La honte

 

Corée du Sud, Allemagne, Brésil, Guatemala… nombreux sont les pays où la corruption a un prix. Tou-te-s ont été soupçonné-e-s de malversation : Park Geun-hye, Christian Wulff, Dilma Rousseff, Otto Pérez, respectivement président-e de la République de Corée du Sud, d’Allemagne, du Brésil, du Guatemala, démissionnent après quelques années d’exercice du pouvoir. En Roumanie, la guerre des citoyens contre la corruption est déclarée et est devenue une ligne de conduite dans les affaires politiques. Au Nigeria, des tentatives du même type voient le jour. Il y a bien évidemment des réfractaires : Jacob Zuma en Afrique du Sud, Teodoro Obiang en Guinée Équatoriale, Alpha Condé en Guinée, Omar Al Bashir au Soudan, Robert Mugabe au Zimbabwe, Paul Biya au Cameroun, et ceux qui les ont précédés, qui restent impunis.

En France, l’impunité prend ses marques avant les élections présidentielles, et pendant la campagne, au point qu’elle se revendique. On décèle de la part des candidats poursuivis par la justice un mépris doublé d’un cynisme, qui révèlent la vulgarité de ces personnages. Les citoyens au dessus de tout soupçon qu’ils sont narguent les justiciers dans un jeu schizophrène pour mieux valoriser leur personne. Plus ils vont nier l’appareil judiciaire, plus ils vont en faire la Une des journaux, plus leur conquête du pouvoir sera jouissive. Aboutie. Plus ils vont braquer les caméras sur eux, plus leur mégalomanie va s’enrichir et nourrir leur soif d’une oligarchie où les dominés, eux, n’ont aucun droit. Leur but : démontrer leur impunité, leur virginité, et fustiger les « élites », le « système », les « apparatchiks », les « pourris ». Cette obscénité à l’égard de la justice se reflète dans leurs programmes. La France qu’ils imaginent est de droite, bien droite, non humaniste, non progressiste, inégalitaire, nationaliste, xénophobe, raciste, classiste, sexiste. Pas de place pour l’égalité, la justice, ni même pour l’entre-deux.

D’ailleurs, ces élections de 2017 sont exemplaires. Depuis 1965, première élection présidentielle au suffrage universel, on n’aura jamais compté autant de candidats de droite ou d’extrême-droite et si peu de gauche. Autant dire que les cartes sont jouées. La droitisation de la société française et avec elle la dépolitisation des principaux sujets de lutte – le travail, l’éducation, la santé, la fiscalité, le racisme versus insécurité, le respect des droits, en particulier pour les femmes, sans compter la solidarité internationale –, se confirment. La maîtrise de son outil de travail, la répartition égale des richesses, l’accès égal aux soins pour tous, la paix, le démantèlement des complexes militaro-industriels, la traque aux théories et pratiques fascistes, l’abandon du patriarcat –, sont désormais des fossiles qu’on ira peut-être observer, plus tard, dans des réserves déclarées protégées.

J’ai honte.

Joelle Palmieri, 16 mars 2017

https://joellepalmieri.wordpress.com/2017/03/16/la-honte/

 

Auteur : entreleslignesentrelesmots

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