face se trouvaient d’autres membres de la famille. Les choses étaient relativement calmes dans ce quartier. Nous ne sommes sortis que pour faire des provisions et nous n’avons pas eu d’ennuis, car le quartier était assez calme. Le lundi 23 octobre 2023, vers 13h20, je suis sortie faire des courses pendant que ma famille se préparait à déjeuner. Dès que je suis sorti du bâtiment, j’ai été projeté à une cinquantaine de mètres. Je me suis relevé d’un bond et j’ai voulu courir jusqu’à l’immeuble pour prendre des nouvelles de ma femme, de mes enfants, de mon père, de ma mère et de mes frères. Des passants m’ont trouvé en train de saigner de la tête et m’ont emmené dans une pharmacie, où l’on m’a bandé la tête. Je suis retourné dans l’immeuble et j’ai trouvé nos appartements complètement détruits. J’ai été choqué. Je me suis évanoui et je suis tombé.

Je me suis réveillé à l’hôpital a-Najar. J’avais des fractures et des ecchymoses et les médecins voulaient me garder, mais j’ai insisté pour retourner chercher ma famille. À mon arrivée, j’ai trouvé des voisins, dont mon ami Anas al-‘Adaisi, et ils ont tous participé à la recherche de ma famille. Nous avons sorti 11 blessés et de nombreux corps. Ce n’est que le lendemain que nous avons pu extraire les corps de ma femme, de mes enfants, de mes parents et de mes frères. Les corps étaient démembrés.

C’était un spectacle horrible, indescriptible. Cela m’a brisé de voir mes garçons dans cet état. Je suis dans un état lamentable. Je ne sais pas comment je vais gérer ce qui m’est arrivé. Je n’aurais jamais imaginé me retrouver dans cette situation. Je n’ai jamais imaginé que je perdrais ma famille comme ça. Je suis seul au monde maintenant. Tout ce à quoi je tenais a disparu.

Mahmoud Nafez al-’Aidy
https://www.btselem.org/voices_from_gaza#215343
Traduit avec http://www.DeepL.com/Translator (version gratuite)

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Défendre les libertés d’expression sur la Palestine :
un enjeu académique

« Nous chercheur·ses, juristes, anthropologues, sociologues, historien·nes, géographes, économistes, politistes, spécialistes des sociétés du Moyen-Orient et des mondes arabes, ainsi que nos collègues de l’ESR solidaires »

Nous souhaitons interpeller nos tutelles et collègues face aux faits graves de censure et de répression auxquels nous assistons dans l’espace public français depuis les événements dramatiques du 7 octobre. Au sein de nos universités, nous subissons des intimidations, qui se manifestent par l’annulation d’événements scientifiques, ainsi que des entraves à l’expression d’une pensée académique libre. Nous recensons de plus en plus de messages envoyés par les directions des universités, des laboratoires de recherche, du CNRS et par le ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche lui-même, invitant les chercheur·ses et enseignant·es-chercheur·ses à signaler l’expression des idées jugées non conformes. Des accusations graves d’antisémitisme ou d’apologie du terrorisme ont déjà été proférées à l’encontre de certain·es collègues spécialistes de la région.

Ainsi, des collègues connaissent en ce moment des procédures disciplinaires relatives a leurs expressions plurielles (privés ou professionnelles) qui dérogent à la ligne du gouvernement français et qui sont taxées d’apologie du terrorisme. Ordre ministériel a été donné de faire remonter des noms (lettre de la Ministre de l’ESR aux président·es d’université du 9 octobre 2023), ce qui est fait au sein de plusieurs institutions universitaires, dont l’Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales et le CNRS. Cela a installé un climat de délation, censure et autocensure (report d’événements) rapporté par plusieurs collègues dont des précaires.

