Des nouvelles du PEROU // Octobre 2016

Nous connaissons très précisément la violence des expulsions, les impasses qu’elles dessinent, la peur panique qui les anime, la misère des politiques publiques dont elles relèvent, la déraison dont elles témoignent. Nous ne mesurerons sans doute pas encore la brutalité des prétendues « solutions d’humanité » qui s’inventent en réaction. Leur programme, en cette année électorale, se déroule désormais à ciel ouvert : il est annoncé à Paris comme à Grande-Synthe que l’hospitalité au 21e siècle s’administrera, que l’encampement sera sa norme ; il est attesté que l’architecte engagé se fera designer de camps, expert en « innovations modulaires », producteur d’espaces anti-urbains mais prétendument « dignes » parce que sanitaires et conviviaux, promoteur de dystopies frappées d’incontestabilité morale ; il est rabâché que nous devons « faire un effort » et « prendre notre part », faisant se répéter jusqu’à la nausée la pauvre fable selon laquelle ces gens là s’avèrent une lourde et abstraite charge pour la collectivité, elle-même déjà asphyxiée ; il est narré que si nous n’imaginons rien d’extraordinaire, c’est parce qu’il y a urgence, comme si demain était prévu un retour à la normale, de type siècle passé. Toujours, il s’agit de traiter une foule de corps en trop : au moyen, d’un côté, d’opérations militaires d’évacuation et de neutralisation du territoire ; à la force, de l’autre, du déploiement massif de niches abstraites à la propreté clinique.

Jamais nous ne considérons ces femmes, ces hommes, ces enfants comme des citoyens en plus, comme de précieux co-habitants. Jamais nous ne prêtons attention aux relations fragiles mais cruciales qu’ils ont tissées avec les riverains que nous sommes, à la puissance de nos désirs partagés de vivre ensemble, d’abord parce qu’il ne peut en être autrement. Jamais nous n’envisageons cultiver les constructions infimes peut-être, mais vivantes assurément, qu’ici mêmes, sur les trottoirs de Paris ou dans la Jungles de Calais, une multitude de nous-autres ont risquées. Jamais nous ne voyons là, avec joie, frémir des mondes à venir. 

Alors poursuivons-nous en cette rentrée universitaire au PEROU notre travail systématique et appliqué de consigne de ce qui s’invente, s’affirme, se construit tout contre les aveuglements qui gouvernent, tout contre les gouvernements sans vision qui prévalent. Alors, nous avançons-nous cette année toujours plus convaincus de la nécessité comme de la possibilité de ne pas laisser se défaire ce que nous avons en commun. Alors nous vous invitons à :

– Découvrir le mardi 4 octobre à 18h30 à la Cité de l’Architecture et du Patrimoine « L’Atlas d’une cité potentielle », fruit des recherches développées avec huit écoles et huit photographes, et prendre acte de la relance de l’appel à idées « Réinventer Calais » qu’avec l’Ecole des Arts Politiques / Sciences Po Paris, nous entendons faire retentir les mois à venir. (S’inscrire ici)

– Inaugurer le mercredi 5 octobre à 17h au Château Royal de Blois l’exposition « Partir » co-programmée par le FRAC Centre-Val de Loire et le CAUE 41 au sein de laquelle le PEROU propose l’installation « Tout doit disparaître », en collaboration avec l’atelier de design agrafmobile / Malte Martin et la chorégraphe Lucie Eidenbenz (Voir le communiqué de presse ici)

– Soutenir le 12 octobre à 17h au Salon Project City à Lille Grand Palais la candidature du PEROU aux 5e Beffrois de la création, et en particulier le projet « Réinventer Calais » nominé dans la catégorie « Futurs imaginés ». (Voir le programme ici)

– Lire le 20 octobre le numéro 64 de l’excellente revue Multitudes, tout nouvel opus dont la majeure est titrée « Migrants / Habitants : urbanités en construction », et au sein duquel est faite large place au PEROU. (voir le site Multitudes ici)

– Accompagner le 20 octobre à Calais le workshop organisé par le département architecture du Sandberg Institute d’Amsterdam (voir le site de l’école ici)

– Participer du 24 octobre au 4 novembre au « Comité d’accueil », action programmée par le Consulat du PEROU chez les Grands Voisins à Paris à l’occasion de l’immense workshop organisé par les étudiants des écoles d’art de toute la France, et à faire entendre par là-même que des Consulats du PEROU vont s’installer dans les écoles d’art de France et de Navarre comme autant de lieux de résistance aux récits du désastre, comme autant de laboratoires d’observation et d’expérimentation sur les actes, formes, gestes, espaces d’hospitalité, comme autant de postes avancés sur ce qui s’invente, se construit, s’affirme en relation avec les innombrables indésirables placés et déplacés. (voir le programme de « Comité d’accueil » ici)

– Enregistrer le mardi 25 octobre le Discours que n’a pas tenu la Maire de Calais au VIVAT, scène conventionnée d’Armentières, à l’occasion des journées « Occupaï VIVAT » (L’étrange est bienvenu), et déclencher ainsi une action d’enregistrement sans fin et de proche en proche d’un discours que, mécaniquement, la Maire de Calais finira par prononcer (Voir le programme ici, et relire le discours que n’a pas tenu la Maire de Calais ici et écouter le premier enregistrement réalisé par Juliette Binoche ici)

– Vous abonner dès maintenant sur notre page facebook (ici) si vous souhaitez en savoir davantage, ou nous demander par simple retour de mail de vous désinscrire de cette lettre mensuelle si vous souhaitez en savoir moins.

A bientôt, ici ou là.

PEROU 

Pôle d’Exploration des Ressources Urbaines

Site Internet / facebook / « Réinventer Calais »

contact@perou-paris.org

En complément possible :

Considérant Calais : considerant-calais/ 

Considérant qu’il est plausible que de tels événements puissent à nouveau survenir : considerant-quil-est-plausible-que-de-tels-evenements-puissent-a-nouveau-survenir/

Auteur : entreleslignesentrelesmots

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