Israël ne respecte pas l’ordonnance de la CIJ liée à la plainte pour génocide (et autres textes)

  • Feb 28 Briefing Invite : Tué·es, emprisonné·es, censuré·es : Les journalistes pendant l’assaut israélien sur Gaza
  • Israël ne respecte pas l’ordonnance de la CIJ liée à la plainte pour génocide
  • 26 février : Journée internationale pour les journalistes palestiniens
  • Gaza : un rapport du Conseil de sécurité de l’ONU sur la famine.
  • Israël : les prisons de la terreur
  • Amira Hass : Israël. Pas de visas pour les employés des ONG humanitaires en Cisjordanie, à Jérusalem-est et à Gaza
  • Charles-André Udry : Des ONG à l’UNRWA, pour aboutir au « plan de l’après-guerre » à Gaza
  • Sebastian Ben Daniel (John Brown) : Comment les journalistes israéliens assurent les relations publiques de l’armée
  • Camille Popinot : Gaza : le syndicat des professeur.es de l’UQAM (SPUQ) interpelle sa direction et la CSN
  • Marc Bonhomme : Il ne suffit pas d’exiger un cessez-le-feu contre la guerre génocidaire. S’imposent l’arrêt des exportations d’armes et financer l’UNRWA

Feb 28 Briefing Invite : Tué·es, emprisonné·es, censuré·es :
Les journalistes pendant l’assaut israélien sur Gaza

Gaza est l’endroit le plus meurtrier pour un·e journaliste aujourd’hui. Plus de 75% des journalistes tués dans le monde en 2023 sont morts lors de l’assaut israélien contre Gaza. Le Comité pour la protection des journalistes s’est inquiété du fait que l’armée israélienne « semble cibler les journalistes » et que la réduction au silence des journalistes palestinien·nes·ne se limite pas à la bande de Gaza. En Cisjordanie, l’emprisonnement de journalistes palestinien·nes par Israël a atteint un niveau record, le plaçant, avec l’Iran, au sixième rang mondial des pays qui emprisonnent le plus de journalistes.

Rejoignez-nous le mercredi 28 février, de 13h à 14h ET, pour découvrir les derniers efforts déployés pour tenir le gouvernement israélien responsable de ses agressions contre les journalistes, pour examiner comment cet environnement mortel pour les journalistes influe sur notre capacité à comprendre ce qui se passe sur le terrain, et pour examiner ce que cela signifie pour l’avenir de la couverture des zones de conflit en toute sécurité. Nous discuterons également des défis auxquels sont confrontés les journalistes en dehors de Gaza qui cherchent à couvrir la guerre de manière précise et éthique, qu’ils soient basés aux États-Unis ou en Israël même. (S’inscrire ici.)

Nos intervenant·es sont les suivant·es :

Fadi Abu Shammalah, un journaliste palestinien de Gaza qui a récemment été évacué avec sa famille vers les États-Unis via l’Égypte, et qui a encore des collègues qui tentent de rapporter ce qui se passe sur le terrain alors qu’Israël se rapproche de Rafah. Il est également collaborateur de Just Vision. Vous pouvez en savoir plus sur l’expér ience de Fadi dans cet article du New York Times.

Gypsy Guillén Kaiser, directrice du plaidoyer et de la communication pour le Comité de protection des journalistes, qui enquête et documente le sort des journalistes palestiniens. Les rapports les plus récents sont disponibles ici.

Haggai Matar, directeur exécutif de +972 Magazine, un magazine en ligne indépendant à but non lucratif dirigé par un groupe de journalistes palestiniens et israéliens. Il est également codirecteur, avec Suhad Babaa de Just Vision, du site d’information en hébreu Local Call, et siège au conseil d’administration de l’Union des journalistes en Israël.

Karen Attiah, chroniqueuse au Washington Post, qui a beaucoup écrit et posté sur l’impact de la violence actuelle sur les journalistes et les autres civils (« Où est l’indignation face à l’assassinat de journalistes à Gaza par Israël ? »). Karen a remporté le prix George Polk 2019 ainsi que le prix du journaliste de l’année 2019 décerné par l’Association nationale des journalistes noirs. Elle défend farouchement la responsabilité et la justice depuis que des agents de l’Arabie saoudite ont tué son défunt collègue, le journaliste saoudo-américain Jamal Khashoggi.

Julia Bacha, directrice de la création de Just Vision et réalisatrice (Boycott, Budrus) (modératrice).

Nous répondrons à vos questions pendant la séance d’information virtuelle. Réservez votre place pour cette réunion d’information du 28 février en répondant ici.

Veuillez noter que cette séance d’information sera enregistrée et se déroulera virtuellement. Un lien Zoom sera fourni lors de l’inscription.

Cet événement est parrainé par Just Vision, l’Institute for Middle East Understanding (IMEU),+972 Magazine, Jewish Currents, l’Association des journalistes arabes et du Moyen-Orient  (AMEJA) et le Comité pour la protection des journalistes.

Traduit avec DeepL.com (version gratuite)

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Feb 28 Briefing Invite: Killed, Jailed, Censored: Journalists During Israel’s Assault on Gaza 

Gaza is the deadliest place to be a journalist today. More than 75% of journalists killed worldwide in 2023 died during Israel’s assault on Gaza. The Committee to Protect Journalists has expressed concern about the Israeli military’s apparent pattern of targeting journalists,” and the silencing of Palestinian journalists is not limited to Gaza. In the West Bank, Israel’s jailing of Palestinian journalists has reached an all-time high, tying it with Iran as the sixth worst jailer of journalists globally. 

Join us on Wednesday, Feb. 28, 1:00-2:00 p.m. ET, to hear about the latest efforts to hold the Israeli government accountable for its assault on journalists, to consider how this lethal environment for journalists is impacting our ability to understand what’s happening on the ground, and to examine what it says about the future of covering conflict zones safely. We will also discuss the challenges that journalists outside of Gaza are facing as they seek to cover the war accurately and ethically, whether based in the U.S. or within Israel itself. (Register here.)

Our speakers include: 

Fadi Abu Shammalah, a Palestinian journalist from Gaza who was recently evacuated with his family to the U.S. via Egypt, and who still has colleagues trying to report what is happening on the ground as Israel closes in on Rafah. He also serves as a Just Vision outreach associate. You can read more about Fadi’s experience in this New York Times op-ed

Gypsy Guillén Kaiser, advocacy and communications director for the Committee to Protect Journalists, which is investigating and documenting the plight of Palestinian journalists. Their most recent reports are available here.

Haggai Matar, executive director of +972 Magazine, an independent, online, nonprofit magazine run by a group of Palestinian and Israeli journalists. He is also co-director, together with Just Vision’s Suhad Babaa, of the Hebrew-language news site Local Call, and serves on the board of the Union of Journalists in Israel.

Karen Attiah, a columnist at The Washington Post who has written and postedextensively about the impact of the current violence on journalists and other civilians (“Where is the outrage over Israel’s killing of journalists in Gaza?). Karen was the winner of the 2019 George Polk Award as well as the 2019 Journalist of the Year Award from the National Association of Black Journalists. She has been a fierce advocate for accountability and justice since agents of Saudi Arabia killed her late colleague, Saudi-American journalist Jamal Khashoggi.

Julia Bacha, Just Vision’s creative director and filmmaker (BoycottBudrus)(Moderator).

We will be taking your questions during the virtual briefing. Save your spot for this Feb. 28 briefing by RSVPing here.

Kindly note that this briefing will be on-the-record and conducted virtually. A Zoom link will be provided upon registration.

This event is sponsored by Just VisionInstitute for Middle East Understanding (IMEU), +972 MagazineJewish Currents, the Arab and Middle Eastern Journalists Association (AMEJA), and the Committee to Protect Journalists.

