Massacre de Naplouse, colonisation, annexion… La Belgique doit agir !

Le 3 janvier 2023, quelques jours après l’investiture du gouvernement israélien le plus extrémiste de l’histoire du pays, l’Association belgo-palestinienne appelait à sanctionner ce dernier afin de stopper son programme raciste, ultra-colonialiste et annexionniste publiquement assumé. « Ce mépris ostensible d’Israël pour le droit international et ses obligations envers les Palestiniens est la conséquence logique de décennies d’impunité », ajoutions-nous, en déplorant le peu de réactions de la communauté internationale devant la feuille de route criminelle du Premier ministre Benjamin Netanyahou. 

Près de deux mois plus tard, il apparaît que les mêmes causes produisent les mêmes effets. En violation flagrante de ses obligations internationales encore récemment rappelées par le Secrétaire général de l’ONU, Israël a annoncé le 12 février la légalisation de 9 colonies illégales au regard de son propre droit national et, le 23 février, la création de 7000 unités de logements supplémentaires, soit plus que durant les deux années précédentes cumulées. Celles-ci seront construites dans la Zone dite E1, avec pour effet d’empêcher toute contigüité de la Cisjordanie et de rendre encore plus illusoire une solution à deux Etats.

Ce 23 février, le suprémaciste Bezalel Smotrich, en charge de l’administration civile en territoire occupé, s’est vu octroyé de nouveaux pouvoirs, faisant de lui le gouverneur de facto de ce dernier, ce qui devrait conduire à une accélération dramatique de l’annexion de facto de la Cisjordanie.

Les colons violents, adeptes du sionisme messianique religieux, galvanisés par leurs puissants relais gouvernementaux, multiplient quant à eux, et en toute impunité, les assauts contre des civils désarmés. Ces attaques ont notamment coûté la vie au jeune Muthkal Suleiman Abdul Halim Ryan, 27 ans, abattu le 11 février dernier d’une balle dans la tête dans le village de Qarwa Bani Hassan. Ce dimanche 27 février, des colons ont lancé une opération punitive suite à une fusillade ayant coûté la vie à deux d’entre eux dans la ville palestinienne de Huwara. S’attaquant indistinctement à des civils, ils ont incendiés maisons, voitures et ambulances. Le croissant rouge annonce la mort d’un homme de 37 ans, Sameh Hamdallah Mahmoud Aqtash,et 98 blessés. 

Le bilan humain de la répression en Cisjordanie est tout aussi dramatique, avec plus de 60 Palestiniens tués depuis le 1e janvier. En plus de commettre des meurtres à un rythme quasi-quotidien, l’armée d’occupation a lancé les deux opérations les plus sanglantes depuis la seconde Intifada, à Jénine le 26 janvier et à Naplouse le 22 février. La première a fait 9 morts et au moins 20 blessés. La seconde 11 morts, de 14 à 72 ans, et une centaine de blessés, dont de nombreux par balles alors qu’ils fuyaient les affrontements. 

Dimanche 19 février, l’Autorité palestinienne acceptait, sous la pression américaine, de retirer sa demande adressée au Conseil de sécurité de l’ONU de condamner la colonisation. Israël s’était engagé en contrepartie à ne pas autoriser de nouvelles constructions dans les colonies et à réduire les incursions dans les grandes villes palestiniennes. L’annonce quelques jours plus tard du plan massif de constructions dans les colonies et le massacre de Naplouse montrent qu’entre le respect des accords et la poursuite de son agenda anti-palestinien, Israël n’hésite jamais longtemps. 

« Ce macabre bilan d’étape de ce gouvernement montre que toutes tentatives de le ménager pour rendre le régime colonial d’apartheid israélien plus supportable pour les Palestiniens ont non seulement échoué, mais sont contre-productives », déclare le Président de l’Association belgo-palestinienne Pierre Galand. La Belgique doit dès lors rappeler d’urgence son ambassadeur à Tel Aviv pour consultation et convoquer l’ambassadeur israélien à Bruxelles. Il lui incombe également, en accord avec les pays européens qui partagent son attachement aux droits humains et au droit international, en Palestine comme ailleurs, de mettre en place des mesures de rétorsion contre ce gouvernement qui, sans la moindre entrave, continuera à alimenter la violence.

https://www.association-belgo-palestinienne.be/massacre-de-de-naplouse-colonisation-annexion-la-belgique-doit-agir/

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« L’armée israélienne lance des grenades étourdissantes sur des militant·e·s de gauche en “visite de solidarité” à Huwara »

Vendredi 3 mars, l’armée israélienne a lancé des grenades étourdissantes sur des centaines de militant·e·s de gauche qui participaient à une visite de solidarité à Huwara, au lendemain de l’attaque meurtrière des colons dans la ville dimanche.

