Meurtre de Nahel – Pour un soulèvement contre l’État policier

Communiqué des « ami-es des Soulèvements de la Terre » – Invitation à faire circuler et lire ce communiqué dans les rassemblements de soutien aux Soulèvements de la Terre partout en France le 28 juin (en fonction du contexte, s’il n’y a pas d’autres témoignages ou gestes de soutien possibles).

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Mardi matin, un policier a assassiné froidement à bout portant Nahel, un jeune livreur de 17 ans à Nanterre juste après avoir crié « Je vais te tirer une balle dans la tête ». Une vidéo amateur filmée par smartphone a tourné en boucle, battant en brèche la version policière qui a cherché à se couvrir en arguant de la « légitime défense » comme pour chaque crime policier depuis des décennies. 

Après avoir mis en joue 150 jeunes à Mantes-la-Jolie en 2018, tabassé Michel Zecler sous des injures racistes en 2020, appelé par une tribune d’anciens généraux à un coup d’Etat en 2021, un nouveau palier est franchi. 

Rien n’a changé depuis les marches du MIB (Mouvement de l’Immigration et des Banlieues) dans les années 90, les révoltes après l’assassinat de Zyed et Bouna en 2005, l’assassinat de Lamine Dieng en 2007 ou encore d’Adama Traoré en 2016. La situation s’est même aggravée. 

Les exécutions sont régulières et leur fréquence s’est accélérée depuis 2017 avec l’article L435 qui a élargi le cadre juridique de la légitime défense, s’apparentant à un « permis de tuer » sans rendre de comptes. Le nombre de personnes tuées par la police ne cesse de grimper. On dénombre au moins 30 décès en 2019, 46 en 2020 et 53 en 2021. Rien qu’en 2022, 13 personnes ont été tuées pour un refus d’obtempérer. 

Le corps policier, largement acquis à l’extrême-droite, s’assume de plus en plus comme une sorte de milice factieuse. Elle se sait indispensable aux gouvernements capitalistes pour réprimer toutes les forces qui cherchent à s’opposer à leurs politiques de destruction sociales et écologiques, tous les corps qui se soulèvent, les territoires qui construisent des mondes habitables. 

Ce nouveau crime policier flagrant n’est pas une « bavure » ou une « dérive ». Il est symptomatique d’un ordre étatique raciste fondé sur la violence contre les personnes racisées et tous les corps jugés non conformes. Cette violence qui mutile, enferme et tue, s’est éprouvée de longue date au sein des colonies et des quartiers populaires. Maintenant, elle s’étend par tache d’huile depuis quelques années sur les milieux militants, le mouvement social, les gilets jaunes, les luttes écologistes. 

Concernant les Soulèvements, le 25 mars dernier ce sont plus de 5000 grenades tirées en moins de deux heures sur les manifestant-es, faisant plus de 200 blessé-es, de nombreux-ses mutilé-es et ayant mis deux personnes entre la vie et la mort. Le 17 juin, la manifestation contre le Lyon-Turin s’est soldée par une trentaine de blessé-es côté manifestant-es, dont 6 hospitalisations. 

Cette généralisation de la violence policière suscite des prises de conscience dans des milieux sociaux ou géographiques jusqu’alors épargnés par la violence d’État. Il ne tient qu’à nous de transformer cette prise de conscience en gestes de solidarités concrètes, partout où nous sommes dans les luttes écologistes et sociales, y compris dans les géographies plus éloignées des quartiers populaires ! Chaque fois que nous dénonçons la répression contre nos mouvements, n’oublions jamais que cet Etat policier s’applique avant tout au sein des territoires colonisés et des quartiers populaires. N’oublions jamais qu’il est simplement la « normalité » pour des millions de français le plus souvent non-blanc.he.s et/ou qui n’ont pas les bons papiers. 

Hier soir, à Nanterre, en Île de France et dans quelques autres villes, des gestes de révoltes salutaires ont éclaté – à nouveau largement réprimés. Ce soir, Darmanin annonce la mise à disposition de 2000 policiers partout sur le territoire, tandis que le gouvernement cherche par tous les moyens à « appeler au calme » et en faire une affaire isolée. 

La colère gronde partout. La mère de Nahel invite à une « marche blanche de la révolte » dès jeudi après-midi, et de multiples rassemblements et gestes de solidarité s’annoncent dans la soirée et les jours à venir.