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Israël ne respecte pas l’ordonnance de la CIJ
liée à la plainte pour génocide

Le gouvernement israélien manque à son devoir d’assurer l’accès aux services de base et à l’aide à Gaza

(La Haye, 26 février 2024) – Le gouvernement israélien n’a pas respecté au moins une mesure citée dans l’ordonnance juridiquement contraignante qu’a émise la Cour internationale de Justice (CIJ) suite à la plainte pour génocide portée par l’Afrique du Sud, a déclaré Human Rights Watch aujourd’hui. Le 26 janvier, citant des avertissements au sujet des « conditions catastrophiques » à Gaza, la Cour a ordonné à Israël de « prendre sans délai des mesures effectives pour permettre la fourniture des services de base et de l’aide humanitaire requis de toute urgence » ; la Cour a également enjoint au gouvernement israélien de lui « fournir un rapport sur l’ensemble des mesures qu’il aura prises pour exécuter la présente ordonnance, dans un délai d’un mois ».

Cependant, un mois plus tard, Israël continue d’entraver la fourniture de services de base à Gaza, ainsi que l’entrée et la distribution de carburant et d’aide vitale ; ces actes représentent une forme de punition collective et constituent des crimes de guerre, y compris le recours à la famine des civils comme arme de guerre. Selon le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations Unies (OCHA), le nombre de camions d’aide humanitaire entrés dans la bande de Gaza depuis l’ordonnance de la CIJ, ainsi que le nombre de convois d’aide autorisés à rejoindre le nord de ce territoire, ont diminué en comparaison aux semaines ayant précédé cette ordonnance.

« Le gouvernement israélien est en train d’affamer les 2,3 millions de Palestiniens qui se trouvent dans la bande de Gaza, les mettant encore plus en danger qu’avant l’ordonnance contraignante de la Cour internationale de justice », a déclaré Omar Shakir, directeur pour Israël et Palestine à Human Rights Watch. « Le gouvernement israélien a tout simplement ignoré la décision de la Cour et a même intensifié de certaines manières sa répression, y compris en bloquant davantage l’aide vitale. »

Les autres pays devraient utiliser divers outils, y compris des sanctions et des embargos, pour faire pression sur le gouvernement israélien afin qu’il respecte toute ordonnance contraignante émise par la Cour dans le cadre de la plainte pour génocide, a déclaré Human Rights Watch.

En décembre 2023, Human Rights Watch a conclu que les autorités israéliennes utilisaient la famine comme arme de guerre. Dans le cadre d’une politique élaborée par les hauts responsables israéliens et mise en œuvre par les forces israéliennes, les autorités de ce pays bloquent délibérément l’approvisionnement en eau, en nourriture et en carburant à Gaza ; elles y entravent intentionnellement l’aide humanitaire, rasent apparemment des zones agricoles et privent la population civile des biens indispensables à sa survie.

Suite à l’ordre donné par le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu aux autorités de son pays d’élaborer un plan d’évacuation de Rafah en anticipation d’une possible incursion terrestre, l’Afrique du Sud a transmis à la Cour une nouvelle demande de mesures conservatoires supplémentaires. En réponse, la CIJ a déclaré : « Cette situation alarmante exige la mise en œuvre immédiate et effective des mesures conservatoires indiquées par la Cour dans son ordonnance du 26 janvier 2024, qui sont applicables à l’ensemble de la bande de Gaza [..] et ne nécessitent pas l’indication de mesures additionnelles. » La Cour a aussi souligné l’obligation d’Israël d’assurer « la sûreté et la sécurité des Palestiniens dans la bande de Gaza ».

Texte complet en anglais : en ligne ici.
https://www.hrw.org/fr/news/2024/02/26/israel-ne-respecte-pas-lordonnance-de-la-cij-liee-la-plainte-pour-genocide

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26 février :
Journée internationale pour les journalistes palestiniens

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Quatre mois après le début de la guerre à Gaza en Palestine, le 7 octobre, 100 journalistes ont été tués. Ce massacre est sans précédent et inacceptable. Rejoignez la Fédération internationale des journalistes (FIJ), la Fédération arabe des journalistes (FAJ) et ses affiliés, ce 26 février, pour une journée mondiale en soutien aux journalistes palestiniens.

Quatre mois après le début de la guerre à Gaza, la FIJ, la Fédération arabe des journalistes  FAJ) et ses affiliés partout dans le monde continuent leur mobilisation et soutiennent à travers des actions publiques les journalistes et travailleur.euse.s des médias en Palestine, notamment ses membres du Palestinian Journalists’ Syndicate (PJS).

100 journalistes ont été tués en quatre mois, l’équivalent de 7 par semaine. Ce massacre est sans précédent et inacceptable. 

Les besoins de nos collègues travaillant à Gaza sont devenus vitaux. En plein hiver, nos consœurs et confrères et leurs familles manquent de tout et surtout de l’essentiel : vêtements, couvertures, tentes, nourriture, eau… Le manque de ces produits de première nécessité dans ce petit territoire de 40 km de long et 5 km de large se traduit par une envolée des prix. Et ils ne peuvent plus y faire face.

La FIJ s’alarme également de la faible couverture internationale du conflit, liée au fait que les médias internationaux ne sont pas autorisés par Israël à entrer dans l’enclave et à y réaliser des reportages pour rendre compte de la réalité. C’est le droit des citoyens de connaître la réalité du conflit à Gaza qui a été violé, tant dans la région que dans le reste du monde.

En consultation avec le PJS, nous vous invitons à mobiliser vos membres, les journalistes dans les rédactions, mais aussi les organisations nationales des travailleurs et travailleuses le lundi 26 février, pour ce qui sera la journée mondiale pour les journalistes palestiniens.

  • Téléchargez le visuel de campagne (en anglaisfrançais et espagnol) et l’annonce ici

  • Suggestions d’activités pour marquer la journée : rassemblements, discours, séances publiques, fils de discussion sur les réseaux, toutes les occasions sont bonnes pour rappeler à tous les citoyens et citoyennes que la liberté d’informer a un prix, à Gaza plus qu’ailleurs. N’oublions jamais que, pendant quatre mois, ce sont des journalistes de Gaza qui ont informé le monde parce que cette zone de quelques kilomètres carrés a été complètement fermée. 

  • Rejoignez-nous pour une minute de silence à midice lundi 26 février pour commémorer les journalistes qui ont été tués depuis le 7 octobre.

  • Envoyez vos photos, vidéos, documents, messages de solidarité publiés durant la journée au Secrétariat général à Bruxelles, nous les partagerons largement : communications@ifj.org

  • Taguez-nous sur les réseaux pour que l’on relaie vos actions :

  • X @IFJGlobal

  • Facebook @InternationalFederationofJournalists

  • Instagram @ifj_journalists 

  • LinkedIn @InternationalFederationofJournalists

  • Utilisez #SupportPalestinianJournalists sur vos réseaux sociaux

  • Faites un don au Fonds de sécurité de la FIJ avec « PJS » en communicationpour soutenir les consoeurs et confrères à Gaza et offrez-leur de la nourriture, des vêtements chauds, des batteries externes et des équipements pour travailler. 

  • Lisez les messages de solidarité des affiliés de la FIJ aux journalistes palestiniens : ici

For more information, please contact IFJ on +32 2 235 22 16

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Gaza : un rapport du Conseil de sécurité de l’ONU sur la famine

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Insights on the work of the UN Security Council
Security Council Report – Mardi 27 février 2024

https://www.securitycouncilreport.org/whatsinblue/2024/02/briefing-on-food-security-risks-in-gaza.php

Cet après-midi (27 février), le Conseil de sécurité tiendra une réunion d’information sur l’insécurité alimentaire à Gaza dans le cadre du point de l’ordre du jour consacré à la protection des civils dans les conflits armés. Des réunions d’information sont attendues du chef du Bureau de la coordination au service de la coordination à Genève et du Directeur de la Division de la coordination, Ramesh Rajasingham, Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), M. Maurizio Martina, Directeur adjoint du Programme alimentaire mondial (PAM), Carl Skau. La Guyane et la Suisse, points focaux du Conseil pour les conflits et la faim, auxquelles se sont joints l’Algérie et la Slovénie, ont demandé à la réunion, après que le Bureau de la coordination des affaires humanitaires eut envoyé aux membres du Conseil une note blanche, datée du 22 février, sur l’insécurité alimentaire dans la bande de Gaza.