Le conflit israélo-palestinien est un des révélateurs de la police de la pensée qui s’est installée dans le monde académique français depuis plusieurs années, dans la continuité de l’invention de l’islamo-gauchisme pour disqualifier certains discours scientifiques. Cela a pu engendrer des phénomènes d’autocensure chez les chercheur·ses, entravant notre réflexion intellectuelle et remettant en cause notre déontologie professionnelle, dans une conjoncture où celle-ci s’avère d’autant plus cruciale. Cette (auto) censure ne concerne d’ailleurs pas tout le monde puisque des collègues non spécialistes ont, quant à elles et eux, pu librement multiplier tribunes, articles et communiqués sans réelle contradiction.

La recherche libre, qui est une garantie du bon fonctionnement démocratique d’une société, a pour objectif d’informer et d’éclairer des réalités au moyen d’outils d’analyse historiques, géographiques, anthropologiques, sociologiques, économiques, juridiques et politiques. Ces outils nous permettent de produire des connaissances et des regards critiques et pluriels sur le monde. Les dynamiques inquiétantes que nous observons au sein de la sphère académique reflètent un phénomène structurel plus large de répression des paroles et d’expressions de pensées non hégémoniques. Les censeur·ses ont un biais idéologique qu’ils et elles imposent sans précaution, en refusant l’échange intellectuel, qui est au cœur de nos pratiques.

Notre communauté scientifique, constituée en large partie de précaires, doit dénoncer ce climat de menace qui engendre peur et autocensure au détriment de la libre expression de nos paroles, analyses et positions politiques. Notre éthique de chercheur·ses repose sur le droit à exposer nos travaux et analyses sans détournement, interruption et procès d’intention. Nous souhaitons également réaffirmer notre droit de pouvoir soutenir des causes et exprimer nos solidarités à titre individuel, comme tout·e citoyen·ne. Pour cela nous demandons à nos tutelles de veiller à ce que cessent les intimidations, diffamations et restrictions de la parole scientifique et que nos collègues puissent être protégé·es dans leur mission de diffusion des savoirs scientifiques.

Defending Freedom of Expression on Palestine: An Academic Issue

« We, researchers, jurists, anthropologists, sociologists, historians, geographers, economists, political scientists, specialists in Middle Eastern and Arab societies, as well as our supportive colleagues »

We wish to draw the attention of our authorities and colleagues to the serious incidents of censorship and repression that we have witnessed in the French public sphere since the tragic events of October 7th. Within our universities, we are facing intimidations, which manifest in the cancellation of academic events and hindrances to the expression of free academic thought. We are increasingly receiving messages from university administrations, research laboratories, CNRS, and even the Ministry of Higher Education and Research itself, urging researchers and lecturers to report expressions of non-conforming ideas. Serious accusations of anti-Semitism or apology of terrorism have already been made against some colleagues who specialize in the region.

The Israeli-Palestinian conflict serves as a reflection of the thought policing that has taken root in the French academic world over the past several years, in continuation of the invention of « Islamo-leftism » to discredit certain scientific discourses. This has led to self-censorship among researchers, obstructing our intellectual reflection and challenging our professional ethics, especially in a context where these principles are crucial. It is worth noting that this (self-)censorship does not affect everyone equally, as non-specialist colleagues have been able to freely contribute op-eds, articles, and statements without significant contradiction.

Free research, which is a guarantee for the democratic functioning of a society, aims to inform and shed light on realities through historical, geographical, anthropological, sociological, economic, legal, and political analysis tools. These tools allow us to produce diverse and critical perspectives on the world. The concerning dynamics we observe within the academic sphere reflect a broader structural phenomenon of suppressing non-hegemonic speech and thought. Censors exhibit an ideological bias that they impose without caution, rejecting intellectual exchange, which is at the core of our practices.