Face à cet Etat policier en roue libre qui emmène notre pays vers un régime autoritaire, la généralisation des soulèvements est plus que jamais vitale. Et la dissolution de la police, assurance-vie de l’association de malfaiteurs qui détruit nos vies et nos territoires, est une mesure de bon sens.

Pour Nahel, ni oubli, ni pardon ! Pas de justice, pas de paix !

https://blogs.mediapart.fr/les-ami-es-des-soulevements-de-la-terre/blog/280623/meurtre-de-nahel-pour-un-soulevement-contre-l-etat-policier

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Communiqué de l’Association des Ami.e.s de Maurice Rajsfus
Un crime policier odieux et une colère légitime

Nahel n’est pas la victime d’un « refus d’obtempérer » mais bien celle d’une police sûre de son bon droit et agissant sur des réflexes racistes et néocoloniaux qui ne font aucun doute et, par-là même, très « explicables », n’en déplaise aux autorités et au locataire de l’Élysée qui nient en permanence ces pratiques systémiques qui gangrènent l’appareil policier.

Une fois de plus, un enregistrement vidéo amateur, réalisé par un témoin de cette scène de crime, à partir de son téléphone, a permis de mettre en déroute, presque immédiatement, les mensonges et les faux témoignages des deux policiers qui s’affirmaient en danger et en situation de « légitime défense », dans leurs premières déclarations.

Au vu de ces images, ce sont deux policiers criminels qui devraient être mis en examen pour homicide volontaire. A savoir le flingueur, mais aussi son collègue qu’on entend, sur les enregistrements, l’inciter au tir.

Les autorités appellent au calme, mais mobilisent par milliers policiers et gendarmes, de peur d’un embrasement dans les quartiers. Plutôt que d’apaiser, cette mobilisation policière ne peut qu’être vécue comme une provocation supplémentaire, dans ce contexte explosif de colère légitime. La situation voudrait que tout soit fait pour assurer une désescalade, mais cela a peu de chance d’advenir aujourd’hui, comme demain, sans de profondes remises en cause des comportements policiers, en particulier dans les quartiers, et l’abrogation des lois scélérates qui autorisent les policiers à ouvrir le feu.

Alors que se déroulera, dans quelques jours, la commémoration du crime d’État méconnu du 14 juillet 1953, place de la Nation, qui fit 7 morts, dont 6 nationalistes algériens ; alors que le 40e anniversaire de la Marche pour l’égalité des droits, initiée en octobre 1983 après plusieurs années marquées par des crimes racistes, sera célébrée à l’automne prochain, cet horrible tir de sang-froid nous révulse, car il montre hélas, une fois de plus, comment les contrôles et le maintien de l’ordre, dans certains quartiers, continuent de s’apparenter à un ordre colonial raciste.

Nous apportons tout notre soutien à la famille et aux proches de Nahel et resterons à leurs côtés pour que toute la lumière soit faite sur cet ignoble crime et ses raisons profondes.

Site : http://www.mauricerajsfus.fr
Contact : ami.e.s_mauricerajsfus@laposte.net

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Marches blanches suite au décès de Nahel abattu à bout portant par un policier
https://www.agendamilitant.org/Marches-blanches-suite-au-deces-de-Nahel-abattu-a-bout-portant-par-un-policier

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Auteur : entreleslignesentrelesmots

notes de lecture

4 réflexions sur « Meurtre de Nahel – Pour un soulèvement contre l’État policier »

  1. Nahel tué par la police à Nanterre : il faut en finir avec l’impunité policière

    Publié le 29 juin 2023

    Nahel, un jeune homme de dix-sept ans, a été tué le 27 juin par le tir à bout portant d’un policier lors d’un contrôle routier. Une fois de plus, une fois de trop, un mort est à déplorer lors d’une intervention policière dans un quartier populaire.

    L’Union syndicale Solidaires présente ses sincères condoléances à la famille de Nahel et notamment à sa mère, à ses proches proches, ses ami·es, ses enseignant·es.

    Les images de ce qui s’apparente à une exécution sommaire sont insoutenables. Elles font naître un légitime sentiment de révolte qui s’exprime dans le pays. Aucun danger ne justifiait de sortir une arme et de tuer Nahel dans le cadre d’un simple délit routier.

    Certains médias, et pas seulement ceux aux mains d’un milliardaire qui les livre à l’extrême droite, se précipitent pour salir la mémoire de la victime, comme si un éventuel casier judiciaire aurait pu justifier cette action criminelle. L’extrême droite, sans surprise, crache sur la victime, et le gouvernement verse des larmes de crocodile.

