Le monde doit imposer la paix à Israël (+ autres textes)

  • Brett Wilkins : Des prisonniers palestiniens torturés et filmés
  • La CIJ demande à Israël de mettre en œuvre immédiatement sa mesure concernant Gaza
  • « Le changement en Israël ne se produira que lorsqu’il y aura des coûts qui nous forceront à ouvrir les yeux ».
  • Vijay Prashad : Les Palestiniens de Gaza n’ont nulle part où aller
  • « Si le gouvernement d’Israël s’enferme dans une logique mortifère, il faut tout faire pour l’arrêter »
  • Jacques Fath : Israël : la France et les Européens ont-ils des principes et une éthique ?
  • Gidéon Lévy : Le monde doit imposer la paix à Israël
  • Yorgos Mitralias : Essayant de comprendre la dérive génocidaire de la société israélienne !
  • La Cour internationale de justice va examiner 57 ans d’occupation israélienne
  • Diane Lamoureux : Une catastrophe annoncée
  • Déclaration du STTP – Le STTP demande au Canada d’agir en réponse à la décision de la CIJ au sujet de Gaza
  • Lettre ouverte à Emmanuel Macron : Face au risque de génocide, il est urgent de suspendre toutes les ventes d’armes à Israël

Des prisonniers palestiniens torturés et filmés

Des officiers des Forces de défense israéliennes (FDI) ont fait entrer des civils israéliens dans des centres de détention et leur ont permis de regarder et de filmer des prisonniers palestiniens torturés, selon des témoignages de survivants publiés cette semaine par l’Observatoire euro-méditerranéen des droits de l’homme (Euro-Mediterranean Human Rights Monitor), basé à Genève.

Les prisonniers détenus dans les centres de détention de Zikim, à la frontière nord de la bande de Gaza, et dans un site du sud d’Israël rattaché à la prison de Naqab (Néguev) « ont déclaré à Euro-Med Monitor que les soldats israéliens les avaient délibérément exhibés devant des civils israéliens, en prétendant faussement qu’ils étaient des combattants affiliés à des factions armées palestiniennes et qu’ils avaient participé à l’attaque du 7 octobre contre des villes israéliennes », selon les témoignages.

Les anciens détenus ont déclaré que des groupes de 10 à 20 civils israéliens étaient amenés et autorisés à enregistrer les séances de torture au cours desquelles les hommes, presque nus, étaient frappés avec des matraques métalliques, électrocutés et recevaient de l’eau chaude sur la tête. Les ex-prisonniers ont déclaré que certains Israéliens riaient en filmant leurs tortures.

« J’ai été arrêté au poste de contrôle installé près du rond-point du Koweït, qui sépare la ville de Gaza de la région centrale, dans le cadre des campagnes israéliennes d’arrestations aléatoires. J’ai été soumis à tous les types de torture et d’abus pendant environ 52 jours », a déclaré Omar Abu Mudallala, 43 ans, à Euro-Med Monitor, ajoutant que ses ravisseurs des FDI « ont amené des civils israéliens pour regarder nos tortures, dénudés ».

Abu Mudallala a poursuivi : « L’armée israélienne a fait entrer un certain nombre de civils israéliens dans les centres où nous étions détenus tout en nous battant et en leur disant : « Ce sont des terroristes du Hamas qui vous ont tués et qui ont violé vos femmes le 7 octobre », tandis que les civils israéliens nous filmaient en train d’être battus, maltraités et torturés, tout en se moquant de nous. Cela s’est produit cinq fois pendant ma détention. La première fois, c’était à Barkasat Zikim, où nous avions les yeux bandés. Cependant, l’un des détenus qui parle hébreu nous a dit que les soldats interagissaient avec des civils israéliens en prétendant que nous étions des combattants armés. Les quatre autres incidents ont eu lieu dans le centre de détention du Néguev, où des groupes israéliens successifs ont été emmenés à l’intérieur de tentes pour assister à nos mauvais traitements et enregistrer les méthodes de torture auxquelles nous avons été soumis sans nous permettre de parler ou d’interagir avec eux. Comme nous ne portions pas de bandeau sur les yeux à ce moment-là, je les ai vus quatre fois de mes propres yeux. »

Abu Mudallala ajoute : « L’un des détenus qui parle hébreu a tenté d’expliquer aux civils israéliens que nous étions des civils et que nous n’avions rien à voir avec les activités militaires, mais cela n’a pas aidé. Il a toutefois été soumis à de graves tortures psychologiques et physiques. C’était vraiment scandaleux de faire venir des citoyens israéliens pour observer nos tortures au prétexte que nous étions prétendument impliqués dans des meurtres et des viols. »

Un autre ancien prisonnier, identifié seulement comme D.H., 42 ans, a déclaré à Euro-Med Monitor que « des civils israéliens ont été conviés pour être témoins des abus et des tortures que nous avons subis, que l’armée a délibérément commencé lorsqu’ils étaient présents. Ces Israéliens amenaient parfois leurs chiens avec eux pour qu’ils aboient sur nous. Ils ont également pris des photos de nous et les ont postées sur des applications de médias sociaux, en particulier TikTok. Les soldats faisaient de même. »

Euro-Med Monitor affirme que « la grande majorité des personnes arrêtées dans la bande de Gaza ont été soumises à une détention arbitraire sans être inculpées ou traduites en justice, sans qu’aucune mesure légale ne soit prise contre eux. Elles n’ont pas droit à un procès équitable et sont soumises à des disparitions forcées, à la torture et à des traitements inhumains. Les pratiques israéliennes contre des détenus palestiniens constituent des violations flagrantes des conventions et normes internationales, en particulier de la Quatrième Convention de Genève de 1949, qui interdit à une autorité occupante de transférer des prisonniers du territoire occupé vers des centres de détention situés sur son territoire, ainsi que de torturer, d’agresser ou de dégrader de toute autre manière la dignité humaine des personnes détenues. »

Les forces israéliennes, qui torturent depuis longtemps les prisonniers palestiniens, ont été accusées, au cours de la guerre actuelle contre Gaza, de torturer des détenus civils avant de les exécuter [1]. Des photos et des vidéos de soldats israéliens maltraitant des Palestiniens, vivants ou morts, ont été publiées par les auteurs de ces actes sur les réseaux sociaux. Les défenseurs des droits de l’homme considèrent que ces images et la fierté qu’elles suscitent sont la preuve du génocide israélien dans une guerre au cours de laquelle plus de 100 000 Palestiniens ont été tués, blessés, mutilés ou portés disparus.

Le mois dernier, la Cour internationale de justice a estimé, dans une décision préliminaire, qu’Israël commettait « vraisemblablement » un génocide à Gaza, tout en ordonnant aux forces israéliennes de « prendre toutes les mesures » pour éviter de perpétrer des actes génocidaires.

[1] Clothilde Mraffko, dans Le Monde daté du 17 février, écrit : « L’hôpital Nasser de Khan Younès a été touché par des tirs d’obus tôt ce matin, alors que l’armée israélienne avait annoncé au personnel médical et aux patients qu’ils pouvaient rester dans l’hôpital », a rapporté sur X l’ONG Médecins dans frontières (MSF) ». La journaliste poursuit ainsi : « Le message “sortez animaux! ” a d’abord été diffusé en arabe avec un mégaphone. Le journaliste Mohammed Al-Helou raconte que les soldats ont ensuite envoyé un jeune Palestinien qu’ils détenaient relayer leur ordre auprès des quelque 10 000 déplacés ainsi que des centaines de patients et de soignants présents dans l’hôpital. Une vidéo montre ce jeune homme, en combinaison blanche de protection, hagard, les mains liées et un bandeau sur la tête, argumentant avec des déplacés. Quand il est revenu vers les soldats, comme ceux-ci le lui avaient ordonné, “ils l’ont exécuté de sans-froid, de trois balles, à l’intérieur de l’enceinte du complexe”, explique Mohammed Al-Helou sur Instragram. » (Réd.)

Brett Wilkins

Article publié sur le site Common Dreams, le 13 février 2024 ; traduction rédaction A l’Encontre
http://alencontre.org/moyenorient/palestine/gaza-israel-des-prisonniers-palestiniens-tortures-et-filmes.html

Presos palestinos torturados y filmados
https://vientosur.info/presos-palestinos-torturados-y-filmados/

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La CIJ demande à Israël de mettre en œuvre immédiatement
sa mesure concernant Gaza

La Cour internationale de justice (CIJ) a déclaré vendredi qu’elle ne pensait pas que l’évolution de la situation dans la bande de Gaza assiégée et bombardée justifiait l’adoption de « mesures conservatoires supplémentaires », mais qu’elle « exigeait la mise en œuvre immédiate et effective des mesures conservatoires indiquées par la Cour dans son ordonnance du 26 janvier 2024 ».

La décision a été prise après que l’Afrique du Sud a fait valoir, dans une communication du 12 février, que les opérations potentielles d’Israël dans le sud de la bande de Gaza constituaient un « fait nouveau important » qui justifierait que la Cour ordonne des mesures conservatoires en plus de celles que la CIJ a ordonnées le 26 janvier. »Le gouvernement sud-africain s’est dit gravement préoccupé par le fait que l’offensive militaire sans précédent contre Rafah, annoncée par l’État d’Israël, a déjà entraîné et entraînera d’autres massacres, dommages et destructions à grande échelle. Cela constituerait une violation grave et irréparable de la convention sur le génocide et de l’ordonnance de la Cour du 26 janvier 2024 », a déclaré Pretoria.Israël a présenté ses observations le 15 février, et la CIJ a rendu sa décision le lendemain : « La Cour note que les développements les plus récents dans la bande de Gaza, et à Rafah en particulier, ‘augmenteraient de manière exponentielle ce qui est déjà un cauchemar humanitaire aux conséquences régionales indicibles’, comme l’a déclaré le Secrétaire général de l’ONU ». « Cette situation périlleuse exige la mise en œuvre immédiate et effective des mesures conservatoires indiquées par la Cour dans son ordonnance du 26 janvier 2024, qui sont applicables dans l’ensemble de la bande de Gaza, y compris à Rafah, et n’exige pas l’indication de mesures conservatoires supplémentaires ». « La Cour souligne que l’État d’Israël reste tenu de s’acquitter pleinement des obligations qui lui incombent en vertu de la convention sur le génocide et de ladite ordonnance, notamment en assurant la sûreté et la sécurité des Palestiniens dans la bande de Gaza. »

Middle East Monitor
Traduction : AFPS
https://www.france-palestine.org/La-CIJ-demande-a-Israel-de-mettre-en-oeuvre-immediatement-sa-mesure-concernant

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« Le changement en Israël ne se produira que
lorsqu’il y aura des coûts qui nous forceront à ouvrir les yeux ».

Le 7 octobre a « rompu un contrat » entre l’armée et le gouvernement, mais n’a pas encore ébranlé des pans entiers de la société israélienne dans un paradigme différent, déclare l’universitaire Yagil Levy.

Peu de livres peuvent être qualifiés de « prophétiques », mais le dernier ouvrage du sociologue politique israélien Yagil Levy en fait certainement partie. Levy a soumis le manuscrit de « Shooting and Not Crying : The New Militarization of Israel in the 2000s » en avril 2022, et le livre a été publié en février 2023 par Lamda – The Open University Press, comme pour nous préparer aux événements du 7 octobre.

Presque tous les chapitres et sous-sections du livre mettent en évidence un phénomène dont nous avons été témoins des conséquences ce jour-là : la dépendance totale de l’armée à l’égard de la technologie en tant que facteur décisif dans la guerre ; l’adoption du concept, promu par le précédent chef d’état-major de Tsahal Aviv Kochavi, d’une armée « petite et létale » ; l’obsession de l’idée de « dissuasion », qui est censée annuler la volonté de l’autre partie de se battre ; et l’accoutumance totale au statu quo en tant que seul état de choses possible et souhaitable. Tous ces facteurs, ensemble et séparément, peuvent expliquer l’échec militaire retentissant et choquant du 7 octobre.

