Interview de Paula Dumont par Francine Sporenda
Paula Dumont, Docteure ès-Lettres, a été professeure de Lettres. Elle est l’autrice de l’une des rares autobiographies de lesbiennes, « Mauvais genre » et « La Vie dure ». Elle a également publié « Lettre à une amie hétéro, propos sur l’homophobie ordinaire », un essai philosophique « Le Règne des femmes », un essai littéraire « Les convictions de Colette », un recueil de textes brefs « Contes et nouvelles lesbiennes », un roman « Les premiers pas », « Portée disparue, aller simple pour Alzheimer » et « Autobiographie, féminisme, homosexualité, écriture, milieu social, profession ». Enfin, dans « Entre femmes », elle a consacré quatre volumes à la recension de mille œuvres lesbiennes qu’elle a résumées et commentées. Féministe, elle milite pour l’égalité des droits des LGBT.
FS : Vous êtes lesbienne exclusive et vous dites avoir écrit votre livre « Mauvais genre » pour comprendre comment votre sexualité s’est construite. En même temps, vous dites avoir toujours été attirée par les femmes. N’y a-t-il pas contradiction ? Certains homosexuels prétendent que l’homosexualité est innée, qu’en pensez-vous (un de mes étudiants américains, Chandler Burr, a écrit un livre soutenant cette thèse) ?
PD : Je dois tout d’abord vous dire que, si « Mauvais Genre » est le premier volume que j’ai publié, je l’ai écrit des années après « Les premiers pas » et « La vie dure » : j’avais rédigé le premier à trente ans et le second une quinzaine d’années plus tard. Autant il m’avait été facile de raconter longuement les débuts chaotiques de ma vie sentimentale, autant je répugnais à réfléchir sur mon enfance et mon adolescence tant ces souvenirs m’étaient douloureux. Encouragée par des amies, j’ai fini par y parvenir au moment où j’ai pris ma retraite, à soixante ans, l’euphorie dans laquelle j’ai vécu ma liberté retrouvée m’ayant facilité la tâche. Continuer à lire … « On ne nait pas lesbienne, on le devient : LA CONSTRUCTION D’UNE SEXUALITE »