Andorre : pétition et soutien financier à Vanessa Mendoza Cortés, poursuivie par les autorités pour avoir dénoncé l’interdiction de l’IVG 

Une pétition pour défendre l’Andorrane Vanessa Mendoza Cortés va être fortement relayée en ce 8 mars, pour la Journée internationale des droits des femmes. Cette militante des droits des femmes est poursuivie depuis 2019 par les autorités de la principauté pour avoir dénoncé l’interdiction du droit à l’avortement en Andorre. Elle témoigne sur France Bleu Roussillon.

Pressions et lynchage médiatique :
En 2019, Vanessa Mendoza Cortés est auditionnée par le comité des Nations Unies pour témoigner de la situation des droits des femmes dans la principauté, en sa qualité de présidente de l’association de défense des droits des femmes « Stop Violencies ». Cette psychologue de profession dénonce alors l’interdiction de l’avortement, la principauté interdisant l’accès à l’IVG même en cas de viol sur mineur.

Les autorités andorranes portent alors plainte contre elle, et la poursuivent au départ pour trois chefs d’accusation. « Depuis 2019 ils nous lynchent médiatiquement, il y a eu une campagne contre notre travail et ma personne. Au début je risquais quatre ans de prison et 30 000 euros », témoigne Vanessa Mendoza Cortés. Avec l’appui d’Amnesty International en 2021, deux charges ont été abandonnées.

Mais la militante reste aujourd’hui poursuivie pour le délit « contre le prestige des institutions » inscrit dans le code pénal de la principauté. Elle risque une amende de 30 000 euros, une autre pour « responsabilité civile » et une inscription à son casier judiciaire.

Jetée « sur la place du village comme une sorcière ».
La militante ne connaît pas la date de son procès, l’instruction n’étant pas officiellement clôturée. « Mais je sais qu’on va me juger pour avoir diffamé les autorités, ajoute-t-elle. Cela veut dire que ce sera un procès public, où tout le monde pourra venir, c’est comme si on me jetait sur la place du village pour être jugée comme une sorcière ». Aujourd’hui, Vanessa Mendoza Cortés explique qu’elle est en liberté provisionnelle, ce qui signifie qu’elle risque la détention provisoire en cas d’infraction.

Pour elle, « ce délit est une excuse du gouvernement pour poursuivre les personnes qui parlent et qui défendent des droits qui les dérangent, ajoute Vanessa Mendoza Cortés. Et ça ne risque pas de changer, puisqu’ils parlent de durcir les peines ».

Les Andorranes contraintes d’avorter en France ou en Espagne
Peu de données existent concernant le nombre de femmes andorranes obligées d’avorter à Perpignan, Puigcerdà, ou ailleurs en Catalogne. « On ne sait pas combien de femmes andorranes avortent en France, mais on sait que 120 femmes avortent chaque année via le système public. Sauf que 90% des femmes avortent dans des cliniques privées », poursuit la militante. Elle explique qu’à Barcelone, un avortement pour une ressortissante étrangère peut coûter entre 4 000 et 8 000 euros. « On ne peut pas continuer au XXIe siècle à aider des femmes à avorter alors qu’elles ont été violées, violentées, ou juste parce qu’elles veulent avoir le droit sur leur propre corps. On doit pouvoir avorter en Andorre, librement », martèle Vanessa Mendoza Cortés.

Une pétition massivement relayée ce 8 mars
« On demande que les charges soient immédiatement abandonnées contre Vanessa et qu’elle puisse exercer son travail légitime au sein de l’association ‘Stop Violències’, explique Lola Schulmann, chargée de plaidoyer chez Amnesty International sur les questions des droits des femmes. Or aujourd’hui les autorités d’Andorre maintiennent leurs accusations contre elles et font planer une menace sur la liberté d’expression et sur la question des droits fondamentaux des femmes et filles en Andorre ». L’ONG a lancé début février une pétition pour demander l’abandon des charges pesant sur Vanessa Mendoza Cortés. Elle sera massivement relayée à Perpignan par l’ONG ce mercredi à partir de 18h place de la Résistance, mais aussi par le Collectif Droits des Femmes66 place de la Victoire à partir de la même heure.

La pétition sera ensuite envoyée aux autorités andorranes, mais aussi à Emmanuel Macron, puisqu’il est co-prince d’Andorre. La fédération régionale du Planning Familial lance également une cagnotte en ligne pour aider Vanessa Mendoza Cortés à payer ses frais d’avocat.

Courrier de la Marche Mondiale des Femmes contre les Violences et la Pauvreté – N°413 – 21 Mars 2023

Auteur : entreleslignesentrelesmots

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2 réflexions sur « Andorre : pétition et soutien financier à Vanessa Mendoza Cortés, poursuivie par les autorités pour avoir dénoncé l’interdiction de l’IVG  »

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