Levy illustre le lien direct entre ces phénomènes et divers changements sociologiques qui se sont produits au sein de l’armée israélienne au cours des dernières années. Tout d’abord, il souligne le retrait progressif de l’ancienne classe moyenne ashkénaze des rangs des forces de combat et son remplacement par de nouveaux groupes : colons et sionistes religieux, ex-Soviétiques et immigrants éthiopiens, Mizrahim et Druzes.

À partir du moment où la classe moyenne établie a cessé de payer le prix du conflit, tant en termes de morts que sur le plan économique, écrit M. Levy, la voie a été tracée pour écarter tout débat sur des solutions politiques. Ce discours a été remplacé par une approche de « gestion du conflit » reposant sur la supériorité militaire d’Israël. Les leaders sionistes religieux qui ont accédé aux postes de commandement ont introduit un système de justifications religieuses pour l’usage de la violence, et l’ensemble de l’armée a commencé à considérer la force comme une valeur suprême – comme en témoigne l’omniprésence du discours de la vengeance et du « comptage des corps ».

Le résultat de ces processus est évident dans l’assaut d’Israël sur la bande de Gaza, qui en est maintenant à son quatrième mois – et qui fait l’objet d’une enquête pour violation potentielle de la Convention sur le génocide à la Cour internationale de justice de La Haye.

Au fil de 380 pages truffées d’exemples, Levy décrit un système qui a presque atteint la perfection. L’échelon politique veut maintenir le statu quo, et l’armée lui fournit une légitimité en échange de fonds et de statut. Même les processus de libéralisation économique et sociale qu’Israël a connus au cours des deux dernières décennies n’ont pas mis fin à la militarisation, mais l’ont au contraire renforcée   il suffit de penser à l’entrée des femmes dans les unités de combat, l’une des questions centrales pour la classe moyenne libérale qui sert précisément cet objectif.

Ce n’est que dans l’épilogue du livre, sur une page et demie, que Levy esquisse la voie à suivre pour sortir de ce cycle : l’augmentation du coût du maintien du conflit, l’épuisement de la voie militaire et la formulation d’une alternative politique crédible pourraient, selon lui, constituer un point d’inflexion. Cependant, tant que le prix du maintien du conflit est faible – en termes de vies perdues, de coûts financiers et de stabilité régionale – il n’y aura pas de réelle volonté d’abandonner le statu quo.

Pourtant, ce système apparemment parfait, a déclaré Levy à +972 et Local Call lors d’une interview le mois dernier, s’est déséquilibré après le 7 octobre. Aujourd’hui, il considère que le potentiel de changement provient principalement de l’arène internationale, même s’il reconnaît que son importance a diminué. Les Palestinien·nes, que l’armée avait presque ignorés en tant que menace, ont ébranlé le puissant Israël.

« Je pense qu’il y a un horizon [pour le changement] », a déclaré M. Levy. « Parce que le problème n’est pas tant les coûts internes que la possibilité que le monde impose des limites à Israël. Les États-Unis ou l’Union européenne peuvent créer une situation dans laquelle Israël devra payer un prix. C’est quelque chose qui peut déclencher une sorte de tournant au sein de la classe moyenne israélienne qui, comme j’ai essayé de le décrire dans le livre, a été totalement passive pendant de nombreuses années en ce qui concerne la gestion du conflit parce qu’elle n’en paie tout simplement pas le prix de manière perceptible ».

« La deuxième possibilité est d’atteindre les limites de l’option militaire », a poursuivi M. Levy. « Cette guerre se termine lorsqu’il devient clair pour tout le monde qu’Israël n’a pas atteint le résultat souhaité et qu’au moins une partie du public comprend qu’il n’a pas réussi. Non pas parce que la gauche l’a poignardé dans le dos, mais parce qu’il ne peut pas réussir. Cela pourrait conduire à la conclusion qu’il est nécessaire d’essayer une autre voie ».

« Cela est lié à la troisième condition que j’ai mentionnée : la formulation d’une alternative politique crédible », a poursuivi M. Levy. « La société israélienne est désormais plus attentive à l’idée que l’Autorité palestinienne retournera à Gaza, peut-être même par défaut. La combinaison de ces trois possibilités peut créer une sorte de tournant parmi les segments de l’opinion publique laïque ».

« Puis-je vous le dire avec certitude ? Non. Mais cela me rend-il quelque peu optimiste ? Oui. Cette guerre a créé un changement tectonique majeur ».

Selon votre livre, à partir du moment où les négociations politiques cessent, le rôle de l’armée est de garantir le statu quo et de lui donner une légitimité. Le 7 octobre va-t-il briser ce cycle et porter atteinte à la confiance du public dans l’armée ?
Il y a au moins un risque de rupture de la confiance dans l’armée, mais il ne s’agit pas d’une rupture totale. De très larges segments de l’opinion publique israélienne pensent qu’une victoire militaire à Gaza est possible, et que cette possibilité est entravée par la pression internationale.

Au fil du temps, des pressions internes seront également invoquées, notamment l’idée que la pression exercée pour sauver les otages détourne l’attention de l’effort de guerre. Il est également probable que la polarisation de la société israélienne soit beaucoup plus forte après la guerre, ce qui pourrait faire sortir de son apathie la classe moyenne israélienne laïque, qui est la clé d’un futur règlement politique.

Mais à ce stade, le paradigme militaire n’a pas échoué – en tout cas pas en ce qui concerne la confiance du public. Le fait est que l’armée et son mode de fonctionnement jouissent d’un niveau de confiance très élevé. Lorsque cette voie aboutira à la frustration, je ne doute pas que certain·es viendront dire : « Nous devons essayer un autre paradigme ». En attendant, je ne vois pas ce changement.

Même avec un nombre aussi élevé de victimes parmi les soldats ? Plus de 550 soldats israéliens ont été tués depuis le 7 octobre, dont plus de 220 lors de combats à l’intérieur de Gaza.
C’est beaucoup, mais sans diminuer la tragédie de chacun d’entre eux, ce chiffre ne soulève pas de questions pour deux raisons. Premièrement, après ce qui s’est passé le 7 octobre, la mort est perçue comme une sorte de fatalité. Deuxièmement, quand on regarde la carte des victimes, on s’aperçoit que la majorité d’entre elles ne font pas partie de la classe moyenne laïque : sionistes religieux, colons, immigrants de l’Union soviétique, Éthiopiens et Druzes.

Cette guerre n’a pas provoqué d’onde de choc dans les centres de pouvoir en Israël. Ce qui choquera ces familles, c’est un coût économique, les sanctions internationales. Peut-être aussi un prix moral, comme les discussions sur le génocide [à la CIJ].

Pendant la guerre du Liban [qui a commencé en 1982], pendant 12 ans – de 1985 à 1997 – aucune force au sein de la société israélienne n’a poussé au changement. Le point d’Archimède a été la catastrophe de l’hélicoptère [au cours de laquelle deux hélicoptères transportant des soldats israéliens au Liban sont entrés en collision, tuant 73 personnes]. Cette catastrophe était importante car, de manière très circonstancielle, la composition des victimes reflétait les guerres du passé. Elle a donc horrifié la classe moyenne et créé un vaste mouvement [pour mettre fin à la guerre]. Sans cela, les forces israéliennes auraient pu rester au Liban pendant de nombreuses années encore.

Les réservistes étaient considéré·es comme une force politique potentielle [lorsque, par exemple, 3 000 réservistes ont refusé de participer à l’invasion israélienne du Liban en 1982]. Cependant, le changement progressif de la composition de l’armée se reflète lentement dans les forces de réserve. De plus, les réserves sont devenues une force semi-sélective : celles et ceux qui s’identifient à la mission viendront, tandis que celles et ceux qui ne s’identifient pas resteront à la maison.

Il existe un potentiel pour une certaine forme de protestation dans les réserves. Les personnes qui rentrent chez elles peuvent se trouver dans une situation financière difficile et constater que le pays ne les aide pas. Les étudiant·es qui reprennent leurs études peuvent s’apercevoir que leurs camarades sont plus avancé·es qu’eux sur le plan académique. Cela pourrait provoquer une rébellion au sein de la communauté de la réserve. Toutefois, il ne s’agira pas d’une rébellion politique, mais plutôt d’une rébellion matérialiste.

Si l’armée reste à Gaza pendant une longue période dans toutes sortes de zones de sécurité – y compris l’idée folle de retourner dans le corridor de Philadelphie [le long de la frontière entre Gaza et l’Égypte], dans lequel l’armée a intentionnellement évité de pénétrer – vous verrez de plus en plus de réservistes se blesser. Mais l’armée a la capacité de produire des architectures qui réduisent le rôle des réservistes, sachant que cela pourrait être politiquement explosif. Davantage d’unités régulières seront créées, ou davantage d’ultra-orthodoxes seront enrôlés dans les secteurs de la communauté qui montrent le plus de signes de volonté de s’enrôler, et bien sûr des femmes, ce qui constitue l’un des plus grands développements militaires internes de cette guerre.

Quel sera le résultat de l’échec de l’armée à atteindre son objectif déclaré d’éliminer le Hamas ?
Je pense que le phénomène que j’ai appelé « la rébellion des cols bleus » va s’intensifier. Nous voyons déjà des soldat·es défier l’armée et les valeurs qu’elle professe à une échelle sans précédent. Les vidéos de la mosquée de Jénine [où l’on voit des soldats israéliens chanter et prier en hébreu dans le haut-parleur de la mosquée], les discours sur la vengeance, le retour au Gush Katif [les colonies juives qui se trouvaient à Gaza jusqu’au « désengagement » d’Israël de la bande en 2005], la publication de photos de détenu·es palestinien·nes [dans le nord de Gaza] – ce sont des messages qui contredisent les codes de base de l’armée.

Ce type de défi de la part des soldat·es a déjà été observé à une échelle beaucoup plus réduite, comme dans les cas de « David HaNahlawi » [qui, en 2014, a été filmé en train de frapper un activiste palestinien à Hébron, et dont la punition par l’armée a provoqué une réaction de solidarité en ligne parmi les soldat·es] et d’Elor Azaria [qui, en 2016, a été filmé en train d’abattre un Palestinien qui avait tenté de poignarder des soldats mais était déjà hors d’état de nuire, également à Hébron], mais la situation s’était largement apaisée jusqu’à présent.

Je pense qu’à mesure que le fossé entre les objectifs de la guerre et leur réalisation se creuse, c’est-à-dire lorsque les soldat·es auront le sentiment d’avoir investi leur temps et risqué leur vie et celle de leurs ami·es et que tout a été perdu, même si c’est parce que le monde et la gauche ont poignardé la nation dans le dos, ces conversations s’amplifieront de manière significative.

L’armée n’essaie même pas d’imposer une discipline en la matière. Le seul phénomène qui a dérangé l’armée ces derniers temps, et sur lequel elle n’a pas pris le contrôle, est le pillage. Il est beaucoup plus répandu qu’on ne le pense. Lors d’une récente discussion à laquelle j’ai participé, une ancienne militante de gauche a raconté que son petit-fils avait appris que ses amis avaient pillé une épicerie. Il n’a pas participé, mais a apprécié les fruits.

Pourquoi l’armée ne parvient-elle pas à contrôler cette situation ?
Parce qu’elle a décidé de choisir ses batailles. La priorité actuelle est de maintenir les troupes dans un état d’esprit combatif, pas de s’occuper de la discipline, et certainement pas d’avoir à traiter avec les critiques de la droite. Herzi Halevi [chef d’état-major des FDI] a très bien compris ce coût après avoir puni les soldats impliqués dans l’incident de la mosquée de Jénine.