Our scientific community, largely composed of precarious workers, must denounce this climate of threat that breeds fear and self-censorship, to the detriment of the free expression of our ideas, analyses, and political positions. Our ethical principles as researchers are founded on the right to present our work and analyses without distortion, interruption, and baseless accusations. We also wish to reaffirm our right to support causes and express our solidarity as individual citizens. Therefore, we call on our authorities to ensure an end to intimidations, defamation, and restrictions on scientific discourse, and to protect our colleagues in their mission of disseminating scientific knowledge.

Liste signataires
https://docs.google.com/forms/d/e/1FAIpQLSfvJoKtwz0N_h_m7BgbboBUuJK5Wl9hZWCfjTgnX1DJpVtXCw/viewform?pli=1

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Lettre urgente du Syndicat des journalistes palestinien.ne.s
sur la situation dans la bande de Gaza

pjs

Cher.e.s membres du Parlement Européen,
Nous vous adressons cette lettre bien que vous soyez pleinement conscient.e.s de la situation subie par les Palestinien.ne.s depuis bientôt trois semaines : siège, tueries, destructions et déplacements forcés. Dans cette situation, la vie des journalistes est en jeu. La liberté de la presse également.

Nous, membres élu.e.s du Syndicat des Journalistes Palestinien.ne.s (SJP), vous exhortons de vous prononcer contre les meurtres de journalistes palestinien.ne.s à Gaza. À l’heure qu’il est, trois semaines après le début de la guerre, 24 journalistes (dont 3 femmes) ont été tué.e.s par les tirs d’artillerie et les frappes aériennes. Certaine.e.s d’entre elleux ont été tué.e.s aux côtés de leurs familles et enfants. Deux journalistes manquent toujours à l’appel et sont peut-être détenu.e.s par les forces israéliennes. Des dizaines d’autres journalistes ont été blessé.e.s (alors qu’ielles faisaient leur métier). Les locaux de plus d’une cinquantaine de médias ont été détruits.

Comme vous le devez le savoir, il n’y actuellement aucun.e journaliste international.e présent.e à Gaza. Les journalistes étranger.e.s n’ont toujours pas le droit d’y entrer. Les journalistes palestinien.ne.s sont donc la seule voix en capacité de rapporter ce qu’il est en train de se passer à Gaza, à la fois aux citoyen.ne.s palestinien.ne.s et au reste du monde. La voix de ces journalistes a besoin de votre soutien et de votre protection.

Alors que la bande de Gaza est soumise aux bombardements aléatoires, aux tueries et aux destructions, les journalistes passent leurs journées à tenter de trouver un endroit sûr pour leurs enfants ou à faire la queue pendant des heures pour obtenir du pain et de l’eau potable. Lorsqu’ielles parviennent à faire tout cela, il n’ont pas d’électricité ou internet pour faire leur travail.

La production de contenu journalistique sortant de Gaza diminue de manière significative. À une période où les citoyen.ne.s palestinien.ne.s et le monde entier a urgemment besoin de recevoir des informations exactes et des rapports fiables, le secteur des médias en Palestine est menacé de totale disparition.

Nous vous exhortons d’exiger en urgence la protection des journalistes, pour que la liberté de la presse soit respectée, comme vous l’avez adopté, le 11 Juillet 2023 dans votre Rapport d’Initiative Protection des journalistes à travers le monde et politique de l’Union Européenne sur le sujet.

Nous vous exhortons de faire tout ce qui est en votre pouvoir afin de protéger les journalistes palestinien.ne.s. Nous vous exhortons d’exiger que l’équipement multimédia et que l’équipement de protection des journalistes puissent entrer à Gaza ainsi que les journalistes internationaux.ales.

Nous le répétons : la liberté de la presse ainsi que le droit des citoyen.ne.s à recevoir des informations vitales sont en jeu.

Ces énormes pertes humaines peuvent seulement être interprétées comme une tentative délibérée de faire taire la voix de la presse et d’effacer la vérité, afin de dissimuler les preuves des crimes de guerre perpétrés par Israël contre les citoyen.ne.s palestinien.ne.s à Gaza.