    L’Union syndicale Solidaires exige que toute la vérité et la justice soit faite pour Nahel. Le sentiment d’impunité de la police tue. Lors de l’adoption de l’article L435-1 de nombreuses voix s’étaient élevées pointant le risque d’un usage inconsidéré des armes à feu. Ces craintes étaient malheureusement fondées. Il y a urgence à modifier la loi et à réformer en profondeur la police, ses techniques d’intervention et son armement. L’ONU elle-même a critiqué récemment la France pour cette violence policière et ses discriminations raciales.

    Après Zyed, Bouna, Adama, Théo, Michel, Lamine, Alhoussein et tant d’autres, il est manifeste qu’il y a un grave problème de violence mais également de racisme dans la police française.

    L’Union syndicale Solidaires se joint à l’appel à marcher ce jeudi 29 juin, à 14h à Nanterre pour soutenir la famille.
    https://syndicollectif.fr/nahel-tue-a-nanterre-reactions-syndicales/

  2. MORT DE NAHEL À NANTERRE : LE REFUS D’OBTEMPÉRER NE DONNE PAS LE DROIT DE TUER !
    29 juin 2023|
    La FSU partage la vive émotion suscitée par la mort de Nahel M., un jeune homme de 17 ans, lors d’un contrôle de police effectué à Nanterre. Elle s’associe au deuil de la famille, qui a organisé une marche blanche en hommage au jeune homme décédé, et comprend la colère que cet événement a suscité.

    Les informations dont on peut aujourd’hui disposer permettent de considérer que le policier n’était pas dans une situation qui l’aurait autorisé à tirer conformément au cadre réglementaire.

    Quelles que soient les circonstances, l’usage de l’arme de service, même sans intention de faire feu, ne doit être réservé qu’aux situations où il existe un risque grave, imminent contre l’intégrité physique de l’agent ou de tiers, et s’il n’y a pas d’autre moyen d’assurer leur protection.

    La multiplication des infractions routières susceptibles de mettre en danger la vie d’autrui, des refus d’obtempérer, ne peut en aucun cas légitimer de tels actes.

    Ces actes révèlent, entre autres, le manque de formation des agents des forces de l’ordre et la dégradation que les politiques de sécurité publique menées par ce gouvernement ont provoqué au lien de confiance qui doit exister entre les forces de l’ordre et la population qu’elles doivent protéger. L’augmentation du nombre de tirs de policiers depuis la loi de 2017 dite de sécurité publique est un fait établi qui devrait à lui seul convaincre de la nécessité d’une réorientation complète de la politique suivie en matière de sécurité, à commencer par le rétablissement d’une police de proximité. A l’inverse, tout, dans la politique suivie, concourt aujourd’hui à distendre toujours plus le lien entre la jeunesse, particulièrement celle des quartiers populaires, et la police.

    La tragédie dont Nahel M. est victime vient en outre nous rappeler le coût humain d’une logique de surenchère sécuritaire – en particulier la revendication dangereuse de « présomption de légitime défense » pour les policiers – relayée par des campagnes politiques et médiatiques issues de la droite et de l’extrême droite, face auxquelles le gouvernement actuel se montre bien trop conciliant depuis plusieurs années.

    Le policier à l’origine du tir mortel sur le jeune homme a été placé en garde à vue pour « homicide volontaire ». Les avocats de la victime ont également déposé plainte contre son collègue pour « complicité d’homicide volontaire ».

    La FSU souhaite que la vérité soit établie. Pour ce faire, elle demande que l’enquête confiée à l’IGPN puisse être menée dans des conditions qui garantissent une procédure sereine et équitable, allant jusqu’au dépaysement de l’affaire si nécessaire. Tout doit être mis en œuvre pour que justice soit rendue et que, le cas échéant, l’auteur de cet acte soit condamné.

    Les Lilas le 29 juin 2023
    https://syndicollectif.fr/nahel-tue-a-nanterre-reactions-syndicales/

  3. Drame à Nanterre : les pouvoirs publics doivent réagir !

    Un policier a fait usage de son arme et a tué un adolescent, vraisemblablement après un refus d’obtempérer, ce mardi 27 juin 2023, à Nanterre. Le conducteur était âgé de 17 ans. C’est un drame.
    La CGT adresse toutes ses condoléances aux proches de Nahel et apporte son soutien à sa famille dans son combat pour que justice soit faite.

    Ce drame ne peut être ni banalisé, ni minimisé.