Un responsable de l’éducation a émis un ordre quotidien [contre le pillage]. C’est pathétique. Un responsable de l’éducation est une personne qui peut parler de valeurs, ce n’est pas une figure de commandement. L’interdiction du pillage est avant tout une question de discipline militaire. Le fait de parler de « valeurs militaires » et non d’« ordres militaires » est une manifestation très claire d’indulgence. Les valeurs peuvent être discutées, les ordres ne le peuvent pas.

Que comprenez-vous des règles d’engagement actuelles à Gaza ?
Il n’y en a pas. Comment le sais-je ? Parce que le point de départ de l’opération « Plomb durci » en 2008-9 et de l’opération » »Bordure protectrice » en 2014 était que les soldats opéraient dans une « zone stérile ». Pourquoi stérile ? Parce que nous avons dit aux habitant·es de partir, ce qui signifie que tout est une cible légitime. C’est ce que nous ont dit les soldat·es qui ont témoigné à Breaking the Silence, ainsi que Tzvika Fogel [qui a servi comme général pendant l’opération Plomb durci et qui est aujourd’hui membre de la Knesset pour le parti d’extrême droite Otzma Yehudit/Jewish Power], qui a déclaré : « Il n’y a rien de tel qu’une zone stérile » : « Il n’y a pas de personne innocente à Gaza ».

Depuis la seconde Intifada, l’armée n’a pas donné aux soldat·es de règles d’engagement écrites, ce qui laisse place à l’interprétation. Le fait que chaque personne [dans une « zone stérile »] soit une cible légitime est également l’une des raisons du taux élevé de tirs amis et d’assassinats accidentels [qui représentent environ un cinquième des soldats tués à Gaza depuis le 7 octobre].

Le mot « retenue » est un gros mot. En 2014, après l’opération Bordure protectrice, le bureau du procureur militaire a subi de fortes pressions. En réponse, les commandants de l’armée ont commencé à dire que le bureau du procureur ne les restreignait pas. J’ai entendu Gadi Eisenkot [ancien chef d’état-major des FDI et membre de l’actuel cabinet de guerre] lors d’un récent forum au cours duquel il a déclaré qu’il n’y avait aucune chance que le bureau du procureur dise à l’armée d’arrêter. Il a dit en substance : « Il n’y a pas de bureau de procureur : Il n’y a plus de bureau du procureur ». C’est une déclaration qu’on n’est pas censé faire.

Selon votre livre, dans le cadre du maintien du statu quo, l’armée s’est vu accorder le statut de décideur politique. Les moyens militaires ont remplacé les moyens politiques. Si l’armée admet qu’il n’y a pas de solution militaire, elle perdra ce rôle.
Il n’est pas exact de dire que l’armée définit la politique, mais le cadre politique est un cadre militaire. Netanyahou définit la politique dans un monde de concepts militaires. Il n’y a pas de stratégie de sortie ni de vision politique, ce qui est l’ABC de toute guerre.

Comment voyez-vous la discorde croissante entre les militaires, d’une part, et Netanyahou et la droite, d’autre part – les débats houleux au sein du cabinet de guerre et les attaques des ministres contre le chef d’état-major de l’armée et les généraux ?
L’armée est considérée comme ayant rompu un contrat au sens le plus profond du terme. Elle a offert un service de légitimation aux dirigeants politiques en échange d’un statut et de ressources. Elle a violé ce contrat parce que la légitimité du statu quo, qu’elle était censée fournir, est en train de s’éroder. Même la droite le comprend aujourd’hui. Dès qu’un président américain déclare : « On ne reviendra pas au statu quo », cela devient une ligne de conduite pour les dirigeants du monde occidental.

La droite israélienne donne à cette violation une signification bien plus profonde qu’un simple « échec militaire ». Vous avez reçu beaucoup d’argent et de statut, et vous n’avez pas réussi à maintenir le statu quo en raison des erreurs stupides commises le 7 octobre, qui auraient pu être facilement évitées. À cause de vos erreurs honteuses, nous sommes aujourd’hui confrontés à une situation où le monde se dresse contre nous.

La droite est donc déçue par l’armée, mais cette attaque découle également de l’idée qu’elle se fait de l’armée en tant que représentante de la classe moyenne. Le grand échec de l’armée, aux yeux de la droite, a été de ne pas contenir les protestations des pilotes de l’armée de l’air et d’autres réservistes [dans le contexte des manifestations de masse contre la réforme judiciaire du gouvernement d’extrême droite]. Cela signifie que l’armée a été fortement identifiée au centre-gauche israélien, à juste titre ou non.

Le récit que nous voyons aujourd’hui tient le centre-gauche pour responsable de l’affaiblissement de l’unité [nationale] et de l’invitation faite à nos ennemis de nous attaquer, et l’armée est considérée ici comme représentant un système de valeurs [libérales et laïques] qui s’étend au-delà de l’establishment militaire lui-même.

La droite pense-t-elle vraiment qu’elle peut amener l’armée à réoccuper entièrement Gaza ?
Oui.

Et l’armée ?
L’armée coopérera avec eux.

Une occupation complète ?
Pas une occupation totale et éternelle, mais une occupation dans le sens où nous resterons là jusqu’à ce que la « purification » [c’est-à-dire l’éradication totale du Hamas] soit terminée. L’armée dit : « Nous devons rester là ; la lutte sera longue et nous avons besoin de temps. »

L’armée n’a pas agi contre l’échelon politique au moment décisif du 7 octobre et n’a pas dit qu’il y avait des objectifs qu’elle n’était pas en mesure d’atteindre. Lorsque la guerre [de 2006] a éclaté au Liban, selon la commission Winograd [établie par le gouvernement après la guerre pour en tirer des leçons], Dan Halutz [le chef d’état-major des FDI à l’époque] a déclaré : « Les politiciens parlent d' »écraser » les Palestiniens : Les politiciens parlent d’« écrasement » ; je suis beaucoup plus modeste ».

Ce point de vue n’existe pas aujourd’hui, car cette armée est humiliée. L’armée a été humiliée pendant toute une année par la droite israélienne ; elle est perçue comme manquant de colonne vertébrale en Cisjordanie, manquant de colonne vertébrale pour contenir les protestations des pilotes, et ce qui s’est passé le matin du 7 octobre n’a fait qu’exacerber cette situation. Et quand l’armée est humiliée, elle est docile.

Mais que se passera-t-il si Netanyahou ordonne effectivement à l’armée de rétablir l’administration civile – la bureaucratie responsable des civil·es sous occupation – à Gaza et d’occuper le corridor Philadelphie le long de la frontière de Gaza avec l’Égypte ? L’armée n’est pas folle de cette idée, n’est-ce pas ?
Il y aura des débats à ce sujet, et il est possible que l’armée dise à la droite : « Ça suffit ». Mais il s’agit d’affrontements sur la manière de gérer le conflit, et non sur la vision politique.

L’armée peut freiner. N’oublions pas que, plus que quiconque, l’armée craint les enquêtes internationales sur les crimes de guerre. Une partie de l’armée peut en conclure qu’elle a perdu sa capacité d’influence. Par conséquent, même au prix d’un conflit avec la droite, l’armée doit préserver certains de ses atouts professionnels, surtout si elle obtient le soutien d’une partie du centre-gauche et des États-Unis. Ce soutien est la planche de salut de l’armée, comme cette guerre l’a démontré plus que jamais depuis 1973.

L’armée n’acceptera pas d’être le pion de l’extrême droite. Elle comprend également les limites du budget et [le recours aux] réservistes. Ce n’est pas pour rien que l’armée a fait pression en faveur d’un type de désescalade qui permettrait la libération de certains réservistes.

Pour revenir à notre point de départ, vous avez écrit que ce n’est que si trois conditions sont remplies – augmentation du coût de la gestion du conflit, épuisement de l’option militaire et formulation d’une alternative politique crédible   qu’il y aura une chance de sortir du statu quo. La guerre a-t-elle sorti le système de son équilibre parfait ?
Oui, car les bouleversements importants et les pertes massives ont fortement perturbé le monde. Il y a là un intérêt international. Les États-Unis ont besoin de l’Arabie saoudite, et l’Arabie saoudite ne peut pas recommencer à trahir les Palestiniens·ne comme elle a essayé de le faire auparavant.

Qu’en est-il à l’intérieur d’Israël ?
Sur le plan interne, le changement ne se produira que lorsque des coûts très élevés nous obligeront à ouvrir les yeux.

En d’autres termes, pour qu’il y ait un changement interne, les actions extérieures doivent être plus spectaculaires ?
C’est le constat que j’ai fait. J’ai accordé trop peu de place à la pression extérieure.

Le livre sous-estime peut-être aussi la capacité des Palestinien·nes à influencer le système, à faire preuve d’action. Le 7 octobre et tout au long de la guerre qui a suivi, les Palestinien·nes ont dit : « Vous avez construit un système parfait, mais vous nous avez oublié·es ».
Je comprends cette critique, mais je ne la partage pas. Les Palestinien·nes ont fait preuve de leur capacité d’action au cours de la première et de la deuxième Intifada, et elles et ils le font à nouveau aujourd’hui. Le fait est que le 7 octobre, Israël – en raison de ses propres échecs – n’a pas réussi à faire face à une menace qu’il aurait pu facilement prévenir. Cela a donné aux Palestinien·nes beaucoup plus de pouvoir qu’elles et ils n’en avaient réellement.

L’histoire du 7 octobre est l’histoire d’un échec grotesque. Nous n’en serions pas là si Israël avait pris quelques mesures mineures – un bataillon de plus ici ou là, un peu plus de vigilance, du matériel vérifié un peu plus.

On peut raisonnablement supposer que le Hamas ne s’attendait pas à un tel succès, mais en fin de compte, ce sont les Palestinien·nes qui ont déséquilibré le système israélien.
Totalement.

Une version de cet article a d’abord été publiée en hébreu sur Local Call. Lire l’article ici.

Meron Rapoport, 13 février 2024
https://www.972mag.com/yagil-levy-army-middle-class/
Traduit avec DeepL.com (version gratuite)

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Les Palestiniens de Gaza n’ont nulle part où aller

« Cet écrasement de Gaza en tant que lieu efface le passé, le présent et l’avenir de nombreux Palestiniens. »

Le 9 février 2024, le Premier ministre israélien Benjamin Nétanyahou a déclaré que son armée allait poursuivre son avancée et pénétrer dans Rafah, la seule ville de Gaza à ne pas encore avoir été occupée par les Israéliens. La plupart des 2,3 millions de Palestiniens qui vivent à Gaza ont fui vers la frontière sud bordant l’Égypte après avoir été avertis par les Israéliens, le 13 octobre 2023, que le nord devait être abandonné et que le sud serait une « zone de sécurité ».

Lorsque les Palestiniens du nord, en particulier ceux de la ville de Gaza, ont commencé leur marche vers le sud, souvent à pied, ils ont été attaqués par les forces israéliennes, qui ne leur ont pas laissé de passage sûr. Les Israéliens ont affirmé que tout ce qui se trouvait au sud du Wadi Gaza, qui divise l’étroite bande de Gaza, serait sûr, mais lorsque les Palestiniens se sont rendus à Deir-al-Balah, Khan Younis et Rafah, ils ont constaté que les jets israéliens les suivaient et que les troupes israéliennes étaient à leurs trousses. Nétanyahou a dernièrement annoncé que ses forces allaient entrer dans Rafah pour combattre le Hamas. Le 11 février, il a affirmé à NBC News qu’Israël assurerait « un passage sûr pour la population civile » et qu’il n’y aurait pas de « catastrophe ».

