Pour que le goût de la liberté me vienne, comme une saveur oubliée

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« Mon crâne
est une vaste caverne
dans laquelle s’empilent
les cavités Pour faire de la place les nouvelles cavités
écrasent les anciennes.
 »

Parcours dans le temps, avant, maintenant, plus tard, Laura Samama nous offre un cheminement poétique et un conte cruel. Qui sont donc ces personnages, l’Affreux, le Père, les Soeurs, l’Absent et les autres ? Quels espaces sont donc évoqués par ces noms : cavités, grotte ? Que signifient ces portes ?

Une enfance, celle qui se détourne, la solitude et les cris d’effroi, « seul le cri de ceux qui abusent filtre », les mots crus et pourtant l’inceste non nommé, « Le désir aux grandes dents aux grandes mains / déboite les os des petits enfants », la passivité des adultes, la vie présente, les pleurs dans le silence de la nuit, « Le silence retombe dans les cavités », le mystère et l’impossibilité, les critères obscurs, les animaux des abimes…

Il y a quelque chose de fascinant dans la construction de l’autrice, les phrases comme poèmes et l’abime des cavités, « Les cavités ont avalé mes reves d’enfant / les ont régurgités en d’amères pelotes », les silences construits socialement et l’enfance traumatisée, le renoncement « sans même avoir commencé », la présence permanente du corps, tomber et se relever sans cesse, le cheminement et cette enfance laissé derrière soi, les regards permanents des hommes sur le corps des femmes.

Mais aussi le désir et l’amour, « Les cavités sont sombres mais peuvent être tendres », le corps animé, « le ventre blanc du désir », la jouissance, « La cavité n’est plus un puits,mais un lac, un champ de coquelicots, une prairie de printemps où coulent des jonquilles, où percent des clochettes », ce que des femmes veulent et ce qu’elles n’acceptent plus, la lumière jaillissant de dessous les portes, et cette réparation qui n’est jamais venue.

« On ne pouvait pas écrire A vendre mais j’ai tracé les lettres du mot Armistice sur le panneau et elle m’a aidé à le suspendre à l’entrée ».

Laure Samana : Les cavités
Editions Isabelle Sauvage, Plounéour-Ménez 2023, 138 pages, 17 euros
https://editionsisabellesauvage.fr/catalogue/les-cavites/

Didier Epsztajn

Auteur : entreleslignesentrelesmots

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