Des officiers de l’armée avaient auparavant rencontré des représentants des groupes de gauche « Standing Together » et « Looking the Occupation in the Eyes » pour les informer qu’ils ne seraient pas autorisés à se rendre dans la ville de Huwara, en Cisjordanie, pour leur visite de solidarité, bien que celle-ci ait été coordonnée avec le conseil municipal de la ville et les résidents locaux.

Environ 500 militants se sont dirigés vers Huwara malgré la décision. Les IDF ont arrêté le bus en route vers la ville du nord de la Cisjordanie, déclarant la région « zone militaire fermée », un arrêté provisoire qui permet légalement aux militaires de refuser l’entrée aux civils. Selon cet arrêté, seuls les bus privés pouvaient être arrêtés, ce qui a conduit les manifestant·e·s à continuer à pied vers Huwara.

Au cours de leur marche vers Huwara, les manifestant·e·s ont brandi des banderoles aux cris de « Où étiez-vous lorsque le [saccage] de Hawara s’est produit ? » et « Mettez fin à l’occupation ». Les Palestiniens ont fait retentir le klaxon de leurs voitures en signe de solidarité et fait des signes de paix avec leurs mains.

Un cousin de Sameh Aqtash, 37 ans, qui, selon le récit de sa famille, a été tué par les soldats de l’armée israélienne alors qu’il défendait sa maison pendant les « événements » de la nuit du 26 au 27 février, s’est approché des manifestant·e·s et a déclaré : « Ces personnes sont le signe qu’il y a des gens qui se rangent à nos côtés. »

Un manifestant a déclaré à Haaretz que « les soldats [des IDF] nous ont informés que nous n’étions pas autorisés à passer. J’ai demandé à voir l’ordre officiel [de fermeture d’une zone militaire]. Comme ils ne me l’ont pas présenté, j’ai décidé de prendre un autre chemin. » « Un soldat a alors foncé vers moi », a-t-il poursuivi, « me donnant des coups de pied et me frappant au visage. J’ai été jeté au sol et 3 ou 4 autres soldats ont sauté sur moi. J’ai mal aux côtes et mes mains sont blessées. L’un des soldats m’a menacé et a dit : “Maintenant que tu es menotté, tu n’es plus aussi futé. Je vais m’occuper de toi.” Je n’ai été libérée qu’après qu’une femme palestinienne a dit qu’elle ne partirait pas sans que je sois également libérée. Un commandant de la police des frontières israélienne est arrivé et m’a laissé partir. »

Zvi Sukkot, actuel député du Parti sioniste religieux [qui dispose de 6 élus à la Knesset], était présent sur les lieux près de Huwara et a interpellé les manifestant·e·s. Zvi Sukkot est l’ancien directeur exécutif du parti d’extrême droite Oztma Yehudit (Force juive) et l’un des fondateurs de l’avant-poste [proto-colonie bâtie en mai 2021] d’Evyatar, formellement non autorisé [il est situé dans la zone rurale palestinienne, près de Beita, au sud-est de Naplouse]

Alors que les accrochages s’intensifiaient, les forces israéliennes ont fini par lancer des grenades étourdissantes sur les manifestant·e·s, parmi lesquels des hommes âgés. « Il est ridicule que l’armée autorise les colons à entrer dans Huwara au moment où nous parlons, mais que nous – Juifs et Arabes israéliens qui souhaitons montrer notre solidarité – nous nous entendions dire qu’il n’y a pas d’entrée », a déclaré Standing Together, tôt vendredi matin 3 mars. « Quand [le ministre des Finances Bezalel] Smotrich dit “Huwara doit être rasé”, cela devient un ordre opérationnel, et en tant que tel, lui et d’autres ministres sont responsables du crime. »

Dimanche, des centaines de colons israéliens ont saccagé la ville palestinienne dans la nuit du 26 au 27 février, attaquant les résidents tout en incendiant des maisons et des voitures. Des témoins affirment que l’armée n’a pas fait grand-chose pour intervenir dans ce déchaînement de colons qui a blessé 98 Palestiniens et Palestiniennes.

Des dizaines de jeunes Juifs, dont beaucoup étaient masqués, se sont rassemblés à Huwara le lendemain matin, contrôlant les véhicules à la recherche de Palestiniens, alors même que des soldats israéliens se tenaient à proximité. Près d’une semaine après cette agression de la population d’Huwara, les colons sont toujours autorisés à entrer dans la ville.

