10 ans d’autonomie de fait, 20 ans de soulèvement armé, 30 ans pour l’EZLN

5Dans sa préface, Bernard Duterme parle de cette « Rébellion qui dure », de la place de la petite école zapatiste (Escuelita zapatista), des mobilisations des populations indigènes au Chiapas, des organes d’auto-gouvernement « radicalement étanches aux instances et interventions de l’État au « mal gobierno » (mauvais gouvernement) »…

Le préfacier évoque les particularités de cette expérience sociale d’émancipation, « le souci du sujet, du statut de l’individu dans le collectif et de son émancipation ; la revendication d’égalité entre les hommes et les femmes ; la conscience écologique des limites du progrès… », les ancrages nationaux et internationaux du zapatisme. Il analyse les débats autour de « la prétendue instrumentalisation des indigènes », les conceptions de l’EZLN en termes de changement social, la viabilité de l’expérience d’auto-gouvernement en cours.

Et au delà des appréciations, des limites des actions et des politiques des « encagoulés », il est clair que « tant sur le plan local, que national et international, ils auront doté les luttes paysannes et indigènes pour la redistribution et l’autonomie d’une visibilité et d’une portée inédite ».

Sommaire

Editorial : Bernard Duterme : Zapatisme : la rébellion qui dure

Chronologie sommaire de vingt ans de rébellion zapatiste

Points de vue du Sud

Gilberto López y Rivas : Zapatisme : histoire, signification, négociation et autonomie

Neil Harvey : La signification politique du zapatisme

Alejandra Aquino Moreschi : Trajectoire d’un militant zapatiste : de l’engagement au désengagement

Raúl Zibechi : La révolution décolonisatrice du zapatisme

Jérôme Baschet : La construction de l’autonomie : les leçons de l’Escuelita zapatista

Sylvia Marcos : La loi révolutionnaire des femmes zapatistes, vingt ans après

Gustavo Esteva : Zapatisme : apprendre la liberté et rendre l’espoir

Alicia Castellanos Guerrero : L’utopie novatrice et mobilisatrice du zapatisme

Fernando Matamoros Ponce : La parole en marche : de l’émergence zapatiste à l’Escuelita

Les auteur-e-s mettent l’accent sur de nombreux aspects du zapatisme. J’ai plus particulièrement été intéressé par les analyses sur l’autonomie comme stratégie et projet, la mobilisation massive des femmes et des politiques d’égalité, la résistance économique, du militantisme comme « source de nouvelles identités positives », les processus de décolonisation, les expériences de « Escuelita zapatista », la construction d’un autre monde « ici et maintenant », les rapports entre l’individuel et le collectif, le politique et la liberté, la transparence et la réédition de comptes, « un monde où il y ait place pour plusieurs mondes », l’invitation « à rêver éveillés, à innover, pour élargir les carrefours des chemins parcourus » comme l’écrit Fernando Matamoros Ponce dans son très beau texte…

Je souligne aussi le traitement de l’engagement et du désengagement par Alejandra Aquino Moreschi. Un sujet rarement abordé dans les mouvements pour l’émancipation.

L’article de Sylvia Marcos sur « la loi révolutionnaire des femmes zapatistes » permet de souligner les avancées et les limites de l’autonomie des femmes. Et comme le souligne l’auteure, la non hiérarchisation des luttes permet d’éviter de « caser le monde entier dans le tiroir fermé des options exclusives » (Commandant Marcos).

« on ne saurait renoncer à affronter le système existant en assumant pour seul souci celui de faire naître, à coté de lui, le monde que nous désirons »

Une invitation à la solidarité et aux débats sur cette cette expérience « profondément émancipatrice et radicalement démocratique »

En complément possible :

Bernard Duterme : 20e anniversaire de l’insurrection zapatiste « Démocratie, Liberté, Justice ! », 20e anniversaire de l’insurrection zapatiste « Démocratie, Liberté, Justice ! »

Amaury Ghijselings :Une petite école zapatiste pour enseigner l’autonomie et la résistance au reste du monde, Une petite école zapatiste pour enseigner l’autonomie et la résistance au reste du monde

Antonio Fuentes Díaz, Francisco Javier Gómez Carpinteiro, John Holloway, Fernando Matamoros Ponce, Vittorio Sergi et Sergio Tischler : Neozapatisme. Échos et traces des révoltes indigènes, Syllepse 2012, Que faire de notre colère ?

Fernando Matamoros Ponce : La pensée coloniale. Découverte, conquête et guerre des dieux au Mexique, Syllepse 2006, La culture et la tradition occidentale esprit du monde légitimées comme totalité de sens définissaient l’autre le barbare l’infidèle comme sujet à civiliser

Alternatives Sud : Zapatisme : la rébellion qui dure

Centre Tricontinental et Editions Syllepse (http://www.syllepse.net/zapatisme-la-rebellion-qui-dure.html), Louvain-le-Neuve (Belgique) 2014, 203 pages, 13 euros

Didier Epsztajn

Auteur : entreleslignesentrelesmots

notes de lecture

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.

En savoir plus sur Entre les lignes entre les mots

Abonnez-vous pour poursuivre la lecture et avoir accès à l’ensemble des archives.

Poursuivre la lecture