BRICS+ : Une perspective critique

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Avec l’aimable autorisation des Editions Syllepse

S’ils participent d’un rééquilibrage nécessaire des rapports de forces au niveau mondial, les BRICS+ sont loin de représenter une alternative salutaire pour les pays du Sud. Derrière une rhétorique de solidarité Sud-Sud, leur coopération renforce le modèle extractiviste et amplifie les asymétries. Au lieu d’adhérer à une lecture binaire des relations internationales, les forces progressistes devraient jeter les bases d’un nouvel internationalisme. Continuer à lire … « BRICS+ : Une perspective critique »

Amérique latine : poussées progressistes, réactions conservatrices 

Avec l’aimable autorisation des Editions Syllepse

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Plusieurs lames de fond économiques, sociopolitiques et culturelles traversent l’Amérique latine de part en part. Entre euphorie extractiviste et périodes de crise, virages à gauche ou à droite, velléités intégrationnistes et rivalités hégémoniques, le climat est à l’instabilité démocratique, à la violence, aux émigrations et même à la remilitarisation. Rébellions émancipatrices et mobilisations réactionnaires ajoutent aux tensions en cours. Continuer à lire … « Amérique latine : poussées progressistes, réactions conservatrices « 

Lutter contre l’impérialisme multipolaire

Avec l’aimable autorisation des Editions Syllepse

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Loin de favoriser les luttes populaires, le déclin de la puissance états-unienne et l’essor de multiples pôles sur la scène mondiale ne font que rebattre les cartes. Cette reconfiguration impériale s’accompagne d’un renforcement du rôle coercitif des États, au service de l’accumulation capitaliste. Les luttes anti-impérialistes doivent avoir un caractère pluraliste et anti-autoritaire.

Comme l’écrivait Samir Amin en 2006, « les défis auxquels est confrontée la construction d’un véritable monde multipolaire sont plus sérieux que ne le pensent de nombreux “altermondialistes” ». Dix-sept ans plus tard, l’appel lancé par l’économiste franco-égyptien aux nations les invitant à se « déconnecter » de l’ordre économique occidental semble plus que jamais ignoré par les élites politiques du Sud.

Au début de l’année 2022, dans un discours prononcé à Davos, Xi Jinping réaffirmait que « la Chine continuera à faire jouer au marché un rôle clé dans l’allocation des ressources », tout en « défendant le système commercial multilatéral avec l’Organisation mondiale du commerce en son centre ». Et les assauts de la Russie contre la Syrie et l’Ukraine, soutenus financièrement par ses pillages dans des régions comme le Soudan, nous rappellent que la montée de puissances nationales censées défier l’hégémonie nord-américaine ne garantit pas que les conditions seront plus favorables à la gauche internationale. Continuer à lire … « Lutter contre l’impérialisme multipolaire »

Palestine-Israël : Accumulation coloniale par dépossession

Avec l’aimable autorisation des Editions Syllepse

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La notion de colonialisme de peuplement offre un cadre permettant de mieux cerner les dynamiques qui ont présidé et président toujours à la construction de l’État d’Israël. Plutôt que de réduire le conflit au choc entre deux nationalismes, ethnies ou religions, elle invite à penser l’articulation entre mobilisations collectives et processus historiques, et peut servir de base aux stratégies de décolonisation. [1] Continuer à lire … « Palestine-Israël : Accumulation coloniale par dépossession »

Luttes anticoloniales : hier et aujourd’hui

Avec l’aimable autorisation des Editions Syllepse

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Objet d’instrumentalisations, soumis à une mémoire désaccordée, l’anticolonialisme connut son point d’incandescence au mitan du siècle dernier. S’il croise les théories décoloniales et anti-impérialistes, c’est à partir d’un autre ancrage dans l’histoire et dans l’espace social, qui invite à se décentrer de l’État-nation et du narratif identitaire. Son actualité tient à l’inachèvement de la décolonisation et à la pertinence des espoirs qu’il nourrit. Continuer à lire … « Luttes anticoloniales : hier et aujourd’hui »