Le Syndicat des Journalistes Palestinien.nes (SJP), 27 octobre 2023
Source: SJP
https://agencemediapalestine.fr/blog/2023/10/31/lettre-urgente-du-syndicat-des-journalistes-palestinien-ne-s-sur-la-situation-dans-la-bande-de-gaza/

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Gaza.
Une catastrophe qui renvoie aux guerres à répétition,
au massacre présent et à leurs conséquences sur le long terme

A l’occasion d’un entretien sur France Culture, le 31 octobre 2023, Sarah Château, responsable des opérations de Médecins sans Frontières en Palestine – ayant aussi une expérience en Afghanistan, à Haïti et au Pérou – fait le sobre constat de l’enfer dans lequel est plongée la population de Gaza. Prendre connaissance de la réalité telle que décrite par Sophie Château doit permettre aux lectrices et lecteurs de se départir des chiffres de tués et des blessés égrenés tous les jours pour saisir ce qui peut y compris être camouflé par le terme de tragédie. Raison pour laquelle nous avons décrypté l’essentiel de son intervention. (Réd.)

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« Nous sommes régulièrement contact avec nos contacts là-bas, on a 300 collègues palestiniens et aussi 22 expatriés qui n’ont toujours pas pu sortir comme l’ensemble de la communauté internationale bloquée. Grâce à eux, on dispose d’une description assez quotidienne, concrète, réelle vraiment de ce qui peut se vivre au niveau humanitaire et c’est catastrophique. C’est vraiment des messages de désespoir qui sont partagés par nos collègues. On n’a plus de médicaments, les hôpitaux sont saturés, débordés et les patients affluent quotidiennement. On parle de quasiment 21 000 blessés, ils ont besoin de soins urgents. Pendant ce temps-là restent tous les patients avec des maladies chroniques, les femmes enceintes qui doivent accoucher dans cette situation, dans des hôpitaux saturés. Gaza on a une capacité de 3 500 lits à peu près pour 21 000 blessés et d’autres maladies type diabète, hypertension, décompensation parce que non-accès aux médicaments. Donc c’est une situation catastrophique [1].

S’y ajoute la situation humanitaire au niveau des vivres. Nos collègues nous parlent de l’horreur de ne pas pouvoir boire, de ne pas pouvoir manger. Ce sont des heures de queue pour trouver un morceau de pain, c’est maximum un repas par jour, si ce n’est un morceau de pain par jour maintenant d’après ce qu’on nous décrit. Mes collègues soignants, médicaux n’ont pas eu d’eau hier de la journée, pas d’eau potable, il y a un peu d’eau saline mais ce n’est pas de l’eau potable. Ils ont réussi à en trouver heureusement pour aujourd’hui. Mais une journée entière au bloc sans eau potable à opérer des patients… C’est le manque d’anesthésiants. Des médicaments sont rupture depuis plusieurs jours. Une situation catastrophique.

De toute façon la situation va s’aggraver. Il y a un blocus, un état de siège, aucuns vivres ne rentrent, l’électricité, le fioul ne sont pas revenus dans la bande de Gaza. On ne peut que prévoir un aggravement. A partir du moment où on continue à bombarder aussi des immeubles, il faut imaginer qu’au rez-de-chaussée d’un immeuble c’est une pharmacie, c’est une boulangerie, c’est un commerce de proximité qui est aussi bombardé. Des entrepôts sont bombardés. La situation ne peut aller qu’en se dégradant et cela nous inquiète. On voit lors des distributions d’aide alimentaire qui sont peu nombreuses mais qui ont pu avoir lieu, où la population est vraiment désespérée et il va y avoir des actes de pillage, de l’insécurité, car c’est juste un élan de survie en fait, il y a vraiment un élan de survie de cette population.