Le Bureau de la coordination des affaires humanitaires a présenté la note blanche conformément à la résolution 2417 du 24 mai 2018, dans laquelle il demandait au Secrétaire général de faire rapidement rapport sur le risque de famine causée par le conflit et d’insécurité alimentaire généralisée. Depuis plusieurs mois, les agences de l’ONU ont tiré la sonnette d’alarme sur l’insécurité alimentaire et le risque de famine dans la bande de Gaza dans le contexte de la guerre en cours entre les Israéliens et le Hamas. En décembre 2023, la Classification de la phase de sécurité alimentaire intégrée (IPC) – utilisée par les organismes de secours pour mesurer les niveaux de la faim – a publié une note spéciale estimant qu’entre le 24 novembre et le 7 décembre 2023, plus de 90% de la population de Gaza, soit environ 2,08 millions de personnes, connaissaient des « niveaux élevés d’insécurité alimentaire », qu’il classe les conditions de crise ou pire. Il prévoyait que l’ensemble de la population, qui compterait 2,2 millions d’habitants, serait confronté à une telle insécurité alimentaire d’ici à février 2024 en raison du conflit armé. C’est la part la plus élevée de personnes confrontées à un niveau élevé d’insécurité alimentaire jamais classée dans le monde, selon le mandat. Sur ce total, environ la moitié de la population (1,17 million de personnes) devrait faire face à des niveaux d’urgence (phase 4 de l’IPC) et plus d’un demi-million de personnes devraient faire face à des conditions catastrophiques (phase 5 de l’IPC).

Le 18 février, le Groupe mondial de la nutrition a indiqué qu’environ un enfant de moins de deux ans sur six dans le nord de Gaza était en train de subir la forme de malnutrition la plus mortelle. Dans l’ensemble de Gaza, on estime que 90% des enfants de moins de 5 ans souffrent d’une ou plusieurs maladies alors qu’ils se nourrissaient de régimes alimentaires extrêmement médiocres.

Sur la base de ces projections, la note blanche du Bureau de la coordination des affaires humanitaires indique qu’au moins 576 000 personnes à Gaza sont « à un pas de la famine » et « font face à des niveaux catastrophiques de privation et de famine ». La note blanche décrit les projections de décembre 2023 comme des chiffres conservateurs et dit que le risque de famine jusqu’au mois de mai 2024 augmente chaque jour que la guerre se poursuive et que les restrictions à l’accès humanitaire persistent ou s’aggravent. Se référant au rapport du Groupe mondial sur la nutrition, la note blanche fait observer que la faim et la malnutrition dans l’enfance causent des déficiences physiques et cognitives irréparables et « sapent la capacité d’apprentissage de toute une génération ». Une nouvelle analyse de l’IPC devrait être publiée à la mi-mars, selon la note.

Lors de la réunion d’aujourd’hui, Rajasingham pourrait décrire comment la guerre est à l’origine de la crise alimentaire, que la note blanche attribue aux « insensibilisation et aux hostilités qui se sont fortement intensifiées à la suite de l’attaque du Hamas le 7 octobre 2023 ». La note décrit en outre les effets directs du conflit sur la production alimentaire, l’impact indirect de la guerre sur les moyens de subsistance, les marchés et l’offre et les graves problèmes que pose l’acheminement de l’approvisionnement humanitaire en vivres à Gaza et à l’intérieur de Gaza. Il note que la bande de Gaza était déjà vulnérable à l’insécurité alimentaire en raison de la pauvreté structurelle et des problèmes économiques qu’elle avait posé depuis les 16 années précédentes de restrictions imposées par les Israéliens sur le territoire. Les opérations militaires depuis le déclenchement de la guerre ont causé la perte de terres arables et détruit l’infrastructure agricole. En outre, le déplacement forcé de personnes et les ordres d’évacuation répétés – 67 % du territoire de Gaza, qui abritait auparavant 1,78 million de personnes, a été placé sous des ordres d’évacuation – a causé l’abandon ou l’inaccessibilité des terres cultivées et d’autres moyens de production alimentaire, selon la note blanche.

Les causes indirectes comprennent l’infirmation du secteur commercial de Gaza par l’incapacité de produire des denrées alimentaires localement et les restrictions importantes imposées aux importations commerciales. Cela a entraîné une pénurie de stocks, des pénuries de marchandises sur les marchés et une flambée des prix. La perturbation des moyens de subsistance a aggravé la crise de la faim. Par exemple, la pêche, qui a été une source importante de nutrition et de revenus, a complètement cessé en raison de l’interdiction de l’accès des bateaux par l’armée israélienne à la mer, selon la note blanche. Avec environ la moitié de la population entassée dans une zone étroite dans le sud de Gaza, ce qui représente une multiplication par cinq de la population de la région avant la guerre, les marchés du sud ne peuvent pas répondre aux besoins alimentaires de la population.

Malgré la dépendance à l’égard des fournitures humanitaires pour les articles essentiels en raison des restrictions imposées à la circulation des biens du secteur privé, la note blanche indique que la communauté humanitaire continue de se heurter à d’importants obstacles pour fournir les mesures nécessaires à la prévention de la famine. « Il s’agit notamment des fermetures de points de passage frontaliers, de graves restrictions à la liberté de circulation, des refus d’accès, de procédures de vérification onéreuses, des risques pour la sécurité, des incidents commis par des civils désespérés, une rupture de l’ordre public et des restrictions sur les communications et l’équipement de protection », selon la note. Il ajoute qu’il a pris des mesures pour faciliter l’aide, notamment en rouvrant le point de passage de Kerem Shalom en décembre 2023, mais que la livraison de vivres et de carburant nécessaires à sa distribution a été limitée.

Rajasingham pourrait demander que le Conseil de sécurité et d’autres États membres prennent une action immédiate pour prévenir la famine provoquée par le conflit à Gaza. Il peut réitérer les recommandations de la note blanche, qui appellent le Conseil et les autres États membres à user de leur influence, entre autres, pour garantir le respect du droit international humanitaire, pour faciliter l’accès humanitaire et accroître le financement de l’aide humanitaire multisectorielle, et pour faciliter un cessez-le-feu.

Martina et Skau devraient également parler de l’ampleur et de la gravité de l’insécurité alimentaire induite par les conflits et du risque de famine sur la base de la Classification de la phase de sécurité alimentaire intégrée (IPC) de décembre 2023. Il est également probable qu’ils feront référence à une récente mise à jour conjointe de la FAO et du PAM préparée à l’intention des membres du Conseil sur le suivi de la sécurité alimentaire en Palestine et au Soudan. Des responsables de la FAO et du PAM ont informé les membres du Conseil du rapport informel le 19 février. Selon le rapport, « la conduite des hostilités dans la bande de Gaza – y compris les bombardements aériens, terrestres et maritimes israéliens, les opérations terrestres et un blocus économique et humanitaire – a entraîné » plus de 90% de la population dans la crise ou dans des niveaux plus graves d’insécurité alimentaire d’ici début décembre 2023.

Martina pourrait parler des effets de la guerre sur les systèmes alimentaires à Gaza du fait de la destruction des infrastructures agricoles, de la coupure de l’électricité décidée par Israël depuis le 12 octobre, des pénuries de carburant et d’eau et de la destruction totale du secteur commercial. Skau pourrait mettre l’accent sur les restrictions imposées à l’aide humanitaire. Le rapport de la FAO et du PAM indique que les restrictions, parallèlement aux hostilités en cours, ont « rendu impossibles toute opération humanitaire significative » et contribuent au risque de famine. Selon un appel éclair de la Commission en novembre 2023, selon un appel éclair de la part de la Commission en novembre 2023, selon le rapport de la FAO et du PAM, selon un appel éclair de la Banque au titre de la Cisjordanie en novembre 2023.

Martina et Skau pourraient faire remarquer qu’en vertu du droit international, les parties qui ont ordonné l’évacuation de civils sont responsables de la prise en charge adéquate des civils déplacés, notamment en assurant l’accès à la nourriture, aux conditions d’hygiène et aux abris. Toutefois, le rapport conjoint de la FAO et du PAM cite le Secrétaire général de l’ONU, M. Antonio Guterres, ainsi que d’autres organismes des Nations Unies et d’autres organismes internationaux, qui ont déclaré qu’Israël a confiné des centaines de milliers de personnes dans le sud de Gaza sans fournir d’installations sanitaires adéquates et l’accès à une alimentation, en eau et en fournitures sanitaires suffisantes.

