« La survie est une question de chance »

Où que je me trouve dans le combat, j’ai toujours cherché à comprendre comment à mon niveau individuel,
j’étais le rouage d’une machine plus grande.
Justus Rosenberg

l'art de la résistance

L’art de la résistance relate les années de clandestinité de l’auteur pendant la seconde guerre mondiale. Issu d’une famille juive de Dantzig, et étudiant à Paris quand la guerre éclate entre la France et l’Allemagne, Justus Rosenberg nous raconte avec une certaine humilité ces années de destruction généralisée.

Son récit – qui débute par son enfance à Dantzig et se termine à la libération – se lit comme un roman, sans jamais tomber dans des théorisations politiques inutiles. La montée en puissance du nazisme et la terreur qui l’accompagne ont atteint très tôt le jeune Justus Rosenberg. L’entrée en résistance pour lui s’est faite comme une évidence, et on le voit alors sillonner différentes régions de l’hexagone.

Après une rafle, il s’est échappé du camp – première étape avant la déportation – de façon hallucinante, il a été informateur et coursier résistant, il a réceptionné les colis aériens d’armes, il a frôlé la mort à plusieurs reprises. D’après lui, seuls des « concours de circonstances » l’ont épargné.

Sous le régime de Vichy, membre du Centre Américain de Secours, le réseau de Varian Fry, il a permis à beaucoup de juif-ves, artistes, révolutionnaires et intellectuel-les de traverser les frontières et d’échapper ainsi aux persécutions nazies. On suit par exemple le cercle autour d’André Breton, en attente d’exil, à Marseille. On croise Max Ernst, Alma Mahler, Victor Serge, et bien d’autres. Justus Rosenberg fait aussi découvrir de l’intérieur les pratiques, les entrainements, les réseaux de la résistance, et toute leur ingéniosité ; et aussi comment tout cela a façonné son être. Il y a comme des principes de vie qui se dégagent subrepticement du récit.

En mars 2017, la France a décidé de le décorer Commandeur de la légion d’honneur. C’est quelques temps après qu’il a écrit son art de la résistance. En fin d’ouvrage, Justus Rosenberg raconte qu’il ne remercie pas la France pour cette médaille. Mais qu’il la remercie plutôt pour lui avoir insufflé un idéal de justice sociale à travers son Liberté, égalité, fraternité. Le fil rouge du livre, sa ligne de vie, est faite de détermination modeste, sereine et ouverte au monde. Un bel ouvrage par un critique du statut de héros !

Justus Rosenberg est mort en 2021, il avait 100 ans.

Justus Rosenberg : L’art de la résistance
Quatre ans dans la clandestinité en France
Traduction : Samuel Monsalve
éditions Divergences, 2024, 18€

Yeun L-Y, animateur du blog Scènes de l’avis quotidien

Auteur : entreleslignesentrelesmots

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