Il pouvait y avoir de l’espoir y a dix jours quand il y a eu les dix premiers camions, puis le lendemain encore dix. Mais finalement on en est à 110 camions au total depuis maintenant 25 jours [selon Paul Adams de la BBC, au 31 octobre, 144 camions avaient été comptabilisés à la porte de Rafah]. A Gaza pour sa survie, en dehors d’un temps de guerre, c’est 300 à 500 camions par jour qui étaient nécessaires. Il faut donc assurer une entrée massive de biens. Si les entrées se font en petite quantité, cela met en danger les humanitaires qui participent aux distributions et la population. Parce qu’il y a des mouvements de foule, parce que les gens désespérés s’arrachent le peu de vivres. Alors que si on faisait entrer de façon massive, on pourrait organiser des distributions d’aide alimentaire, on pourrait aussi fournir en plus grande quantité les hôpitaux. Parce que là il y a énormément, énormément de besoins, dans le nord et dans le sud de la bande de Gaza.

Sur Gaza, on travaille – c’est le cas toutes les organisations humanitaires – avec les autorités en place. Notre interlocuteur, c’est le ministère de la Santé. Le Hamas a une branche militaire et une branche politique. Depuis 2007, MSF, avec d’autres organisations humanitaires, est présent. Et on a un dialogue, comme dans tous les pays où on travaille, avec les autorités présentes pour négocier notre espace humanitaire, négocier la possibilité d’accéder à la population et à ses besoins. Notre interlocuteur restera le ministère de la Santé. C’est lui qui dirige les hôpitaux, qui est en charge du personnel soignant. Il est impossible de ne pas faire avec eux. Il est vrai que c’est une branche différente de la branche militaire.

Avant le 7 octobre [et début de la guerre], à Gaza 80% de la population est formée de déplacés [2]. En fait il s’agit un peu plus de 2 millions de personnes qui vivent dans des conditions très précaires sur une très petite bande de territoire, avec une surpopulation, qui implique, par exemple, un grand nombre de brûlés parce qu’ils vivent dans des logements très restreints. De plus, c’est une région a connu maintes et maintes guerres.

Actuellement, il n’y a pas de mots pour décrire la situation, c’est un massacre de population. Mais déjà en mai 2023, il y a eu cinq jours de bombardements, en août 2022 trois jours de bombardements, en mai 2021 onze jours et ainsi de suite. C’est une population qui vit de guerre en guerre avec à chaque fois des conséquences. Avec à chaque fois tout un travail médical de soins post-opératoires. Pour faire exemple, on est encore en train de prendre en charge des patients liés à la « grande marche du retour » en 2018-2019. Les jeunes se dirigeaient vers la clôture de séparation et se faisaient littéralement tirer dessus [en visant explicitement les articulations, entre autres les genoux pour en faire des handicapés]. On a encore des patients avec des problèmes d’amputation qui sont liés à la période de 2018. Et pour cette guerre, il est évident que les conséquences sanitaires [les dizaines de milliers de blessés] s’étaleront sur des années [3]. Il s’agit de soins en santé mentale, de soins de traumatologie, de soins post-opératoires en tout genre. On doit soigner les gens dans des conditions si précaires d’hygiène, en devant faire face à un volume de gens à traiter dans un temps très réduit. Cela débouche sur des conséquences sanitaires multiples, très lourdes pour ces populations, qui de plus ne pourront pas travailler ne serait-ce que suite aux amputations, n’auront pas d’emploi, etc. La paupérisation va s’accentuer, alors qu’elle est déjà avec très peu d’options sur ce petit lopin de terre. Il faut prendre en compte toutes ces guerres à répétition, et étant donné l’ampleur de celle-là. Le désastre à venir pour les prochaines années est incommensurable.

Pour ce qui est de l’entrée du carburant, il faut clairement affirmer qu’il s’agit d’un bien de première nécessité. Il faut aller à l’essentiel maintenant, directement. Le carburant, c’est ce qui fait tourner un hôpital. Il fait tourner les usines de désalinisation pour avoir l’eau potable. Sans carburant, la population est asphyxiée. Il s’agit de sauver cette population de 2 millions de personnes, le débat sur le détournement n’a pas sa place dans cette catastrophe humanitaire.