Les membres du Conseil devraient souligner que toutes les parties doivent respecter le droit international humanitaire. Ils peuvent souligner la nécessité d’autoriser d’urgence l’aide humanitaire en raison du risque de famine. À cet égard, ils peuvent souligner qu’un cessez-le-feu humanitaire est crucial.

Les membres sont censés rappeler d’autres obligations des parties belligérantes que la résolution 2417 a réitérées. Il s’agit notamment de l’appel lancé par la résolution à toutes les parties à un conflit armé pour qu’elles protègent les civils en menant des hostilités conformément aux principes d’humanité, de distinction et de proportionnalité, ainsi que de leur responsabilité de protéger des biens indispensables à la survie de la population civile. Les membres peuvent également mentionner l’interdiction, telle qu’elle est rappelée dans la résolution 2417, contre le recours à la famine comme méthode de guerre. S’appuyant sur les recommandations de la note blanche et de la mise à jour conjointe de la FAO et de la Commission, les membres du Conseil pourraient demander la réouverture de tous les points de passage de la frontière et le rétablissement des services de base dans la bande de Gaza, y compris les gazoducs transfrontaliers, la distribution d’électricité et la reprise des marchandises commerciales sur le territoire. Les membres du Conseil devraient également souligner la nécessité d’assurer le financement des opérations de secours. Certains pourraient mentionner que cela devrait inclure le financement de l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orien  (UNRWA). Plusieurs pays donateurs ont suspendu leur aide à l’UNRWA après que 12 de ses membres du personnel eurent participé à l’attaque menée par le Hamas le 7 octobre 2023.

https://jacquesfath.international/2024/02/27/gaza-un-rapport-du-conseil-de-securite-de-lonu-sur-la-famine/

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Israël : les prisons de la terreur

Alors que l’État d’Israël se prétend la seule démocratie du Moyen-Orient, avec l’armée la plus morale du monde, il se conduit comme une dictature.

Le 21 février, le décès de Izz al-Din Ziad Abdel-Banna était annoncé depuis la prison de Ramleh en Israël. Dixième prisonnier politique palestinien à mourir dans les geôles israéliennes au cours des cinq derniers mois, il avait 40 ans et faisait partie des Palestiniens de Gaza arrêtés après le 7 octobre. Handicapé moteur, il était obligé de se déplacer en fauteuil roulant. Ses ex-codétenus dénoncent les tortures qui lui ont été infligées.

Comme jamais, les arrestations pleuvent sur hommes, femmes et même enfants : Plus de 7 200 depuis le 7 octobre majoritairement dans la bande de Gaza mais aussi en Cisjordanie.

Au 5 février, selon l’association palestinienne Addameer qui défend les droits des prisonniers politiques palestiniens, ils étaient 9000 prisonniers politiques dans les geôles israéliennes, dont 200 enfants et 70 femmes. Sous le prétexte fallacieux de sécurité pour Israël, plus de 3480 ont été placé·es en « détention administrative » sans inculpation ni procès. (Chiffre le plus élevé depuis 1987). C’est-à-dire que ni charges ni preuves ne sont communiquées à l’avocat. La détention administrative fixée pour une période de 6 mois est indéfiniment renouvelable.

Depuis le 7 octobre, les conditions de détention déjà déplorables se sont considérablement aggravées : surpopulation, privations de nourriture, de vêtement et de sommeil, absence d’hygiène et de soins, harcèlement des gardiens de prison, traitements inhumains et dégradants, agressions sexuelles, privation de visites, accès à aucune défense pendant les deux premières semaines de détention.

Le recours massif à la détention administrative est illégale au regard du droit international. Israël en a toujours abusé.

Dans cette zone de non-droit, tout devient possible pour les tortionnaires : torture psychologique pour arracher des aveux sur des faits non avérés, tortures physiques, humiliations sont le lot commun des prisonniers.

Depuis le 7 octobre, plusieurs milliers de Gazaoui·es ont été arrêté·es, pour beaucoup dans des conditions effroyables et humiliantes en violation totale du droit de la guerre, et détenu·es en Israël pour beaucoup dans des camps militaires, victimes de traitements épouvantables et de torture : menottés en permanence, attachés à des grilles, privés de sommeil, battus, torturés. Nombre de ces personnes ont disparu, les familles sont sans nouvelle. Ceux qui ont été libérés étaient méconnaissables et traumatisés ; ils ont pu décrire les traitements inhumains qu’ils ont subi.

L’État israélien viole le droit international.
Cette politique d’enfermement massif, et d’humiliation, s’apparente à une punition collective. C’est un instrument de l’apartheid israélien visant à briser la résistance de tout un peuple.

Nous continuerons de le dénoncer et de faire pression sur notre gouvernement et nos élu·es pour que cesse cette situation et qu’ils réclament une commission d’enquête indépendante afin qu’Israël réponde de ces crimes.

L’AFPS exige la libération de tou·tes les prisonnier·es politiques palestinien·nes. Elle leur apporte tout son soutien dans leur combat pour exiger de l’État d’Israël qu’il respecte tous leurs droits individuels et collectifs.

Le Bureau National de l’AFPS,
Le 26 février 2024
https://www.france-palestine.org/ISRAEL-les-prisons-de-la-terreur

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Israël. Pas de visas pour les employés des ONG humanitaires
en Cisjordanie, à Jérusalem-est et à Gaza

La Population and Immigration Authority (Autorité de l’Etat civil et de l’immigration) refuse d’accorder des visas de travail aux employé·e·s des organisations non gouvernementales internationales opérant en Cisjordanie et dans la bande de Gaza. Cela précisément au moment où la Cour internationale de justice est censée examiner si Israël respecte son ordonnance provisoire visant à garantir l’acheminement de l’aide humanitaire à Gaza [voir l’article ci-après sur la campagne contre l’UNRWA].

L’explication tardive donnée aux ONG internationales est un réaménagement du processus de délivrance des visas, mené jusqu’à présent conjointement par l’Autorité de l’Etat Civil et de l’immigration et le ministère de la Protection sociale et des Affaires sociales.

Le ministère des Affaires sociales refuse depuis plusieurs mois déjà de remplir sa participation à l’accord, bien que celui-ci soit consigné dans une procédure écrite.

Quelque 160 ONG d’aide internationale opérant dans la bande de Gaza et en Cisjordanie (y compris Jérusalem-Est) sont enregistrées auprès du Département des relations internationales du ministère de la Protection sociale et des affaires sociales, qui est également chargé de renouveler chaque année leur statut d’organisation à but non lucratif.

Dans le passé, lorsque le service des visas n’a pas été assuré pour diverses raisons – par exemple, pendant la pandémie de Covid-19 – les visas ont été prolongés automatiquement. Cette fois-ci, cependant, l’autorité de l’immigration exige que les employé·e·s des ONG quittent le pays dès l’expiration de leur visa, même s’ils se sont correctement pliés à la loi.

Haaretz, qui s’est entretenu avec certains de ces employés, a déclaré qu’ils soupçonnaient que des motivations politiques se cachent derrière les complications bureaucratiques dans lesquelles ils se débattent.

Le refus d’accorder des visas à ces travailleurs humanitaires internationaux a perturbé les activités de dizaines d’organisations chargées d’apporter et de distribuer des soins médicaux, de la nourriture et de l’eau aux habitants de Gaza, dont la plupart souffrent de faim et de déshydratation aiguës.

Ces mesures bureaucratiques sapent également les efforts des ONG pour aider des dizaines de communautés palestiniennes de Cisjordanie qui ont été déplacées de force par la violence des colons et les pressions de l’administration civile et des Forces de défense israéliennes (FDI), ou qui doivent faire face à la violence des colons et aux pressions des autorités.

Des dizaines d’employés internationaux, pour la plupart des citoyens de pays occidentaux, ont été contraints de quitter leur emploi ou n’ont pas pu revenir de l’étranger dans leurs bureaux de Jérusalem-Est et de Ramallah. D’autres n’ont pas pu commencer à occuper leur nouveau poste dans le territoire palestinien. Certains ont décidé de rester à Jérusalem-Est ou en Cisjordanie, bien que leur visa ait expiré, mais leurs déplacements sont limités car ils vivent dans la crainte constante d’être expulsés.

