Mélanger la vie propre des images et le cours des mots

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« Prendre des photographies est une responsabilité ; écrire sur elles tout autant. La pellicule, les pixels capturent un fragment de temps et d’espace, prélevé quelque part dans le monde. De nombreuses théories expliquent à quel point l’image est un signe, sa composition subjective, son contenu sujet à interprétation. Elles sont toutes exactes. Mais elles tendent à oublier que la photographie s’appuie d’abord sur de la vie : les traces de la lumière qui ricoche, ruisselle, frappe ou nimbe des objets, des visages, des vêtements ou des paysages, offrant une forme à ce qu’elle dessine. Que ce qu’elle montre n’est pas seulement une construction intellectuelle, une vue de l’esprit, mais la trace chimique d’une réalité qui fut, qui fut vraiment – et c’est peut-être pour cette raison qu’elle nous fait battre le cœur » Hélène Gestern

Des traces, des indices, des empreintes, des fragments de temps et d’espace, un endroit, des lumières, des formes, des photos, une « trace chimique d’une réalité qui fut ».

Des images et des mots, un livre, « Non seulement elles ont fixé la trace d’une maison mais, en plus, elles ont détaillé le lent processus de sa ruine,consignant à la fois les marques de la violence et celles temps ».

Ne voulant ni dévoiler ces photos ni détacher les mots de « ce qui reste », je ne souligne que certaines pistes pour la lecture et/ou le regard et permettre à chacun et chacune de (se)réfléchir dans l’exil et la mémoire, de saisir des « drames », de vibrer aux « notes chromatiques », de fonder des hypothèses…

Parmi des évocations visuelles ou langagières, je souligne très subjectivement les abandons, les fragments de temps, les mises en abyme, « Sur les ailes de ces images, c’est un voyage intérieur qui se joue tous les matins, dans cet endroit où je m’assieds pour écrire, une enquête holmésienne, entre beauté et tragédie, espoir et mélancolie »

Ici des boites à trésor, des clichés « simple autopsie de la dévastation », des décalages, des rebuts couverts d’une pellicule de poussière, des mélanges de beauté et de déchets, des alchimies de rouille, des traces physiques de la violence, des énigmes visuelles, un lit abandonné. « Car de la surface des photographies, de ce recueil de ce qui reste, monte lentement le chant têtu de ce qui fut ».

Déchiffrer, assembler, détacher ou relier. Constater la digestion de cette maison par la foret, osciller entre drame et beauté. Tisser les fils de la mémoire et arracher à l’oubli « un pan fragile de temps humain »…

Prendre ensuite le temps de regarder une nouvelle fois les photographies prises par Laure Samama et lire « Genèse » par Hélène Gestern…

Laure Samama. La maison sans toit. Hélène Gestern
Light Motiv – collection Singulières, La Madeleine 2023, 126 pages, 26 euros
https://www.lauresamama.com/la-maison-sans-toit

Didier Epsztajn

De Laure Samana : Les cavités
note de lecture parue sous le titre :
Pour que le goût de la liberté me vienne, comme une saveur oubliée
https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2023/11/11/pour-que-le-gout-de-la-liberte-me-vienne-comme-une-saveur-oubliee/

Auteur : entreleslignesentrelesmots

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