Toujours plus loin dans l’horreur (+ autres textes)

  • Diane Lamoureux : Palestine : Une solidarité qui doit s’intensifier
  • Camille Popinot : Gaza : des syndicats étudiants et de professeur·es d’universités québécoises se mobilisent. Que font les recteurs et les rectrices ?
  • Amis d’Hébron : Texte
  • Gaza : Israël assassine plus de 300 civils palestiniens à l’hôpital Al-Shifa, et tue 7 membres d’une ONG humanitaire lors d’une attaque ciblée
  • Israël : massacre après massacre, toujours plus loin dans l’horreur du génocide
  • Un tiers des enfants de moins de 2 ans à Gaza souffrent de malnutrition aiguë
  • Gaza : Une frappe israélienne qui a tué 106 civils était un crime de guerre apparent
  • Chris McGreal : Une guerre pas comme les autres : des médecins affirment que des enfants ont été pris pour cible par des snipers israéliens à Gaza
  • B’tselem : Des soldats israéliens enlèvent un Palestinien de 8 ans de sa maison à Qabatiya, sous prétexte qu’il avait jeté des pierres
  • Amira Hass : Les sondages pratiques quotidiens montrent que les Israéliens continuent à choisir cette guerre, même s’ils ne veulent pas de Netanyahou
  • Gaza : un poème de Noor Aldeen Hajjaj
  • Liens avec d’autres textes

Palestine : Une solidarité qui doit s’intensifier

La tuerie se poursuit à Gaza, Israël n’ayant de cesse de justifier ses actions comme étant des actes de légitime défense face à l’attaque du Hamas. Cette invocation de la légitime défense est particulièrement fallacieuse puisque le droit international est clair : la légitime défense ne peut être invoquée par une puissance coloniale contre un mouvement de libération nationale. Or Israël est bel et bien une puissance coloniale occupant illégalement des territoires palestiniens.

Se réclamer de l’Holocauste pour dire
que Dieu est avec nous en toutes
circonstances est aussi odieux que le 
« Gott mit uns » qui figurait sur
le ceinturon des bourreaux.

Emmanuel Levinas

La radicalisation droitière en Israël
Ce qui est particulièrement inquiétant en marge du massacre délibéré de toute une population civile à Gaza, c’est la droitisation que cela révèle chez la population juive israélienne. Dans un blog publié sur le site de l’Agence media Palestine, Jonathan Ofir faisait état d’une enquête publiée par l’Institut israélien de la démocratie montrant que 68% des Juifs israéliens s’opposaient au transfert de l’aide humanitaire à la population de Gaza. Dans ces circonstances il ne faut pas s’étonner du fait que des manifestants israéliens bloquent le passage des convois humanitaires près de Rafah et soient loin d’être réprimés pour ces gestes. Il en concluait que les « Israéliens ne semblent même plus se soucier de maintenir un semblant de libéralisme – ils sont passés en mode génocide ».

Cela se fait aussi lourdement sentir dans les territoires palestiniens occupés de Cisjordanie et de Jérusalem-Est. Ainsi, selon des données recueillies par des organismes de défense des droits humains, 422 personnes palestiniennes (108 mineurs) ont été tuées depuis le 7 octobre, 4 690 blessées (724 mineurs), 7 725 arrêtées. Les démolitions de maison se poursuivent, les raids de l’armée israélienne ont doublé depuis le 7 octobre et on a recensé 660 attaques de colons israéliens contre les Palestinien.nes. Il y a plus de 9 000 Palestinien.nes détenues dans les prisons israéliennes, dont plusieurs en détention administrative (i.e. sans accusation précise et, a fortiori, sans procès). De plus Israël s’est approprié 8 000 dunums de terres palestiniennes dans la vallée du Jourdain, terres sur lesquelles le ministre des finances, Smotrich, se propose de construire de nouvelles colonies

Pendant ce temps à Gaza, le décompte macabre s’accélère. Si l’armée israélienne n’a pas encore lancée sa grande offensive contre Rafah, elle n’en poursuit pas moins ses opérations tant à Rafah que dans le reste de Gaza : ce sont encore des bâtiments civils et des hôpitaux qui sont principalement pris pour cible. Ceci sans compter la famine et les maladies liées à l’absence d’eau potable et de soins médicaux qui risquent d’accélérer le processus, de même que les morts de nourrissons et de jeunes enfants. Ainsi Gaza est passé du statut de prison à ciel ouvert à celui encore moins enviable de camp d’extermination.

Une fois de plus, Israël ignore la volonté de la communauté internationale et feint de croire que les décisions du conseil de sécurité ou celles de la Cour internationale de justice ne sont que des recommandations alors qu’elles constituent des obligations. Même si les États-Unis semblent avoir momentanément renoncé à utiliser leur droit de veto au conseil de sécurité de l’ONU, ils n’en continuent pas moins d’alimenter la machine de guerre israélienne.

Renforcer la solidarité internationale
L’expérience nous a montré que la plupart des États occidentaux continuent de soutenir, d’une façon ou d’une autre, Israël. Ce n’est que la solidarité des peuples qui peut parvenir à faire changer la donne pour la population palestinienne.

Le 23 mars, une coalition de plus de 20  organisations québécoises organisait une marche de solidarité avec le peuple palestinien. Il est à souhaiter que ce genre de coalition continue à agir ensemble pour montrer notre détermination à empêcher que le Québec et le Canada ne se fassent les complices d’un État génocidaire et maintenir une pression qui a permis que le gouvernement canadien appelle (tardivement) au cessez-le-feu à Gaza, recommence à financer l’UNRWA et révise sa politique de vente d’armes à Israël. Il semble que nous devons également redoubler d’effort par rapport au gouvernement québécois qui, non seulement a décidé d’ouvrir un bureau du Québec à Tel Aviv mais y a, après avoir longtemps menti à ce sujet, envoyé son responsable. Nous devons faire en sorte que ce bureau ferme définitivement.

Nous devons également redoubler d’efforts pour que l’aide humanitaire se rende effectivement à Gaza et qu’Israël se conforme aux décisions de la Cour internationale de justice qui a encore réitéré et notifié à Israël sa décision du 26 janvier dernier. Le parachutage de quelques denrées ou même la construction d’une jetée à Gaza ne sont que de la poudre aux yeux qui non seulement ne permet pas de nourrir adéquatement 2 millions de personnes, mais peut également s’avérer dangereuse puisque les soldats de l’armée israélienne n’hésitent pas à ouvrir le feu sur ceux et celles qui se précipitent sur les denrées.

Il importe également de remettre à l’ordre du jour le droit à l’autodétermination pour le peuple palestinien. À cet égard, il est urgent d’intensifier un peu partout à travers la planète la campagne de Boycott, Désinvestissement et Sanctions (BDS) à l’encontre de l’Israël et de sa politique d’apartheid et de colonisation par rapport au peuple palestinien. Car il n’y saurait y avoir de paix et de justice si le peuple palestinien ne peut exercer son droit à l’autodétermination.

Diane Lamoureux
https://www.pressegauche.org/Une-solidarite-qui-doit-s-intensifier

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Gaza : des syndicats étudiants et de professeur·es d’universités québécoises se mobilisent. Que font les recteurs et les rectrices ?

Après de multiples actions étudiantes, conférences (dont certaines annulées), résolutions (dont une contestée au tribunal), grèves de la faim, les enseignant.es d’universités québécoises se mobilisent à leur tour et adoptent des résolutions en soutien au peuple palestinien et pour un cessez-le-feu immédiat.

On sait notamment que le Syndicat des professeures et professeurs de l’Université du Québec à Montréal (SPUQ) a adopté une première résolution en février 2024 ; les chargé.es de cours de l’UQAM (SPPEUQAM) et de Rimouski (SUCCUQAR) ont endossé une lettre d’appui en mars 2024 ; enfin, plus récemment, le syndicat des professeur·es de l’Université de Montréal (UdM) a adopté une résolution à l’unanimité.

Ces appels de la communauté universitaire ont minimalement pour point commun d’exiger que les conseils d’administration et les directions universitaires documentent leurs pratiques et à s’assurent qu’elles ne contribuent pas à encourager ou à commettre un génocide à Gaza.

Cependant, à notre connaissance, les membres des conseils d’administration, les recteurs et les rectrices Québécoises, le Bureau de coopération interuniversitaire (BCI) restent obstinément silencieux et silencieuses sur ces demandes formelles de leurs membres et sur les actions entreprises pour documenter leurs pratiques.

Le 27 mars 2024, la rapporteure spéciale des Nations Unies sur les territoires palestiniens déclarait quant à elle :

« Après cinq mois de surveillance et d’analyse de l’attaque israélienne contre Gaza, mon rapportconclut qu’il existe des motifs raisonnables de croire qu’Israël commet le crime de génocide contre les Palestiniens »

Camille Popinot, 28 mars 2024
https://www.pressegauche.org/Genocide-a-Gaza-des-syndicats-etudiants-et-de-professeur-es-d-universites

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Manifestation sans violence à Hébron
Les Amis d’Hébron se concentrent spécifiquement sur la communauté palestinienne d’Hébron et soutiennent la résistance non violente qui s’y déroule. Elle apporte espoir et soutien à la communauté qui vit dans les conditions les plus difficiles de l’occupation.

Des familles d’Hébron sont piégées dans leurs maisons alors que des colons et des soldats israéliens extrémistes terrorisent le quartier. Aidez-nous à protéger une famille aujourd’hui !

Les familles ont besoin d’équipements de sécurité, comme des caméras et des alarmes incendie, pour protéger leurs maisons des invasions et des incendies criminels perpétrés par les colons extrémistes qui vivent dans la région. Nous collectons des fonds pour assurer la sécurité des familles les plus vulnérables vivant à Hébron.

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Faire un don

https://www.hebronfriends.org/
Traduit avec DeepL.com (version gratuite)

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Gaza : Israël assassine plus de 300 civils palestiniens à l’hôpital Al-Shifa, et tue 7 membres d’une ONG humanitaire
lors d’une attaque ciblée

Le 1er avril 2024, lors du massacre le plus violent depuis le début de l’attaque génocidaire israélienne, Israël a tué plus de 300 Palestiniens qui se réfugiaient au sein de l’hôpital Al-Shifa. La même soirée, l’armée israélienne a volontairement ciblé et assassiné 7 membres de l’ONG humanitaire World Central Kitchen dans la région de Deir al-Balah.