Catastrophe
L’emploi du terme catastrophe est significatif. Il s’agit de la traduction reconnue du mot Nakba utilisé depuis 1948 pour décrire l’expulsion forcée, cette année-là, de la moitié de la population palestinienne de ses foyers. L’utilisation de ce terme par Nétanyahou intervient alors que de hauts responsables du gouvernement israélien ont déjà parlé d’une « Nakba de Gaza » ou d’une « seconde Nakba », formules figurant dans la requête déposée par l’Afrique du Sud auprès de la Cour internationale de justice (CIJ) le 29 décembre 2023, à titre d’« expressions employées par les représentants de l’État israélien pour signifier l’intention génocidaire contre le peuple palestinien ». Un mois plus tard, la CIJ a déclaré qu’il existait des preuves « plausibles » de l’existence d’un génocide à Gaza en s’appuyant sur de tels propos de la part de représentants de l’État israélien. L’un de ces représentants de l’État, le ministre israélien de la Défense Yoav Gallant, a déclaré avoir levé toutes les restrictions aux opérations (« I have released all restraints »), ce qui a été relevé à la fois dans la plainte sud-africaine et dans l’ordonnance de la CIJ.

Le fait que Nétanyahou affirme qu’il n’y aura pas de « catastrophe » alors que plus de 28 000 Palestiniens ont été tués et que deux millions des 2,3 millions de Palestiniens de Gaza ont été déplacés laisse perplexe. Depuis que la CIJ a émis son ordonnance, l’armée israélienne a tué près de 2 000 Palestiniens et son offensive sur Rafah – une ville dont la densité de population se situe présentement à 22 000 habitants par kilomètre carré – a déjà été lancée. À partir du moment où Israël a révélé son intention pénétrer dans Rafah, le Conseil norvégien pour les réfugiés (NRC) – l’un des rares groupes opérant dans la partie sud de Gaza – a réagi en signalant le potentiel destructeur d’une telle invasion pour le travail humanitaire (« such an invasion could collapse the humanitarian response »). Le NRC a procédé à l’examen de neuf des lieux de refuge de Rafah, qui abritent 27 400 civils, et a constaté que les résidents n’avaient pas d’eau potable. Les lieux de refuge sont occupés à 150% de leur capacité et des centaines de Palestiniens vivent dans la rue. Dans chaque zone sondée par le NRC, les réfugiés palestiniens étaient en proie à l’hépatite A, à la gastro-entérite, à la diarrhée, à la variole, aux poux et à la grippe. En raison de l’effondrement des activités humanitaires du NRC et des Nations unies, la situation ne pourra aller qu’en se détériorant. De fait, l’UNRWA (Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient) a perdu son financement et subit actuellement les foudres des Israéliens.

Passage sûr
Nétanyahou prétend que son gouvernement offrira un « passage sûr » aux Palestiniens. Pareille litanie est servie aux Palestiniens depuis la mi octobre, lorsqu’on leur a dit de continuer à se déplacer vers le sud pour éviter d’être tués par les bombardements israéliens. Personne ne croit ce que dit Nétanyahou. Un travailleur de la santé palestinien, Saleem, m’a dit qu’il ne pouvait imaginer d’endroit sûr à l’intérieur de la bande de Gaza. Il s’est déplacé de Khan Younis au quartier Al Zohour de Rafah, à pied avec sa famille, cherchant désespérément à fuir pour ne plus être à la portée des armes israéliennes. « Où pouvons-nous aller maintenant ? », me demande-t-il. « Nous ne pouvons pas nous rendre en Égypte. La frontière est fermée. Nous ne pouvons donc pas aller vers le sud. Nous ne pouvons pas entrer en Israël parce que c’est impossible. Devrions-nous aller au nord, retourner à Khan Younis et à la ville de Gaza ? »

Saleem se souvient que lorsqu’il est arrivé à Al Zohour, les Israéliens ont pris pour cible la maison du docteur Omar Mohammed Harb, tuant 22 Palestiniens (dont cinq enfants). La maison a été rasée. Le nom du Dr Omar Mohammed Harb est inscrit dans ma mémoire, car je me suis souvenu que deux ans plus tôt, sa fille Abeer devait se marier avec Ismail Abdel-Hameed Dweik. Une frappe aérienne israélienne sur le camp de réfugiés de Shouhada a tué Ismail. Abeer a été assassinée lors de l’attaque de la maison de son père, qui avait servi de refuge à des gens fuyant le nord. Saleem s’est installé dans le quartier de Rafah où tout cela s’est déroulé. Aujourd’hui, il est désorienté. « Où aller ? », demande-t-il.

Domicide
Le 29 janvier 2024, le rapporteur spécial sur le droit à un logement convenable des Nations unies, Docteur Balakrishnan Rajagopal, a publié dans le New York Times un essai percutant intitulé « Domicide : the Mass Destruction of Homes Should be a Crime Against Humanity » (Domicide : la destruction massive de logements devrait être un crime contre l’humanité). Cet article était accompagné d’un reportage photo de Yaqeen Baker, dont la maison a été détruite par des bombardements israéliens à Jabalia (au nord de Gaza). « La destruction d’habitations à Gaza, écrit Madame Baker, est devenue une réalité de tous les instants, aussi omniprésente que le sentiment que « l’important est d’être en sécurité et [que] tout le reste peut être remplacé ». Ce sentiment est partagé par tous ceux qui sont encore en vie dans la bande de Gaza. Mais, comme le dit Dr Rajagopal, la proportion énorme de destruction des habitations à Gaza ne doit pas être considérée comme une fatalité. C’est une forme de « domicide », un crime contre l’humanité.

L’attaque israélienne contre Gaza, écrit Dr Rajagopal, est « bien pire que ce que nous avons vu à Dresde et à Rotterdam pendant la Seconde Guerre mondiale, alors qu’environ 25 000 habitations avaient été détruites dans chacune de ces deux villes. Il énonce des chiffres choquants : à Gaza, plus de 70 000 habitations ont été totalement détruites et 290 000 partiellement endommagés, ajoutant qu’au cours des trois mois de tirs israéliens, « 60 à 70% des structures à Gaza, et jusqu’à 84% des structures dans le nord de la bande de Gaza, ont été endommagées ou détruites ». En raison de ce domicide, les Palestiniens de Rafah n’ont aucun endroit où aller s’ils se dirigent vers le nord. Leurs maisons ont été détruites. « Cet écrasement de Gaza en tant que lieu, regrette Dr Rajagopal, efface le passé, le présent et l’avenir de nombreux Palestiniens » – réflexion qui ne fait que confirmer qu’un génocide est en cours à Gaza. Alors que je m’entretiens avec Saleem, le bruit de l’avancée israélienne se fait entendre au loin. « Je ne sais pas quand nous pourrons parler à nouveau, dit-il. Je ne sais pas où je serai. »

Vijay Prashad
Vijay Prashad est un historien, éditeur et journaliste indien. Il est chargé de rédaction et correspondant en chef de Globetrotter, un projet de l’institut Independent Media Institute. Il est également le directeur de la maison d’édition LeftWord Books et de l’institut Tricontinental : Institute for Social Research. Le plus récent ouvrage de Vijay Prashad (cosigné avec Noam Chomsky) est The Withdrawal : Iraq, Libya, Afghanistan and the Fragility of US Power (Le Retrait : la fragilité de la puissance des États-Unis : Irak, Libye, Afghanistan, dans sa version française).
Cet article a été produit par Globetrotter.
https://canadiandimension.com/articles/view/there-is-no-place-for-the-palestinians-of-gaza-to-go
Traduction Johan Wallengren
14 février 2024
https://www.pressegauche.org/Les-Palestiniens-de-Gaza-n-ont-nulle-part-ou-aller

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« Si le gouvernement d’Israël s’enferme dans une logique mortifère, il faut tout faire pour l’arrêter »

Pour stopper Nétanyahou, il faut suspendre l’accord d’association entre l’Europe et Israël, estime, dans une tribune au « Monde », un collectif de personnalités, parmi lesquelles Patrick Baudouin, président de la Ligue des droits de l’homme, Pierre Larrouturou, député européen, Raphaël Pitti, médecin urgentiste, et Simone Susskind, fondatrice d’Actions in the Mediterranean.

L’horreur des attentats commis par le Hamas le 7 octobre 2023 ne peut en aucun cas justifier l’horreur de la guerre que subit Gaza depuis quatre mois. Ce n’est pas en ajoutant des morts aux morts, ni en ajoutant de la haine à la haine, que l’on pourra construire la paix et la sécurité dans cette région du monde. Au contraire.

La stratégie déployée par Benyamin Nétanyahou depuis de nombreuses années n’a pas su éviter l’horreur du 7 octobre, « la pire journée pour le peuple juif depuis la fin de la Shoah ». Il est évident que laisser les mains libres aujourd’hui à ce même Nétanyahou amènerait à tuer encore des milliers de Palestiniens innocents et mettrait en danger la sécurité d’Israël, en renforçant ceux qui veulent détruire ce pays. Le scandale est évident et le risque d’embrasement, incontestable. Antonio Guterres a raison : la poursuite des bombardements à Gaza « pourrait mettre en danger le maintien de la paix et de la sécurité internationales ».

Voilà pourquoi nous demandons instamment à tous les dirigeants européens, et en particulier au président de la République française, Emmanuel Macron, et au premier ministre belge, Alexander De Croo, qui assure la présidence du Conseil de l’Union européenne jusqu’au 30 juin 2024, d’agir avec force pour obtenir la libération de tous les otages et de tous les prisonniers politiques, obtenir un cessez-le-feu immédiat et durable (respecté tant par l’armée israélienne que par le Hamas), la mise en œuvre d’une force d’interposition sous l’égide des Nations unies et l’organisation d’une conférence internationale de la paix pour mettre en œuvre, enfin, la solution à deux Etats.

Comment faire pression sur le gouvernement d’Israël pour qu’il rompe avec une logique qui a déjà tué des dizaines de milliers d’innocents et conduit la Cour internationale de justice (CIJ) à affirmer qu’il existe un « risque de génocide » ? Quand un ami est devenu fou de colère, il faut le ceinturer pour l’empêcher de tuer un voisin ou de se tuer lui-même. Si le gouvernement d’Israël s’enferme dans une logique mortifère, il faut tout faire pour l’arrêter.

Déjà en 2002, une réponse disproportionnée 
En avril 2002, après que des attaques du Hamas avaient conduit le gouvernement d’Israël à une riposte qui avait fait 60 morts, le Parlement européen estimait que cette réponse était clairement disproportionnée et avait voté une résolution qui demandait, outre un embargo sur les armes et la mise en œuvre d’une force d’interposition, la suspension de l’accord d’association signé entre l’Union européenne (UE) et Israël.

Cet accord de stabilisation et d’association négocié avec le gouvernement d’Yitzhak Rabin (1922-1995) dans la foulée des accords d’Oslo et signé le 20 novembre 1995, juste après l’assassinat de Rabin par l’extrême droite israélienne, avait comme objectif de renforcer le camp de la paix. Dès son article 2, cet accord affirme que « les relations [entre l’UE et Israël] doivent être fondées sur le respect des droits de l’homme et les principes démocratiques qui régissent leur politique intérieure et internationale ».

En 2002, hélas, aucune des sanctions demandées par le Parlement n’a été mise en œuvre, et Israël a continué de violer le droit international en ne respectant aucune des résolutions des Nations unies exigeant notamment la fin de la colonisation.

Le rôle décisif de l’UE pour construire la paix 
Le 28 janvier 2024, par seize voix contre une, la CIJ demandait à Israël de prendre des mesures « immédiates et efficaces » pour protéger les Gazaouis. Hélas, depuis lors, le gouvernement Nétanyahou fait exactement le contraire et prépare un massacre à Rafah. Pour ne pas être complice de ses crimes, l’Europe doit agir avec la plus grande force pour pousser le gouvernement d’Israël et le Hamas à accepter un cessez-le-feu immédiat et à entrer dans une logique de paix.

Voilà pourquoi nous demandons aux chefs d’Etat et de gouvernement européens la suspension immédiate de l’accord de partenariat signé en 1995, l’embargo sur les armes (aucune arme ne doit pouvoir quitter le territoire européen pour alimenter la guerre entre Israël et la Palestine), l’envoi d’une force d’interposition sous l’égide des Nations unies et la reconnaissance pleine et entière de l’Etat de Palestine par l’UE et par chacun de ses Etats membres.