Faire du propre ici avec du sale là-bas

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« Promesse d’un monde décarboné, la transition énergétique n’est ni juste ni durable. Matériellement intensive, elle repousse les frontières de l’extractivisme, déplace le coût du verdissement des économies riches sur les pays en développement et tend à reproduire un rapport de type colonial. Une juste transition devra corriger les asymétries Nord-Sud et questionner le productivisme et le consumérisme à l’origine des déséquilibres mondiaux. ». Dans son introduction, Gagnants et perdants de la course aux énergies « vertes » : une perspective Nord-Sud,
https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2023/06/19/gagnants-et-perdants-de-la-course-aux-energies-vertes-une-perspective-nord-sud/ publié avec l’aimable autorisation des Editions Syllepse, Laurent Delcourt souligne la face cachée de la « transition énergétique », l’envers du monde « décarboné », les conséquences de l’extractivisme des métaux dits rares, « Or, loin d’être aussi propre et vertueuse que le veulent ses prophètes, cette mise au vert des économies réclame, pour se déployer et pour rencontrer les objectifs qui lui sont assignés en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre, des quantités faramineuses, et bientôt exponentielles, de métaux dits « rares », « critiques » ou encore « stratégiques » » Continuer à lire … « Faire du propre ici avec du sale là-bas »

Gagnants et perdants de la course aux énergies « vertes » : une perspective Nord-Sud

Avec l’aimable autorisation des Editions Syllepse

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Promesse d’un monde décarboné, la transition énergétique n’est ni juste ni durable. Matériellement intensive, elle repousse les frontières de l’extractivisme, déplace le coût du verdissement des économies riches sur les pays en développement et tend à reproduire un rapport de type colonial. Une juste transition devra corriger les asymétries Nord-Sud et questionner le productivisme et le consumérisme à l’origine des déséquilibres mondiaux.

« Au quotidien, nous dépendons des métaux et des minéraux pour alimenter nos iPhones et acheminer notre électricité. Les technologies numériques nous donnent l’impression de vivre dans une économie éthérée, détachée du monde matériel. En fait, nous extrayons plus de minéraux qu’à aucun autre moment de notre histoire […]. En dépit des discours sur l’intelligence artificielle, les objets interconnectés et la prise de contrôle imminente par les robots, nos sociétés n’ont, à bien des égards, pas évolué par rapport aux pratiques du passé, lorsque la soif de pétrole a poussé les Européens à se partager le Moyen-Orient » (Sanderson, 2022). Continuer à lire … « Gagnants et perdants de la course aux énergies « vertes » : une perspective Nord-Sud »

Régimes de genre dans les politiques de migration et d’asile

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Dans son introduction Le genre à la croisée des migrations et du travail, https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2023/04/01/le-genre-a-la-croisee-des-migrations-et-du-travail/, publié avec l’aimable autorisation des Editions Syllepse, Aurélie Leroy interroge :
« 
Que fait le genre aux migrations ? Et en quoi les migrations agissent-elles sur le genre ? Ces questionnements ont rendu les femmes visibles parmi les migrants, révélé la dimension sexuée des flux migratoires et montré comme la division sexuelle du travail conditionne les possibilités d’emploi et de migration des femmes. Des opportunités existent, mais les normes de genre et les structures patriarcales demeurent résistantes aux changements ».

S’intéresser aux processus de différenciation et de hiérarchisation entre les sexes, implique de prendre en compte le genre, « Le genre divise, classe, hiérarchise l’humanité en deux moitiés inégales et interagit avec les catégories de classe, de « race », d’âge, de sexualité. Il structure les organisations collectives et les trajectoires individuelles, et génère des rapports de pouvoir complexes ». Les effets doivent être examinés à toutes les étapes de la migration (raisons de départ, types de circulation, division et/ou ségrégations des marchais du travail, gestion des frontières, politiques « migratoire et d’intégration », violences spécifiques, etc.) Continuer à lire … « Régimes de genre dans les politiques de migration et d’asile »

Le genre à la croisée des migrations et du travail

Avec l’aimable autorisation des Editions Syllepse

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Que fait le genre aux migrations ? Et en quoi les migrations agissent-elles sur le genre ? Ces questionnements ont rendu les femmes visibles parmi les migrants, révélé la dimension sexuée des flux migratoires et montré comme la division sexuelle du travail conditionne les possibilités d’emploi et de migration des femmes. Des opportunités existent, mais les normes de genre et les structures patriarcales demeurent résistantes aux changements.