Le 1er avril dernier, les soldats israéliens ont tué plus de 300 Palestiniens se réfugiant dans l’hôpital Al-Shifa, ou étant venus rejoindre de la famille qui s’y réfugiait, en entendant la nouvelle du retrait des troupes du centre médical assiégé. Il s’agit du massacre le plus violent depuis le début de l’agression génocidaire qu’Israël inflige à la population de Gaza depuis maintenant presque 6 mois.

Les images rapportées témoignent de l’horreur de cette opération : les soldats israéliens ont pulvérisé et pratiquement entièrement brûlé ce qu’était autrefois l’hôpital le plus important de la bande de Gaza. Des corps calcinés, en décomposition, ligotés pieds et poings liés derrière le dos, gisent à travers les décombres. Certaines images montrent des corps écrasés par des bulldozers, réduits à néant.

Des témoins, victimes de l’assaut, et médecins du centre médical décrivent la zone de l’Al-Shifa comme un cimetière de masse. Selon des témoins du massacre, les soldats israéliens se seraient également livrés à des exécutions sommaires de Palestiniens dans l’enceinte de l’hôpital.

Selon l’OMS, 21 personnes ont été tuées depuis le début du siège dans l’hôpital, alors que 107 autres patients y attendaient toujours des soins médicaux

Le journaliste Hossam Shabat, opérant dans le nord de la bande de Gaza depuis le 7 octobre, a livré sur son compte X (ex-Twitter) un témoignage de ce qu’il a pu observé ces dernières heures à l’hôpital Al-Shifa : 

« Je travaille sans relâche depuis six mois pour couvrir ce qui se passe à Gaza, mais ce que j’ai vu aujourd’hui en visitant l’hôpital Al-Shifa ne ressemble à rien de ce que j’ai pu voir auparavant :
Les forces d’occupation israéliennes ont exécuté 300 Palestiniens à l’intérieur et autour de l’hôpital, et ce matin, j’ai vu des centaines de corps à l’extérieur de l’hôpital, il n’y avait pas un seul corps entier, tous les corps étaient soit en morceaux, soit gravement mutilés.
Les corps étaient dans des conditions horribles ; beaucoup avaient les mains et les jambes attachées dans le dos et avaient été écrasés par un bulldozer.
De nombreux corps ont été brûlés et laissés à l’abandon.
Plusieurs corps étaient décomposés et en partie dévorés par des chiens errants.
La plupart des corps étaient méconnaissables ; les familles ne pouvaient les identifier que par leurs vêtements.
L’hôpital Al-Shifa était considéré comme le plus grand complexe médical de la bande de Gaza, prenant en charge de nombreux cas complexes. Il a été complètement détruit ; ils l’ont incendié et ont détruit tout l’équipement médical. Les forces d’occupation israéliennes n’ont qu’un seul objectif : détruire chaque parcelle de la bande de Gaza. 
»

Le médecin Ghassan Abu Sitta, déplore lui aussi sur sa plateforme l’infamie de l’attaque israélienne sur l’hôpital, une attaque qui s’inscrit dans le contexte global d’agression génocidaire que mène Israël depuis maintenant plus de 180 jours contre la population de la bande de Gaza.

Abu Sitta pleure l’assassinat de son collègue Ahmad Maqadmeh, chirurgien plastique travaillant à Al-Shifa depuis le 7 octobre, assassiné aux côtés de sa mère Yusra al-Maqadmeh, elle aussi médecin à Al-Shifa. Leurs corps ont été retrouvés criblés de balles aux abords de l’hôpital, le 1er avril dernier.

Il rappelle également lors d’une interview avec Democracy Now la responsabilité de tous de stopper la « machine génocidaire » israélienne.

Dans un nouveau massacre le 1er avril au soir, Israël a délibérément ciblé et assassiné sept membres de l’ONG humanitaire World Central Kitchen (WCK), qui étaient sur place pour alimenter des femmes, hommes et enfants contre la famine.

Selon un rapport de l’ONG, l’équipe de WCK se déplaçait dans une zone « éloignée des bombardements et des conflits » à bord de deux voitures blindées portant le logo de WCK. Le convoi a été ciblé et touché alors qu’il quittait l’entrepôt de Deir al-Balah, où l’équipe avait distribué plus de 100 tonnes d’aide alimentaire humanitaire acheminée à Gaza par voie maritime.

Le journaliste Muhammad Shehada, responsable des communications chez EuroMed Monitor, explique dans une récente publication sur son compte X (ex-Twitter) que le ciblage délibéré des membres de l’ONG WCK se comprend à la lumière des différents bombardements des différents véhicules ayant transporté les membres de l’organisation. Il explique : 

« La distance entre chaque véhicule WCK bombardé et l’autre montre sans l’ombre d’un doute que les FDI ont pris leur temps pour éliminer délibérément et chirurgicalement l’ensemble de l’équipage.
La deuxième voiture a été bombardée après avoir secouru les survivants de la première, et la troisième après avoir secouru les survivants de la deuxième ! 
»

Dans leur communiqué, la PDG de l’organisation WCK déclare que « Il ne s’agit pas seulement d’une attaque contre WCK, mais aussi d’une attaque contre les organisations humanitaires qui interviennent dans les situations les plus désastreuses où la nourriture est utilisée comme arme de guerre. C’est impardonnable ».

Les sept personnes tuées étaient originaires d’Australie, de Pologne, du Royaume-Uni, des États-Unis et du Canada, et de Palestine.

Dans une déclaration du 2 avril 2024, le coordinateur humanitaire pour le territoire palestinien occupé, M. Jamie McGoldrick affirme que « Il ne s’agit pas d’un incident isolé. Au 20 mars, au moins 196 humanitaires avaient été tués dans le territoire palestinien occupé depuis octobre 2023. Ce chiffre est près de trois fois supérieur au nombre de morts enregistrés dans un seul conflit au cours d’une année ».

Il ajoute également que « Depuis octobre 2023, le territoire palestinien occupé est devenu l’un des endroits les plus dangereux et les plus difficiles dans lesquels travailler au monde. Il n’y a plus d’endroit sûr à Gaza ».

Après plus de 180 jours de bombardements israéliens sur la bande de Gaza, Israël a assassiné plus de 32 623 Palestiniens, dont 12 300 enfants depuis le 7 octobre 2023.

https://agencemediapalestine.fr/blog/2024/04/02/hopital-al-shifa-israel-assassine-plus-de-300-civils-palestiniens/

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Israël : massacre après massacre, toujours plus loin
dans l’horreur du génocide

Ce 1er avril on apprend que l’armée israélienne s’est retirée de l’hôpital Al-Shifa qu’elle avait envahi deux semaines auparavant. Deux semaines pendant lesquelles les images et les informations parvenues du plus grand hôpital de Gaza glaçaient le sang : explosions, incendies, tirs, arrestations, disparitions…

Après ce retrait, l’horreur envahit celles et ceux qui veulent bien regarder : plus de 300 femmes, enfants et hommes massacrés. Beaucoup exécutés les mains attachées, certains écrasés par des chars, brûlés ou coupés en morceaux par des missiles, des restes squelettiques et des morceaux humains partout, en décomposition.

Ces scènes atroces nous parviennent, filmées par des témoins, des récits glaçants. Les crimes de l’armée israélienne dépassent tout ce que l’on aurait pu imaginer. Elle a assiégé, terrorisé et affamé le personnel et les patients pendant 11 jours jusqu’à ce que des asticots apparaissent sur les blessures de certains.

Parmi les cadavres, celui du docteur Ahmad Al-Maqadma et sa mère. Le dernier contact avec eux datait de 4 jours auparavant.

Parallèlement aux « opérations » à l’intérieur de l’hôpital, Israël finissait de détruire méthodiquement tout le quartier alentour, massacrant les habitants, famille après famille, sous les bombes, arrêtant les civils sans discrimination, jusqu’à une femme de 94 ans dont plus personne n’a de nouvelles. Des personnes sommées de fuir pour avoir la vie sauve, pour être ensuite tirées comme des lapins.

Et Israël affirme qu’aucun civil n’a été tué.

Et pendant ce temps-là, la famine gagne de plus en plus, tous les voyants sont au rouge. A Gaza, on ne meurt plus seulement sous les bombes ou de défaut de soin, on meurt de faim. Et pas à cause d’une catastrophe naturelle, mais par la volonté d’Israël qui a programmé depuis six mois la famine à Gaza.

Malgré l’obligation rappelée fin mars à Israël par la Cour internationale de justice (CIJ) de faciliter l’entrée de l’aide humanitaire, les camions sont toujours bloqués ; malgré le cessez-le-feu immédiat imposé par le vote du Conseil de sécurité de l’ONU, qui permettrait leur acheminement, Israël continue les bombardements.

Le lendemain de l’évacuation de l’hôpital Al-Shifa, Israël assassinait sept travailleurs humanitaires de l’organisation World Central Kitchen en visant méthodiquement, l’un après l’autre, leurs trois véhicules. C’est bien leur présence dans le nord de la bande de Gaza pour tenter de contrer la famine qu’Israël veut interdire. Opération réussie, ils se sont retirés.

Le fait que ces travailleurs humanitaires soient occidentaux a suscité une indignation et condamnation internationale unanime. Il faut rappeler que 189 personnels humanitaires dont 175 membres des agences de l’ONU ont déjà été victimes des crimes de guerre à Gaza.Le même jour, il a bombardé une ambassade d’un pays tiers faisant 11 morts.

Israël franchit toutes les lignes rouges les unes après les autres sans que personne ne l’arrête : toujours l’impunité la plus totale ! Les États-Unis continuent de lui fournir des armes ; quant à la France, écoutons Yaël Braun Pivet, Présidente de l’Assemblée nationale, à qui la question des sanctions a été posée : « le temps n’est pas venu des sanctions, le temps est venu de poursuivre le dialogue ».

