« Il faut souffrir pour être belle », tu parles !

De tous temps, dans toutes sociétés, les femmes sont associées à leur corps et évaluées en fonction de leur apparence. Pour se conformer à des stéréotypes de beauté, elles modifient leurs corps, parfois de manière douloureuse, jusqu’à atteindre au possible le physique de l’idéal féminin imposé par la loi patriarcale.

La personnalité et les compétences sont volontairement occultées au profit de l’apparence.

« Elle devient un objet; et elle se saisit comme objet; c’est avec surprise qu’elle découvre ce nouvel aspect de son être: il lui semble qu’elle se dédouble; au lieu de coïncider exactement avec soi, voilà qu’elle se met à exister dehors», Simone de Beauvoir, Le Deuxième Sexe.

Corps mutilés ou corps froissés, les injonctions imposées sur le corps des femmes pour correspondre à des critères supposés de beauté, font partie des violences faites aux femmes. Cette dictature maintient les hommes dans leurs fantasmes normatifs de la femme -objet- parfaite.

1

8 tendances « beauté » très douloureuses qui ont marqué l’histoire

Longtemps, les femmes ont altéré leur apparence pour entrer dans les canons de beauté de l’époque. Des pieds bandés aux corsets en passant par le réducteur de menton, zoom sur 8 tendances beauté complètement sadiques qui ont marqué l’histoire au féminin.

1 – Les pieds bandés

2

Née au début du Xe siècle en Chine, la coutume des pieds bandés est restée pendant plus d’un millénaire le symbole ultime de la féminité pour bon nombre de Chinoises. Mais pour atteindre cet idéal, il fallait passer par une douleur physique très intense. Le bandage des pieds commençait à l’âge de cinq ou six ans et nécessitait environ deux années de calvaire pour que leur taille atteigne environ 7,5 centimètres.

3


D’abord trempés dans de l’eau chaude et des herbes médicinales, les orteils des petites filles – à l’exception du gros – étaient ensuite pliés contre la plante du pied et tenus 24/24 par des bandages et des chaussures pointus. Ainsi, la forme que prenait le pied était-elle censée représenter un bouton de lotus. Interdite par le gouvernement en 1912,
la pratique des pieds bandés a pourtant continué pendant quelques années encore. Outre les orteils nécrosés et les lésions articulaires, on estime à 10% le taux de mortalité chez les jeunes Chinoises des suites d’une septicémie.

2. Le corset

Une silhouette en forme de sablier, une taille ultra fine et une poitrine soutenue, voilà ce que promettait le corset. Apparu pour la première fois à la cour d’Espagne au XVIe siècle (Renaissance), cet accessoire ultra rigide a modelé le corps de la femme jusqu’au début du XXe siècle. Durant plusieurs décennies, dames et demoiselles ont donc enduré les pires souffrances pour la finesse de leur taille : organes comprimés, capacités pulmonaires diminuées, côtes déplacées, muscles atrophiés, constipation ou encore malaises dû au manque d’air.

4

Remisé au placard aux alentours des années 1910, le corset a malheureusement fait un retour remarqué ces dernières années. Jessica Alba, Kate Middleton et surtout Kim Kardashian n’ont ainsi pas hésité à vanter les mérites du “régime corset”. Décrié par les spécialistes, ce “court-circuit gastrique” qui rêvent des courbes surnaturelles de la célèbre Kim K.

3/Les gouttes de Belladone

5

On le sait aujourd’hui, la Belladone est une plante très toxique, ses baies noires contenant de l’atropine. Mais celle que l’on surnomme la cerise du diable a pourtant longtemps été étroitement liée à la femme. Au Moyen-Âge, on racontait ainsi que les sorcières mélangeaient la Belladone à d’autres plantes toxiques pour créer une pommade. Une fois appliqué sur la peau, ce baume leur donnait alors l’impression de pouvoir voler ou de parler à Satan lui-même. Plus tard, à la Renaissance, la Belladone est devenue l’atout beauté des Italiennes. Ces dernières préparaient des gouttes à base des baies noires de la plante qu’elles pressaient ensuite dans leurs yeux. Les gouttes dilataient leurs pupilles et leur prodiguaient de profonds yeux noirs censés donner une illusion de pureté et d’innocence. C’est d’ailleurs de cette pratique que vient le nom de la fleur, “Belladonna voulant dire “belle femme” en italien. Si cette tendance beauté véhicule une certaine aura de mystère, elle n’en reste pas moins douloureuse. Les gouttes de Belladone pouvaient provoquer le strabisme, l’incapacité à se concentrer sur des objets, des palpitations cardiaques, et une possible et irrévocable perte de la vue.