Les règlements de l’Autorité de l’Etat civil et de l’immigration, mis à jour pour la dernière fois en 2013, concernant les ONG internationales (à l’exclusion des organisations des Nations unies), stipulent que les demandes de visa ne seront traitées que si elles sont accompagnées d’une approbation de principe écrite (appelée lettre de certification) du ministère de la Protection sociale et des Affaires sociales.

Les lettres de certification sont envoyées aux employés avant leur arrivée en Israël, qui entrent alors dans le pays avec un visa touristique et soumettent ensuite une demande de visa de travail à l’autorité d’immigration. Les ressortissants de pays ne pouvant bénéficier d’un visa touristique à l’entrée doivent soumettre l’approbation du ministère au consulat israélien de leur pays respectif.

Les personnes se trouvant déjà en Israël peuvent soumettre une nouvelle demande de lettre de certification du ministère environ un mois ou deux avant l’expiration de leur visa. Le ministère est alors censé envoyer la lettre dans un délai de 14 jours. La même procédure s’applique aux membres de la famille des travailleurs humanitaires internationaux, y compris les enfants dans les écoles et les jardins d’enfants.

Les demandes de lettre de certification soumises entre juillet et septembre 2023 n’ont reçu de réponse qu’en novembre de la même année. Bien que les travailleurs des ONG internationales aient déjà eu l’occasion de constater que le ministère retardait les procédures, ils étaient inquiets car leurs visas étaient sur le point d’expirer.

Début novembre, le ministère les a informés qu’en raison de l’état d’urgence et de la surcharge de travail du ministère, l’autorité chargée de l’immigration prolongerait automatiquement leurs visas jusqu’au 8 février 2024. Cette prolongation n’a pas été accordée aux personnes qui se trouvaient à l’étranger à ce moment-là, y compris celles qui sont parties en raison du déclenchement de la guerre.

En janvier 2024, lorsque des employés d’ONG d’aide internationale ont demandé le renouvellement de leur visa, le ministère a refusé d’accorder la lettre nécessaire, tant aux employé·e·s basés à Jérusalem et en Cisjordanie qu’à ceux et celles qui se trouvaient à l’étranger.

Le ministère n’a fourni aucune explication et l’autorité de l’immigration a refusé de traiter les demandes de visa au motif qu’il n’y avait pas de lettre de certification du ministère. L’autorité de l’immigration a exigé que les travailleurs dont les visas expiraient quittent le pays avant le 8 février, date d’expiration des visas.

Un juge du tribunal administratif, qui examine les décisions de l’Autorité de l’Etat civil et de l’immigration concernant l’entrée, la sortie, le séjour et la résidence en Israël, a rejeté l’appel d’un haut fonctionnaire de l’une des ONG internationales.

Le rejet de l’appel était fondé sur le fait que l’autorité de l’immigration avait agi légalement en n’accordant pas de visa, car la demande du fonctionnaire n’était pas accompagnée de la lettre de certification du ministère. Le juge a ajouté qu’il n’était pas du ressort du tribunal administratif d’examiner les considérations du ministère.

Yotam Ben-Hillel, un avocat représentant un forum d’ONG internationales, a demandé l’intervention de la procureure générale Gali Baharav-Miara. Dans une lettre envoyée au procureur général la semaine dernière, Yotam Ben-Hillel a fait remarquer que plusieurs des personnes qui n’ont pas pu renouveler leur visa étaient des hauts fonctionnaires responsables des activités de leurs organisations respectives en Israël et dans les territoires.

« Ils ont le mandat – en ce qui concerne la direction de leur organisation – de représenter l’organisation dans toutes les relations avec les autorités israéliennes, les missions étrangères et d’autres organisations internationales résidant en Israël. Ils sont responsables de la collecte de fonds, de la coordination du transfert de l’aide humanitaire, y compris vers la bande de Gaza – par exemple, dans les domaines de la fourniture de nourriture, d’eau, d’installations sanitaires, d’hygiène et d’abris –, de la gestion du budget, et sont les signataires désignés auprès des banques en Israël et dans les territoires.»

Les réponses fournies à Haaretz par les différentes autorités sont révélatrices de la confusion bureaucratique qu’elles ont provoquée. Le porte-parole de l’Autorité de l’Etat civil et de l’immigration a répondu qu’il fallait contacter le coordinateur des activités gouvernementales dans les territoires au sein du ministère de la Défense et du ministère des Affaires sociales pour obtenir une réponse.

Le ministère des Affaires sociales a invoqué la « situation sécuritaire » après le 7 octobre pour justifier le transfert de responsabilité à un autre organe gouvernemental, tout en soulignant qu’il avait demandé à être déchargé de cette tâche bien avant le 7 octobre, parce qu’elle ne relevait pas de ses compétences.

Il a nié que cette décision ait été motivée par des considérations politiques et a indiqué que la question des visas pour les employés des ONG internationales avait été transférée au Conseil de sécurité nationale d’Israël (NSC) et qu’après consultation, il avait été décidé de transférer cette question au ministère des Affaires étrangères.

Le COGAT (coordinateur des activités gouvernementales dans les territoires, unité du ministère israélien de la Défense) a transmis ses questions au ministère des Affaires étrangères. Le ministère des Affaires étrangères a déclaré qu’il n’avait pas été invité à traiter la question des visas et qu’il ne s’attendait pas à ce que cette question lui soit transférée. Il a promis d’envoyer une réponse en bonne et due forme à Haaretz, mais aucune réponse n’a été reçue.

Le Conseil de sécurité nationale a déclaré que, contrairement à ce qui avait été affirmé, la question n’avait pas été transférée sous la responsabilité du NSC, mais que, le ministère des Affaires sociales affirmant qu’il ne disposait pas des outils nécessaires pour traiter cette question, le Conseil de sécurité coordonnait le travail de son personnel afin d’examiner une solution de remplacement appropriée.

Haaretz a également demandé aux ministères de la Justice et des Affaires étrangères s’ils ne craignaient pas que la Cour internationale de justice considère cela comme une violation des décisions de la Cour et comme la preuve qu’Israël ne fait pas d’efforts pour remplir ses obligations. Haaretz n’a pas reçu de réponse à ces questions.

Amira Hass
Article publié par le quotidien Haaretz le 25 février 2024 ; traduction rédaction A l’Encontre
http://alencontre.org/moyenorient/palestine/israel-pas-de-visas-pour-les-employes-des-ong-humanitaires-en-cisjordanie-a-jerusalem-est-et-a-gaza.html

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Des ONG à l’UNRWA,
pour aboutir au « plan de l’après-guerre » à Gaza

Les nombreux obstacles accentués mis à la présence d’ONG humanitaires en Cisjordanie, à Jérusalem-Est et dans la bande de Gaza s’inscrivent dans la volonté du gouvernement de Netanyahou d’empêcher toute présence de journalistes dans la bande de Gaza – alors que des actes génocidaires s’y déroulent – et de viser mortellement les journalistes palestiniens présents : quelque 122 membres de médias ont été tués depuis le 8 octobre. Mais cette politique renvoie aussi à la campagne contre l’UNRWA, qui ne date pas du mois d’octobre 2023.

Pour saisir le sens de cette campagne, il faut faire référence à quelques données historiques. L’UNRWA, créée en 1949, fait suite à l’expulsion de centaines de milliers de Palestiniens de leurs territoires, ce que Ilan Pappé a qualifié de nettoyage ethnique dans son ouvrage intitulé The Ethnic Cleansing of Palestine, Oneworld Publications, 2007. Il s’agit de la Nakba pour les Palestiniens. Dès lors se posait un problème : pourquoi les réfugiés « produits » par la Nakba – qui peuplent aujourd’hui l’essentiel de l’enclave de Gaza – n’ont pas relevé de l’Organisation internationale pour les réfugiés (OIR), agence de l’ONU, créée en 1946 et remplacée en 1952 par le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés ? La réponse : l’OIR se devait de gérer la masse des réfugiés provoquée par les massacres et les déplacements de populations au cours de la Seconde Guerre mondiale. La mission de l’OIR était, comme Pierre Jacobsen l’indique dans la revue Population (n°1, 1951) « d’assumer la protection juridique des personnes déplacées et des réfugiés placés sous son mandat, mais elle doit également leur fournir une assistance matérielle et trouver une solution durable pour eux, soit en les rapatriant, soit en les aidant à s’incorporer à une communauté nouvelle ».