Comme si le dialogue avec des criminels de cet acabit avait la moindre chance d’aboutir. La présidente de l’Assemblée nationale sait pourtant parfaitement que la France a l’obligation d’agir pour que les ordonnances de la CIJ soient appliquées, d’agir pour que le génocide en cours soit arrêté. Seules des sanctions pourront avoir un effet sur Israël : suspension de l’accord d’association entre l’Union européenne et Israël, embargo militaire, rupture des relations diplomatiques graduées prévues. La vie des Palestiniens a-t-elle si peu d’importance ? Comment cette complicité de fait peut-elle être assumée avec autant de désinvolture ?

Le Bureau National de l’AFPS, le 3 avril 2024
https://www.france-palestine.org/Israel-massacre-apres-massacre-toujours-plus-loin-dans-l-horreur-du-genocide

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Un tiers des enfants de moins de 2 ans à Gaza
souffrent de malnutrition aiguë

La malnutrition chez les enfants de Gaza se propage à un « rythme record », un tiers des enfants de moins de deux ans souffrant de malnutrition aiguë dans l’enclave, a indiqué mercredi une agence des Nations Unies.

Cette nouvelle alerte du Programme alimentaire mondial (PAM) intervient dans un climat sécuritaire tendu avec la mort des sept membres de l’ONG World Central Kitchen. Selon l’agence onusienne basée à Rome.

En raison de la guerre et des restrictions israéliennes, la population gazaouie, particulièrement celle des districts de Gaza et du nord de l’enclave palestinienne, est au bord de la famine, tandis qu’une grave pénurie de nourriture, d’eau, de médicaments et de carburant frappe ce territoire à la suite du siège total imposé par Israël.

27 enfants déjà morts de faim et de maladie
Dans ce climat de raids aériens et de bombardements, « le repas traditionnel que les familles apprécient normalement pour marquer la fin du Ramadan ce mois-ci semble impossible ».

« Le PAM fournit chaque mois à 1,45 million de personnes à Gaza des aliments dont elles ont désespérément besoin, mais à mesure que la famine se rapproche, nous avons besoin d’un accès plus large. Nous avons besoin d’un cessez-le-feu », a affirmé l’agence onusienne sur le réseau social X.

De son côté, l’Agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens (UNRWA) souligne également que l’ONG « Save the Children » a confirmé qu’à ce jour, 27 enfants sont déjà morts de faim et de maladie.

« L’ONG a averti que les enfants de Gaza ne reçoivent pas la nourriture et les soins médicaux dont ils ont besoin pour survivre, la nourriture étant bloquée à chaque tournant et le système de santé anéanti », a dit l’UNRWA, ajoutant que plus de 13 000 enfants auraient été tués à Gaza depuis le 7 octobre.

Dans ces conditions, l’UNRWA estime qu’en « l’absence de volonté politique, inverser la famine provoquée par l’homme à Gaza est un défi de taille ». Une façon de rappeler que l’assassinat de travailleurs humanitaires lundi et le refus d’accorder à l’UNRWA de se joindre aux convois vers le nord, y compris vers l’hôpital Al Shifa mardi, « exigent un revirement complet de politique de la part du gouvernement israélien ».

196 humanitaires tués depuis octobre 2023
« Cela permettra de sauver des vies et d’éviter la famine : – Un cessez-le-feu maintenant – L’ouverture d’autres points de passage terrestres – Permettre à l’UNRWA, le principal fournisseur de services de secours, d’accéder au nord sans plus attendre », a dit sur X, Philippe Lazzarini, le chef de l’UNRWA. Selon l’agence onusienne, le temps ne joue pas en leur faveur et « les civils palestiniens de Gaza ne peuvent plus attendre ».

Ces derniers développements interviennent alors que les opérations d’aide à Gaza suscitent de nouvelles inquiétudes en matière de sécurité, après que la World Central Kitchen a signalé qu’une frappe aérienne israélienne sur l’un de ses véhicules a tué sept travailleurs humanitaires à Deir al-Balah, dans le centre de Gaza. Selon le Coordinateur humanitaire de l’ONU pour les territoires palestiniens occupés, Jamie McGoldrick, il ne s’agit pas d’un incident isolé.

Selon un décompte effectué le 20 mars, au moins 196 humanitaires ont été tués depuis octobre 2023. C’est presque trois fois plus que le nombre de morts enregistré dans n’importe quel conflit au cours d’une année.

Un climat de graves difficultés et de souffrances
« Depuis octobre 2023, le territoire palestinien occupé est devenu l’un des endroits les plus dangereux et les plus difficiles à travailler au monde. Il n’y a plus d’endroit sûr à Gaza », a fait valoir Jamie McGoldrick, rappelant qu’au 1er avril, le nombre total de collègues de l’UNRWA tués depuis le début des hostilités s’élevait à 176, dont plusieurs dans l’exercice de leurs fonctions.

Cette nouvelle escale survient à un moment de graves difficultés et de souffrances à Gaza. Sur le terrain, les obstacles à l’accès continuent de compromettre gravement la capacité des organisations humanitaires à atteindre les personnes dans l’enclave palestinienne. 

Selon le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA), les autorités israéliennes ont refusé 30% des missions d’aide humanitaire dans le nord de la bande de Gaza depuis le 1er mars. L’UNRWA est touchée de manière disproportionnée, les autorités israéliennes continuant à lui refuser l’accès au nord pour acheminer l’aide alimentaire d’urgence et d’autres fournitures de base.

Dommages causés aux infrastructures
En mars, une moyenne quotidienne de 161 camions d’aide a traversé la bande de Gaza. Le record de ce mois a été atteint le 28 mars, lorsque 264 camions sont entrés à Gaza par les points de passage de Karem Abu Salem (Kerem Shalom) et de Rafah. Ce chiffre reste bien en deçà de la capacité opérationnelle des deux points de passage et de l’objectif de 500 camions par jour pour les populations de Gaza.

Par ailleurs, un nouveau rapport de la Banque mondiale et des Nations unies estime que le coût des dommages causés aux infrastructures essentielles au cours des quatre premiers mois de la guerre qu’Israël continue de mener contre le Hamas est estimé à environ 18,5 milliards de dollars.

Le rapport estime que les dommages sont équivalents à 97% du PIB combiné de la Cisjordanie et de la bande de Gaza occupées en 2022.

« Le niveau de destruction dans la bande de Gaza depuis octobre 2023 est sans précédent », indique la note intérimaire d’évaluation des dommages publiée mardi, qui qualifie le niveau de destruction à Gaza de « sans précédent », et « probablement une sous-estimation des dommages, des pertes et des besoins réels dans l’enclave palestinienne ».

https://news.un.org/fr/story/2024/04/1144551

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Gaza : Une frappe israélienne qui a tué 106 civils était
un crime de guerre apparent

Les autres gouvernements devraient suspendre les livraisons d’armes à Israël et soutenir l’enquête de la CPI.

  • Les forces israéliennes ont attaqué illégalement un immeuble résidentiel à Gaza le 31 octobre 2023, sans aucune cible militaire apparente, tuant au moins 106 civils dont 54 enfants.

  • De nombreuses frappes aériennes israéliennes menées contre Gaza depuis le 7 octobre ont causé des milliers de victimes civiles, soulignant le risque accru d’attaques illégales à l’aide d’armes explosives dans des zones peuplées.

  • Les autres gouvernements devraient suspendre les transferts d’armes vers Israël, soutenir l’enquête de la Cour pénale internationale en Palestine et imposer des sanctions ciblées contre les autorités responsables de violations des lois de la guerre.

(Jérusalem, le 4 avril 2024) – Une frappe aérienne israélienne menée le 31 octobre 2023 contre un immeuble résidentiel de six étages abritant des centaines de personnes dans le centre de Gaza constitue un crime de guerre apparent, a déclaré Human Rights Watch aujourd’hui. L’attaque, qui a tué au moins 106 civils dont 54 enfants, est l’un des incidents les plus meurtriers pour les civils depuis le bombardement israélien de la bande de Gaza et l’incursion terrestre qui ont suivi les attaques menées par le Hamas contre Israël le 7 octobre.

Human Rights Watch n’a trouvé aucune preuve qu’une cible militaire se trouvait à proximité du bâtiment au moment de l’attaque israélienne, ce qui signifie qu’il s’agissait d’une frappe indiscriminée et illégale en vertu des lois de la guerre. Les autorités israéliennes n’ont fourni aucune justification pour cette attaque. La fréquente absence d’enquêtes crédibles par l’armée israélienne sur des allégations de crimes de guerre dans le passé, met en évidence l’importance de l’enquête de la Cour pénale internationale (CPI) sur les crimes graves commis par toutes les parties au conflit.

« La frappe aérienne illégale menée par Israël contre un immeuble résidentiel le 31 octobre a tué au moins 106 personnes, dont des enfants qui jouaient au football, des habitants qui rechargeaient leurs téléphones dans l’épicerie du rez-de-chaussée, et des familles déplacées en quête de sécurité », a déclaré Gerry Simpson, directeur adjoint de la division Crises et conflits à Human Rights Watch. « Cette frappe, qui a infligé d’énormes pertes civiles sans qu’il y ait une cible militaire apparente, est l’une des multiples attaques qui ont provoqué un immense carnage et soulignent l’urgence de l’enquête de la CPI. »

Entre janvier et mars 2024, Human Rights Watch a mené des entretiens téléphoniques avec 16 personnes au sujet de l’attaque du 31 octobre contre le bâtiment résidentiel appelé « Immeuble des Ingénieurs », et concernant notamment les décès de leurs proches et d’autres personnes. Human Rights Watch a analysé des images satellite, 35 photographies et 45 vidéos des conséquences de l’attaque, ainsi que d’autres photographies et vidéos pertinentes diffusées sur les réseaux sociaux. Human Rights Watch n’a pas pu visiter le site parce que les autorités israéliennes ont bloqué pratiquement toute entrée dans Gaza via les points de passage israéliens depuis le 7 octobre. Au cours des 16 dernières années, Israël a refusé à maintes reprises les demandes de Human Rights Watch d’entrer dans Gaza.

Des témoins ont indiqué que le 31 octobre, au moins 350 personnes résidaient dans l’Immeuble des Ingénieurs, situé juste au sud du camp de réfugiés de Nuseirat. Parmi elles, au moins 150 personnes s’y étaient réfugiées après avoir fui leurs propres domiciles, ailleurs à Gaza.