Croiser les enjeux de genre et de migration est aujourd’hui une démarche courante dans le champ de la recherche. Non pas tant du fait que les femmes représentent presque la moitié des migrants internationaux, mais en raison de ce que fait le genre aux parcours migratoires, et inversement. Adopter l’approche genre signifie s’intéresser aux processus de différenciation et de hiérarchisation entre les sexes. Le genre divise, classe, hiérarchise l’humanité en deux moitiés inégales et interagit avec les catégories de classe, de « race », d’âge, de sexualité. Il structure les organisations collectives et les trajectoires individuelles, et génère des rapports de pouvoir complexes. C’est pourquoi il se déploie dans toutes les formes et à toutes les étapes de la migration, affectant différemment les hommes et les femmes dans les raisons d’un départ, dans les types de circulation, dans la ségrégation des marchés du travail, dans la gestion des frontières, dans les politiques migratoires et d’intégration, etc. Continuer à lire … « Le genre à la croisée des migrations et du travail »

Faire pencher l’équilibre institutionnel en faveur des victimes

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Dans son éditorial, editorial-de-frederic-thomas-multinationales-fin-de-limpunite/, publié avec l’aimable autorisation des Editions Syllepse, Frédéric Thomas discute des lois sur le « devoir de vigilance », du contrôle du respect des droits humains et environnementaux par les entreprises, de la fin de l’impunité, de l’asymétrie de pouvoir entre multinationales et organisations sociales.

L’auteur souligne, entre autres, la situation au Qatar (coupe du monde de football), l’imbrication des entreprises privées et des pouvoirs institutionnels, l’absence de définition du « droit » des multinationales, les piliers du devoir de vigilance : « le devoir des États de protéger les droits humains et de prévenir la violation de ces droits par des tiers ; la responsabilité des entreprises de respecter ces droits ; et la nécessité pour les personnes affectées par les activités des entreprises d’accéder à des mécanismes de réparation ». Continuer à lire … « Faire pencher l’équilibre institutionnel en faveur des victimes »

Colonisation israélienne, entreprises européennes, droits palestiniens

Avec l’aimable autorisation des Editions Syllepse

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La politique israélienne vis-à-vis du territoire et du peuple palestinien fait régulièrement l’objet de condamnations internationales. Cela n’empêche pourtant pas de nombreux États et entreprises, en particulier en Europe, d’entretenir des relations économiques étroites avec l’État d’Israël et ses colonies de peuplement illégales.

Depuis plus de septante-quatre ans de colonisation sioniste-israélienne de la Palestine, le peuple palestinien subit une Nakba continue, faite de dépossession, de fragmentation, de persécution et de nettoyage ethnique. La ségrégation, l’occupation militaire prolongée, l’apartheid, les violations systématiques et généralisées des droits humains, les crimes de guerre et les crimes contre l’humanité sont autant de manifestations clés du projet d’Israël, un État intrinsèquement militarisé qui pratique un colonialisme de peuplement. C’est ainsi que le peuple palestinien s’est vu refuser le droit à l’autodétermination qui englobe naturellement le droit au retour des réfugié·es palestinien·nes. Continuer à lire … « Colonisation israélienne, entreprises européennes, droits palestiniens »

Éditorial de Frédéric Thomas : Multinationales : fin de l’impunité ?

Avec l’aimable autorisation des Editions Syllepse

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Des lois sur le « devoir de vigilance » ont récemment été adoptées ou sont en cours de discussion. L’enjeu est de contrôler le respect des droits humains et environnementaux par les entreprises. Et d’en finir avec l’impunité. Les expectatives suscitées par ces initiatives – surtout au Nord – égalent les frustrations qu’elles risquent de soulever. Leur efficacité dépendra de leur capacité à corriger, voire à renverser l’asymétrie de pouvoir entre multinationales et organisations sociales.

À l’heure où j’écris ces lignes, se prépare, au Qatar, la coupe du monde de football. Celle-ci se jouera dans des stades climatisés, construits par des travailleur·euses migrant·es – dont plusieurs milliers sont morts au cours de ces constructions –, travaillant et vivant dans des conditions indignes, et sans droit d’association ni de créer des syndicats.

Cet événement – et les polémiques qu’il suscite – constitue un révélateur de la situation actuelle. Non seulement de la chaîne des responsabilités prises dans les rets de la globalisation et de l’imbrication des États et des entreprises à l’origine des violations des droits humains, mais aussi de la contestation croissante, au niveau mondial, de la prétendue irresponsabilité du marché, et, enfin, de la défaillance des mécanismes existants pour contraindre les acteurs publics et privés à répondre de leurs actes et de leurs conséquences. Continuer à lire … « Éditorial de Frédéric Thomas : Multinationales : fin de l’impunité ? »

Internet ne doit ni être obligatoire ni fonctionner 24 h sur 24

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« « Loin d’être « immatérielles », les technologies numériques ont un impact important et croissant sur l’environnement. Il faut des ressources naturelles pour les produire, de l’énergie pour les faire fonctionner, et les déchets électroniques constituent un problème croissant. Même en tenant compte des gains d’efficacité qui peuvent être tirés de ces technologies, il semble clair que ce qui est vrai pour la croissance économique, en général, l’est aussi pour la numérisation : on ne peut pas avoir une croissance infinie sur une planète finie. »