Dès lors, pour le gouvernement israélien et ses proches alliés, il fallait éviter que l’OIR prenne en charge les réfugiés palestiniens avec les objectifs de l’OIR mentionnés. D’où la création en décembre 1949 de l’UNRWA qui ne prend en charge que les réfugiés palestiniens dans la bande de Gaza, en Cisjordanie, en Jordanie, au Liban et en Syrie. Il s’agissait ainsi d’un « cas à part ».

Au moment où la consolidation coloniale – qu’Henry Laurens, professeur au Collège de France, qualifie de « colonisation de refoulement » – se fait tous les jours plus manifeste, la mise en question radicale de l’UNRWA s’insère dans le programme politique du gouvernement israélien. Les accusations de complicité présumée de 12 employés de l’UNRWA (sur 13 000 présents à Gaza) avec le Hamas lors des massacres et crimes du 7 octobre 2023 permettent une nouvelle escalade contre l’UNRWA.

Campagne internationale et lobby diplomatique doivent être déployés afin d’étouffer financièrement l’UNRWA et donc d’étrangler les centaines de milliers de réfugiés palestiniens. Philippe Lazzarini, le jeudi 22 février, ne pouvait dès lors que déclarer : « C’est avec un profond regret que je dois aujourd’hui vous informer que l’Agence a atteint un point de rupture, avec les appels répétés d’Israël à son démantèlement et le gel des financements de donateurs face à des besoins humanitaires à Gaza sans précédent… La capacité de l’Agence à remplir son mandat donné par la résolution 302 de l’Assemblée générale est désormais gravement menacée. »

L’actualité de cette agression contre l’UNRWA et les  «barrières administratives » contre les ONG internationales, comme le mentionne Amira Hass dans l’article ci-dessus, est encore renforcée par le prétendu « plan d’après-guerre à Gaza » présenté par le premier ministre israélien le jeudi 22 février. A ce propos, Jean-Philippe Rémy et Hélène Sallon, dans Le Monde daté du 25 et 26 février, écrivent : « La volonté israélienne de faire place nette à Gaza va au-delà de l’UNRWA. La responsabilité de l’administration, dans le futur, devrait en effet être confiée, selon le plan de Benyamin Netanyahou, à « des entités locales ayant une expérience de la gestion des affaires », lesquelles ne doivent pas avoir été affiliées à « des Etats ou des organisations soutenant le terrorisme ». Cela exclut les fonctionnaires locaux qui auraient été associés au Hamas, de près ou de loin, au risque de créer un vide que les « entités locales », concept flou, risquent de ne pas combler. Aucune mention n’est faite du rôle futur de l’Autorité palestinienne. »

Il serait temps, pour ne pas dire opportun, que les médias dits d’information – et les porte-parole de forces politiques « de gauche » et syndicales, en Suisse par exemple – saisissent la dimension historique et politique de la campagne contre l’UNRWA. Est-ce trop demander ? L’exigence d’intelligibilité historique semble en la matière difficile à être satisfaite.

Charles-André Udry (26 février 2024

http://alencontre.org/moyenorient/palestine/israel-pas-de-visas-pour-les-employes-des-ong-humanitaires-en-cisjordanie-a-jerusalem-est-et-a-gaza.html

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Comment les journalistes israéliens assurent
les relations publiques de l’armée

Les journalistes militaires des principaux organes de presse israéliens omettent systématiquement d’enquêter sur l’armée et sur son comportement. Le 7 octobre est aussi leur échec.

Depuis le début de la guerre, la majorité des médias israéliens sont une véritable parodie du journalisme. L’Israélien moyen aura lu d’innombrables articles sur la colère des habitants de Gaza à l’égard du Hamas, mais peu, voire aucun, sur le fait que les bombardements israéliens et un siège de plus en plus sévère ont tué plus de 12 000 enfants, rendu inhabitable une grande partie de la bande de Gaza, déplacé des millions de personnes et créé des conditions propices à la famine. En outre, il ne faut pas pas espérer une quelconque solidarité de la part des journalistes ou des entreprises de presse israéliennes à l’égard des plus de 120 journalistes palestiniens abattus au cours de cette offensive israélienne.

Peut-être ne devrions-nous pas blâmer les médias. Akiva Novick, éminent présentateur et correspondant de la chaîne publique israélienne Kan, estime que le rôle des journalistes est de remonter le moral de la nation. Après tout, ce que le public israélien veut entendre, c’est qu’il n’y a pas d’innocents à Gaza, que la puissante armée israélienne est en train de gagner, que le monde entier est antisémite et que, contrairement à toute évidence, seule la pression militaire permettra de libérer les otages.

Et si les soldats israéliens abattent trois otages agitant des drapeaux blancs, c’est aussi la faute du Hamas.

Le renoncement des médias à leurs responsabilités n’a pas commencé le 7 octobre. Pendant des années, les Israéliens n’ont guère su ce que leur armée était réellement en train de faire : déployer de plus en plus de soldats en Cisjordanie pour suivre l’augmentation constante de la population de colons et soutenir un régime d’apartheid. Si ce sont bien les Palestiniens qui vivent sous la botte de l’armée israélienne, qui payent le plus lourd tribut, les Israéliens en paient également le prix.

En effet, deux jours seulement avant que le Hamas ne lance son attaque sur le sud d’Israël, deux unités de commandos ont été déplacées de la frontière de Gaza vers la Cisjordanie en prévision de la nécessité de protéger – ou même de prêter main-forte – à ce que beaucoup s’attendaient à être un déchaînement de colons lors de la fête juive de Simchat Torah. Les unités restées sur place ont été totalement prises au dépourvu par les opérations qui sont survenues par la suite.

Les correspondants militaires des principaux organes d’information israéliens ne se contentent pas de ne pas faire état de ces questions ; leur glorification continuelle de l’armée et leur empressement à prendre au pied de la lettre les déclarations du porte-parole des FDI convainquent à tort le public que tout va pour le mieux. Mais il suffit de gratter la surface pour comprendre que cette incapacité des médias à analyser les activités de l’armée a joué un rôle déterminant dans le désastre du 7 octobre.

Une absence systématique de critique
Prenons l’exemple de la couverture d’Amir Bohbot, le correspondant militaire du site d’information de droite Walla. Deux mois seulement avant la guerre, il a écrit un court poème dans lequel il s’extasiait devant le chef du renseignement militaire, Aharon Haliva, et ses plans prétendument imparables. En parcourant l’ensemble des écrits de Bohbot, on découvre des dizaines d’autres articles rédigés au cours des deux dernières années dans une veine tout aussi élogieuse – et pas un seul texte de réflexion ou d’investigation sur l’armée et ses activités. Ses critiques n’ont visé que les réservistes qui, dans le cadre des manifestations de l’année dernière contre la réforme judiciaire du gouvernement, ont menacé de ne pas se présenter pour remplir leurs obligations.

Aux côtés de Bohbot, nous trouvons Yossi Yehoshua, de la publication un peu plus centriste Yedioth Ahronoth, qui fait régulièrement l’éloge de l’armée et a même nié que des unités militaires aient été déplacées de la frontière de Gaza avant le 7 octobre (il a plus tard affirmé qu’il ne s’agissait que de réservistes). Avant la guerre, son travail journalistique rigoureux a été illustré par un article sur le « plongeon » d’Haliva dans la vie nocturne tumultueuse de Tel Aviv.

Il y a aussi Hanan Greenwood, du quotidien de droite Israel Hayom, qui a écrit un article sur un « accroissement significatif de nos capacités de renseignement » au lendemain de la précédente « victoire » de l’armée à Gaza, en 2021. Ajoutons-y Nir Dvori et Yonit Levi, de Channel 12, qui ont réalisél’année dernière une interview en gants de velours avec le chef d’état-major sortant de Tsahal, où ils l’ont laissé se vanter de deux années de relative tranquillité du côté du Hamas.