Pour ce qui est des entrées de divers biens, Rafah doit être ouvert de manière bien plus importante, mais Israël devrait aussi ouvrir le poste-frontière de Kerem Shalom. C’était le point de passage principal pour tout ce qui relevait de l’approvisionnement en vivres. »

[1] Dans le quotidien La Repubblica, le 31 octobre 2023, est décrite la situation de l’Hôpital indonésien situé à Bait Lahia dans le nord de Gaza : « Il est surpeuplé, avec environ 250 patients, et les interventions chirurgicales se déroulent dans des espaces improvisés dans les couloirs. Les salles d’opération sont pleines et les chirurgiens s’efforcent de réaliser des opérations urgentes. Le personnel de l’hôpital raisonne en termes d’heures, car il ne peut pas prévoir l’afflux de nouveaux patients. L’hôpital est le seul en activité dans la région et est situé à proximité de la ligne de front. Les installations électriques ont été endommagées lundi et le carburant des générateurs s’épuise, ce qui aggrave la situation. »
[2] Dans Le Monde des 1er et 2 novembre, Clothilde Mraffko écrit : « Depuis le 13 octobre, l’armée israélienne a largué à plusieurs reprises des tracts exigeant que les Gazaouis quittent le nord de l’enclave pour se réfugier au centre et dans le sud. Beaucoup se sont arrêtés dans les hôpitaux, espérant être protégés. Plus de 1,4 million de personnes ont été déplacées. Mais les bombardements ne les épargnent pas davantage. « Les frappes s’intensifient terriblement la nuit, raconte un habitant resté dans la ville de Gaza. Nous sommes envahis par une peur et une terreur indescriptibles qui ne s’estompent qu’un peu au lever du jour. Sans doute serons-nous déjà morts avant qu’ils ne s’accordent sur une trêve. »
[3]
 Le 29 octobre, Save the Children indique que « le nombre de mineurs tués à Gaza en seulement trois semaines a dépassé le nombre annuel d’enfants tués dans les zones de conflit du monde entier depuis 2019 ». Le nombre de mineurs blessés, selon les estimations d’Unicef, au 31 octobre, est de 6360, ce qui augure des problèmes sur le moyen et long terme. D’autant plus que, toujours selon l’Unicef, 1 million d’enfants à Gaza sont affectés par la guerre. (Réd.)

Par une responsable de Médecins sans frontières
http://alencontre.org/moyenorient/palestine/gaza-une-catastrophe-qui-renvoie-aux-guerres-a-repetition-au-massacre-present-et-a-leurs-consequences-sur-le-long-terme.html

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Gaza. Pathologies de la vengeance
Comment penser ce qui s’est passé le 7 octobre 2023 et ses suites ? Comment mesurer le poids de l’histoire coloniale ? Comment sortir de l’impasse ? S’appuyant en particulier sur les écrits de Frantz Fanon, l’intellectuel Adam Shatz répond à ces questions dans une longue analyse.
https://orientxxi.info/lu-vu-entendu/gaza-pathologies-de-la-vengeance,6829
Guerre israélo-palestinienne : Le prisme français
https://www.pressegauche.org/Guerre-israelo-palestinienne-Le-prisme-francais

