Chlordécone : vérité et réparations ! 

Manifestation samedi 28 octobre à Paris,
à 14 heures au kiosque de la Place de la Nation
en soutien aux mobilisations qui se dérouleront 
en Martinique du 22 au 28 octobre 2023

Le chlordécone, insecticide interdit depuis 1975 aux États-unis, n’a jamais été utilisé en France hexagonale mais a été utilisé aux Antilles au moins jusqu’en 1994 dans les plantations de bananes, et a empoisonné toute la population antillaise, qu’elle vive en Guadeloupe, en Martinique ou ailleurs du fait de déplacements forcés. 

Ce pesticide a aussi pollué les terres, et donc la production agricole, la mer, l’eau et, ce, pour plusieurs siècles ! 

A l’évidence, l’Etat français a laissé faire en soutenant explicitement le lobby des planteurs, rendant malades notamment trop de travailleuses et travailleurs alors que la dangerosité du chlordécone était établie depuis des dizaines d’années. Ce sont des familles entières qui ont été contaminées. Outre les maladies, nous déplorons et dénonçons un nombre important de décès. 

Suite à des dépôts de plaintes, le non-lieu rendu par la Cour d’appel de Paris début 2023 démontre une nouvelle fois les injustices et discriminations subies par le peuple antillais. Pour nos organisations, il s’agit bien d’un empoisonnement destructeur de biens et de ressources naturelles pour faire de la surproduction de bananes de manière attentatoire à la santé des populations ; une surproduction qui s’est faite au détriment de l’autosuffisance alimentaire. 

Au-delà de cette décision de justice qui exonère des responsabilités politiques de celles et ceux qui gouvernaient, elle ne veut surtout pas condamner les responsables de cet empoisonnement à grande échelle. 

C’est pourquoi les organisations syndicales, associatives et politiques des Antilles continuent de se mobiliser pour obtenir de véritables avancées et investissements pour réparer tous les dégâts sanitaires, humains, économiques et sociaux. 

Ainsi, du 22 au 28 octobre, plus de trente organisations syndicales, associatives et politiques de la Martinique organisent une semaine de mobilisations avec comme point d’orgue une grande manifestation le samedi 28. 

Les pouvoirs publics doivent réparer ces injustices par une reconnaissance d’exposition aux pesticides. Hier comme aujourd’hui, ces mêmes pouvoirs publics doivent assurer une agriculture saine et une eau potable pour toutes et tous vivant dans ces territoires ou y étant de passage. 

Nous condamnons, avec fermeté, cet empoisonnement à grande échelle de la population antillaise. Nous appelons à construire une mobilisation et un rapport de forces de haut niveau. Il s’agit, ensemble, d’obtenir la reconnaissance des responsabilités, la réparation des maux causés, le droit à la santé dans un environnement sain.

Premiers signataires : 

Liste syndicale 
Confédération Générale des Travailleurs (CGT) – L’Union syndicale Solidaires – Confédération Nationale des Travailleurs (CNT) – Fédération Syndicale Unitaire (FSU), Réseau Eco Syndicaliste (RES), Confédération Paysanne, Solidaires Guadeloupe, 

Liste associative 
Comité d’Organisation du 10 Mai (C-O10MAI) – LP-U (Ligue Panafricaine-Umoja) – MIR FRANCE (Mouvement International pour les Réparations), Mouvement des Jeunes Kanaks de France (MJKF) – Collectif Jistis pou Klodo – Coordination 75 des Sans-Papiers (CSP75) – de la Coalition Internationale des Sans-Papiers et Migrants (CISPM ) – Droits Ici Et Là-bas (DIEL) – Pour une Ecologie Populaire et Sociale (PEPS) – Collectif des Luttes Sociales et Environnementales (CLSE) – Collectif Vietnam-Dioxine (CVD) – Fondation Copernic – Association pour la Taxation des Transactions financières et pour l’Action Citoyenne (ATTAC) – Conseil Représentatif des Associations Noires (CRAN) – Observatoire Terre-Monde (OTM)… 

Liste médias : 
Radio Dôobôot et Radio Tanbou Manmay Lévé, FPP 106.3Fm,

https://www.fondation-copernic.org/chlordecone-verite-et-reparations/

En complément possible :
Chlordecone : ensemble, gagnons la bataille de la justice et des réparations
Lien pour lire le manifeste
https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2023/01/23/chlordecone-ensemble-gagnons-la-bataille-de-la-justice-et-des-reparations/
Chlordécone : Appel au peuple martiniquais à se mobiliser massivement contre le non-lieu
Scandale du chlordécone : Mediapart publie l’intégralité de la décision des juges
https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2022/12/04/chlordecone-appel-au-peuple-martiniquais-a-se-mobiliser-massivement-contre-le-non-lieu/
Crime du chlordécone : La lutte et le combat continuent aux Antilles !
https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2022/07/01/crime-du-chlordecone-la-lutte-et-le-combat-continuent-aux-antilles/
Communiqué unitaire de soutien à la mobilisation aux antillais-es du 28 mai 2022 empoisonnement au chlordécone : demande d’audience des ministres !
https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2022/05/28/communique-unitaire-de-soutien-a-la-mobilisation-aux-antillais-es-du-28-mai-2022-empoisonnement-au-chlordecone-demande-daudience-des-ministres/
Tropiques toxiques, le scandale
Pour une juste solution à l’empoisonnement de la population martiniquaise
https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2021/07/03/tropiques-toxiques-le-scandale/

Auteur : entreleslignesentrelesmots

notes de lecture

Une réflexion sur « Chlordécone : vérité et réparations !  »

  1. Chlordécone : intervention de Solidaires au rassemblement du 28 octobre 2023 à Paris
    L’Union syndicale Solidaires condamne fermement l’inaction des gouvernements précédents et de l’actuel face à la gestion scandaleuse de cette catastrophe sanitaire qu’est le chlordécone. Le gouvernement ne peut plus fermer les yeux. Il se doit de réagir et de prendre toutes les mesures nécessaires en commençant par répondre aux revendications et demandes de la population antillaise.