Même un journal plus critique comme Haaretz se conforme à bon nombre de ces pratiques. Ses critiques de l’armée ont tendance à se concentrer sur les crimes particulièrement odieux commis par des soldats à Gaza et en Cisjordanie, et cette couverture est généralement réservée à ses pages d’opinion (dans lesquelles je publie fréquemment), écrites par des journalistes non militaires comme Gideon Levy et Amira Hass. Le principal journaliste militaire de Haaretz, Amos Harel, ne présente presque jamais l’armée d’un œil critique et justifie même parfois l’utilisation de ses méthodes répressives – comme l’arrestation préventive de Palestiniens sur la base de messages publiés sur les réseaux sociaux censés permettre de prédire qui commettra un crime – et les présente comme des mesures de défense appropriées.

En outre, malgré l’attention qu’il reçoit au niveau international, Haaretz n’est lu quotidiennement que par 5% de la population israélienne, et ses pages d’information et d’opinion se trouvent derrière un strict dispositif de péage (une rareté en Israël) ; en revanche, Yedioth Ahronoth et Israel Hayom sont tous deux gratuits et lus chacun par plus d’un quart des Israéliens chaque jour.

Les rares fois où les sites d’information israéliens publient des « reportages d’investigation » réalisés par des correspondants militaires, ceux-ci se contentent de rapporter les enquêtes internes de l’armée au lieu de mener des investigations indépendantes. L’affaire des otages Yotam Haim, Samer Talalka et Alon Shamriz, abattus par l’armée, en est un exemple récent et étonnant : alors que cette affaire aurait dû soulever de sérieuses questions sur la disposition des soldats à tirer sur des gens même après qu’ils se soient rendus – et qui sait combien de fois cela est arrivé à des Palestiniens – la presse israélienne s’est contentée de rapporter les conclusions de l’enquête menée par l’armée elle-même.

Il n’est donc pas surprenant que les enquêtes les plus importantes sur la conduite de l’armée pendant la guerre aient été publiées par des organes de presse étrangers, et non israéliens. Par exemple, c’est le New York Times qui a révélé l’assassinat présumé d’Israéliens par des tirs de chars israéliens dans le kibboutz Be’eri, sous les ordres directs du lieutenant-colonel Barak Hiram – une allégation qui avait déjà circulé en Israël mais qui n’avait pas été diffusée. Quelques semaines plus tôt, lorsque Hiram avait été interviewé par Ilana Dayan, journaliste de premier plan de Channel 12, au sujet de son rôle dans les combats, Dayan avait entièrement passé sous silence l’incident de Be’eri.

Même des officiers de haut rang de l’armée israélienne semblent être conscients de cette différence entre la presse nationale et la presse étrangère. Il y a un mois, quelques-uns de ces officiers se sont adressés àun organe de presse américain, plutôt qu’israélien, pour faire part de leurs préoccupations quant à l’incompatibilité des objectifs de l’opération terrestre à Gaza : démanteler le Hamas et libérer tous les otages israéliens. Cette perspective déterminante – qui remet en cause les objectifs maintes fois répétés du massacre en cours – est totalement ignorée par les médias israéliens, qui se consacrent essentiellement à la propagande et au discours officiel selon lequel seule la force permettra de libérer les otages.

Le prix de l’occultation de la vérité
Il y a une dizaine d’années, j’ai publié dans +972 une série de reportages d’investigation intitulés « Permis de tuer », qui étudiaient des affaires sur lesquelles la section des enquêtes criminelles de la police militaire enquêtait. Il s’agissait notamment de meurtres d’adolescents palestiniens abattus d’une balle dans le dos ou dans la tête par des soldats israéliens, de falsifications et de mensonges dans le cadre d’enquêtes, et d’enfants victimes de bombardements par des engins aériens sans pilote (à l’époque, il était interdit de rapporter de tels incidents en raison d’une censure sévère).

Toutes les informations étaient là, attendant d’être publiées. Mais ce qui était tout aussi choquant que les révélations elles-mêmes, c’était de constater qu’aucun correspondant militaire israélien n’avait pris la peine de se pencher sur ces cas auparavant.

Quelques années plus tard, lorsque j’ai accompagné un groupe de journalistes pour une réunion avec le porte-parole des FDI, j’ai découvert que ces journalistes se contentaient souvent de répéter ce que le porte-parole leur disait, en supprimant parfois la mention de son nom et en publiant les messages en tant qu’informations. Par exemple, lorsqu’un soldat du bataillon Netzah Yehuda a abattu un Palestinien handicapé mental dans la ville de Silwad, en Cisjordanie occupée, un éminent journaliste de la défense, Alon Ben David, a tweeté qu’un terroriste avait tiré en direction des soldats et qu’il avait été tué par la suite. C’était un mensonge : le terroriste n’a pas tiré sur les soldats et il a été tué d’une balle dans le dos(Alon Ben David s’est corrigé par la suite).

La même chose s’est produite lorsqu’un officier israélien qui se trouvait sur un pont de la route 443 en Cisjordanie a tué un adolescent palestinien d’une balle dans la tête. Channel 13 a déclaré que l’adolescent avait jeté des pierres (l’article a été supprimé depuis) ; là encore, il s’agissait d’un mensonge.

Dans presque tous les cas sur lesquels j’ai enquêté, le porte-parole des FDI a diffusé de fausses informations qui ont ensuite été reprises – sans mention de leur source et comme si elles étaient le fait du journaliste – par les médias israéliens. Parfois, ces journalistes assurent même les relations publiques de l’armée, par exemple lorsqu’ils sont invités à assister à l’entraînement des militaires à l’utilisation d’une nouvelle arme qui peut avoir besoin de publicité pour pouvoir être exportée vers une dictature.

Pour être juste envers nombre de mes collègues israéliens, s’ils enquêtaient sur les tirs de l’armée sur des Palestiniens en Cisjordanie ou sur les bombardements à Gaza, ils se retrouveraient probablement sans emploi ; la population israélienne ne veut tout simplement pas entendre parler de telles nouvelles (je ne peux écrire librement que parce que j’ai un métier dans la journée, celui de professeur d’université). Mais nous, Israéliens, payons aussi le prix de l’incapacité des correspondants militaires à faire leur devoir.

Moi-même, par exemple, en tant qu’habitant du sud, je n’avais aucun moyen de savoir que l’armée m’avait pratiquement abandonné juste avant que le Hamas ne lance ses attaques du 7 octobre. Je ne pouvais pas savoir que l’armée était à ce point confiante dans sa capacité à détecter une attaque quelques heures à l’avance qu’elle ne s’inquiétait apparemment pas de laisser la frontière sans protection.

Je ne pouvais pas savoir qu’il y avait, en fait, peu de forces dans toute la région capables de défendre les populations en cas de franchissement de la clôture à la frontière, ni que quelques Toyota et motos pouvaient submerger toute la division de Gaza dont le budget se chiffre en milliards, ni que toute la cellule de commandement se trouvait dans le même endroit vulnérable à Re’im.

Les journalistes doivent combler ce déficit critique de connaissances du public. Nous n’avons pas de système judiciaire qui supervise efficacement l’armée, ni de système de contrôle public de son budget. Les cadres militaires ne sont visiblement jamais tenus responsables de leurs actes criminels, même lorsque ceux-ci sont flagrants.

Alors que ces crimes feraient les gros titres dans n’importe quel autre pays, lorsque je m’adresse à mes collègues journalistes pour leur parler de ce que j’ai découvert, personne ne veut prendre en charge ces histoires. Tandis que l’armée est en droit de mener des opérations psychologiques à l’encontre de la population israélienne sans aucune répercussion, peu d’organes de presse, voire aucun, n’est prêt à remettre en question son discours officiel.

Le journalisme rigoureux est une condition sine qua non dans toute société saine ; ce n’est qu’en comprenant parfaitement la réalité que les gens peuvent exiger des autorités un changement de cap lorsqu’elles commettent des erreurs. Il est étonnant qu’un État militaire comme Israël ne dispose pas de journalistes militaires critiques. Après que les politiciens et l’armée auront assumé la responsabilité des échecs du 7 octobre, les médias israéliens devront eux aussi faire amende honorable et rendre des comptes pour toutes ces années de défaillance.