Sans sommation, vers 14h30, quatre munitions aériennes ont frappé le bâtiment en une dizaine de secondes. Le bâtiment a été entièrement démoli.

Deux frères ont déclaré qu’ils s’étaient précipités hors de leurs maisons voisines à la recherche de leurs deux enfants et de leur neveu, dont ils savaient qu’ils jouaient au football devant l’Immeuble des Ingénieurs. L’un des deux hommes a expliqué avoir trouvé son fils de 11 ans gisant sous des barres de béton dans les décombres : « L’arrière de sa tête était ouvert, l’une de ses jambes semblait à peine reliée à son corps et une partie de son visage était brûlée, mais il semblait être vivant. Nous l’avons libéré en quelques secondes, mais il est mort dans l’ambulance. Nous l’avons enterré le jour même. » Les trois garçons sont morts dans l’attaque.

Aucun des témoins interrogés n’a déclaré avoir reçu ni entendu parler d’un quelconque avertissement de la part des autorités israéliennes les enjoignant d’évacuer le bâtiment avant l’attaque.

Human Rights Watch a confirmé l’identité de 106 personnes tuées – 34 femmes, 18 hommes et 54 enfants – y compris lors d’entretiens avec des proches de certaines victimes. Le nombre total de morts est probablement plus élevé. Airwars, une organisation non gouvernementale qui enquête sur les dommages causés aux civils dans les zones de conflit, a identifié dans des documents de source ouverte les noms de 112 personnes tuées (dont 96 également identifiées par Human Rights Watch), ainsi que 19 autres personnes identifiées en raison de leurs relations familiales avec d’autres victimes.

Human Rights Watch a mené des entretiens avec deux personnes ayant participé à la recherche de corps parmi les décombres du bâtiment ; elles ont déclaré que l’après-midi de l’attaque, avec d’autres personnes, elles avait récupéré environ 60 corps, ainsi qu’environ 80 autres corps au cours des quatre jours suivants. Une troisième personne a déclaré qu’elle avait aidé à récupérer des corps parmi les décombres pendant 12 jours après l’attaque. Il est possible que d’autres corps demeurent encore sous les décombres.

Les autorités israéliennes n’ont fourni aucune information publique sur l’attaque, notamment sur la cible visée et sur les précautions prises pour réduire les dommages causés aux civils. Elles n’ont pas non plus répondu à une lettre de Human Rights Watch du 13 mars, résumant les conclusions des recherches de l’organisation, et demandant des informations spécifiques.

Le droit de la guerre interdit les attaques ciblant des civils et des biens de caractère civil, qui ne font aucune discrimination entre civils et combattants, ou qui sont susceptibles de causer aux civils ou aux biens de caractère civil des dommages disproportionnés par rapport à tout avantage militaire escompté. Les attaques indiscriminées comprennent les attaques qui ne sont pas dirigées contre une cible militaire spécifique ou qui n’utilisent pas une méthode ou des moyens de combat dont les effets ne peuvent être limités comme requis. Les parties belligérantes doivent prendre toutes les précautions possibles pour réduire les dommages causés aux civils, notamment en prévenant à l’avance des attaques, sauf si les circonstances ne le permettent pas, et en protégeant les civils sous leur contrôle des effets des attaques. Les violations graves des lois de la guerre commises par des individus avec une intention criminelle – que ce soit de manière délibérée ou imprudente – constituent des crimes de guerre.

L’absence d’objectif militaire rendrait l’attaque contre l’Immeuble des Ingénieurs illégalement délibérée ou indiscriminée, a déclaré Human Rights Watch. Le fait que le bâtiment ait été touché à quatre reprises suggère fortement que les munitions étaient destinées à toucher le bâtiment et que la frappe n’était pas le résultat d’un dysfonctionnement ni d’une mauvaise orientation. Même la présence d’une cible militaire valide soulèverait des questions quant au caractère disproportionné de l’attaque, étant donné la présence visible et anticipée d’un grand nombre de civils à l’intérieur et autour du bâtiment.

Cette frappe est l’une des centaines d’attaques menées par l’armée israélienne à Gaza qui ont tué ou blessé des civils palestiniens, depuis les attaques menées le 7 octobre par le Hamas dans le sud d’Israël, qui ont entraîné la mort de plus de 1 100 personnes et la prise d’environ 240 otages. Airwars a rapporté de manière crédible que 195 attaques probables de l’armée israélienne ont tué entre 1 et 9 civils, 107 attaques ont tué entre 10 et 59 personnes et 4 autres ont tué entre 60 et 139 personnes. Au 1er avril, Airwars avait également collecté des informations préliminaires sur les victimes civiles lors de 3 358 autres attaques impliquant très probablement des frappes aériennes israéliennes.

Ces attaques mettent en évidence les dommages dévastateurs causés aux civils et la probabilité accrue d’attaques illégales lorsque des armes explosives à large portée sont utilisées dans des zones densément peuplées. Tous les gouvernements devraient soutenir la Déclaration politique de novembre 2022 qui vise à freiner l’utilisation de telles armes dans les villes et villages peuplés.

Le ministère de la Santé de Gaza a rapporté qu’entre le 7 octobre 2023 et le 31 mars 2024, plus de 32 000 personnes ont été tuées à Gaza, dont plus de 13 000 enfants et 9 000 femmes, et 75 000 ont été blessées. Parmi les victimes, 2 400 personnes auraient été tuées durant le mois de mars. Ces statistiques ne font pas de distinction entre combattants et civils.

Le journal Haaretz a rapporté en février que l’armée israélienne enquêtait sur « des dizaines de cas » dans lesquels ses forces pourraient avoir violé les lois de la guerre. On ne sait pas si l’attaque contre l’Immeuble des Ingénieurs du 3  octobre fait partie de ces cas.

Les alliés d’Israël devraient suspendre leur aide militaire et leurs ventes d’armes à Israël tant que ses forces commettent en toute impunité des violations systématiques et généralisées des lois de la guerre contre les civils palestiniens. Les gouvernements qui continuent de fournir des armes au gouvernement israélien courent le risque de se rendre complices de crimes de guerre. Ils devraient également user de leur influence, notamment au moyen de sanctions ciblées, pour faire pression sur les autorités israéliennes afin qu’elles cessent de commettre de graves abus.

« Le nombre effarant de morts palestiniens, principalement des femmes et des enfants, montre un mépris mortel pour la vie civile et laisse présager un grand nombre d’autres crimes de guerre possibles qui devraient faire l’objet d’ enquêtes », a conclu Gerry Simpson. « Les autres gouvernements devraient exhorter le gouvernement israélien à mettre fin aux attaques illégales ; ils devraient aussi suspendre immédiatement les transferts d’armes vers Israël, afin de sauver des vies civiles et d’éviter le risque de se rendre complices de crimes de guerre. »

Pour lire le communiqué complet en anglais, comprenant plus de détails sur l’attaque contre l’Immeuble des Ingénieurs et d’autres frappes aériennes israéliennes, veuillez suivre le lien :
https://www.hrw.org/news/2024/04/04/gaza-israeli-strike-killing-106-civilians-apparent-war-crime

https://www.hrw.org/fr/news/2024/04/04/gaza-une-frappe-israelienne-qui-tue-106-civils-etait-un-crime-de-guerre-apparent

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Une guerre pas comme les autres :
des médecins affirment que des enfants ont été pris pour cible
par des snipers israéliens à Gaza

Les FDI rejettent totalement l’accusation selon laquelle leurs soldats auraient délibérément tiré sur l’un des milliers de civils tués lors de l’offensive israélienne.

Le docteur Fozia Alvi faisait sa tournée dans l’unité de soins intensifs pour son dernier jour à l’hôpital public européen du sud de la bande de Gaza, lorsqu’elle s’est arrêtée à côté de deux jeunes arrivants, blessés au visage et portant des tubes respiratoires dans la trachée.

« J’ai demandé à l’infirmière ce qu’il en était. Elle m’a dit qu’ils avaient été amenés il y a quelques heures. Ils ont reçu des balles de sniper dans le cerveau. Ils avaient sept ou huit ans », raconte-t-elle.

Le cœur du médecin canadien se serre. Ce n’était pas les premiers enfants soignés par Alvi dont on lui avait dit qu’ils avaient été pris pour cible par des soldats israéliens, et elle savait les dégâts qu’une seule balle de gros calibre pouvait causer à un jeune corps fragile.

« Ils étaient incapables de parler, paraplégiques. Ils étaient littéralement couchés comme des légumes sur ces lits. Ils n’étaient pas les seuls. J’ai même vu de jeunes enfants avec des blessures directes de sniper à la tête et à la poitrine. Il ne s’agissait pas de combattants, mais de petits enfants », a déclaré M. Alvi.

Selon le ministère palestinien de la santé, les enfants représentent plus d’un tiers des 32 000 personnes tuées lors de l’assaut israélien sur Gaza, qui dure depuis des mois. Des dizaines de milliers d’autres jeunes ont subi des blessures graves, y compris des amputations.

Neuf médecins, tous volontaires étrangers sauf un, ont raconté au Guardian leur travail dans les hôpitaux de Gaza cette année. Leur constat commun est que la plupart des enfants morts ou blessés qu’ils ont soignés ont été touchés par des éclats d’obus ou brûlés lors des bombardements intensifs des quartiers résidentiels par Israël, qui ont parfois anéanti des familles entières. D’autres ont été tués ou blessés par l’effondrement d’immeubles et d’autres encore sont portés disparus sous les décombres.

Mais les médecins ont également déclaré avoir traité un flux constant d’enfants, de personnes âgées et d’autres personnes qui n’étaient manifestement pas des combattants, avec des blessures par balle à la tête ou à la poitrine.

Certains médecins ont déclaré que le type et l’emplacement des blessures, ainsi que les récits des Palestiniens qui ont amené des enfants à l’hôpital, les ont amenés à penser que les victimes avaient été directement visées par les troupes israéliennes.

D’autres médecins ont déclaré qu’ils ne connaissaient pas les circonstances des tirs, mais qu’ils étaient profondément troublés par le nombre d’enfants gravement blessés ou tués par un seul coup de feu, parfois par des balles de gros calibre causant d’importants dommages à de jeunes corps.