En introduction les auteurs et autrices discutent d’un point de vue progressiste sur les processus de numérisation, de durabilité et d’égalité alors que « nous sommes aujourd’hui confrontés à un processus de numérisation à la fois insoutenable sur le plan environnemental, et profondément inégalitaire sur le plan social », d’articulation de justice numérique et environnementale. Continuer à lire … « Internet ne doit ni être obligatoire ni fonctionner 24 h sur 24 »

La défense des droits des êtres humains contre « bon climat des affaires »

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« Longtemps critiquées, les conditions économiques libérales imposées par le FMI et la Banque mondiale aux pays en développement ont fait l’objet d’une série de révisions sur la forme et le fond, dans la foulée des crises. La réforme tant attendue de la doctrine économique sous-jacente s’avère cependant toute relative. Et la rhétorique de l’« appropriation » cache mal la poursuite d’une conditionnalité actualisant un rapport néocolonial entre pays. »

Dans son éditorial, Que devient la conditionnalité néolibérale ?, editorial-de-francois-polet-que-devient-la-conditionnalite-neoliberale/ publié avec l’aimable autorisation des Editions Syllepse, François Polet précise : « Les contributions rassemblées dans cette livraison d’Alternatives Sud s’intéressent à un aspect spécifique de ces situations de surendettement de pays pauvres et émergents : la « conditionnalité », soit les ajustements de politique économique exigés par les institutions financières internationales (IFI) – le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale en particulier – aux pays qui sollicitent leur aide ». Continuer à lire … « La défense des droits des êtres humains contre « bon climat des affaires » »

Éditorial de François Polet : Que devient la conditionnalité néolibérale ?

Avec l’aimable autorisation des Editions Syllepse

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Longtemps critiquées, les conditions économiques libérales imposées par le FMI et la Banque mondiale aux pays en développement ont fait l’objet d’une série de révisions sur la forme et le fond, dans la foulée des crises. La réforme tant attendue de la doctrine économique sous-jacente s’avère cependant toute relative. Et la rhétorique de l’« appropriation » cache mal la poursuite d’une conditionnalité actualisant un rapport néocolonial entre pays. Continuer à lire … « Éditorial de François Polet : Que devient la conditionnalité néolibérale ?« 

La santé malade du néolibéralisme et du colonialisme

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Dans son édito, Inégalités sanitaires, inegalites-sanitaires-alternatives-sud-panser-la-sante-mondiale/, publié avec l’aimable autorisation des Editions Syllepse, Cédric Leterme souligne les « déterminants sociaux, politiques et économiques » de la santé. Il parle des inégalités face au risque de maladie et des inégalités dans l’accès aux soins de santé. L’auteur discute de l’impact des conditions de vie, des maladies infectieuses, des maladies « de la pauvreté et du sous-développement », de la vulnérabilité face à l’apparition de nouvelles maladies infectieuses, des effets de la « restauration rapide mondialisée » ou de l’industrie du tabac, de la santé qui ne peut être définie uniquement « comme une absence de maladie », d’accès aux soins de santé, du manque d’infrastructures et de ressources sanitaires (dont le manque de personnel), des pénuries construites par les politiques néolibérales dans les pays du Nord et de leur compensation partielle par les migrations de personnels qualifiés sous payés, des inégalités institutionnelles et politiques, de la mobilisation croissante des technologies numériques… Continuer à lire … « La santé malade du néolibéralisme et du colonialisme »

L’élevage industriel sous l’emprise des pandémies en série

Avec l’aimable autorisation des Editions Syllepse

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Les multinationales de la viande industrielle créent les conditions de pandémies, telle celle de la peste porcine qui a entraîné la mort de millions de porcs, et d’autres maladies qui peuvent se propager aux humains. Or, les solutions préconisées pour y faire face pénalisent les petites exploitations et permettent aux grandes entreprises de tirer profit de ces crises sanitaires et de renforcer leur contrôle sur l’approvisionnement mondial en viande. Continuer à lire … « L’élevage industriel sous l’emprise des pandémies en série »

Inégalités sanitaires (Alternatives Sud : Panser la santé mondiale)

Avec l’aimable autorisation des Editions Syllepse

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Malgré des progrès indéniables, l’accès universel à la santé est encore loin d’être une réalité pour les pays et les catégories de population les plus pauvres de la planète. En cause, un manque évident de personnel et de moyens sanitaires, mais aussi une vision trop souvent « humanitaire » de la santé qui en ignore les déterminants sociaux, politiques et économiques. Continuer à lire … « Inégalités sanitaires (Alternatives Sud : Panser la santé mondiale) »