Sebastian Ben Daniel (John Brown)
Sebastian Ben Daniel (John Brown) est un universitaire et blogueur israélien.
+972. 19 février 2024 :
https://www.972mag.com/israeli-journalists-pr-army-october-7/
Une version de cet article a d’abord été publiée en hébreu sur Local Call. Lisez-le ici.
Traduit pour ESSF par Pierre Vandevoorde avec l’aide de de DeepLpro
https://www.europe-solidaire.org/spip.php?article69908

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Gaza : le syndicat des professeur.es de l’UQAM (SPUQ)
interpelle sa direction et la CSN

Il est exceptionnel que des organisations syndicales de « base » se prononcent sur des questions de politique étrangère et plus encore sur des conflits armés.

C’est parfois le cas relève un spécialiste du syndicalisme étatsunien, Dan La Botz, quand ces questions deviennent un enjeu localement, « quand elles ont un impact direct sur l’emploi » ou sur le financement des services publics.

C’est avec ces éléments historiques en tête qu’il convient de mentionner deux résolutions provenant de la « base » syndicale au Québec. La première est une résolution de l’exécutif du Syndicat des travailleuses(eurs) des centres de la petite enfance de Montréal (STCPEML-CSN) adoptée le 28 novembre 2023 qui demande un cessez-le-feu immédiat et appuie des activités d’éducation populaire sur l’occupation et la colonisation de la Palestine, notamment.

La seconde résolution a été adoptée à l’unanimité le 16 février 2024 par le Conseil syndical du Syndicat des professeurs et des professeures de l’Université du Québec à Montréal (SPUQ-UQAM). Les délégué.es des 1 200 membres affirment notamment leur solidarité avec les syndicats et les organisations de la société civile tant en Palestine qu’en Israël qui sont en faveur d’un cessez-le feu immédiat et dénoncent la prolifération de propos et gestes racistes, antisémites, antipalestiniens, islamophobes.

Au-delà de ces déclarations, le Conseil syndical interpelle directement le Conseil d’administration, la Fondation et les responsables des fonds de pension (des retraites) de l’UQAM et leur demande de procéder à « un examen de leurs engagements et placements financiers pour s’assurer qu’ils ne contribuent pas au soutien d’entreprises et d’activités économiques directement liées à la poursuite des hostilités à Gaza ».

Le Conseil syndical demande également à la CSN, la Centrale syndicale qui représente plus de 320 000 travailleurs et travailleuses, « de solliciter et de coordonner des dons de la part de ses organisations membres en vue d’une contribution commune au fonds d’urgence de l’Organisation internationale du travail pour les personnes travailleuses à Gaza ».

Enfin, le Conseil syndical dénonce les autorisations de ventes d’armes à Israël par le Gouvernement canadien et demande « à la CSN de s’impliquer énergiquement dans le mouvement de dénonciation de ces autorisations ».

Cette dernière résolution syndicale a été adoptée le jour même où la Cour internationale de justice notait « que les évènements intervenus tout récemment dans la bande de Gaza, et en particulier à Rafah, « entraineraient une aggravation exponentielle de ce qui est d’ores et déjà̀ un cauchemar humanitaire aux conséquences régionales insondables » ». La CIJ estimait également que la situation exigeait « la mise en œuvre immédiate et effective des mesures conservatoires indiquées par la Cour dans son ordonnance du 26 janvier 2024 » et rappelait que « l’État d’Israël demeure pleinement tenu de s’acquitter des obligations lui incombant au titre de la convention sur le génocide ».

D’autres syndicats « de base » ont peut être adopté des résolutions sur le sujet. Nous n’en savons rien. On ne sait pas non plus le suivi qui sera fait de ces résolutions. Mais, compte tenu du silence quasi-absolu du patronat, des gestionnaires de fonds de pension et des centrales syndicales depuis le 7 octobre 2024, ces deux résolutions de la « base syndicale » nous semblaient mériter d’être rappelées.

Camille Popinot
https://www.pressegauche.org/Gaza-le-syndicat-des-professeur-es-de-l-UQAM-SPUQ-interpelle-sa-direction-et-la

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Il ne suffit pas d’exiger un cessez-le-feu
contre la guerre génocidaire
S’imposent l’arrêt des exportations d’armes et financer l’UNRWA

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On ne dénoncera jamais assez l’odiosité du gouvernement canadien qui a hésité et tardé à réclamer un cessez-le-feu au fascisant gouvernement sioniste concernant sa terriblement asymétrique guerre génocidaire contre le peuple palestinien, et pas seulement contre la Bande de Gaza. Il faut dire que le gouvernement québécois a fait pire en tardant davantage et en persistant à ouvrir un bureau du Québec en Israël.

N’empêche que le gouvernement Trudeau a maintenu son soutien stratégique à Israël, tête de pont de l’impérialisme occidental pour le contrôle du Moyen-Orient, puits intarissable de pétrole bon marché et plus important carrefour géostratégique mondial, en continuant à lui exporter de l’armement. C’est ce que dénonce une coalition de la société civile canadienne et quelque peu québécoise d’ONG et d’églises mais non celle catholique (https://oxfam.qc.ca/lettre-ouverte-transferts-armes-israel/).

Là où cependant le gouvernement canadien a dépassé les bornes de l’odiosité et de servilité vis-à-vis l’impérialisme étatsunien est sa suspension précipitée de son financement de l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA). Pourtant l’ONU a congédié ces personnes et a mis en branle le mécanisme d’examen prévu pour de tels cas. L’Office est le premier organisme humanitaire pour les personnes réfugiées de Gaza et d’ailleurs dans cette région. Elle est irremplaçable pour ces millions de personnes et est devenue indispensable car « les conséquences sur place de ces coupes budgétaires vont à l’encontre des mesures provisoires émises le vendredi 26 janvier par la Cour internationale de justice. »

Le prétexte en est qu’Israël accuse une douzaine des 13 000 personnes, sur 30 000 au total, employées de l’UNRWA dans la Bande de Gaza d’avoir participé à l’audacieuse percée du mur faisant de cette Bande une prison à ciel ouvert régulièrement bombardée, et à la prise des postes militaire adjacents dont plusieurs militaires israéliens ont été faits prisonniers. Rappelons que la lutte armée des peuples opprimés est conforme au droit international. Malheureusement l’organisation politico-militaire Hamas, réactionnaire et fondamentaliste administrant la Bande de Gaza, a planifié ou a laissé faire un massacre vengeur de plusieurs centaines personnes civiles et peut-être de soldats désarmés sans compter la prise d’otages civils. C’est là une imitation à petite échelle des crimes à grand déploiement de l’armée sioniste depuis la Nakba (catastrophe) du nettoyage ethnique de 1948. Comme la guerre génocidaire israélienne, ce crime de guerre du Hamas mérite un examen de la Cour internationale de justice. On ne dira jamais assez comment cette bavure du Hamas a donné un prétexte en or au gouvernement israélien pour sa guerre vengeresse et sans quartiers.

Devant ce scandale de non financement par les grandes puissance occidentales dont le Canada, six grands syndicats canadiens (SCFP, STTP, AFPC, Unifor, Métallos, NUPGE) représentant plus de deux millions de personnes salariées ont exigé du gouvernement canadien qu’ils annulent cette décision inhumaine pour ne pas dire barbare (https://scfp.ca/des-syndicats-reclament-le-retablissement-du-financement-lunrwa). Certes, cet appel inclut de facto plusieurs syndicats de la FTQ mais aucun des autres centrales québécoises. La CSN a bien appuyé une déclaration du CISO pour un cessez-le-feu dès octobre 2023 mais est demeuré silencieuse depuis lors. Quant aux autres centrales, sauf erreur c’est motus et bouche cousue. Il est vrai que la lutte du secteur public a été accaparante. Mais n’est-ce pas là une excuse facile ?

Marc Bonhomme, 18 février 2024
www.marcbonhomme.com
bonmarc@videotron.ca
https://www.pressegauche.org/S-imposent-l-arret-des-exportations-d-armes-et-financer-l-UNRWA

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Impunité et politique coloniale d’Israël
https://www.pressegauche.org/Impunite-et-politique-coloniale-d-Israel
Depuis le Québec, faire quelque chose pour les Palestiniens de Gaza !
https://www.pressegauche.org/Depuis-le-Quebec-faire-quelque-chose-pour-les-Palestiniens-de-Gaza

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Auteur : entreleslignesentrelesmots

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