    Les coupables de cet empoisonnement doivent être condamné-es, qu’il s’agisse des pouvoirs publics mais aussi du lobby de la mono-culture de la banane coupable de pressions multiples pour proroger l’utilisation du Chlordécone, au moins jusqu’en 1993.

    En effet, le chlordécone est un pesticide coriace non biodégradable qui n’est pas près de disparaître. Considéré comme extrêmement nocif, ce pesticide n’a plus été utilisé aux États-Unis dès 1976. Il aura fallu attendre 1990 pour qu’il soit interdit dans l’Hexagone. Mais par dérogation ministérielle et sur pression des planteurs békés antillais, il a continué d’être utilisé en Guadeloupe et en Martinique 3 années supplémentaires.

    Ce pesticide a donc été utilisé sur les bananiers dans les Antilles françaises entre 1972 et 1993, au minimum 17 années de trop.


    Bien que le chlordécone ne soit plus utilisé depuis 1993, les antillaises et les antillais restent exposé-es et, ce, pour plusieurs siècles. Ce pesticide très nocif qui circule dans le sang provoque ainsi des maladies très graves comme des cancers et, de fait, occasionne des décès. Les surfaces agricoles, les sous-sols, les rivières et les mers côtières sont toujours pollués par le chlordécone et le seront encore durant des siècles si rien n’est fait. Les conséquences sur la santé de générations entières des Antilles sont bien réelles et ne peuvent plus perdurer.
    Les chiffres ont de quoi affoler ! Plus de 90 % de la population actuelle est toujours exposée aux contaminations contenues dans les sols et la mer aujourd’hui encore et ce pour des siècles. Cette inertie de la part des gouvernements successifs est inacceptable.

    Les Guadeloupéen-nes et les Martiniquais-es se battent depuis de nombreuses années pour que l’Etat mette fin à ce scandale sanitaire et reconnaisse son entière responsabilité. Aujourd’hui même, une très grande manifestation va avoir lieu en Martinique, manifestation qui ponctue une semaine de sensibilisation. D’où ce rassemblement à Paris de notre part, ville symbole du pouvoir !

    Des plaintes ont déjà été déposées en 2006 pour mise en danger de la vie d’autrui et empoisonnement. La population des Antilles attendait réparation des préjudices subis et qu’elle subit encore aujourd’hui et pour longtemps.

    Le 2 janvier 2023, deux juges d’instruction ont prononcé un non-lieu dans ce scandale sanitaire de l’insecticide. La population antillaise aurait dû être entendue et reconnue par la justice en tant que victime.

    Cette décision de non-lieu scandalise les victimes tout comme notre Union. Localement, le combat judiciaire continue et l’Union syndicales Solidaires soutient et soutiendra cette lutte.


    La justice doit dédommager toutes les victimes et condamner les coupables, à savoir les gouvernements successifs et les maîtres d’une économie de plantation, à caractère colonial. Des mesures concrètes doivent être prises pour que cesse cet interminable scandale sanitaire qui n’a que trop duré.

    Pour obtenir justice et réparation, tout comme aux Antilles, nos organisations syndicales, associations et collectifs ne lâcheront rien face à ce massacre sanitaire et environnemental ! Il faut maintenant prendre des décisions à la hauteur des problèmes, soit :
    * créer un fonds d’indemnisation mais qui soit ouvert à toutes les populations et cela pour tous les préjudices : de santé mais aussi tous les préjudices professionnels,
    * construire un réseau d’eau potable est une urgence vitale, le seul traitement de l’eau polluée par du charbon ne peut pas être une solution pour les siècles qui viennent… Par ailleurs, le niveau des fuites dans le réseau de la Guadeloupe justifie déjà une telle mesure !
    * lancer un programme visant à remplacer la terre en cas de besoin, en priorisant l’agriculture de production locale à destination des populations ultra-marines… Il est en effet temps de construire un autre modèle agricole pour aller vers l’autosuffisance alimentaire
    * organiser une coopération européenne voire mondiale dans le secteur de la recherche, car de nombreux pesticides proches de la Chlordécone ont aussi été utilisés dans certains pays. Cette demande date de 2009 et était soutenue par de nombreux parlementaires ; demande qui n’a jamais été suivie d’effets !
    Voici les principaux sujets qui nous paraissent prioritaires et que nous proposons à l’ensemble des acteurs sociaux.

    Tous ces sujets, et bien d’autres, pourraient être débattus dans une future Commission « Vérité et Réparations » et aussi inscrites dans un projet de loi, à même de fermer la porte à la menace d’une prescription.
    Nous aurons donc de nouveau rendez-vous très bientôt !

    https://solidaires.org/sinformer-et-agir/actualites-et-mobilisations/internationales/chlordecone-intervention-de-solidaires-au-rassemblement-du-28-octobre-2023-a-paris/

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