Migrer comme stratégie de survie et acte d’amour

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« Deux constats criants. D’une part, l’absence de démocratisation des sociétés centro-américaines – et l’insécurité physique, sociale, environnementale ou politique qui en résulte – comme ressort premier de la nécessité de fuir la région. D’autre part, les conditions de la migration elle-même – entre politiques migratoires inhumaines et criminalité endémique – comme atteinte systémique à l’intégrité des personnes et au droit à la mobilité ». Dans son éditorial, editorial-de-bernard-duterme-fuir-lamerique-centrale, publié avec l’aimable autorisation des éditions Syllepse, Bernard Duterme souligne que « L’espoir ou l’obligation de fuir son pays natal y sont devenus aussi familiers que la violence – physique, sociale, économique, politique, climatique… – qui mine la région ».

L’éditorialiste aborde, entre autres, l’histoire des migrations, « qui renvoie à celle, structurellement injuste, de la formation de ces sociétés périphériques, de ces terres d’exploitation qui ont elles-mêmes longtemps, très longtemps été explorées, colonisées, négociées, dépossédées, touristifiées…, bien avant que ses propres habitants et habitantes n’entrevoient la possibilité de s’en échapper », les interventions des Etats-Unis pour faire et défaire les gouvernements, le marché de la banane et du café, l’United Fruit Company (UFC), les guérillas révolutionnaires, les militaires et les paramilitaires « se rendant coupables de la mort de plus de 90% des centaines de milliers de victimes humaines, surtout civiles (et mayas au Guatemala ; massacres qualifiés d’« acte de génocide » par l’ONU), ainsi que du déplacement interne et externe de millions de Centro-Américain·es », la non-application des accords de paix, le double « processus de libéralisation politique et économique », la démocratisation « formelle, superficielle, électorale », l’extractivisme, « On n’a jamais autant creusé dans les sous-sols latinos et exporté vers les pays riches que ces vingt dernières années » et la reprimarisation de l’économie, les pouvoirs néopatrimonialistes et les collusions mafieuses, la faible industrialisation et les « zones franches » (maquiladoras), l’évolution des niveaux de vie et d’accès à l’éducation, la concentration des patrimoines, la culture dominante « d’un machisme et d’un sexisme dévastateurs », les lois anti-avortement, la logique de « prédation capitaliste »… Continuer à lire … « Migrer comme stratégie de survie et acte d’amour »

Éditorial de Bernard Duterme : Fuir l’Amérique centrale

Avec l’aimable autorisation des éditions Syllepse

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Deux constats criants. D’une part, l’absence de démocratisation des sociétés centro-américaines – et l’insécurité physique, sociale, environnementale ou politique qui en résulte – comme ressort premier de la nécessité de fuir la région. D’autre part, les conditions de la migration elle-même – entre politiques migratoires inhumaines et criminalité endémique – comme atteinte systémique à l’intégrité des personnes et au droit à la mobilité.Amérique centrale, terre d’émigration ? La forte mobilité centrifuge des ressortissant·es de l’isthme centro-américain à l’œuvre depuis plus d’un demi-siècle l’atteste à l’envi. L’espoir ou l’obligation de fuir son pays natal y sont devenus aussi familiers que la violence – physique, sociale, économique, politique, climatique… – qui mine la région. Entre 10 et 25% des populations nationales déjà ne vivent plus chez elles. Et des centaines de milliers d’émigrant·es supplémentaires – dont de plus en plus de femmes et d’enfants – tentent leur chance chaque année. Pour, à l’arrivée aux États-Unis ou ailleurs, aider financièrement leur famille restée à domicile, à hauteur d’un huitième à un quart du PIB de leur contrée d’origine.

En Amérique centrale, la migration est consubstantielle à la vie de millions de personnes, c’est un fait. Mais cette migration a une histoire qui renvoie à celle, structurellement injuste, de la formation de ces sociétés périphériques, de ces terres d’exploitation qui ont elles-mêmes longtemps, très longtemps été explorées, colonisées, négociées, dépossédées, touristifiées…, bien avant que ses propres habitants et habitantes n’entrevoient la possibilité de s’en échapper. Comme si, au final, une émigration par le bas, de « gens de peu », venait contrebalancer une immigration par le haut, séculaire celle-là, de nobles et de bourgeois venus nourrir les rangs des oligarchies locales. Continuer à lire … « Éditorial de Bernard Duterme : Fuir l’Amérique centrale »