4. Le fard au plomb

Au XVIe et XVIIe siècle, les femmes veulent plus que tout ressembler à la reine Élisabeth 1re d’Angleterre. Comme la souveraine, elles s’appliquent ainsi sur le visage un fard blanc épais à base de céruse – ou carbonate de plomb – et de vinaigre. Résultat ? Un teint très pâle mais aussi la possibilité de camoufler les traces laissées par la petite variole.

6

Au XVIIIe siècle, les marques de cosmétiques vont même jusqu’à commercialiser des fards au plomb comme le “Bloom of Ninon de l’Enclos” (inspiré de la courtisane du même nom. Mais la beauté a un prix et les femmes qui utilisaient ces fards s’empoisonnaient en fait à petit feu tout en souffrant d’effets secondaires peu ragoutants (peau asséchée, constipation, apparition de cheveux gris, douleurs abdominales, paralysie, défaillance des organes). Tout un programme.

5. Le régime à l’arsenic

L’arsenic est probablement l’un des poisons les plus célèbres. Mais si sa toxicité a été prouvée il y a bien longtemps, cela n’a pas empêché les femmes de l’utiliser comme arme de beauté massive. A la Renaissance (décidément, quelle belle époque), alors que la mode est au front bien dégagé, les dames de la cour décident de s’épiler le visage avec de l’orpiment – ou arsenic jaune. Puis au XIXe siècle, l’utilité de l’arsenic change.

7

Comme le rapporte Mental Floss, le poison se consomme alors en pilule et est censé “donner un teint frais, des yeux brillants et apporter un embonpoint sexy” à celle qui se plie au traitement. Malheureusement, ce qu’on ne disait pas à ces demoiselles, c’est que l’arsenic en gélule les empoisonnait peu à peu et apportait avec lui diarrhée, vomissements, sang dans l’urine, crampes musculaires, douleurs à l’estomac, perte de cheveux et convulsions.

6/Les perruques au saindoux

Le XVIIIe siècle est marqué par la mort de Louis XIV et l’apparition des Lumières. Et si on visualise assez bien le look de la femme de l’époque – corset, jupons, visage poudré de blanc, postiche XXL – on sait moins que ces dernières allaient jusqu’à badigeonner leurs perruques de saindoux (substance blanche à base de graisse de porc) pour que leurs coiffes en forme de pièce montée tiennent en place.

8

Résultat ? Le saindoux attirait les poux qui attiraient ensuite les rats. A la nuit tombée, les courtisanes et autres femmes de la cour se voyaient donc obligées d’enfermer leurs postiches en cage pour éviter que les rongeurs ne viennent dévorer le tout. Pas forcément douloureux mais pas très hygiénique non plus. 

7/Le détecteur de défauts

Dans le genre objet de torture, je demande le “Beauty Micrometer” de Maksymilian Faktorowicz. En 1909, l’homme lance sa marque de cosmétiques sous le nom de Max Factor, ses produits deviennent vite les meilleurs alliés des stars de cinéma hollywoodiennes et il réussit même à populariser le mot “make-up”.

9

Mais Max Factor n’est pas seulement un entrepreneur richissime, c’est également un innovateur. En 1932, il lance donc le “Beauty Micrometer”, un instrument en acier censé repérer les défauts physiques d’une femme, défauts ensuite camouflés à l’aide d’une bonne dose de maquillage. Si vous avez vu Hellraiser et Saw , vous comprenez pourquoi on parle d’objet de torture.