À la mi-février, un groupe d’experts des Nations Unies a accusé l’armée israélienne de prendre pour cible des civils palestiniens qui ne sont manifestement pas des combattants, y compris des enfants, alors qu’ils cherchaient à s’abriter.

« Nous sommes choqués par les informations faisant état du ciblage délibéré et de l’assassinat extrajudiciaire de femmes et d’enfants palestiniens dans des lieux où ils ont cherché refuge ou alors qu’ils fuyaient. Certains d’entre eux tenaient des morceaux de tissu blanc lorsqu’ils ont été tués par l’armée israélienne ou des forces affiliées », a déclaré le groupe.

The Guardian a partagé les descriptions et les images des blessures par balle subies par huit enfants avec des experts militaires et des médecins légistes. Ils ont déclaré qu’il était difficile de déterminer de manière concluante les circonstances des tirs sur la seule base des descriptions et des photos, bien que dans certains cas ils aient pu identifier les munitions utilisées par l’armée israélienne.

Des témoignages et des enregistrements vidéo semblent confirmer les affirmations selon lesquelles des soldats israéliens ont tiré sur des civils, y compris des enfants, en dehors des combats avec le Hamas ou d’autres groupes armés. Dans certains cas, les témoins décrivent avoir essuyé des tirs alors qu’ils brandissaient des drapeaux blancs. Haaretz a rapporté samedi qu’Israël tirait régulièrement sur des civils dans des zones que son armée a déclarées « zone de combat ».

Les Forces de défense israéliennes (FDI) déploient des tireurs d’élite – ou des tireurs d’élite, comme les militaires les appellent – pendant les opérations de combat, souvent dans le cadre d’unités d’élite. Ils sont formés pour « cibler et éliminer les menaces terroristes particulièrement difficiles », selon la propre définition de l’armée.

Des groupes israéliens et étrangers de défense des droits de l’homme ont documenté une longue histoire de tireurs d’élite tirant sur des Palestiniens non armés, y compris des enfants, à Gaza et en Cisjordanie.

Les Palestiniens de Gaza font également état d’une nouveauté terrifiante dans la dernière guerre de Gaza : des drones armés capables de survoler les rues et d’abattre des individus. Appelés quadcoptères, certains de ces drones sont utilisés comme des tireurs d’élite télécommandés qui, selon les Palestiniens, ont été utilisés pour tirer sur des civils.

L’armée israélienne a déclaré qu’elle « rejetait totalement » les allégations selon lesquelles ses tireurs d’élite tiraient délibérément sur des civils. Elle a ajouté qu’elle ne pouvait pas répondre à des tirs individuels « sans disposer des coordonnées des incidents ».

« L’armée israélienne ne vise que les terroristes et les cibles militaires. Contrairement aux attaques délibérées du Hamas contre des civils israéliens, hommes, femmes et enfants, les FDI respectent le droit international et prennent toutes les précautions possibles pour atténuer les dommages causés aux civils ».

Les médecins disent le contraire.

Le Dr Vanita Gupta, médecin en soins intensifs dans un hôpital de New York, s’est portée volontaire à l’hôpital européen de Gaza en janvier. Un matin, trois enfants gravement blessés sont arrivés l’un après l’autre. Leurs familles ont expliqué au Dr Gupta que les enfants étaient ensemble dans la rue lorsqu’ils ont essuyé des tirs et qu’il n’y avait pas eu d’autres tirs dans la zone. Elle a précisé qu’aucun adulte blessé n’avait été amené à l’hôpital en même temps et depuis le même endroit.

« J’ai pu voir qu’un enfant avait reçu une balle dans la tête. Ils étaient en train de faire un massage cardiaque à cette fillette de cinq ou six ans qui est manifestement décédée », a déclaré Mme Gupta.

« Il y avait une autre petite fille du même âge. J’ai vu une blessure par balle sur sa tête. Son père était là, il pleurait et me demandait : « Pouvez-vous la sauver ? C’est ma seule enfant ». »

M. Gupta a indiqué qu’un troisième jeune enfant avait également reçu une balle dans la tête et qu’il avait été envoyé pour un scanner.

Le neurochirurgien a regardé et a dit : « Il n’y a pas d’espoir ». On pouvait voir que la balle avait traversé la tête. Je ne sais pas quel âge il avait, mais il était jeune », a-t-elle déclaré.

Des membres de la famille ont indiqué à Mme Gupta que l’armée israélienne s’était retirée de la zone située à environ quatre kilomètres de l’hôpital.

« Ils ont dit que les gens commençaient à rentrer chez eux parce que l’armée était partie. Mais les tireurs d’élite sont restés. Les familles ont déclaré qu’ils avaient ouvert le feu sur les enfants », a-t-elle ajouté.

Des médecins travaillant à l’hôpital Nasser, dans le sud de la bande de Gaza, ont déclaré que des tirs israéliens apparemment ciblés avaient tué plus de deux douzaines de personnes, dont des enfants, qui entraient ou sortaient de l’hôpital au cours des premières semaines de l’année.

Ruwa Qdeih, 14 ans, figure parmi les victimes. Les médecins affirment qu’elle a été abattue devant l’hôpital de Khan Younis alors qu’elle allait chercher de l’eau. Ils ont indiqué qu’il n’y avait pas de combats dans la zone à ce moment-là et qu’elle a été tuée par un seul coup de feu, puis que les hommes qui sont allés récupérer son corps ont également été touchés par des tirs.

Dans la ville de Gaza, Emad Abu al-Qura, âgé de trois ans, a été abattu devant chez lui alors qu’il allait acheter des fruits avec son cousin, Hadeel, un étudiant en médecine de 20 ans, qui a également été tué. La famille a déclaré qu’ils avaient été pris pour cible par un tireur d’élite israélien.

Une vidéo des deux personnes allongées ensemble dans la rue montre Emad encore en vie après avoir été touché pour la première fois et essayant de lever la tête. D’autres tirs frappent le sol à proximité, dont un qui atteint une planche à côté d’Emad. La mère du garçon a déclaré qu’il avait été frappé à nouveau et tué cette fois.

Le père de Hadeel, Haroon, a assisté à la fusillade.

« Le ciblage des civils est très clair. Il s’agit d’un ciblage direct délibéré visant à tuer des civils sans raison, sans qu’il y ait d’événements, sans qu’il y ait de résistance. Ils ont délibérément tué Hadeel et Emad », a-t-il déclaré à Al Jazeera.

Parmi les autres jeunes victimes figurent Nahedh Barbakh, 14 ans, qui a été touché par des tirs de sniper avec son frère de 20 ans, Ramez, alors qu’ils suivaient les ordres de l’armée israélienned’évacuer une zone située à l’ouest de Khan Younis à la fin du mois de janvier, selon l’Observatoire euro-méditerranéen des droits de l’homme, basé à Genève.

Selon un témoin interrogé par Euro-Med Monitor, Nahedh portait un drapeau blanc pour ouvrir la voie à sa famille, mais après s’être éloigné de quelques pas de la maison, il a été touché à la jambe par une balle. Lorsque l’adolescent a tenté de faire demi-tour, il a reçu une balle dans le dos et dans la tête, a déclaré le témoin.

Ramez a reçu une balle en plein cœur lorsqu’il a tenté de secourir son frère.

La famille a décidé qu’il était trop dangereux de récupérer les corps et a finalement fui la zone, laissant les frères gisant dans la rue. Une dernière photo montre Ramez étendu sur le corps de Nahedh, le drapeau blanc emmêlé entre eux.

Des témoins ont déclaré que les tirs provenaient du toit d’un immeuble voisin occupé par des soldats israéliens.

Une nouvelle menace
En décembre, le Croissant-Rouge palestinien a déclaré qu’Amir Odeh, 13 ans, avait été tué par un drone israélien à son siège de l’hôpital Al-Amal à Khan Younis. La famille a déclaré à Euro-Med Monitor qu’il avait été abattu par une fenêtre alors qu’il jouait avec ses cousins au huitième étage de l’immeuble où ils s’étaient réfugiés pour échapper aux combats. Ce meurtre est particulièrement remarquable parce que le tir unique dans la poitrine a été effectué par un type de drone qui n’avait jamais été vu au combat à Gaza auparavant : un quadcoptère, équipé d’un pistolet, d’une caméra et d’un haut-parleur. Contrairement à d’autres drones, les quadcoptères sont capables de planer au-dessus de leurs cibles.

Le Dr Thaer Ahmad, un médecin de Chicago qui s’est porté volontaire dans la salle d’urgence de l’hôpital Nasser, a déclaré que les quadcoptères apparaissaient parfois en essaims, donnant l’ordre aux Palestiniens de nettoyer une zone.

« Nous avons entendu un nombre incroyable d’histoires de personnes se remettant de blessures causées par ces quadcoptères tirant des balles depuis le ciel », a-t-il déclaré.

M. Ahmad a déclaré qu’à une occasion, un drone avait tiré une balle dans la tête d’un des médecins de l’hôpital, mais qu’il avait survécu.

Le Dr Ahmed Moghrabi a décrit sur Instagram des « centaines » de quadcoptères descendant sur l’hôpital Nasser au cours de la troisième semaine de février et ordonnant aux gens d’évacuer l’enceinte avant de tuer un certain nombre d’entre eux. À une autre occasion, il a filmé des quadcoptères donnant des instructions aux Palestiniens pour qu’ils quittent la zone.

Bien que l’armée israélienne ait déjà déployé des quadcoptères pour la collecte de renseignements, il semble que ce soit la première fois que des versions du drone capables de tirer des coups de feu aient été utilisées contre les Palestiniens.

Le professeur Ghassan Abu-Sittah, chirurgien britannico-palestinien récemment élu recteur de l’université de Glasgow, a déclaré à Mondoweiss, un site d’information sur Israël et la Palestine, qu’à l’hôpital Al-Ahli de la ville de Gaza, « beaucoup de gens se faisaient tirer dessus par ces quadcoptères, ces drones équipés de fusils de sniper ».

M. Abu-Sittah, qui a opéré des Palestiniens blessés par des tireurs d’élite israéliens lors de visites à Gaza au cours des années précédentes, a décrit les quadcoptères comme tirant des coups de feu « uniques à grande vitesse ».