Cette reconnaissance était déjà prévue par le Conseil des chefs d’Etat européens réunis en mars 1999 à Berlin, qui affirmait : « L’Union européenne demande que les négociations sur le statut définitif reprennent rapidement et ne se prolongent pas indéfiniment. L’Union européenne pense qu’il devrait être possible de conclure les négociations dans un délai qui pourrait être fixé à un an. (…  L’Union européenne déclare qu’elle est disposée à envisager la reconnaissance d’un Etat palestinien en temps opportun. »

C’était en 1999. Vingt-cinq plus tard, comme l’affirmait récemment l’ancien ambassadeur d’Israël Elie Barnavi, « il est urgent que l’Europe montre les muscles pour construire la paix ».

Collectif : Emile Ackermann, rabbin ; Patrick Baudouin, président de la LDH (Ligue des droits de l’Homme) ; Anne Hessel, docteure en médecine ; Pierre Larrouturou, député européen, membre de la délégation pour les relations avec Israël et de la délégation pour les relations avec la Palestine ; Béatrice Lestic, secrétaire nationale de la CFDT en charge des questions internationales ; Raphaël Pitti, médecin urgentiste de retour de Gaza ; Johann Soufi, avocat spécialisé en droit pénal international ; Marc Stenger, évêque honoraire, coprésident de Pax Christi International ; Simone Susskind, ancienne députée bruxelloise, fondatrice d’Actions in the Mediterranean.

https://www.ldh-france.org/17-fevrier-2024-tribune-collective-si-le-gouvernement-disrael-senferme-dans-une-logique-mortifere-il-faut-tout-faire-pour-larreter-publiee-dans-le/
Tribune publiée initialement dans Le Monde

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Israël : la France et les Européens
ont-ils des principes et une éthique ?

Israël veut participer à HYDEF, un vaste programme européen de défense antimissile hypersonique. La France et l’UE vont-elles accepter de coopérer sur le plan militaire avec un État suspecté de génocide par la Cour Internationale de Justice ?

L’Union européenne, ses États membres et les groupes industriels de la défense ont lancé, non sans de vives concurrences et rivalités nationales, la mise au point de projets militaires de haute technologie, en particulier ce que l’on appelle des « intercepteurs hypersoniques », c’est à dire des systèmes de défense contre les menaces dites hyper-véloces ou hypersoniques (plus de 5 fois au moins la vitesse du son). Ces systèmes d’armements très sophistiqués permettent de faire échec à des tirs de missiles hypersoniques en les détruisant en plein vol. La France est très engagée dans ce type de projets.

En 2022, la Commission européenne a confié, pour l’horizon 2035, la conception d’un programme de cette nature, nommé HYDEF, à un groupement européen couvrant 7 pays, piloté par l’Espagne (groupe SENER) en coopération avec 14 sociétés européennes (Espagne, Allemagne, Belgique, Pologne, République tchèque, Suède, Norvège). On apprend aujourd’hui qu’Israël aurait proposé son « assistance », c’est à dire de s’inscrire dans la réalisation de ce projet européen. Il est vrai qu’Israël dispose de capacités technologiques, et d’expérience en la matière, comme en témoigne le système de protection aérienne Dôme de fer, réalisé avec une aide américaine, censé protéger Israël contre les frappes de missiles, mais dont l’efficacité est souvent mise en doute du fait d’un manque de transparence sur ses résultats réels.

Évidemment, ces armements posent de multiples questions liées en particulier à leur pertinence stratégique et militaire et à leur coût (le tir d’un seul missile d’interception avec le système Dôme de fer est évalué entre 50 et 62 000 dollars). Notons aussi au pasage l’absence de compétence directe de la Commission européenne en matière de défense. Toutes ces questions doivent être examinées avec soin et faire l’objet des critiques nécessaires. Mais dans le contexte actuel cette proposition israélienne pose immédiatement de très sérieux problèmes.

Premièrement, la question est posée de la légitimité même d’une telle coopération, qu’il s’agisse d’armements de haute technologie ou autre, avec un État dont le comportement politico-militaire à Gaza a été considéré comme potentiellement génocidaire par l’ordonnance de la Cour Internationale de Justice  CIJ) en date du 26 janvier 2024. Dans son jugement quant à l’action d’Israël à Gaza, la CIJ a souligné, en effet, ce que l’on doit bien appeler une suspicion légitime de génocide. Comment les Européens pourraient-ils accepter une telle coopération ? Comment pourraient-ils justifier qu’ils sanctionnent la Russie pour sa guerre en Ukraine, tout en s’associant avec Israël dans un vaste projet militaire, alors que ce pays est suspecté de crime de génocide par la Cour Internationale de Justice ? On quitterait ici le deux poids, deux mesures pour gagner des rives morales et politiques hors de toute mesure.

Deuxièmement, le développement d’armements de très hautes technologies est manifestement issu, en France, de décisions confidentielles, en tous les cas hors de toute expression officielle transparente. La France est engagée dans le développement de ce type d’armes depuis des lustres sans que cela fasse l’objet d’une information véritable et d’un nécessaire débat public portant notamment sur la pertinence de ces armes et sur les responsabilités françaises et européennes dans le contexte international actuel. Il faudra bien sortir de cette situation antidémocratique. La proposition israélienne, par son caractère provocateur et inacceptable sur le fond, devrait être l’opportunité d’une mise au point sévère et d’une transformation des règles et des pratiques devant être appliquées dans ces domaines comme dans d’autres. C’est ce qu’exigent un État de droit et la démocratie.

Jacques Fath

https://jacquesfath.international/2024/02/17/israel-la-france-et-les-europeens-ont-ils-des-principes-et-une-ethique/

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Le monde doit imposer la paix à Israël

Il est désormais temps pour les États-Unis, et dans leur sillage pour la communauté internationale, de prendre une décision : le cycle sans fin de violence entre Israël et les Palestiniens va-t-il se poursuivre, ou allons-nous essayer d’y mettre un terme ? Les États-Unis continueront-ils à armer Israël et déploreront-ils ensuite l’usage excessif de ces armements, ou sont-ils finalement prêts à prendre de véritables mesures, pour la première fois de leur histoire, pour changer la réalité ? Et surtout, l’attaque israélienne la plus cruelle contre Gaza deviendra-t-elle la plus inutile de toutes, ou l’occasion qui s’en est présentée ne sera-t-elle pas manquée, pour changer ?

Cela ne sert à rien de faire appel à Israël. Le gouvernement actuel, et celui qui est susceptible de le remplacer, n’a pas et n’aura jamais l’intention, le courage ou la capacité de générer un changement. Lorsque le Premier ministre répond aux discussions américaines sur la création d’un État palestinien par des mots indiquant qu’il « s’oppose aux mesures forcées » ou qu’« un accord ne sera atteint que par la négociation », tout ce que l’on peut faire, c’est à la fois rire et pleurer.

Riez, car au fil des années, le Premier ministre Benjamin Netanyahu a fait tout ce qu’il pouvait pour faire échouer les négociations ; criez, parce qu’Israël est celui qui emploie la coercition – la nature de sa politique envers les Palestiniens est une coercition menée dans le cadre d’un grand mouvement unilatéral, violent, agressif et arrogant. Tout d’un coup, Israël est contre les actes de coercition ? L’ironie cache la tête sous la honte.

Il est donc inutile d’espérer que le gouvernement israélien actuel change de caractère. S’attendre à ce qu’un gouvernement dirigé par Benny Gantz, Gadi Eizenkot ou Yair Lapid fasse cela est également terriblement futile. Aucun d’entre eux ne croit à l’existence d’un État palestinien égal à Israël en termes de statut souverain et de droits. Tout au plus, tous les trois ensemble et chacun séparément, dans un très bon jour, se mettront d’accord sur l’établissement d’un bantoustan sur une partie du territoire. Une véritable solution ne sera pas trouvée ici. Il vaut mieux laisser Israël se vautrer dans son refus.

Mais le monde ne peut pas se permettre de laisser passer cette opportunité. C’est le monde qui devra bientôt reconstruire, avec ses fonds, les ruines de la bande de Gaza, jusqu’à la prochaine démolition par Israël. C’est le monde dont la stabilité est mise à mal tant que l’occupation persiste, et elle est encore plus mise à mal chaque fois qu’Israël s’engage dans une nouvelle guerre. C’est le monde qui reconnaît que l’occupation est mauvaise pour lui, mais qui n’a jamais levé le petit doigt pour y mettre un terme. Aujourd’hui, une opportunité de le faire s’est présentée. La faiblesse et la dépendance d’Israël suite à cette guerre doivent être exploitées, pour le bénéfice d’Israël également.

Assez de mots. Assez des négociations futiles menées par le secrétaire d’État américain Antony Blinken et des paroles acérées prononcées par le président Joe Biden. Ils ne mènent nulle part. Le dernier président sioniste, peut-être le dernier à se soucier de ce qui se passe dans le monde, doit agir. En guise de prélude, on pourrait apprendre quelque chose des paroles étonnamment simples et vraies du chef de la politique étrangère de l’Union européenne, Josep Borrell, qui a déclaré : « Eh bien, si vous pensez que trop de gens sont tués, peut-être devriez-vous fournir moins d’armes [aux Israël]. »

Cependant, la question n’est pas seulement de mettre fin à la guerre, mais surtout de savoir ce qui se passera une fois celle-ci terminée. Si cela dépendait d’Israël, quel que soit le gouvernement, nous retournerions au sein chaleureux de l’apartheid et vivrions par l’épée. Le monde ne peut plus accepter cela et ne peut pas laisser le choix à Israël. Israël s’est prononcé : non. Le moment est venu de trouver une solution à la manière des Accords de Dayton. C’est un accord forcé et imparfait conclu en Bosnie-Herzégovine qui a mis fin à l’une des guerres les plus cruelles et, contrairement à toutes les prédictions, il dure depuis 29 ans. L’accord a été imposé par la contrainte.

Un État palestinien n’est peut-être plus une solution viable à cause des centaines de milliers de colons qui ont ruiné les chances d’en créer un. Mais un monde déterminé à trouver une solution doit proposer à Israël un choix clair : des sanctions ou la fin de l’occupation ; territoires ou armes ; les colonies ou le soutien international ; un État démocratique ou juif ; l’apartheid ou la fin du sionisme. Lorsque le monde restera ferme et posera ces options de cette manière, Israël devra prendre une décision. Il est désormais temps de forcer Israël à prendre la décision la plus fatidique de sa vie.

Gidéon Lévy
https://www.haaretz.com/opinion/2024-02-18/ty-article-opinion/.premium/now-peace-by-force/0000018d-b862-dd5e-a59d-fdf2034d0000
Communiqué par PCS

El mundo debe imponer la paz a Israel
https://vientosur.info/el-mundo-debe-imponer-la-paz-a-israel/

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Essayant de comprendre la dérive génocidaire
de la société israélienne !

L’extermination méthodique du peuple palestinien à laquelle s’emploie avec succès depuis quatre mois l’armée israélienne, ne tombe pas du ciel et ne serait pas possible si la société israélienne ne l’approuvait pas activement et même avec enthousiasme. Mais, cette actuelle ferveur exterminatrice de la société israélienne ne serait pas non plus possible si elle n’était pas le produit et l’aboutissement de la logique interne du projet constitutif de l’État hébreu, du projet sioniste ! Ce qui permettait au vieux militant anti-sioniste lucide et perspicace qu’est Michel Warschawski d’avertir, déjà en 2014, qu’Israël est « un pays qui glisse vers le fascisme ». Et un an plus tard, de constater que « nous sommes passés d’une société coloniale à une société barbare. Une société potentiellement génocidaire qui devrait être bannie du concert des nations civilisées » !

