Sur l’omerta – La maltraitance des bébés-champions n’existe pas puisqu’on ne la voit pas. Le harcèlement sexuel non plus.

On parle aujourd’hui de l’omerta dans le cinéma. Dans le champ social qu’est le sport, le mariage d’amour et d’intérêt du mouvement sportif, de la presse et des élus, réduit au silence tout discours dit critique. La simple demande de référendum sur les Jeux de 2024 n’a pas été relayée. La brève réflexion ci-dessous appuyée sur les travaux de médecins ne nous a valu aucune réaction ! Les thèses sur le coût de la pratique sportive pour la Sécurité sociale, et de la casse physique et mentale des jeunes et moins jeunes sont ignorées. Seule, la gymnaste Elodie Lussac aujourd’hui docteure en médecine a osé briser le silence après avoir été soumise à concourir par ses maîtres dirigeants avec les conséquences que l’on sait (fracture, six mois de corset et fin de carrière). Le harcèlement sexuel dans le sport reste lui aussi ignoré.

Michel Caillat

Professeur à Orléans

06 82 57 55 73

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Le sport n’est pas un jeu neutre, anodin et innocent.

Nous voulons lancer le débat, faire réfléchir sur le sport entendu comme fait social dominant qui mobilise des millions de personnes. Les Jeux de Paris 2024 semblent étouffer plus que jamais tout échange qui ne vanterait pas le prétendu idéal olympique.

Nous affirmons qu’on peut faire de l’activité physique indispensable sans faire de sport dont la définition est volontairement oubliée par qui cherche à entretenir la confusion pour ne pas dialoguer.

Nous montrons que le sport n’est pas un jeu mais une pratique motrice, codifiée, institutionnalisée et compétitive. Le jeu est liberté, droit de jouer et de s’arrêter de jouer à tout moment. Faire des heures et des heures d’entraînement pour gagner un titre ou remporter une médaille n’est pas un jeu. Ni pour les adultes ni bien sûr pour les enfants.

Nous attirons l’attention aujourd’hui sur un aspect occulté du sport dit de compétition : la « maltraitance des enfants » selon les mots de nombreux médecins.

Pour le CACS (Centre d’analyse critique du sport)

Michel Caillat

Auteur de « Sport : l’imposture absolue », Paris, 2014, et de divers ouvrages de sociologie du sport

lecacs@live.fr

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« Pousser à devenir des superstars sportives pourrait intégrer le procédé dans le syndrome des enfants maltraités »

Académie nationale de médecine – 1983

La catastrophe ne se voit pas, on n’en parle pas donc elle n’existe pas

AUCUNE MEDAILLE NE VAUT LA SANTE D’UN ENFANT

1983 – Rapport accablant de l’Académie nationale de médecine sur l’entraînement intensif et précoce. Trente quatre ans déjà et rien de changé (si ce n’est une aggravation certaine).

1987 – Publication du livre de Jacques Personne « Aucune médaille ne vaut la santé d’un enfant ».

1994 – La gymnaste Elodie Lussac, championne de France, est sacrifiée définitivement en obéissant sous la contrainte aux ordres des dirigeants et entraîneurs. Elle porte plainte contre la Fédération.

2004 – Emilie Le Pennec est championne olympique de gymnastique à 16 ans (elle pèse alors 37 kg). Avant ses 20 ans, elle arrête en déclarant : « Mon corps n’en peut plus ».

La liste est longue, longue des jeunes connus ou non qui ont été sacrifiés à l’école du rendement, de la performance, du dépassement des limites, de la compétition sans fin.

Oui, un enfant n’est pas un adulte en miniature.

Oui, le sport détruit dans l’ombre beaucoup de corps et d’esprits.

Les premiers avertissements des médecins sur l’entraînement intensif datent des années 20. Et un siècle plus tard, tout continue avec des dangers beaucoup plus grands, sans soulever l’indignation.

« Il faut dès maintenant préparer nos athlètes pour Paris 2024 » entend-on aujourd’hui. A quel prix ? (et oui, il n’y a pas que le coût financier)

NON,

AUCUNE MEDAILLE NE VAUT LA SANTE D’UN ENFANT

 

Le mot de maltraitance est également employé par trois professeurs de 2004. Cette maltraitance des jeunes enfants sportifs n’étant pas filmée, on lui accorde beaucoup moins de place qu’à la maltraitance animale.

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En complément possible :

A propos des J.O. De 2024. Contre la censure olympique, a-propos-des-j-o-de-2024-contre-la-censure-olympique/

Ce que sont les valeurs de l’Olympisme, ce-que-sont-les-valeurs-de-lolympisme/

Si la sociologie est (peut-être) un sport de combat, la sociologie du sport est (certainement) un combat, si-la-sociologie-est-peut-etre-un-sport-de-combat-la-sociologie-du-sport-est-certainement-un-combat/

Marc Perelman : Smart Stadium. Le stade numérique du spectacle sportifconnexion-permanente-receptivite-sensorielle-et-spectacle-mondialise/

Michel Caillat et Marc Perelman : En finir avec les Jeux olympiquesen-finir-avec-les-jeux-olympiques/

Michel Caillat et Marc Perelman : A l’heure de l’Euro 2016. La propagande silencieusea-lheure-de-leuro-2016-la-propagande-silencieuse/

Alternatives Sud : Sport et mondialisation une-aubaine-pour-certains-mais-pas-pour-les-populations/

CETIM : La coupe est pleine ! Les désastres économiques et sociaux des grands événements sportifs : protester-contre-les-depenses-inutiles-et-gagner-une-autre-coupe-du-monde-celle-du-progres-social/.

Berlin 1936 : les Jeux Olympiques de la honteberlin-1936-les-jeux-olympiques-de-la-honte/

Pierre Guerlain : Jeux olympiques : « Non aux dépenses pharaoniques du sport-spectacle », jeux-olympiques-non-aux-depenses-pharaoniques-du-sport-spectacle/

René Durand : Non, la France ne doit pas accueillir les JO en 2024 !non-la-france-ne-doit-pas-accueillir-les-jo-en-2024/

Patrick Bond : Les Sud-Africains paient l’addition et la FIFA fait des profitsles-sud-africains-paient-laddition-et-la-fifa-fait-des-profits/

Auteur : entreleslignesentrelesmots

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