« Nous avons reçu plus de 20 blessures par balle à la poitrine et au cou provenant de drones quadcoptères israéliens. Il s’agit d’un drone-sniper volant à basse altitude », a-t-il écrit sur X.

Parmi les assassinats par quadcoptère documentés par Euro-Med Monitor figurent deux enfantsabattus le 21 janvier lorsque des drones ont ouvert le feu sur l’université al-Aqsa près de Khan Younis, où des milliers de Palestiniens déplacés avaient trouvé refuge. Le mois suivant, un drone a abattu Elyas Abu Jama, un jeune homme de 17 ans dont la famille a déclaré qu’il souffrait de handicaps mentaux et physiques, à l’extérieur de sa tente dans un camp de personnes déplacées à Rafah. Euro-Med Monitor a indiqué que le même jour, un quadcopter a tué Mahmoud al-Assar, 16 ans, et sa sœur Asmaa, 21 ans.

Thaer Ahmad a passé trois semaines à l’hôpital Nasser en janvier en tant que volontaire de l’organisation caritative médicale MedGlobal. En temps normal, il travaille dans un centre de traumatologie du sud de Chicago, où il s’occupe régulièrement de blessures par balle.

« J’ai effectué plus de procédures de traumatologie sur des patients pédiatriques au cours des trois semaines que j’ai passées à Nasser qu’au cours des dix années pendant lesquelles j’ai exercé aux États-Unis », a-t-il déclaré.

Le médecin a déclaré avoir soigné cinq enfants qui, selon lui, ont été abattus par des snipers, car l’emplacement des balles suggère qu’ils n’ont pas été touchés au hasard, mais qu’ils ont été ciblés.

« Ils ont été touchés principalement au thorax, à la poitrine, certains à l’abdomen. Un garçon a été touché au visage. Il a eu la mâchoire fracassée. Deux enfants, jeunes, âgés de moins de 10 ans, ont reçu une balle dans la poitrine et n’ont pas survécu. Deux autres, dont l’un a reçu une balle dans l’abdomen, ont survécu. Ils étaient encore en convalescence à l’hôpital lorsque je suis parti », a-t-il déclaré.

M. Ahmad a fait remarquer que les enfants étaient souvent touchés par « une seule balle de gros calibre » qui pouvait produire des blessures dévastatrices.

Le Dr Irfan Galaria, chirurgien basé en Virginie, a dormi sur le sol de la salle d’opération de l’hôpital européen entre deux gardes en tant que volontaire en janvier. Lui aussi a vu des enfants gravement blessés par des balles de gros calibre.

Galaria raconte qu’un garçon de 14 ans est arrivé à l’hôpital avec une balle dans le dos. Lorsque les chirurgiens l’ont opéré, ils ont trouvé une balle dans son estomac.

« Il a eu beaucoup de chance, car la balle a manqué une grande partie des organes vitaux, mais elle est restée dans l’abdomen », a-t-il déclaré.

Le chirurgien a pris une photo de la balle, que d’anciens soldats des FDI qui ont parlé au Guardian ont identifiée comme une puissante balle de calibre 50, généralement tirée par une mitrailleuse montée sur un véhicule blindé, bien qu’elle ait également été utilisée dans des fusils de sniper. Ils ont indiqué que les mitrailleuses montées sur des véhicules sont souvent dotées de systèmes de visée avancés qui leur permettent de cibler les tirs, mais qu’un grand nombre de balles de calibre 50 peuvent être tirées sans précision, ce qui rend difficile d’établir si l’enfant était visé.

Parmi les autres balles retrouvées sur de jeunes Palestiniens figurent des balles de 5,56 mm, qui font partie de l’équipement standard de tous les fusils d’infanterie des FDI et qui sont également utilisées par les tireurs d’élite attachés à toutes les unités d’infanterie.

M. Gupta a fourni au Guardian des tomodensitogrammes d’enfants blessés à la tête. Parmi eux, celui d’une fillette de huit ans qu’un pathologiste a décrit comme montrant une « blessure par balle à la tête pénétrant dans le côté droit avec une balle dans le cerveau (lobe temporal médian droit) ».

Bien que les médecins aient été choqués par le nombre d’enfants victimes, ils ont déclaré qu’ils pensaient que les tirs s’inscrivaient dans un contexte plus large de ciblage des civils palestiniens, y compris des personnes âgées.

« La grande majorité des personnes que nous avons vues n’étaient pas des combattants », a déclaré M. Ahmad. « Une femme âgée se trouvait à l’arrière d’une charrette tirée par un âne lorsqu’elle a été touchée. La balle s’est logée dans sa colonne vertébrale et elle est restée paralysée à partir de la taille. Elle avait entre 60 et 70 ans ».

« Les blessures causées par les tirs de snipers étaient courantes« 
Le Dr Osaid Alser a aidé à organiser un groupe de médecins en dehors de Gaza pour guider à distance le seul chirurgien général palestinien restant à l’hôpital Nasser, qui n’avait qu’une expérience limitée.

« Les blessures causées par des tireurs embusqués étaient courantes, de même que les tirs de quadcoptères », a déclaré le Dr Alser, qui a grandi dans la ville de Gaza et vit aujourd’hui au Texas.

Selon les médecins, les tirs de snipers sont également à l’origine de nombreuses amputations et de handicaps à long terme, qui sont d’autant plus graves chez les enfants qu’une balle cause souvent plus de dégâts sur des corps de petite taille.

M. Alser a fait valoir qu’il était souvent possible de distinguer les tirs de sniper.

« Lorsqu’il s’agit d’un sniper, il s’agit généralement d’une balle plus grosse, qui cause beaucoup plus de dégâts et qui a une plus grande énergie d’onde de choc qu’un fusil ou un pistolet plus petit. S’il s’agit d’un tireur d’élite, la balle peut entraîner l’amputation du membre car elle endommage la structure vasculaire – les nerfs, les os, les tissus mous, tout », a-t-il déclaré.

« Un autre cas de figure est la lésion de la moelle épinière lorsque les personnes sont touchées au milieu de l’abdomen ou au milieu du dos. Les lésions de la moelle épinière ne sont pas nécessairement mortelles, sauf si elles touchent le cou, mais elles peuvent être invalidantes ».

M. Alser a déclaré que l’un de ses parents âgés, pionnier de la dentisterie à Gaza, figurait parmi les victimes apparentes d’un sniper.

Le Dr Mohammed Al Madhoun a disparu après avoir cherché à se faire soigner pour une maladie chronique dans un hôpital caritatif à l’ouest de la ville de Gaza en décembre. Le corps de cet homme de 73 ans a été retrouvé près de l’hôpital une semaine plus tard, ainsi que celui de son petit-neveu. Ils avaient tous deux été blessés par balle.

« Le schéma des blessures et l’ampleur des dégâts causés par la balle étaient significatifs, ce qui est principalement le fait d’un tireur embusqué », a déclaré M. Alser, qui a examiné les tomodensitogrammes de la blessure. « Il était manifestement âgé. On ne s’attend pas à ce qu’une personne de 73 ans soit une cible, n’est-ce pas ?

Le médecin a indiqué que les cas qu’il a examinés à distance comprenaient d’autres personnes âgées, dont une femme de 70 ans.

« Elle a été touchée par un tireur d’élite et a subi une hémorragie crânienne massive. C’est impossible à survivre. Elle est décédée un jour ou deux après », a-t-il déclaré.

En octobre, le premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a décrit les FDI comme « l’armée la plus morale du monde ». L’armée israélienne affirme être guidée par une doctrine de « pureté des armes » qui interdit aux soldats de blesser des « civils non impliqués ».

Mais les groupes israéliens et internationaux de défense des droits de l’homme affirment depuis longtemps que l’incapacité de l’armée à faire respecter ses propres normes – et sa volonté de dissimuler les infractions – a contribué à créer un climat d’impunité pour les soldats qui s’en prennent aux civils.

Les groupes affirment qu’il est extrêmement difficile à ce stade de quantifier l’ampleur de ces tirs à Gaza, notamment parce que leur propre personnel est souvent déplacé et attaqué. Mais Miranda Cleland, de Defense for Children International Palestine, a déclaré qu’au fil des ans, il y avait eu un « schéma clair de forces israéliennes ciblant des enfants palestiniens avec une force mortelle dans des situations où les enfants ne représentaient pas une menace pour les soldats ».

« En Cisjordanie occupée, les soldats israéliens tirent régulièrement sur des enfants à la tête, à la poitrine ou à l’abdomen, autant de zones où l’enfant se vide rapidement de son sang s’il n’est pas tué sur le coup. Les forces israéliennes tirent souvent sur ces enfants à de grandes distances, parfois à plus de 500 pieds, ce dont seul un tireur d’élite militaire entraîné est capable », a-t-elle ajouté.

Un groupe israélien, Breaking the Silence, a recueilli des témoignages de soldats de Tsahal lors de conflits antérieurs qui ont déclaré avoir tiré sur des civils palestiniens simplement parce qu’ils se trouvaient là où ils n’étaient pas censés être, même s’il était évident qu’ils n’étaient pas des combattants.

Des tireurs d’élite des FDI se sont vantés d’avoir tiré dans les genoux de manifestants palestiniens non armés, y compris des jeunes, pendant près de deux ans de manifestations à la barrière frontalière de Gaza, à partir du printemps 2018.

Un ancien tireur d’élite de l’armée israélienne, qui n’a pas souhaité être nommé, a déclaré au Guardian que les règles de l’armée israélienne en matière de tir ouvert étaient si larges qu’un soldat dispose d’une grande marge de manœuvre pour tirer sur n’importe qui une fois qu’une zone est déclarée comme « zone de combat ».

« Le problème, ce sont les règles qui permettent aux soldats de tirer sur les Palestiniens. D’après mon expérience, la plupart des soldats qui appuient sur la gâchette veulent seulement tuer ceux qui doivent être tués, mais il y en a qui considèrent tous les Arabes comme des ennemis et qui trouvent n’importe quelle raison de tirer ou aucune raison du tout », a-t-il déclaré, ajoutant qu’un système d’impunité protégeait ces soldats.