Mais, Warschawski allait plus loin, et après avoir noté que « Israël est devenu l’Ouest sauvage, avec son shérif sanguinaire, Netanyahou », il rappelait que « la seule façon d’avancer, pour les Israéliens qui rejettent la barbarie dans laquelle nous sombrons, est d’arrêter immédiatement le shérif et ses sbires. Des centaines de milliers de manifestants devraient occuper la rue ». Et désespéré, il s’écriait : « Mais où sont-ils ? Vivent-ils cachés à l’ombre de la barbarie – certes, leurs mains ne sont pas couvertes de sang, mais ils sont occupés à regarder ailleurs ». A quoi fait maintenant écho le si courageux et intègre écrivain, collaborateur du quotidien Haaretz et militant anti-occupation Gideon Levy quand il se lamente que « plusieurs de mes amis de gauche ont changé durant cette guerre, même eux. C‘est comme ça qu’on devient de plus en plus solitaire. C’est sans précédent »…

Ces lignes de Warschawski auraient pu être écrites aujourd’hui à la seule différence que la société israélienne « potentiellement génocidaire » de 2015 est désormais génocidaire au plein sens du terme. Alors, comment en est-on arrivé là ? Comment en est-on arrivé à ce que 72% des Israéliens se déclarent opposés « à l’entrée de l’aide humanitaire dans la Bande de Gaza jusqu’à ce que les prisonniers Israéliens soient libérés » ? Et que des centaines d’autres Israéliens massés aux entrées de Gaza et brandissant des drapeaux israéliens, stoppent à plusieurs reprises les camions d’aide humanitaire à cette population palestinienne doublement et triplement réfugiée, décimée, affamée et agonisante ? En somme, comment en est-on arrivé à ce que la très grande majorité des citoyens Israéliens soutiennent et même applaudissent ce quest la définition même d’un génocide, l’extermination du peuple palestinien ?

Nous nous empressons d’affirmer que les Israéliens ne sont pas différents ni des Français, des Belges, des Anglais et des Américains, ni des Grecs, des Serbes,, des Turques, des Japonais, des Russes, des Rwandais et de tant d’autres peuples dont l’histoire est parsemée des massacres ou même des génocides d’autres peuples. C’est d’ailleurs pourquoi les réponses données par un grand penseur (Juif) du siècle passé du nom d’Ernest Mandel, à la question « qu’est-ce qui a rendu possible l’holocauste du peuple juif », peuvent nous aider à comprendre l’actuelle dérive génocidaire des citoyens Israéliens.

Alors, selon Mandel, « ce qui a rendu possible l’holocauste – événement unique dans l’histoire jusqu’ici – c’est en premier lieu l’idéologie hyper-raciste dans sa variante biologique (forme extrême du darwinisme social). Selon cette doctrine, il y aurait des « races sous-humaines » (Untermenschen), dont l’extermination serait justifiée, voire indispensable. Pour les tenants de cette idéologie, les Juifs étaient la « vermine à exterminer », les Noirs sont des « singes », les « seuls bons Indiens sont les Indiens morts », etc. ». Voici donc pourquoi une éminence de l’actuel gouvernement Israélien comme le ministre de la défense Yoav Gallant, déclare que « les Palestiniens sont des animaux humains ». Affirmation avec laquelle l’épouse du premier ministre Sara Netanyahou semble d’ailleurs ne pas d’être d’accord puisqu’elle écrit que comparer les Palestiniens aux animaux …« constitue une insulte aux animaux » !

Déshumaniser l’ennemi, telle est donc selon Mandel, la précondition idéologique pour pouvoir traiter « des groupes humains déterminés de manière tellement inhumaine que le besoin d’une justification idéologique – l’idéologie de la déshumanisation – et d’une « neutralisation » de la mauvaise conscience et du sentiment de culpabilité individuelle naît presque nécessairement ».Et Mandel ajoute : « La déshumanisation systématique des Juifs aux yeux des nazis n’est pas un phénomène isolé dans l’histoire. Des phénomènes analogues ont eu lieu à l’égard des esclaves dans l’Antiquité, des sages-femmes (« sorcières ») aux XIVe et XVIIe siècles, des Indiens d’Amérique, des Noirs soumis à la traite, etc. ».

En somme, aucune société humaine n’est pas «vaccinée » contre de telles dérives barbares et inhumaines. Ceci étant dit, qui mieux que les racistes et fascistes pur sang du gouvernement actuel d’Israël, que sont ses ministres Gvir et Smotrichpeuvent incarner cette dérive vers l’enfer génocidaire ? Leur fulgurante montée en puissance en l’espace d’une décennie, est non seulement représentative de la métamorphose subie par la société israélienne dans le même laps de temps (il y a quelques jours, le dernier bastion du vieux sionisme libéral et « de gauche » vient de tomber quand le président du mouvement des kibboutz Nir Meir a déclaré que « les kibboutz doivent rompre avec la gauche parce que c’est les colons qui ont raison » !). Elle fait aussi penser à d’autres « métamorphoses » et à d’autres « fulgurantes montées en puissance », par exemple, dans l’Allemagne de l’entre deux-guerres…

Nous voici donc arrivés au cœur du « mystère » israélien qui a fait que des politiciens marginaux et imprésentables comme Gvir et Smotrich, emprisonnés pour activités extrémistes et terroristes en 2005 et 2006, et présentés, encore il y a 10 mois par l’establishment israélien, comme « un danger pour l’État d’Israël » (Jerusalem Post), arrivent aujourd’hui non seulement à pouvoir dicter la politique de leur pays, mais aussi et surtout à exprimer et à matérialiser les vœux les plus profonds de la grande majorité de leurs compatriotes ! Encore selon Mandel « pour que de tels individus puissent rencontrer un écho parmi des millions de personnes, il faut une profonde crise sociale (nous dirions, en tant que marxistes : une profonde crise socio-économique, une profonde crise du mode de production, et une profonde crise des structures du pouvoir). Pour que de tels individus puissent être candidats immédiats au pouvoir, voire prendre le pouvoir, il faut qu’il y ait une corrélation de forces sociales qui le permette : affaiblissement du mouvement ouvrier (et, dans une moindre mesure du libéralisme bourgeois) traditionnel ; renforcement des couches les plus agressives des classes possédantes ; désespoir des classes moyennes ; accroissement considérable du nombre des déclassés, etc. ». Et force est de constater que plusieurs sinon toutes ces préconditions mentionnées par Mandel, sont réunies dans l’Israël d’aujourd’hui…

Mais, Ernest Mandel ne s’arrête pas à ces constats. Voulant généraliser et approfondir les leçons de la barbarie nazie, il va plus loin et voit l’holocauste « comme l’expression jusqu’ici ultime des tendances destructrices présentes dans la société bourgeoise, tendances dont les racines plongent dans le colonialisme et l’impérialisme », Et il ajoute incluant « la doctrine du racisme biologique… dans un cadre plus vaste, celui de la montée de doctrines anti-humanistes, anti-progressistes, anti-égalitaires, anti-émancipatrices, qui exaltent ouvertement la violence la plus extrême et la plus systématique à l’égard d’importants groupes humains (« l’ennemi ») et qui se répandent vers la fin du XIXe siècle ».

Alors, c’est tout à fait « normal » que le génocidaire Smotrich s’auto-définit comme « fasciste homophobe » tandis que son compère Ben Gvir, ainsi que d’autres responsables politiques et religieux Israéliens, brillent par leurs professions de foi racistes, misogynes, homophobes, anti-socialistes, climato-sceptiques et obscurantistes violents qui trahissent leur appartenance aux hautes sphères de cette Internationale Brune en pleine ascension, qui représente actuellement une menace directe et mortelle contre l’humanité et ce qui reste de ses libertés démocratiques…

Nous terminons ce texte nécessairement court et bâclé, en nous revendiquant de ces mots d’Ernest Mandel : « cette interprétation de l’holocauste a aussi une fonction subjective. Elle est aussi utile et nécessaire du point de vue des intérêts du genre humain. Elle permet d’échapper aux risques intellectuels et moraux inhérents à la thèse opposée, selon laquelle l’holocauste échapperait à toute explication rationnelle, serait incompréhensible. Cette thèse obscurantiste constitue, dans une large mesure, un triomphe posthume de la doctrine nazie. Car si vraiment une parcelle de l’histoire est irrationnelle et totalement incompréhensible, c’est que l’humanité serait, elle aussi, irrationnelle et incompréhensible. Alors, l’empire du mal serait « en nous tous ». C’est une manière à peine indirecte, sinon hypocrite, de dire que la responsabilité n’est ni chez Hitler, ni chez les nazis, ni chez ceux qui leur ont permis de conquérir et d’exercer le pouvoir, mais qu’elle serait chez tout le monde, c’est-à-dire chez personne en particulier ».

Et Mandel de conclure avec ces phrases prémonitoires : « Notre interprétation de l’holocauste a aussi une fonction politique pratique. Elle permet d’échapper à l’impuissance pratique, et au sentiment d’impuissance devant les risques de répétition du phénomène. Nous disons à dessein que l’holocauste est jusqu’ici (c’est Mandel qui souligne) le sommet des crimes contre l’humanité. Mais il n’y a aucune garantie que ce sommet ne soit pas égalé, ou même dépassé, à l’avenir. Le nier a priori nous semble irrationnel et politiquement irresponsable. Comme le disait Bertolt Brecht : « Il est toujours fécond le ventre qui a accouché de ce monstre. »

Note

[1] En français, ce texte de Mandel se trouve dans le livre de Gilbert Achcar « Le marxisme d’Ernest Mandel », ed. PUF-Actuel Marx Confrontation. Pour consulter le même texte traduit en anglais :
https://internationalviewpoint.org/spip.php?article6381

Yorgos Mitralias

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La Cour internationale de justice va examiner
57 ans d’occupation israélienne

Cinquante-deux pays participeront aux audiences concernant les pratiques d’Israël à l’égard du Territoire palestinien occupé

(La Haye, 16 février 2024) – Un grand nombre de pays et d’organisations internationales participeront aux audiences de la Cour internationale de Justice (CIJ) sur l’occupation israélienne qui débuteront le 19 février 2024, a déclaré Human Rights Watch aujourd’hui. Cinquante-deux pays et trois organisations internationales participeront à la procédure orale, soit plus que dans toute autre affaire portée devant la CIJ – la plus haute juridiction du monde – depuis sa création en 1946.

La large participation aux audiences et les nombreuses communications écrites reflètent une dynamique mondiale croissante pour remédier à l’échec, depuis plusieurs décennies, à garantir le respect du droit international dans le Territoire palestinien occupé.

« La Cour internationale de Justice est appelée pour la première fois à examiner largement les conséquences juridiques de près de six décennies d’occupation et de mauvais traitements infligés par Israël au peuple palestinien », a déclaré Clive Baldwin, conseiller juridique senior à Human Rights Watch. « Les gouvernements qui présenteront leurs arguments devant la Cour devraient profiter de ces audiences historiques pour mettre en lumière les graves abus que les autorités israéliennes commettent contre les Palestiniens, y compris les crimes contre l’humanité que sont l’apartheid et la persécution. »

La procédure orale fait suite à une requête pour un avis consultatif transmise par l’Assemblée générale des Nations Unies à la Cour en décembre 2022, au sujet des « conséquences juridiques découlant des politiques et pratiques d’Israël dans le Territoire palestinien occupé ». La Cour aura l’occasion d’aborder la question de l’occupation qui perdure, d’examiner les pratiques et politiques d’Israël violant l’interdiction internationale de la discrimination raciale et constituant les crimes contre l’humanité d’apartheid et de persécution, et d’évaluer les responsabilités juridiques des autres pays et de l’ONU pour répondre aux violations du droit international découlant de l’occupation.

Bien que les avis consultatifs de la CIJ ne soient pas contraignants, ils sont souvent dotés d’une importante autorité morale et juridique, et peuvent, à terme, faire partie du droit international coutumier, qui est juridiquement contraignant pour les États.