8/L’opération des “pieds obèses”

On appelle ça la “stiletto surgery” ou “chirurgie de l’escarpin”. Pour être à l’aise sur leurs talons de 12, les Américaines n’hésitent plus à passer sur le billard pour se faire injecter du gras dans le talon ou se faire raccourcir ou retirer entièrement des orteils. Cette tendance beauté complètement barbare a fleuri aux États-Unis avec l’arrivée de chausseurs stars comme Christian Louboutin, Manolo Blahnik ou encore Nicholas Kirkwood.

10

Contre nature et extrêmement douloureuse, cette opération censée affiner des “pieds obèses” n’est pas sans danger. Infections et nouvelles opérations imprévues sont ainsi le lot de celles qui n’arrivent pas à trouver chaussure à leurs pieds…

Sources : huffingtonpost.fr et terrafemina.com

Publié sur le blog « sans compromis »,

https://sanscompromisfeministeprogressiste.wordpress.com/2016/01/03/il-faut-souffrir-pour-etre-belle-tu-parles/

Auteur : entreleslignesentrelesmots

notes de lecture

2 réflexions sur « « Il faut souffrir pour être belle », tu parles ! »

  1. J’ai entendu dire – à la radio – que les jeunes Françaises demandaient à se faire enlever les côtes du bas, les trouvant inesthétiques lorsqu’elles se dénudaient. Info ou intox?!
    Parce que j’ai cherché sur le Net, tellement je fusse choking…
    Amicalement
    Gene

  2. surprise que l’énumération s’arrête trop tôt;
    qu’en est il de l’épilation obligatoire qui désormais s’applique même aux hommes, de l’utilisation de déodorants dangereux pour la santé où l’aluminium se taiile une belle place, du bronzage obligatoire (naturel ou pire encore en cabine à UV), du port du soutien gorge à baleine ou avec des matières non naturelles où les seins sont cerclés de métal ou comprimés entraînant un échauffement idéal pour préparer le cancer du sein et privant les seins de leur soutien naturel, à savoir la musculature,
    alors qu’il suffit d’une bonne posture pour empêcher les seins de tomber.
    et que dire des régimes pour rester minces sinon squelettiques avec comme injonction de ressembler aux mannequins prépubères de type Lolita, comme si les couturiers avaient peur de la Femme avec des formes et un pouvoir de reproduction, maigreur qui participe, au même titre que les pollutions chimiques et les carences de l’alimentation industrielle à l’augmentation exponentielle de la stérilité féminine et au recours à la procréation assistée, le prix à payer.
    Que dire aussi des chaussures à talons trop hauts où le centre de gravité se déplace vers les orteils qui portent tout le poids du corps entraînant des problèmes de dos, où le fabricant a oublié que le pied est naturellement cambré et qu’il n’y a pas un standard de la forme du pied, mais plusieurs,
    mais seul les canons de la mode dirigent..
    Et que dire de la grossesse et de l’accouchement,, totalement médicalisés,
    alors que ces processus sont totalement naturels. Au prétexte de leur sécurité, les femmes sont les victimes du pouvoir patriarcal qui va décider ou leur extorquer leur accord pour pratiquer la péridurale, la césarienne, le déclenchement de l’accouchement sans les écouter, sans leur laisser la maîtrise de cet acte totalement personnel où elles sont le seul spécialiste à savoir ce qui leur est propre et ce qui est bon pour elles.
    et que dire de l’ultime blessure subie, l’épisiotomie, présentée comme un gage de sécurité que seul le spécialiste a le droit de leur faire subir
    sans contestation possible.
    Parlons aussi du discours de liberté tenu par la publicité qui leur met à disposition les tampons, gages de leur liberté de mouvement, mais imprégnés de produits chimiques toxiques qui font le lit du cancer, sans oublier le vaccin contre le cancer du col de l’uterus, dont rien scientifiquement ne prouve que l’application généralisée à toutes les jeunes filles soit une garantie d’échapper à la maladie…

    Où est objectivement la différence entre la femme dite moderne et toutes les femmes au fil du temps ?
    où est la différence entre la femme asservie au progrès et convaincue d’être libérée et les femmes esclaves de certaines cultures ou prostituées ?
    Je n’en vois aucune…

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.

En savoir plus sur Entre les lignes entre les mots

Abonnez-vous pour poursuivre la lecture et avoir accès à l’ensemble des archives.

Poursuivre la lecture