« Même s’ils ne respectent pas les règles, le système les protège. L’armée couvrira les faits. Les autres soldats de l’unité ne s’y opposeront pas ou célébreront la mort d’un autre Arabe. Il n’y a pas d’obligation de rendre des comptes, de sorte que même les règlements les plus souples n’ont aucune signification réelle. »

Le groupe israélien de défense des droits de l’homme B’Tselem a décrit les règles de l’armée israélienne en matière de tirs ouverts comme n’étant « rien de plus qu’un semblant de légalité », en partie parce qu’elles sont « violées de manière répétée ».

« À l’exception d’une poignée de cas, impliquant généralement des soldats de rang inférieur, personne n’a été jugé pour avoir blessé des Palestiniens », a déclaré le groupe.

Dans l’un des cas les plus célèbres de soldats tirant sur de jeunes enfants dans les territoires occupés, un capitaine de l’armée a tiré avec tout le chargeur de son fusil automatique sur une jeune Palestinienne de 13 ans, Iman al-Hams, en 2004, après qu’elle eut traversé une zone de sécurité, alors qu’elle ne représentait aucune menace immédiate et que ses propres soldats lui avaient dit qu’il s’agissait d’une « petite fille » qui avait « la peur de sa vie ». Le capitaine a été innocenté par un tribunal militaire.

L’armée israélienne a également une longue tradition de dissimulation des meurtres d’enfants.

Après que Khalil al-Mughrabi, 11 ans, a été abattu alors qu’il jouait au football à Rafah en 2001, l’organisation israélienne de défense des droits de l’homme B’Tselem a écrit à l’armée israélienne pour demander une enquête.

Des mois plus tard, le bureau du juge-avocat général a déclaré à B’Tselem que Khalil avait été abattu par des soldats qui avaient agi avec « retenue et contrôle » pour disperser une émeute dans la région. Cependant, l’IDF a commis l’erreur de joindre une copie de son enquête interne secrète, qui indiquait que l’émeute avait eu lieu bien plus tôt dans la journée et que les soldats qui avaient ouvert le feu sur l’enfant s’étaient rendus coupables d’un « grave écart par rapport aux normes de comportement obligatoires ».

Le procureur militaire en chef, le colonel Einat Ron, a ensuite présenté des scénarios alternatifs erronés qui devraient être proposés à B’Tselem pour couvrir le crime.

Plus récemment, les FDI ont été accusées d’avoir menti pour dissimuler l’assassinat de la journaliste américaine d’origine palestinienne Shireen Abu Akleh, très certainement par un tireur d’élite israélien. L’armée a d’abord accusé les Palestiniens, puis a prétendu à tort qu’Abu Akleh avait été prise dans des tirs croisés au cours d’une fusillade. Son employeur, Al Jazeera, a présenté une vidéo prouvant qu’il n’y avait pas eu de fusillade et qu’au moins un soldat israélien visait la journaliste.

M. Alvi, médecin canadien, a quitté Gaza au cours de la troisième semaine de février, alors que les forces israéliennes menaçaient de lancer un assaut terrestre contre Rafah. M. Alvi a fondé l’organisation caritative Humanity Auxilium, basée aux États-Unis, qui a travaillé avec les réfugiés rohingyas au Bangladesh, les Syriens déplacés et les survivants du tremblement de terre en Turquie.

« Il ne s’agit pas d’une guerre normale. La guerre en Ukraine a tué 500 enfants en deux ans et la guerre à Gaza en a tué plus de 10 000 en moins de cinq mois. Nous avons déjà connu des guerres, mais celle-ci est une tache sombre sur notre humanité commune. »

Chris McGreal, le 2 avril 2024
Chris McGreal écrit pour le Guardian US et a été correspondant du Guardian à Washington, Johannesburg et Jérusalem.
Source : The Guardian
Traduction ED pour l’Agence Média Palestine
https://agencemediapalestine.fr/blog/2024/04/02/une-guerre-pas-comme-les-autres-des-medecins-affirment-que-des-enfants-ont-ete-pris-pour-cible-par-des-snipers-israeliens-a-gaza/

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Des soldats israéliens enlèvent un Palestinien de 8 ans de sa maison à Qabatiya, sous prétexte qu’il avait jeté des pierres

Le 9 mars 2024, vers 1 heures, trois jeeps militaires ont emprunté une rue du quartier sud de Qabatiya, une ville du district de Jénine, où Abdallah Saba’anah, âgé de huit ans, jouait avec deux jeunes parents. Selon les soldats, les enfants ont jeté des pierres sur les jeeps et une pierre a touché la carrosserie de l’une d’entre elles. Les jeeps ont fait demi-tour et sont revenues vers les enfants, qui ont eu peur et ont couru se cacher dans une maison voisine. Les soldats sont sortis de l’une des jeeps, ont poursuivi les enfants dans la maison et ont emmené ‘Abdallah de force.

Les soldats ont mis ‘Abdallah dans une des jeeps et l’ont conduit à l’entrée d’un village voisin, Misiliyah, où ils l’ont laissé sortir. Un voisin de la famille qui suivait les jeeps a fait monter ‘Abdallah dans sa voiture et a commencé à rentrer à Qabatiya. En chemin, il a rencontré le père d’Abdallah, Iyas Saba’anah, qui avait appris par sa femme ce qui s’était passé et était venu chercher son fils.

Iyas Saba’anah, 37 ans, a déclaré à Abdulkarim Sadi, chercheur de terrain à B’Tselem :
Je travaillais dans ma ferme lorsque ma femme m’a appelé pour me dire que des soldats étaient entrés dans le quartier, avaient arrêté Abdallah dans la maison des voisins et s’étaient dirigés vers le village de Misiliyah. J’ai tout laissé tomber et je me suis rendu sur place. J’y ai rencontré mon voisin, et Abdallah était dans sa voiture. Abdallah était pâle et effrayé. Il m’a dit que les soldats lui avaient demandé son nom et pourquoi il avait jeté des pierres sur la jeep, et qu’il leur avait répondu qu’il n’avait pas jeté de pierres et qu’il jouait simplement avec ses amis.

https://www.btselem.org/video/20240309_soldiers_took_8-year-old_palestinian_from_his_house_in_qabatiya#full

Traduit avec DeepL.com (version gratuite)

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Les sondages pratiques quotidiens montrent que les Israéliens continuent à choisir cette guerre,
même s’ils ne veulent pas de Netanyahou

La plupart des Israéliens savent que Benyamin Netanyahou leur ment. La plupart soupçonnent que ses choix politiques sont motivés par des intérêts personnels et familiaux. Autrement, le Likoud sous sa direction, selon les sondages, n’obtiendrait pas seulement 18 sièges à la Knesset. Et pourtant, la plupart des Israéliens le soutiennent. Certes, contrairement à ce que nous disent les sondages et les experts.

En effet, le sondage le plus fiable est bien celui de la participation persistante de milliers d’Israéliens à l’offensive militaire impliquant des massacres et une destruction massive à Gaza, ainsi qu’aux opérations d’oppression et d’expulsion qui se déroulent en Cisjordanie.

La volonté inébranlable des parents d’envoyer leurs enfants tuer et être tués, blesser et être blessés – et ensuite souffrir toute leur vie de post-traumatisme – est une réponse constante et invariable dans un sondage de facto réalisé quotidiennement. Le langage édulcoré et le consensus dans les médias, ainsi que l’attachement à la croyance que la guerre est la solution, est une sorte de réponse à une question posée en filigrane: qui soutiennent-ils?

Les photos TikTok postées par des soldats – indiquant le manque de volonté ou l’incapacité des Forces de défense israéliennes (FDI) à stopper le flux de selfies en provenance de Gaza – montrent une bestialité arrogante dépourvue de toute inhibition de la part des soldats. Elles constituent une sorte de sondage. Les parents qui n’expriment pas de choc ou d’inquiétude sur le fait que leurs enfants, avec leurs propres smartphones, fournissent à la Cour pénale internationale des preuves à charge contre eux-mêmes sont également des sondés qui approuvent Netanyahou et sa politique militaire, même s’ils ne sont pas sondés à ce sujet et même s’ils ne votent pas pour lui.

Les réservistes qui se déplacent entre les manifestations de la rue Kaplan [centre de Tel-Aviv] et les ruines de Gaza ou son ciel parsemé de bombardiers ou de drones prédateurs sont également des personnes interrogées dans le cadre d’un sondage, dont la réponse est sans ambiguïté. Se plaindre continuellement que le monde est antisémite est la réponse souhaitée à un sondage qui fait saliver Netanyahou tous les matins.

Il en va de même du refus de comprendre que, contrairement à nos écrans de télévision, qui restent focalisés sur les horreurs du 7 octobre et les rapports déchirants sur ses victimes, les téléspectateurs des chaînes de télévision étrangères ont vu les horreurs des bombardements et de la famine délibérée dans la bande de Gaza au cours des six derniers mois. Ils connaissent des centaines, voire des milliers, de reportages bouleversants sur les victimes palestiniennes [1].

***

De nombreux Israéliens savent que le gouvernement dirigé par Netanyahou laisse sciemment des otages épuisés mourir de faim, de manque de médicaments, d’épuisement, de mauvais traitements ou des suites de frappes aériennes israéliennes. Apparemment, les Israéliens sont plus nombreux que jamais à soutenir cette « directive Hannibal » non déclarée (qui autorise l’armée à mettre en danger la vie d’un soldat pour éviter qu’il ne soit kidnappé) [2]. Tout cela au nom de la victoire absolue.

Beaucoup d’Israéliens savent que les otages, leurs familles et leurs terribles souffrances n’intéressent pas ce gouvernement. Ils ont été choqués par les déclarations publiques de mépris des hommes politiques et par leur manque d’empathie. Beaucoup d’Israéliens savent que les membres du cabinet sont des clowns ineptes dans le meilleur des cas, ou des politiciens rusés qui s’occupent de leur propre portefeuille dans le pire des cas.

Beaucoup d’Israéliens savent que le ministre (Bezalel Smotrich) des Finances et des colonies [dans le cadre du ministère de la Défense] détruit notre économie. Ils savent que la guerre le fait également. Que le ministre de la Sécurité nationale (Itamar Ben-Gvir) donne des instructions pour faire taire les manifestants, tout en démantelant la police. Ils savent que le ministre de l’Education (Yoav Kisch) détruit l’éducation et que le ministre des Communications (Shlomo Karhi) s’oppose à la liberté de la presse. Ils savent que le ministre de la Défense (Yoav Gallant) n’apporte pas la sécurité. Ils savent que l’Etat est sur la corde raide.