Cette procédure, qui durera six jours, est distincte de l’affaire portée par l’Afrique du Sud devant la CIJ, alléguant qu’Israël viole la Convention sur le génocide dans le contexte des hostilités entre les forces israéliennes et les groupes armés palestiniens qui ont éclaté après les attaques menées par le Hamas le 7 octobre 2023.

En décembre 2003, l’Assemblée générale de l’ONU avait demandé pour la première fois à la CIJ un avis consultatif concernant le Territoire palestinien occupé, au sujet de l’édification par Israël d’un mur dans ce territoire. En juillet 2004, la CIJ avait publié un avis consultatif qui concluait que le tracé de ce mur de séparation violait le droit international, et appelait à son démantèlement.

La demande adressée au tribunal en décembre 2022 a une portée plus large. L’Assemblée générale a demandé à la Cour de donner son avis sur les « conséquences juridiques de la violation persistante par Israël du droit du peuple palestinien à l’autodétermination, de son occupation, de sa colonisation et de son annexion prolongées » du Territoire palestinien occupé, ainsi que de l’adoption par Israël de « lois et de mesures discriminatoires connexes ». L’Assemblée générale a également demandé à la CIJ d’émettre un avis sur les « conséquences juridiques qui en découlent pour tous les États et l’Organisation des Nations Unies ».

Cette nouvelle demande donne à la Cour l’occasion de réévaluer la situation du Territoire palestinien occupé, deux décennies après son dernier avis consultatif à ce sujet, et de fournir des orientations juridiques dans le cadre du droit international humanitaire et du droit relatif aux droits humains. La Cour pourrait notamment évaluer les actions d’Israël au regard du droit international des droits humains, qui interdit la discrimination raciale, et au regard du droit pénal international, qui interdit les crimes contre l’humanité que sont l’apartheid et la persécution.

La CIJ tranche les différends entre États et émet des avis consultatifs sur le droit international. Cependant, la Cour n’a pas compétence sur la conduite de groupes armés non étatiques comme le Hamas. En revanche, la Cour pénale internationale (CPI) traite des crimes internationaux graves présumés commis par des individus, notamment par des membres de groupes armés. Le Procureur de la CPI a confirmé que depuis mars 2021, son bureau mène une enquête sur les atrocités présumées commises à Gaza et en Cisjordanie depuis 2014, et que la CPI est compétente a l’égard des crimes internationaux commis par toutes les parties aux hostilités actuelles entre Israël et les groupes armés palestiniens.

Human Rights Watch a précédemment conclu que les autorités israéliennes commettent les crimes contre l’humanité d’apartheid et de persécution contre les Palestiniens. Étant donné que les responsabilités d’une puissance occupante à l’égard des droits de la population occupée augmentent avec le temps, Human Rights Watch a également appelé Israël à accorder aux Palestiniens vivant dans les territoires occupés des droits au moins égaux à ceux qu’Israël accorde à ses propres citoyens, en plus des protections du droit international humanitaire.

La CIJ est composée de 15 juges élus par l’Assemblée générale des Nations Unies et par le Conseil de sécurité, pour un mandat de neuf ans. En juillet 2023, avant l’escalade des hostilités en octobre, 57 « exposés écrits » avaient déjà été déposés par divers États et organisations internationales dans le cadre de la procédure. En octobre et novembre 2023, 15 autres États et organisations internationales ont déposé des observations écrites supplémentaires. Parmi les États et entités qui participeront à la procédure orale figurent la Palestine, l’Afrique du Sud, la Belgique, le Brésil, la Chine, les États-Unis, la France, l’Indonésie, la Namibie, le Pakistan, le Royaume-Uni, la Russie, la Suisse et l’Union africaine. Israël a soumis une déclaration écrite, mais a choisi de ne pas participer aux audiences.

La CIJ émettra son avis juridique ultérieurement, à une date qui n’a pas encore été déterminée. Compte tenu des précédentes pratiques de la Cour, il peut être supposé qu’elle émettra son avis avant la fin de l’année 2024.

https://www.hrw.org/fr/news/2024/02/16/la-cour-internationale-de-justice-va-examiner-57-ans-doccupation-israelienne

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Le plaidoyer de la Palestine contre l’occupation
Lors de la première journée d’audience à la Cour internationale de justice de La Haye sur la légalité de l’occupation israélienne de la Palestine, les juges ont entendu les avocats de cette dernière. Ils ont souligné l’importance internationale du dossier, avec 55 interventions écrites d’États et d’organisations internationales. Et l’ampleur des questions auxquelles les juges sont confrontés, allant de l’autodétermination à l’apartheid.
https://www.justiceinfo.net/fr/128598-plaidoyer-palestine-contre-occupation.html

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Une catastrophe annoncée

En représailles à l’attentat du Hamas du 7 octobre 2023, le gouvernement israélien s’est lancé dans une opération militaire de grande envergure dans la bande de Gaza, en plus de soumettre ce territoire à un blocus total qui fait suite à un blocus partiel qui prévaut depuis 2006.

En décembre 2023, l’Afrique du Sud a ouvert une procédure devant la Cour internationale de justice (CIJ) contre Israël concernant un génocide en cours dans la bande de Gaza et demandant à la Cour de prendre des mesures conservatoires (l’équivalent d’une injonction provisoire) étant donné l’urgence, tout en lui demandant de se prononcer sur le fond de l’enjeu.

Le jugement de la CIJ
Le 26 janvier dernier, la Cour a rendu un jugement mi-figue mi-raisin concernant ces mesures conservatoires. Cependant, elle n’a pas reconnu valides les arguments de la partie israélienne et s’est déclarée compétente pour instruire cette cause.

Parmi les aspects positifs de ce jugement, mentionnons que la Cour a reconnu le très grand nombre de personnes mortes et blessées, la destruction d’habitations et le déplacement forcé de la population palestinienne de Gaza (ce qui est prohibé par la Convention sur les génocides). Elle a également rappelé et fait siennes les observations du secrétaire général adjoint de l’ONU, de l’OMS et du commissaire général de l’UNRWA. Elle note également les propos déshumanisants de hauts responsables israéliens. De plus, elle accorde une plausibilité prima facie aux allégations de l’Afrique du Sud, à savoir que nous sommes devant un génocide. Elle reconnaît également le risque de détérioration de la situation d’ici à ce qu’elle rende un jugement sur le fond et admet qu’il y a une situation d’urgence. La Cour demande également à Israël de rendre disponibles les services de base et l’aide humanitaire et lui demande de faire un rapport sur les mesures prises dans un délai d’un mois.

Ces faits ne sont pas nouveaux. L’intérêt du jugement de la CIJ est de les faire attester par le droit international. Cependant, et là nous passons à l’aspect plus négatif de ce jugement, la Cour n’a pas appelé Israël à cesser immédiatement ses activités militaires dans la bande de Gaza, ce qui lui donne un délai supplémentaire d’un mois pour poursuivre ses exactions, ce dont elle ne se prive pas si l’on se fie à ce qui est rapporté par les médias. Le juge ad hoc israélien a même voté contre les mesures, tirées directement de la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide, demandant à Israël de s’abstenir de tels actes. À quoi s’attendre fin février puisque, dans leur plaidoyer, les représentant.es de l’État d’Israël ont nié l’ampleur des dommages infligés à la population civile et se sont même targués de permettre l’aide humanitaire à Gaza. De plus, la Cour qui avait le pouvoir d’en appeler à la communauté internationale, a laissé Israël seul juge de ce qu’il convient de faire.

Les réactions d’Israël et de ses alliés
Quelle a été la réponse du gouvernement israélien depuis ce jugement ? D’abord, de dénoncer la participation de 12 employé.es de l’UNRWA aux attentats du 7 octobre (ce qui représente moins de 0,1% du personnel de l’UNRWA en Palestine). Ensuite de demander la démission du responsable de l’UNWRA. Enfin, de planifier une attaque contre Rafah où s’est réfugiée la majorité de la population palestinienne de Gaza. Sans parler du climat de terreur et des violences que font subir les colons aux populations palestiniennes de Cisjordanie et de Jérusalem-Est, le tout avec la complicité de l’armée israélienne. Sans parler, également, des manifestations récurrentes de l’extrême-droite israélienne pour empêcher l’aide humanitaire de transiter par le point de passage de Kerem Shalom.

Dans la foulée des « révélations » israéliennes concernant la participation de certains employé.es de l’UNRWA aux attentats du 7 octobre, plusieurs gouvernements occidentaux, dont le gouvernement canadien, n’ont rien trouvé de mieux à faire que d’annoncer la suspension de leur financement à l’UNRWA. Or, il s’avère que l’UNRWA gère, depuis 1948, les camps de réfugié.es (les personnes déplacées par la première Nakba et leur descendance), s’occupe de l’éducation et du système de santé et constitue la principale organisation humanitaire en territoire palestinien. Suspendre l’aide financière à l’UNRWA, c’est éventuellement se rendre complice du génocide israélien à Gaza et dans les autres territoires palestiniens occupés.

De plus, le Canada poursuit (et même intensifie) son commerce d’armement avec Israël. Dans le cas présent, cela signifie donner les moyens au gouvernement israélien de poursuivre son œuvre génocidaire. Or, selon la Convention internationale pour la prévention et la répression du crime de génocide, tous les États signataires (dont le Canada) doivent s’abstenir de contribuer directement ou indirectement à la commission d’un tel crime.

Que pouvons-nous faire ?
Évidemment, la première chose à faire, c’est de participer aux manifestations hebdomadaires organisées par la communauté palestinienne dans les principales villes canadiennes. Mais il y a actuellement plusieurs campagnes qui pourraient éventuellement changer la donne.

La première concerne l’annulation de l’implantation d’un bureau commercial à Tel Aviv. Le gouvernement québécois a suspendu l’ouverture de ce bureau du fait de la guerre actuelle, mais il ne l’a pas annulé. Nous devons faire savoir haut et fort au gouvernement québécois qu’il n’est pas question d’accroître nos liens commerciaux avec un État génocidaire. Au contraire, il faudrait les annuler et revoir l’entente Québec-Israël.

La deuxième concerne le rétablissement du financement à l’UNRWA. C’est actuellement la seule organisation humanitaire encore présente sur l’ensemble du territoire de Gaza et la seule en mesure de coordonner l’aide humanitaire si jamais celle-ci se rend. De plus, elle joue un rôle de premier plan en dans les autres territoires palestiniens occupés par Israël et dans les camps de réfugié.es palestinien.nes au Liban, en Syrie et en Jordanie. CJPMO a lancé une pétition à cet effet.

La troisième est la cessation de tout commerce d’armes avec l’État d’Israël. Il est insensé de soutenir militairement un gouvernement qui fait fi des règles à respecter lors d’affrontements armés. Plus encore, selon la Convention pour la prévention et la punition du crime de génocide, tous les États signataires sont tenus de faire tout en leur possible pour prévenir le crime de génocide. Contrairement à ses obligations internationales, le Canada alimente la machine génocidaire. Là encore CJPMO a lancé une pétition en ligne à cet effet.

En ces moments tragiques, nous devons manifester de toutes les façons notre soutien au peuple palestinien. Nous ne pouvons pas détourné le regard et dire que nous n’en savions rien : tous les jours des images atroces nous parviennent de Gaza occupée, ceux et celles qui nous les envoient risquant leur vie pour que le monde cesse de les ignorer.