En Ontario, le NPD et les Conservateurs s’unissent pour punir Sarah Jama qui a critiqué la violence israélienne
https://www.pressegauche.org/En-Ontario-le-NPD-et-les-Conservateurs-s-unissent-pour-punir-Sarah-Jama-qui-a
Diviser pour régner, Comment Israël a aidé à l’établissement du Hamas pour affaiblir les espoirs des Palestiniens d’avoir leur propre État
https://www.pressegauche.org/Diviser-pour-regner-Comment-Israel-a-aide-a-l-etablissement-du-Hamas-pour
Annexion, nettoyage ethnique et génocide : Dr Mustapha Barghouti décrit la mortelle campagne israélienne à Gaza
https://www.pressegauche.org/Annexion-nettoyage-ethnique-et-genocide-Dr-Mustapha-Barghouti-decrit-la
La structure économique d’Israël derrière sa politique de colonisation
https://www.pressegauche.org/La-structure-economique-d-Israel-derriere-sa-politique-de-colonisation
Gaza ; un génocide à bas bruit…
https://fondation-frantzfanon.com/gaza-un-genocide-a-bas-bruit/
Bonsoir de Gaza sous les bombes
Ziad Meddouk vit et travaille à Gaza, où il a décidé de rester dans sa maison, après avoir envoyé sa famille vers le sud de la bande. Il est professeur de français et envoie tous les jours un statut de son état. Hier il a pu donner quelques gouttes d’eau au citronnier qui pousse dans son patio.
https://assafirarabi.com/fr/55782/2023/10/31/bonsoir-de-gaza-sous-les-bombes/
L’otage Imad Barghouthi et la Palestine
Le professeur palestinien Imad Barghouthi, à qui Carta Academica a décerné un Academic Honoris Causa pour son combat pour la liberté, a été arrêté par l’armée israélienne dans les territoires occupés de Palestine. Cette chronique propose une réflexion sur le conflit en cours et les biais discursifs qu’il occasionne.
https://blogs.mediapart.fr/carta-academica/blog/311023/l-otage-imad-barghouthi-et-la-palestine
L’eau, arme de guerre à Gaza
https://info.mediapart.fr/optiext/optiextension.dll?
Didier Fassin : Le spectre d’un génocide à Gaza
L’annihilation du Hamas, que la plupart des experts jugent irréaliste, se traduit de fait par un massacre des civils gazaouis, ce que la Première ministre française appelle une « ıcatastrophe humanitaire », mais dans lequel un nombre croissant d’organisations et d’analystes voient le spectre d’un génocide.
https://aoc.media/opinion/2023/10/31/le-spectre-dun-genocide-a-gaza/

 

Auteur : entreleslignesentrelesmots

notes de lecture

4 réflexions sur « Stop à l’inhumain. Cessez-le-feu immédiat, libération des otages, protection des populations civiles (+ autres textes) »

  1. Lettre ouverte d’universitaires en soutien à leur collègue Roland Pfefferkorn
    Les membres du Conseil d’unité du « Laboratoire interdisciplinaire en études culturelles – LinCS » (CNRS/Univ. de Strasbourg) manifestent leur indignation suite à l’interpellation puis la mise en garde à vue de leur collègue Roland Pfefferkorn, Professeur émérite de sociologie à l’Université de Strasbourg, à l’issue de la manifestation strasbourgeoise « Halte au massacre à Gaza » du 28 octobre 2023.
    https://blogs.mediapart.fr/jeremie-gauthier/blog/041123/lettre-ouverte-duniversitaires-en-soutien-leur-collegue-roland-pfefferkorn

  2. Un collectif d’artistes s’engage pour un cessez-le-feu à Gaza
    Sur le site « Formes des luttes », des dizaines d’affiches pensées et réalisées par des artistes graphistes ont été mises à disposition en signe de soutien avec le peuple palestinien.
    Chaque jour, de nouvelles images de différents graphistes, de France et d’ailleurs, sont mises en ligne.

    Elles sont libres d’être téléchargées, imprimées, diffusées dans le cadre d’un usage militant et non commercial.
    Retrouvez les affiches : https://formesdesluttes.org/images-cessez-le-feu/

  3. Assez d’hypocrisie !
    Arrêtez l’attaque brutale d’Israël contre le peuple palestinien !

    Depuis le siècle dernier, la guerre coloniale menée par l’Etat d’Israël a fait de nombreux morts. Le peuple palestinien a connu toutes sortes de violences, comme en mai 1948 avec la Nakba, puis en juin 1967 avec la guerre des 6 jours, et nous le voyons aujourd’hui avec le début d’une nouvelle guerre sanglante et sans précédent où des milliers de civils ont été tués.