Et ils savent que la conception erronée formulée par le premier ministre, en collaboration avec les agences de renseignement et de sécurité, selon laquelle le Hamas à Gaza était contenu, qu’il se comportait comme nous voulions qu’il se comporte, est la raison de la grande catastrophe qui a frappé les plus de 1 400 personnes mortes et enlevées, leurs familles et leurs communautés.

Et pourtant, les Israéliens continuent de soutenir ce gouvernement par le simple fait qu’il affirme « faire le travail » (l’euphémisme accepté pour l’invasion et le massacre) à Gaza, et accomplir loyalement la mission de dépossession menée par les forces de défense des colonies en Cisjordanie. Cela se traduit aussi par le fait même que l’Association médicale israélienne n’exprime pas son choc face aux rapports sur la famine à Gaza; et que les juristes et les organisations de protection de l’enfance ne soulèvent même pas de questions sur le nombre élevé d’enfants palestiniens tués. Le soutien à ce gouvernement s’exprime aussi par le fait que les manifestants [clamant leurs récriminations face à Netanyahou] de la rue Kaplan n’ont pas rejoint en masse les dizaines de courageux activistes qui accompagnent les agriculteurs et les bergers palestiniens afin de les protéger de la violence des colons. Ni avant, ni pendant cette guerre.

***

Cette perception fallacieuse découle d’un objectif qui n’a pas changé : habituer les Palestiniens à l’idée que même leur aspiration minimale d’un petit Etat souverain à côté d’Israël ne sera pas réalisée, sans parler de leur attente qu’Israël reconnaisse en général sa responsabilité pour les expulsions de 1948 et accepte un certain processus de retour des réfugiés, sans parler de leur exigence d’égalité entre « le fleuve et la mer ».

L’objectif est resté le même, y compris lorsqu’un gouvernement israélien a accepté de reconnaître l’OLP lors des accords d’Oslo, mais pas, Dieu nous en préserve, le peuple palestinien. Peu à peu, puisque les Palestiniens refusent de se faire à cette idée et que les organisations de colons sont devenues les dirigeants de facto d’Israël, la réalisation de cet objectif est devenue de plus en plus violente et brutale.

C’est ainsi qu’on en est arrivé au «plan décisif» imaginé par Bezalel Smotrich pour les Palestiniens [voir article publié sur ce site le 13 novembre 2023] : soit accepter un statut inférieur, émigrer et être déraciné soi-disant de son plein gré, soit affronter la défaite et la mort dans une guerre. Tel est le plan actuellement mis en œuvre à Gaza et en Cisjordanie, la plupart des Israéliens étant des complices actifs et enthousiastes, ou acquiesçant passivement à sa réalisation, indépendamment de leur dégoût pour ce gouvernement et ses membres. La grande majorité continue de croire que la guerre est la solution. 

[1] Selon Le Monde du 1er avril 2024, « le Parlement israélien a adopté lundi 1er avril un projet de loi permettant d’interdire la diffusion de médias étrangers portant atteinte à la sécurité de l’Etat. La chaîne [Al Jazeera] a dénoncé une « campagne frénétique » à son encontre basée sur un « mensonge dangereux et ridicule». (Réd.)
[2]
Selon l’une de ces règles d’engagement, officieusement nommée ‘procédure Hannibal’, en cas d’incursion ennemie et de capture de civils, les unités israéliennes de combat doivent à tout prix empêcher les ravisseurs de rejoindre leurs bases arrière, quel que soit le prix à payer par les soldats et les captifs. (Réd.)

Amira Hass
Opinion parue dans Haaretz le 1er avril 2024 ; traduction rédaction A l’Encontre
http://alencontre.org/moyenorient/palestine/les-sondages-pratiques-quotidiens-montrent-que-les-israeliens-continuent-a-choisir-cette-guerre-meme-sils-ne-veulent-pas-de-netanyahou.html

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Gaza : un poème de Noor Aldeen Hajjaj

J’ai fait un petit tour en ville aujourd’hui, ou plutôt ce qu’il en reste !
J’ai vu toutes les couleurs réduites en une seule, 
Comment le gris l’emporte-t-il sur les autres couleurs que nous connaissons, à moins qu’il ne soit chargé de tonnes d’explosif ! J’ai marché au-dessus de décombres, j’ai essayé d’éviter de mes pas, comme sur un champ de mines, les souvenirs de petits enfants qui auraient dessiné leurs rêves sur ces ruines.
Et je n’ai pas peur de tenir dans mes mains les fils électriques coupés dans les rues parce qu’ils ne sont plus que des potences d’exécution, des témoins de toutes ces destructions.
J’ai vu des montagnes de linceuls conduits par une voiture vers le seul et unique endroit sûr sur cette terre.
Il n’y a pas de cortèges funéraires qui portent sur leurs épaules les martyrs jusqu’à leur dernière demeure, parce que tous les membres de leur famille les accompagnent vers leur tombe… Martyrs comme eux…
C’était probablement leur dernier souhait avant les bombardements, comme pour nous tous, si nous sommes destinés à mourir, alors mourons ensemble, ne laissons pas à la mort la possibilité que l’un de nous reste et passe sa vie endeuillé à regretter ceux qui sont partis. Je suis passé devant l’école transformée en refuge pour accueillir les déplacés. Mon cœur saigne de voir comment l’humanité peut être violée, et combien nos besoins primaires sont réduits, on négocie un galon d’eau ou une pilule de médicaments. 
Les autres… Ils errent dans toutes les directions à la recherche d’un paquet de pain, d’un chargeur pour la batterie de la lampe de nuit, d’eau potable, ou d’autres choses essentielles qui ne sont plus disponibles !!
J’ai vu tout cela dans un petit tour, en moins de trente minutes, dans deux rues adjacentes. La plupart des maisons n’ont pas résisté aux frappes sur leurs toits qui se sont effondrées sur leurs habitants et sont tombées sur le sol.
Mon Dieu, l’ampleur du désastre est énorme, il dépasse les mots et les images, et nous ne pouvons plus le supporter… 
Nous sommes fatigués mon Dieu, que tout cela s’arrête au plus tôt… Mon Dieu
.

Noor Aldeen Hajjaj
Noor Aldeen Hajjaj est un écrivain du quartier de Shuja’iyya à Gaza, son premier roman « 
Des ailes qui ne volent pas » a été publié en 2021. En 2022, sa pièce de théâtre « Les Gris » est jouée pour la première fois. Il a été tué lors du massacre israélien sur le quartier de Shuja’iyya, le 2 décembre 2023.

[Noor Aldeen Hajjaj a été tué par les frappes de l’aviation israélienne le 2 décembre 2023, elles ont détruit 50 immeubles d’habitation dans le quartier de Shuja’iyya]

Source : Gaza Passages
https://agencemediapalestine.fr/blog/2024/04/02/gaza-un-poeme-de-noor-aldeen-hajjaj/

*-*

Ces privilèges indus des ultraorthodoxes qui sapent Israël
L’État hébreu accorde de nombreux avantages à la communauté haredi, comme l’exemption du service militaire, de plus en plus contestée et qui pourrait partiellement prendre fin lundi 1er avril. Paradoxalement, cette rupture d’égalité institutionnalisée a jusqu’ici perduré par crainte de mettre à mal la sacro-sainte unité du pays, écrivent deux chercheuses dans le quotidien israélien “Ha’Aretz”.
https://www.pressegauche.org/Ces-privileges-indus-des-ultraorthodoxes-qui-sapent-Israel
Témoignage. Guerre à Gaza : « C’est à devenir fou ! » déplore un réserviste israélien
Dans un rare témoignage sur les atrocités de la guerre à Gaza et les dérives au sein de Tsahal, un réserviste démobilisé brise le silence et livre un récit bouleversant dans le média “Politically Koret”. Ce psychologue de 35 ans dénonce un climat toxique et alerte sur les répercussions psychologiques de ce combat sur lui et ses compagnons d’armes.
https://www.courrierinternational.com/article/temoignage-guerre-a-gaza-c-est-a-devenir-fou-deplore-un-reserviste-israelien
Pourquoi je démissionne du Département d’État
Note du rédacteur en chef : Annelle Sheline, titulaire d’un doctorat, a travaillé un an comme chargée des affaires étrangères au Bureau des affaires du Moyen-Orient, au sein du Bureau pour la démocratie, les droits de l’homme et le travail du Département d’État. Les opinions exprimées ici sont les siennes.
https://aurdip.org/pourquoi-je-demissionne-du-departement-detat/
Proposition de résolution n°2123 visant à appeler la France à mettre en œuvre les mesures conservatoires décidées par la Cour internationale de justice dans le contentieux introduit par l’Afrique du Sud à l’encontre de l’État d’Israël sur la situation à Gaza au titre de la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide de 1948
https://www.assemblee-nationale.fr/dyn/16/textes/l16b2123_proposition-resolution
Saisir la Cour pénale internationale sur la situation à Gaza
https://www.senat.fr/leg/exposes-des-motifs/ppr23-236-expose.html
Sept travailleurs humanitaires tués à Gaza : l’armée israélienne aurait visé délibérément le convoi de l’ONG
https://www.liberation.fr/international/moyen-orient/mort-de-sept-travailleurs-humanitaires-a-gaza-larmee-israelienne-aurait-vise-deliberement-le-convoi-de-long-20240403_UPRPZXGGQ5FLLCNII6XFBWGVZI/
Guerre. Après le « meurtre » de sept travailleurs humanitaires à Gaza, Israël sous le feu des critiques
La communauté internationale demande des comptes aux autorités israéliennes, qui attribuent la mort des employés de World Central Kitchen à une « erreur d’identification » , alors que les premiers éléments de l’enquête semblent indiquer un raid délibéré.
https://www.courrierinternational.com/article/guerre-apres-le-meurtre-de-sept-travailleurs-humanitaires-a-gaza-israel-sous-le-feu-des-critiques

Auteur : entreleslignesentrelesmots

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