    La vidéo, authentifiée par l’AFP, montre que le policier a tiré à bout portant depuis le côté du véhicule. Les éléments des enquêtes ouvertes sur les faits doivent être rendus publics au plus vite, afin que la vérité soit établie.

    Rappelons qu’en 2022 13 personnes ont perdu la vie, après un refus d’obtempérer lors de contrôles routiers. Les leçons n’ont pas été tirées.

    La responsabilité du gouvernement est, de fait, pleinement engagée pour que la justice soit rendue au plus vite et que des mesures fermes empêchent dorénavant de tels actes inqualifiables.

    Pour la CGT, il est nécessaire de procéder à une profonde réforme de l’usage de la force publique, de son cadrage et du fonctionnement global du service public de la police. Nous revendiquons notamment que l’Inspection générale de la police nationale (IGPN) devienne une autorité administrative indépendante.

    La police nationale est un service public qui doit être au service de la garantie des libertés et des droits fondamentaux des citoyen·nes.

    Ce drame nous rappelle combien il est nécessaire d’ouvrir l’indispensable débat démocratique sur ce service public , avec l’ensemble des acteurs·rices concerné·es, les citoyen·nes et usager·es.

    Montreuil, le 28 juin 2023
    https://syndicollectif.fr/nahel-tue-a-nanterre-reactions-syndicales/

  4. Mort de Nahel : « La police est formée à nous détester, comment voulez-vous que ça se passe bien ? »
    https://www.bondyblog.fr/societe/mort-de-nahel-la-police-est-formee-a-nous-detester-comment-voulez-vous-que-ca-se-passe-bien/

    Nahel avait le droit de vivre !
    https://blogs.mediapart.fr/front-de-meres/blog/280623/nahel-avait-le-droit-de-vivre

    Trois fois plus de personnes sont décédées suite à une arrestation depuis 2020
    https://basta.media/trois-fois-plus-de-personnes-sont-decedees-suite-a-une-arrestation-depuis-2020

    UN REFUS D’OBTEMPÉRER N’OCTROIE PAS LE DROIT DE TUER
    Communiqué LDH

    Ces dernières années de trop nombreuses personnes, dont 13 en 2022, ont été tuées par des fonctionnaires de police à l’occasion de simples contrôles routiers.
    Hier, c’est un jeune de 17 ans, Nahel, qui a été tué par un policier après un refus d’obtempérer à Nanterre, une dizaine de jours seulement après Alhousseine, 19 ans, en Charente.
    La LDH (Ligue des droits de l’Homme) n’a eu de cesse de rappeler que, dans tous les cas, l’emploi des armes par les policiers doit être conditionné à une situation d’absolue nécessité et de stricte proportionnalité, c’est-à-dire en cas de risque grave et imminent pour leur vie, leur intégrité physique ou celle d’autrui.
    Or le cadre légal instauré depuis 2017 par l’article L.435-1 du Code de la sécurité intérieure, ainsi que la note du 1er mars 2017 de la direction générale de la police nationale (DGPN) interprétant largement le texte, qui facilite le recours à l’emploi des armes notamment en cas de refus d’obtempérer, a créé une incertitude juridique délétère s’agissant d’un acte aussi grave dans lequel la prise de décision doit être extrêmement rapide.
    S’indigner ne suffit plus, il faut agir. Agir pour que les familles de Nahel, Alhousseine et les autres obtiennent justice. Les fausses déclarations qui entretiennent l’impunité policière sont intolérables, tout comme la communication immédiate souvent trompeuse des autorités ou les discours qui visent à relativiser ces décès. Mais aussi agir pour mettre fin à une telle épidémie d’homicides.
    C’est pourquoi la LDH réitère sa demande d’abrogation de cet article L.435-1, et d’une révision profonde des pratiques policières.
    Afin d’éviter la réitération de ces situations mortifères, incompatibles avec les principes d’un Etat de droit, il est essentiel et urgent de construire un cadre juridique qui soit à la fois clair pour la police et protecteur pour toutes et tous.
    Paris, le 28 juin 2023
    https://www.ldh-france.org/un-refus-dobtemperer-noctroie-pas-le-droit-de-tuer/

    A la suite du drame qui s’est produit mardi à Nanterre, il nous faut collectivement et impérativement poser un diagnostic déterminé sur le fonctionnement de nos forces de l’ordre
    https://regards.fr/lunite-de-la-gauche-et-de-la-republique-passe-par-une-attitude-de-fermete-absolue-a-legard-de-notre-police/

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