Mercredi 1er mars, le ministre israélien des Finances, Bezalel Smotrich, a appelé à la destruction d Huwara, quelques jours seulement après l’attaque. « Le village de Huwara doit être rasé. Je pense que c’est à l’Etat d’Israël de le faire – et non, Dieu nous en préserve, à des simples particuliers », a déclaré Bezalel Smotrich lorsqu’on lui a demandé pourquoi il avait « liked » un tweet du vice-président du conseil régional de Samarie, Davidi Ben Zion, qui appelait à la « destruction de Huwara dès aujourd’hui ».

Dans un entretien radiophonique lundi, le député d’extrême droite Tzvika Foghel [militaire haut placé dans l’armée de réserve et membre de Force juive] a également exprimé son soutien à l’agression contre Huwara, affirmant que « la dissuasion obtenue hier à la suite de ces prétendus pogroms n’avait pas été atteinte en Cisjordanie depuis l’opération Bouclier défensif », menée par l’armée en 2002 pendant la deuxième Intifada. « Huwara a été brûlée et mise hors service. C’est ce que je veux voir », a déclaré Tzvika Foghel [1].

Vendredi, le ministère égyptien des Affaires étrangères a publié une déclaration qui condamne sévèrement les appels de Bezalel Smotrich. « Il s’agit d’une incitation dangereuse qui ne peut être acceptée et qui s’oppose à toutes les valeurs et les lois », indique le communiqué [2]. « Elle exprime un manque de responsabilité qui devrait caractériser toute personne qui occupe une position officielle. » 

[1] Ce 5 mars, selon le groupe des droits de l’Homme Yesh Din (Volontaires pour les droits de l’Homme), des membres du « mouvement pro-implantation », masqués, ont jeté des pierres sur des habitations palestiniennes du village de Burin, à proximité de Naplouse, et déraciné des jeunes oliviers et endommagé des oliviers plantés à proximité de la localité. Les soldats sont restés en spectateurs, puis sont intervenus contre les manifestant·e·s palestiniens. Des nouvelles attaques contre Huwara sont indiquées par The Times of Israël du 5 mars. (Réd. A l’Encontre)
[2] Un ministre du régime dictatorial d’Abdel Fattah al-Sissi semble particulièrement bien placé pour faire référence aux «valeurs» et aux «lois»; cela sans même prendre en compte la politique concrète du régime égyptien face à la population palestinienne de Cisjordanie et de Gaza. (Réd. A l’Encontre)

Hagar Shezaf et Jack Khoury
Article publié dans les colonnes du quotidien Haaretz, le 3 mars 2023 ; traduction par la rédaction de A l’Encontre
http://alencontre.org/moyenorient/palestine/israel-palestine-larmee-israelienne-lance-des-grenades-etourdissantes-sur-des-militant·e·s-de-gauche-en-visite-de-solidarite-a-huwara.html

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Emmanuel Macron couvre les fascistes en Israël

Que faut-il de plus ? En Israël s’est installée au pouvoir une coalition qui comporte des ministres que dans n’importe quel autre pays on qualifierait de fascistes. Certains d’entre eux ont été définis comme néonazis par Daniel Blatman, professeur à l’Institut des études juives contemporaines à l’Université hébraïque et spécialiste de la Shoah. Tous professent une idéologie suprémaciste juive, convaincus que les droits d’un Israélien juif autorisent à enterrer ceux des Palestiniens.
Lire l’éditorial d’Alain Gresh : https://orientxxi.info/magazine/emmanuel-macron-couvre-les-fascistes-en-israel,6270


En complément possible
Pogrom et résistance
Orly Noy : Il s’agit bien d’un pogrom
Se mobiliser pour soutenir le peuple palestinien. Contre les attaques des colons et de l’armée israélienne 
L’inaction de la France doit cesser. Pour la protection du peuple palestinien
https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2023/03/01/pogrom-et-resistance/
Yuval Abraham : « Une famille palestinienne raconte l’horrible nuit du pogrom de Huwara. Une mécanique bien rodée »
Solidaires : En Palestine, 2023 s’ouvre sous le signe de la barbarie
Gideon Levy : Le pogrom de Hawara perpétré par les colons israéliens était un avant-goût de Sabra et Chatila 2
https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2023/03/04/une-famille-palestinienne-raconte-lhorrible-nuit-du-pogrom-de-huwara-une-mecanique-bien-rodee/

Auteur : entreleslignesentrelesmots

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