    Avec l’argument de la vengeance de l’attaque du Hamas, l’Etat d’Israël mène une offensive sans précédent à Gaza, non seulement guerrière avec des bombardements intensifs, mais aussi stratégique, contre la population civile, la privant des produits de base pour la subsistance comme l’eau, la nourriture, les médicaments, l’essence, l’électricité et détruisant leurs maisons. De nombreuses voix dénoncent le risque de génocide du peuple palestinien. L’hypocrisie de l’Occident est manifeste, parlant du « droit d’Israël à la sécurité » et en profitant pour reprendre l’offensive contre le peuple palestinien dans son projet de nettoyage ethnique.

    Les syndicats du Réseau syndical international de solidarité et de luttes s’opposent à toute attaque contre les peuples et à tout crime d’État et nous voulons dénoncer l’IMPUNITÉ, la VIOLENCE et la VIOLATION DES DROITS HUMAINS que subit la population civile palestinienne de la part de l’État israélien avec la collaboration active des États-Unis d’Amérique et de ses alliés.

    Le sort de la Palestine a été scellé par les Britanniques à la fin de la Première Guerre mondiale[ Suite de la déclaration Balfour de novembre 1917.
    Suite de la déclaration Balfour de novembre 1917] et aujourd’hui l’Etat d’Israël veut poursuivre sa politique d’occupation, de colonisation et d’apartheid.

    Nous exigeons
    1) un cessez-le-feu immédiat ;
    2) l’échange des prisonniers israéliens à Gaza contre des prisonniers politiques palestiniens ;
    3) la fin du blocus de Gaza et des restrictions de circulation en Cisjordanie et à Jérusalem-Est ;
    4) le retour des réfugiés palestiniens conformément au droit international et la pleine égalité pour tous.

    Pas de justice, pas de paix !
    Nous soutenons l’appel des syndicats palestiniens à une solidarité syndicale active pour stopper les livraisons d’armes à Israël et appelons à la mobilisation pour mettre fin à l’agression de l’Etat d’Israël, en particulier le 4 novembre, partout dans le monde.

    29 octobre 2023
    https://laboursolidarity.org/fr/n/2946/assez-d039hypocrisie-

  4. La LDH exprime sa plus vive préoccupation face à l’actuelle recrudescence d’actes antisémites
    La LDH (Ligue des droits de l’Homme) rappelle avec force que, quels que soient les prétextes avancés, ces actes s’attaquent aux idéaux d’égalité et de fraternité de la République. Ils sont toujours le prélude à une montée de haine et de violence au-delà des personnes juives ou présumées telles. Pour les mêmes raisons, la LDH condamne avec la même fermeté toute manifestation d’islamophobie et de racisme visant des personnes d’origine arabo musulmane, réelle ou supposée.

    La guerre menée entre l’Etat d’Israël et le Hamas, les horreurs qui l’accompagnent, si elles soulèvent légitimement colère et émotion, ne sauraient en aucun cas être imputées en France à des personnes, des groupes, des communautés. Persuadée que la libre expression démocratique reste la meilleure garantie contre les expressions haineuses, largement minoritaires dans notre pays, la LDH demande au gouvernement de tout faire pour garantir la sécurité des personnes et la pleine liberté de l’expression des solidarités qui passe par le respect de la liberté de manifester. Elle l’appelle également à mener sa politique étrangère, hors de tout traitement déséquilibré, dans le respect des résolutions de l’ONU et du droit international.

    Paris, le 2 novembre 2023
    https://www.ldh-france.org/la-ldh-exprime-sa-plus-vive-preoccupation-face-a-lactuelle-recrudescence-dactes-antisemites/

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