Diane Lamoureux
https://www.pressegauche.org/Une-catastrophe-annoncee

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Déclaration du STTP – Le STTP demande au Canada d’agir en réponse à la décision de la CIJ au sujet de Gaza

Le STTP se réjouit de la décision de la Cour internationale de justice (CIJ), principal organe judiciaire de l’Organisation des Nations Unies (ONU), avertissant l’État d’Israël de respecter les obligations qui lui incombent en vertu de la convention sur le génocide. L’ordonnance, qui est contraignante, ordonne à Israël de prendre « toutes les mesures en son pouvoir » pour empêcher un génocide à Gaza et l’oblige à présenter un rapport dans un mois sur l’ensemble des mesures qui auront été prises pour prévenir le génocide. Cette décision fait suite aux allégations de génocide portées par l’Afrique du Sud contre l’État d’Israël devant la CIJ, qui règle les différends entre les États conformément au droit international.

Depuis l’attaque du Hamas contre Israël le 7 octobre dernier, les attaques incessantes et sans discernement de l’État israélien contre Gaza ont fait plus de 26 000 morts chez les Palestiniens – y compris plus de 10 000 nourrissons et enfants – et plus de 65 000 blessés. Au cours du seul premier mois des hostilités, Israël a largué des centaines de bombes de 2 000 livres sur Gaza, une zone bien plus petite qu’Ottawa.

La décision de la CIJ ordonne explicitement à Israël de s’abstenir de commettre tout acte visé par la convention sur le génocide, de prévenir et de punir toute incitation publique au génocide et de garantir l’accès à l’aide humanitaire à la population civile de Gaza. La situation à Gaza est désastreuse. On rapporte notamment que les Palestiniens sont contraints de boire de l’eau contaminée et de manger de l’herbe.

Le STTP, qui demande un cessez-le-feu depuis des mois, déplore que la décision du CIJ n’en ordonne pas un. De plus, il faut libérer les milliers de Palestiniens, dont des femmes et des enfants, qui sont détenus par Israël en tant que prisonniers politiques. Il y a aussi un grand nombre de détenus administratifs qui n’ont fait l’objet d’aucun chef d’accusation ni procès, y compris la parlementaire élue et féministe Khalida Jarrar.

Face à la décision de la CIJ, le Canada est contraint de faire tout ce qui est en son pouvoir pour empêcher le génocide israélien à Gaza. En tant que signataire de la Convention des Nations Unies sur le génocide, le Canada a l’obligation et le devoir de prévenir et de punir le crime de génocide où qu’il se produise. Le STTP a demandé aux dirigeants canadiens de prendre des mesures pour empêcher d’autres décès de Palestiniens, notamment en mettant fin au commerce d’armes entre le Canada et Israël.

La décision de la CIJ est la condamnation mondiale la plus autoritaire à ce jour des atrocités commises par Israël. Elle constitue une preuve additionnelle que le Canada doit agir maintenant pour mettre fin à sa complicité dans un génocide.

Nous demandons au gouvernement canadien :

  • d’exiger un cessez-le-feu permanent ;
  • d’exiger de l’État israélien qu’il se conforme pleinement aux mesures d’urgence énoncées dans la décision de la CIJ ;
  • de rétablir immédiatement le financement de l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNWRA) afin qu’il puisse continuer de fournir une aide humanitaire à près de 2 millions de personnes à Gaza qui luttent pour survivre sous le siège de l’armée israélienne ;
  • de mettre fin à tout commerce d’armes entre le Canada et Israël ;
  • de veiller à ce que le Canada ne soit pas complice d’un génocide à Gaza, ou qu’il n’en habilite pas l’exécution, et qu’il ne soit pas non plus complice de l’occupation illégale par Israël de la Cisjordanie, de la bande de Gaza et de Jérusalem-Est.

8 février 2024
https://www.cupw.ca/fr/déclaration-du-sttp-le-sttp-demande-au-canada-d’agir-en-réponse-à-la-décision-de-la-cij-au-sujet-de

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Lettre ouverte à Emmanuel Macron :
Face au risque de génocide,
il est urgent de suspendre toutes les ventes d’armes à Israël

Monsieur le président,
Depuis le 7 octobre 2023, jour où le Hamas et d’autres groupes armés palestiniens ont commis des crimes abominables, auxquels les autorités israéliennes ont répondu de façon disproportionnée, la question de l’arrêt des livraisons d’armes, de pièces détachées et de munitions à Israël – mais aussi au Hamas et autres groupes armés palestiniens -, est régulièrement soulevée. Et au fur et à mesure que le bilan humain s’alourdit, elle prend de plus en plus d’importance et revêt un caractère d’urgence.

Interrogé par Mediapart, le ministre des Armées, Sébastien Lecornu, a précisé le 24 janvier 2024, que la France exportait « des équipements militaires à Israël afin de lui permettre d’assurer sa défense, comme l’article 51 de la Charte des Nations unies lui en donne le droit », sans pour autant préciser la nature de ces transferts, ni si ceux-ci étaient encore en cours après le 7 octobre. Quand bien même, cette logique du droit à la légitime défense doit s’exprimer dans le respect des règles fondamentales des lois de la guerre, ce qui n’est clairement pas le cas aujourd’hui

Deux jours plus tard, le 26 janvier, un arrêt de la Cour internationale de justice (CIJ) est venu poser par extension et de façon plus accrue encore cette question des transferts d’armes et de matériels de guerre à Israël par tous les Etats, dont la France. La CIJ a en effet ordonné à Israël, à titre de mesure conservatoire, de s’abstenir de commettre des actes entrant dans le champ d’application de la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide. 

Par cette décision, et au regard du désastre humanitaire qui prévaut actuellement dans la Bande de Gaza, tous les États, y compris ceux qui ont critiqué le dépôt de plainte pour génocide de l’Afrique du Sud ou s’y sont opposés, ont clairement l’obligation de veiller à l’application de ces mesures. Cela passe par un appel à un cessez-le-feu durable, qu’Amnesty International réitère depuis des mois, mais aussi par un arrêt des livraisons d’armes et de matériels de guerre à Israël. En tant qu’État partie à la Convention sur le génocide, la France doit respecter un devoir de prévention du génocide. Cela implique notamment de ne pas fournir à Israël de moyens lui permettant de commettre des actes entrant dans le cadre d’un risque de génocide. 

Plusieurs Etats ou administrations régionales (Espagne, Italie, Wallonie en Belgique) ont déjà pris des mesures visant à restreindre ou à suspendre temporairement l’octroi de licences d’exportation et la poursuite des livraisons. Dans le secteur privé, le groupe japonais Itochu a également déclaré vouloir cesser sa coopération avec la société d’armement israélienne Elbit Systems, faisant suite à l’arrêt de la CIJ.  

« Si vous pensez que trop de gens sont tués, peut-être devriez-vous fournir moins d’armes. N’est-ce pas logique ? », déclarait le 13 février Josep Borrell, le Haut représentant de l’Union européenne pour les affaires étrangères, en évoquant la position ambiguë du président des Etats-Unis, et alors que les risques de génocide s’accentuent dans la Bande de Gaza. Monsieur le Président, le lendemain, vous avez indiqué au Premier ministre israélien que « le bilan humain et la situation humanitaire étaient intolérables et [que] les opérations israéliennes devaient cesser » ? Peu auparavant, la diplomatie française rappelait que la « France est profondément attachée au respect du droit international et réaffirme sa confiance et son soutien à la Cour internationale de justice ».

Monsieur le président, afin d’agir en cohérence, la France doit respecter ses engagements internationaux qu’il s’agisse de la Convention sur le génocide (1948) ou encore du Traité sur le commerce des armes (2014). Et peu importe que les exportations d’armes françaises à destination d’Israël soient « très résiduelles », comme l’a affirmé le 14 février, le ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, Stéphane Séjourné, lors de son audition au Parlement, sans apporter la moindre précision, contribuant ainsi à l’opacité française en matière de ventes d’armes maintes fois dénoncées. 

La transparence française est si lacunaire, que ce n’est qu’en juin 2024 que la représentation nationale et la société civile seront informées de potentielles livraisons de la France à Israël. Or, au terme du Traité sur le commerce des armes auquel la France est partie, aucun Etat ne peut vendre d’armes à un autre Etat s’il a « connaissance […] que ces armes ou ces biens pourraient servir à commettre un génocide, des crimes contre l’humanité, […] ou d’autres crimes de guerre ». A cet égard, aux Pays-Bas, la justice vient d’ordonner que le gouvernement cesse les transferts de pièces et composants pour les avions de chasse F-35 israéliens en raison du risque clair qu’ils soient utilisés dans la commission de violations graves du droit international humanitaire en fondant là encore en partie son argumentaire sur l’arrêt de la CIJ.

Dans ces circonstances terribles, la France ne peut pas à la fois adhérer aux décisions de la CIJ tout en continuant à armer ceux à qui la Cour a ordonné de tout faire pour prévenir le génocide contre les Palestiniens de la Bande de Gaza. Nous demandons donc à votre gouvernement d’agir immédiatement en mettant fin aux exportations d’armes et de matériels de guerre ainsi qu’à la délivrance ou au renouvellement de licences d’exportations de ces derniers vers Israël. 

Dans un passé récent, la France a pris des mesures restrictives à l’encontre de la Russie (2014), et de la Turquie (2019). La France se doit d’être cohérente, il n’y a aucune raison pour qu’une politique similaire ne puisse pas ou ne doive pas être mise en œuvre à l’égard d’Israël. Il s’agit de s’assurer qu’aucun matériel de guerre de quel que sorte que ce soit puisse être utilisé pour commettre ou faciliter des crimes de droit international.

En tant que membre permanent du Conseil de sécurité des Nations unies, la voix de la France compte. Une décision de cette nature prise au plus haut niveau pourrait permettre in fine d’éviter une escalade supplémentaire dans la violence et éviter l’irréparable. 

Jean-Claude Samouiller, 20 février 2024
Président d’Amnesty International France

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Des entreprises énergétiques menacées de poursuites concernant des licences israéliennes de forage de gaz au large de Gaza
Des ONG de défense des droits de l’homme affirment que les licences d’exploration accordées par Israël à des entreprises du secteur de l’énergie au cours des premières semaines de la guerre à Gaza empiètent sur les eaux palestiniennes et pourraient constituer le crime de guerre de pillage
https://www.middleeasteye.net/fr
Firas Kontar : À Gaza, Netanyahu marche dans les pas d’Assad
https://www.lorientlejour.com/article/1368413/a-gaza-netanyahu-marche-dans-les-pas-dassad.html
Routes bloquées, affrontements avec la police : des milliers de personnes se rassemblent contre le gouvernement de Netanyahu à travers Israël
Des milliers de manifestant·es antigouvernementaux ont appelé à des élections anticipées et à la destitution du Premier ministre Benjamin Netanyahu à Tel Aviv, Jérusalem, Haïfa, Beer Sheva et Césarée.
https://www.haaretz.com/israel-news/2024-02-17/ty-article/.premium/blocked-roads-clashes-with-police-thousands-rally-against-netanyahus-government/0000018d-b8ae-dc8c-a3df-fabf5a0d0000
Israël surveille les données américaines sur les attaques de colons afin de contrecarrer les sanctions, selon certaines sources
Des sources de renseignements indiquent qu’Israël cherche à contrer les informations envoyées en privé aux États-Unis par l’Autorité palestinienne, craignant des actions contre les colons violents de Cisjordanie.
https://www.972mag.com/settler-violence-surveillance-ussc-sanctions/
Israël ne cible pas l’UNRWA mais le droit au retour
En accusant sans preuves une partie du personnel de l’Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA) d’avoir participé à l’opération du 7 octobre, le gouvernement israélien tente de marginaliser la question des réfugiés palestiniens et de remettre en question le droit au retour. C’est également une manière de faire oublier que le pays s’est créé sur la base d’un nettoyage ethnique.
https://orientxxi.info/magazine/israel-ne-cible-pas-l-unrwa-mais-le-droit-au-retour,7075
Crise à Gaza : Projections de l’impact sur la santé basées sur des scénarios
Premier rapport :7 février au 6 août 2024
https://aoav.org.uk/wp-content/uploads/2024/02/gaza_projections_report.pdf

Auteur : entreleslignesentrelesmots

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